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1199. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

La grandeur d’un peuple, c’est de se personnifier tout entier dans quelques colossales mémoires, en sorte que, quand on nomme ce peuple, sur-le-champ le personnage national se présente à la pensée et dit : « C’est moi. » Aussi rendez-vous bien compte de vos impressions quand vous lisez l’histoire universelle ; toute la scène du monde est remplie pour vous par une centaine d’acteurs immortels, héroïques, politiques, poétiques ou littéraires, qui figurent à eux seuls l’humanité. […] L’imprimerie, immémorialement inventée et exercée dans l’empire, y fait respirer la pensée publique comme l’air ; chacun peut imprimer et afficher, à son gré, toutes ses idées ; c’est la représentation nationale universelle par la littérature, sur la place publique et sur toutes les murailles des villes ou des campagnes.

1200. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Schiller, quoique étranger au professorat et à l’histoire, ouvrit son cours en 1789 avec un succès qui prouvait son aptitude universelle. […] Enfin Goethe abjure, dans son omnipotence, toutes les crédulités du vulgaire, et cherche sa divinité universelle dans la divinité individuelle de tout ce qui vit dans la nature ; son dieu, c’est la vie ; la vie, c’est son dieu.

1201. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

« Ce qu’il y a de plus admirable dans l’ordre universel des choses, c’est l’action libre des êtres libres sous la main divine. […] Les pages de l’Histoire universelle de Bossuet n’ont pas plus de cette moelle de grand sens dans les choses.

1202. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

Tous ses malheurs, et ils furent grands comme son caractère, ont tenu à cet excès de grandeur dans son génie ; ils dépassaient, non pas son esprit infini et universel, mais ils dépassaient le possible ici-bas : voilà la cause fatale et organique de ses coups d’ailes et de ses chutes. […] Il conçoit la Comédie humaine, sujet que nous avons tous conçu, le poème épique universel sous forme de romans successifs.

1203. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIe entretien. Ossian fils de Fingal, (suite) »

Faut-il s’étonner que la poésie universelle ait pris un accent plus mélancolique et plus pathétique en Europe depuis l’apparition de ces chants ? […] Les hommes les plus sérieux de l’époque et les caractères les plus sévères partagèrent cet enthousiasme universel et se signalèrent par leur admiration pour cette nouveauté antique qui enflamma tout le monde comme un incendie général.

1204. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

Depuis un siècle, tous les progrès de la démocratie, égalité, suffrage universel, écrasement des minorités, revendications des partis extrêmes qui seront peut-être la société de demain, la guerre à la richesse, à la propriété, toutes les conquêtes, toutes les agitations de la masse qui travaille et qui souffre ont été dans le sens de son œuvre. […] Ce grand orateur, au lieu de chercher dans la raison universelle les matières de son raisonnement, les extrait de son moi le plus intime et le plus singulier : il transpose en arguments, en systèmes toutes les passions, toutes les vibrations de son cœur.

1205. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

C’est ce qui fit le succès si universel de ce roman. […] L’époque où cette assimilation sera complète verra fleurir la plus belle littérature des temps modernes, ou plutôt la troisième forme de la littérature universelle.

1206. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

* * * — La République, ce mensonge de la fraternité universelle des hommes, est la plus antinaturelle des utopies. […] C’est le suffrage universel tout brut !

1207. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Quelques êtres pourtant résistent à la germination universelle, et alors ils sont dans cet état particulier où l’inspiration monstrueuse peut s’abattre sur eux. […] La note étant la syllabe d’une sorte de vague langue universelle, la grande communication de l’Allemagne avec le genre humain se fait par l’harmonie, admirable commencement d’unité.

1208. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Et l’esprit inquiet, qui dans l’antiquité Remonte vers la gloire et vers la liberté, Et l’esprit résigné qu’un jour plus pur inonde, Qui, dédaignant ces dieux qu’adore en vain le monde, Plus loin, plus haut encor, cherche un unique autel Pour le Dieu véritable, unique, universel, Le cœur plein tous les deux d’une tristesse amère, T’adorent dans ta poudre, et te disent : « Ma mère !  […] On se scandalisera peut-être de ce qu’à cette période grave de ma vie, je retrouve en moi de tels regrets et de tels amours pour l’Italie de mes premières années ; mais, si mon âme est universelle, si mon berceau est français, mes sens sont italiens.

