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55. (1875) Premiers lundis. Tome III « L’Ouvrier littéraire : Extrait des Papiers et Correspondance de la famille impériale »

Ce serait du ministère même de la maison de l’empereur, et, s’il était possible, de la personne même du prince, que relèverait l’institution littéraire. […] Nous demandons seulement la permission de mettre en regard de la pièce ci-dessus un autre portrait de l’ouvrier littéraire, écrit quelques années après 1864), et dans lequel la pensée de M.  […] L’on sait, jusque dans la mêlée du combat, observer l’honneur littéraire, les délicatesses du métier. […] Si l’ouvrier littéraire ne s’aigrit pas en vieillissant et en grisonnant, c’est qu’il est bon de nature et un peu léger. […] La comparaison cloche toutefois : le militaire a pour lui l’avancement et les honneurs du grade : l’ouvrier littéraire, en général, n’avance pas ; il n’a pas de grade reconnu, même dans son ordre.

56. (1874) Premiers lundis. Tome II « H. de Balzac. Études de mœurs au xixe  siècle. — La Femme supérieure, La Maison Nucingen, La Torpille. »

Un homme sans liste civile n’est pas tenu de vous donner des livres semblables à ceux d’un roi littéraire. […] Rousseau tué par les chagrins et par la misère… » Après avoir quelque temps continue sur ce ton,  l’auteur s’attache à une phrase échappée à M. de Custine dans son livre sur l’Espagne : « En France, dit le spirituel touriste, Rousseau est le seul qui ait rendu témoignage par ses actes autant que par ses paroles à la grandeur du sacerdoce littéraire ; au lieu de vivre de ses écrits, de vendre ses pensées, il copiait de la musique, et ce trafic fournissait à ses besoins. Ce noble exemple, tant ridiculisé par un monde aveugle, me paraît, à lui seul, capable de racheter les erreurs de sa vie… Il y a loin de la dignité d’action du pauvre Rousseau à la pompeuse fortune littéraire des spéculateurs en philanthropie, Voltaire et son écho lointain Beaumarchais… » M. de Balzac, après avoir, non sans raison, remarqué que cette sévérité contre les auteurs qui vendent leurs livres siérait mieux peut-être sous une plume moins privilégiée à tous égards que celle de M. de Custine, se donne carrière à son tour, se jette sur les contrefaçons, agite tout ce qu’il peut trouver de souvenirs à la fois millionnaires et littéraires : la conclusion est qu’à moins de devenir riche comme un fermier général, on se maintient mal aisément un grand écrivain. […] Cet article et les suivants, extraits de la Revue des Deux Mondes, à la date des 1er novembre 1838 et 15 février 1839, sont la continuation des bulletins littéraires, déjà reproduits en partie à la fin du tome II des Portraits contemporains (Pensées et Fragments, pages 524 et 530). […] Labitte en tête de ses Études littéraires.

57. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Les dîners littéraires »

Les dîners littéraires [Le Réveil, 9 janvier 1858.] […] Des dîners littéraires ! […] Intimités, confidences d’amis qui s’estiment, paix et mystère à la table de leur foyer, qu’y eut-il là qu’on puisse comparer aux agapes littéraires d’aujourd’hui ? […] Seulement les dîneurs du Caveau n’étaient, après tout, qu’une spécialité littéraire, tandis que les dîneurs de Véfour sont toutes les assises de la littérature ; et si rien ne sort de là après le dîner, faudra-t-il souper encore, et déjeuner peut-être le lendemain ? […] Nous sommes persuadés qu’une fois les convives échauffés les uns par les autres les dîners littéraires seraient bien plus spirituels que leur petit mot de rigueur.

58. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Odysse Barot »

quoiqu’il ait des connaissances et des aptitudes littéraires, et même parfois, çà et là, un éclair de critique surprenant. […] Elle est pour lui surtout l’expression de certaines idées utiles ou pratiques, c’est-à-dire l’expression de tout ce qu’il y a au monde de moins littéraire. […] Pour cet historien de la littérature anglaise, il faut bien le dire, le vrai point de vue littéraire, qui est le point de vue esthétique, n’existe pas. […] J’ai pris seulement la pensée qui plane sur tout ce fouillis de noms et d’œuvres, et cette pensée, toute politique, invalide pour moi le livre entier… En résumé, l’histoire littéraire ne peut et ne doit être écrite que par des plumes exclusivement littéraires. Edgar Poe, par exemple, s’il avait tourné son génie de ce côté, aurait peut-être pu écrire une histoire littéraire.

59. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ch. de Barthélémy » pp. 359-372

M. de Barthélemy a très bien choisi les passages de Fréron, qu’il a empruntés à tous ses ouvrages, et en particulier à L’Année littéraire, ce colossal recueil. […] Je l’ai déjà dit, les philosophes l’insultèrent comme jamais personne peut-être, dans l’Histoire littéraire, ne fut insulté. […] Voltaire pour sa part, ce singe-tigre, comme disait Alfieri des Français de 93, fit de lui un embrigadeur de coupe-jarrets littéraires. […] Après vingt-trois ans de luttes, on finit par supprimer à Fréron son journal, son Année littéraire, l’illustration de toute sa vie, son mérite devant Dieu ! […] … Le livre de M. de Barthélemy signale la place élevée qu’il devrait avoir dans l’Histoire littéraire… L’aura-t-il un jour ?

60. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Lamartine »

Ils ne sont donc ni la vie littéraire, ni la vie politique de Lamartine » cet homme de double gloire. […] Virgile, à qui il est fatal de le comparer, était, malgré le peu qu’on en sait, un poète littéraire. […] Il a vécu, à l’époque du monde la plus littéraire, comme le pêcheur sous sa cloche de cristal. […] Victor Hugo, qui croyait être à la fois le Mirabeau et le Bonaparte de cette révolution littéraire, ne divisait pas, mais organisait pour régner et il régnait déjà. Les autres poètes du temps, tous poètes plus ou moins littéraires : Sainte-Beuve, Théophile Gautier, de Musset, de Vigny, Émile Deschamps, reconnaissaient sa royauté, bien plus littéraire que géniale.

61. (1886) Le naturalisme

J’ai, depuis, été encouragé par quelques personnes, d’opinions littéraires très diverses, à en publier une version. […] Les hasards de la gloire littéraire sont étranges. […] Hachette, où il exerça des fonctions plus machinales que littéraires. […] La critique littéraire et philosophique ne trouverait pas dans ses œuvres un sujet sur lequel s’exercer. […] L’écrivain est un facteur de la production littéraire.

62. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Charles Nisard »

Charles Nisard Le Triumvirat littéraire. […] Cependant ce mot de triumvirat littéraire est un mot qui vous envoie à l’esprit de grandes imaginations. Le triumvirat littéraire, c’est dans la littérature quelque chose comme Auguste, Antoine et Lépide dans la politique. […] En histoire littéraire comme en histoire politique, les influences sont tout. […] Avec un amour de cloporte pour la poussière, Nisard a remué celle des bibliothèques ; et ce n’a point été, comme on pourrait le croire, pour nous raconter et nous montrer le vaste mouvement littéraire du siècle auquel s’associèrent Juste Lipse, Scaliger et Casaubon, mais — ô piété de ce pieux Énée de l’annotation envers ses ancêtres ! 

63. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre II. La critique »

Déterminisme littéraire : la race, le milieu, le moment. […] Il semble, d’abord, qu’il continue l’œuvre de Villemain, qui avait été de réduire la critique littéraire à l’histoire. […] Il cherche, dans l’œuvre littéraire, l’expression, non plus d’une société, mais d’un tempérament : tous ses jugements sur les livres sont des jugements sur les hommes. […] Cette critique procède de sa philosophie : elle en fait même partie intégrante ; toutes les études littéraires de Taine sont des « observations » de psychologie scientifique. […] Cette forte doctrine a le défaut de tout expliquer : elle ne fait pas apparaître les éléments encore inexplicables de l’œuvre littéraire.

64. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre I. Influence de la Révolution sur la littérature »

La production littéraire fut alors abondante622. […] Le journal est le véritable héritier de la puissance des salons, pour la direction du goût littéraire. […] Mais les rédacteurs sont des esprits curieux, très au courant du mouvement scientifique ou littéraire, en France et à l’étranger. […] Certains journalistes apportèrent dans leur besogne de belles qualités littéraires. […] — Petites Affiches de province, M. de Querlon. — Année littéraire, M. 

65. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

As-tu inventé la moindre méthode en critique littéraire ? […] Je sais que je pourrais dissimuler sous des prétextes honnêtes cette monstrueuse hypertrophie de la vanité littéraire. […] Et cela, c’est un vol littéraire bien caractérisé. […] Paris est l’unique centre où se fassent, en France, les réputations littéraires. […] L’illusion littéraire.

66. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

Est-elle surtout un ornement littéraire, et doit-elle se borner, en général, à n’être que cela ? […] Hugo vient de rompre toute reprise de coalition littéraire exclusive, si toutefois cela méritait ce nom. […] Échapper toujours aux ridicules littéraires, c’est beaucoup, c’est difficile pour un corps ; mais surtout ne jamais donner accès aux vices littéraires, voilà le possible et l’essentiel. Les vices littéraires sont ce qu’il y a au monde de plus bas et de plus vil ; la littérature actuelle en abonde. […] Molé, qui avait retrouvé toutes les relations naturelles de sa famille, y joignit des amitiés littéraires illustres et toutes particulières.

67. (1900) L’état actuel de la critique littéraire française (article de La Nouvelle Revue) pp. 349-362

La critique littéraire courante n’existe pour ainsi dire plus. […] Et ces deux journaux sont spécifiés littéraires, et le public s’occupant d’art les lit de préférence. […] Il le voit comme le chien de berger, vigilant et sévère, qui ramène aux voies du bien social, à coups de dents s’il le faut, les capricieux moutons littéraires. […] Elle ne peut se borner à signaler en quelques lignes au public les nouveautés littéraires, car vraiment la réclame, rédigée par des scribes, peut y suffire. […] Ils auraient tout le temps pour surmonter une première impression, apprécier avec calme, évaluer sans erreur d’optique la place exacte tenue par un auteur dans un mouvement littéraire annuel.

68. (1890) L’avenir de la science « XI »

Se borner à considérer leur influence sur la production littéraire contemporaine, c’est se placer à un point de vue plus étroit encore. […] Ce fait d’une langue ancienne, choisie pour servir de base à l’éducation et concentrant autour d’elle les efforts littéraires d’une nation qui s’est depuis longtemps formé un nouvel idiome, n’est pas, comme on voudrait trop souvent le faire croire, l’effet d’un choix arbitraire, mais bien une des lois les plus générales de l’histoire des langues, loi qui ne tient en rien au caprice ou aux opinions littéraires de telle ou telle époque. […] De là son incapacité à se constituer par elle-même en langue littéraire, et l’utilité de ces hommes qui durent, à certaines époques, faire son éducation par l’antique et présider, si on peut le dire, à ses humanités. […] Or, les procédés par lesquels la langue vulgaire s’est élevée à la dignité de langue littéraire sont ceux-là mêmes par lesquels on peut en acquérir la parfaite intelligence. […] L’utilité historique de l’étude de la langue ancienne ne le cède point à son utilité philologique et littéraire.

69. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

Distinction entre l’histoire de la littérature française et l’histoire littéraire de la France. […] Des différences générales entre ta langue française et les langues littéraires du midi et du nord de l’Europe. — § VII. […] L’histoire littéraire commence, pour ainsi dire, avec la nation elle-même, avec la langue. […] L’histoire littéraire de la France commence le jour où le premier mot de la langue française a été écrit. […] N’a-t-elle, pas eu deux langues littéraires, et n’est-il pas sorti du sein de la même mère Virgile et Dante, Tacite et Machiavel ?

70. (1925) Comment on devient écrivain

La vocation littéraire est bien différente. […] Et rien n’est moins littéraire ! […] Thiers et sa mauvaise réputation littéraire. […] Ce que doit être la critique littéraire. […] Ce que doit être la critique littéraire.

71. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Sauf dans des cas très particuliers, une lettre privée ne saurait être considérée comme un ouvrage littéraire. […] Paru dans les Nouvelles littéraires. […] Paru dans les Nouvelles littéraires. […] Paru dans les Nouvelles littéraires. […] Voir, par exemple, Le Figaro littéraire des 3, 10 et 17 décembre 1927 : « Une page inédite et une page retrouvée de Maurice Barrès », « Le dernier projet littéraire de Maurice Barrès (d’après des documents inédits) ».

72. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « PENSÉES ET FRAGMENTS. » pp. 495-496

Chaque publication de ces volumes de critique est une manière pour moi de liquider, en quelque sorte, le passé, de mettre ordre à mes affaires littéraires. […] Par malheur il n’en est point absolument ainsi ; ce qu’on recueille dans de gros volumes n’est pas sauvé par là même, et ce qui reste dans des feuilles éparses n’est pas tellement perdu que cela ne pèse encore après vous pour surcharger au besoin votre démarche littéraire et, plus tard, votre mémoire (si mémoire il y a), de mille réminiscences traînantes et confuses. […] J’y ai donné d’assez rares articles littéraires, dont quelques-uns se trouvent recueillis dans les précédents volumes ; quelques autres que je pourrais regretter sont empreints d’une personnalité assez vive pour que je les y laisse. […] Un inconvénient matériel, mais qui a des désagréments littéraires, est que, dans ces publications hâtives, qu’on ne dirige pas, votre pensée arrive souvent au public tout altérée et méconnaissable par des fautes. Ceux qui ont le sentiment de l’exactitude littéraire sont très-sensibles à ces taches déshonorantes, dont le gros des lecteurs ne se doute même pas ; ceux qu’on a surtout accusés d’incorrection, de barbarie, et qui ne sont coupables que de chercher des raffinements de pureté et des rajeunissements d’élégance, ont presque droit de s’en alarmer.

73. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

Histoire littéraire de la France. […] Successivement placé à l’abbaye de Saint-Florent de Saumur, au monastère de Saint-Cyprien de Poitiers, et à Paris aux Blancs-Manteaux, il méditait des projets d’histoire littéraire ecclésiastique ; ses supérieurs, reconnaissant sa vocation, l’appliquaient à des recherches de ce genre, et ce ne fut qu’après s’être vu délivré de ces premiers engagements qu’il conçut de lui-même le projet de se consacrer à l’histoire littéraire générale de la France. […] Les infatigables et pesants Bénédictins vont donner, en dix volumes in-folio, que je ne lirai point, l’Histoire littéraire de la France. […] Aussi, est-il bon qu’il n’y ait qu’une seule histoire littéraire de cette sorte et de ce ton, vaste répertoire de faits, d’analyses et de documents authentiques. […] Faut-il à côté de ces noms littéraires en prononcer un tout moderne et qui n’est qu’ignoble, celui de Robert Macaire ?

74. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

des actions — dispose de 44 prix littéraires et de 31 prix de vertu. […] Roujon, M. de Ségur, etc… Quelles sont les œuvres littéraires du général Lyautey ? […] 3º Je ne crois pas à l’influence d’une institution littéraire sur la littérature. […] La gent littéraire, comme toute la société française, est dans une période de condensation. […] Elle offre « une figuration partielle de l’activité littéraire française » dit M. 

75. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

Ses nouvelles n’attestent pas seulement son affection courageuse pour les choses fortement littéraires ; elles en attestent encore la puissance. […] Jamais on n’a plaidé plus vigoureusement la cause des lettres contre cet industrialisme littéraire qui nous déborde de toutes parts et qui finira par nous engloutir. […] — trop méridional, trop improvisateur sous un ciel heureux, trop lazzarone de son propre talent, pour être jamais le théoricien à l’application éternelle, l’anatomiste sur le vif et encore plus souvent sur le mort, qu’est le critique littéraire. […] Si, un jour qui n’est pas très éloigné dans sa vie littéraire, il y eut pour Hippolyte Babou des Païens innocents, — dans le pays des romans, il est vrai, qui ne peuvent jamais (c’est sa théorie) être trop romanesques, — il n’y a pas à ses yeux de sots innocents sur le terrain de la réalité. […] La science paraîtra peut-être un mot bien lourd à la légèreté ailée d’Hippolyte Babou ; mais, à défaut de science, la conscience — la conscience littéraire, bien entendu !

76. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Bruyère » pp. 111-122

Par suite donc d’affaires, comme dit le vieux Turnpenny dans Walter Scott, nos réimpressions n’ont été jusqu’à ce jour que des réimpressions purement ou impurement mercantiles, s’adressant à l’esprit de parti et aux passions les moins littéraires du public. […] Aujourd’hui, un mouvement se produit, faible encore, il est vrai, mais qu’on serait heureux de voir s’animer, et ce mouvement semble se manifester en dehors de toute espèce de préoccupation qui ne serait pas l’intérêt et la curiosité littéraires. […] Sa place dans l’histoire littéraire est une place bleue, — du plus bel azur, lumineux et inaltérable. […] Ainsi, qu’il nous permette de le lui dire en toute bienveillance, les notes historiques et littéraires dont Destailleur a accompagné son édition sont insuffisantes, autant pour lui, commentateur, que pour l’auteur, qui méritait bien cette rampe allumée d’un commentaire et qui n’en craignait pas le jour hardi, à pleins bords et à fond. […] L’embryogénie littéraire est une des branches de la Critique, lorsque la Critique est profonde.

77. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Mélanges littéraires, art. […] XL ; Fréron, dans L’Année littéraire, 1761, t.  […] II, 1880 ; — Anatole France, La Vie littéraire, t.  […] I ; Chateaubriand et son groupe littéraire, t.  […] Sainte-Beuve, Chateaubriand et son groupe littéraire, t. 

78. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

. — Historiquement et logiquement, les phénomènes économiques sont antérieurs aux phénomènes littéraires. […] La fécondité littéraire s’en ressent aussitôt. […] L’histoire littéraire du temps laisse une lugubre impression de vide. […] Le contre-coup littéraire de ces préoccupations agronomiques ne se fait pas attendre. […] Le droit de propriété sur les œuvres littéraires commence à être reconnu.

79. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

Ce livre, que je regarde comme le point de départ d’un esprit qui avait oscillé brillamment jusque-là, mais qui n’avait pas marqué supérieurement sa voie, est un livre de critique littéraire et d’art. […] Hope dans l’ordre de la critique littéraire : c’est, en un mot, un esprit généralisateur. […] Cela seul donne au livre de Xavier Aubryet une splendeur qui n’est pas la splendeur première venue des pinceaux littéraires actuels. […] Xavier Aubryet a le bonheur de n’être qu’un dégustateur littéraire, d’un palais très sensible et très fin, et jusqu’ici il n’a pas prouvé qu’il fût davantage. […] Aubryet est un phénomène littéraire.

80. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

L’étude littéraire me mène, ainsi tout naturellement à l’étude morale. […] Je dis donc que, pour bien connaître un talent, il convient de déterminer le premier centre poétique ou critique au sein duquel il s’est formé, le groupe naturel littéraire auquel il appartient, et de l’y rapporter exactement. […] Être en histoire littéraire et en critique un disciple de Bacon, me paraît le besoin du temps et une excellente condition première pour juger et goûter ensuite avec plus de sûreté. […] Aucune des réponses à ces questions n’est indifférente pour juger l’auteur d’un livre et le livre lui-même, si ce livre n’est pas un traité de géométrie pure, si c’est surtout un ouvrage littéraire, c’est-à-dire où il entre de tout. […] (Correspondance littéraire.)

81. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Toutes les parties, même philosophiques et politiques, sont traitées convenablement ; l’appréciation littéraire est déjà consommée et supérieure. […] La première partie de la carrière littéraire de M. […] quelle révélation, pour qui sait les saisir, sur les secrets de naissance de la pensée littéraire ! […] quel plus beau rendez-vous de discussion, quelle plus dominante vue sur les tournois littéraires du jour que les balcons de Shakspeare ! […] C’est ce qu’on a pu lire au tome Ier des Portraits littéraires dans l’article sur Bayle.

82. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Des soirées littéraires ou les poètes entre eux »

Des soirées littéraires ou les poètes entre eux Les soirées littéraires, dans lesquelles les poëtes se réunissent pour se lire leurs vers et se faire part mutuellement de leurs plus fraîches prémices, ne sont pas du tout une singularité de notre temps. […] Ovide avait à regretter, du fond de sa Scythie, bien des succès littéraires dont il était si vain, et auxquels il avait sacrifié peut-être les confidences indiscrètes d’où la disgrâce lui était venue. […] Quand les soirées littéraires entre poëtes ont pris une tournure régulière, qu’on les renouvelle fréquemment, qu’on les dispose avec artifice, et qu’il n’est bruit de tous côtés que de ces intérieurs délicieux, beaucoup veulent en être ; les visiteurs assidus, les auditeurs littéraires se glissent ; les rimeurs qu’on tolère, parce qu’ils imitent et qu’ils admirent, récitent à leur tour et applaudissent d’autant plus. […] En général, moins les rencontres entre poètes qui s’aiment ont de but littéraire, plus elles donnent de vrai bonheur et laissent d’agréables pensées. […] On y répondait indirectement et sans amertume à un article de la Camaraderie littéraire qui fit du bruit dans le temps, et que le très-spirituel auteur (M. de Latouche) me permettra de qualifier de partial et d’exagéré.

83. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Honoré de Balzac » pp. 1-15

Son étude morale et littéraire n’est qu’un réquisitoire. […] Eugène Poitou avait été réellement une étude morale et littéraire, dure fût-elle, cruelle même, nous l’aurions acceptée. […] On ne sait pourquoi, car, s’il fallait absolument l’hécatombe des œuvres de Balzac aux principes littéraires et moraux de M.  […] Cependant les succès de Balzac, ses influences sur notre génération littéraire et sociale, l’irradiation de plus en plus vaste et lumineuse de sa renommée, auraient dû avertir M.  […] Par le style, par le mouvement des idées, par le cant de sa diatribe morale et littéraire, M. 

84. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Les faits de ma vie littéraire sont bien simples. […] Magendie, Robiquet, de Blainville, entendre des lectures littéraires, etc. […] J’y servais aussi mes amis littéraires. […] Sainte-Beuve, ce qui facilita au jeune étudiant en médecine son entrée au Globe pour l’insertion d’articles littéraires : ces premiers articles littéraires qu’il y donna depuis 1824 et dans les années suivantes n’ont point encore été recueillis. […] Cet article ouvre aujourd’hui la série des Portraits littéraires.

85. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

Ce qu’à toute heure du jour un recueil, même purement littéraire, qui veut se maintenir dans de droites lignes, se voit contraint à repousser de pamphlétaires, de libellistes, de condottieri enfin, qui veulent s’imposer, et qui, refusés deux et trois fois, deviennent implacables, ce nombre-là ne saurait s’imaginer. […] Cependant l’atmosphère politique s’éclaircissait peu à peu à l’entour ; en même temps que la fièvre publique s’apaisait, les tendances littéraires reprirent le dessus et se prononcèrent : l’expérience se fit. […] La touche littéraire est là, et, s’il semble difficile de ne pas la forcer parfois dans l’indignation qu’on ressent, on n’a que plus d’honneur à maintenir cette modération, quand la fermeté s’y mêle. […] Il est des forfaits littéraires aussi ; il y a du 93 ; on ne revient pas du fiel qu’on a tout d’abord versé ; on gâte son avenir ; on altère, on viole à jamais en soi l’esprit même de cette culture, hélas ! […] Leurs déportements se jugent d’ailleurs par le fait même ; au bout de quelques jours, le public, d’abord excité, s’en dégoûte, sans avoir besoin d’être averti, et il ne reste d’irréparable, après de tels éclats, que les atteintes profondes que les violents se sont portées, qu’ils ont portées aussi à la cause littéraire qu’ils semblaient dignes de mieux servir.

86. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXVI. La sœur Emmerich »

s’écrieront avec mépris les femmes qui se piquent d’être littéraires. […] L’idée, la préoccupation, la volonté, l’obstination d’être littéraire, le bas-bleuisme enfin, qui contient tout cela, n’ont jamais manqué, sans nulle exception, de gauchir et de diminuer le talent, dans la femme, qui en a le plus ; et ils gâteraient le génie lui-même, — comme hélas ! […] Eh bien, puisqu’il en est ainsi, voici le plus éclatant exemple, la plus resplendissante preuve qu’il en est ainsi ; voici la plus éloquente attestation que la femme, quand elle est supérieure, ne l’est qu’en dehors de la préoccupation littéraire et en proportion de son oubli de toute littérature. […] Pour lui, du reste, la question n’était pas littéraire. […] M. l’abbé Cazalès, qui a été un lettré très distingué avant d’être un prêtre, a secoué de sa soutane l’escarbot littéraire et les petites crottes de prétention qu’il laisse souvent après lui, M. l’abbé Cazalès, en traduisant les Œuvres de la sœur Emmerich, s’il est permis de dire le mot « œuvres » de ces choses qui sont d’autant plus belles qu’elles ressemblent moins à des livres, M. 

87. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 453-457

Les articles qu’il a fournis à l’Année Littéraire, du vivant & après la mort de M. […] Nous ignorons les motifs qui l’en empêchent ; mais nous savons que son zele pour le maintien des regles, l’a porté à solliciter la Rédaction d’un Journal Littéraire, & que les Philosophes, si intéressés à arrêter la plume des Ecrivains en état d’éclairer le Public sur leurs défauts & leurs travers, ont eu le crédit de faire supprimer ce Journal. […] Il faut, à une raison révoltée & entreprenante, opposer une raison réfléchie & capable de ramener aux idées qu’on doit avoir de chaque objet ; il faut, pour réprimer l’esprit d’indépendance introduit dans tous les genres littéraires, armer des plumes attentives à rappeler les regles & à proscrire les abus. Les Journaux seuls peuvent offrir des ressources sûres pour retablir l’ordre & repousser les usurpations ; presque tous sont aujourd’hui dévoués aux corrupteurs du goût & de la morale : il n’y a guere que l’Année Littéraire & les Annonces & Affiches pour la Province, où l’on ose les combattre & les ridiculiser, encore même les Auteurs de ces Feuilles, aussi patriotiques que littéraires, sont-ils souvent exposes aux persécutions de l’amour-propre des Auteurs blessés de leurs censures, &c…..

88. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Il avait en lui deux génies fraternels : le génie de la conversation, qui a besoin des autres pour exister, et le génie littéraire, qui n’a besoin que d’étude et de solitude pour chercher son idéal et pour le trouver. […] Tel fut son mérite et sa gloire, gloire finie, qui, au lieu de grandir comme la gloire littéraire ira chaque jour diminuant. […] Que sont les Actes des Apôtres, cette causerie à bâtons rompus sur le dos de ses ennemis politiques ou littéraires ? […] La gloire de Rivarol, qui avait certainement en lui le génie littéraire et avec, bien d’autres génies encore ! […] plus rare que la gloire littéraire, car vous pouvez compter ce qu’il y a dans un siècle de littérateurs — et même de littérateurs de talent ! 

89. (1875) Premiers lundis. Tome III « Instructions sur les recherches littéraires concernant le Moyen Âge »

Pour bien s’assurer de ce qui est réellement inédit, on devra consulter l’Histoire littéraire de France, où l’article concernant chaque auteur se termine par une énumération des ouvrages inédits et même des ouvrages réputés perdus. […] Pour les siècles où l’histoire littéraire des Bénédictins manque, il faudra consulter les divers catalogues, et les indications données par les historiens de la philosophie, par Brucker principalement. […] Il importe, pour combler une grande lacune dans notre histoire littéraire, de connaître et de recueillir de plus en plus complètement les monuments de cette période, que les Bénédictins et leurs savants continuateurs n’ont fait qu’entamer. […] Les chroniques en vers, qu’il faut distinguer des romans, et dans le genre du Rou ou du Brut, vous offriraient une valeur historique étroitement unie à la curiosité littéraire. […] Des écrits, en apparence très étrangers à l’histoire littéraire, peuvent s’y rattacher par quelque point.

90. (1903) Zola pp. 3-31

On peut, assez raisonnablement, diviser la carrière littéraire d’Émile Zola en trois périodes. […] Il lisait peu et uniquement des auteurs contemporains pour les traiter avec un mépris souverain dans quelques essais de critique ou plutôt de polémique littéraire. […] Le « matérialisme littéraire », tant signalé par les classiques au début du romantisme, était porté à son apogée et au gothique fleuri succédait le gothique flamboyant. […] Il s’est déformé de telle sorte que Zola sera un document d’histoire littéraire très intéressant pour qui se demandera vers quoi le romantisme tendait sans le savoir, à travers ses essors, ses envolées et ses splendeurs. […] Il n’a eu, dans cette dernière manière, que des tâtonnements qui n’attireront l’attention que de l’historien littéraire minutieux.

91. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre V. Mme George Sand jugée par elle-même »

Nous sommes encore bien loin du règne des femmes politiques, qui auront un jour des injures littéraires à venger. […] Page curieuse de l’histoire littéraire à écrire ! […] Elle a cette chance, pour son bonheur littéraire du moment, de n’avoir pas d’originalité. […] Ce sera une Prudhomme moins hardie, plus littéraire, plus retenue que le violent papa de ce nom. […] Souvenirs et impressions littéraires, chez Hetzel et Dentu. 1862.

92. (1881) Le roman expérimental

Il rêvait alors la gloire littéraire. […] C’est un nouveau siècle littéraire qui s’ouvre. […] Voilà l’esprit littéraire des siècles derniers. […] Voilà donc l’ancien esprit littéraire défini. […] Ajoutez l’esprit littéraire.

93. (1926) L’esprit contre la raison

L’essai de Crevel témoigne à plusieurs titres d’une inscription passionnée dans le débat d’idées qui divise les milieux littéraires des années vingt, de plus en plus violemment avec l’entrée officielle du Surréalisme sur la scène littéraire et avec, entre autres facteurs déterminants, la Guerre du Rif qui précipite les choix et durcit les clivages idéologiques. René Crevel, par ses amitiés à La NRF (Gide, Arland), ses relations dans les milieux mondains et littéraires les plus divers, et ses amitiés Dada puis surréalistes, est partout à la fois dans le champ littéraire, et nulle part à demeure. […] Là s’exprime le plus clairement cette pensée que Crevel entend combattre, une pensée qui justifie selon lui le refuge dans une posture littéraire et prétend éviter la contagion du politique. […] Défi insuffisant, littéraire. […] Les histoires littéraires et les manuels qui mentionnent Rimbaud au début du XXème siècle justifient par cette étiquette la place marginale qu’ils lui réservent.

94. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 396-397

Ils consistent tous, à une Epitre près, sur les progrès & la décadence de la Poésie (où ce dernier période est prouvé par son exemple), dans des satires & des libelles contre plusieurs Auteurs, & sur-tout contre celui de l’Année Littéraire. […] Il est malheureux pour lui & pour elle, qu’on n’ait conservé que le titre de ses Productions, qui sont la Renommée Littéraire, la Wasprie, l’Ane Littéraire, & d’autres allusions de ce goût, devenues des cris de guerre dans le plaisant Monde philosophique. […] On voit en effet, par quelques extraits de sa Renommée Littéraire, qu’il ne tenoit qu’à lui de mériter une place plus honnête dans la République des Lettres.

95. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre I. Publicistes et orateurs »

L’essor du naturalisme est le grand fait littéraire qui domine la seconde moitié du xixe  siècle838. […] Orateurs universitaires et conférenciers littéraires. […] Littéraires, politiques, économiques, scientifiques, anecdotiques, humoristiques, quelles conférences n’a-t-on pas eues depuis 1870 ? […] Ne pourrait-on pas dire qu’il a inventé une variété de monologue, le monologue à sujet littéraire, joué par l’auteur ? […] Mais surtout le beau temps du journalisme littéraire semble passé : l’information prime l’invention.

96. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Il faudrait également que je caractérisasse à la fois et Delille que nous venons de perdre, et M. de Chateaubriand qui est encore dans la force du talent, doués, l’un d’une immense richesse de détails poétiques, l’autre d’une imagination vaste et féconde, placés tous les deux sur les derniers confins de notre ancien empire littéraire, et venant terminer d’une manière admirable toutes les traditions de notre double langue classique dont le règne va finir : ce qu’il y a de plus remarquable dans l’association que je fais ici de ces deux noms, c’est que leurs ouvrages, honneur éternel de cette époque, sont à la fois des monuments littéraires et des monuments de nos anciennes affections sociales. […] On a vu, une seule fois, deux siècles littéraires sur le même sol : ainsi l’Italie a son Virgile et son Tasse ; mais c’est dans deux langues différentes. Il est possible que nous soyons destinés à présenter un spectacle tout nouveau, celui de deux siècles littéraires sur le même sol et dans la même langue. Alors aussi, et par suite du mouvement général de l’Europe, cette Italie, si une d’esprit et de mœurs, produira un troisième siècle littéraire dont il n’est pas facile d’apercevoir encore les éléments épars. […] Enfin, je n’ignore point que souvent les royaumes de l’Orient ont présenté le spectacle de deux siècles littéraires sur le même sol et dans la même langue ; mais il serait facile de démontrer combien doivent différer tous les éléments de calcul dans les considérations qui s’appliquent à l’Orient.

97. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Monselet »

Le cul-de-sac où se tiennent, dans l’histoire littéraire, tous les grands critiques, depuis Aristote et Longin jusqu’à Johnson, Schlegel, Joubert et Macaulay, ressemble assez à une des niches de la Gloire. […] … Ce qui manque à ses Vignes du Seigneur, ce n’est ni la couleur, ni le mouvement, ni les surfaces ; mais c’est ce qui constitue toute poésie et même toute œuvre littéraire supérieure : l’accent naïf ou profond d’une personnalité à soi, d’une individualité inconnue et tout à coup révélée ! […] On a dit qu’il était encore plus linguiste que poète ; on lui a reproché d’intervertir les procédés de l’art plastique et de la langue littéraire ; on a dit… que n’a-t-on pas dit ? […] Monselet le sait bien, lui qui est un panier fleuri11 d’érudition littéraire. […] Son avenir littéraire est à ce prix.

98. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Léon Gozlan » pp. 213-230

Encore une fois, dans ce temps de Mères Gigognes littéraires, nous avons vu mieux, et sorti, bon Dieu ! […] C’est un Benvenuto Cellini littéraire ; mais qui dit littéraire dit un Benvenuto bien autrement compliqué et profond qu’un simple Benvenuto plastique… Par la précision, la torsion, le mordant du mot, Léon Gozlan a des consanguinités avec Théophile Gautier, qui a cru faire une belle chose de dédoubler l’art intellectuel d’écrire et de le descendre presque au niveau d’un art plastique. Mais Léon Gozlan a cet avantage sur Gautier qu’il possède ce qui doit entrer, à très larges doses, dans la composition des plus grands artistes littéraires, — c’est-à-dire beaucoup d’âme et encore plus d’esprit. […] Composition, architecture, genres qu’on croit éternels et qui tout à coup s’en vont en mille miettes, toutes les formes littéraires finissent par mourir. […] C’est pour cela que tant d’auteurs vieillissent et rencontrent la caducité littéraire bien avant l’autre caducité.

99. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Le termite »

Ce roman nous raconte les gésines littéraires, les pénibles amours et les coliques néphrétiques du jeune Noël Servaise, écrivain naturaliste de son état. […] Rosny) : — Ce qui le travaille, lui et ses pareils, ce n’est pas seulement le termite du document naturaliste : c’est proprement le mal littéraire. […] Ils renchérissent douloureusement sur des formes littéraires déjà outrées : ils sont plus naturalistes que Zola, plus impressionnistes que les Goncourt, plus mystico-macabres que Baudelaire ou Barbey d’Aurevilly ; ils inventent le symbolisme, l’instrumentisme, le décadentisme et la kabbale ; les plus modestes et les plus lucides croient avoir découvert la psychologie, et ils en ont plein la bouche. […] Sauf, peut-être, à l’origine des civilisations, la composition littéraire a toujours été un assez rude travail. […] Lisez là-dessus, pour vous édifier, la plupart des jeunes revues littéraires : elles suent le pédantisme le plus âcre et la plus sotte intolérance.

100. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les snobs » pp. 95-102

Le snobisme littéraire des filles de Gorgibus se complique d’ailleurs du snobisme mondain et de celui de la toilette, ou plutôt s’y confond ; car c’est du même esprit qu’elles jugent les vers de Mascarille et ses canons ou sa petite oie. […] Ainsi le snobisme, parallèlement à la série des écrivains novateurs, forme tout le long de notre histoire littéraire une chaîne ininterrompue. […] Je crois vraiment que quelques-uns des événements les plus heureux de notre littérature, et par exemple l’épuration et l’affinement de la langue dans la première moitié du dix-septième siècle, l’entrée des sciences politiques et naturelles dans le domaine littéraire au dix-huitième, le mouvement sentimental et naturiste provoqué par Jean-Jacques, et l’évolution romantique suivie de l’évolution réaliste qu’a suivie la réaction idéaliste, un peu trouble, à laquelle nous assistons, ne se seraient point accomplis aussi vite sans les snobs. […] Il n’y aurait pas d’histoire littéraire possible, ni même concevable, si la multitude n’en croyait quelques-uns sur parole. […] La floraison du snobisme prouve, non pas la santé, mais l’abondance et comme l’intensité de la production littéraire.

101. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — [Introduction] » pp. 132-142

Cette argumentation, si l’on peut appeler ainsi une haute conversation littéraire, n’a pas duré moins de six heures, à peine interrompues par un léger repos, et le jour seul, en tombant, a mis fin, non au combat, mais au très agréable conflit. […] Pour sa thèse latine il avait choisi Lucien, qu’il a considéré à un point de vue assez particulierg, non plus comme moraliste ou satirique, mais comme critique littéraire. […] Ce sujet même de la querelle des anciens et des modernes, dès le premier moment où il s’est produit à l’état de question et où il est devenu un fait d’histoire littéraire, veut être exactement circonscrit. […] Le côté littéraire de la question de prééminence entre les anciens et les modernes n’est en effet qu’un cas particulier d’un problème plus élevé : Le genre humain va-t-il en se perfectionnant ? […] Je dirai qu’on s’en aperçoit trop en quelques endroits, et, au point de vue de la composition, j’aurais préféré que cet esprit si littéraire de M. 

102. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Maynard »

Les histoires d’Abelly et de Collet étaient matières de clerc à clerc plus qu’œuvres vraiment historiques et littéraires. […] Seulement, si le caractère sacerdotal, qui est pour nous le grand caractère de son livre, n’était pas tenu pour ce qu’il est par les têtes de linottes littéraires, elles seraient pourtant bien obligées, les charmantes cervelles ! […] Intéressante et trop mystérieuse question littéraire ! […] Rhétorique, sentimentalités, mièvreries littéraires, il a laissé tout cela dans une histoire où les philosophes ont pourtant la bonté d’autoriser l’émotion en faveur du fondateur des Filles de la Charité et des Enfants trouvés ; — comme ils disent : un saint populaire. […] Elle l’a fait fort où un autre que lui n’aurait été que tendre, doctrinal, doctrinal surtout, où l’on pouvait craindre qu’il fut sentimental ou trop humainement pathétique, prêtre enfin, et non pas littéraire !

103. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Mme de Girardin. Œuvres complètes, — Les Poésies. »

Les portraits dont l’éditeur tenait à l’orner, — le plastique, par Chassériau, gravé sur acier par Flameng, le littéraire, par M.  […] L’histoire militaire venait de finir et l’histoire littéraire allait naître. […] Au lieu de cet être poétique dont la prétention n’avait pas fait sourire et qui avait l’émotion de la jeunesse, quoiqu’elle la prit un peu trop pour la palpitation du génie, Mme de Girardin devint une femme littéraire, surabondamment littéraire, noircissant infatigablement du papier, comme le font tous les hommes et toutes les femmes de ce temps de production facile. […] — que Mme de Girardin, imitatrice comme toute femme littéraire, soit qu’elle imite Shakespeare, soit qu’elle imite Racine, n’est que la Mme Campistron de tous les deux ! […] Consultez l’histoire littéraire !

104. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire Pour peu qu’on ait tracé le tableau de plusieurs époques successives d’une littérature, deux graves questions se présentent auxquelles on ne saurait se soustraire : Pourquoi le goût littéraire varie-t-il d’une époque à une autre ? […] § 1. — Il ne servirait à rien de dire que, si le goût littéraire varie, c’est que l’état social en se modifiant modifie l’état mental. […] Comment le goût littéraire pourrait-il rester immobile dans cette mobilité ambiante ? […] On ne voit pas pourquoi l’évolution sociale et en particulier l’évolution littéraire feraient exception à la règle. […] Vienne le règne personnel du jeune prince, occasion et début d’une nouvelle époque littéraire.

105. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. […] Il est difficile d’asseoir un jugement littéraire complet sur les premiers essais dramatiques de M.  […] Étienne au Théâtre-Français avait été la grande nouvelle littéraire depuis plus d’un an ; sa réception facile et précoce à l’Académie avait fort occupé tous les curieux et tous les amateurs littéraires, dont le nombre était grand à cette époque la plus oisive de l’Empire. […] Il y avait une petite intention de mazarinades sous cet appareil d’émotion littéraire. […] Étienne était passionné et impossible à ramener dans ses antipathies littéraires : c’était sa religion.

106. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

L’Étude sur Virgile, qui ne contient encore que le premier livre de l’Énéide, aurait pu devenir pour Sainte-Beuve, s’il l’avait continué, non pas l’Exegi de son monument littéraire, mais un monument nouveau à côté. […] Le moindre goujat littéraire debout vaut mieux que cet empereur de poésie enterré. […] C’était, si vous le voulez, un homme d’esprit, une intelligence très sensible aux choses littéraires, qui les dégustait avec un goût plein de finesse, mais qui les dégustait comme on déguste avec sa propre sensation. […] L’article de journal, c’est le lingot tombé en menue monnaie ; c’est la pièce de dix sous littéraire. […] Il n’était pas spécialiste ; il n’était pas seulement littéraire : il était encyclopédiste ; il était tout pour son article.

107. (1930) Le roman français pp. 1-197

Pas même de « critique littéraire » au sens propre du mot. […] Est-ce ou non une œuvre littéraire ? […] Mais elle pose la question de la valeur littéraire du roman à thèse. […] Le distingué critique littéraire du Temps, M.  […] Par là il allait à l’encontre de tout le mouvement littéraire.

108. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

La vraie réponse à faire était que le patriotisme littéraire consiste à enrichir sa patrie d’une beauté littéraire nouvelle. […] Comme historien littéraire M.  […] Brunetière est-il fanatique de chronologie littéraire. […] Là est le secret de sa haute fortune littéraire. […] Esprit éminemment littéraire.

109. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

mais les fières révoltes, les endiablés soulèvements, les forts blasphèmes à l’endroit des religions de toutes sortes, la crâne affiche d’indépendance littéraire et artistique, le hautain révolutionnarisme prêché en ces pages ! […] c’est peu probable… et cette préface a pour but de dire aux jeunes que le succès du réalisme est là, seulement là, et non plus dans le canaille littéraire, épuisé à l’heure qu’il est, par leurs devanciers. […] Que mon lecteur me permette aujourd’hui d’être un peu plus long que d’habitude, cette préface étant la préface de mon dernier livre, une sorte de testament littéraire. […] Il montre, lors de notre début littéraire, la tendance de nos esprits à déjà introduire dans l’invention la réalité du document humain, à faire entrer dans le roman, un peu de cette histoire individuelle qui, dans l’Histoire, n’a pas d’historien. […] Voir cette préface à l’autobiographie Journal des Goncourt, Mémoires de la vie littéraire.

110. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Pourtant, malgré leurs épigrammes et leurs demi-sourires, sa renommée littéraire résista et se consolida de jour en jour. […] Ce petit nombre de faits connus sur les vingt-quatre premières années de sa vie nous mènent jusqu’en 1660, époque où il débute dans le monde littéraire par la publication de ses premières satires. […] Boileau avait quarante-un ans, lorsqu’il fut nommé historiographe ; on peut dire que sa carrière littéraire se termine à cet âge. […] Ce très-noble me paraît un peu trop fort. » C’est là qu’en étaient ces grands hommes en fait de théorie et de critique littéraire. […] Cizeron-Rival, d’après Brossette, Récréations littéraires.

111. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française, par M. D. Nisard. Tome iv. » pp. 207-218

Notre époque compte bien des formes de la critique littéraire, et M.  […] L’histoire littéraire, aux mains de M.  […] Je l’ai dit, l’histoire littéraire à ses yeux est une construction de l’esprit ; elle est un monument de la pensée. […] Nisard, à préférer dans l’excellent, je préférerais, parmi ces lettres, celles dont le sujet est littéraire. […] Je ne parle pas d’une sorte de religion littéraire, qui aurait ses dogmes et aussi son intolérance.

112. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Paul Féval » pp. 145-158

Seulement, est-ce à une gloire de journal, c’est-à-dire de journée ; est-ce à cette fonction littéraire de Conteur pour le plaisir de l’imagination du plus grand nombre, qui est toujours une imagination vulgaire ; est-ce au rôle de Perrault pour les grandes personnes que M.  […] … Demande que la Critique a bien le droit de lui adresser avec sympathie, mais derrière laquelle s’élève une autre question, bien plus générale et bien plus haute que la personnalité littéraire, quelle qu’elle soit, de M.  […] Doué des qualités que je caractériserai tout à l’heure et qui ne manquent ni d’élévation ni de force, il s’est particulièrement, presque exclusivement consacré à ce genre de roman, qui représente dans l’art le matérialisme et la démocratie, et qui ferait le tour du monde, comme le drapeau de la Révolution, si la Critique, qui ne veut pas que les grandes notions littéraires périssent, ne lui barrait pas le chemin ! […] Mme Sand est une mère Gigogne littéraire. […] L’ambition littéraire ne pense pas comme l’ambition politique.

113. (1874) Premiers lundis. Tome I « [Préface] »

1 qui prend la carrière littéraire de l’illustre critique à ses débuts, et l’embrasse tout entière. […] Mais partout où nous avons acquis la preuve matérielle qu’un article, un bulletin littéraire, une chronique étaient de M.  […] J’y ai donné d’assez rares articles littéraires, dont quelques-uns se trouvent recueillis dans les précédents volumes ; quelques autres que je pourrais regretter sont empreints d’une personnalité assez vive pour que je les y laisse… » Ce n’était plus son avis quand il est mort. […] Ce sont des éphémérides de la critique : elles doivent une double valeur littéraire à la Revuec d’où elles sont extraites et à la plume qui les a écrites. […] Sainte-Beuve en a tracés, à deux époques éloignées, dans son étude de 1833 sur Jouffroy (Portraits littéraires, tome I, à partir des pages 297 et 314) ; et dans son article de 1868, sur J.

114. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Réception à l’Académie Française »

La solennité de la réception, retardée plusieurs mois par un douloureux accident, avait réuni jeudi, dans la salle de l’Institut, toute l’élite de la société : c’était en effet un véritable événement littéraire. […] Les vrais, les dignes chefs du mouvement littéraire n’ont pas encore poussé le cri d’alarme, et il est permis de croire que la terre ne va pas tout à l’heure manquer sous nos pieds. […] L’opinion de M. de Lamartine, en ce moment de crise littéraire, devait donc exciter un vif intérêt. […] il s’est exprimé sur tous points avec convenance et franchise ; il n’a manqué ni à ses convictions politiques ni à sa haute position littéraire, et, dès le premier jour, il a pris dans l’Académie, avec une noble aisance, la place que son génie lui assure partout. […] En somme, la nomination de M. de Lamartine est une précieuse conquête de l’opinion publique sur l’esprit de notre premier Corps littéraire.

115. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 1. Éléments et développement de la langue. »

Dans l’âge moderne, les frontières de l’État sont à peu près les limites de la langue, et l’instrument littéraire est le même pour les Français du nord et du midi. Cette langue nationale unique se superpose aux patois locaux, plus ou moins distincts, dégradés, ou vivaces, auxquels parfois le caprice individuel ou le patriotisme provincial rendent artificiellement une existence littéraire. […] La terrible croisade des Albigeois fut un grand événement littéraire autant que politique et religieux : elle porta d’un coup la langue française jusqu’aux Pyrénées et jusqu’à la Méditerranée. […] Elle s’établit au Canada et poussa de si profondes racines, qu’après un siècle et plus de domination anglaise, elle s’est maintenue dans sa pureté et dans sa dignité, apte même à la production littéraire. […] Godet, Histoire littéraire de la Suisse romande ; E.

116. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Sand ; Octave Feuillet »

La revue littéraire d’une année ne doit contenir que ce qui provient de la germination intellectuelle de l’année. […] Le fossoyeur littéraire peut donc donner son coup de pioche également dans le livre et dans l’homme, — deux débris ! […] — donner une volée… de sa cravache d’amazone philosophique et littéraire à ce jeune missionnaire de salon qui se mêlait des affaires du catholicisme ; mais la main n’y est plus et la cravache n’a ni sifflé ni cinglé. […] Après la Vie de Jésus par Renan, la Sibylle de Feuillet et Mademoiselle de la Quintinie de madame Sand sont donc les seules œuvres littéraires de l’année qui aient marqué sur l’opinion ; à vrai dire, pour s’y effacer presque aussitôt. Elles auront été les trois seuls livres qui, à distance, pourront donner une idée du mouvement littéraire de cette année et de son intensité !

117. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Hugo n’a pas innové moins hardiment dans la langue que dans les idées et les systèmes littéraires. […] [Critiques et portraits littéraires (1833-1839).] […] [Portraits littéraires (1838).] […] [Portraits littéraires (1855).] […] [Documents littéraires (1881).]

118. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Mais, même lorsqu’il donne des résultats aussi curieux, quelle est la valeur littéraire d’un procédé ? […] La section littéraire se réunit le 21 février 1920 et trois séances poétiques et littéraires furent prévues, dont une, à la demande de Paul Éluard, réservée à Dada. […] Il a fait paraître des recueils de poèmes et des romans, a été critique littéraire, théâtral et littéraire. […] Elle a tenu la critique littéraire de la Dépêche tunisienne pendant vingt-cinq ans. […] André Billy (1882-1971), romancier et critique littéraire.

119. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

Au nom de la patrie, de sa langue et de sa gloire littéraire, ils ameutaient le bon goût et la tradition contre le monstre barbare et informe, importé de l’étranger. […] Les causes de cette renaissance littéraire sont à rechercher, non pas dans le mouvement romantique de 1830, mené par Victor Hugo, alors que Delacroix battait en brèche l’école de David, mais dans la période littéraire, si peu connue, qui enterra le siècle dernier. […] Chateaubriand se révéla artiste incomparable dans cet art de cuisine littéraire ; il enthousiasma les femmes et les hommes et fonda l’école romantique de France. […] Chateaubriand est le véritable représentant littéraire de la génération qui avait trente ans au commencement du siècle. […] Une revue, la Bibliothèque britannique, tenait le lecteur au courant des productions littéraires en langue anglaise par de copieux extraits.

120. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1824 »

Il prie donc les hommes éclairés de vouloir bien ne pas étendre jusqu’à ses principes littéraires l’arrêt qu’ils seront sans doute fondés à prononcer contre ses essais poétiques. […] Cependant, malgré son obscurité, il a déjà eu la douleur de voir ses principes littéraires, qu’il croyait irréprochables, calomniés ou du moins mal interprétés. […] comme si elle ne devait être inscrite que sur le revers du livre des fastes littéraires ! […] C’est précisément, disent-ils, parce que cette révolution littéraire est le résultat de notre révolution politique que nous en déplorons le triomphe, que nous en condamnons les œuvres […] Et ne nous étonnons point de cette liaison remarquable entre les grandes époques politiques et les belles époques littéraires.

121. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XII. Mme la Princesse de Belgiojoso »

Mme de Belgiojoso a peut-être été littéraire comme elle fut révolutionnaire, quelques jours. […] Littéraire ou révolutionnaire, elle est restée chrétienne dans ses troubles, et, devenue Asiatique, elle est chrétienne encore. […] D’ailleurs, si elle fut littéraire, Mme de Belgiojoso ne fut jamais une pédante, et si elle eut quelques-unes de ces affectations d’une fonction qui grimace toujours dans la femme, parce qu’elle ne lui convient pas, elle les a perdues, elle les a dépouillées. […] Je l’ai appelée une amazone, mais l’amazone s’est évanouie avec la femme littéraire, et il n’y a pas de pistolets aux fontes de sa selle. […] Rien d’inattendu, de pensé, de montré à nouveau, rien qui sente l’homme ou cet être monstrueux, la philosophe, ou cet autre être déjà moins laid, mais qui n’est pas encore très beau, la femme littéraire !

122. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Jacques Demogeot » pp. 273-285

Demogeot, sans ce dernier chapitre qu’il aurait été si piquant d’oublier, nous ne saurions pas trop, en vérité, à quel système d’idées, à quel ordre de convictions générales ou particulières appartient l’auteur de ce livre, exclusivement littéraire. […] Dans cette littérature avant Corneille ; si effroyablement imitatrice qu’il est lui-même Espagnol, ce qui importait le plus, n’était-ce pas de sauver l’originalité de la pensée française envahie, et de fonder la nationalité littéraire ? […] et que les bénéfices du temps et la gloire pour l’historien ou le critique littéraire, c’est de voir ce que les hommes comme Malherbe, Vaugelas, le cardinal de Richelieu, pour agir comme ils ont fait, ne pouvaient pas regarder ! […] Jacques Demogeot nous semble fait pour mieux que pour exécuter, dans un petit panneau de boiserie historique, des petits médaillons littéraires. […] Un homme taillé dans l’étoffe d’un Mabillon littéraire n’aurait jamais peur d’être lourd, et celui qui serait éclos sous la perruque du docteur Johnson, non plus !

123. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

La Poétique de Scaliger est le chef-d’œuvre de ces codifications dogmatiques dont la principale erreur était de prendre les règles pour une méthode infaillible, pour les conditions nécessaires et suffisantes de la perfection littéraire. […] Deux ouvrages de Descartes marquent surtout dans l’histoire littéraire : le Discours de la Méthode (1637) et le Traité des Passion (16491. […] La philosophie de Descartes illumine tout le mouvement intellectuel et littéraire auquel la Renaissance a donné l’impulsion. […] L’esprit classique manifeste donc encore ici sa concordance avec le cartésianisme, lorsqu’il fait de la vérité l’objet suprême de l’œuvre littéraire, et pose comme identiques le vrai et le beau. Seulement il ne pouvait sortir du pur rationalisme qu’une littérature scientifique, une sorte de positivisme littéraire, sans caractère esthétique, réduisant l’expression à la notation pour ainsi dire algébrique de l’idée : ni poésie, ni éloquence, ni forme d’art ; un langage sec, abstrait, logique.

124. (1895) Hommes et livres

Il en est résulté une modification de la tragédie : des causes étrangères à la littérature introduites dans un système littéraire, et transformées en idées littéraires, ont produit une perturbation dans l’évolution d’un genre. […] Tel commence le recueil des historiens de France, tel l’histoire littéraire de la France. […] L’histoire littéraire n’était qu’une suite de créations prodigieuses. […] La raison que j’y vois n’est pas d’ordre littéraire. […] Et puis le goût littéraire ne se règle pas toujours sur les mœurs.

125. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

elle est bien développée chez moi cette horreur des critiques littéraires ! […] Oui, ils me dégoûtent bien les critiques littéraires ! […] L’orientation littéraire ? […] La vie littéraire est dure, la concurrence acharnée, la réclame coûte cher. […] À ces distances, les querelles littéraires semblent un peu vaines.

126. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Il est court, commode, sonne littéraire, sans pédanterie, enfin fait balle et fera trou !  […] Littéraire, théâtrale, artistique, elle sera faite par des esthètes tels que MM.  […] Donnant libre cours à son vœu le plus cher, il essaya d’une France littéraire. […] On pourra m’objecter que son bagage littéraire n’est pas très considérable et que la valeur n’en est pas incontestée. […] Ce n’était pas assez que, vivant, ce vieillard cupide ait corrompu le goût public avec ses extravagances littéraires.

127. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

Je ne peux pas vous faire ici, année par année et jour par jour, l’histoire de ce mouvement littéraire. […] Toutes témoignaient d’une réelle vitalité littéraire. […] C’est bien ce désir de liberté et cette préoccupation d’idéalisme qui caractérisent l’art littéraire moderne. […] Cet emploi de la suggestion rythmique et métaphorique est une trouvaille littéraire des plus curieuses. […] Grâce à eux il a acquis une indéniable existence littéraire.

128. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Au début, toutes les œuvres littéraires sont pleines d’une piété sincère et naïve. […] Je ne parle pas de la controverse, qui est alors uniquement religieuse ou littéraire. […] Plus visible est encore l’influence littéraire des idées religieuses, quand on passe des catholiques aux réformés. […] Il découle de là de curieuses conséquences littéraires. […] Il y a eu ainsi dans la France de ce temps-là une renaissance littéraire et artistique du catholicisme.

129. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

Mais les vrais contemporains du roi Louis XIV sont si exclusivement partagés entre l’admiration d’eux-mêmes et celle des Grecs et des Romains que la grande controverse littéraire du temps sera la querelle des anciens et des modernes. […] La prédominance de la raison ne se montre pas moins dans les œuvres purement littéraires. […] Mais, telle qu’elle est, elle nous fournit déjà un ensemble de traits qui distinguent nettement l’époque littéraire dont il s’agit de celles qui l’avoisinent. […] A peine oserai-je proposer quelques conseils à quiconque veut ressusciter une époque littéraire. […] Il y a des époques qui ont respecté avec un scrupule superstitieux ces cadres qu’on appelle des genres littéraires.

130. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre V. Le mouvement régionaliste. Les jeunes en province » pp. 221-231

Ce périodique très vivant préconisa le retour au classicisme littéraire et à la tradition nationale catholique et monarchiste. […] À Reims, la Revue littéraire de Paris et de Champagne, sous la direction de M.  […] Touny-Lérys, l’Ardèche littéraire de M.  […] Les jeunes revues provinciales ont eu une influence littéraire autant que morale. […] À Bruxelles : L’Art Moderne, Le Thyrse, Durendal, le Jeune Effort, L’Idée Libre, La Belgique Artistique et Littéraire, Jadis, L’Essor Littéraire, etc… À Liège : Vallonia, etc… Sans compter les revues disparues, La Jeune Belgique, Le Coq Rouge, Comme il vous plaira, etc… 66.

131. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Études littéraires, volumes de critique, journal, supplément de journal, brochure, tout sert également à M.  […] Zola fait son 89 littéraire quand il n’y a plus de Bastille à prendre. […] Mais ce n’est pas aux critiques littéraires à faire cette besogne. […] Le naturalisme, au point de vue de la doctrine littéraire, a inventé peu de chose. […] Rien de semblable ne m’apparaît dans les œuvres littéraires de l’école naturaliste.

132. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre IV. Conclusions » pp. 183-231

Le nombre même des œuvres littéraires nuit ainsi à leur netteté d’expression. […] Au cours des pages qui précèdent, j’ai déjà montré, dans l’ensemble et dans quelques cas particuliers, ce que ma méthode apporte à l’histoire littéraire. C’est un critère psychologique, à la fois précis et souple, qui coordonne les phénomènes littéraires en les rattachant aux conditions politiques et sociales d’un moment déterminé et d’un certain groupe humain. […] En distinguant ainsi, par l’histoire littéraire, les ères successives et les trois périodes de ces ères, on arrive, non pas à prophétiser l’avenir, mais du moins à reconnaître avec une sérénité plus consciente les devoirs du présent. […] La marche de l’humanité, telle que je la constate dans son expression littéraire, n’est pas simplement une évolution ; elle est aussi un progrès, une ascension des ténèbres à la lumière, des instincts à la conscience.

133. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lemercier, Népomucène Louis (1771-1840) »

Victor Hugo Il mena la vie mondaine et littéraire. […] Lemercier, pour faire face à toutes les rencontres de la vie, deux hommes, — deux hommes libres, — un homme politique indépendant, un homme littéraire original… [Discours de réception à l’Académie française (2 juin 1841).] Charles Nodier Il y a dans cette œuvre (La Panhypocrisiade) tout ce qu’il fallait de ridicule pour gâter toutes les épopées de tous les siècles et, à côté de cela, tout ce qu’il fallait d’inspiration pour fonder une grande réputation littéraire. […] Quoi qu’il en soit, il a conquis sa place parmi les hommes considérables d’une époque de désordre et de transition littéraire. […] Génie surabondant et incomplet, coureur infatigable d’aventures littéraires, novateur en ébullition perpétuelle, il fut, sous le Directoire et le Consulat, une espèce de Lemierre agrandi, qui marqua vigoureusement sa trace au débouché de toutes les avenues qui mènent du xviiie  siècle au xixe  siècle.

134. (1874) Premiers lundis. Tome I « Espoir et vœu du mouvement littéraire et poétique après la Révolution de 1830. »

Espoir et vœu du mouvement littéraire et poétique après la Révolution de 183025. […] Nous n’essaierons pas ici d’aborder ces mystères d’avenir dans toute leur vague étendue, nous y reviendrons souvent par quelques points ; aujourd’hui, nous bornant à ce qui concerne le mouvement littéraire et poétique proprement dit, nous tâcherons de montrer dans quel sens nous concevons le changement inévitable que l’art va subir et pour lequel il est mûr. On saisira en quels termes nouveaux nous pensons que la question poétique et littéraire doit se poser pour l’artiste aussi bien que pour le critique. […] On a pu plaisanter fort agréablement sur le Cénacle littéraire ; et, certes, il faut le laisser parmi les souvenirs de la Restauration, où il avait bien le droit de figurer à distance respectueuse du canapé politique. […] (Critiques et Portraits littéraires, 1841.)

135. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

I, 1834 ; Chateaubriand et son groupe littéraire, 1849 ; Causeries du lundi, t.  […] II. — Portraits littéraires, t.  […] Louis Ratisbonne, son héritier littéraire ; et quelques Lettres [Cf.  […] II, 1893 ; — Maurice Spronck, Les Artistes littéraires, Paris, 1889. […] III, 1887, et Nouveaux essais, 1891 ; — Maurice Spronck, Les Artistes littéraires, 1889.

136. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Goethe »

C’est fausser l’histoire littéraire. […] On ne le trouve même pas dans ces lettres, qui ne sont plus l’art comme Werther, mais la vie, un fragment de la vie, et qu’un art stérilement littéraire n’a pas manqué de glacer. […] La sensibilité littéraire tient bien plus aux facultés spéciales du cerveau qu’à l’essence même de l’âme. […] Il n’y a pas de mot plus terrible sur ce singulier et tout-puissant Midas littéraire, qui n’avait pas d’oreilles d’âne, mais qui, devenu pierre lui-même, a changé en pierre tout ce qu’il a touché ! […] Paul de Saint-Victor a cet avantage pour le public d’avoir sur Goethe les opinions admises en Europe, et son livre est plus qu’un jugement littéraire sur le talent ou le génie de Goethe.

137. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Car voici la parade littéraire, et l’on s’agite sur les tréteaux. […] Il dénonce les mœurs littéraires de son époque. […] Le Blond a succédé ici même comme critique littéraire à M.  […] Léon Bazalgette commence par affirmer sa profession de foi littéraire. […] Il ne les écrivit que pour justifier ses théories littéraires, que comme une illustration des principes esthétiques préconisés par lui.

138. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

L’impression littéraire était produite pour jamais en moi ; il suffit. […] Tout devint littéraire à mes yeux, même ma propre vie, qui se répercutait, avec ses impressions, ses piétés, ses affections, ses joies ou ses douleurs, dans mes vers. […] Lisez les annales des peuples ; vous vous convaincrez d’un coup d’œil que, tant qu’ils n’ont pas été littéraires, ils n’ont pas été, et que leur mémoire commence avec leur littérature. […] C’est alors aussi que j’étudiai plus profondément les plus grands historiens littéraires de l’antiquité, pour raconter aussi les grands événements de mon pays. […] L’homme littéraire lui-même n’est pas heureux.

139. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

Aujourd’hui, cependant, qu’il entre dans la vie littéraire plus franchement, et non pas en simple et riche amateur ; aujourd’hui qu’il se fait à la fois critique, historien littéraire et un peu prophète, il nous permettra de compter de plus près avec lui et de peser ses paroles. […] Ceci n’est pas tout à fait exact, et l’auteur fait là de l’histoire littéraire à sa fantaisie. […] M. du Camp nous donne là une histoire littéraire qui est par trop à vol d’oiseau et bien moins exacte que ses impressions de voyage. […] Parmi ces trois hommes que M. du Camp appelle sérieusement littéraires, il en est un qui, par malheur, ne saurait mériter ce nom. […] Dans les discussions des bons jours, dans ces conversations toutes littéraires et habituellement si mûries qui animent les séances intérieures, combien de fois n’ai-je pas eu à m’instruire là où je me croyais sur mon terrain et le mieux préparé !

140. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

Je me propose aussi d’établir ou de confirmer dans les esprits de ceux qui m’écoutent un sentiment trop rare de nos jours et que je ne crains pas d’appeler le patriotisme littéraire. […] le patriotisme littéraire, c’est-à-dire la foi dans la supériorité du génie français, me semble depuis longues années exposée à d’inquiétantes défaillances. […] Quelle est la nation de l’Europe qui pourrait opposer une aussi nombreuse, une aussi remarquable élite de prosateurs à ceux qui, chez nous, sont nés à la vie littéraire depuis 1800 ? […] chez nous manque de curiosité, insuffisance de culture, et par suite défaut de patriotisme littéraire. […] Charles Lenient à la Sorbonne (1873), « les Écoles littéraires après Malherbe ».

141. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Lié d’inclination littéraire avec quelques-uns de ses compagnons de captivité, il composait déjà, à l’envi de ses émules, des ébauches de poésie et de drame. […] Il chercha fortune dans le journalisme littéraire ; ses critiques offensèrent des acteurs favoris du public ; il fut menacé ; il quitta Mannheim et se réfugia à Leipsick. […] Goethe, dans sa première adolescence, avait été épris de sa grand’mère, Sophie Laroche, femme illustre par ses talents littéraires en Allemagne. […] Voici deux ou trois de ces lettres devenues un monument de l’Allemagne littéraire, un bas-relief du tombeau de Goethe. […] La primauté littéraire fait lentement le tour du monde comme la primauté politique.

142. (1890) Nouvelles questions de critique

Le succès oratoire ou littéraire n’a jamais qu’une cause : l’absolue sincérité. » Convenons du moins qu’il serait difficile d’expulser plus agréablement toute littérature de l’œuvre littéraire. […] Nécessaire au succès oratoire ou littéraire, la sincérité n’y est pas suffisante. […] Depuis que l’histoire littéraire est devenue l’une des provinces de l’histoire naturelle, toutes les productions littéraires, ou soi-disant telles, y ont leur place, et s’imposent par les mêmes titres à l’attention de la critique. […] On attribue une importance et une valeur littéraire disproportionnée à des pages jusqu’ici inconnues. […] De même que d’ailleurs l’habitude littéraire émousse le sens philologique, il arrive, il est arrivé fréquemment que le sens littéraire, aussi lui, ne s’avivât point dans les exercices de la philologie.

143. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

Tout membre de l’Académie française passa dans l’opinion pour un gentilhomme littéraire qui en prend à son aise. […] L’Académie, en la personne de plusieurs de ses membres considérables, a, en effet, une grande peur : c’est encore moins la politique qui détermine dans certains cas, que la crainte de la Bohême littéraire. […] La majorité de l’Académie, en ce temps-là, était plutôt voltairienne et philosophique que religieuse ; on fit une élection littéraire quelconque, et M.  […] A-t-il gagné où perdu, comparé à ce qu’étaient ses ancêtres littéraires ? […] Critique littéraire.

144. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

Enfin, sans tant multiplier les exemples, il est bien constant qu’il y a telle chose que la religion et même que la dévotion littéraire : là aussi on n’adore pas seulement les grands dieux, on se prend aux moindres saints. […] Il y a telle dévotion littéraire qui fera la même chose pour le patron auquel elle s’est une fois consacrée ; elle lui élève une chapelle, si ce n’est un temple ; elle dessert l’autel, et y expose les reliques, et sonne la cloche en tout temps pour réveiller les fidèles. […] pour le coup, ceci est trop ; en matière littéraire un peu de superstition ne me déplaît pas, mais point de fanatisme. […] On le voit en 1749 obtenir des lettres patentes pour faire ériger en académie la Société littéraire d’Amiens ; il s’y disposait un abri commode et un petit sanctuaire à sa convenance. […] Il n’a osé dire dans sa lettre qu’il désire passionnément une place dans votre Académie ; mais la duchesse de Chaulnes m’en a instruit, et connaissant la protection dont Votre Majesté l’honore et combien il mérite toutes les distinctions littéraires, je l’ai proposé pour être élu jeudi… » Frédéric répondit : « Chargez-vous de mes remercîments à Gresset.

145. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Cela dit, acceptons le genre comme un genre littéraire artificiel, et voyons-y Le Brun. […] Sa conversation était toute littéraire et sur les matières de poésie : l’histoire, la politique l’occupaient peu, ou, s’il touchait à la politique, c’était uniquement pour en tirer quelque occasion d’ode ou d’épigramme. […] [NdA] C’est ce que j’ai fait dans un de mes premiers articles insérés dans la Revue de Paris en 1829 (voir au tome Ier des Portraits littéraires). […] [NdA] Il parut, à la fin de 1762 et l’année suivante, une feuille littéraire qui s’annonçait pour vouloir faire concurrence et guerre à Fréron, La Renommée littéraire. […] [NdA] On trouve tout/le menu de ces querelles littéraires dans l’Acanthologie ou recueil d’épigrammes (1817), que l’on doit à M. 

146. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVIII » pp. 266-276

. — influence de la fortune sur les mœurs littéraires. — balzac, messer milione. […] — Il est impossible pourtant de ne pas remarquer l’influence que doivent exercer de tels coups de fortune sur les œuvres littéraires qui en dépendent. […] Notez encore l’action séductrice que les trois ou quatre grandes fortunes littéraires d’un temps exercent sur la foule des jeunes gens et sur les rangs secondaires de la littérature. […] Un grand amour de l’or et une excessive vanité littéraire, tel est le véritable alliage. […] Le livre sur Jacqueline Pascal est d’ailleurs une très-bonne publication, qui réunit à l’intérêt du fond les qualités littéraires, et cette sorte de prestige éloquent que la plume, comme la parole de M.

147. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « La poésie »

Est-ce que je vais me mêler, moi critique littéraire, de la manière d’assembler les prochains conciles ? […] laissez-nous de grâce, à nous autres critiques, l’histoire littéraire et ce qui en dépend. L’histoire littéraire est une branche de savoir, émancipée depuis Bacon, lequel a là-dessus une belle page. […] Merlet : Extraits des Classiques français 9, et qui vient tout naturellement en aide à l’entreprise que nous recommandons ici, est un progrès marqué et offre comme un modèle en fait de choix ; mais l’enseignement même, le cours d’études lié et continu, ce qui constitue, à proprement parler, le corps de l’histoire littéraire ; ce corps vivant, animé, brillant, il faut nécessairement le chercher ailleurs, autre part que dans des extraits et des notices succinctes, même les plus exactes : or M.  […] Paul Albert, quand je pense à tout ce que j’y trouve de connu déjà et aussi de neuf, d’exact et de tout récemment démontré (car l’histoire littéraire est en marche, et elle avance sans cesse), je ne puis m’empêcher de m’écrier : Heureuses les jeunes filles d’aujourd’hui !

148. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VII. Des ouvrages périodiques. » pp. 229-243

Des Journaux Littéraires. […] De tous les Journaux qui parurent ensuite en Hollande, aucun ne fut mieux écrit que le Journal Littéraire commencé à la Haye en 1713. […] Il y a eu une autre espêce de Journaux littéraires plus piquants encore que ceux qui sont connus ordinairement sous ce nom. […] Freron publia son Journal sous le titre d’Année littéraire. […] Mais l’Année littéraire s’est maintenue, malgré les clameurs du bel esprit de nos jours, qui démasqué & vivement censuré par l’auteur des feuilles, a cru lui imposer silence en l’accablant des injures les plus atroces.

149. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Le dernier écrit purement littéraire que nous trouvions de M. […] Dans les nombreux travaux par lesquels il a contribué à l’Histoire littéraire, M. […] Daunou, en dépit de sa prévention peu justifiable, demeure surtout littéraire et d’une littérature d’académie. […] Mais qu’était-ce que l’Année littéraire comme autorité, à cette date, en comparaison de La Harpe ? […] Cousin (Fragments littéraires).

150. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hoffmann »

Or, tous les livres qui doivent être des documents plus tard pour l’histoire littéraire méritent de la Critique une marque de considération et presque un témoignage de reconnaissance. […] Dans la réalité intime, élevée et profonde, la seule qui soit littéraire, Hoffmann n’est pas plus fort, ce mot qui implique la fermeté et la droiture, que dans le fantastique, où Heine admet qu’il est inférieur. […] Pour nous, il n’y a d’existant qu’un Hoffmann littéraire, et c’est de celui-là uniquement que nous avons à nous occuper. […] Malheureusement pour lui et pour Hoffmann, l’impartialité littéraire de Walter Scott est connue. […] Champfleury tient à Hoffmann, non par l’invention, mais par le procédé littéraire, par cette profusion du détail qui fut l’illusion de Heine lui-même et lui fit croire que le fantastique impuissant était puissant dans la réalité.

151. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « [Note de l’auteur] » pp. 422-425

Le premier journal littéraire qui ait paru ne paraissait encore que depuis trois mois, et déjà on y arrangeait soi-même son article. […] Cousin racontait la même anecdote que moi à l’occasion des Maximes ; et voici en quels termes (Madame de Sablé, 2e édit., 1859, page 177) : Pour soutenir et achever la comédie, La Rochefoucauld demanda à Mme de Sablé de lui faire un article dans le seul journal littéraire du temps, qui commençait à paraître cette année même, le Journal des savants, et la complaisante amie écrivit un article qu’elle lui soumit. […] Cousin met en note et en les présentant en regard le projet d’article et l’article imprimé, « afin, dit-il, qu’on en saisisse mieux les différences. » Je le demande à tout littérateur de bonne foi ou, pour mieux dire, à tout homme honnête, est-ce que lorsqu’on s’empare ainsi d’une remarque, peu importante sans doute, mais qui a son prix et son piquant dans l’histoire littéraire, il est permis de le faire sans indiquer et mentionner celui qui vous a précédé et à qui on la doit ? […] Cousin n’aime pas M. de La Rochefoucauld ; il se pique d’être lui-même d’une philosophie morale spiritualiste très supérieure ; il se réjouit, en cette occasion particulièrement, de surprendre le défenseur de la théorie de l’amour-propre en flagrant délit de vanité littéraire. […] Il pousse l’amour-propre littéraire jusqu’à l’extrême petitesse et au procédé sordide, en refusant à un devancier et à un confrère la modeste mention qui lui est due.

152. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Doué de sentiments littéraires plus actifs que délicats, M.  […] En général les querelles littéraires qui se sont soulevées autour de M.  […] La situation d’un critique quand elle apparaît à l’aurore d’une nouvelle religion littéraire est belle sans doute. […] Dans une telle façon de traiter l’examen littéraire, il perce beaucoup d’amour, beaucoup de goût, une véritable passion pour les lettres. […] Ce fut même peut-être un bonheur pour le juge littéraire que de se voir débarrassé des devoirs d’une politique sans succès.

153. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Il y aura à toute heure des amateurs du lyrisme, du roman, du drame ; soit par goût spontané, soit par tradition purement littéraire. […] L’histoire littéraire, proprement dite, doit débuter par François Rabelais. […] C’est ici, hélas, une des grosses erreurs de la Renaissance, dont la poésie a souffert longtemps, dont l’histoire littéraire souffre encore. […] Montesquieu ne touche à l’histoire littéraire proprement dite que par les Lettres persanes. […] Ce qui explique que l’expression artistique de la civilisation française est surtout littéraire.

154. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

Simple encore apparaît l’origine de l’art littéraire, si l’on consent à se rappeler ce qu’est fondamentalement le mot. […] J’ai toujours pensé que le propre du littérateur est l’impossibilité de se « figurer » une « description littéraire ». […] Dès lors n’est-il pas nécessaire que ce littérateur exprime littérairement des sensations que d’autres auraient eues picturales ou musicales et qu’il aura littéraires. […] Car, altier artiste des littératures, le comte de Villiers de l’Isle-Adam est de ceux à qui nulle intimité de songe n’a échappé, mais dont cette sublime monomanie d’une âme littéraire a fait tous les rêves choses littéraires, et mots. […] Et remarquez qu’en ce drame vide de psychologies, le texte littéraire (et songez contrairement la beauté littéraire d’un Rheingold) est « littérairement » sans valeur : sommaire, tout d’indications, n’existant qu’en tant que glose — et d’ailleurs admirable tel.

155. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

Paulin Paris, Histoire littéraire de la France, t.  […] Le Clerc, Histoire littéraire de la France, t.  […] Ernest Renan, Histoire littéraire de la France, t.  […] Paris, Histoire littéraire de la France, t.  […] XXIII ; — et son article sur « Jehan de Meung », dans l’Histoire littéraire, t. 

156. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

À part les trois hommes sérieusement littéraires qui font partie de cette compagnie, à part MM.  […] J’ai dit que l’Académie n’était plus de nos jours un corps littéraire ; j’ai eu tort. […] Donc, en tant que corps littéraire, l’Académie française n’est pas seulement inutile, elle est nuisible. […] Il a voulu faire un livre à la fois scientifique et littéraire : a-t-il réussi ? […] Cela est vrai, surtout de la vie littéraire ; l’écrivain qui ne se sent pas à la fois apôtre et soldat fera bien de se taire, il est inutile.

157. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

Je vous ai parlé de Rousseau, qui a rendu hommage — et il aurait été bien étonnant qu’il ne le fît pas — à l’immense talent littéraire et poétique de La Fontaine. […] Le dix-huitième siècle, dans sa critique littéraire, a ce défaut, abominable à mes yeux, de vouloir que l’on soit toujours guindé. Il n’a pas inventé le mot dont on abuse maintenant de la « tenue littéraire », mais il est entêté de la chose. […] Il est plein de l’antiquité, je lui en fais mon compliment, mais c’est toujours au point de vue strict de l’antiquité qu’il examine tout effort littéraire. […] Mais ces trois dénominations, qui ont été inventées au dix-neuvième siècle, ont ceci d’utile qu’elles étiquettent d’une façon relativement précise, mais enfin assez précise, trois genres littéraires, ou plutôt trois mentalités littéraires qui ont toujours existé depuis le commencement de la littérature telle que nous la connaissons.

158. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

C’est donc à l’étude des grands écrivains de l’antiquité et de nos jours, que seront consacrées en partie nos Matinées littéraires. […] C’est à une critique morale autant que littéraire que nous aurons recours pour nous conduire et nous éclairer. […] Comment procèdent la plupart des cours ou traités de critique littéraire ? […] À Dieu ne plaise qu’un pareil sentiment nous anime dans nos études biographiques et littéraires. […] Mennechet, directeur des Matinées littéraires, rue Duphot, nº 17.

159. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

Villemain a vécu… et probablement a mieux aimé vivre, car il nous a offert, pendant un demi-siècle, le spectacle de la plus inaltérable et de la plus curieuse prospérité littéraire. […] cette agréable gloire, la révolution littéraire de 1830, qui ne l’avait pas faite, l’épargna. […] Si on ne se laissait pas démoraliser par cette renommée, si on osait regarder ses œuvres, on verrait bientôt que l’on s’est entendu un peu trop aisément et trop vite pour les trouver de grandeur et de force à honorer la tradition littéraire d’un pays. […] Ses Mélanges littéraires, ses Éloges, ses Histoires, tout ce qu’il a jamais écrit, dépose nettement du soin et de l’effort avec lequel il invente et polit sa phrase ; et il a bien raison, du reste ! […] Gens de forme littéraire tous les deux, l’un est une sensibilité, l’autre n’est qu’une mémoire.

160. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

M. de Latouche, l’un des hommes de nos jours qui ont le plus écrit depuis quarante ans et de tous les côtés, avait eu l’art d’échapper en partie à cet enregistrement et à ce cadastre littéraire. […] Ses œuvres sont mentionnées au long dans La France littéraire de Quérard, mais la date de sa naissance ne s’y trouve pas. […] La publication des Poésies d’André Chénier est le grand titre de M. de Latouche, le grand fait littéraire auquel restera attaché son nom. […] M. de Latouche, pendant toute la Restauration, chercha vainement ce grand succès littéraire, né du génie et de l’occasion, et qui fait tomber sur un front la couronne. […] Gustave Planche publia dans la Revue des deux mondes (novembre) l’article « De la haine littéraire » dont M. de Latouche était le sujet.

161. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

Mais il s’est produit des grands hommes littéraires tout à fait en dehors de cette tradition. […] C’est de cette religion littéraire que nous sommes, au milieu même des plus vives hardiesses, et que nous voulons être toujours. […] Quand on vit dans une perpétuelle instabilité publique, et qu’on voit la société changer plusieurs fois à vue, on est tenté de ne pas croire à l’immortalité littéraire et de se tout accorder en conséquence. […] Les gens de goût d’autrefois, dans leur appréciation littéraire des œuvres, étaient un peu trop paresseux, trop délicats et trop gens du monde ; ils s’arrêtaient aux moindres difficultés de recherche, et s’y rebutaient comme à des épines. […] On attribue une importance et une valeur littéraire disproportionnée à des pages jusqu’ici inconnues.

162. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Vinet, critique littéraire des plus éminents, moraliste des plus profonds ? […] Mais les idées morales, religieuses, chrétiennes, eurent toujours le pas dans son esprit sur les opinions purement littéraires. […] Mais tous ces mérites se retrouvent condensés, assemblés et agrandis dans la Revue des principaux Prosateurs et Poëtes français, morceau très-plein et très-achevé, véritable chef-d’œuvre littéraire de M. […] Il passe en revue toute la littérature française, depuis Villehardouin jusqu’à M. de Chateaubriand, et en insistant avec continuité sur les trois siècles littéraires. […] Il a donc assez des habitudes littéraires des écrivains de Port-Royal (et jusqu’à leur goût de l’anonyme), comme il a beaucoup de leurs doctrines religieuses.

163. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

On n’y va pas chercher la vérité littéraire et la durée. […] Il y a cependant des pages littéraires durables dans l’Encyclopédie. […] Au reste, ce que la critique littéraire ôte à ce dernier, la science le lui rend. […] Il avait rendu à notre pays l’émotion littéraire dont la faculté même semblait perdue parmi tant d’autres ruines. […] La politique ne fit pas de Chateaubriand un homme d’Etat, et elle gâta son talent littéraire.

164. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

Il y a vingt-cinq ans environ, il mourait dans le canton de Vaud un homme du premier mérite comme intelligence religieuse, philosophique et littéraire, et aussi comme talent et grâce de parole, dans la conversation surtout. […] Deschanel n’est pas un sophiste, c’est un missionnaire littéraire, άπόστολος. […]   Dans son livre de la méthode physiologique ou naturelle appliquée à la critique littéraire, M.  […] Les faits parlent, et l’histoire littéraire est là. […] vous n’avez pas assisté à nos tâtonnements et à nos luttes ; vous n’avez pas vu, pour ne parler que d’une branche, les progrès de la notice littéraire, son enfance, ses essais timides, son bégaiement, sa lente croissance.

165. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

Boileau fonda dans les Satires la critique littéraire, à peu près inconnue avant lui. […] Boileau n’en doute pas, et n’estime pas que certaines formes littéraires soient liées à certains états de civilisation, ni que l’idéal poétique puisse être relatif et variable selon le génie des peuples. Aussi ne s’est-il pas soucié de ce qu’on appelle l’histoire littéraire, l’étude du développement des littératures et des genres, l’examen des conditions et des milieux, qui dans une certaine mesure déterminent la direction du génie littéraire et les formes de son expression. […] Boileau a parqué trop soigneusement les espèces littéraires : il les a multipliées aussi trop facilement. […] Elle l’aide à éviter l’écueil du positivisme littéraire, qui est la négation et la suppression de l’art.

166. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

Et remarquez qu’il y a dans ses Samedis littéraires quelques pages louangeuses. […] Paul-Louis Garnier dont on connaît les premiers enthousiasmes philosophiques et littéraires. […] Sous le masque de six à sept pseudonymes, il rit et sourit des mœurs actuelles, mondaines, politiques et littéraires… M.  […] Il abandonne la critique littéraire pour la critique d’art où il parvient à rester un honnête homme, ce qui, de nos jours, est malaisé. […] Charles Foleÿ a repris la chronique littéraire, oubliée par Μ. 

167. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Daru était resté au fond l’homme de ses débuts, de ses études premières et de ses goûts littéraires variés. […] Laissons les comparaisons : il ne s’agit pour le moment que de bien définir, par un caractère général qui l’honore, ce groupe littéraire de Collin d’Harleville, d’Andrieux, de Picard, d’Alexandre Duval (avant la brouille), de Roger (avant l’esprit de parti), de Campenon, Lémontey et autres. […] Daru était au camp de Boulogne, et cette lettre peint assez bien le mouvement de la petite société littéraire dans son temps de parfaite union : Nos déjeuners ont recommencé le dimanche 14 (brumaire). […] Cet âge pourtant semble se prolonger, à n’en voir que le reflet dans la correspondance littéraire de M.  […] Daru au courant des travaux littéraires de chacun : Picard, lui écrivait-il en mai 1807, fait une comédie qui me paraît une belle conception (Les Capitulations de conscience).

168. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

Il y a de plus, dans ces Souvenirs littéraires de soixante années, deux parts fort distinctes à faire : il y a les véritables souvenirs, ceux qui sont de première main, et ce qui n’en est pas, ce que M.  […] Vers ce même temps il eut l’idée de réunir chez lui des après-midi du dimanche, dans l’appartement qu’il occupait au quatrième de sa propre maison, rue Chabanais au coin de la rue Neuve-des-Petits-Champs, ses amis ou ses connaissances qui s’occupaient des questions littéraires, alors si débattues. […] Mais celui qui habituellement y tenait le de et y faisait le diable à quatre, qui harcelait le maître de la maison, tenait tête à Courier, et relançait un chacun jusque dans les derniers retranchements des vieilles doctrines, c’était Beyle, autrement dit Stendhal, la trompette à la fois et le général d’avant-garde de la nouvelle révolution littéraire. […] Disciple direct de Tracy et de Cabanis ; il a, en bien des cas, la conclusion plus-physiologique que littéraire. […] Le travail littéraire dont s’occupait Ballanche, en ce moment lui faisait diriger ses lectures sur les ouvrages de Bossuet, et comme le dîner de la duchesse lui avait délié la langue, il laissa échapper sur le grand évêque quelques paroles dédaigneuses qui furent relevées aussitôt par Mme Récamier et le duc de Laval.

169. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

L’Année littéraire avait appelé La Harpe un « enfant du hasard ». […] Ce La Harpe du Lycée, dans les années 1786-87-88, et les services sans mélange qu’il rendit alors à la raison littéraire et à la culture publique, doivent être toujours présents à ceux qui le jugent, et arrêter les plaisanteries qu’il est trop aisé de répéter quand il s’agit de lui. […] Le Lycée alors était une fondation à la fois scientifique et littéraire, une élégante Sorbonne à l’usage des gens du monde. […] On ne saurait s’en étonner, et il convient à ceux qui vivent en des temps plus calmes, mais qui n’ont point su échapper eux-mêmes à quelques contradictions et rétractations littéraires, de montrer pour celles de La Harpe quelque indulgence. […] Cette guerre qu’il déclarait aux oppresseurs politiques de la veille, il ne la poursuivit pas moins dans l’ordre littéraire contre les propagateurs des idées philosophiques, qu’il en était venu à considérer comme les premiers auteurs du mal.

170. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Il est assez singulier toutefois que, reproduisant avec autant de soin ses anciens titres littéraires, il ait précisément omis celui qui fut et qui est encore le plus vivant, celui qui mérite d’être cité, comme il l’a été, en effet, dans toute histoire littéraire un peu complète de la Révolution. […] Dans l’un de ces articles intitulé : De l’influence des idées exactes dans les ouvrages littéraires, M.  […] Villemain remporta le prix, est le principal titre littéraire de M.  […] Nous le dirons hardiment des morceaux littéraires de M.  […] Si j’avais à écrire la vie scientifique et littéraire de M. 

171. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

Fréron, successeur et héritier de l’abbé Desfontaines, peut-il être dit de la bonne et droite lignée, et l’un de ceux qui ont institué chez nous la critique littéraire judicieuse et intègre ? […] C’est encore dans Voltaire qu’il faut chercher la vraie et vive critique littéraire de ce temps-là ; c’est dans Grimm, c’est dans La Harpe lui-même. Notez-le bien : les excès de la passion littéraire, chez ce La Harpe si souvent mis en cause, valent mieux que les mêmes écarts ou les manquements chez Fréron, ils partent d’un meilleur principe ; ils sont d’un ordre supérieur, de l’ordre tout intellectuel, exempts et purs de tout trafic, sans alliage d’industriel et de mercantile. […] L’Écossaise n’avait point encore paru, mais j’avais lu quelques feuilles de l’Année littéraire qui m’avaient révolté. […] L’homme d’esprit qui l’a rimé n’a vu là dedans qu’un sujet littéraire, un thème à poésie didactique.

172. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

Hyacinthe, et une Notice biographique et littéraire par M.  […] La Dédicace au Roi offre une particularité qui caractérise bien aussi les prétentions littéraires de Louis XVIII et en même temps la critique méticuleuse qui régnait alors. […] Veuillez bien remarquer et noter la gradation, dont la trace est sensible dans l’histoire littéraire. […] Notamment de Balzac, le plus avide et le plus grossier des amours-propres littéraires que j’aie connus, et j’en ai connu beaucoup. « La muse de M.  […] Loyson faisait preuve en cela d’un scrupule politique non moins que littéraire ; il craignait sans doute, en laissant telle ou telle expression trop vive du grand orateur ministre, de porter de la flamme à l’incendie.

173. (1888) Demain : questions d’esthétique pp. 5-30

Anatole France les tentatives et les tendances de la génération nouvelle, d’indiquer sommairement ce qu’il y a de très sincère et de très grave sous tant d’audaces, d’obscurités, voire d’excentricités, et comment la logique même de notre histoire littéraire devait amener l’évolution actuelle. […] Anatole France Monsieur, Vous avez honoré d’une réponse publique la lettre que je vous avais adressée à propos de questions littéraires nouvelles. […] C’est qu’il restait, en effet, à étudier, à analyser le « corps social », à mettre en mouvement dans les œuvres littéraires les foules, qui sont toutes physiques, aussi bien dans l’unité de leur ensemble que dans leurs individus. […] Telle m’apparaît, Monsieur, la morale à déduire de l’histoire littéraire do nos trois derniers siècles. […] Au commencement du siècle, le Romantisme, qui fut un peu factice et postiche, vécut d’une « religion littéraire » dont nos plus modernes catholiques duChat Noir nous donnaient la parodie.

174. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Le Sage » pp. 305-321

Il a pris Le Sage sur le pied où le xviiie  siècle, le préjugé et la tradition littéraire, l’ont mis. […] Pour Le Sage, trop compté, par l’opinion badaude, parmi les grands romanciers, il ne s’agit, dans le roman, ni du développement dramatique des passions, ni de l’originalité des caractères, ni, à force d’observation, de l’invention dans la réalité humaine, ni de l’expression idéale des sentiments, ni de la beauté littéraire du langage. […] Anatole France, qui est peut-être, plus qu’il ne croit, un démocrate littéraire de ce temps maudit, nous parle avec plaisir de l’effet que produisit Le Diable boiteux sur « le petit laquais de Boileau ». […] Il a créé cette chose moderne, le roman d’aventures, — qui va des Trois Mousquetaires à Rocambole ; — cette chose qui n’est pas littéraire, qui file, s’interrompt et refile, au bas des journaux, sans autre raison que de toucher, comme un postillon, ses quelque sous à chaque relais. […] Le feuilleton, dans nos mœurs littéraires, est le vestibule forcé du livre.

175. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « II »

Faguet, — Le renanisme littéraire, — Les éloges de M. de Gourmont […] Il faut voir de quel ton tranchant il fait table rase de toutes les idées morales, artistiques, historiques, sociales ou littéraires ! […] La Beauté littéraire ? […] Nous avions le renanisme philosophique ; M. de Gourmont nous a donné le renanisme littéraire, et ce n’est pas sans raison qu’on a pu écrire sur lui une étude intitulée : Un nouveau scepticisme. […] Annales politiques et littéraires, 23 octobre 1904 (NdA) 9.

176. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre II. « Faire de la littérature » » pp. 19-26

Aussi, quand les amis de la famille lui font compliment de la précocité de ses talents littéraires, répond-il d’un air modeste : « Bah, chacun sa partie !  […] Si l’embryogénique histoire du fœtus de lettres, que j’esquissai tout à l’heure, vous a frappés par son air vieux jeu et déjà connu, elle n’atteste que mieux la désinvolture avec laquelle, depuis longtemps, on tient la besogne littéraire pour un travail normal, régulier, quotidien, ayant ses charges professionnelles, ses profits, ses déboires, ses privilèges, sa chambre syndicale, son autonomie. […] Mais le critique est trompé, lui aussi, par l’épithète littéraire ; pourvu qu’il sache écrire, et qu’il abonde en aperçus ingénieux, il se juge mieux que suffisant. — Il n’est pas jusqu’à la philosophie qui ne souffre d’être rapprochée des lettres. […] La promiscuité littéraire a faussé l’esprit des œuvres ; elle a abaissé l’esprit des auteurs. […] Ils ne croient pas que, propres à un ouvrage littéraire, ils seront bons à un autre.

177. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 439-450

Palissot à se déchaîner contre nous & contre les Trois Siecles, dans ses Mémoires littéraires ; on démêlera sans peine le sentiment qui l’a fait agir. […] Lorsqu’il donna, en 1760, sa Comédie des Philosophes, il se vit accablé de tout ce que les persécutions littéraires peuvent avoir de plus amer & de plus odieux. […] Ses petites Lettres sur de grands Philosophes, ses Lettres à M. de Voltaire, ses Mémoires Littéraires surtout, sont d’une tournure, d’une vivacité, d’une raison qui le placent, avec distinction, parmi ceux qui ont le vrai talent d’écrire. […] Pourrions-nous, après cela, nous offenser des injures & des faussetés que ce Narcisse littéraire a accumulées contre nous dans la derniere Collection de ses Œuvres ? […] Nous pouvons lui pardonner encore, sans qu’il nous en coute le moindre effort, d’assurer, avec sa modestie & sa bonne foi reconnues, que nous n’avons composé notre Livre que d’après ses Mémoires littéraires, que nous avons, ajoute-t-il, presque toujours pillés dans ce que nous avons dit d’un peu raisonnable, parce que ceux qui connoissent l’un & l’autre Ouvrage savent combien les jugemens en sont différens.

178. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Avertissement » pp. -

À la division habituelle par Siècles et, dans chaque siècle, par Genres, — d’un côté la poésie et la prose de l’autre ; la comédie dans un compartiment, le roman dans un second, l’« éloquence » dans un troisième ; — j’ai donc, premièrement, substitué la division par Époques littéraires. […] À vrai dire, les Époques littéraires ne doivent être datées que de ce que l’on appelle des événements littéraires1 : — l’apparition des Lettres provinciales, ou la publication du Génie du christianisme ; — et non seulement cela est conforme à la réalité, mais c’est encore le seul moyen qu’il y ait d’imprimer à l’histoire d’une littérature cette continuité de mouvement et de vie, sans laquelle, à mon sens, il n’y a pas d’histoire. […] Nous voulons faire autrement que ceux qui nous ont précédés dans l’histoire : voilà l’origine et le principe agissant des changements du goût comme des révolutions littéraires ; il n’a rien de métaphysique. […] Qui scit ubi scientia sit, ille est proximus habenti  : c’est un vieux proverbe qui n’a nulle part de plus juste application qu’en matière d’histoire littéraire. […] Je ferai toutefois observer que, des autres divisions en usage, la plus naturelle serait encore la division par règnes ou époques politiques ; et, par exemple, j’ai noté dans ce livre même, très rapidement, quelques uns des caractères littéraires communs à toutes les régences de notre histoire.

179. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Léon Feugère ; Ambroise-Firmin Didot »

Léon Feugère, qui, par parenthèse, enseigne la rhétorique au collège Louis-le-Grand, justifie et honore sa profession par son amour et sa compétence des choses littéraires. […] Et pourtant, malgré tout ce qui semble l’en séparer, on trouverait, en creusant, sous la préoccupation qui l’a produit, plus d’un rapport à indiquer entre les idées littéraires qui semblent n’y faire aucun bruit et les tapages politiques de notre temps. […] Ce livre, dont le but était simplement littéraire, incline, par le fait, à une conclusion philosophique que l’auteur semble avoir redoutée, mais qu’il ne saurait éviter. […] Selon nous, il est impossible aujourd’hui, sous peine de rétrécissement d’intelligence, à un écrivain qui sent son sujet, de se montrer exclusivement littéraire quand il s’agit de la littérature du xvie  siècle. […] Eh bien, Léon Feugère, qui est un homme d’esprit et un homme renseigné, a cependant, pour une raison qu’il sait mieux que nous, affecté, dans sa biographie d’Henri Estienne, une modération qui ressemble beaucoup au faux air de l’indifférence, et il a abandonné, pour les plus minces considérations littéraires, toutes les graves questions que la Renaissance et le xvie  siècle ont soulevées et que voilà, après plus de deux siècles, pendantes et menaçantes encore !

180. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VII. Objections à l’étude scientifique d’une œuvre littéraire » pp. 81-83

Objections à l’étude scientifique d’une œuvre littéraire Avant d’aller plus loin, il faut répondre ici à des objections qui doivent avoir surgi dans l’esprit de plus d’un lecteur. […] Il est certain que, dans le domaine de l’histoire littéraire comme dans tous les autres, il restera toujours des obscurités impénétrables. […] Concluons donc que les caractères d’une œuvre littéraire, ses rapports avec l’auteur qui l’a exécutée ; puis, — en partie du moins et avec plus de difficulté — les causes dont elle est l’effet et les effets dont elle est la cause sont accessibles à la recherche scientifique. Mais nous n’avons à dessein considéré jusqu’ici dans l’histoire littéraire que des choses qui peuvent être matière à science, des phénomènes et la liaison entre ces phénomènes.

181. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

» s’écriait Dussault, dans ses Annales littéraires. […] C’est un véritable malheur pour la production littéraire. […] Le mouvement littéraire marchait, en effet, de front avec le mouvement politique. […] La sévérité des gendarmes littéraires du Journal de l’Empire secondait ses vues. […] Aujourd’hui c’est précisément le contraire qui a lieu dans le monde littéraire.

182. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXII » pp. 286-290

Amédée Pommier sur les trafiquants littéraires ; ces vers-là, pour n’en rien dire davantage, nous semblent bien crus et d’une verve terriblement latine. […] Amédée Pommier, nous dit-on, a déjà publié beaucoup de recueils de vers et plusieurs ouvrages, le Livre de sang, les Océanides, etc., dans lesquels il y avait de grands excès du mot propre et des descriptions impitoyables de crudité : c’est un converti qui revient à mieux et qui s’amende, qui se fait satirique un peu dans le genre, mais dans un meilleur sens que Barthélemy. — Quoi qu’il en soit, c’est moins par des satires directes, ce nous semble, qu’il faut combattre l’ennemi, que par des exemples plus calmes et en continuant de marcher de plus en plus, et chacun de son mieux, dans sa direction littéraire, sans s’en laisser détourner. […] Villemain en effet ne forment pas une histoire littéraire complète, et M. […] Mais quelles mœurs littéraires et quand on sait les mobiles de ces attaques !

183. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Introduction » pp. 5-10

Considérable, car la liste est longue de ceux qui entre dix-huit et trente-six ans on écrit des pages intéressantes, ont participé au mouvement littéraire de ce temps, si fécond en cénacles, si fertile en personnalités curieuses ; dangereux enfin, parce que, malgré deux ans de recherches, nous avons commis des oublis inévitables et surtout parce qu’ayant combattu, nous aussi, dans les rangs de cette jeunesse, nous n’avons pourtant pas hésité à mettre de côté toute camaraderie, toute confraternité, pour présenter un tableau sincère et précis de cette « jeune littérature » dont on parle tant et qu’on connaît si peu. […] Nous avons la conscience de n’être demeurés étrangers à aucun effort littéraire. […] Le roman et la poésie ont voulu être de la peinture, de la musique, de la sociologie, etc… À ces croisements multipliés et peu raisonnables s’est abâtardie la sève littéraire d’un pays qui reste cependant encore le premier, dans le domaine littéraire et idéologique.

184. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gérard de Nerval  »

Ses amis de ce temps-là, devenus maintenant ce que Balzac, qui agrandissait tout, appelait des maréchaux littéraires, se sont souvenus et ont parlé de lui comme de vieux maréchaux de l’Empire auraient pu parler du jeune Marceau, quoiqu’il ne fût, ni par le mérite ni par la jeunesse, un Marceau littéraire quand il mourut. […] Il ne fut toute sa vie qu’un compagnon littéraire, qui mourut avant de devenir cette odieuse chose fausse qui vous serre la main en vous appelant : « mon vieux camarade !  […] Il yen a beaucoup au-dessous… C’est une plume d’une distinction littéraire incontestable ; mais qui a plus d’acquis que de vie par elle-même et que de spontanéité. […] qu’enfin Gérard de Nerval ait eu toutes les qualités du cœur, et que des docteurs en pureté, à qui je crois pourtant la manche un peu large, affirment la sienne et fassent de lui — comme disait si drôlement Charles Fourier — le Vestal de la littérature, qu’est-ce que cela fait à la Critique littéraire ? […] Pour elle, il ne s’agissait que de déterminer, une fois pour toutes, la valeur littéraire d’un homme sur lequel on a brouillé le sens public, et de planter là le bon Gérard, — dont on nous a tant rebattu les oreilles, — pour s’occuper de Gérard l’écrivain, qui, comme écrivain, n’était pas si bon !

185. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

Il y eut en France, dans la première moitié du xviie  siècle, des essais nombreux de perfectionnement et de culture pour la langue, des essais naturels et spontanés de petites sociétés ou coteries grammaticales et littéraires. […] Et comme il savait que pour l’amuser il fallait des contes un peu bouffons ou des nouvelles littéraires, il ne manqua pas de l’entretenir de la petite assemblée ; il lui en donna si bonne idée que Richelieu conçut à l’instant le dessein de l’adopter, de la constituer en corps et de s’en servir pour la décoration littéraire du règne. […] Ainsi, c’est une règle presque générale que l’Académie, après un temps où elle était complètement de niveau avec l’opinion littéraire extérieure et où elle en représentait les aspects les plus en vue et les plus florissants, baisse ensuite ou retarde un peu. […] Par lui et par Fontenelle l’Académie se retrouva très en avant et en tête des questions littéraires sous la Régence. […] Il y a des gens qui parlent d’un grand siècle littéraire de saint Louis, comme s’ils le voyaient aussi clairement que le siècle de Louis XIV.

186. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

De Pontmartin Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. […] M. de Pontmartin appartient à la génération littéraire qui a suivi immédiatement la nôtre, et qui a été la première à nous faire apercevoir que nous n’étions plus très jeunes. […] Après la révolution de 1830, M. de Pontmartin retourna passer quelques années dans son pays d’Avignon, avant de venir chercher la réputation littéraire à Paris. […] Le critique a des amis, je l’espère, mais il ne doit pas avoir d’amitiés littéraires quand même, et qui le déterminent ou l’enchaînent d’avance à un jugement trop favorable. […] Ce n’est pas précisément un critique que M. de Pontmartin, et j’ai dit pourquoi ; mais c’est un aimable causeur et chroniqueur littéraire à l’usage du beau monde et des salons.

187. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

On peut, sans trop exagérer, dire que, dans le domaine littéraire, les États-Unis d’Europe sont en voie de formation. […] Il faut commencer par un dénombrement exact des pays étrangers qui peuvent avoir laissé quelque trace dans les œuvres littéraires de cette époque. […] De même une exploration géographique, une fondation de colonies ont des contrecoups littéraires. […] C’est que les idées colportées par la littérature ne sont pas purement littéraires. […] Virgile Rossel, intitulé : Histoire des relations littéraires entre la France et l’Allemagne.

188. (1929) Dialogues critiques

Cette misérable Académie fausse toute la situation littéraire. […] Le président d’un comité littéraire prend à l’Académie figure d’homme de lettres. […] Et c’est un argument contre la propriété littéraire indéfiniment prolongée. […] Tous les genres littéraires en sont là. […] L’instinct littéraire n’a pas la sûreté de l’instinct animal.

189. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

Les critiques du temps saluent comme une piquante nouveauté cette traduction littéraire d’une œuvre musicale. […] L’architecture subit ainsi les mêmes modes que les œuvres littéraires. […] » Diderot paraît ainsi avoir encouragé une peinture théâtrale, philosophique, morale, littéraire. […] Introduction à l’histoire littéraire, p. 265, Hachette. […] Voir à ce sujet Maurice Spronck : Les artistes littéraires.

190. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

et contre l’évidence, un ami littéraire dans ses belles Lettres à un homme tombé (il aurait mieux fait peut-être de dire à un homme sorti). […] Le génie divers, prompt, souple, fort, fantastique des peuples qui parlent cette langue promet prochainement de grands siècles littéraires à la Russie. Nous ne parlons point ici de l’Orient, parce qu’il dort ; il dort après des siècles de fécondité littéraire, religieuse et philosophique. […] aurais-je pu lui rouvrir inoffensivement pour les autres puissances, et plus légitimement pour elle-même, une plus belle perspective de renaissance nationale, politique et littéraire ? […] Je sentis que l’air même de cette contrée était littéraire, et qu’on pouvait lui enlever la liberté, mais jamais le génie.

191. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 39-51

Nous ne lui refuserons cependant pas, comme tant d’autres, de l’esprit, des connoissances, & même un certain talent ; mais nous remarquerons que, par une triste fatalité, ces trois qualités littéraires ne s’annoncent dans lui, qu’avec un défaut de consistance & de maintien, si l’on peut se servir de ce terme, qui leur ôte tout le prix. […] Toujours malheureux dans ses élucubrations littéraires, cet Ecrivain a donné une Traduction de Suétone, qui n’a fait que le jeter dans un autre genre de déconvenue. […] Ce Mercure est sur-tout le Théatre où cet Ecrivain déploie avec le plus d’éclat sa majesté littéraire, & fait le mieux sentir le poids de son autorité. C’est là qu’il peut dire, avec bien plus de raison, ce que disoit le Fou du Roi Jacques, en s’asséyant sur le Trône de son Maître : Je regne ; c’est là qu’il prononce en Juge souverain sur nos trois Spectacles, qu’il donne des loix aux Poëtes & des leçons aux Comédiens ; c’est là, en un mot, qu’il dispense à son gré les honneurs ou les disgraces littéraires. […] S’il se plaint que nous avons renchéri sur notre premiere critique, qu’il se souvienne que le but de cet Ouvrage est de tendre à la perfection ; & s’il nous accusoit de contradiction à son sujet, qu’il apprenne que se corriger n’est pas se contredire, & qu’en fait de jugemens littéraires, comme en matiere de testamens, les derniers sont toujours les meilleurs.

192. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Négligeons toutes les élections où le mérite littéraire a été étranger, ou n’a point été prépondérant. […] Le lecteur y trouve l’expression parfaite de ses vagues tendances, et de l’esprit général du siècle : mais Boileau y a mis quelque chose de plus, une doctrine originale et personnelle, qui, dans la vaste unité du siècle, sépare un certain groupe d’esprits, exprime l’idéal d’une école littéraire. […] Lié avec Mme de Scudéry, tenant par sa jeunesse au monde précieux, Bussy se trouve sur la fin de ses jours tout proche de Perrault et de Fontenelle, trop grand seigneur et trop bon esprit pour s’embrigader dans un parti littéraire, mais insensiblement et naturellement porté de ce côté par la pente de son esprit. […] Le romantisme a creusé un abîme entre la France d’autrefois et la France d’aujourd’hui, au point de vue littéraire, comme la Révolution au point de vue politique et social. […] Ne parlons pas, si l’on veut, d’influence ni d’autorité : mais regardons seulement l’accord des conceptions et l’identité des principes directeurs de la création littéraire.

193. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

Ribot, les ingénieuses, parfois aventureuses, et toujours littéraires études de M.  […] La valeur littéraire des œuvres d’érudition se mesure à deux caractères : la quantité de pensée philosophique impliquée ou suggérée ; l’intensité de vie concrète exprimée ou dégagée. […] Un doute me reste : dans quelle mesure ne lui font-ils pas expier ces dons littéraires par où il était si loin lui-même de chercher le succès ? Je ne suis pas sûr, après toutes les critiques des gens du métier, que la même science, sans aucun soutien de talent littéraire, n’eût pas obtenu davantage leur estime. […] Dans le domaine de la littérature, son influence est assez imprécise, parce qu’il n’a pas eu de théorie littéraire.

194. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

On ramasse ainsi des matériaux qui serviront à constituer plus tard ce qu’il est permis de nommer : la géographie littéraire de la France. […] Il n’est pas moins banal de répéter, après tant d’autres, que depuis Jean-Jacques la verdure des bois et des champs a reparu, parfois avec surabondance, dans nos couvres littéraires. […] A chaque moment de l’histoire, on retrouve des apports littéraires qui sont dus à cette préoccupation des contrées voisines ou lointaines. […] Il n’est pas indifférent, même au point de vue littéraire, qu’une nation traverse la série des vaches grasses ou des vaches maigres. […] Faut-il un exemple des effets littéraires dont peut être suivie une de ces convulsions de la nature que l’homme ne sait ni prévoir ni prévenir ?

195. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

Fortoul, a fait tout ce qu’on pouvait attendre d’un homme dont la jeunesse a été nourrie des vives leçons de cet enseignement littéraire élevé. […] Ils auraient montré à cette jeunesse, que de faux déclamateurs enivraient, ce que c’est que le vrai talent littéraire et historique quand il s’est encore aguerri dans la pratique, même incomplète, des affaires, et dans l’expérience de la vie. […] Guizot sur ce terrain tout littéraire où il a fait, il y a quarante ans, ses premiers pas. […] Mais je ne les considère ici qu’au seul point de vue littéraire, et, à ce point de vue, on ne peut trop les admirer. […] Villemain aussi a, depuis peu, redoublé de mélanges littéraires, et il a prodigué ses miscellanées brillantes.

196. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Et cette histoire restera une page curieuse et instructive de l’histoire littéraire de ce temps-ci. […] Et pourquoi n’y aurait-il pas là des titres au rare honneur d’un début sur la première scène littéraire de France ? […] La question littéraire ! […] C’était la première fois qu’un salon s’ouvrait devant nos titres littéraires. […] Nous avons eu toutes les défaites, tous les chagrins, tous les désespoirs, toutes les injures amères de la vie littéraire.

197. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Seconde partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts » pp. 326-349

Elle voudrait cependant conserver encore ses préjugés littéraires ; c’est la seule portion de l’héritage de nos pères qu’elle désire maintenir. […] Les Sénèque et les Claudien de cette courte époque n’offrent déjà plus que des titres de livres aux bibliographes, des noms inconnus dans notre chronologie littéraire. […] Maintenant, une autre voix retentit dans le monde littéraire : Les images des dieux s’en vont. […] Il est impossible de se le dissimuler plus longtemps, les études littéraires doivent prendre une direction nouvelle, être assises sur d’autres fondements. […] L’exemple que l’illustre auteur des Martyrs a donné, en prenant un simple particulier pour héros d’une épopée, est un grand fait littéraire.

198. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

C’est ici qu’intervient la probité littéraire. […] Il devrait empêcher du moins les entremangeries littéraires. […] Tel genre littéraire ne peut guère fleurir dans l’époque actuelle. […] Il a ainsi agi dans le sens du mouvement littéraire contemporain. […] Il est d’une extrême probité littéraire.

199. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXI » pp. 281-285

transformation du journal la presse et des mœurs littéraires. — son prospectus. — chateaubriand, alexandre dumas, napoléon, principaux collaborateurs. — influence sur les lettres. […] Tranchons le mot, tout cela est triste et honteux pour les Lettres, et nous avions grand’raison d’insister sur la nécessité pour le véritable homme littéraire et pour le poëte de modérer ses goûts, ses désirs de bien-être matériel, et de se tenir dans une certaine médiocrité, nourrice des bonnes et saines pensées. […] — La prétention affichée et proclamée par la Presse de devenir le premier journal politique et littéraire est un coup direct porté aux Débats, et un coup dont ce dernier journal aura quelque peine à se relever, s’il ne change d’allure. […] Chose remarquable, sa rédaction se renouvelle souvent, elle ne se rajeunit jamais. » Depuis que la rivalité de la Presse a commencé de poindre, le Journal des Débats n’a cessé, par son dédain, ses airs de grand seigneur, et son peu de zèle à rallier les éléments de résistance, de faire tout ce qu’il fallait pour favoriser les progrès de l’adversaire : ses inconséquences et ses déviations, dans la ligne des doctrines littéraires et philosophiques, sont perpétuelles.

200. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Furetière »

Charles Asselineau, qui a écrit d’une plume sobre et ferme la notice sur Furetière placée en tête de l’édition nouvelle, Charles Asselineau a plus que du goût littéraire, ce bon sens des petites choses ; il a aussi le bon sens des grandes, c’est-à-dire la virilité du bon sens. […] Son appréciation du livre de Furetière nous semble devoir fixer en beaucoup de points l’opinion sur cet homme de science et d’activité littéraire, et qui fut (heureusement pour lui, car la Postérité ne lit jamais de nous plus d’une page… quand elle la lit toutefois !) […] Asselineau a dépensé beaucoup d’esprit et de nuances pour justifier l’opinion qu’il exprime, mais il ne nous a point convaincu, et la meilleure réponse contre cette opinion qu’on s’étonne de trouver à côté d’une admiration si intelligente, c’est, pour les hommes doués d’un peu d’intuition littéraire, le livre même que le spirituel biographe a ressuscité. […] Le Roman bourgeois, avec des notes historiques et littéraires et une notice, par Édouard Fournier et Asselineau (Pays, 12 février 1855).

201. (1892) Boileau « Chapitre III. La critique de Boileau. La polémique des « Satires » » pp. 73-88

Boileau, laissant de côté l’érudition et la diffamation, offrit aux honnêtes gens des jugements sincères, que le goût seul et un certain idéal de perfection littéraire dictaient. […] Dans la Satire I paraissaient Colletet, Montmaur, Saint-Amant, et puis, reconnaissable sous le masque, P***, c’est-à-dire l’oracle de l’Hôtel de Rambouillet et de l’Académie, le conseiller littéraire de Richelieu et de Colbert, l’illustre Monsieur Chapelain. […] Cependant il usa d’un procédé violent, et toujours fâcheux à employer dans une querelle littéraire, contre le plus modéré, le plus estimable de ses ennemis, contre Boursault. […] Chapelain, surtout, a contribué à fixer deux des traits essentiels de la physionomie du xviie  siècle littéraire ; il a converti Richelieu aux unités dramatiques ; et il a décidé du rôle de l’Académie en lui assignant le travail du Dictionnaire. […] Ce qu’est le Chapelain qu’on voit, le Chapelain officiel et public, jugez-en aux trois actes éclatants de sa vie littéraire.

202. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre I. Les mémoires »

Plus le langage courtisan devenait le type de l’usage littéraire, plus il était nécessaire de le soustraire à la corruption de ce jargon d’outre-monts qu’apportaient les reines et les aventuriers d’Italie, et que la servilité de nos raffinés s’empressait d’imposer à la mode. […] Histoire et archéologie historique, origines de la monarchie, des institutions, de la langue, de la littérature, actualités historiques et littéraires, tout cela, plus ou moins négligemment classé et distribué, c’est la matière des Recherches et des Lettres. […] Mais l’histoire politique et l’histoire littéraire ne se développèrent point comme deux séries parallèles, sans communication réciproque : une étroite connexité, de continuels échanges d’action et de réaction les lièrent. Souvent les œuvres littéraires furent des actes politiques, quelquefois des actes décisifs : mais surtout l’état politique créa des conditions qui permirent à certains genres de grandir, ou de se transformer, ou d’éclore. […] Le Journal de l’Estoile, si curieux, n’a point de valeur littéraire.

203. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre II. Signes de la prochaine transformation »

Jean-Jacques fait de la beauté des campagnes, des bois, des cieux, un des objets nécessaires de l’art littéraire. Diderot abat la barrière qui séparait la peinture, l’architecture de la littérature ; il fait des œuvres des artistes une matière d’activité et de plaisir littéraires. […] Depuis La Chaussée, mais surtout depuis Diderot et Rousseau, les types littéraires ont changé : d’actifs, raisonneurs, et conscients, ils sont devenus sentimentaux, imaginatifs, enthousiastes, mélancoliques. […] Les règles barrent le passage à la sensation, l’excluent de l’œuvre littéraire. […] Rien ne pourra se faire tant que le monde gardera sa souveraineté ; le monde ayant disparu, les règles ne se soutiendront plus : mais rien n’aboutira tant que la langue littéraire ne sera pas refondue.

204. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

Cause immédiate d’une œuvre littéraire. […] Comment se fait-il que telle œuvre littéraire ait tels caractères et non tels autres ? […] Il nous faut une enquête semblable pour pénétrer jusqu’aux forces qui ont modelé une œuvre littéraire. […] Il est donc nécessaire de ne pas s’en tenir à une analyse psychologique ou même physiologique fondée sur une analyse littéraire, si rigoureusement que puissent être opérées l’une et l’autre. […] Paul Lacombe dans le livre Il de son volume intitulé : Introduction à l’histoire littéraire.

205. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

L’assassinat est devenu littéraire. […] Sainte-Beuve est un Saint-Simon littéraire. […] Il n’admit, en matière littéraire, que son propre idéal technique. […] Son aptitude littéraire fait illusion. […] Ce fut un des meilleurs moments de sa vie littéraire.

206. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier après les funérailles »

Aucun écrivain n’était plus fait que Nodier pour représenter et pour exprimer par une définition vivante ce que c’est qu’un homme littéraire, en donnant à ce mot son acception la plus précise et la plus exquise. […] Non, il peut y avoir dans le rôle que je viens de tracer beaucoup de talent littéraire sans doute, mais l’esprit même, l’inspiration qui caractérisent cette nature particulière n’y est pas. Tout homme né littéraire aime avant tout les lettres pour elles-mêmes ; il les aime pour lui, selon la veine de son caprice, selon l’attrait de sa chimère : Quem tu Melpomene semel. […] Nous disons que Nodier fut toujours le même jusqu’à la fin, toujours le Nodier des jeunes années ; nous devons faire remarquer pourtant que sa vie littéraire se peut diviser en deux parts sensiblement différentes. […] Il faut lui savoir gré pourtant, un gré sérieux, d’avoir, en plus d’une circonstance, opposé aux abus littéraires cette expression franche, cette contradiction indépendante qui, dans une nature de conciliation et d’indulgence comme la sienne, avait tout son prix.

207. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre I. Vue générale »

Caractères généraux du xviie  siècle littéraire […] Caractères généraux du xviiie  siècle littéraire. […] La langue littéraire du temps de Louis XIII, encore pittoresque et empanachée, s’est réduite. […] Louis XIV avait su être, ou paraître le protecteur, le régulateur, l’inspirateur du génie littéraire et artistique : toute l’activité littéraire du xviiie  siècle se développe loin de la royauté, qui ne se rappelle guère que comme une gêne et un obstacle. […] Le sens de l’art antique n’existe ni dans les salons ni chez les écrivains : pour trouver des modèles littéraires, on ne va pas au-delà du xviie  siècle.

208. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « X. Doudan »

Je crois bien qu’il se doutait un peu qu’il était le cadet, car dans toute cette correspondance, qui est l’histoire littéraire du temps de la découverte de Joubert, il n’est pas dit un mot de ce livre, qui fit un bruit si doux quand il parut, dont la gloire fut comme mélodieuse, et qui dut le ravir, — je n’en doute pas !  […] Quoiqu’il ressemble à Joubert par l’accent, le coloris, le platonisme, et ce que je me permettrai d’appeler : la sensualité de l’immatériel, Joubert a une autre religion littéraire et d’autres assises dans la pensée que ce capricieux Doudan, qui s’amuse à sauter, avec tant de grâce, à travers tous les cerceaux du paradoxe, et qui avait bien ses raisons pour résister à ses amis qui lui conseillaient de faire un livre. […] Comment les a-t-il jugés, ces livres, en dehors de ses sensations de gourmet littéraire ? […] Tel est le discernement de cet homme littéraire, dont Cuvillier-Fleury, le critique, voulait faire un critique comme lui. […] il l’aurait bien été… Et je ne parle que des jugements et des préférences de l’homme littéraire, mais si j’entrais dans l’examen des préférences et des jugements de l’homme politique, qui sont aussi là, dans ces lettres, je ne trouverais que ceci : il était de chez les de Broglie.

209. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Eugène Sue » pp. 16-26

Alexandre Dumas, le chef de cette École de producteurs, qui imposa un instant à l’Opinion étonnée et qui se donnait, avec une gasconnade presque splendide, pour un volcan d’idées et d’inventions à jet continu, a dû être terriblement humilié en voyant de petits jeunes gens littéraires et jusqu’à des femmes imiter sans effort son genre de génie et continuer cette plaisanterie de la grande production, qui est l’ébahissement des sots. […] Eugène Sue lu de tous les cochers et de tous les ouvriers de son temps avec ivresse, et dans l’ivresse, et pour des raisons qui n’ont rien de littéraire, à coup sûr. […] Il changea d’attitudes et d’allures, passant immédiatement d’un extrême à l’autre, comme chez la duchesse ; défaisant ce qu’il avait fait avec une obéissance désespérée à l’opinion la plus méprisée par lui jusque-là ; littérairement tombant au-dessous de lui-même, employant la riche palette que nous lui reconnaissons, son seul don littéraire, aux gravures sur bois du Juif Errant et des Mystères du Peuple, et, comme on l’a dit de M.  […] Sue comme inventeur et comme observateur de nature humaine, les œuvres littéraires doivent avoir un style pour durer et pour que la Postérité s’en soucie. […] Comme beaucoup de nous, il a été, ainsi que l’a dit un moraliste énergique5, « le propagateur des vices dont il fut le produit. » Il les a si bien propagés, les vices sociaux du dix-neuvième siècle, que l’histoire littéraire ne se souviendra de lui que pour le condamner et le flétrir… Après cela, qu’on dise, si l’on veut, qu’il fut bon, sensible et cordial dans l’intérieur de sa vie, qu’importe !

210. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

J’insiste sur le mot du passé — il aide à se dégager, avec soupir, d’une leçon, majestueuse comme un chœur ; qui ne se taira — ni l’intonation d’un Fellow disert toujours, avec aptitude, sur des sujets français, fins, littéraires pour peu qu’il en reste — indéniablement, à cette date du printemps en cent ans, et plus ! […] Toute nation, où brilla l’écrit (à défaut de fondations au pieux ciment que j’admirai), possède une somme, pas dénommable autrement que son « Fonds » littéraire : nous, Français. […] Il y a, au surplus, dans le cas littéraire, la particularité que l’auteur illustre n’a pas joui toujours, en son vivant, ni les siens, de rémunération. […] Les moyens de perception et de distribution à la fois de ce patrimoine, caduc, bientôt appelé le « Fonds littéraire », quels seront-ils ? […] la vraie qui, indéfectiblement, fonctionne, gît dans ce séjour de quelques esprits, je ne sais, à leur éloge, comment les désigner, gratuits, étrangers, peut-être vains — ou littéraires.

211. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Morice, Charles (1861-1919) »

[D’après l’Enquête sur l’évolution littéraire, p. 133 (1891).] […] [D’après l’Enquête sur l’évolution littéraire, p. 172 (1891).] […] [D’après l’Enquête sur l’évolution littéraire, p. 319 (1891).]

212. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

Chacun sait qu’en France, durant ces trente-cinq années, tous les genres littéraires ont vu triompher avec éclat, sous le nom de réalisme ou de naturalisme, la tendance à subordonner le beau au vrai, l’art à la science. […] Il me suffit d’avoir démontré qu’elle est bien contemporaine et corrélative du réalisme littéraire et je n’avais pas pour le moment d’autre intention. […] » Ainsi tout autour de la peine de mort s’épanouit une abondante floraison d’œuvres littéraires, qui, si elles n’ont pas encore réussi à la faire disparaître, l’ont du moins réduite à se défendre, à se cacher, à reculer devant la lumière du jour et le regard de la conscience humaine. […] Comme elle a été tour à tour tranchée par la loi en deux sens opposés, elle permet de constater d’une façon très précise la curieuse dépendance qui relie certaines modifications littéraires et certaines modifications législatives. […] Mais outre ces lois de police, il est nécessaire de considérer également celles qui régissent la propriété littéraire.

213. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

Elle a fourni aux gens du bel air des types à imiter, des maladies littéraires et distinguées à colporter. […] Il s’ensuit qu’en étudiant les effets littéraires de la vie mondaine, c’est une série d’influences à la fois aristocratiques et féminines qu’il s’agit de préciser. […] Elle a donné un essor inattendu à certains genres littéraires. […] Les méfaits de l’influence mondaine sont plus graves encore, si l’on regarde les genres littéraires qui ont des visées plus sérieuses et plus hautes. […] Toujours est-il que les établissements où on la déguste voient s’essayer le journalisme naissant et s’organiser maintes fois des cabales et des coteries littéraires.

214. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Croce a déclarée à la théorie des « genres littéraires » est une conséquence logique de son système esthétique. […] J’insiste sur la forme adéquate ; elle nous mènera au problème des genres littéraires. […] Pour prouver l’inanité des genres littéraires, M.  […] Pour l’histoire littéraire, un seul fait demeure acquis, c’est que la comédie de M.  […] Pascoli) à payer quelques dettes littéraires (les autres n’existent pas pour un surhomme ; Don Juan le disait déjà à M. 

215. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre I. La poésie »

La querelle des anciens et des modernes s’est réveillée : c’est le premier épisode de la vie littéraire du xviiie  siècle. […] Voici un des plus beaux cas de l’influence de l’individu dans l’évolution littéraire. […] La Henriade irait rejoindre Alaric et la Pucelle, si Voltaire n’avait entouré son poème, truqué et fardé, de notes qui sont souvent de curieuses dissertations littéraires et historiques, si le nom de l’auteur aussi ne constituait pas seul un intérêt sensible à l’ouvrage. […] Il a une âpreté qui donne du sérieux à l’épigramme et par la sûreté des applications, par la nerveuse perfection de la forme, il a su agrandir ce jeu d’esprit : il en a fait un appareil de condensation de la critique littéraire ; ses meilleures pièces sont comme des extraits concentrés et mortels. […] — Éditions : Œuvres, 10 vol. en en 11 tomes, in-12, 1754, Paris ; Paradoxes littéraires de La Motte, éd.

216. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Sans doute qu’il les élevait et les formait dans cette espèce de Saint-Cyr littéraire. […] Mais là, les sommités littéraires me poursuivirent toujours. […] D’après ce que j’ai cru pouvoir constater, sa valeur littéraire est fort médiocrement estimée ici. […] Il a ici une bonne réputation littéraire ; c’est ce que les Français appellent un patriote. […] À coup sûr, cette révélation est quelque chose, comme peinture des mœurs parisiennes et littéraires.

217. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

Un critique littéraire, homme de goût et qui d’ordinaire est sobre d’éloges (M.  […] Vous avez rêvé des lauriers littéraires, mais ils ne sont pas précisément où vous le croyez. […] Cousin que la publication de ce Mémoire soit un événement pour l’histoire littéraire : pourquoi cet éternel besoin de surfaire sa marchandise et de tirer de son côté la couverture ? […] Je ne puis, en un mot, souscrire à l’éloge littéraire exagéré que M.  […] que l’histoire littéraire est donc difficile à établir et à maintenir dans ses lignes délicates, et qu’il y aura d’à-peu-près et de contresens qui s’y glisseront de plus en plus !

218. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

Tous les grands monuments littéraires, toutes les œuvres significatives qui témoignent des diverses étapes et des progrès de cette civilisation, ont été interrogés et décrits dans l’intervalle depuis le premier chantre barbare et déjà biblique, le joueur de harpe Cœdmon, jusqu’à lord Byron. […] Taine nous fait comprendre et presque aimer, à la façon éprise et enivrée dont il en parle, les premiers moteurs et les héros de cette Renaissance littéraire anglaise : en prose, Philippe Sidney, ce d’Urfé antérieur au nôtre ; en poésie, Spenser, le féerique, qu’il admire au-delà de tout. […] Taine ne fait pas cet effort qu’il convient à l’historien littéraire d’exercer au besoin sur lui-même et contre lui-même, et il nous présente, avec une défaveur et une déplaisance marquées, ce poète réputé si longtemps le plus parfait de sa nation et que Byron saluait comme tel encore. […] S’il existe telle chose que le tempérament littéraire, il ne se dessina jamais chez personne d’une manière plus caractérisée et plus nettement définie que chez Pope. […] « J’ai appris, disait-il, tout l’art des vers de la seule lecture des œuvres de Dryden, et, lui-même, il eût sans doute mené cet art à sa dernière perfection, s’il avait été moins commandé par la nécessité. » Pope avait ce signe caractéristique des natures littéraires, le culte fidèle du génie.

219. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre I. La tragédie de Jodelle à Corneille »

Ces tragédies sont restées des œuvres de salon ou de cabinet, érudites, artificielles, lyriques, littéraires : des poèmes enfin, et non des drames. […] Or le « théâtre » peut se passer de forme littéraire ; il n’existe que par et pour l’imitation scénique. […] Quoiqu’en ses jours de prétention littéraire il se réclamât de Ronsard, il semble avoir ignoré ou méprisé la poétique de la tragédie savante : il ne fut pas long à se débarrasser des chœurs. […] La tragédie littéraire commença alors, mais alors seulement, d’être une œuvre de théâtre. […] Grâce à Hardy et à Mairet, le public était en train de se passionner pour le théâtre, et le poème dramatique passait insensiblement au premier rang des genres littéraires.

220. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Il professe aujourd’hui et applique dans la critique littéraire les doctrines de l’école historique. […] Comme elle se moque à présent des théories et des définitions littéraires ! […] Il explique les variations, les défaillances et les erreurs du sentiment littéraire chez Uranie. […] Ainsi, les sentiments littéraires d’Uranie ne dépendent point des théories littéraires, ni des prétendues notions innées du beau, du comique, du parfait, et c’est précisément le défaut de cette dépendance logique, qui rend nécessaire pour son goût la souveraineté douce et libérale de l’intelligence314. […] Elle a peur, dans tous ses jugements littéraires, de contredire un dogme.

221. (1903) La renaissance classique pp. -

On y verra l’image ébauchée de cette vie « nouvelle », que la jeunesse littéraire d’aujourd’hui se propose de plus en plus comme idéal. […] Ils portaient en eux je ne sais quel idéal conventionnel, étriqué et mesquin, littéraire au mauvais sens du mot. […] De même le fond, dans une œuvre littéraire, n’est que l’envers de la forme. […] Nous en sommes arrivés à un point tel que l’invention d’un sujet strictement littéraire apparaîtra comme une grande nouveauté. […] Et justement voilà le type du sujet littéraire et vraiment classique, — parce que cela ne prouve rien !

222. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 363-365

Ses Mélanges littéraires, & son Histoire de François I, l’emportent sur ses autres Productions, parce qu’il y a pris plus de soin d’éviter les fautes que nous venons de lui reprocher. […] Gaillard est chargé de la partie Littéraire du Journal des Savans ; ce qui est certain, c’est que, depuis quelques années, depuis sur-tout que la Philosophie cherche à s’emparer des Tribunaux littéraires, ce Journal est devenu, comme la plupart des autres, un dépôt d’encens pour les Philosophes du jour, ou de critiques injustes à l’égard de ceux qui ne le sont pas.

223. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

L’auteur, on le sent, est fait pour devenir le descendant par adoption de cette antique famille littéraire que Racine, le premier, a introduite et naturalisée parmi nous. […] Les talents poétiques et littéraires d’aujourd’hui (sans parler des autres, politiques et philosophes) sont soumis à de redoutables épreuves qui furent épargnées aux beaux génies du siècle de Louis XIV, et il est bien juste de tenir compte, en nous jugeant, de ces difficultés singulières qu’on a à subir. […] Aujourd’hui que l’opinion publique, soit littéraire, soit politique, se détend un peu, il a fait trêve à cette déviation toujours savante, mais sensiblement contrainte, de son talent ; il est rentré, avec ce soin qui ne se lasse pas, dans sa manière vraie, dans celle qu’il doit aimer, j’imagine, de préférence. […] Delavigne, nous lui dirions d’oser être, à la scène, plus d’accord avec ses goûts, avec ses sympathies littéraires, qu’il ne se l’est accordé peut-être depuis quelques années. […] Un exemple éclatant140, sur la scène française, montre assez qu’en fait de goût littéraire le public n’a pas de parti pris.

224. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

Son existence littéraire, comme on voit, ne laissait pas de devenir considérable : il était membre de l’Académie des Inscriptions ; l’opinion le désignait pour l’Académie française, comme héritier présomptif de Boileau. […] … dans les cercles littéraires, entre La Motte, Crébillon, La Fosse, Duché, La Grange-Chancel, Saurin, de l’Académie des Sciences, et autres. […] On lui a fait honneur, et Chaulieu l’a félicité agréablement, d’avoir refusé une place dans les Fermes, que lui offrait le ministre Chamillart ; mais ce refus nous semble moins tenir à des principes d’honorable indépendance, qu’au goût qu’avait Rousseau pour la vie de Paris et les tripots littéraires. […] Il avait reçu comme une lettre morte les traditions du règne qui finissait ; il s’y attacha obstinément ; ses antipathies littéraires et sa jalousie contre les talents rivaux l’y repoussèrent chaque jour de plus en plus ; il tint pour le dernier siècle, parce que le petit Arouet était du nouveau. […] Mais, depuis qu’au commencement de ce siècle d’ardents et généreux athlètes ont rouvert l’arène lyrique et l’ont remplie de luttes encore inouïes, cet instinct bas et envieux, qui est de toutes les époques, a ramené Rousseau en avant sur la scène littéraire, comme adversaire de nos jeunes contemporains : on a redoré sa vieille gloire et recousu son drapeau.

225. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre X. Mme A. Craven »

Et la Critique littéraire n’aurait rien à voir à cela. La Critique littéraire a pour fonction de juger les œuvres de l’esprit, combinées pour produire un effet de pathétique et de beauté spéciale. […] Et j’insiste sur cette différence, parce qu’elle seule peut expliquer que la femme qui a écrit le Récit à une sœur puisse écrire des livres comme le Mot de l’énigme, par exemple, — et que de la hauteur de son âme, désintéressée de toute prétention littéraire, elle ait pu tomber et rouler… rouler jusqu’au bas-bleu ! […] Elle en avait un immense, mais ce n’était pas un succès littéraire. C’était un succès d’attendrissement humain et d’enthousiasme religieux ; et elle voulait un succès littéraire !

226. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIV. L’auteur de Robert Emmet »

Je ne le dirai point, et c’est le meilleur tour à jouer peut-être à cette vanité de Galatée littéraire, qui fuit derrière les saules de ses livres pour être mieux vue… Elle les croit des flambeaux ! […] a des prix de pitié pour elles, qui font concurrence à ses prix de vertu… Mais lorsque des femmes du monde, et du plus grand, investies de tous les avantages de la vie, de la naissance, de la richesse et quelquefois de la beauté, qui ont des salons pour y être charmantes, des familles pour y être vertueuses, se détournent assez d’elles-mêmes et de leur véritable destinée pour vouloir être littéraires comme des hommes et prétendent ajouter la gloriole de la ponte des livres à l’honneur d’avoir des enfants, la Critique n’est-elle pas en droit de les traiter comme les hommes qu’elles veulent être, sans crainte de passer pour brutale, ainsi que le fut un jour l’empereur Napoléon avec Mme de Staël ? […] littéraire ; mais, hélas ! […] À cela près de l’orthographe religieuse qu’elle a un peu trop étudiée dans ce mauvais livre suisse du Vicaire savoyard, qui est son curé, elle sait tous les genres d’orthographes, et l’orthographe littéraire et l’orthographe philosophique, cette vertueuse et prude femme en littérature, qui a étudié ses auteurs jusqu’en leurs virgules et leurs points. […] Je parlais, il y a quelques jours, des caquetages littéraires de ces deux volumes à une femme qui a des caquets plus aimables.

227. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Créqui »

Le National du temps, qui n’aimait pas la police et prenait des airs avec elle, l’arrêta un jour en flagrant délit de vol, comme un simple sergent de ville littéraire. […] Et il devint pour longtemps — pour toujours peut-être — une question littéraire. […] Nous sommes en pleine réalité historique et littéraire, et cette réalité est telle qu’on s’en servira désormais pour confondre le mauvais plaisant de faussaire, en opposant le nu du spirituel, sérieux et ferme visage, maintenant découvert, au masque animé qui traita la Critique, pendant tant d’années, comme Mercure traite Sosie dans l’imbroglio d’Amphitryon. […] Sainte-Beuve, le critique littéraire et le poète, a bien montré le côté intime et curieux de cette vie, mais la beauté morale qu’elle révèle plus que tout l’a-t-elle assez frappé ? […] Si, de son vivant, quelque ami littéraire lui avait exposé la théorie de son historien futur, elle l’eût bientôt coupé en quatre, comme dit Sainte-Beuve, avec un de ces mots comme il en bondissait de son esprit, puis elle aurait tourné sur les hauts talons de ses mules, et tous ceux qui aiment la grâce même dans l’impertinence, lui auraient pardonné.

228. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « En guise de préface »

Toute une philosophie de l’histoire littéraire et, à la fois, toute une esthétique et toute une éthique sont visiblement impliquées dans les moindres de ses jugements. […] * * * * * … Il est, pour le moins, deux façons d’entendre la critique des œuvres littéraires. […] Ou bien, quand l’œuvre est d’importance et qu’on veut « élever ses vues », on s’efforce de la situer historiquement dans une série de productions écrites ; ou bien, on recherche quel moment elle marque dans le développement, la dégénérescence ou la transformation d’un genre  les genres littéraires étant considérés comme un je ne sais quoi de vivant et d’organique, qui existerait indépendamment des œuvres particulières et des cerveaux où elles ont été conçues… Cette critique-là, qui n’est qu’une idéologie, exclut presque entièrement la volupté qui naît du contact plein, naïf, et comme abandonné, avec l’œuvre d’art. […] On m’a rapporté que l’écrivain incroyablement vivace et impétueux qui représente chez nous cette école critique disait un jour à un confrère suspect d’indolence, d’ingénuité et d’épicuréisme littéraire : « Vous louez toujours ce qui vous plaît.

229. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Il n’est pas besoin de mobiliser toute la pensée de Leibnitz pour comprendre que notre monde littéraire est, après tout, le meilleur des mondes littéraires possibles. […] La destinée littéraire de George Eliot fut exactement inverse. […] Le sens à la fois littéraire et moral que M.  […] Il concerne le fait littéraire, l’avenir littéraire du globe entier. […] Ici tout notre passé littéraire fait bloc.

230. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Les femmes de France : poètes et prosateurs  »

Grâce à ses bonnes habitudes littéraires, il a su apporter de la délicatesse et du goût dans cette débauche, et même de la modestie. […] Entrons donc, sans plus de façons, dans le gynécée littéraire choisi et composé par l’ami de Bossuet. […] Pourquoi tous les enrichissements successifs de la langue littéraire ne doivent-ils rien aux femmes ? […] Et s’il est vrai enfin que, même en tenant compte de cela et du reste, nous gardons sur les femmes la supériorité littéraire, il n’en faut pas triompher : il n’y a pas de quoi. […] Les Femmes de France poètes et prosateurs, morceaux choisis avec introduction, des notices biographiques et littéraires et des notes philologiques, littéraires, historiques, par P.

231. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Sue parmi les représentants littéraires du roman. […] Guizot n’a pas songé à revêtir les éléments qu’il avait recueillis d’une forme littéraire. […] Delavigne ne se préoccupent sérieusement des conditions littéraires du théâtre. […] Les amitiés littéraires. […] Les royautés littéraires.

232. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XI. Mme Marie-Alexandre Dumas. Les Dauphines littéraires »

… Les familles littéraires vont continuer, dans le monde mouvementé du progrès, ce qu’ont fait, dans le monde stationnaire, les familles militaires et sacerdotales, et ce que nous avons trouvé si mauvais ! […] Alexandre Dumas et Théophile Gautier sont, en effet, des rois littéraires de ce temps, sinon de droit divin, du moins de suffrage universel. […] Elle vient de prendre, vis-à-vis du public, son rang de Dauphine littéraire, en publiant un roman : Au lit de mort ! […] Elle entre donc, dès aujourd’hui, dans le bataillon des Dauphines littéraires, dont le nombre serait bien plus grand, si MM.  […] Alexandre Dumas a Dauphin et Dauphine, — plus heureux en cela que l’autre roi littéraire, M. 

233. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Entre ses mains elle devient une académicienne, et sa lettre est un répertoire d’effets littéraires. […] Mais Pope, qui vit tranquille et admiré dans sa villa, et qui n’est poussé que par des rancunes littéraires ! […] En effet, toutes les ordures de la vie littéraire y sont ; et Dieu sait ce qu’elle était alors ! […] Il en est ainsi à la fin de tous les âges littéraires. […] Et néanmoins, si voisins d’une rénovation littéraire, ils ne l’atteignent pas encore.

234. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

Il ne trouve enfin d’autre action possible que l’action littéraire, qui consiste à décrire son mal. […] Le roman littéraire s’est engagé dans d’autres voies ; le temps du romantisme est passé. […] À ces trois périodes de la vie littéraire de George Sand est venue s’en ajouter une quatrième, dans sa vieillesse sereine et souriante. […] La préoccupation principale de Stendhal, dans son œuvre littéraire, se rattache à ce goût de l’action et de la volonté. […] Il y avait entre eux des sympathies de tempérament, des communautés d’antipathie ; quelques idées littéraires aussi les rapprochaient.

235. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Cette fois, ce n’est qu’un chapitre de l’histoire littéraire de la Restauration. […] On commence à comprendre quel a été le rôle excitant de Beyle dans les discussions littéraires de ce temps-là. […] Cela dit, il faut, pour être juste, reconnaître que le théâtre moderne, pris dans son ensemble, n’a pas été sans mérite et sans valeur littéraire ; les théories ont failli ; un génie dramatique seul, qui eût bien usé de toutes ses forces, aurait pu leur donner raison, tout en s’en passant. […] Quoi qu’il en soit, l’honneur d’avoir détruit quelques-unes des préventions et des routines qui s’opposaient en 1820 à toute innovation, même modérée, revient en partie à Beyle et aux critiques qui, comme lui, ont travaillé à notre éducation littéraire. […] Aujourd’hui il m’a suffi de donner quelque idée de la nature des services littéraires que Beyle nous a rendus.

236. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

Au nombre des projets littéraires de M.  […] L’ouvrage fut fort sévèrement critiqué dans L’Année littéraire. […] Nous le laisserons marcher d’un pied sûr dans cette haute carrière administrative, pour le considérer dans ses dernières productions littéraires avant l’Empire et sous le Consulat. […] À cette heure, d’autres destinées appelaient déjà Daru et l’arrachaient pour un long temps à cette habitude littéraire et académique qui lui plaisait avant tout et qu’il était si fait pour goûter. […] À ces conseils littéraires il en joignait un supérieur, et qui est de morale sociale : « Vous êtes heureux d’avoir embrassé un état qui vous donne du loisir.

237. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

Caractères généraux de cette période : restauration monarchique et catholique ; ordre et tolérance ; rationalisme et éloquence ; détermination des objets littéraires ; stoïcisme chrétien ; sincérité et naturel. […] Le règne de Henri IV avec les débuts du règne de Louis XIII, de 1594 à 1615 environ, forme une époque bien distincte et réellement importante de notre histoire littéraire. […] La centralisation littéraire n’est pas faite : la littérature échappe encore au joug du monde et de la cour. D’où ces deux effets, qu’il y a encore des œuvres littéraires dont les sujets ne sont pas mondains, et des écrivains provinciaux, qui vivent loin de la cour et de Paris. […] Lemercier, Étude littéraire et morale sur les poésies de Jean Vauquelin de la Fresnaye, Paris, 1887, in-8.

238. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Rien ne donne plus de piquant ou de « montant » aux œuvres littéraires qu’un air de nouveauté ! […] La fortune littéraire, l’autorité, la gloire, la réputation ne s’acquièrent plus autrement. […] Elles offrent toutes ou presque toutes le plus grand intérêt pour l’histoire littéraire du temps […] I ; — Abbé Lambert, Histoire littéraire du siècle de Louis XIV, t.  […] Sacy, Variétés littéraires et morales.]

239. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « À M. le directeur gérant du Moniteur » pp. 345-355

Comme professeur, je sens qu’il est de mon devoir de veiller avant tout aux intérêts du goût, à l’explication et au maintien de la tradition, et je crois sentir aussi que je ne ferai pas défaut à ce rôle de conservation littéraire. […] qu’il ne se croyait un peu moins béotien que depuis ce temps-là ; j’apprécie moi-même assez sa fluidité et son agréabilité de causeur littéraire, bien moins, il est vrai, ses romans moraux ; mais je n’aurais pas attendu un tel procédé de ce galant homme65. […] Salons affamés de nouvelles, de sujets à l’ordre du jour, auxquels l’ancien régime parlementaire, avec ses joutes et tournois, fournissait, toutes les quinzaines à peu près, un aliment nouveau, un nouveau train de conversation ; qui sont à jeun depuis bien des années et n’ont pour ressource que de se jeter avec rage sur ces pauvres sujets littéraires, drames ou romans, qui n’en peuvent mais ! […] Eh bien, à la longue, elle n’a pas échappé au vice littéraire le plus commun et le plus triste : l’envie, vers la fin, s’y était nichée, et, un jour, mon cher directeur, ma probité même et ma conscience d’écrivain y ont été incriminées… Pourquoi ? […] Turgan, directeur du Moniteur, avait pour objet bien moins de louer tel ou tel roman d’un de nos amis que de replacer la question littéraire et d’art sur son véritable terrain.

240. (1874) Premiers lundis. Tome I « Alexandre Duval de l’Académie Française : Charles II, ou le Labyrinthe de Woodstock »

Duval ; maintenant en voici les effets désastreux : Comme les jeunes rédacteurs d’un journal scientifique et littéraire emploient beaucoup de talent et d’esprit à prouver que tous les ouvrages français n’ont pas le sens commun et à proposer pour modèles les étrangers, qui n’ont pas d’autre théâtre que le nôtre, il s’en est suivi : 1° que, de nos jours, tout vise à l’originalité, au bizarre ; que la vraisemblance et la raison sont bannies ; et que, à force de chercher la vérité, on arrive au trivial pour tomber bientôt dans l’absurde ; 2° que les jeunes gens, égarés par les prédicateurs des nouvelles doctrines, ne sachant plus quelle est la meilleure route, de celle qu’ont suivie nos pères ou de celle qu’on leur indique, se bornent, en attendant la solution du problème, à faire des tiers de vaudevilles, ou à mettre de petits articles dans les journaux littéraires ; et que notamment l’un d’entre eux, à force d’esprit et de savoir-faire, en est venu (ô scandale !) […] Que si, de cette espèce de 93 littéraire, on consent à se transporter en idée à l’âge d’or d’avant la Révolution, oh ! […] Lorsque la Révolution fut venue déranger quelque peu ces petites existences littéraires, au lieu des lectures dans les salons, on eut les Déjeuners dominicaux : c’est là que, durant quinze années au moins, les convives littérateurs se faisaient leurs confidences réciproques entre la poire et le fromage ; c’est là qu’on racontait à ses amis le sujet, le pian de son ouvrage, avant d’en avoir écrit une seule ligne ; à peine les premiers actes étaient-ils jetés sur le papier que l’on en faisait une lecture. […] Ces raisons spirituellement superficielles pourraient trouver grâce auprès de quelques jeunes esprits dominés par leurs penchants philosophiques ou politiques, et trop disposés à faire bon marché de leurs opinions littéraires : nous y répondrons avec quelque détail. […] Sainte-Beuve a donnée par mégarde, dans les Portraits littéraires, tome I, à son Étude sur l’Histoire de la vie et des ouvrages de Pierre Corneille, par M. 

241. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre I. Vue générale du seizième siècle »

Une grande idée s’était levée, l’idée nationale, lien des âmes et principe d’unité littéraire : elle pouvait prendre la place des idées centrales et communes, d’où l’inspiration du moyen âge était sortie. […] Le xvie  siècle, au point de vue strictement littéraire, n’est en somme que l’histoire de l’introduction de l’idée d’art dans la littérature française, et de son adaptation à l’esprit français. […] Mais il est curieux de voir comment dans ce contact d’une civilisation supérieure, qui la domina si puissamment, la France préserva, développa même son originalité littéraire : chaque élément de la Renaissance italienne fut adapté, transformé ou éliminé par ce génie français dont elle a tout à coup éveillé la force. […] Lui-même et son école remettent en usage les formes littéraires des anciens, les genres, ode, épopée, satire, élégie, tragédie. […] En proposant à l’art de manifester la raison, il trouva la formule qui résolut le grand problème littéraire du siècle, et nous rendit possible l’acquisition d’une grande poésie.

242. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre II. Le dix-neuvième siècle »

Après quoi la révolution politique faite cherche son expression, et la révolution littéraire et sociale s’accomplit. […] Le triple mouvement littéraire, philosophique et social du dix-neuvième siècle, qui est un seul mouvement, n’est autre chose que le courant de la révolution dans les idées. […] Ce mot, 93 littéraire, si souvent répété en 1830 contre la littérature contemporaine, n’était pas une insulte autant qu’il voulait l’être. Il était, certes, aussi injuste de l’employer pour caractériser tout le mouvement littéraire qu’il est inique de l’employer pour qualifier toute la révolution politique ; il y a dans ces deux phénomènes autre chose que 93. Mais ce mot, 93 littéraire, avait cela de relativement exact qu’il indiquait, confusément mais réellement, l’origine du mouvement littéraire propre à notre époque, tout en essayant de le déshonorer.

243. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Émile de Girardin » pp. 45-61

Or, le journaliste n’est pas plus tenu, par l’essence de sa fonction, d’être littéraire, que l’avocat et le médecin. […] Vous n’aurez ni l’observation, ni le style, sans lesquels il n’y a pas non seulement de comédie mais d’œuvre littéraire quelconque, ni art, ni vérité. […] En effet, l’homme de la pièce de cent sous, l’Américain de La Presse, est au fond de cette comédie, qui se soucie bien d’être littéraire ! […] La première condition d’une œuvre littéraire, c’est le temps, le sérieux, l’effort, la conscience, le respect de soi et du public, auquel on ne jette pas les bavures de son portefeuille à la tête. […] Jourdain, fatigué de n’être qu’un mamamouchi turc, voulût être un mamamouchi littéraire, et qu’il se fît laver et racler une comédie par le professeur de rhétorique qui lui apprenait l’orthographe, vous auriez quelque chose d’assez semblable à la comédie de Μ. de Girardin.

244. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Francis Wey »

Cependant la production littéraire va toujours son train, et çà et là le talent brille ; mais c’est du talent qui s’émiette lui-même. […] De ce genre de roman-colosse, sous lequel ont péri des intelligences d’une force réelle, mais qui n’étaient pas aussi herculéennes qu’elles le croyaient, cariatides brisées par un entablement trop lourd pour elles, vous savez ce qui nous est resté… Deux à trois innocents cordiers littéraires qui, rien sur la tête et rien dedans, et le dos tourné au bon sens, à l’art et à la vraisemblance, allongent, allongent leur éternelle corde sans bout, pour des raisons qui ne sont nullement de la littérature. […] L’auteur de Christian 35 est, à la vérité, également apte aux choses de l’imagination et de l’observation humaines et à celles de l’érudition et de l’observation littéraires ; mais jusqu’ici, dans le bruit et les hasards de sa renommée, ce sont ces dernières qui l’ont emporté. Quoiqu’il ait déjà publié des romans, — et un entre autres pour lequel les femmes, qui en raffolent, ont été de véritables oiseaux : le Bouquet de cerises, — Francis Wey est beaucoup moins connu comme romancier que comme linguiste, comme critique littéraire et d’art. […] Francis Wey a écrit des livres renseignés et d’une érudition mordante, comme les Remarques sur la langue française, le style et la conviction littéraire ; ou l’Histoire des révolutions du langage en France ; mais ces études, qui l’ont posé comme homme de lettres devant le public d’une manière si carrée et si imposante, ont versé l’ombre de leur gravité sur un genre de littérature abordé par lui une ou deux fois, et que les pédants croient plus léger parce qu’il ne pèse plus le poids des livres, mais le poids du cœur qu’ils n’ont pas.

245. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXIII » pp. 291-293

Il n’y a rien eu de littéraire : le jour de l’an ajourne tout, et on laisse passer ce flot avant de rien lancer. […] Mais l’autre nouvelle qui a préoccupé tous les esprits, depuis quelques jours, a été l’événement fatal arrivé à l’homme le plus littéraire de France, à M. […] Villemain, qui malheureusement n’avait pas toujours une volonté égale à ses lumières ; mais ce que nous n’avons jamais contesté ni méconnu, c’est qu’il est le plus grand littérateur proprement dit du temps ; c’est que s’il fallait chercher une définition précise de ce que c’est que talent, il ne faudrait pas le demander à un autre que lui ; c’est que, enfin, comme professeur en ces belles années 1826-1830, il a donné à la jeunesse et au public lettré les plus nobles fêtes de l’intelligence qui, dans ce genre de critique et d’histoire littéraire, aient jamais honoré une époque et un pays.

246. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gille, Philippe (1831-1901) »

. — La Bataille littéraire, cinq séries (1889-1893). — Une promenade à Versailles (1892). — Causeries sur l’art (1894). — Les Mercredis d’un critique (1895). — Causeries du mercredi (1896). — Ceux qu’on lit (1897) ; un assez grand nombre de pièces de théâtre. […] [L’Année littéraire (7 juin 1887).] […] Publiciste et critique littéraire, la tournure légère et gauloise de son esprit ne semblait pas révéler en lui le véritable poète qu’il est.

247. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Renaud, Armand (1836-1895) »

[Œuvres littéraires.] […] Sa part d’influence dans le mouvement littéraire d’où sortit, voilà quelques années, une renaissance de la poésie… Il écrivit un volume de vers qui mérite de rester, Les Drames du peuple, et le poète de la Justice , M. Sully Prudhomme, mit en tête de ces pages affamées d’idéal et de pitié une éloquente étude littéraire.

248. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface de janvier 1823 »

Ce n’est que tout à l’heure, au moment où, selon l’usage des auteurs de terminer par où le lecteur commence, il allait élaborer une longue préface, qui fût comme le bouclier de son œuvre, et contînt, avec l’exposé des principes moraux et littéraires sur lesquels repose sa conception, un précis plus ou moins rapide des divers événements historiques qu’elle embrasse, et un tableau plus ou moins complet du pays qu’elle parcourt ; ce n’est que tout à l’heure, disons-nous, qu’il s’est aperçu de sa méprise, qu’il a reconnu toute l’insignifiance et toute la frivolité du genre à propos duquel il avait si gravement noirci tant de papier, et qu’il a senti combien il s’était, pour ainsi dire, mystifié lui-même, en se persuadant que ce roman pourrait bien, jusqu’à un certain point, être une production littéraire, et que ces quatre volumes formaient un livre. […] Il n’informera pas même le lecteur de son nom ou de ses prénoms, ni s’il est jeune ou vieux, marié ou célibataire, ni s’il a fait des élégies ou des fables, des odes ou des satires, ni s’il veut faire des tragédies, des drames ou des comédies, ni s’il jouit du patriciat littéraire dans quelque académie, ni s’il a une tribune dans un journal quelconque : toutes choses, cependant, fort intéressantes à savoir.

249. (1890) L’avenir de la science « VIII » p. 200

Les historiens, les critiques, les polygraphes, les écrivains d’histoire littéraire devront y trouver place 68. […] Je ne parle point ici de ces œuvres où la plus solide érudition s’unit à une critique fine ou élevée, comme les derniers volumes de l’Histoire littéraire de la France, comme l’Essai sur le bouddhisme de M.  […] Elle se contente d’emprunter des exemples à cette indigeste compilation, puis se met à l’ouvrage sur ses propres frais, sans se soucier de connaissances littéraires fort inutiles. […] Tout était rapporté à ce but littéraire. […] L’étude des langues n’est plus pour lui un moyen pour exercer le métier d’interprète ou de traducteur, comme cela avait lieu presque toujours au Moyen Âge ; c’est un instrument de critique littéraire et scientifique.

250. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

L’élément psychologique et sociologique a été introduit avec raison par notre siècle dans l’histoire littéraire ; mais il importe d’en fixer l’importance et les limites. […] Dans l’histoire, de tous les documents, le plus significatif est le livre ; d’autre part, de tous les livres, c’est le plus significatif qui a la plus haute valeur, littéraire. […] Il faudrait seulement s’entendre bien sur le degré et le mode de signification qui caractérise la valeur littéraire d’une œuvre. […] Hennequin n’a pas examiné, d’autre part, si le goût littéraire d’un peuple à tel moment de son histoire est toujours l’expression exacte de sa nature à ce moment. […] Nos goûts littéraires eux-mêmes varient sans cesse ; l’un chasse l’autre, et dans la même journée : ce matin George Sand, ce soir Balzac.

251. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

C’est particulièrement à l’article Chronique littéraire du mois de décembre 1836 que M.  […] Buloz m’envoya demander, pour doter la cadette qui se retirait du monde littéraire, un roman quelconque. […] Il fallait qu’en filant du monde littéraire dans le monde politique, la pauvre étoile jetât un dernier reflet. […] Ce serait faire injure à ce corps, car ce serait supposer que ses membres ne lisent pas et qu’ils restent tout à fait étrangers au mouvement littéraire de notre époque. […] Hugo a, sur l’histoire littéraire de l’antiquité, des idées tout à fait personnelles.

252. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

Non, ce ne saurait être dans un tel recueil de société qui n’est bon qu’à donner la nausée aux gens de goût, que La Bruyère aurait été prendre l’idée d’un genre littéraire qu’il voulait rendre surtout jeune et neuf. […] Le talent de La Bruyère aurait pu prendre plus d’une forme littéraire, différente même de celle qu’il a préférée. […] Thomas Corneille avait pour lui le journal littéraire d’alors, le Mercure Galant ; il en usa. […] Pour moi, je ne sais pas de plus jolie application du principe de la propriété littéraire. […] On a une indication précieuse sur la manière indépendante, toute littéraire, et par cela même originale, dont La Bruyère se conduisit à l’Académie durant le temps trop court qu’il lui fut donné d’y siéger.

253. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

Là aussi, dans cet ordre de royauté, la Fortune aime à transférer les sceptres d’une race à l’autre ; les dynasties littéraires ne se perpétuent pas. […] Quand la propriété et l’hérédité littéraires seront établies et constituées, il y aura, si tout marche à souhait, je vois cela d’ici, des races renées de grands et petits dauphins littéraires, des Racine fils à perpétuité ; mais c’est dans les terrains toujours vierges qu’il faudra chercher du neuf et que les sources imprévus se rouvriront. Je crois comprendre autant qu’un autre les douceurs de la stabilité littéraire, et je ne les contesterai pas. […] Un souverain qui monte sur le trône n’est pas plus jaloux de refondre toute la monnaie de ses prédécesseurs et de la marquer à son effigie, que les critiques nouveaux venus, pour peu qu’ils se sentent de la valeur, ne sont portés en général à casser et à frapper à neuf les jugements littéraires émis par leurs devanciers. […] On se trompe sur les généalogies littéraires, si on les prend de trop près et comme à bout portant, dans le sens apparent et superficiel.

254. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

Attaché de bonne heure à Maret, duc de Bassano, il prêtait sa plume à ce premier commis de l’Empereur, en même temps qu’il amusait le public par ses jolies pièces ; de ce nombre, le petit acte de Brueys et Palaprat, en vers, dénota une intention littéraire assez distinguée (1807). […] Étienne, une vogue littéraire des plus animées, et finalement une mêlée des plus curieuses et des plus propres à faire connaître l’esprit du moment. […] Ce que cette découverte excita de curiosité, ce que cette querelle enfanta de brochures, d’explications, de révélations pour et contre, ne saurait se comprendre que lorsqu’on a parcouru le dossier désormais enseveli ; on en ferait un joli chapitre qui s’intitulerait bien : Un épisode littéraire sous l’Empire. […] Étienne, une sorte de concession faite en dernier lieu aux idées littéraires nouvelles. […] Une omission éclatante s’offrait au milieu du tableau que M. de Vigny venait de tracer de notre régénération littéraire, il avait négligé M. de Chateaubriand ; M. 

255. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Appendice à l’article sur Gabriel Naudé »

Voici une de ces remarques qui porte sur l’ensemble de mon œuvre critique : « J’ai beaucoup écrit, on écrira sur moi, on fera ma biographie, et les critiques chercheront à se rendre compte de mes ouvrages fort différents ; je veux leur épargner une partie de la peine et leur abréger la besogne, en expliquant ma vie littéraire telle que je l’ai entendue et pratiquée. J’ai mené assez volontiers ma vie littéraire avec ensemble et activité, selon le terrain et l’heure, avec tactique en un mot, comme on fait pour la guerre, et je la divise en campagnes. — Je ne parle ici que de ma critique. […] (Les Portraits littéraires, pour la plupart, et les Portraits contemporains en sont sortis.) […] Toutes ces campagnes et expéditions littéraires veulent être jugées en elles-mêmes et comme formant des touts différents. » 254.

256. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface d’« Hernani » (1830) »

L’auteur de ce drame écrivait, il y a peu de semaines, à propos d’un poète mort avant l’âge : « … Dans ce moment de mêlée et de tourmente littéraire, qui faut-il plaindre, ceux qui meurent ou ceux qui combattent ? […] Cette vérité est déjà comprise à peu près de tous les bons esprits, et le nombre en est grand ; et bientôt, car l’œuvre est déjà bien avancée, le libéralisme littéraire ne sera pas moins populaire que le libéralisme politique. La liberté dans l’art, la liberté dans la société, voilà le double but auquel doivent tendre d’un même pas tous les esprits conséquents et logiques ; voilà la double bannière qui rallie, à bien peu d’intelligences près (lesquelles s’éclaireront), toute la jeunesse si forte et si patiente d’aujourd’hui ; puis, avec la jeunesse et à sa tête, l’élite de la génération qui nous a précédés, tous ces sages vieillards qui, après le premier moment de défiance et d’examen, ont reconnu que ce que font leurs fils est une conséquence de ce qu’ils ont fait eux-mêmes, et que la liberté littéraire est fille de la liberté politique. […] Le principe de la liberté littéraire, déjà compris par le monde qui lit et qui médite, n’a pas été moins complètement adopté par cette immense foule, avide des pures émotions de l’art, qui inonde chaque soir les théâtres de Paris.

257. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

Le théâtre, né de la dernière dissolution de la poésie, devient l’agent littéraire le plus actif de la dissolution des sociétés. […] Nul n’obéit plus fidèlement que lui à sa conscience littéraire, nul ne composa moins sa personne en vue du monde. […] Lorsqu’une imagination prompte et brillante manque à ces hommes littéraires, la conscience ne saurait leur manquer, leur âme reste supérieure à leur talent. […] Esprit vaste et vraiment universel, il avait néanmoins un goût trop exquis pour affecter l’universalité littéraire, prétention de nos jours trop commune. […] Or la langue littéraire se forme essentiellement dans les classes supérieures.

258. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

Car enfin ce sont les mêmes hommes : on n’a pas vu naître une nouvelle génération littéraire le jour même où M. de Balzac est mort. […] À présent que nous avons place ces jalons sur notre route, parcourons rapidement la vie littéraire et les œuvres de M. de Balzac. […] Deux ou trois vues générales s’accorderont mieux avec l’ensemble de cette étude littéraire. […] Hugo fut le promoteur hardi, contesté, admire, injurié, adoré, d’une révolution littéraire. […] Mais le travail, ou, pour mieux dire, l’esprit littéraire !

259. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VI. La littérature et le milieu social. Décomposition de ce milieu » p. 155

Je ne nomme point les phénomènes littéraires, en vue desquels nous devons étudier tous les autres ; cependant il y aura lieu de réserver une place à certaines institutions ou à certains groupements ayant un caractère spécialement littéraire. […] Quand nous aurons passé en revue tous ces facteurs sociaux de l’évolution littéraire, nous aurons enfin rassemblé tous les éléments qui nous permettront d’esquisser la formule d’une époque donnée.

260. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

avec l’enthousiasme connu de Charles Baudelaire pour son auteur et le dévouement qu’il montre à sa gloire, la personnalité humaine d’Edgar Poe n’est pas plus complète dans cette notice que sa personnalité littéraire dans ce premier volume d’œuvres choisies. […] Seulement, cette faculté est-elle littéraire ? […] L’excuse de cela est triste, elle est cruelle, elle tient au côté saignant de la vie littéraire ; mais elle n’est pas littéraire. […] Sans rien préjuger de l’atroce croyance de Poe sur l’état de son âme, on peut assurer, dans le sens littéraire, que ce sera là de la littérature de damné. […] Pour mieux montrer l’abjection de la Bohème littéraire, nous choisirons son plus beau cadavre.

261. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

Les gens de lettres pensent de même sur la critique littéraire ; ils n’osent pas proposer de la proscrire entièrement, mais leur délicatesse sur cet article est si grande, que, si l’on y avait tout l’égard qu’ils désirent, on réduirait la critique à rien. […] Fréron, dans sa feuille de L’Année littéraire, voulut rendre compte de la comédie où il était outragé, et en tirer vengeance ; il était difficile de s’y opposer. […] Le travail de mon Année littéraire ne me permet pas de faire de petites brochures détachées ; mon ouvrage m’occupe tout entier et ne me laisse point le temps de faire autre chose. […] Qu’ils écrivent contre moi tant qu’ils voudront ; je suis bien sûr qu’avec un seul trait je ferai plus de tort à leur petite existence littéraire qu’ils ne pourront me nuire avec des pages entières de l’Encyclopédie. […] Malgré tout, Fréron était dans son droit ; et, à ce sujet, M. de Malesherbes écrivait à d’Alembert une admirable lettre qu’on peut lire dans les Mémoires de l’abbé Morellet, et dans laquelle sont posés tous les vrais principes de la tolérance littéraire.

262. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Martin du Gard des Nouvelles littéraires, tu déraillais encore ? […] De cette fiction, l’on a tiré une influence qui n’a pas été dangereuse, dans l’ordre littéraire du moins. […] C’est de 1904 qu’il faut dater les débuts littéraires de Jean Giraudoux. […] (Cela n’est point de la critique littéraire). […] Une journée d’étude, « Les Nouvelles littéraires : une idée de littérature ? 

263. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

mais jamais, — au grand jamais, — il n’eut l’idée d’engager un duel littéraire ou même une discussion serrée avec un adversaire ayant nom. […] M. de Sacy, en ces années (1836-1848), était bien plus politique que littéraire : il ne s’occupait de littérature qu’incidemment. […] Il laissera, comme voyageur littéraire, le plus aimable renom. […] Étude historique et littéraire sur J. […] Ampère dans le monde littéraire et savant, sa renommée eût gagné peut-être s’il eût un peu plus concentré ses travaux.

264. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Cet immense savetier littéraire (pardon ! […] Gœthe est un Talleyrand littéraire, monté sur cravate aussi comme Talleyrand. […] Ce grand Lindor littéraire n’était pas troussé pour l’amour. […] Jusque-là, il n’était qu’insupportable, ce grand Turcaret littéraire. […] Des passions, excepté des passions scientifiques ou littéraires, Gœthe n’en avait pas.

265. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Elle n’est pas tout à fait la critique littéraire, mais il n’y a pas de critique littéraire sans elle ; et quiconque l’oublie, de notre temps comme alors, il peut bien éviter le reproche de pédantisme, mais il encourt celui de n’être qu’un amateur, qu’un dilettante, qu’un amuseur. […] Ou encore, et comme contre-épreuve, regardez et remarquez ce qu’il attaque en la plupart de ses ennemis littéraires. […] Entre ses mains habiles et agiles, de purement littéraire, la critique devenait véritablement historique. […] Ce n’est pas tout encore, et significative ou caractéristique de toute une famille d’esprits, l’œuvre littéraire est, ou peut être expressive de toute une époque. […] Il n’y a plus aujourd’hui d’événement littéraire.

266. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VIII. Les écrivains qu’on ne comprend pas » pp. 90-110

* * * Ainsi notre confrère a résumé d’une plume gracieuse les objections des salons littéraires. […] C’est un problème spécial d’histoire littéraire. Devant la médiocrité des emplois administratifs, d’anciens élèves d’Écoles, normale, même centrale et polytechnique, des archivistes, des agrégés de philosophie, pensèrent à gagner la vie littéraire. […] Qui sait si les dialectes même de l’élite et de la foule n’iront pas décidément divergents, s’il n’y aura pas un français littéraire et un français vulgaire ? […] Dès lors, abstraction faite des puérilités (vraies ou fausses), tout aliment intellectuel, spécialement littéraire, apparaît obscur ou clair suivant la réaction de l’esprit en présence d’une œuvre.

267. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Dans l’exposé qu’ils firent des diverses écoles littéraires, ils s’attachèrent à établir les principaux groupes et à les distinguer par des caractères ou des nuances qui se trouvent encore justes aujourd’hui. […] Nous avons là, pour ainsi dire, le cours de la Bourse littéraire : je ne le donne certes pas comme une mesure exacte du goût ; c’est, du moins, un signe et un indice. […] Hauréau dans son Histoire littéraire du Maine ; mais la Savoie, que Peletier avait visitée et chantée, le dispute aux Manceaux, le revendique pour fils adoptif, et M.  […] Tel autre poète suisse de Neufchâtel, Blaise Hory, s’est vu déterré et mis au jour pour la première fois à titre de fossile littéraire, par M.  […] Et il est bien entendu que nous ne voulons ici nous placer qu’au point de vue strictement littéraire ; nous n’aborderons à dessein ni la politique, ni la philosophie, ni la religion.

268. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

A son arrivée dans sa vraie patrie littéraire, sa surprise fut grande, comme sa reconnaissance : il s’était cru étranger, et chacun lui parlait de la Sibérienne, du Lépreux, des mêmes vieux amis. […] la vocation littéraire du comte Xavier est tout entière soumise à l’ascendant du comte Joseph. […] La Savoie, en effet, appartient étroitement et par ses anciennes origines à la culture littéraire française ; laissée de côté et comme oubliée sur la lisière, elle est de même formation. […] Les goûts littéraires dominaient-ils en lui et remplissaient-ils tous ses loisirs ?  […] Mais, dans ce voyage autour de la chambre de l’œil, il n’y a absolument rien de littéraire ; ce n’est qu’une observation physique minutieuse et ingénieuse.

269. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

Il se disait romantique, et il l’était par son éducation, par ses admirations littéraires : Hugo était son Dieu. […] De fait, il a abdiqué les haines littéraires des romantiques : il admire jusqu’à Boileau, dont il ne souffre pas qu’on dise du mal, parce qu’enfin il a fait ce qu’il a voulu. […] Sa vocation littéraire est née de l’idée que le livre seul pouvait fixer dans une réalité durable quelques parcelles de ce moi et de ce monde toujours en fuite. […] Avec ce tempérament, Loti est l’écrivain le moins fait pour la fabrication mécanique des productions littéraires. […] Du Camp, Souvenirs littéraires, 2 vol. in-18.

270. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Jeune, en débutant dans le monde littéraire, il commença par blesser la vanité de la foule des petits auteurs ; ils s’en vengèrent en s’en prenant à sa naissance. […] Esprit à la fois philosophique et littéraire, il se voua dès lors à l’analyse des langues et de la sienne en particulier. […] Le vrai conseiller politique sait se préserver de ce léger entêtement tout littéraire. […] C’est dans cette dernière ville qu’il parvint à établir une sorte de centre de société et d’atelier littéraire ; tout ce qui y passait de distingué se groupait autour de lui. […] [NdA] Revue des deux mondes du 1er juin 1849, p. 724 ; — et au tome II de l’ouvrage intitulé : Chateaubriand et son groupe littéraire.

271. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Revue littéraire. […] Aurélien Scholl s’achemine, avec une terrible vitesse, vers cette sorte de Bicêtre littéraire où l’ont de quelques heures précédé MM. de Goncourt. […] Castille a eu recours, pour tourner la difficulté, à un tour de prestidigitation littéraire d’une rare ingénuité. […] Histoire littéraire de la Révolution, par M.  […] — Apparemment ce joli petit groom, qui est devenu la moitié de la personne et toute la réputation littéraire de M. 

272. (1874) Premiers lundis. Tome II « Étienne Jay. Réception à l’Académie française. »

C’était l’occasion sans doute de revenir sur cet arbitraire mesquin qui s’acharnait à des titres littéraires et à des droits consacrés. […] d’où vient ce silence absolu sur nos faiseur d’arbitraire d’aujourd’hui, qui s’attaquent, non pas à des titres littéraires, à des fauteuils, mais aux garanties les plus inviolables du citoyen, qui jugent prévôtalement, et qui, avant peu de jours, si une clameur équitable ne s’élève, fusilleront ? […] Ils peuvent avoir eu à certains moments, et pour la vulgarisation de certaines idées justes, leur genre d’utilité, qu’il nous appartient moins qu’à personne de leur dénier ; mais, comme écrivains, comme personnages littéraires distincts, ils ne sont pas. […] Mais, même entre les hommes politiques, il y a une sorte de choix littéraire, et jusqu’ici l’Académie n’a pas eu toujours la main heureuse.

273. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Éphémérides poétiques, 1891-1900 » pp. 179-187

. — Le Mouvement littéraire (Fernand Roussel). — Le Saint Graal (Emmanuel Signoret). — Psyché (V. […] Revues : Le Centaure (Henri Albert). — Le Magazine international (Léon Bazalgette). — L’Idée moderne (Nicole Chambellan). — L’Ymagier (Remy de Gourmont et Alfred Jarry). — Les Ibis (Degron et Klingsor). — L’Album des légendes (A. et J. des Gachons). — L’Art littéraire (Louis Lormel). — La Revue et l’Idée (Maurice Leblond). — Pages littéraires (Genève). […] Samon). — L’Épreuve littéraire (Henri Albert).

274. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Ponchon, Raoul (1848-1937) »

[Lettre dans l’Enquête sur l’évolution littéraire (1891).] […] J’ai parlé des ascendants littéraires de Raoul Ponchon. […] L’amour même, et cette bonne chère de bonne compagnie qui entre trop peut-être dans la réputation de Ponchon auprès de ce monde qui côtoie le monde littéraire proprement dit, notre poète ne les célèbre qu’en artiste impeccable, très convaincu de son sujet, mais le dominant, et par conséquent apportant tout le sang-froid désirable dans la confection de ses délicieuses pièces de plaisant déduit et de crevailles.

275. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Je n’eus guère là-bas de vie littéraire, sauf un jour un brusque rappel. […] Elles servent plus tard singulièrement à clarifier l’histoire littéraire. […] Ces revues, purement littéraires, ne durent pas. […] Octave Mirbeau, en somme ceux que le journalisme littéraire ne mettait pas en première ligne. […] Une seule velléité et pas exclusivement littéraire !

276. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Non, il n’y a pas concordance obligée entre la chose littéraire et la chose morale. […] Nous sommes obligés de reconnaître que le sens littéraire s’est encore abaissé depuis. […] C’est ce qui constitue le plus l’originalité littéraire de nos auteurs contemporains. […] On me dira que la valeur littéraire d’un livre n’a pas pour corollaire forcé la valeur morale. […] Zola, il nous reste à examiner le côté littéraire.

277. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Deschamps, père des deux poëtes de ce nom, et lui-même un des derniers liens de la société littéraire de son temps. […] Louis Ratisbonne pour son exécuteur testamentaire et pour son héritier littéraire M. […] Trop préoccupé du Cénacle qu’il avait chanté autrefois, il lui a donné dans ma vie littéraire plus d’importance qu’il n’en eut, dans le temps de ces réunions rares et légères. […] Je vous écris les larmes aux yeux, et ne sais vraiment quel éloge littéraire vous donner. […] Chatterton est un ouvrage émouvant, mais pointilleux, vaniteux, douloureux ; de la souffrance au lieu de passion ; cela sent des pieds jusqu’à la tête le rhumatisme littéraire… » J’ai aussi entendu nommer très-spirituellement cette maladie d’espèce nouvelle dont sont atteints de jeunes talents, la chlorose littéraire.

278. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Tout l’espoir du progrès théâtral est là comme tout l’espoir du progrès littéraire est dans les revues jeunes et libres. […] Le livre et le spectacle sont deux éléments essentiels d’une culture littéraire complète. […] Dès lors, aucun directeur avisé ne pouvait se permettre la moindre tentative littéraire un peu hardie, où il risquait sa ruine. […] Mais la passion de la lecture aussi : témoin, le succès des nombreuses collections de romans à prix réduit, la multiplication incessante des magasins littéraires. […] Mieux vaudrait peut-être un simple parallèle entre la vitalité des pièces de théâtre et celle des autres ouvrages littéraires.

279. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Incroyables retards, dont l’histoire littéraire est pleine ! […] Tour de force d’archéologie littéraire, ces Contes, qui seront appréciés un jour et rangés sur les hauteurs de l’art, ne seront jamais populaires. Leur effet ne sortira pas de cet arcane littéraire où le vieux langage dans lequel ils sont écrits doit nécessairement les retenir. […] Il faut me borner aux choses littéraires. […] Les historiens littéraires qui s’occuperont un jour de Balzac avec le respect et le sérieux que l’on doit à cette Majesté intellectuelle, reconnaîtront, je n’en doute pas, la vérité d’une observation que je n’ai qu’indiquée, et ne me donneront pas de démenti.

280. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « THÉOPHILE GAUTIER (Les Grotesques.) » pp. 119-143

L’auteur, dès les premières pages, m’a rappelé tout d’abord combien, au sein d’un même mouvement littéraire, il y a de différences entre les générations qui se succèdent, qui se dépassent : c’est, toute proportion gardée, et si parva licet componere magnis, comme dans notre grande Révolution. […] Si de plus il avait voulu donner des échantillons marquants de l’extravagance littéraire durant le xvie  siècle, il aurait fallu prendre d’autres exemples que celui de Scalion de Virbluneau. […] Mais il lui manque cette curiosité attentive de recherche et d’étude qu’on appelle l’érudition ; il se garderait surtout de paraître viser à l’exactitude du détail, qui est pourtant le fond de la trame en ce genre de portraits et de biographies littéraires. […] Nous tous, historiens littéraires, nous commettons, sans le vouloir, bien des fautes. […] Théophile s’annonce comme le bel-esprit en titre et le coryphée littéraire de cette dernière époque ; il en est le poëte débauché, raffiné ; il avorte comme elle, et il a un sort assez pareil à celui de ses patrons.

281. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre I. Le théâtre avant le quinzième siècle »

Seule la Représentation d’Adam a une valeur littéraire. […] Les sociétés littéraires qui devinrent si nombreuses à partir du xiie  siècle, les puys, la choisirent à l’ordinaire pour patronne ; un genre même de poème lyrique, le serventois, lui fut consacré dans les concours. […] Le Miracle de Théophile, avec sa tenue édifiante et un peu compassée, avec sa forme travaillée, et parfois trop littéraire, avec l’artifice de ses développements et de ses rythmes qui marquent la maigreur de la pensée, n’est pas une œuvre supérieure. […] Les quarante miracles joués on ne sait dans quel puy, dans l’Ile-de-France, sans doute ou en Champagne, dont un manuscrit nous a présenté le recueil, sont de moindre valeur littéraire, et n’ajoutent pas grand’chose à l’idée qu’on se fait de l’évolution du genre dramatique. […] Ajoutons maintenant la tradition littéraire de l’antiquité, puis qu’enfin les œuvres comiques du moyen âge sont d’un temps où l’exercice de la littérature était en grande partie aux mains des clercs des universités.

282. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Prosper Mérimée »

Dans cette situation, vous voyez le bec que fait notre triste héron littéraire, qui ne prend plus rien dans ces eaux-ci. […] Il n’avait pas été seulement un de ces amuseurs littéraires et officiels qui n’amusaient pas, comme il y en eut quelques-uns autour de ce spleenétique couronné (qui leur préférait, dit-on, l’étonnant Vivier, avec son cor et ses bouffonneries !)  […] Dès le début de sa vie littéraire jusqu’à la fin, il fut heureux. […] Gustave Planche, esprit exclusivement critique, qui ne pouvait être jamais un roi littéraire, tant sa tête manquait d’imagination par laquelle seule on est roi en littérature ! […] Partout donc, comme vous le voyez, Mérimée n’eut guères jamais qu’une originalité littéraire de seconde main.

283. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Il se consumait du désir d’être littéraire et ne se pardonna pas de n’être qu’un goujat, même formidable. […] Après cela, qu’importent les défauts littéraires du débutant de 1861 ? […] Je contemple alors, comme en une vision, toute l’histoire littéraire de ces derniers temps. […] Il s’y est très solidement installé et aboie du fond de ce gîte funèbre, contre tous les passants littéraires. […] Quelle espèce d’intérêt littéraire ou philosophique peut-il sortir des anecdotes de M. 

284. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « De la question des théâtres et du Théâtre-Français en particulier. » pp. 35-48

Je n’ai pas à m’occuper des dispositions de ce projet ni à les discuter ; mais il s’agit d’une matière qui prête à bien des observations littéraires, morales, et je tâcherai d’en toucher quelques-unes. […] C’est à ce prix que se composent et s’achèvent les grands siècles littéraires. […] Une des grandes erreurs du dernier régime a été de croire qu’on ne dirige pas l’opinion, l’esprit littéraire, et de laisser tout courir au hasard de ce côté. […] On chercherait vainement quelque chose qui ressemble à une opinion régnante en matière littéraire. […] Il faudrait seulement que les gouvernements, quels qu’ils fussent, que les grands corps littéraires, les Académies elles-mêmes, en revinssent à l’idée qu’une littérature se peut jusqu’à un certain point contenir et diriger.

285. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

Dans un temps vulgairement littéraire, des hommes de talent comme Théodore de Banville seraient classés… Nous l’avons choisi pour éclairer cette question de la mort des lettres et de la poésie dont nous sommes menacés chaque jour un peu plus. Dans l’état actuel de son talent, Théodore de Banville n’a pas cette magistralité, cet ascendant devant lequel la curiosité — littéraire ou non — s’éveille comme devant le mystère étonnant d’une grande force. […] Savez-vous comment ils sont placés vis-à-vis de ces réalistes qu’ils méprisent, et qui sont l’expression dernière du matérialisme littéraire contemporain ? […] Banville, l’écho du xvie  siècle en matière de rhythme, de mythologie et de symboles, ronsardise, comme si nous étions toujours en 1830, cette Renaissance de la Renaissance, ainsi que nous l’avons déjà nommée, cette révolution littéraire qui ne fut qu’une restauration. […] Pour nous, Théodore de Banville est toujours le même artiste littéraire que nous signalâmes alors, le même rimeur, le même limeur, et, disons plus en disant moins : le même ouvrier.

286. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Gustave Flaubert » pp. 61-75

Inconnu et sans précédents littéraires, l’auteur s’est trouvé tout à coup célèbre. […] Pour notre compte, nous ne connaissons pas de composition littéraire d’un talent plus vrai et qui soit en même temps plus dénuée d’enthousiasme, plus vide de cœur ; d’un sang-froid plus cruel. […] Quand la mode était aux tragédies, faire une tragédie n’était qu’une prétention littéraire ; mais écrire un roman, c’est une prétention littéraire, doublée d’une autre, bien plus profonde. […] Toujours littéraire, toujours préoccupée des grands modèles, madame Bovary épuise bientôt tout le vestiaire romanesque du dix-neuvième siècle. […] Quant au style par lequel on est peintre, par lequel on vit dans la mémoire des hommes, celui de Madame Bovary est d’un artiste littéraire qui a sa langue à lui, colorée, brillante, étincelante et d’une précision presque scientifique.

287. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Charles Monselet »

Je connaissais la vignette qui est partout, l’esprit joyeux et fin, le voluptueux embonpoint littéraire, le sensuel, le gourmand, le gourmet, — écrit ainsi et non comme cela : gourmé, car il ne l’est point, mais aimable au contraire, abandonné, facile, charmant, et, même quand il s’attendrit, toujours de la fantaisie la plus rose ! […] Or bien, voilà que tout à coup le poète, qui n’est plus celui de l’Amour et du Plaisir, mais de la douleur, venue enfin, comme elle vient toujours, par la vie, s’est mêlé, en ce livre de Portraits, au critique de la réflexion, et tout cela dans une si heureuse mesure qu’on se demande maintenant si le Monselet du pâté de foie gras n’était pas un mythe… ou un mystificateur, qui nous jouait, avec sa gastronomie, une comédie littéraire, et qui avait mis, pour qu’on ne le fît pas trop souffrir, son cœur derrière son ventre, mais non dedans ! […] Digne par la proportion de son modèle, le portrait de Chateaubriand a donc été une toile à l’huile parmi les aquarelles de Monselet, et si vous ôtez quelques taches de goût, grandes comme des mouchetures sur une glace limpide13, vous avez là une pure et lumineuse peinture d’histoire littéraire dans laquelle le Monselet du xviiie  siècle n’a eu absolument rien à faire ni rien à voir… On sait si le génie de Chateaubriand, à part même son christianisme, fut antipathique au xviiie  siècle, et aujourd’hui que le xviiie  siècle, mal mort, voudrait recommencer de vivre, Chateaubriand, moqué par Morellet et Chénier, a retrouvé dernièrement un nouveau Morellet dans Stendhal. […] bien souvent tout le pauvre et éclatant succès de la tête qui est dessous, si ce sont des gaîtés sont des gaîtés sombres, qui sont d’autant plus sombres qu’elles touchent de plus près à la vérité… IV Il y a dans Shakespeare un railleur aimable, — pas si littéraire peut-être, — mais, ma foi ! […] Je n’aime point le galon pour cette grande famille de haute et puissante seigneurs littéraires.

288. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Paul de Saint-Victor » pp. 217-229

Mais le feuilleton haletant et qui a fait haleter toute œuvre de large poitrine et de souffle, le feuilleton, cette forme bonne, tout au plus, pour les pituiteux littéraires qui y crachotent chaque jour leurs albumineuses expectorations, ne saurait donner l’idée juste d’un ouvrage qui a les deux beautés du livre : — la beauté de l’ensemble et la beauté du détail. […] II Ce fut un maître reconnu, en effet, que Paul de Saint-Victor, un maître littéraire d’un temps qui fut littéraire, resté parmi nous, dans rabaissement universel, comme un obélisque isolé dans un désert où il n’y a plus que de la poussière. De l’organisation la plus heureuse, fait essentiellement pour les lettres, il y débuta en se jetant éperdument dans le feuilleton dramatique, alors florissant, et malgré tous les Mentors, — il en avait plusieurs, — qui craignaient les Eucharis du théâtre pour ce Télémaque en plein feu d’imagination et de jeunesse… La grande littérature du milieu du dix-neuvième siècle était morte ou allait mourir : Balzac et Stendhal n’étaient plus ; Gozlan vivait encore, mais les deux plus grands poètes du siècle, de Musset et Lamartine, étaient tombés, l’un des bras d’une indigne femme dans le désespoir enivré qui devait le tuer, l’autre dans la vie politique, qu’on pourrait appeler la mort littéraire, où il s’engloutit, la lyre à la main, comme Sapho, qu’il avait chantée, dans la mer ! […] Cet homme, mort sans la gloire et d’autant plus qu’il était fait pour elle, est Édelestand du Méril, l’auteur d’une Histoire de la comédie chez tous les peuples, livre énorme d’érudition et de sagacité littéraire, et que malheureusement la mort de l’auteur interrompit.

289. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Lenient » pp. 287-299

Demogeot d’avoir pu se détacher, dans tout le courant de son Étude sur la littérature du xviie  siècle avant Descartes et Corneille, des opinions et des préjugés du métier, pour n’écouter que la voix de son ferme tempérament littéraire. […] Pourquoi, puisque l’occasion s’en présente, ne donnerions-nous pas un simple coup d‘œil à cette variété littéraire ? […] Lenient n’a rien du redoutable métaphysicien nécessaire ici, à l’origine de cette histoire, qu’en honnête professeur de rhétorique il prend humblement et verbalement du pied des faits biographiques et littéraires, entremêlant comme une paillette, sur la trame de la notice, l’oripeau de la citation. […] Pour avoir au-dessus, il faudrait qu’une individualité littéraire jaillît tout à coup du sein de l’individualité simplement professorale et la brisât, et rien n’annonce ce jaillissement dans cette histoire aux qualités négatives, — qui n’est point plate, non ! […] Tout cela certainement est possible, mais tout ce que nous devions constater, c’est que cela n’est pas encore aujourd’hui, et qu’elle dort bien profondément, notre mandoline littéraire, dans son étui… de professeur.

290. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Μ. Eugène Hatin » pp. 1-14

Eugène Hatin Histoire politique et littéraire de la Presse en France, avec une introduction historique sur les origines du journal et la bibliographie générale des journaux depuis leur origine. […] Seulement, a-t-il compris au même degré que ce sujet demandait bien plus que des facultés littéraires et des connaissances bibliographiques ? […] Hatin en le citant s’expose à une comparaison dangereuse, est exclusivement littéraire, tandis que le journalisme, dans son origine autant que dans son développement, fut toujours bien plus politique qu’autre chose. […] Faiblissant comme talent sous la rédaction de Μ. de Sainte-Albine, elle se releva bientôt sous la direction de Suard et de l’abbé Arnaud, espèce de consulat littéraire où, comme dans tous les consulats, il n’y eut qu’un seul consul, qui fut Suard. […] Que les volumes qui vont suivre, et dans lesquels le sujet à traiter sera moins grêle que dans celui-ci, nous dédommagent d’une compilation qui devrait être un livre littéraire, du moins, s’il n’est pas un livre politique comme il le faudrait.

291. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Duranty » pp. 228-238

Il nous était connu déjà par des admirations qui l’avaient compromis et un système littéraire qui n’était pas même sorti de sa tête, mais dans lequel plutôt sa tête était entrée, en se déformant. […] Champfleury, par exemple, était venu pour changer la face de l’univers littéraire au dix-neuvième siècle ! […] Je demande, si c’est aux Mahomets qu’on mesure les Séides, ce que doit être le Séide d’un Mahomet littéraire comme M.  […] Le crime littéraire de l’école de M.  […] Duranty peut être le plus brave travailleur en vulgarité et même le plus puissant, et la Critique se laisser toucher par la peine qu’il se donne pour être profond à sa manière, que son roman, en lui-même, reste ce qu’il est, c’est-à-dire d’un effet manqué, comme composition littéraire ; mais la sorte d’intérêt qu’il excite ne peut ricocher du livre à l’auteur.

292. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Feuillet de Gonches »

C’est un livre très réfléchi sous prétexte d’enfantillages, très littéraire, de très scélérate naïveté, qui peut être lu en tous temps et goûté de ces autres enfants qui n’ont pas les yeux si beaux et qui sont des hommes. […] Pour le moment, c’est sa fantaisie littéraire d’être un vieux grand-père et un vieux conteur. […] Nous sommes, nous, de ceux-là qui croient que rien ne vaut, pour un conteur, le premier récit, le récit immédiat, cueilli n’importe où, mais en dehors des livres et de leurs abominables coquetteries, savantes ou littéraires. […] Mais quelqu’un d’aussi littéraire que Feuillet de Conches, quelqu’un qui passe sa vie en habit de soie dans le détail d’une fonction de cour qui demande un perpétuel sous les armes, ne pouvait pas aller chercher le conte où il est réellement le plus, et où de mâles observateurs comme Fielding, le juge de paix, et Walter Scott, le greffier, sont allés le chercher, au péril de leurs habitudes de gentlemen tirés à quatre épingles, de la délicatesse de leurs sensations, et parfois de leur dignité. […] Les sujets qu’il traite n’étaient pas neufs, et même la plupart, comme la Dame Holle, Jean et Margot, etc., étaient tombés dans le domaine commun littéraire.

293. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « SUR ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 497-504

Mais, dans les premières années du règne de Louis XVI, à l’aurore des améliorations lentes tentées par Malesherbes et Turgot, le jeune ami des Trudaine avait conçu un rôle littéraire plus calme, plus recueilli, plus d’accord avec un loisir d’ailleurs assez voluptueux, une régénération de la poésie énervée du xviiie  siècle par l’étude approfondie de l’antique, un embellissement ferme et gracieux de la langue, et une peinture naïve des passions et des faiblesses du cœur dans des cadres nouveaux. […] Hors de là, vers les rives, aux endroits plus calmes et sur une surface assez immobile ou animée de contre-courants peu rapides, il y avait des raisonneurs qui expliquaient aux autres le spectacle, et pourquoi cela était ainsi de toute nécessité, et pourquoi cela devait être toujours ; il y avait, rangés derrière deux ou trois grands noms, sur les traces de Lamartine, harmonieusement ravi en ses tendresses sublimes, sur les pas de Victor Hugo, de plus en plus occupé à ses chauds horizons, et à portée de voix de quelques autres, il y avait des peintres de vieilles ruines, qui étudiaient les débris gothiques le long des bords, des psychologues qui se miraient au sein des eaux, des nacelles de rêveurs dont le front regardait perpétuellement le ciel, des essais de colonie littéraire et d’abri poétique autour d’agréables îles et dans les Délos nées d’hier. […] Elle a eu ses excès, ses prétentions exclusives, son ivresse de demi-victoire ; mais il y aurait à prendre garde aussi de lui imputer ce qui n’est pas d’elle, et de lui demander compte de cette dissolution littéraire du moment, qu’elle n’a ni préparée ni voulue, et contre laquelle protesteraient au besoin les tendances dédaigneuses et restrictives qu’on lui a tant reprochées. […] (Je ne le trouve pas recueilli dans les Œuvres politiques et littéraires d’Armand Carrel, dont tous les soins des éditeurs ne sont parvenus qu’à faire un recueil ennuyeux.)

294. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Le Comte Walewski. L’École du Monde »

Les feuilletons spirituels abondent ; on livre des combats pour et contre ; on en cause partout durant huit jours : ce sont des succès qui rappellent les beaux salons littéraires dans leurs plus élégants loisirs. […] Walewski est un excellent gentilhomme qui, pour faire dans le monde un personnage plus considérable, a acquis un journal et l’a dirigé ; qui, pour compléter et rehausser encore ce rôle à demi littéraire, a songé à la scène française, et s’y est risqué. […] De la dédicace et de la préface il résulte que l’auteur a reçu force compliments et cartes de visite pour sa pièce : avant la représentation, c’était le suffrage (je copie textuellement) des hommes les plus éminents dans le monde littéraire, dam le monde politique et dans le monde social ; depuis la représentation et pour contrecarrer les impertinences qu’en ont dites des critiques mal placés, « les juges réels de la pièce, ceux qui vivent parmi les choses et qui les voient, viennent tour à tour, auprès de l’auteur, s’inscrire en témoignage et lui apporter leur formelle adhésion. » Le moyen, maintenant, de refuser cette adhésion formelle et de prétendre à passer pour un juge ! […] Il en a été choqué alors, malgré toutes les politesses que j’y ai mises, jusqu’à ne pas vouloir de mon nom dans une Commission de Propriété littéraire qui se formait à son ministère.

295. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paria Korigan » pp. 341-349

… Mais voici un livre qui n’a pas de prétention littéraire, et qui est bien tout ce qu’il y a de plus rare et de plus savoureux en littérature ! […] Plus tard, elle voudra peut-être en être un : car rien de dépravateur pour une femme comme un succès littéraire ; mais tout à l’heure, elle n’y pense pas. […] Il a réussi, comme réussiront toujours les livres vrais dans les sociétés décadentes qui meurent de leurs mensonges, chez qui la langue littéraire est usée à force d’avoir servi, et où les esprits, brûlés par les piments d’une littérature à ses dernières cartouches et à ses dernières balles mâchées, reviennent aux livres qui apportent la sensation rafraîchissante du naturel, du primitif et du simple… Bien avant Cladel, madame George Sand avait eu l’idée de cette littérature de terroir ; mais elle ne pouvait y entrer que comme un bas-bleu qu’elle était, un bas-bleu armé de toutes pièces prises à l’arsenal de toutes les bêtises philosophiques, philanthropiques et démocratiques de ce temps, et gâtant tout de son bas-bleuisme et de ses préfaces explicatives. George Sand, cette vieille rouée littéraire, qui a roué son époque, et qui se disait avec affectation une campagnarde, était, au fond, trop homme de lettres de la trop bourgeoise Revue des Deux-Mondes pour aborder franchement et sans lourdeur cette littérature de terroir, fortement aromatisée de toutes les senteurs naïves et parfumées d’un pays.

296. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Il est permis à des collégiens, à des femmes, de garder sur leurs yeux le bandeau du patriotisme littéraire ; les collégiens sont ignorants, et les femmes sont naturellement passionnées. […] littéraires, dans lesquels le Chevalier paraît faire consister la critique, me semblent puérils et indignes de cette science. […] Mais deux ou trois faits relatifs à la personne de ces philosophes nous en apprennent plus long sur la formation de leurs théories littéraires, et par là sur leur valeur, que toute la critique du Chevalier. […] Ce fut contre une puissance moins redoutable que la noblesse, contre le mauvais goût littéraire du temps, que Molière fit ses premières armes. […] Villemain, Essai littéraire sur Shakespeare.

297. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Préface » pp. 1-3

Depuis vingt-cinq ans déjà que j’ai débuté dans la carrière, c’est la troisième forme que je suis amené à donner à mes impressions et à mes jugements littéraires, selon les âges et les milieux divers où j’ai passé. […] [NdE] Sainte-Beuve donna à l’Université de Liège, entre le 30 octobre 1848 et le 30 avril 1849, un cours d’« Ancienne littérature », allant du Moyen Âge au xviiie siècle, qui lui fournit la matière de nombreuses causeries, et un cours sur « Chateaubriand et son groupe littéraire », que le critique reprit en partie dans quatre causeries (aux t. I, II et X) et qu’il publia sous le titre Chateaubriand et son groupe littéraire sous l’Empire.

298. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

Les premiers monuments littéraires proprement dits, que nous aurons à analyser pour certaines beautés simples ; — beautés, est-ce trop dire ? […] A Rome même, vous le savez, il y avait une grandedifférence entre le latin fixé par la culture littéraire, le latin de Cicéron et de Pline le Jeune, et celui que parlait la populace des faubourgs, le peuple des campagnes. […] Ainsi le xiie et le xiii e siècles littéraires, dans leur chaîne principale, ont été longs à se bien détacher et à réapparaître. […] Ces genres, qui ont changé depuis dans le latin littéraire, se retrouvent les mêmes dans le français. […] Quand je vois la Commission de l’Histoire littéraire de France composée comme elle l’est aujourd’hui, et les écoles diverses, les diverses qualités d’esprit si bien représentées en son sein, sous la présidence du respectable M. 

299. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Il sera consulté, accepté ou contredit, mais certainement nommé, pour ces utiles et agréables recherches, partout historien littéraire qui tiendra à être complet et à se montrer juste. […] Quel dommage, pour l’histoire littéraire du temps, que tout cela soit enfoui, enterré ! […] J’ai le regret de rencontrer dans les colonnes du National trop peu d’articles littéraires de M.  […] Magnin était dès lors à la Revue des Deux Mondes, et c’est de ce côté que sa faculté littéraire et critique allait désormais trouver un ample espace et un cadre heureux pour s’étendre et se développer. […] En y mettant un peu plus de célérité, il aurait pu être l’historien littéraire de notre ancien théâtre : il ne fut que le préparateur du futur historien, mais ce préparateur était excellent.

300. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

L’autre, la critique littéraire, ne doit venir qu’après. […] Au bruit littéraire, il s’est même ajouté un autre bruit bien plus friand que le bruit littéraire pour les amateurs… le bruit du scandale, et enfin, pour comble de friandise, le scandale est venu des scandaleux. […] Certes, pour l’honneur littéraire de M.  […] Dans une déclaration publique et solennelle, il s’est fait son parrain littéraire. […] Sainte-Beuve, ce serait du népotisme, et il y aurait donc dans l’ordre littéraire quelque chose de possible, comme un cardinal-neveu !

301. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Comme tous les vrais artistes, il était (et il est encore) très personnel ; il appelait un salon : mon salon, et des critiques littéraires : mes haines. […] Émile Zola dans la carrière littéraire. […] Zola envoie chaque mois un article littéraire à une revue russe, le Messager de l’Europe ; il y traite diverses questions littéraires. […] Le moment est venu où il répondait aux exigences de l’esprit : alors, il a régné sur la scène littéraire. […] Zola, c’est-à-dire un défenseur qui ne se ménage pas ; toute la jeunesse littéraire, c’est-à-dire l’avenir.

302. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XX. Conclusion » pp. 499-500

Conclusion La cause et la loi que nous venons d’assigner aux variations du goût ont ce mérite et ce défaut d’être très générales ; l’une fait comprendre pourquoi l’évolution littéraire est incessante ; l’autre permet de tracer la trajectoire sinueuse et pourtant régulière que parcourt une littérature. […] Le jour où l’on aura su, ne fût-ce que dans la vie littéraire d’une nation, expliquer l’apparition et la disparition de tant de goûts divers, enchaîner l’une à l’autre les transformations subies par l’idée de beauté et les répercussions exercées par la littérature sur les autres branches de l’activité humaine, on aura certes accompli une œuvre dont la critique et la sociologie pourront tirer une grande utilité. […] Le sociologue, lui, dans l’histoire bien faite d’une littérature trouvera des lois démontrées, qui, lorsqu’un travail analogue aura été opéré sur d’autres littératures nationales, lui seront des éléments précieux pour une philosophie de l’évolution littéraire et même, comme les diverses parties d’une civilisation sont solidaires, de toute l’évolution sociale.

303. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

Ce n’est pas par là qu’on a les plus grands hommes littéraires, mais c’est par là qu’on a la plus grande littérature parmi les nations lettrées. […] D’ailleurs c’est celui qui promet le plus long avenir à une nation littéraire. […] Nous aurions eu plus tôt de la gloire littéraire, mais nous l’aurions eue moins universelle et moins consolidée plus tard. […] Nous essayerons de résoudre cette question littéraire quand nous examinerons les œuvres du plus grand comique de tous les temps et de toutes les nations. […] On n’a pas assez remarqué la puissance de cette institution de la chaire sur l’esprit littéraire d’une nation.

304. (1900) La culture des idées

Ce sont des habitudes, en somme, bien littéraires. […] L’histoire littéraire n’est, en somme, que le tableau d’une suite d’épidémies intellectuelles. […] Tout le siècle est dominé par ce grand fait littéraire. […] Il n’a tenu qu’au génie littéraire allemand de profiter de la situation. […] Stapfer, Des réputations littéraires.

305. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

Pour moi, j’aime à ne point séparer ces divers mobiles, et il me semble que, même au point de vue littéraire, ils méritent de s’unir et de se confondre. Si l’abbé Prévost, en effet, a répandu et comme réfléchi sur les siens une partie de sa célébrité littéraire et quelque chose de la faveur romanesque qui s’attache à son nom, il leur a dû, il a dû à l’excellente éducation qu’il reçut de ses pères et à la souche honnête et saine dont il sortait, de garder toujours, même au milieu des vicissitudes d’une vie trop souvent irrégulière et abandonnée, le fonds essentiel de l’honnête homme, de l’homme comme il faut. […] La ville d’Hesdin acquittait à la fois sa dette municipale envers une famille honorable et chère, et elle acquittait aussi la dette générale de la France envers un écrivain aimé, populaire, qui ne fut point heureux en son temps, qui n’eut jamais les honneurs littéraires et académiques, qui travailla constamment pour vivre, et qui, un jour de bonne fortune, a fait un chef-d’œuvre sans y songer. […] (Voir Portraits littéraires, édition Didier de 1852, t. I, p. 250 ; et Derniers portraits littéraires, édition Didier, 1852, p. 443.)

306. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Les journaux de Paris vous auront quelquefois rappelé mon nom, en m’érigeant bien gratuitement en hérésiarque littéraire. […] On voudrait que, dans tout résultat d’étude littéraire, l’idée morale dominât ou, du moins, entrât pour quelque chose, que l’intérêt humain y eût sa part, et que l’âme de celui qui cherche s’adressât de temps en temps par quelque reflet à l’âme de celui qui ne demande pas mieux que de le suivre. […] Les compatriotes de Favre l’ont célébré et pleuré pour les services généreux qu’il n’a cessé de rendre jusqu’à sa dernière heure et pour ses vertus : sa famille, en recueillant ses principaux écrits et en lui élevant, par les soins d’un digne éditeur, ce monument littéraire, a pourvu à la durée de son nom. […] [NdA] Mélanges d’histoire littéraire, par Guillaume Favre, avec des lettres inédites d’Auguste-Guillaume de Schlegel et d’Angelo Maï, recueillis par sa famille et publiés par M.  […] [NdA] Voir sur Schlegel les pages 119, 151, d’un agréable volume de miscellanées littéraires qui vient de paraître et qui a pour titre : Jugements, maximes et réminiscences, par M. 

307. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

Est-ce qu’il dédaignerait ce qui chez lui porte ce cachet purement littéraire ? […] Son ironie, en d’autres moments, prenait d’autres formes, et celles-ci toutes littéraires. […] C’est ainsi qu’il se montre d’une indulgence extrême pour tous ceux qu’il juge ou plutôt à l’occasion desquels il parle ; il est coulant à l’excès, même complaisant sur ce chapitre littéraire : nous-mêmes n’en avons-nous pas profité ? […] Prevost-Paradol, avec un talent littéraire si hors de ligne, semble donc avoir le tempérament exclusivement politique. […] Je ne crains pas d’aller plus à fond que ne se le permet ordinairement la critique dite littéraire.

308. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

Cosmopolitisme littéraire. […] Nous verrons l’importance de cette aptitude dans l’évolution des doctrines littéraires. […] Idées littéraires de Mme de Staël Le rôle de Mme de Staël, en littérature, fut de comprendre, et de faire comprendre. […] Il y a des littératures qui, mieux que la nôtre, ont rencontré les véritables conditions de la beauté littéraire, parce qu’elles ont été franchement nationales et chrétiennes. […] Elle dispute finement sur la différence du bon goût de la société et du bon goût de la littérature : elle montre que l’un est essentiellement négatif, et que l’autre est funeste, s’il ne contient un élément positif ; elle affranchit ainsi tout à fait l’art littéraire des convenances mondaines.

309. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Nous avons essayé de remplir cette lacune, sans négliger le côté exclusivement littéraire de notre sujet. […] Origines littéraires. […] Fontanes. — Ses écrits. — Son influence littéraire et universitaire […] — Enseignement littéraire et philosophique. […] Villemain, appelé à tenir dans la critique littéraire la même place que M. 

310. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

À n’entendre ou à ne lire que des discours politiques, on doit vite se désintéresser de la pureté de la langue française et ne plus voir dans les agitations exclusivement littéraires que « des racines politiques ». […] Il ne saurait exister de vraie culture scientifique sans culture littéraire à la base. […] J’en appelle aux critiques littéraires qui font honnêtement leur métier. […] C’est la vertu de notre nourriture, c’est la force de notre sang qui nous arrête au moment de commettre une mauvaise action littéraire. […] Que les études latines soient nécessaires à notre amélioration littéraire, c’est une incontestable vérité : on l’aperçoit ou non, toute discussion sur ce point devient oiseuse.

311. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 94-98

Nourri de la lecture des Anciens, dont il paroît s'être pénétré ; appuyé sur les principes invariables de la nature, qui sont ceux du vrai & du beau ; toujours armé du flambeau de la raison, l'Auteur parcourt d'un pas noble & ferme les différens âges du Génie Littéraire de la France, découvre les causes qui l'ont retenu long-temps captif dans les chaînes de l'ignorance & du mauvais goût, & nous montre par quels secours il en a triomphé. […] Rigoley de Juvigny l'a obtenue cette estime & l'obtiendra toujours de quiconque sentira combien il est essentiel pour nous de conserver la gloire littéraire & la gloire nationale. […] Ses Remarques Littéraires & Critiques sur les Bibliotheques de la Croix du Maine & du Verdier, ses Mémoires historiques sur la vie & les Ouvrages de la Monnoye, offrent des traits fréquens de zele & de réclamation contre les attentats de la Philosophie.

312. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Coppée, François (1842-1908) »

[Documents littéraires (1881).] […] [L’Année littéraire (1887).] […] [La Vie littéraire (1889-1890).] […] [Entretiens littéraires et politiques (1er décembre 1890).] […] [Entretiens politiques et littéraires (1899).]

313. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Prévost-Paradol » pp. 155-167

, et il fut regardé dans ce journal, dont tous les rédacteurs sont des hommes de génie… les uns pour les autres, comme l’esprit le plus savoureusement littéraire que l’on eût vu depuis Rigault, cet amour perdu de Rigault ! […] Or, savez-vous quel était ce regret qui rongeait Paradol, cet heureux littéraire, et pourriez-vous jamais vous en douter ? […] on va lui commander quelque chose de déshonorant ou peut-être lui couper le cou… Mais, si cette hypocondrie puritaine entame jusqu’à l’homme littéraire, malgré mon respect pour les malades, je suis bien forcé d’en parler. II En effet, ceci, c’est mon métier, c’est de la critique littéraire… Dans ces deux volumes de Prévost-Paradol, intitulés : Essais de littérature et de politique, j’ai cherché vainement le soubassement nécessaire à tout livre de littérature et de critique un peu forte, je veux dire le symbole quelconque — religieux ou philosophique, s’il n’est pas religieux, — sur lequel doivent s’appuyer les œuvres intellectuelles des hommes, et je n’en ai trouvé aucun, même à l’état d’essai. […] III J’ai dit maintenant à peu près tout ce que j’avais à dire sur un homme qu’il m’est impossible de ne pas croire fort au-dessous de la fortune littéraire qu’on lui a faite, mais qui aurait pu la continuer, et même mieux que s’il était fort au-dessus.

314. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Jules Girard » pp. 327-340

Girard l’archaïste, qui se croit un Athénien en voyage à Paris, parce qu’il est allé à Athènes et en est revenu faire des conférences à l’École normale, les us et coutumes littéraires des Grecs doivent être la vérité catholique dans le sens d’universel. Aussi les invoque-t-il pour expliquer à fond tout son Thucydide, et en cela a-t-il raison encore, comme il l’a eue déjà en disant que Thucydide n’était que l’expression du génie grec… Partout, en effet, à toutes les objections qu’on a faites ou qu’on pourrait faire contre Thucydide et la beauté littéraire de son histoire, M.  […] C’est cette raison qui, dans l’art littéraire des Grecs comme dans les autres arts, retranche, combine, mesure, équilibre, sacrifie le détail vigoureux à ce qu’elle appelle un peu vaguement l’harmonie de l’ensemble, dispute enfin, dispute avec la forme, comme, en philosophie, elle dispute avec le fond, chez ce peuple disputeur par excellence, pour qui la harangue même, dont nous parlions plus haut, n’était qu’une des formes de la dispute éternelle. […] Girard, du pittoresque, ce grand souci de l’art moderne, qui ne croit pas à la vie sans la couleur, pas plus dans les compositions littéraires que dans les compositions plastiques, — pas plus sur la toile que dans l’histoire, — et de cette insouciance, très inférieure selon nous, M.  […] Mais comme l’art littéraire tel que les Grecs le concevaient n’était pas tout, même à Athènes du temps de Périclès et de Phidias, et que la Critique y avait droit, comme en ce moment à Paris, d’y exiger plus d’un historien que de l’art, fût-il raffiné, que répondrait M. 

315. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Valmiki »

Habitués, depuis des siècles, à promener de porte en porte notre individualité littéraire, nous avions pris pour nous conduire cette accorte femme, madame de Staël, et nous nous tenions à la porte du pays de Lessing et de Schiller, lui demandant la charité d’une littérature et d’une philosophie. […] À cette époque, un homme qui cachait parfois la critique de son temps sous de la critique littéraire, un homme qui en contait souvent aux autres, mais qui ne s’en laissait jamais conter, écrivait, de sa plume la plus moqueuse, de ces choses inouïes sur les. […] Parisot ne nous donne aucun détail, ce qui est regrettable, — car si le poème n’est rien moins qu’un chef-d’œuvre, s’il intéresse assez peu la Critique littéraire, qui cherche des émotions et des modèles, il intéresse au moins l’Archéologie et l’Histoire, il est une date, un jalon, et il pourrait être un phare dans les brillantes ténèbres de la civilisation asiatique ; — le Ramayâna est un poème mythologique vaste et confus, très digne enfin de la société tour à tour hallucinée et endormie dont il est l’expression à la fois ivre et rêveuse. […] Au point de vue exclusivement littéraire, le Ramayâna ne peut pas même être comparé au Koran, qui, si vous écartez l’entente immense du législateur et du fondateur d’empire religieux, n’est esthétiquement, dans ses endroits les plus frappants, qu’un pastiche audacieux de la Bible, interprétée par l’esprit grossier d’un idolâtre. […] Ce sera la vraie utilité de ce monument littéraire.

316. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Henri Cantel »

L’amour des lettres, le dévouement enthousiaste à la littérature, le désintéressement de tout ce qui n’est pas la littérature, voilà ce qui distingue essentiellement cette publication, d’ailleurs, par les matières qu’elle traite, exclusivement littéraire. […] C’est l’absence de symbole littéraire et de principes nettement définis. […] Pour cette raison, la Revue française, comme toutes les autres revues contemporaines, n’est qu’une espèce de mosaïque plus ou moins éclatante d’individualités, se détachant ou s’unissant sur un fond commun littéraire. Seulement, ici, ce fond est si franchement et si juvénilement littéraire, que la Critique lui doit encouragement et sympathie, surtout dans un temps où la littérature, pour des intérêts moins nobles et moins purs, est lamentablement trahie… Eh bien, parmi le groupe de jeunes gens qui desservent la Revue française, voici Henri Cantel, un poète qui réunit en volume les poésies jusque-là dispersées dans le recueil que nous venons de signaler. […] » A un poète qui n’est ni païen ni chrétien : « Voyons votre œuvre et jugeons, sans nous soucier et sans nous informer de la pensée d’où elle est sortie ; voyons-la et jugeons-la sur ses mérites extérieurs, plastiques ou littéraires ! 

317. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Les Mémoires d’une femme de chambre » pp. 309-321

Eugène Sue, qui avait des reins, Eugène Sue, ce portefaix littéraire, a manqué les Mémoires d’une institutrice, encore un titre plein de choses, un type et un sujet heureux ! […] Ce serait peut-être un peu moins bien écrit au point de vue littéraire, mais pourquoi ne serait-ce pas aussi violent et aussi profond ? […] Que ce soit Trissotin ou Bélise, l’être littéraire, auteur de ce livre, qui devrait être écrit par une fille d’action, brave sur le mot, mais qui ne le caresse pas, n’a pas montré que le petit bout de l’oreille. Il a attaché les deux siennes, dans toute leur longueur, au loup de velours noir qu’il a mis sur le visage de sa femme de chambre, pourtraite au frontispice de ce volume qui pue le faux ; et si on ne sait pas le sexe de ces deux oreilles, on en sait l’espèce, et cela suffit… L’auteur, quel qu’il soit, n’a pas même de talent littéraire… Du moins n’en a-t-il pas montré. […] ne craignons pas de l’affirmer, si la Critique, oubliant ses devoirs, n’intervient pas avec une cruauté salutaire et ne donne pas son coup de balai vengeur à cette dépravante littérature, non-seulement l’instinct littéraire, mais aussi l’instinct moral dans l’appréciation des œuvres de l’esprit, seront avant peu, tous les deux, entièrement perdus.

318. (1914) Boulevard et coulisses

Par exemple, aux deux extrémités de l’histoire littéraire, un Montaigne et un Flaubert. […] Dans l’histoire littéraire de Paris, on rencontre toujours cette opposition et on la rencontre encore aujourd’hui. […] Vous retrouvez néanmoins ce paradoxe dans toutes les tendances de la génération littéraire de 1880 à 1885. […] Les salons, les milieux cultivés de la bourgeoisie seraient-ils devenus incapables d’animation littéraire ? […] Et peut-on appeler littéraires les conversations qui auront lieu à son sujet dans les salons et dans les cercles ?

319. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Les premiers essais littéraires de Grimm furent en allemand : il fit une tragédie qui a été recueillie dans le théâtre allemand de ce temps-là. […] Cette génération utile et, en quelque sorte, préparatoire, qui reconnaissait pour chef littéraire Gottsched, comptait parmi ses auteurs les plus distingués Gellert, Haller. […] Il commença d’abord par informer très simplement des nouvelles littéraires courantes et des livres nouveaux les princes ses correspondants : ce ne fut que peu à peu que son crédit gagna et que son autorité s’étendit. […] C’est vers ce temps (1759) que les occupations littéraires de Grimm prirent plus de place et de développement dans sa vie. […] Quoi qu’il en soit, il va devenir de plus en plus le critique ordinaire intérieur et le chroniqueur littéraire du siècle.

320. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

C’était un extrême que cette première méthode adoptée par le Journal des savants, le plus ancien des journaux littéraires, et qui consistait à donner un compte rendu pur et simple, une sorte de description du livre, très peu différente souvent d’une table des matières. […] « Qu’est-ce qu’un correspondant littéraire ?  […] Qu’on lise tout ce morceau : ce sont là des pages de critique littéraire fermes, senties, d’un goût incorruptible, de cœur et de main de maître. […] Il en est une surtout qui rentre dans l’ordre moral et littéraire : « M. de Buffon m’a toujours étonné, dit Grimm, par l’intime conviction qu’il paraît avoir de la certitude de sa théorie de la terre. […] [NdA] La Correspondance littéraire de Grimm parut pour la première fois en 1812, et acheva de se publier l’année suivante.

321. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

L’œuvre littéraire, notamment, est un ensemble de phrases écrites ou parlées, destinées par des images de tout ordre, soit très vives et précises, soit plus vagues et idéales, à produire chez ses lecteurs ou ses auditeurs une sorte spéciale d’émotion, l’émotion esthétique qui a ceci de particulier qu’elle ne se traduit pas par des actes, qu’elle est fin en soi. […] Par contre, il faudra modifier les procédés que nous avons précédemment décrits, pour toutes les œuvres servant à exposer des idées et non à montrer des spectacles, c’est-à-dire pour le poème didactique, les discours, la critique littéraire, la philosophie et la science. […] De la sorte ; des œuvres de critique littéraire, portant elles-mêmes sur des œuvres de critiques antérieurs, servent, sans absurdité, de sujet à des analyses. […] En progressant à des analogies plus lointaines, étant donné que toute œuvre d’art produit une émotion causée, soit par les moyens d’expression employés, soit par ce qu’ils expriment, tout ce que nous avons dit des genres littéraires sera facilement adapté à la peinture, à l’architecture, à la musique. […] Ce scientifique s’est aussi intéressé au xviiie  siècle littéraire et philosophique (Sade, d’Alembert, Julie de l’Espinasse, etc.), auquel il a consacré quelques études, comme à l’œuvre de Pierre de Fermat.

322. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

Critique littéraire, de fonction, nous avons là précisément deux ou trois duretés dont nous voulons nous débarrasser. […] En ceci, l’auteur des Horizons prochains n’est pas plus littéraire qu’une autre femme qui écrit. […] Mais elle existe et à un degré qui étonne, même quand on est le plus accoutumé à ces ressemblances de manière que l’histoire, littéraire constate à chaque pas. […] Lisez, enfin, ce livre exquis, mais qui n’est pas exquis à la manière des livres littéraires, car le charme en vient de la femme et de la nature. […] C’était son Satan littéraire.

323. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XI »

Vainement avons-nous fait preuve de conscience, de labeur et de recherche, en donnant les plus sérieux documents : corrections inédites de Chateaubriand avec rédactions successives, ratures et refontes manuscrites de Bossuet, variations inédites de Fénelon et ratures relevées sur deux de ses manuscrits, qui trahissent une si curieuse conception littéraire. Inutilement exposons-nous pendant 300 pages les procédés de travail et la psychologie littéraire des grands écrivains, pour en dégager une théorie générale et un enseignement pratique. […] Nous le conseillons comme un « exercice de gymnastique littéraire momentané », destiné seulement à « former l’esprit littéraire ». « Il n’a de valeur, disions-nous, que comme moyen de métier et n’est pas un but par lui-même.

324. (1886) Le roman russe pp. -351

Leur arrivée sur la grande scène littéraire a été soudaine et imprévue. […] Ils oublient donc toute notre histoire littéraire ? […] L’exercice littéraire ! […] C’est le moment de sa plus grande activité littéraire. […] Mon ami, revenez aux travaux littéraires !

325. (1881) Le naturalisme au théatre

Je ne crois pas à une passion littéraire bien forte. […] C’est la question littéraire que je désire traiter, et j’y arrive. […] Sarcey déclare que j’avance là « une incongruité littéraire ». […] La liberté littéraire est conquise. […] Catulle Mendès est une figure littéraire fort intéressante.

326. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

Juste Olivier, et nous nous sommes donné le plaisir de dire pendant deux ou trois ans des choses justes et vraies sur le courant des productions et des faits littéraires. […] C’est bien là qu’on voit qu’en dépit de tous les raisonnements sur la propriété littéraire, les vrais et légitimes héritiers d’un grand homme sont ceux qui le comprennent le mieux et qui l’aiment. […] Des branches entières de la production littéraire et même de ce savoir humain que chaque matin nous préconisons seront comme des vaisseaux échoués, laissés à sec par le reflux, et la marée montante ne reviendra pas. L’histoire littéraire est toute remplie et toute faite, pour ainsi dire, de ces plages abandonnées. […] J’ai interrogé à ce sujet notre maître en Cicéron comme en tant d’autres choses, le savant doyen de notre Sorbonne littéraire, M. 

327. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Cette flatterie adressée à chaque ville où l’auteur pose ses personnages lui en vaut la conquête ; l’espérance qu’ont les villes encore obscures d’être bientôt décrites dans quelque roman nouveau prédispose pour lui tous les cœurs littéraires de l’endroit : « Il n’est pas fier au moins, celui-là ! […] De longs antécédents littéraires malheureux et obscurs ont été relevés comme une objection péremptoire à la réalité de ses perfectionnements récents. […] quels furent ses débuts littéraires, et les tâtonnements multipliés et infructueux dont ses anciens amis nous parlent tant depuis qu’il est devenu célèbre ? […] Au reste, malgré les trente ouvrages promis et donnés par l’auteur du Vicaire, aucune œuvre suivie n’entrait alors dans sa pensée ; il écrivait au hasard, à foison, sans but ni souci littéraire. […] Je lui avais rendu autrefois quelques petits services littéraires, des conseils pour ses romans, pour son style, que sais-je ?

328. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Avant de rendre compte des moyens et des résultats de son travail, il importe toutefois (c’est justice) de caractériser une phase nouvelle qui semble s’ouvrir en France pour la critique littéraire, et dont M. […] Je distinguerai différentes manières, différents temps très-marqués dans la critique littéraire s’appliquant aux chefs-d’œuvre de notre xviie  siècle. […] Le plus célèbre critique littéraire de notre temps, M. […] On a beau dire après coup sur l’exactitude littéraire, il y avait ici une question de fidélité bien autrement grave et qui dominait tout, et cette fidélité fut respectée des premiers éditeurs. […] Il est, à coup sûr, plus littéraire, plus artiste, plus sensible aux beautés de la forme, et j’ajouterai, plus insoucieux du résultat.

329. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

L’année 1660, où Louis XIV prend en main le gouvernement, marque aussi le point de partage de l’histoire littéraire du siècle. […] À cette date, la défaite politique des classes aristocratiques en a rendu toutes les forces intellectuelles disponibles pour l’activité mondaine et littéraire. […] L’union de l’art antique et de la raison moderne dans les hautes intelligences littéraires a produit ce merveilleux épanouissement. […] Elles sont aussi son testament littéraire. […] La théorie littéraire qui est faite exactement à sa mesure, ce n’est pas celle de Boileau, c’est celle de Bouhours.

330. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

Son œuvre littéraire, expression de son individualité. […] L’argument est d’une valeur philosophique assez faible : mais sa puissance littéraire est grande. […] Les souvenirs lointains de la féodalité rurale se mêlent aux rêves littéraires d’un retour à la simplicité primitive, de l’âge d’or. […] Ses idées littéraires procèdent aussi de son tempérament. […] L’abbé Gosselin, Histoire littéraire de Fénelon, 1813. gr. in-8.

331. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

Jeunesse ; prison, exil ; succès mondains et littéraires. […] Étudions donc ici d’abord ces quarante années à peu près de travail littéraire, qui sont en même temps les « années d’apprentissage » de Voltaire (1715-1755). […] Mais il fut frappé plus encore du développement scientifique que de l’activité littéraire : sa curiosité vola de tous côtés, se portant de Newton à l’inoculation. […] Enfin il a des besoins d’esprit, qui lui font mettre les plaisirs sociaux et littéraires parmi les nécessités premières de la vie. […] Après, il se repose, contenu par Mme du Châtelet, diverti par ses travaux littéraires ou par ses ambitions de politique et de courtisan.

332. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

Le conte est un des genres littéraires les plus anciens que l’on sache ; il date de la plus haute antiquité. […] Pourquoi je commence l’étude du génie littéraire de La Fontaine par une étude de La Fontaine conteur ? […] Mais l’Eunuque est évidemment un exercice littéraire, ce n’est pas autre chose ; c’est le poète qui s’essaie, qui fait des gammes avant de se mettre décidément au travail. […] Il a toujours, (même dans ses fables), une telle préoccupation, je ne dirai pas critique, mais de théorie littéraire, que ses idées littéraires, que ses doctrines littéraires le suivent partout. […] La scène continue, avec moins de beauté littéraire.

333. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

Variétés littéraires, morales et historiques, par M.  […] M. de Sacy est un des hommes les plus estimés de la presse tant littéraire que politique, et il y a vingt-cinq ans qu’il y est sur ce pied-là. […] D’ailleurs, M. de Sacy ne s’est jamais donné comme un critique de profession, un critique complet, aspirant à tracer un tableau littéraire de son temps : il se borne à traduire avec feu et à nous livrer avec candeur une image de ses goûts intègres, de ses prédilections restées toutes sérieuses et probes. […] Ses articles littéraires (ainsi qu’autrefois ses articles politiques) rendent bien l’ensemble de son impression, le plein effet d’une lecture récente, d’une lecture dont on est encore tout chaud, et cela sans raffinement, sans s’amuser aux hors-d’œuvre, sans se détourner aux accessoires ; car il s’attache, en toute chose, au gros de l’arbre. […] Il a gardé du rédacteur politique ce mouvement qu’il porte dans l’exposé de ses impressions littéraires et qui donne du courant à son discours.

334. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

L’ouvrier littéraire ne s’est pas fait lui-même : il est le produit de l’éducation, et s’il s’est égaré en prenant sa voie qui n’est pas une voie, la faute en est d’abord à cette direction singulière qu’on nous donne et à la culture première que nous recevons. […] L’on sait, jusque dans la mêlée du combat, observer l’honneur littéraire, les délicatesses du métier. […] Quoi qu’il en soit, en fait l’ouvrier littéraire, dans son imprévoyance, se multiplie et pullule chaque jour ; son existence est devenue une nécessité, un produit naturel et croissant de cette vie échauffée qui se porte à la tête et qui constitue la civilisation parisienne. […] Si l’ouvrier littéraire ne s’aigrit pas en vieillissant et en grisonnant, c’est qu’il est bon de nature et un peu léger. […] La comparaison cloche toutefois : le militaire a pour lui l’avancement et les honneurs du grade : l’ouvrier littéraire, en général, n’avance pas ; il n’a pas de grade reconnu, même dans son ordre.

335. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

Les salons, et leur importance littéraire. […] Le caractère (et non la régularité, la noblesse, la généralité, éléments classiques de la beauté) doit être l’objet de l’imitation, de l’expression littéraires. […] Elle est trop littéraire. […] Ces œuvres étaient toutes pleines d’intentions littéraires ; elles voulaient agir sur le public par les sujets et par les idées que les sujets suggéraient, idées polissonnes chez Boucher ou Fragonard, idées voluptueuses ou morales chez Greuze, idées philosophiques chez Bouchardon. […] C’est la première fois que nous rencontrons une œuvre littéraire qui compte, et qui ait pour objet les beaux-arts.

336. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Eugène Fromentin ; Maxime du Camp »

Mais nous parlons des voyages pittoresques, individuels, artistiques ou littéraires, de ces dilettanti quelconques qui ont, sur tout, une phrase qu’on a vue quelque part au service de leurs impressions ou de leurs souvenirs. […] Même pour ceux qui inclinent avec le plus de curiosité vers ces lectures, toujours un peu badaudes, même pour ceux qui n’ont pas le mépris littéraire qui convient pour des livres écrits en courant et comme sous la dictée des choses matérielles, le voyage, en soi, est si peu de chose, qu’il ne vaut guères que par le voyageur qui le raconte et qui sait y imprimer cette personnalité que rien ne remplace lorsque l’auteur ne l’y met pas. […] … II C’est donc le voyage plus que le voyageur contre lequel s’inscrit la Critique littéraire. […] Le seul mérite du livre est de simplifier cette question de livres de voyages que nous avons traitée aujourd’hui, et qui, grâce à la multiplication des voyages, devient un fléau littéraire des plus menaçants. […] Ce que j’écris ici n’est pas littéraire, et n’a pas besoin de l’être, du reste.

337. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

Peut-être cela tient-il en partie à ce que le dernier mot de Moréas : « les écoles, c’est des bêtises » (il le savait, en ayant fondé deux ou trois) est entré dans la science littéraire ; le « manifeste » paraît bien aujourd’hui un genre mort. […] Dans une question d’histoire littéraire où l’imprimé foisonne, sa bibliographie va au hasard, ou plutôt elle est inexistante. […] Barre conduit son histoire, il eût trouvé l’occasion de mentionner des incidents de presse beaucoup plus significatifs : des campagnes littéraires à la Cocarde de Barrès (1894), celle entre autres de M.  […] Il y eût trouvé un tableau curieux et sincère du mouvement littéraire dans la jeunesse littéraire de 1898, — à condition, bien entendu, de n’être pas dupe, et de savoir interpréter un document naïf. […] Barre ni aucun vulgarisateur d’histoire littéraire, n’auraient pu écrire qu’il n’a rien ajouté au vers de Molière ni de La Fontaine.

338. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Autant de livres juridiques, autant de livres littéraires. […] On n’oublie ni Le Coq rouge, ni Le Magasin littéraire. […] Gourmont (Remy de). — Promenades littéraires. […] Bruxelles, Weissenbruch, 1901. — Pan ou l’Exil littéraire. […] Bruxelles, Lamertin, 1893. — L’Histoire littéraire.

339. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Introduction »

Tout cela est encore histoire des lettres, et le serait strictement resté malgré les incursions médicales les plus avancées6, si les nouveaux savants, fiers du titre arrogé, n’en avaient immédiatement tiré les conclusions suivantes : « Aujourd’hui que le roman s’élargit et grandit, qu’il commence à être la grande forme sérieuse, passionnée, vivante de l’étude littéraire et de l’enquête sociale, qu’il devient par l’analyse et la recherche psychologique l’histoire morale contemporaine, aujourd’hui que le roman s’est imposé les études et les devoirs de la science, il peut en revendiquer les libertés et les franchises » 7, et treize ans plus tard, Edmond de Goncourt insistait encore : « Ces libertés et ces franchises, je viens seul, et une dernière fois peut-être, les réclamer hautement et bravement pour ce nouveau livre écrit dans le même sentiment de curiosité intellectuelle et de commisération pour, les misères humaines » 8. […] Puisque, dirons-nous donc, la technique de toute une école littéraire s’est réclamée des « libertés et des franchises » de la science, et en particulier des droits du médecin, il n’est pas déplacé à la science médicale d’apprécier la mesure dans laquelle cette école a tenu ses promesses, compris ses devoirs professionnels, conduit ses investigations cliniques, justifié, enfin, les droits arrogés. […] De plus, nous ne nous sommes pas — en nos citations — exclusivement borné aux artistes relevant des manifestes réalistes et pratiquant ce Credo littéraire.

340. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre premier. Nécessité d’une histoire d’ensemble » pp. 9-11

Certes, il ne manque pas de livres très estimables qui sont consacrés à un homme, à une époque2, à une série d’écrivains ou au développement d’un genre littéraire. […] Une œuvre littéraire peut être comparée à une fleur ; la fleur dépend du rameau ; le rameau se rattache à une branche ; la branche se relie à un tronc ; nous sommes contraints, pour nous expliquer la fleur, de considérer l’arbre tout entier et le sol même où il a grandi. […] Georges Pellissier — intitulé : Le mouvement littéraire au dix-neuvième siècle.

341. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme au XVIIIe siècle » pp. 309-323

— une des grandes importances littéraires de ce temps-ci par l’action qu’ils ont exercée ; et il est facile d’expliquer leur succès et leur influence. […] Car tel a été le point de départ d’Edmond et Jules de Goncourt : — le xviiie  siècle et son histoire… Et non pas sa grande histoire, l’histoire de ses faits et gestes politiques, littéraires et sociaux, mais la petite histoire de sa petite société, de ses petites mœurs, de ses petites passions, de ses petits arts, à tout ce petit monde qui n’eut de grand que sa corruption. […] Mais tout en écrivant ces romans avec un procédé littéraire de pointillement dans le détail que je trouve inférieur, et qu’ils avaient pris dans le genre d’étude qu’ils avaient fait du xviiie  siècle, ils perdirent peu à peu le sentiment moral qui se révoltait souvent en eux contre le siècle même qu’ils aimaient tant, et dont ils n’avaient entrepris de faire l’histoire que parce qu’ils l’aimaient. […] Je cite rarement, mais il faut citer, pour que le Goncourt qui nous reste, le réaliste d’à présent, le jaloux de Zola, comprenne où est la vérité littéraire dans ce qu’elle a de plus profond, de plus pathétique et de plus grand, c’est-à-dire de plus moral. […] Ils auraient peut-être tort maintenant… Dans ce temps-là, ni l’un ni l’autre de ces Goncourt qui ont écrit le livre de La Femme au xviiie  siècle n’eût voulu descendre de cette conception littéraire, qui repousse l’ordure, l’observation, l’étude de l’ordure, comme indigne de l’esprit humain, et n’aurait voulu écrire La Fille Élisa !

342. (1880) Goethe et Diderot « Introduction »

Telle est la question, et ce n’est ni plus ni moins qu’une question de critique et de justice littéraires. […] Il est vrai qu’il s’agissait encore d’une victoire de l’Allemagne sur la France, de sorte que, littéraire ou non, cette étude sur Gœthe va paraître une vengeance toujours. […] Toujours est-il que rien de pareil ne s’était vu dans l’histoire littéraire, et même dans aucune histoire. « Un homme s’est rencontré », a dit un jour Bossuet en parlant de Cromwell, — voulant, par cette forme frappante, exprimer l’étonnement que lui causait l’élévation d’un homme bien moins étonnant, dans son ordre de faits, que Gœthe dans le sien. […] Rien n’y suffirait, ni la décadence littéraire de la France, qui n’avait, au commencement du siècle, de l’ancien esprit français (madame de Staël et Chateaubriand exceptés), que les dernières gouttes qui tombent du toit après la pluie, ni le besoin de nouveauté enfantine qui nous emporte vers toute chose nouvelle avec notre délicieuse frivolité séculaire, ni cette espèce de catinisme intellectuel toujours prêt à se donner au premier venu, — qui nous fit Anglais à la fin du xviiie  siècle, comme il nous avait faits Latins Grecs, Italiens et Espagnols, dans les siècles précédents, et qui, pour l’heure, nous faisait Allemands, en attendant que quelque autre littérature nous fît autre chose. […] Traduit et retraduit, commenté et recommenté, Goethe donne la sensation d’être pères à tous les chapons littéraires qui couvent des oeufs qu’ils n’ont pas pondus… La durée de sa gloire a donc pour garantie l’impuissance de ceux qui l’admirent.

343. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVIII. M. Flourens »

C’est un lettré qui reporte sur la science, pour en adoucir l’austérité et sans rien diminuer de sa beauté profonde, tout ce que le Génie littéraire peut donner à la pensée d’un homme, de clair, d’élégant et de doux. […] La fleur littéraire, qui n’est parfois qu’un brin de muguet, insinue son parfum dans ces livres de nomenclatures et de descriptions anatomiques qui devraient être si secs et parfois st nauséabonds pour tout ce qui n’a pas l’ardente et féroce curiosité du savoir, et cette petite odeur qui surprend là, mais qui plaît partout, invite les esprits les moins enclins à la science à prendre ces livres et à les ouvrir. […] C’est la sveltesse d’un style que le goût littéraire a dégagé et allégé jusqu’à la légèreté d’un Grammont ou d’un Matta, si de tels hommes avaient pu écrire sur les sciences. […] Il n’y a pas que le génie littéraire de Fontenelle, retrouvé au fond de sa fonction, comme une chose oubliée à sa place dans l’intérêt de son successeur. […] Flourens a le plus exhalé sa petite odeur de muguet littéraire, quand, de savant en savant, il est arrivé jusqu’à Guy Patin, cette excellente figure, ce Boileau Despréaux de la médecine, qui aurait donné très bien la monnaie de sa pièce à l’autre Boileau, le railleur de la Faculté.

344. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

Les causes perturbatrices peuvent être de bien des sortes, mais le résultat est le même : ralentissement ou abaissement de la production littéraire. […] Répétons, d’ailleurs, qu’à notre époque les idées marchent vite, la science se transforme sans cesse ; comment les écoles littéraires pourraient-elles échapper à ce mouvement continu ? […] La critique de notre temps a subi l’influence de cette maladie littéraire. […] La véritable critique et la véritable œuvre littéraire doivent également rechercher le sérieux et l’impersonnel. […] L’émotion esthétique se ramenant en grande partie à la contagion nerveuse, on comprend que les puissants génies littéraires s’attachent volontiers à vice représenter le plutôt que la vertu.

345. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français »

Ce n’est pas un reproche qu’on fait à Boileau, lequel n’était pas obligé de savoir l’histoire littéraire mieux qu’on ne la connaissait de son temps : Chez nos dévots aïeux le théâtre abhorré Fut longtemps dans la France un plaisir ignoré. […] Du Méril estime que « les six légendes que Hrotsvitha a mises en dialogue sont sans doute de véritables essais dramatiques imités de Térence, mais d’une imitation toute littéraire, sans aucune pensée de représentation : c’est un livre qui ne s’adresse qu’à des savants. » Et il s’applique à démontrer cette opinion. […] En fait, les théâtres littéraires étaient, il y avait beau jour, fermés au xe  siècle. […] Dans le volume intitulé : Études sur quelques points d’Archéologie et d’Histoire littéraire (Paris, librairie Franck, 1862). […] Origines littéraires de la France, par M. 

346. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

Sans donner aucune importance littéraire à cette statistique d’éditeur, rapprochons les quarante volumes qui enferment l’incessante et maintenant annuelle production de M.  […] Zola, dans un de ses derniers ouvrages, plaidoyer exclusivement littéraire, a pris soin, très amplement, de nous en fournir les matériaux. […] Zola, que de vouloir expliquer, et même expérimenter : erreur scientifique, erreur littéraire. […] Zola ne pouvait certes pas, en matière d’atavisme, prophétiser et devancer la science ; il eut, croyons-nous, le tort littéraire de vouloir la suivre sur ce terrain mouvant encore, et de s’y enliser. […] Hector Malot, en revanche, ne peut invoquer aucun alibi littéraire, ni tenter d’excuser la faiblesse de ses conceptions scientifiques en se retranchant derrière des qualités d’écrivain qui ne s’imposent réellement pas.

347. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre III : La littérature du xviiie et du xixe  siècle »

Son goût littéraire n’a pas eu de peine à s’affranchir des banales admirations qui se retranchaient sous la protection d’une fausse tradition. […] Enfin, si nous acceptions ce nouveau critérium littéraire, je ne vois guère que les sermonnaires qui pourraient y résister. […] Et ce n’est pas comme Chateaubriand la beauté poétique et littéraire du christianisme qui a touché Rousseau, c’est la beauté morale. […] Enfin, dans une histoire littéraire, je ne voudrais pas oublier qu’il est en quelque sorte l’auteur du renouvellement littéraire de notre pays. […] J’accorde donc qu’il y a de grandes époques littéraires, que le goût a ses révolutions et, ses décadences, que les époques politiques, scientifiques, industrielles, sont peu favorables à la beauté pure, que les langues se gâtent avec le temps, et qu’en général il n’y a qu’un temps où se rencontre une parfaite harmonie entre la forme et le fond, que ce sont ces époques que l’on appelle classiques, et que les autres s’approchent d’autant plus de la beauté qu’elles s’approchent de cet idéal.

348. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

On a voulu voir le premier exemple des journaux littéraires dans la Bibliothèque de Photius, et faire de lui l’inventeur des Éphémérides. […] Le Clerc indique, en passant, une quantité d’éphémérides historiques des Grecs qui ne sont pas plus des journaux proprement dits, destinés aux nouvelles publiques, que la Bibliothèque de Photius n’est un journal littéraire. […] Les véritables précédents des journaux littéraires sont dans la correspondance des savants du xvie  siècle et de leurs successeurs de Hollande. […] L’utilité et le jour qui en rejailliraient pour l’appréciation littéraire des époques qui semblent épuisées, ne paraissent point avoir été sentis. […] Mais c’est à dater de 89 surtout que les difficultés et les exigences du sujet se multiplieraient, et que le complet (littéraire et politique) deviendrait plus indispensable et plus insaisissable à la fois.

349. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Cette mesure de nouveauté et de retenue, il l’a tour à tour essayée dans la critique littéraire, et développée plus en grand dans l’histoire ; il n’a cessé de l’observer dans la pratique politique. […] Il voyait le monde dans l’intervalle de ses études, et côtoyait parfois quelques petits tourbillons renaissants de coteries littéraires, sans s’y trouver attiré. […] aucune prétention littéraire à proprement parler. […] Sa critique diffère essentiellement de celle de Chénier, dans la même forme concise du tableau, en ce que Chénier résume d’un trait le caractère littéraire d’un talent, et que M. de Barante résume d’un mot l’idée de ce talent. […] Sœur Marguerite se trouve au tome III des Mélanges historiques et littéraires de l’auteur (1835).

350. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

De là, dans l’histoire de Corneille par son neveu, dans celle de Racine par son fils, mille ignorances, mille inexactitudes qui sautent aux yeux, et en particulier une légèreté courante sur les premières années littéraires, qui sont pourtant les plus décisives. […] Il renonce assez volontiers à la prétention littéraire de juger les œuvres, de caractériser le talent, et s’en tient d’ordinaire là-dessus aux conclusions que le temps et le goût ont consacrées. […] Depuis 1620, époque où Corneille vint pour la première fois à Paris, jusqu’en 1636, où il fit représenter le Cid, il acheva réellement son éducation littéraire, qui n’avait été qu’ébauchée en province. […] Nous n’insisterons pas ici sur les détails de cette querelle, qui est un des endroits les mieux éclaircis de notre histoire littéraire. […] Les mœurs littéraires du temps ne ressemblaient pas aux nôtres : les auteurs ne se faisaient aucun scrupule d’implorer et de recevoir les libéralités des princes et seigneurs.

351. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Philarète Chasles » pp. 147-177

Fourrageur, batteur de buisson, — du buisson d’autrui, — chasseur de toute espèce de gibier, braconnier à la carnassière pleine, c’était une espèce de Bas-de-Cuir critique et littéraire ; seulement, le cuir du bas était… du maroquin bleu : car, ne vous y trompez pas ! […] À la place, j’y ai trouvé l’humeur peccante de la Libre-Pensée, et des passions qui ne sont plus la charmante passion littéraire. […] Obligé longtemps à travailler pour vivre, il avait, comme tant d’hommes littéraires, subi l’ignominieuse exploitation des sots. […] Et voilà le côté vulgaire qui me choque aujourd’hui dans Philarète Chasles, dans ce remueur d’idées, dans cet allumeur de réverbères sur tous les chemins de l’histoire littéraire, dans cet esprit enfin d’une verve, d’un entrain et d’une si pétulante initiative, si peu construit — nous en aurions juré !  […] Et comme l’attendrissement, qui est une mauvaise disposition critique, brouille la vue et mouille les lunettes, et empêche de voir ce qu’on regarde, je vais montrer, seulement sur le terrain littéraire, ce que Philarète Chasles a vu.

352. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

C’est à peine, sous le règne de Louis XV, si les salons littéraires commencent à s’ouvrir pour quelques représentants de la bourgeoisie opulente. […] Ses écrits ses professions de foi littéraires, le témoignage de ses amis semblent l’affirmer à l’unanimité. […] L’homme d’aujourd’hui n’a plus d’idéal religieux ; ni d’idéal artistique ou littéraire ; ni d’idéal politique. […] Leconte de Lisle ses ennemis littéraires. […] Il fût sans doute resté stupéfait devant cette phrase des Souvenirs littéraires de M. 

353. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Puis, il conclut gravement à la décadence littéraire ! […] Je voudrais qu’une Revue fût une sorte d’Année littéraire, mieux qu’une Année littéraire. […] Gérôme, empereur de la peinture française. — Comment procède la critique littéraire militante […] le souci de nos destinées littéraires ne semble pas le dévorer. […] Taine, lui, a la plus sereine insouciance de l’avenir, avenir littéraire ou autre.

354. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Post-scriptum sur Alfred de Vigny. (Se rapporte à l’article précédent, pages 398-451.) »

Louis Ratisbonne, exécuteur testamentaire et légataire de M. de Vigny pour les choses littéraires et poétiques, m’a fait savoir que mon article sur son ami lui avait déplu ; il me l’a témoigné autant qu’il a pu en faisant imprimer dans la Revue moderne du 1er avril 1866 une note de M. de Vigny à mon égard, trouvée dans ses papiers, non destinée assurément à la publicité, et de laquelle il résulte que le poète n’était pas absolument satisfait du premier Portrait de lui que j’avais tracé dans la Revue des Deux Mondes en 1835 : « S. […] Trop préoccupé du Cénacle qu’il avait chanté autrefois, il lui a donné dans ma vie littéraire plus d’importance qu’il n’en eut dans le temps de ces réunions rares et légères. […] Cela est possible, et j’ai tâché du moins que mon jugement littéraire définitif ne se ressentît en rien de cette variation de sentiments. […] Victor Hugo, et à côte de lui dans la sphère littéraire, est peut-être la plus à même aujourd’hui de bien juger M. de Vigny, l’ayant vu de tout temps et connu très anciennement dès les plus belles années : « J’ai lu et relu votre Étude sur de Vigny.

355. (1874) Premiers lundis. Tome I « Tacite »

Par bonheur pour l’aristarque, ses antécédents littéraires étaient irréprochables et le mettaient hors de soupçon ; jusque dans les paradoxes de M.  […] Dussault distingue d’abord chez les Anciens le fond et la forme, la partie technique et la partie littéraire : la première, selon lui, tombant complètement sous la prise du traducteur ; la seconde, lui échappant toujours plus ou moins. […] Ce ne fut guère qu’à la fin du XVIIIe siècle qu’on s’en écarta, et que la traduction devint une lutte véritablement littéraire, pleine de fatigue et d’honneur. […] Si l’on est attentif à l’impression littéraire qu’on éprouve à la lecture de Tacite, si on la dégage de tant d’autres émotions non moins vives qui la compliquent, voici ce qu’on observe, je crois.

356. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VII. De la littérature latine, depuis la mort d’Auguste jusqu’au règne des Antonins » pp. 176-187

De la littérature latine, depuis la mort d’Auguste jusqu’au règne des Antonins Après le siècle de Louis XIV, et pendant le siècle de Louis XV, la philosophie a fait de grands progrès, sans que la poésie ni le goût littéraire se soient perfectionnés. On peut observer une marche à peu près pareille depuis Auguste jusqu’aux Antonins, avec cette différence cependant, que les empereurs qui ont régné pendant ce temps, ayant été des monstres abominables, l’empire n’a pu se soutenir, l’esprit général a dû se dégrader, et un très petit nombre d’hommes ont conservé la force d’esprit nécessaire pour se livrer aux études philosophiques et littéraires. […] La multitude s’avilissait par la flatterie imitatrice des mœurs du tyran ; et le petit nombre des hommes distingués, communiquant difficilement entre eux, ne pouvaient établir cette opinion critique, cette législation littéraire, qui trace une ligne positive entre l’esprit et la recherche, entre l’énergie et l’exagération. Sous la tyrannie des empereurs, il n’était ni permis ni possible de remuer le peuple par l’éloquence ; les ouvrages philosophiques et littéraires n’avaient point d’influence sur les événements publics.

357. (1897) La crise littéraire et le naturisme (article de La Plume) pp. 206-208

La crise littéraire et le naturisme Nous sommes en pleine crise littéraire, et le public n’en ignore plus l’existence, s’il ne peut en juger encore toute la portée et l’étendue. […] Il serait donc ridicule de vouloir tenter a priori une révolution dans la forme littéraire. […] La crise littéraire ne peut pas être résolue par l’archaïsme.

358. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVII. Conclusion » pp. 339-351

Si l’on a bien dans la mémoire l’ensemble des œuvres du comique français, on discerne sans peine l’élément important que lui a transmis la double veine, littéraire et populaire, de l’art italien ; élément important, non par le fonds des idées satiriques et morales, mais par l’abondance des moyens d’expression ; élément en quelque sorte matériel, artificiel, mis à la disposition du grand ouvrier. […] Elles apprennent encore à ne point désespérer d’une époque parce qu’elle n’enfante point des œuvres artistiques ou littéraires de premier ordre : elle les ébauche, elle les rend possibles, elle les prépare peut-être. […] L’humanité n’a pas dit son dernier mot ; sur notre sol ou dans d’autres régions, un grand siècle littéraire succédera aux grands siècles littéraires du passé.

359. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Leopardi »

Leopardi35 I Si son nom disait vrai, à celui-là, au lieu d’un triste-à-pattes, ce devrait être un terrible-à-griffes littéraire ; car il s’appelle Leopardi ! […] Son traduit, dans l’ordre littéraire, est à peu près ce qu’est son petit, dans l’ordre sentimental et paternel. […] C’est un triste-à-pattes littéraire. […] Je dis littéraire : je ne dis pas poétique.

360. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Mais, à coup sûr, au point de vue littéraire, c’est une étude stérile. […] Paulin Paris dans l’un des derniers volumes parus de l’Histoire littéraire de la France. […] Il est bien évident que les monuments de l’histoire littéraire sont la substance et le fond de toute étude de ce genre. […] Mais enfin, ces sortes de menus détails appartiennent plutôt à l’histoire littéraire qu’à l’histoire même de Molière. […] Max Müller qu’une langue littéraire serait purement et simplement « un monstre ».

361. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Ponsard » pp. 301-305

Ponsard vient de prononcer son discours de réception, a été une des mieux remplies et à la fois des plus complètement littéraires qu’on ait vues depuis longtemps. […] Ponsard me permettre aussi d’ajouter que sur Goethe et les Allemands, tout en ayant raison peut-être dans le cas particulier, il n’a pas été juste pour l’ensemble : Goethe est un si vaste esprit et un critique d’un ordre si élevé, qu’il est mieux de ne pas prononcer son nom dans une grande assemblée littéraire que de ne l'amener uniquement que pour y rattacher une raillerie et un sourire. […] Ponsard, par les sources où son talent s’inspire ; il a montré comment le succès de cette chaste et sobre Lucrèce, qui est une date littéraire, était préparé d’avance et vaguement désiré, par suite des fatigues et des ennuis dus aux excès d’un genre plus turbulent.

362. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

Alors coexistent en beaucoup d’hommes des préoccupations scientifiques et des visées littéraires. […] Dans les moments où l’esprit littéraire prédomine et prend plus que sa part, l’exactitude est victime de la rhétorique et des effets de style. […] Il n’en faut pas davantage pour renouveler les méthodes appliquées à des branches d’études qui passaient autrefois pour être presque exclusivement littéraires. […] § 4. — J’ai montré quel entrecroisement de causes et d’effets relie étroitement le développement scientifique et le développement littéraire d’une société. […] Si l’on regarde les œuvres littéraires du temps, qu’y trouve-t-on ?

363. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Émile Zola »

Cet homme, à qui on put croire du tempérament littéraire, qui peignit dans sa Thérèse Raquin — un livre qu’il ne recommencera pas !  […] C’est un réaliste de la dernière heure, — un Manet littéraire. […] Le Titan littéraire s’aplatit ; il a senti le petit souffle qui faisait lever le poil sur le corps endommagé du pauvre bonhomme Job. […] que la question reste littéraire ! […] L’esprit de l’homme a parfois de ces renversements… Mais, pour nous, sans illusion et qui nous maintenons littéraire, il n’y a, dans le roman réaliste de M. 

364. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803 » pp. 2-15

L’Académie française a mis au concours l’Éloge de Chateaubriand, et elle a bien fait : c’est le plus grand sujet littéraire du xixe  siècle, et la mort l’a fixé et refroidi depuis un temps suffisant. […] Joubert : l’amateur littéraire le plus délicat, le consultant le plus fin, le plus exquis et le plus sûr. […] Il en existe trop peu de semblables ; je ne sais même si, dans les annales littéraires, on trouverait à en citer une autre de pareille valeur pour l’étendue, l’intimité et l’exactitude. […] Et il me prend, à cette occasion, l’idée d’exposer une fois pour toutes quelques-uns des principes, quelques-unes des habitudes de méthode qui me dirigent dans cette étude, déjà si ancienne, que je fais des personnages littéraires. […] P. de Raynal, bien connu des hommes de sa génération pour la distinction de ses goûts littéraires, et aujourd’hui avocat général près de la Cour de cassation. — La lettre que j’indique et qui paraît pour la première fois se trouve au tome Ier, page 106.

365. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Appendice sur La Fontaine »

Walckenaer, d’exposer avec précision quelles furent, selon nous, l’éducation et les études de La Fontaine, quelles sortes de traditions littéraires lui vinrent de ses devanciers, et passèrent encore à plusieurs poëtes de l’âge suivant. […] Ainsi introduit à la cour et dans le grand monde littéraire, il y paya sa bienvenue en sonnets, ballades, rondeaux, madrigaux, sixains, dizains, poëmes allégoriques, et put bientôt paraître le successeur immédiat de Voiture et de Sarasin, le rival de Saint-Évremond et de Benserade ; c’était le même ton, la même couleur d’adulation et de galanterie, quoique d’ordinaire avec plus de simplicité et de sentiment. […] A ne les considérer que sous le côté littéraire, il est permis de soupçonner que Boileau et La Fontaine n’avaient peut-être pas tout ce qu’il fallait pour s’apprécier complétement l’un l’autre ; ils représentaient, en quelque sorte, deux systèmes différents, sinon opposés, de langue et de poésie. […] On connaît assez les principes et les préceptes de notre législateur littéraire. […] Colletet avait été l’un des cinq auteurs qui formaient le conseil littéraire de Richelieu ; et, grâce aux largesses du cardinal, il avait pu acheter dans le faubourg Saint-Marceau, tout à côté de l’ancien logement de Baïf, une maison que Ronsard avait autrefois habitée ; circonstances glorieuses qu’il ne se lassait pas de remémorer.

366. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Victor Vousin. Cours de l’histoire de la philosophie moderne, 5 vol. ix-18. »

Cousin a pris soin de compléter et d’orner, avec sa curiosité littéraire actuelle, ses vues fidèlement reproduites d’alors : des biographies neuves donnent la main aux analyses ; il en résulte pour des parties entières de ce Cours (je demande pardon du terme de l’éloge) un ensemble tout à fait charmant. […] La publication présente a des portions considérables qui satisfont à un de nos vœux les plus anciens et les plus chers : le talent littéraire de M.  […] Pourquoi ne dirai-je pas que, tout à côté d’ici263, la plume excellente de notre ami M. de Sacy est, à sa manière, douée de qualités littéraires également fermes et sûres ? […] Cousin qui revient également sur ses premières traces, pour les fixer et pour se perfectionner, selon le cachet des talents véritablement littéraires. […] De celui-là, qui échappe pour le moment à l’appréciation littéraire, mais qu’une curiosité respectueuse ne saurait, même à ce seul titre, s’empêcher de suivre en silence et d’observer, il me suffira de dire qu’il a eu cela de particulier et d’original, que, trempé encore plus expressément par la nature pour les luttes et pour les triomphes de l’orateur, il y a de plus en plus aguerri et assoupli sa parole : cette netteté, ce nerf, cette décision de pensée et d’expression qu’il a sans relâche développés et qu’il porte si hautement dans les discussions publiques, toutes ces qualités ardentes et fortes, il semble que ce soit plutôt l’orateur encore qui, chez lui, les communique et les confère ensuite à l’écrivain ; et si l’on pouvait en telle matière traiter un contemporain si présent comme on ferait un grand orateur de l’antiquité, on aurait droit de dire à la lettre que c’est sur le marbre de la tribune, et en y songeant le moins, qu’il a poli, qu’il a aiguisé son style.

367. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Préface de la seconde édition » pp. 3-24

Préface de la seconde édition J’ai cru devoir répondre, dans les notes de la seconde édition de mon ouvrage, à quelques faits littéraires allégués contre les opinions qu’il renferme. […] J’ai cité, dans les notes ajoutées à cet ouvrage, les autorités sur lesquelles j’ai fondé les opinions littéraires qu’on a attaquées1 : je me bornerai donc, dans cette préface, à quelques réflexions générales sur les deux manières de voir en littérature, qui forment aujourd’hui comme deux partis différents, et sur l’éloignement qu’inspire à quelques personnes le système de la perfectibilité de l’espèce humaine. […] L’on peut remarquer aujourd’hui, parmi les littérateurs français, deux opinions opposées, qui pourraient conduire toutes deux, par leur exagération, à la perte du goût ou du génie littéraire. […] Sans doute, je n’ai cessé de le répéter dans ce livre, aucune beauté littéraire n’est durable, si elle n’est soumise au goût le plus parfait. […] Il est peut-être à propos de remarquer que les hommes qui, depuis quelque temps, forment un tribunal littéraire, évitent, en citant nos meilleurs auteurs français, de nommer J. 

368. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VII. La littérature française et les étrangers »

Les Correspondances littéraires : Melchior Grimm. […] Ainsi c’est par l’Angleterre que commence cette universelle domination de l’esprit français, qui sera l’un des faits les plus considérables de notre histoire littéraire et sociale au xviiie  siècle. […] Cependant il serait vrai, je crois, de dire que si beaucoup d’œuvres particulières des écrivains anglais furent chez nous en crédit, aucun mouvement considérable n’a son réel point de départ en Angleterre : nous trouvons dans le courant de notre littérature même, dans les transformations de l’esprit public et des mœurs sociales, dans l’apparition enfin de certaines originalités individuelles, les raisons essentielles de l’évolution du goût et des formes littéraires. […] Il y avait d’abord les correspondances littéraires, manuscrites comme celles de Grimm, imprimées comme celles de Métra. La Correspondance de Grimm590 est le chef-d’œuvre du genre : les princes qui s’y étaient abonnés sous la promesse du secret absolu, recevaient chaque mois toutes les nouvelles littéraires, dramatiques, philosophiques, politiques, mondaines, le jugement et l’analyse de toutes les publications importantes, le journal détaillé en un mot de la vie de Paris, avec laquelle ils restaient ainsi en communication constante.

369. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre premier. Mme de Staël »

Mme de Staël1 I C’est incontestablement la première femme littéraire du xixe  siècle. […] Elle y fait tête d’homme, sous son turban, comme un Mameluk… C’est une espèce de grenadier bas-bleu des compagnies d’élite du Bas-Bleuisme littéraire. […] Elle a fait plusieurs espèces de livres, soit des romans, comme Delphine et Corinne, soit des livres d’histoire et de politique, comme les Considérations sur la Révolution française, soit de philosophie morale, comme l’Influence des passions, soit de critique littéraire, mêlée de philosophie et de métaphysique, comme l’Allemagne ; et dans tous ces divers ouvrages, on trouve une écrivain d’un prodigieux talent. […] mais en métaphysique et dans la critique littéraire, elle manque de principes arrêtés, du haut desquels on regarde les choses ; elle ne sait juger définitivement ni les œuvres, ni les systèmes. […] Les femmes nées presque toutes pour le récit, quand elles sont littéraires, peuvent raconter avec beaucoup de charme, depuis celles qui font des contes aux enfants jusqu’à celles qui en font aux hommes.

370. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Sahara algérien et le Grand Désert »

Puisqu’on a songé à le donner aux divers écrits de Daumas, qu’on nous permette de dire quelques mots sur cette espèce de panoplie littéraire, faite avec des livres beaux et étincelants comme des armes, et qui devront tenir une si noble place dans la littérature historique et militaire de notre temps. […] Je veux parler d’un talent de style très brillant et très littéraire, lequel, se rencontrant avec éclat sous la plume d’un officier qui n’a pas le temps d’être artiste, étonna beaucoup tout le monde, — du moins tous ceux qui ne savent pas ce que l’esprit militaire cache d’aptitudes et de puissances, et de quelles forces il arme un homme (c’est le mot ici) quand il est profond. […] Il n’avait pas une idée allemande, il est vrai, et sur laquelle les Schlegel pussent faire un livre ou un système ; mais c’était un esprit droit, positif, sagace, tout-puissant d’habileté, de ce grand sens qui, s’élevant d’un degré de plus, serait le génie, et qui, comme la dit Bonald, doit en remplir les interrègnes… Eh bien, la Critique littéraire a toujours un peu traité les capacités militaires comme madame de Staël traitait Wellington ! […] un Horace Vernet littéraire ! […] En sa qualité de peintre littéraire, Daumas va plus au fond des hommes et des mœurs qu’il nous retrace, et il les éclaire plus intimement sous tous leurs aspects, que le peintre plastique avec lequel il a une si grande analogie.

371. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

De temps en temps, une Revue, à laquelle il faut rendre cette justice qu’elle n’a pas cessé d’être littéraire quand la littérature véritable, la littérature désintéressée n’avait pas une pierre pour reposer sa tête, L’Artiste, publiait des vers charmants à faire presque croire qu’Alfred de Musset vivait toujours… Ces vers, qui, d’ailleurs, ne jouaient ni au pastiche, ni au mystère, ces vers sincères, étaient sincèrement signés de ce nom euphonique de Saint-Maur, qui, du moins, n’écorchera pas la bouche de la gloire, si cette renchérie se donne la peine de le prononcer ! […] Il y avait aussi, payant pour plusieurs, Roger de Beauvoir, le plus brillant des boute-en-train littéraires, ce Roger Bontemps qui n’a pas duré (hélas ! […] Quand donc trouverai-je enfin un poète qui préserve la naïveté de sa source, la pureté de son inspiration par la plus heureuse des ignorances, et qui ne soit pas littéraire dans une époque de vieille civilisation bien plus littéraire que poétique ? […] , mais il n’a jamais eu les tristesses voulues d’une époque aussi artificielle dans ce qu’elle appelait son inspiration que violente à froid dans ses procédés littéraires, et qui fit art jusque des larmes.

372. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Raymond Brucker » pp. 27-41

Ses livres sont lus, et l’Histoire littéraire a magnifiquement enguirlandé la niche d’homme célèbre où il perche sur un piédestal. […] Brucker, c’est autre chose, il n’a encore qu’une célébrité contestée, et il faut l’avoir touché dans la vie littéraire pour savoir quelle flamme peut tout à coup jaillir de cette nature de naphte, de ce volcan intellectuel. […] A propos du Maçon, retouché par cet esprit que la religion a retouché aussi jusque dans le fond et le tréfond de son être, il est peut-être curieux et piquant d’esquisser à traits pressés une vie singulière, que les Mémoires du dix-neuvième siècle ne donneront pas, et qu’en bonne conscience l’Histoire littéraire de cette époque ne pourrait décemment oublier. […] Il faut excepter Balzac, qui n’y écrivit pas : hasard étrange pour qui connaît, comme nous, l’ubiquité littéraire de Balzac. […] Incorrigiblement littéraire à travers ses travaux de parole, il publiait les Docteurs du jour, un livre qui eut un grand succès de jeunes gens et de séminaire et devant lequel la presse eut l’injustice ou la petite rouerie, si connue, du silence.

373. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Toute plaisanterie contre le pouvoir peut être fort courageuse, mais n’est pas littéraire. […] Déjà ceux de ses membres que je respecte avec le public sont honorés à cause de leurs ouvrages, et non pour le vain titre d’académicien qu’ils partagent avec tant de nullités littéraires. […] Ce sont des hommes qui depuis 1789 n’ont pas admis une idée nouvelle ; et ce qui achève de déconsidérer leurs doctrines littéraires, c’est qu’ils sont enchaînés par le caissier du journal. […] Ainsi que dans les cabinets littéraires de la rue de l’Odéon, on y lit bien plus La Harpe que Racine et Molière. […] Les Classiques sont en possession des théâtres et de toutes les places littéraires salariées par le Gouvernement.

374. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis de Belloy »

Dans cette incessante variabilité des modes et des vogues littéraires, les traductions, notamment, sont chose essentiellement relative et provisoire ; elles servent à l’éducation des esprits, elles en sont la mesure, et il n’y a rien d’étonnant qu’à un moment venu, ils s’en passent on en veuillent d’une autre sorte et d’une autre marque. […] J’ai vécu de bien des vies littéraires ; et j’ai passé de douces heures d’entretien avec des hommes instruits de plus d’une école : il me semblait que j’étais de la leur, tant que je causais avec eux. […] La critique littéraire, par ses progrès mêmes et en marquant de traits de plus en plus distincts et individuels le caractère des talents originaux, a dégoûté des copies ambitieuses et a découragé les émules. […] Entré jeune dans la vie littéraire sous l’astre orageux de Balzac (l’auteur assurément qui ressemble le moins à Térence), M. de Belloy a sauvé de cette influence caniculaire son originalité, une manière de sentir à lui, modeste, discrète, délicate. […] Pour nous tous, qui sommes déjà d’autrefois, pour ceux qui, comme nous, ont été nourris des lettres dès l’enfance et qui sont plus volontiers critiques qu’artistes, plus des hommes de livres que des curieux de marbres et de statues, ce sont nos figures préférées, nos formes à nous, toutes poétiques et littéraires, lesquelles aussi, comme les trois ou quatre beaux groupes antiques conservés, nous apparaissent toutes les fois que nous regardons en arrière et décorent nos fonds de lectures et de souvenirs.

375. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

La langue doit aussi se fixer difficilement, lorsqu’il existe diverses universités, diverses académies d’une égale autorité, sur les questions littéraires. […] La communication habituelle de tous les hommes distingués, leur réunion dans un centre commun, établit une sorte de législation littéraire, qui dirige tous les esprits dans la meilleure route. […] Le vrai talent a peine à se reconnaître au milieu de cette foule innombrable de livres : il parvient à la fin, sans doute, à se distinguer ; mais le goût général se gâte de plus en plus par tant de lectures insipides, et les occupations littéraires elles-mêmes doivent finir par perdre de leur considération. […] Les Allemands n’ont point une patrie politique ; mais ils se sont fait une patrie littéraire et philosophique, pour la gloire de laquelle ils sont remplis du plus noble enthousiasme. […] Les odes de Klopstock, les tragédies de Schiller, les écrits de Wieland, le théâtre de Kotzebue, etc., exigeraient plusieurs chapitres, si l’on voulait approfondir leur mérite littéraire ; mais ce travail, comme je l’ai déjà dit, ne pouvait entrer dans le plan général de mon ouvrage.

376. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens III) Henri Rochefort »

Ce n’est là qu’un exercice littéraire qui ne tire point à conséquence. […] Rochefort la plus cruelle injure que de prendre son œuvre de journaliste pour une série d’exercices littéraires, car ces exercices ont fait et feront peut-être encore couler du sang. […] Souvent, les impressions littéraires et autres qu’il m’est arrivé de traduire ici, je ne sais pas trop si je les ai écrites parce que je les éprouvais, ou si je les ai éprouvées parce que je les avais écrites… Il se pourrait que le cas de M.  […] Il serait perdu d’honneur, j’entends d’honneur littéraire. […] Et vraiment, quand je disais tout à l’heure qu’il n’y avait rien autre chose dans son fait que le développement d’un tempérament littéraire, je me trouvais affirmer, par un détour, sa sincérité.

377. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre III. Contre-épreuve fournie par l’examen de la littérature italienne » pp. 155-182

L’histoire littéraire nous en donne une éclatante confirmation : au lieu d’une période de lente élaboration (dramatique), Pétrarque s’élance d’un bond dans un monde nouveau. […] Pour la question d’évolution littéraire qui nous occupe spécialement ici, j’avoue être encore indécis, sans y voir toutefois de grosse difficulté. […] L’explication est-elle à chercher à la fois dans le caractère italien, dans la vision plastique et passionnée, dans une sorte de compensation pour la pauvreté de l’épopée et du drame, et, en certains cas, dans une faiblesse de l’invention littéraire ? […] Sans doute, des artistes tels que D’Annunzio, Pascoli, Panzacchi, Graf relèvent surtout du lyrisme, mais ce sont là des épigones ; la floraison littéraire est celle du roman avec De Amicis, Fogazzaro, Farina, Verga, Mathilde Serao, Grazia Deledda. […] Mais d’autre part l’Italie participe à la crise sociale, intellectuelle et morale que notre civilisation traverse en ce moment et dont l’expression littéraire est surtout dramatique ; elle est soumise ainsi à des influences qui sont en conflit avec le développement national.

378. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Ce n’est pas de sa part pruderie littéraire, c’est tout simplement couardise politique. […] Il a démoli à coups de chiquenaudes les théories littéraires de M.  […] Louis XI est dans la vie littéraire de M.  […] La forme littéraire n’est pas non plus sans importance. […] On sait que le Conservateur littéraire était rédigé par MM. 

379. (1887) Essais sur l’école romantique

Voilà, si je ne m’abuse, la devise de l’éclectisme littéraire. […] Le sens populaire est le meilleur : ramenons-y sagement les théories littéraires. […] C’est que, dans le Livre saint, on n’aperçoit pas trace d’école, ni de législation littéraire. […] « Telle est l’histoire exacte de mes opinions littéraires. […] Victor Hugo, et qui est-ce qui le craint, au sens littéraire, bien entendu ?

380. (1922) Gustave Flaubert

Il a fait l’éducation littéraire de sa sœur Laure. […] Et c’est le cas aussi pour l’amour littéraire de Flaubert. […] Il va à l’expression littéraire de ce dégoût. […] Puis de grandes rages littéraires. […] Flaubert est le grand grognard de la Grande Armée littéraire.

381. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLVIII » pp. 188-192

Parmi les autres candidats qui se lèvent et qui pourraient prêter à quelques remarques littéraires, on est en peine entre M. […] Aimé Martin a débuté dans le monde littéraire il y a plus de trente ans par les Lettres à Sophie sur la mythologie, la chimie ; c’était le genre de Demoustier appliqué aux sciences. […] La plupart des écrivains les plus lus, les plus connus du public, ceux que les lecteurs qu’ils ont si souvent charmés ou amusés nommeraient d’emblée et tout naturellement aux honneurs littéraires, manquent par malheur dans leur vie de cette considération et de cette consistance qui font qu’on soit à sa place partout.

382. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 348-354

Il a eu beau dire que le goût & la gloire des Lettres étoient intéressés à cette sévérité ; que les défauts des Auteurs célebres sont beaucoup plus dangereux que ceux des Auteurs médiocres, qu’on n’est jamais tenté de prendre pour modeles ; qu’il est essentiel d’arrêter les usurpations des Tyrans littéraires, qui abusent de leur réputation pour renverser les Loix & faire respecter jusqu’à leurs écarts : de pareilles raisons ne sauroient justifier ces attentats toujours impardonnables, si on fait attention aux génies qu’ils attaquent. […] Freron le fils est peu jaloux de ces prérogatives, puisque dans la continuation de l’Année Littéraire, il s’efforce de marcher constamment sur les traces de feu M. son pere. […] Voyez l’Année Littéraire, 1754, tom. 3.

383. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Saint-Marc Girardin »

Il entassait comme des ballots tous ces livres de pacotille et d’imitation vaniteuse que l’Amérique, cette société démocratique et mercantile, qui se croit une littérature parce qu’elle fait de la production littéraire, a publiés depuis quelques années avec un redoublement d’ardeur, et, de cette plume éclatante, amoureuse du beau et trompée, qui se vengeait alors, il écrivait une méprisante étiquette sur toute cette marchandise littéraire destinée à s’avarier si vite sur le chemin de la postérité. […] Mais, on n’a pas besoin de le dire, Lerminier comme Rémusat, quelle que soit l’énergie intellectuelle qu’ils possèdent encore, appartiennent tous les deux à un mouvement d’idées qui eut son jour, à une phase littéraire et philosophique qu’on peut regarder comme fermée, et à laquelle, nous le répétons, on ne voit rien succéder.

384. (1892) Boileau « Chapitre VI. La critique de Boileau (Fin). La querelle des anciens et des modernes » pp. 156-181

Cette doctrine ne repose pas sur une profonde métaphysique : ce n’est à proprement parler qu’un positivisme littéraire. […] La réduction de la beauté et de l’idéal littéraire à la vérité et à la nature, et du plaisir à la raison, c’est-à-dire au général, le sentiment de l’inaltérable identité de l’esprit humain correspondant à la confiance du savant en sa raison, la condition d’universalité objective et formelle imposée à la poésie, correspondant au principe de la permanence des lois de la nature, l’indépendance de la raison universelle maintenue sous l’autorité du consentement universel, la notion enfin de la vraisemblance, équivalent littéraire de l’évidence mathématique : tout cela est bien conforme à l’esprit de Descartes, et l’Art poétique fait l’effet de n’être qu’une transposition des idées cartésiennes. […] Il annonçait l’intention de passer en revue tous les arts, toutes les sciences et tous les genres littéraires : architecture, sculpture, peinture, astronomie, géographie, navigation, physique, chimie, mécanique, éloquence, poésie ; et dresser le bilan des progrès de l’esprit humain. […] Lisez la Septième Réflexion sur Longin et la Lettre à Perrault, vous y verrez Boileau, pressé d’échapper à l’argumentation de Perrault, introduire dans sa doctrine une notion nouvelle et bien inattendue, celle du temps et du développement successif et continu des formes littéraires, et chercher s’il n’y a pas quelque explication rationnelle de la richesse des genres et de la beauté des œuvres, en dehors et à côté du génie individuel, imprévu, indéterminé, inexplicable. […] Boileau ne le fit pas, et n’alla point au-delà des idées littéraires proprement dites : il ne regarda point les réalités psychologiques qui se cachent derrière ces abstractions, une langue, un genre : il n’y vit point les expressions de ces consciences collectives qu’on appelle des peuples, et ne se rendit pas compte que chaque nation façonne sa langue à son image, et que l’apparition et la disparition, la perfection et la décadence de ces formes organiques qui sont les genres, représentent la succession des états d’âme, la diversité des aptitudes intellectuelles et des aspirations morales des divers groupes de l’humanité.

385. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

La meilleure, la plus fine critique à faire sur les premiers et grands ouvrages littéraires de M. de Chateaubriand, se trouverait encore dans les Lettres et les Pensées de M.  […] Dans les deux années qui avaient précédé (1800-1803), il s’était formé autour de Mme de Beaumont une petite réunion dont il a été parlé souvent, qui fut bien courte de durée, mais qui eut vie et action, et qui mérite de garder une place à part dans l’histoire littéraire. […] Il y avait les cercles philosophiques et littéraires de Mme Suard, de Mme d’Houdetot, celui de l’abbé Morellet (que tenait sa nièce, Mme Chéron) ; là dominaient, à proprement parler, les gens de lettres et les philosophes, continuateurs directs du dernier siècle. […] Le goût, pour lui, est la conscience littéraire de l’âme. […] Vauvenargues, par ses Pensées et ses Caractères littéraires, est venu ensuite.

386. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

Boullée ; voyons s’il n’y a pas à ajouter, à retrancher peut-être quelque chose à ce qu’il dit du d’Aguesseau littéraire, et à faire entrer aussi dans l’idée générale de l’homme quelques traits essentiels que le biographe a jugés incompatibles avec l’ensemble du caractère, et qui, selon moi, ne le sont pas. […] Tel est, aux bons endroits, le mérite littéraire et moral de d’Aguesseau. […] La correspondance qu’il entretint durant ces années, et les ouvrages qu’il composa, nous le peignent bien dans toute la vérité de sa nature morale et littéraire. […] Dans les Instructions contenant un plan général d’études à l’usage de son fils, et qui sont datées de Fresnes, mais d’une date antérieure à ses exils, on saisit d’Aguesseau au complet avec tous ses goûts, ses principes et ses jugements littéraires régulièrement exposés. […] Saint Augustin est de moitié avec lui dans ce péché littéraire.

387. (1905) Propos littéraires. Troisième série

C’est l’histoire d’une anarchie littéraire que nous allons étudier cette année. […] La Pléiade fut pour lui une insurrection littéraire. […] Cela peut, çà et là, attirer l’attention de l’historien littéraire. […] Il méprisait même infiniment les discussions littéraires et les dissertations littéraires, ou plutôt y répugnait naturellement. […] Laissons tranquille la terminologie littéraire.

388. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

On instruit un procès d’incorporation au Grand Être littéraire. […] Elle figure une impression picturale plutôt qu’elle n’indique une impression littéraire. […] Et sa description littéraire stylise dans le même sens. […] Le terme de peinture littéraire s’emploie toujours en mauvaise part, celui de littérature plastique non. […] Rien ici de cette égalité puissante qui existe entre l’histoire littéraire et la critique littéraire, fait dépasser même la première par la seconde, — rien d’analogue aux noms de Sainte-Beuve, de Brunetière, de Lemaître.

389. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XIV. Moralistes à succès : Dumas, Bourget, Prévost » pp. 170-180

Le projet de présenter par des illustrations littéraires non plus des réponses mais des questions de morale sociale n’est pas nécessairement répréhensible. […] Le roman n’est-il pas advenu aujourd’hui à une élasticité telle que toute forme de projection littéraire s’y puisse poser ? […] Mais, ni par l’érudition, ni par le sens historique, ni par le don si rare de connaissance, d’expertise littéraire, ni par le prix de son style, il ne fut un grand critique. […] Paul Bourget prie qu’on n’étende pas à tout un genre littéraire les réserves que ses défauts à lui peuvent mériter.

390. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pierre Dupont. Poésies et Chansons, — Études littéraires. »

Pierre Dupont Poésies et Chansons, — Études littéraires. […] Hégésippe Moreau, le Villon solitaire de cette époque impie, ce truand qui est quelquefois délicat comme une jouvencelle, ne serait point compté dans l’histoire littéraire, s’il ne s’était pas affranchi de la politique et de l’imitation de Béranger, qui furent sa double balbutie, par quelques pièces, éternelles et humaines, d’un accent profond comme la misère, la convoitise et la faim ! […] Si nous en croyons le volume que l’auteur des Poésies et Chansons appelle les Études littéraires et qu’il nous donne comme les essais de sa muse juvénile, on voit que M.  […] Mais, je veux le lui répéter en finissant, la première condition de cet affranchissement que je souhaite, c’est le renoncement aux idées que je trouve dans la préface des Études littéraires et qui montrent bien à quel point le lettré diminue et gâte le paysan.

391. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Catulle Mendès est une figure littéraire fort intéressante. […] Catulle Mendès (Justice), c’est la forme littéraire dont il a su la revêtir. […] [Entretiens politiques et littéraires (mai 1891).] […] [La Vie littéraire (1893).] […] [Entretiens politiques et littéraires (25 mars 1893).]

392. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’avenir du naturalisme »

En un mot, l’identification du point de vue scientifique de Claude Bernard et du point de vue littéraire de Zola est absolue. […] La méthode littéraire de Zola, aussi bien que la méthode scientifique de Claude Bernard, se déduit d’une conception purement matérialiste de la vie et du monde. […] L’indifférence apparente de Zola, à l’égard de ses nouveaux adversaires, ne fit que redoubler la haine de ceux-ci, qui ne virent en lui qu’un grossier manœuvre littéraire. […] Léo Quesnel (Revue politique et littéraire, 16 février 1884). […] Réponse à l’Enquête sur l’évolution littéraire de M. 

393. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Les mœurs littéraires ont changé. […] Pour beaucoup de gens, vie de bohème et vie littéraire sont synonymes. […] Ces habitudes d’herborisation littéraire expliquent l’évolution de son talent. […] Faire l’histoire de cette publication serait faire l’histoire littéraire de toute une époque. […] Il eut cependant bien des ennemis littéraires, surtout parmi les jeunes.

394. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

De mémoire dans l’histoire littéraire de son temps, il en aurait pu laisser une grande, élevée et pure. […] La faute ou le crime littéraire, voilà ce que nous voulons prendre exclusivement à partie dans l’auteur des Contemplations. […] ou bien, indépendamment des ressources de cette organisation privilégiée, y aurait-il quelque autre cause dont la Critique doive tenir compte et l’histoire littéraire se souvenir ? […] C’est là une question littéraire facile à résoudre comme une question d’arithmétique. […] Sainte-Beuve, par amour pour les gens littéraires, ou, comme M. de Lamartine, pour quelque motif douloureux… Encore une fois, seul M. 

395. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Les esprits jeunes, poétiques, exclusivement littéraires, les esprits plus ou moins féminins et non critiques, lui donnaient raison aussi par leur émotion. […] Cela sentait, des pieds jusqu’à la tête, le rhumatisme littéraire, la migraine poétique, dont le poète avait déjà décrit les pointillements aux tempes de son Stello. L’effet n’en était que plus vif et plus aigu auprès d’une génération littéraire atteinte du même mal et très surexcitée. […] Molé et de ses amis, tant il est faux de dire qu’il y ait eu de ce côté hostilité d’école ou de principes littéraires contre lui et contre la nature de son talent. […] Jeune, il avait vécu dans l’intimité de Fontanes, de Joubert, de Chateaubriand ; il était resté des plus délicats en matière littéraire, et même chatouilleux, si l’on peut dire.

396. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Tout l’art littéraire dépend des propriétés intimes de l’élément matériel même dont il se sert, du mot. […] Ce problème est un des plus délicats et des plus mal posés qu’aient suscité les controverses littéraires modernes. […] L’observateur, le spéculatif, le sentimental se heurtaient et le blessaient ; il fut ainsi de tous côtés à la fois, un exemple complet du pessimisme littéraire. […] Que ce soit là la doctrine finale des très hautes intelligences littéraires, comme des très grands philosophes — Spinoza, Hegel, H. […] Quant à Charles Dickens le contraste entre son influence littéraire et son ascendant auprès du public est plus marqué encore.

397. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Boileau est à lui seul un procès littéraire. […] Il a imprégné le génie littéraire saxon anglais d’une sève septentrionale, sauvage, puissante, qu’elle ne peut plus perdre. […] Mais une satire littéraire, c’est-à-dire une épigramme délayée en deux cents vers, c’est un torrent de fiel dans lequel on s’efforce de noyer un nom. […] Et comme si son tombeau avait dû être encore après lui une pierre d’achoppement et de division entre les écrivains et entre les écoles littéraires, la dispute éternelle sur l’utilité ou sur le malheur de son influence commençait sur cette tombe et se perpétuait jusqu’à nos jours. […] Par la première il comprima, autant qu’il était en lui, les originalités, les témérités, les audaces, les enthousiasmes poétiques de la France littéraire, et il la condamna à se calquer servilement sur l’antique, c’est-à-dire à calquer le vif sur le mort.

398. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Laforgue, Jules (1860-1887) »

[Entretiens politiques et littéraires (1er novembre 1890).] […] [Entretiens politiques et littéraires (1er janvier 1891).] […] Camille Mauclair Je tends simplement à expliquer que Laforgue attribuait au vers un usage essentiellement spéculatif, subjectif et intime, et réservait à la prose une objectivité plus grande, une intervention plus visible de la composition et des qualités littéraires.

399. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Après Échec et Mat, il y eut, dans la vie littéraire de M.  […] Oddoul m’a inquiété et troublé dans mon orthodoxie littéraire, comme Abailard inquiétait et troublait ses contemporains. […] Albert de Broglie, des Considérations sur la Révolution française aux Études morales et littéraires. […] Albert de Broglie se divise en trois parties législation et économie sociale, critique littéraire, philosophie religieuse. […] C’est à cette dernière phase que répondent les Critiques et Récits littéraires de M. 

400. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Qui donc les luttes littéraires passionnent-elles encore ? […] Ses connaissances littéraires ne se bornaient point aux ouvrages de M.  […] Brunetière étant peu nombreux, ses joies littéraires doivent être assez rares et sans surprises. […] Paul Hervieu de n’avoir pas su résister à la maladie littéraire du moment, et qu’on appelle le snobisme. […] Et comme l’âme littéraire est laide, et comme elle est, disons-le à notre honte, bête !

401. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Venu à Paris vers 1777, il y commença des liaisons littéraires. […] L’Almanach des Muses de 1778 nous donne les premières nouvelles littéraires du poëte. […] La manière littéraire a beau changer ; les formes du style. […] Son beau nom littéraire le servit mieux, sans trop de pièces à l’appui. […] Dans le Journal littéraire, où il fut collaborateur de Clément, il signait L, initiale de Louis.

402. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Telle est la ténacité des modes littéraires. […] Scudéry est le type de la vanité littéraire. […] Une doctrine littéraire, qui m’impose la raison et le vrai, a plus de souci de ma liberté que celle qui autorise mes caprices. […] Regnier s’était d’ailleurs ôté toute autorité littéraire, par l’idée qu’il se faisait de la poésie. […] Les satires littéraires.

403. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Rien de si aisé vraiment que cette espèce de cuisine littéraire. […] La moindre application leur est bonne qui ressemble à une fonction littéraire. […] Ces mœurs littéraires ne sont-elles pas exquises ? […] Les derniers scrupules d’honnêteté littéraire se sont évanouis. […] ce n’est pas un problème littéraire, mais économique.

404. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Telle fut, — trop brièvement esquissée — l’évolution de l’art littéraire. […] Laissera-t-on que je cherche, dans quelques œuvres littéraires récentes, les exemples pareils d’une littérature wagnérienne ? […] Les romans nouveaux, hors ceux que j’ai nommés, ne témoignent pas un sérieux progrès de fart littéraire. […] Quand donc un artiste viendra-t-il qui associera ces qualités et ces formes, au profit d’une complète vie littéraire ? […] Ouvrage très littéraire et d’un continu intérêt.

405. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

Madame Sand est une mère Gigogne littéraire. […] L’ambition littéraire ne pense pas comme l’ambition politique. […] Comme Balzac lui-même, Paul Féval s’est courbé sous cette tyrannie littéraire d’un temps qui ne reconnaît plus en tout que Sa Majesté la Foule, et où tout le monde écrit pour elle. […] Dans ce monde constipé de cœur et bourrelé de vanité discrète, n’attendez pas que le moindre quinquet littéraire allumé par Brucker reconnaisse lui devoir l’étincelle tombée sur sa mèche ! […] Les sentiments que ce pathétique récit remue dans les âmes, on les saura, en le lisant, mais il n’y a que les connaisseurs littéraires qui apprécieront le tour de force dans le chef-d’œuvre de ce récit.

406. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

— Pour répondre à ces questions, il ne faut qu’examiner en quoi consiste notre gloire littéraire dans les époques précédentes, et quels sont les genres où nos hommes de génie ont excellé. […] Un grand siècle littéraire n’est jamais la continuation d’un autre siècle. […] -Pierre, comment M. de Chateaubriand, la plus grande figure littéraire de notre temps, se sont-ils placés tout d’un coup à côté d’eux ? […] C’est en général dans les premiers temps littéraires d’un peuple, lorsque les croyances ne sont pas attiédies, et lorsque l’invasion du roman n’a pas encore eu lieu, que paraissent les épopées vraiment dignes de ce nom. […] Quant aux vieilles indignations nationales, à ces gothiques haines de l’étranger, à qui prétendrait-on imposer aujourd’hui avec toute cette patrioterie littéraire ?

407. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Ce n’est pas quelque chose qui soit parfaitement réussi ; mais enfin il a songé, un peu nonchalamment, à la gloire littéraire. […] Oui, il y a eu un père, et je crois qu’il y a eu une mère aussi, qui ont poussé leur fils du côté de la carrière littéraire. […] Elle a réuni, appelé autour d’elle, tout ce qu’il y avait de génie littéraire, mais aussi tout ce qu’il y avait de génie scientifique à cette époque. […] Il fut repoussé avec assez d’énergie en 1682 ; il y eut une véritable querelle littéraire au sein de l’Académie. […] Son discours n’a rien de très remarquable, si ce n’est qu’il y prenait déjà formellement l’engagement de ne plus tomber dans ses erreurs littéraires.

408. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Nous y rangerons aussi ceux des critiques littéraires, à proprement parler, qui, à tête reposée, s’exercent sur des sujets déjà fixés et établis, recherchent les caractères et les beautés particulières aux anciens auteurs, et construisent des Arts poétiques ou des Rhétoriques, à l’exemple d’Aristote et de Quintilien. […] Si, par impossible, quelque bel esprit janséniste avait entretenu une correspondance littéraire, y rencontrerait-on jamais des lignes comme celles qui suivent ? […] La dialectique, qu’il pratiqua d’abord à demi par goût et à demi par métier (étant professeur de philosophie), finit par le passionner et par empiéter un peu sur sa faculté littéraire. […] La maladie qui lui survint l’année suivante (1687), par excès de travail, le força de se dédoubler, en quelque sorte, dans ce rôle à la fois littéraire et philosophique ; il dut interrompre ses Nouvelles de la République des Lettres. […] Il publia encore par délassement (1704) la Réponse aux Questions d’un Provincial, dont le commencement n’est autre chose qu’un assemblage d’aménités littéraires.

409. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

Mais si la liaison de l’état moral et de l’état littéraire d’une société n’a pas besoin d’être démontrée, on se heurte, quand on veut la préciser, à plusieurs difficultés. […] Ce jour-là les types littéraires changent à leur tour. […] Il serait facile de multiplier les preuves de semblables répercussions littéraires. […] Il y a des épidémies morales qui sont, en grande partie, d’origine littéraire. […] Mais comment déterminer les effets moraux produits par une œuvre littéraire ?

410. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

M. de Chateaubriand commença sa carrière politique avec la Restauration en 1814 ; il avait quarante-cinq ans, il avait publié tous ses grands ouvrages littéraires, et il se sentait dans un certain embarras pour appliquer désormais ses hautes et vives facultés. […] il passera une vie frivole à s’occuper de chicanes grammaticales, de règles de goût, de petites sentences littéraires ! […] Pour avoir la clef de ces contradictions et s’expliquer tout l’homme, on n’a d’ailleurs qu’à recourir à cette nature poétique et littéraire, qui est essentielle et fondamentale en M. de Chateaubriand : c’est de ce dernier côté seulement qu’on trouvera l’explication. […] Mais telle est la nature littéraire quand on ne lui impose aucun frein, et c’est cette nature littéraire, toujours renaissante et si vite excitée, qui compromet à tout moment chez M. de Chateaubriand l’homme politique. […] Elle lui fit l’effet d’être dans sa carrière politique ce que le Génie du christianisme avait été dans sa carrière littéraire ; il l’appelait aussi son René en politique, c’est-à-dire son chef-d’œuvre.

411. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Assurément, il n’arrive à personne de parler de la beauté, de la grandeur d’un feuilleton, de célébrer le style de Ponson du Terrail, l’harmonie des périodes chez Xavier de Montépin, de rechercher, parmi les génies grecs, latins ou français, la filiation littéraire de M.  […] Mais je n’ai pas à faire ici de critique littéraire, et la seule chose que je veuille expliquer, c’est l’impossibilité de faire entrer le roman naturaliste dans le genre que j’ai appelé : le roman populaire. […] Il y a des œuvres et même des chefs-d’œuvre littéraires qui peuvent se répandre dans le peuple, plus ou moins, mais il y en a peu qui lui soient destinés. […] On pourrait facilement établir qu’Alexandre Dumas père, George Sand, Erckmann-Chatrian, Jules Verne, ont eu le secret de se faire entendre des masses, et comment, par le côté technique ou artistique, ils méritent d’être étudiés ; comment, d’autre part, la valeur morale est, chez eux, inférieure à la valeur littéraire, ou insuffisante, ou tout à fait absente. […] J’en aurai fini avec l’objection de l’incompatibilité entre l’intelligence populaire et la beauté littéraire, lorsque j’aurai expliqué de quelle compréhension il s’agit.

412. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Les quatre grands personnages littéraires du xviiie  siècle ont écrit des lettres fort inégalement et avec des différences qui sont bien celles de leur caractère, de leur physionomie. […] Pour écrire des lettres excellentes et durables en tant que pièces littéraires, je ne sais que deux manières et deux moyens : avoir un génie vif, éveillé, prompt, à bride abattue, et de tous les instants, comme Mme de Sévigné, comme Voltaire ; ou se donner du temps et prendre du soin, écrire à main reposée, comme Pline, Bussy, Rousseau, Paul-Louis Courier : — en deux mots, improviser ou composer. […] Les jugements littéraires qui viennent parfois se mêler à ces détails d’existence provinciale sont justes, mais assez en gros. […] Mais pour ce qui est des collaborateurs littéraires, Buffon s’en était pourvu, et il eut auprès de lui son école descriptive dans les Gueneau de Montbéliard, mari et femme, et dans l’abbé Bexon. […] Le jeune magistrat, fort instruit des choses littéraires, a pris à cœur cette gloire domestique dont il relève, et s’est fait une piété et une ambition d’y ajouter.

413. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

De quel droit relèvera-t-il les misères, les versatilités, les scandales de la vie littéraire, lui qui a fait un livre en partie spirituel, je le veux, mais tout au point de vue de l’amour-propre et qui n’est, à le bien prendre, qu’une gaminerie immense. […] Ce livre, destiné à dénoncer le scandale littéraire, en fait désormais partie. […] Jamais homme, d’après ses propres aveux, n’a été plus atteint que lui de cette démangeaison particulière à certaines époques et surtout à la nôtre, le prurit littéraire ; il en a été de bonne heure chatouillé et rongé jusqu’aux os, — jusqu’aux moelles, comme dirait Giboyer. […] Et M. de Pontmartin est tellement homme de lettres jusqu’aux os (dans le sens qu’il a tant de fois blâmé), il est tellement caillette littéraire dans l’âme, que je ne sais si cet éloge que je fais de son esprit ne le fera pas passer sur tout le reste, et ne l’en consolera pas. […] Les Semaines littéraires, page 254.

414. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre 2. La littérature militante »

Le chef-d’œuvre du genre est l’Apologie pour Hérodote que j’ai déjà nommée ; Henri Estienne, pour défendre Hérodote dont la véracité était soupçonnée, imagina de démontrer que la sottise et la malice des hommes de son temps produisaient des effets aussi étonnants que les invraisemblables contes de l’historien grec ; et mettant ses haines huguenotes au service de ses goûts littéraires, il se prit à conter tant de graveleux et scandaleux exemples de la corruption catholique, à dauber fidèles et clergé avec une verdeur si rabelaisienne, que l’austère Genève crut entendre un accent d’impiété dans la trop pétulante gaieté de son champion. […] Les catholiques ne demeuraient pas en reste d’injures et de pamphlets : mais leurs passions ne trouvèrent point d’interprète qui les fit vivre dans une forme littéraire. […] Et de là vint que son mérite et son succès ne furent pas de pure actualité : assez d’apaisement s’était déjà fait pour que la satire ne put se passer de grâce littéraire, et que cette grâce littéraire fût savourée du lecteur. […] Il ne faut pas surfaire la Satire Ménippée, même dans sa valeur littéraire. […] Mais il faut noter qu’ici encore la guerre civile et l’actualité ont aidé les esprits à secouer le joug de l’érudition, et fait passer en quelque sorte l’imitation de l’extérieur à l’intérieur de l’œuvre littéraire ; la nécessité d’être lu, compris et goûté de tous a fait que les auteurs de la Ménippée, et parmi eux un lecteur royal, n’ont plus pris aux anciens que ce qu’ils ont senti être conforme à leur raison, ce qui pouvait rendre leur pensée ou plus forte, ou plus sensible, ou plus agréable aux simples Français.

415. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

Desfontaines, dans ses Observations, Fréron, dans son Année littéraire, s’accrochèrent presque au seul Voltaire, y usèrent ce qu’ils avaient d’esprit, de sens, d’honnêteté même, sans autre résultat que de l’amener à s’avilir un peu dans des polémiques injurieuses. […] Celui qui eut le plus de talent, qui marqua inexorablement toutes les petitesses des philosophes dans ses acres satires, Gilbert, obtint la faveur de la cour, des pensions, un nom littéraire qui n’est pas encore oublié : il n’eut aucune prise sur l’esprit public. […] Son œuvre littéraire paraît mince aujourd’hui, et ira, je crois, s’amoindrissant de jour en jour. […] Mais la valeur des idées est loin d’être toujours adéquate au mérite littéraire. […] Lucas-Montigoy, Mémoires biographiques, littéraires et politiques de Mirabeau, écrits par lui-même, par son père, par son oncle et par son fils adoptif, Paris, 1834, 8 vol. in-8.

416. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

Faits généraux d’ordre social, moral ou littéraire. — 2. […] Faits généraux d’ordre social, moral ou littéraire. […] Partout ailleurs qu’ici, il serait malséant de remarquer que ce mouvement, où qu’il aboutisse, aura du moins porté de bons fruits littéraires : M. de Vogué s’y est développé, et M.  […] En appliquant la doctrine de l’évolution à la critique, il a obtenu deux résultats : évaluer plus justement la pression des œuvres déjà écrites sur les esprits qui créent ensuite d’autres œuvres, détacher par conséquent parmi toutes les causes la détermination résultant de la tradition littéraire ; ensuite, et surtout, laisser à l’individualisme son libre jeu, marquer nettement, toutes les causes étant définies et classées, ce que l’accident imprévu d’un grand homme qui survient peut apporter de perturbation dans le mouvement littéraire, soit en le déviant, soit par l’addition d’une inestimable force qui multiplie l’intensité des effets. […] Regards historiques et littéraires, 1892.

417. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

Plus on est amusé par ces échappées de verve, et moins on se sent capable de résumer, d’expliquer, de ramener à un semblant d’unité les sentiments littéraires de M.  […] Son érudition littéraire et historique est considérable et des plus sûres : elle lui fournit mille rapprochements d’une justesse inopinée et frappante. […] Mais rien aussi ne nous montre mieux à quel point la critique littéraire peut être une chose exquise et comme elle peut égaler en intérêt et quelquefois dépasser les œuvres mêmes sur lesquelles elle s’exerce. […] Calmann Lévy)  Chroniques dramatiques à la Revue politique et littéraire et au Journal des Débats (1882-1885). […] La Revue des cours littéraires a publié des conférences de M. 

418. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « I »

Ley, voilà un livre bien moderne, un livre précieux, un coup de pioche et de hache à la fois sur les vieux bouquins de rhétorique, de littérature, de logique, sur les procédés surannés de dressage littéraire, sur toute la fantasmagorie des figures du style et autres anicroches qui ont fait suer du sang ; un coup de pied aux grands analyseurs grammaticaux ; un coup de massue aux pédants, le coup de mort pour nos chers programmes… Car, il n’y a pas à dire, M.  […] Lanson, entre autres, publie en ce moment dans les Annales un petit ouvrage de démonstration littéraire qu’il a d’abord intitulé fraternellement : l’Art de la prose en vingt-cinq leçons. […] Mais qu’un livre uniquement littéraire, où personne n’est attaqué, provoque de la colère et même des injures, voilà de quoi surprendre, et c’est, on l’avouera, le comble de la drôlerie,‌ Je n’exagère pas. […] Inquisiteurs littéraires, au fond peu redoutables, ils tranchent tout et ne réfutent rien ; car leurs affirmations ne sont pas des preuves et le mépris d’autrui ne fut jamais un signe d’esprit critique. […] Nous ne répondrons donc pas à tous nos contradicteurs : mais, dès à présent, nous tenons à signaler certaines objections courtoises qui présentent une certaine portée littéraire.‌

419. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Banville, Théodore de (1823-1891) »

Quelle que soit la manière dont elle doive le juger un jour, l’Histoire littéraire la lui conservera. […] [Entretiens politiques et littéraires (1er septembre 1890).] […] [Entretiens politiques et littéraires (1er novembre 1890).] […] [Entretiens politiques et littéraires (1er décembre 1890).] […] [Entretiens politiques et littéraires (1er décembre 1893).]

420. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

. — Je vois d’abord un curieux rapport de coïncidence entre la prédominance de certains tempéraments et celle de certains caractères littéraires. […] J’ai les bras raccourcis aussi bien que les jambes, et les doigts aussi bien que les bras ; enfin je suis un raccourci de la misère humaine. » Qui sait si cette apparence simiesque ne fut pas une des causes qui déterminèrent le succès de Scarron, si elle ne contribua pas à faire de lui la vivante expression du goût littéraire contemporain ?   Il y a ainsi une certaine similitude entre les types physiques et les types intellectuels d’une époque ; il y a de même une relation plus étroite qu’on ne pense entre des faits d’ordre purement matériel et les faits littéraires. […] L’invasion brusque d’un fléau, comme la peste ou le choléra se répercute dans les œuvres littéraires. […] Les morphinomanes, les adeptes de la vie à rebours n’ont pas manqué de nos jours sous l’action de certains courants littéraires.

421. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

Il écrivit donc alors, en quelque sorte sans préoccupation littéraire, mais avec le simple et sévère sentiment du devoir accompli, les deux cents pages qui terminent le second volume de cette publication, et il se disposa à les mettre au jour. […] Les modifier, c’était remplacer la vérité par la façon littéraire. […] Devant un si grand objet, qu’importent les petites coquetteries d’arrangeur et les raffinements de toilette littéraire ! […] On le sait, la prodigieuse sonorité de la presse française, si puissante, si féconde et si utile d’ailleurs, donne aux moindres noms littéraires de Paris un retentissement qui ne permet pas à l’écrivain, même le plus humble et le plus insignifiant, de croire hors de France à sa complète obscurité. […] Ces lettres ont été écrites au hasard de la plume, sans livres, et les faits historiques ou les textes littéraires qu’elles contiennent çà et là sont cités de mémoire ; or la mémoire fait défaut quelquefois Ainsi, par exemple, dans la Lettre neuvième, l’auteur dit que Barberousse voulut se croiser pour la seconde ou la troisième fois, et dans la Lettre dix-septième il parle des nombreuses croisades de Frédéric Barberousse.

422. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gasparin » pp. 100-116

C’est, en effet, dans le bavardage, que s’évapore le génie littéraire des nations en décadence. […] En cela, il a été plus préoccupé d’influence et d’action sur ses contemporains que du double mérite des livres bien faits, c’est-à-dire de la beauté ou de la vérité désintéressée de l’œuvre littéraire. — Cet utilitaire se sera dit que le profit du livre serait bon après le profit de la Conférence, et il a publié son fallacieux Innocent III. […] Ici, la Critique purement littéraire reprend ses droits, et il me tardait qu’elle les reprît ! […] Voyez ce que sont, à présent, dans la science historique, philosophique et littéraire, les Cours des Villemain, des Cousin et des Guizot, qui firent palpiter les passions politiques de la jeunesse de leur temps ! […] Les sermonnaires, s’ils sont dignes de leur fonction, ne relèvent nullement de la Critique littéraire.

423. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Philippiques de la Grange-Chancel »

En lisant ces vers, si magnifiques au dire de Saint-Simon, le Régent, si indifférent d’ordinaire, retrouva et versa des larmes, et plus tard Fréron, l’âpre critique, moins explicite que Saint-Simon, parla lui-même, dans son Année littéraire, de cette poésie avec respect ! […] Jourdain, sans le savoir, n’était pas une autorité littéraire ! […] Du reste, l’appréciation de de Lescure est bien plus historique qu’elle n’est littéraire. […] Les Philippiques, avec des notes historiques et littéraires par de Lescure (Pays, 22 novembre 1858).

424. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Tourgueneff »

Tourgueneff13 Qu’on nous permette de poser une grave question de moralité littéraire. […] Ces Mémoires qui révèlent la Russie à elle-même, et qui sont , dit l’introduction avec l’enflure des joues d’un sonneur de trompe, un de ces ouvrages hardis et venus à propos qui agissent fortement sur les idées d’un peuple et prennent date dans son histoire , méritent fort peu ce grand fracas, et s’ils prennent date quelque part, ce ne sera pas dans l’histoire des mœurs et des institutions de la Russie, mais dans la belle histoire aux pages vastes et vides de la littérature Russe ; car ces Mémoires étincellent d’un talent très vif, et le talent littéraire, comme on le sait, ne neige point là-bas14… Seulement, hors cela, — le talent littéraire que nous allons tout à l’heure mesurer, — il n’y a réellement pas dans le livre d’Yvan Tourgueneff de quoi justifier les illusions de son enthousiaste traducteur. […] il ne s’agit que de vérité littéraire… Or, très certainement, on n’avait pas besoin de s’adresser au sentiment public, blessé en ce moment par la Russie, pour provoquer un succès qui se serait naturellement fait tout seul.

425. (1874) Premiers lundis. Tome II « Li Romans de Berte aus Grans piés »

La pensée de notre jeune et savant collaborateur consistait à rechercher dans les anciennes épopées françaises, non pas seulement les imaginations plus ou moins gracieuses des conteurs et des poètes, non pas le mérite et l’agrément littéraire de leurs romans, mais les croyances diverses des populations, les récits historiques altérés, les invasions mythologiques qui avaient laissé des traces. […] Mais à prendre les choses par un côté plus exclusivement français et gaulois, plus littéraire, en abordant nos vieux romans suivant l’aspect plus familier à nos érudits, en venant modestement à la suite de Lamonnoye, de Bouhier, de Sainte-Palaye, des savants auteurs de l’Histoire littéraire, sans arriver de l’Allemagne ni s’être nourri des Æebelungen ou des Eddas, mais s’adressant tout simplement à M. de Monmerqué, il y a lieu, sous le rapport du goût et d’une critique soigneuse et délicate, de faire des travaux précieux sur les vieux monuments de notre langue.

426. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Bathild Bouniol »

Très jeune encore, quoique sa Croisade 8 ne soit pas son début dans la vie littéraire, Bouniol, dont nous ne connaissons que ce volume, n’a aucune des pentes contemporaines dans l’expression ou dans la pensée. On dirait, en le lisant, qu’il a vécu parfaitement en dehors du monde d’impressions littéraires qui font l’éducation des poètes de ce temps. […] Seulement, quelque idée qu’on s’en fasse, on n’aura une notion juste du mouvement de cet esprit qui, si nous ne nous trompons, a le signe des forts : l’abondance, qu’en lisant dans le livre même : La France devant Dieu, Le Souverain et les sujets, La Leçon d’anatomie, La Barricade, Le Théâtre, La Peste littéraire, Les Catastrophes, Le Journaliste, Le Doigt de Dieu dans les révolutions, La Graine du Comédien, L’Amour des bêtes, Comment on se marie, La Morgue, et tant d’autres morceaux dont les titres seuls attestent éloquemment la largeur de circonférence dans laquelle l’auteur de la Croisade étend les rayons de son observation poétique.

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