1209. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

Voici en quelle occasion : XVI C’était en 1840, au moment où la politique agitatrice et guerroyante du ministère français, qu’on appelait le ministère de la coalition, menaçait, sans vouloir frapper, tous les peuples de l’Europe, pour soutenir, sans aucun intérêt pour la France, un pacha d’Égypte, révolté contre son souverain, le plus étrange caprice de guerre universelle sur lequel on ait jamais soufflé pour incendier l’Europe. […] Je combattais alors de toutes mes forces à la tribune la coalition soi-disant parlementaire, et la guerre universelle pour la cause d’un pacha parvenu.

1210. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

Mais l’accroissement de l’amateurisme, les plagiats naturalistes, le reportage d’actualité, la réclame éhontée des industriels, la confusion universelle des genres, l’invasion de l’esprit primaire 34 n’ont pas peu contribué à rabaisser le roman français. […] Les livres modernes poussent au découragement, à la lassitude, ils décrivent avec complaisance l’universelle neurasthénie.

1211. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Grande faiblesse, mais qui tient à l’énervation universelle du xixe  siècle ! […] Malheureusement la plus haute dignité dans la vie, l’opulence des facultés, la sainteté, la miséricorde, ne sont pas assez pour le Pasteur universel qui doit conduire, châtier et séparer, et qui n’a pas pour rien à sa houlette le bâton qui frappe et le fer qui retranche.

1212. (1903) La renaissance classique pp. -

Au milieu de cette effervescence universelle, nous ne pouvons pas être les seuls qui nous croisions les bras. […] Ils diront adieu à la vieille utopie sentimentale de fraternité universelle, pour laquelle nous avons gâché tout un siècle de notre histoire ; et si chacun d’eux garde au fond de son cœur les cultes de ses pères, ils ne reconnaîtront d’autres divinités pour la Patrie que la Force qui fonde les empires et la Raison qui la conduit !

1213. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

On y lit, dès le début, des paroles bien touchantes sur la souffrance universelle, apparente ou cachée, qui est de toutes les conditions, de tous les états, de toutes les âmes.

1214. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Ce n’est point devant les Villeroi, les Fleury, les du Maine, devant ces vieillards et ces sages, et ces fidèles de l’ancien règne, tous ces tuteurs du royal enfant, qu’il se fût permis une pareille inconvenance ; mais, en parlant pour la paix contre les conquêtes, il exprimait le sentiment universel, celui que ces hommes prudents avaient été des premiers à partager avec tous.

1215. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

» Ce mot opéra sur-le-champ un profond silence, et fut suivi de preuves universelles de bonté.

1216. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

L’homme est un sujet merveilleusement divers et ondoyant, sur lequel il est Ilès-malaisé d’y asseoir jugement assuré, jugement, dis-je, universel et entier, etc., etc.

1217. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

L’abbé de Rancé, qui ne se payait pas de faux fuyants, lui répondait (octobre 1868) : Vous dites que la régularité s’est maintenue dans votre communauté plus qu’en aucune autre : en vérité, ce n’est pas l’opinion du monde ; elle est dans un décri universel, et il n’y a guère de chose plus connue que sa décadence.

1218. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

Sa personne n’était pas extrêmement bien faite : cependant il faisait profession ouverte de galanterie, mais d’une galanterie universelle, puisqu’il est vrai que l’on peut dire qu’il a aimé des personnes de toute sorte de conditions.

1219. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Mais il est un autre rôle qui lui échut et dont il s’acquitta exemplairement jusqu’à la fin, celui de solliciteur universel, d’homme serviable, honoré sous tous les régimes, et qui venait, tant qu’il pouvait, en aide à tous ceux qui le réclamaient, sauf toutefois à mêler un grain de plaisanterie dans son obligeance : c’était son revenant-bon, à lui, et ses petits profits.

1220. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

Tantôt encore, ç’a été le mysticisme en personne, à la ceinture flottante, à la chevelure dénouée, qui nous est venu prêcher, sur tous les tons de la pécheresse repentie, le jeûne, l’indulgence, le pardon universel et la réconciliation des âmes29.

1221. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

Qui donc s’avise de tenir lieu aujourd’hui de ce pourvoyeur dramatique universel ?

1222. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Une monarchie en décadence, déboires de la cour d’Espagne sous le règne de Charles II, Par le marquis de Villars »

La maison du roi se ressentait comme les autres de la détresse universelle.

1223. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

Sa muse, héritière (je ne dis pas universelle) d’une autre muse plus illustre, doit être chère à tous les instituteurs ; car c’est une muse de famille, qui n’a chanté que la raison et la vertu.

1224. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Non ; si inférieurs aux Retz et aux La Rochefoucauld pour l’ampleur et la qualité de la langue et pour le talent de graver ou de peindre, ils connaissaient la nature humaine et sociale aussi bien qu’eux, et infiniment mieux que la plupart des contemporains de Bossuet, ces moralistes ordinaires du xviiie  siècle, ce Duclos au coup d’œil droit, au parler brusque, qui disait en 1750 : « Je ne sais si j’ai trop bonne opinion de mon siècle, mais il me semble qu’il y a une certaine fermentation de raison universelle qui tend à se développer, qu’on laissera peut-être se dissiper, et dont on pourrait assurer, diriger et hâter les progrès par une éducation bien entendue » ; le même qui portait sur les Français, en particulier ce jugement, vérifié tant de fois : « C’est le seul peuple dont les mœurs peuvent se dépraver sans que le fond du cœur se corrompe, ni que le courage s’altère… » Ils savaient mieux encore que la société des salons, ils connaissaient la matière humaine en gens avisés et déniaisés, et ce Grimm, le moins germain des Allemands, si net, si pratique, si bon esprit, si peu dupe, soit dans le jugement des écrits, soit dans le commerce des hommes ; — et ce Galiani, Napolitain de Paris, si vif, si pénétrant, si pétulant d’audace, et qui parfois saisissait au vol les grandes et lointaines vérités ; — et cette Du Deffand, l’aveugle clairvoyante, cette femme du meilleur esprit et du plus triste cœur, si desséchée, si ennuyée et qui était allée au fond de tout ; — et ce Chamfort qui poussait à la roue après 89 et qui ne s’arrêta que devant 93, esprit amer, organisation aigrie, ulcérée, mais qui a des pensées prises dans le vif et des maximes à l’eau-forte ; — et ce Sénac de Meilhan, aujourd’hui remis en pleine lumière40, simple observateur d’abord des mœurs de son temps, trempant dans les vices et les corruptions mêmes qu’il décrit, mais bientôt averti par les résultats, raffermi par le malheur et par l’exil, s’élevant ou plutôt creusant sous toutes ; les surfaces, et fixant son expérience concentrée, à fines doses, dans des pages ou des formules d’une vérité poignante ou piquante.

1225. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite.) »

Cela était devenu, au xve  siècle, un genre dramatique régnant, débordant, universel ; le xve  siècle, dans toute sa durée, fut l’âge florissant des Mystères.

1226. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. Suite et fin. » pp. 73-95

Goethe, qu’on n’accusera pas d’étroitesse et qui comprenait tout, ce critique universel au goût le plus large et le plus hospitalier, reculait toutefois devant les tableaux odieux et hideux trop prolongés ; il voulait que l’art tournât en définitive au beau, au digne, à l’agréable.

1227. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Formé à cette école, nourri et abreuvé de ces sources, faut-il s’étonner que Térence ait fait entendre le premier des accents de bonté et d’humanité universelle à Rome, dans cette dure Rome de Caton l’Ancien ?

1228. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vie de Jésus, par M. Ernest Renan »

Si c’est là en effet le dernier mot de l’incrédulité, il faudra désormais autant et plus de foi pour croire à ces conséquences dites philosophiques ou historiques, à ces conjectures écloses et nées d’un seul cerveau, qu’à nous, chrétiens, pour continuer de croire à la tradition, à l’Église, au miracle visible d’un établissement divin toujours subsistant, au majestueux triomphe où l’évidence est écrite, au consentement universel tel qu’il résulte du concert des premiers et seuls témoins… » J’abrège.

1229. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

Si nous avions un seul homme, un seul génie dramatique à déléguer dans ce congrès universel, ce ne serait pas Corneille, ce serait Molière qu’il faudrait y députer.

1230. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

Molé a su, dans cette demi-heure si bien remplie, toucher tous les points de justesse et de convenance : son discours répondait au sentiment universel de l’auditoire, qui le lui a bien rendu.

1231. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

La démocratie inspire une émulation vive et presque universelle ; mais l’aristocratie excite davantage à perfectionner ce qu’on entreprend.

1232. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

Si Gil Blas est devenu une des pièces de ce qu’on peut appeler la littérature universelle, et si Marcos Obregon, et tous les autres romans picaresques, sont restés purement espagnols, c’est par ce que Lesage a mis dans son œuvre de français et d’humain.

1233. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

Pour se faire scientifique, elle n’a eu qu’à se pénétrer d’érudition : à mesure que s’imposait le document, à mesure que la critique des sources et des témoignages se faisait plus rigoureuse, à mesure aussi que les ambitions se restreignaient, que se passait la mode des conceptions universelles et des symboles immenses, les historiens, ne prétendant qu’à faire fonction d’historiens, s’attachèrent à reproduire exactement, par une recherche minutieuse, l’enchaînement des faits, à en définir le caractère et la signification.

1234. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

Je comprends le De natura rerum, ce cri de délivrance, cette protestation enflammée contre d’universelles superstitions, cette première épiphanie de la science naissante.

1235. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre premier. La contradiction de l’homme » pp. 1-27

Mais ce n’est point là le cas universel.

1236. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre XI. La Science et la Réalité. »

En résumé, la seule réalité objective, ce sont les rapports des choses d’où résulte l’harmonie universelle.

1237. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

De nos jours les chemins de fer, les bateaux à vapeur, les routes qui escaladent ou éventrent les montagnes, les ponts qui franchissent les bras de mer, le télégraphe qui vous permet de rester à portée des vôtres, fût-ce à mille lieues de distance, les journaux qui sont aux aguets pour satisfaire la curiosité universelle par des récits d’aventures piquantes ou dramatiques, tout cela a créé, multiplié la race des touristes, fait pulluler les écrivains-voyageurs.

1238. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

Ils ne savent jamais être eux-mêmes sincèrement, tranquillement, ignorer en toute innocence que des gens se sont permis de formuler des règles morales universelles. » Je n’aurai pas la cruauté de juger après sa chute un esprit dont j’aimai le départ hésitant.

1239. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Mais on aimait tant la duchesse de Bourgogne à la Cour, que c’était comme un parti pris pour tout le monde de lui garder le secret, et de n’épargner qu’elle seule dans la médisance universelle.

1240. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Ainsi, dans ce premier retour de Louis XVIII, dans ce voyage de Calais à Compiègne, il montre le pays oubliant volontiers ses droits au milieu de l’attendrissement, et se donnant tout entier, tandis que les politiques à Paris stipulent et marchandent encore : Il (Louis XVIII) sentit, au tressaillement universel et spontané de sa patrie, qu’il était maître de ce peuple, et qu’on ne lui marchanderait pas sérieusement le règne à Paris.

1241. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

Ils sont sous la garantie de la commisération universelle.

1242. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — III. (Suite et fin.) » pp. 128-145

C’est une double gloire que de se faire un grand nom à travers ces jours d’avilissement universel… Les hommes rares, ce ne sont pas ceux qui, avec beaucoup de millions, beaucoup de gendarmes, beaucoup de corruption, etc.

1243. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

Dans sa captivité de 1575, s’adonnant à la lecture et à la dévotion, dit-elle, elle nous montre l’étude qui ramène à la religion, et nous y parle du livre universel de la nature, de l’échelle des connaissances, de la chaîne d’Homère, de « cette agréable encyclopédie qui, partant de Dieu même, retourne à Dieu même, principe et fin de toutes choses ».

1244. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

Si tous ceux qui conversèrent à Passy avec Franklin avaient bien entendu ses préceptes et ses mesures, ils y auraient regardé à deux fois avant d’entreprendre dans le vieux monde la refonte universelle.

1245. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

Parler de La Fontaine n’est jamais un ennui, même quand on serait bien sûr de n’y rien apporter de nouveau : c’est parler de l’expérience même, du résultat moral de la vie, du bon sens pratique, fin et profond, universel et divers, égayé de raillerie, animé de charme et d’imagination, corrigé encore et embelli par les meilleurs sentiments, consolé surtout par l’amitié ; c’est parler enfin de toutes ces choses qu’on ne sent jamais mieux que lorsqu’on a mûri soi-même.

1246. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre III : La littérature du xviiie et du xixe  siècle »

Il faut donc renoncer à cette passion de monarchie universelle que nous portons en toutes choses, et que l’on nous fait payer par des invasions.

1247. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

Le sentiment intense et profondément juste qu’un art vivant et large, large comme la nature, et comme l’homme, ne peut avoir sa source que dans une sympathie universelle, dans cette disposition qui est comme le génie d’aimer, de nous intéresser à tout, de découvrir à force de nous oublier, la beauté et le côté frappant de chaque chose ».

1248. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Un symbole »

Telle est l’origine du « Vœu » ; il émane de consciences sombrées dans le péril atroce du moment, épouvantées de l’avenir gros de nuages et de sang, n’osant se faire une idée du futur, se demandant même parfois si les races n’allaient pas être englouties dans quelque universelle conflagration.

1249. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIII : De la méthode »

La férocité des visages, l’abus de la laideur méchante et vulgaire, la violente et universelle horreur pour le bonheur et la beauté, l’intensité de l’émotion, la lugubre rêverie, l’invention fantastique d’apparitions et de monstres, le déchaînement des fantômes de l’Apocalypse et du moyen âge à travers un cerveau malade ; par-dessus tout une précision de traits, une vigueur de dessin, une surabondance de détails, un fini qui accable ; le génie consciencieux, spiritualiste, visionnaire et mélancolique d’un Allemand de la Renaissance : voilà une partie du groupe moral qui entoure le fait physique et le produit.

1250. (1900) La culture des idées

De là l’universelle répulsion à joindre l’idée de néant à l’idée de mort. […] Mallarmé apparut, aux âniers innocents qui accompagnent mais ne guident pas la caravane, tel qu’un redoutable Aladin, assassin des bons principes de l’imitation universelle. […] Bossuet le premier imagina de juger l’histoire universelle, ou ce qu’il appelait ainsi naïvement, d’après les principes du judaïsme biblique : il vit crouler tous les empires où la main de Jéhovah s’était appesantie. […] « Obstupuit gens » ; ce fut une épouvante universelle ; on se crut à la fin de l’amour et à la fin du monde. […] C’est une histoire universelle de la civilisation et un plan de reconstruction sociale.

1251. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Le type du Discours du parti le plus franc, le plus opposé par son parti-pris d’ordre à l’esprit de Montaigne, c’est le Discours sur l’histoire universelle. […] On a cessé de les lire, parce que ces problèmes politiques, en pleine activité en 1830, sont résorbés, assimilés, dépassés, que les régimes issus du suffrage universel ont imposé une langue politique nouvelle. […] La Révolution française, cet événement universel sans commune mesure avec la Révolution insulaire des Anglais, la frappe d’autant plus fort qu’elle était appelée, choisie de Dieu, pour une mission plus grande. […] Il ne cherche pas dans l’héritage littéraire le grand, le poétique, l’universel, comme cet autre maître du style héritier, M. de Chateaubriand, mais le rare et l’exquis. […] Mais le gouvernement de Lamartine, l’établissement du suffrage universel, donnèrent d’abord à cette Révolution figure de romantisme au pouvoir.

1252. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Pour ce qui est public aujourd’hui, il me semble inutile de le rappeler ; chacun sait qu’il eut pour père un philanthrope abolitionniste, qu’il fit les plus brillantes et les plus complètes études classiques, qu’à vingt-cinq ans son essai sur Milton le rendit célèbre, qu’à trente ans il entra au Parlement, et y marqua entre les premiers orateurs, qu’il alla dans l’Inde réformer la loi, et qu’au retour il fut nommé à de grandes places, qu’un jour, ses opinions libérales en matière de religion lui ôtèrent les voix de ses électeurs, qu’il fut réélu aux applaudissements universels, qu’il demeura le publiciste le plus célèbre et l’écrivain le plus accompli du parti whig, et qu’à ce titre, à la fin de sa vie, la reconnaissance de son parti et l’admiration publique le firent lord et pair d’Angleterre. —  Ce sera une belle vie à raconter, honorée et heureuse, dévouée à de nobles idées et occupée par des entreprises viriles, littéraire par excellence, mais assez remplie d’action et assez mêlée aux affaires pour fournir la substance et la solidité à l’éloquence et au style, pour former l’observateur à côté de l’artiste, et le penseur à côté de l’écrivain. […] Cette histoire est universelle et n’est point brisée. […] Universelle, suivie, elle enveloppe tous les faits dans sa vaste trame sans la diviser ni la rompre.

1253. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Brunetière ne veut pas convenir tout à fait de cette universelle et fatale incertitude. […] Nous avons ajouté, certes, quelque chose au deuil de l’âme et apporté notre part au trésor universel du mal moral. […] Enfin, je vénère leur divine innocence et je suis bien sûr que, si le vieil Eschyle, qui était très mystique, revenait sur la terre et visitait la France à l’occasion de notre Exposition universelle, il ferait jouer ses tragédies par la troupe de M.  […] Et je doute que ce spectacle ait contribué à lui inspirer une confiance absolue dans la bonté de la nature et dans la providence universelle. […] Il aspirait au jour prochain de l’émancipation des peuples et de la fraternité universelle.

1254. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Pour fonder la critique, on parle de tradition et de consentement universel. […] Nous sommes une parcelle de la vie universelle. […] Sa tête est un magasin de curiosités, un musée d’art, une bibliothèque universelle. […] Barrès semble nous dire : Homme, je suis le rêveur du rêve universel. […] Fait d’une ignorance absolue des lois universelles, son optimisme était inaltérable et parfait.

1255. (1932) Le clavecin de Diderot

C’est à croire que tous ces détails amoncelés doivent, seulement, servir à masquer, de leur ombre, la loi d’universelle réciprocité. […] Il serait légitime, au nom de la loi d’universelle réciprocité, de retourner cette explication causale. […] Cette certitude qui fut si longtemps à l’homme (à l’homme privilégié, s’entend) plus douce, que le mol oreiller du doute de Montaigne, parce qu’elle contredisait la mouvante vérité de l’évolution universelle, on sait à quels heurts catastrophiques elle a condamné ceux qui s’y obstinaient. […] Les vrais matérialistes, et aussi bien Diderot, quand il explique par la pauvreté ou la peur de la vérole certaines anomalies qu’Engels quand il étudie les origines de la famille, ont constaté l’universelle réciprocité, de loi, dans le domaine sexuel, comme ailleurs.

1256. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

On s’en aperçut d’ailleurs immédiatement ; le succès fut rapide, immense, universel. […] Chez nous, en France, la poésie est née le jour où François Villon, dans sa ballade des Dames du temps jadis, s’est mis en présence de cette loi universelle et inéluctable de la mort. […] Voilà le sacrifice immense, universel ! […] L’âme de Victor Hugo est un écho, et Victor Hugo a eu l’ambition d’être l’écho universel, de répercuter toutes les voix : toutes les voix du siècle, toutes les voix de la nature, toutes les voix de l’humanité.

1257. (1887) Essais sur l’école romantique

Tantôt c’est la galanterie, espèce de sensibilité d’esprit plutôt que de cœur, qui recherche les idées ingénieuses et le langage du bon ton, plutôt que les sentiments et le langage de la nature ; tantôt c’est la philosophie, autre mode qui n’est pas moins froide ni moins desséchante, quoiqu’elle affecte une sympathie universelle, mais qui du moins est un progrès de l’esprit, au lieu que la galanterie est une dégradation du cœur. […] Michel-Ange s’inspirait à la foi religieuse de vingt nations ; car celle foi vigoureuse planait encore sur la confusion universelle ; elle florissait par le schisme ; l’esprit grandissait par les innombrables déchirements de la lettre ; Luther enlevait des sujets au Pape, mais non des croyants au Christ. […] L’artiste se mêle à la foule, il écoute ses innombrables voix ; mais, n’y apercevant ni discipline commune et universelle, ni vigoureuse croyance, ni rien de ce qui donne à un siècle un grand caractère, il ne sait pas quelle y peut être sa mission, et il se retire, réduisant son art à des détails de vie privée, à des compositions de caprice sur le foyer paternel, sur l’amour ; il ferme sa porte au peuple, il n’admet aux mystères de ses inspirations qu’un petit nombre d’amis, qui rient avec lui du siècle, et qui fatiguent d’amers sarcasmes son involontaire surdité. […] Cela me ramène à mon refrain qu’il n’y a pas d’art en ce moment, parce qu’il n’y a de consentement universel sur rien. Or, ce que j’ai appelé discipline, c’est précisément ce consentement universel.

1258. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

sans aucun doute, un homme qui apporte avec lui des états nouveaux de l’âme, inconnus avant qu’il parût, presque universels dès qu’il les a révélés, cet homme n’est pas un médiocre moraliste. […] Quand on lit le Génie du Christianisme, pour peu qu’on songe à l’Exposition de la foi catholique ou au discours sur l’Histoire Universelle, on est un peu honteux pour notre siècle Dans un ouvrage didactique, composer n’étant qu’une manière de prouver cet art devait manquer à Chateaubriand, qui, à tout prendre, n’a rien prouvé de sa vie, sinon qu’il est un grand poète. […] La vie universelle n’est qu’un effort éternel du monde pour revenir à son principe. […] Une foule de ses ouvrages sont des tableaux généraux de l’histoire universelle ou des tableaux généraux de la création, simplifiés (eu leur fond) jusqu’à en être réduits à une conception enfantine. […] Figurez-vous les pianissimo, puis les piano, puis les rinforzando, puis les crescendo, et enfin le chorus universel du couplet sur la calomnie de Beaumarchais.

1259. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Elle est devenue l’intrigue incessante et universelle. […] Il en est de même de la peinture qu’il a faite de l’intrigue universelle. […] Et sur les choses de défense on était d’accord, et de cet accord est né l’armement universel, le service militaire obligatoire et universel. […] Ce quelque chose, qu’il faut adorer en le créant et le développant sans cesse, sera un jour un fait immense, universel, pénétrant et absorbant le monde entier, le transformant à l’absorber, le sanctifiant et le divinisant ; et alors Dieu sera. […] La démocratie consistant précisément à donner des lois à faire, ou, du moins, des législateurs, à ceux qui ne savent faire, que des souliers, et à remplacer les rouages multiples par un rouage unique, ou tout au moins à placer les rouages multiples en une telle dépendance du rouage universel qu’ils s’y absorbent, et que lui devient unique, n’était donc, pour Taine, qu’un simple contre-sens.

1260. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

D’après le Dictionnaire universel des Contemporains, M.  […] Renan, dans sa Vie de Jésus, que tout le monde lit en ce moment avec un intérêt si passionné, n’a eu garde d’oublier ce doux Virgile, qui seul, parmi ce monde romain si dur, semble un des précurseurs de l’Évangile, « Le monde, dit-il, distrait par d’autres spectacles, n’a nulle connaissance de ce qui se passe en ce coin oublié de l’Orient ; les âmes au courant de leur siècle sont pourtant mieux avisées : le tendre et clairvoyant Virgile semble répondre, comme par un écho secret, au second Isaïe ; la naissance d’un enfant (Églogue IV) le jette dans des rêves de palingénésie universelle. » Stendhal appelle Virgile le Mozart des poètes. […] Aussi, celles-là tendent-elles non seulement à nous ressembler, mais à se rapprocher entre elles dans des sentiments de paix, de fraternité et d’harmonie universelle. […] Rien entendu, ce procédé n’exclut nullement tous les autres : il ne rejette ni la critique des mots et du langage, qui va de la grammaire à la rhétorique, et de la rhétorique à la philologie ; ni la critique philosophique, qui, sous le nom particulier d’esthétique, remonte aux principes de l’art et se flatte de pénétrer l’essence même de la beauté ; ni la critique historique et morale, qui éclaire l’œuvre par la vie de l’auteur et la vie de l’auteur par l’œuvre, les replace dans leur siècle comme dans leur cadre et dans leur vrai jour, ou plutôt les reconstitue vivants, et ressuscite ensemble et l’œuvre et l’homme, et les contemporains, non d’un seul pays, mais de tous, par les littératures comparées et par l’histoire universelle. […] A la dernière exposition universelle de Londres, il n’y avait, dans la galerie des peintres hollandais, pas une seule figure nue.

1261. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — III. (Fin.) » pp. 175-194

N’oublions pas qu’il y avait trente ans que Sully était sur la scène, et vingt ans qu’il figurait dans les hauts emplois : il n’est pas donné aux hommes de se renouveler à volonté et de s’éterniser. « Le temps des rois est passé, et celui des grands et princes est revenu », c’était le cri universel dans les cabales du Louvre : Sully ne pouvait en être, et il n’était pas en mesure d’en triompher.

1262. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

Je la trouve citée aussi et traduite dans la Bibliothèque universelle de Genève, qui contient un travail bien fait sur Cowper (janvier et février 1854).

1263. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Instruction générale sur l’exécution du plan d’études des lycées, adressée à MM. les recteurs, par M. Fortoul, ministre de l’Instruction publique » pp. 271-288

… Si, en sortant du lycée, les jeunes gens ont conservé une notion précise et durable de la nature et des propriétés de quelques corps d’un intérêt universel, comme l’air, l’eau, les métaux usuels, les acides, les alcalis et les sels les plus communs ; si les phénomènes de la combustion, ceux de la respiration et de la nutrition des plantes, ceux de la respiration et de la nutrition des animaux, ont été soigneusement étudiés devant eux, l’enseignement de la chimie aura atteint son but.

1264. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

Il applaudit à ce défaut, que l’on pourrait presque appeler vice dans un tel rang… » Il est difficile de faire à Besenval sa part précise dans ce goût de raillerie qui était alors universel et celui de toute la société.

1265. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

Linguet veut expliquer à ses contemporains comment Voltaire a pu être et paraître si universel, et par quel enchaînement de circonstances, par quelle suite d’événements qui ne furent des épreuves que le moins possible, la destinée le favorisa en lui donnant une jeunesse si aisée, si répandue, si bien servie de tous les secours, et en lui ménageant à Ferney une longue vieillesse si retirée et si garantie du tourbillon : « La jeunesse de presque tous les écrivains célèbres, disait Linguet, se consume ordinairement, ou dans les angoisses du malaise, ou dans les embarras attachés à ce qu’on appelle le choix d’un état.

1266. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — I » pp. 249-267

Il est naturiste au fond, naturiste par principes, et accorde tout à cette grande puissance universelle qui renferme en elle une infinie variété d’êtres et d’accidents.

1267. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Un roi, en effet, je veux dire quelqu’un qui est né pour l’être, qui se croit et se sent de race et d’étoffe à cela, soit qu’il s’appuie à la vieille idée du droit divin, ou qu’il s’inspire de la pensée d’une haute mission, suscitée et justifiée par l’attente universelle, doit avoir en soi une noble confiance.

1268. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

Les différences de cette fin si digne, si caractérisée, mais si spéciale, si exclusive et si ensevelie, du grand empereur du xvie  siècle, les contrastes qu’elle offre avec les destinées de cet autre empereur exposé plus encore que relégué à Sainte-Hélène, y achevant de vivre et s’y dévorant dans les loisirs forcés d’une retraite où les mortifications, certes, ne manquaient pas, mais qui s’éclaire des rayons d’une civilisation supérieure et des lumières d’un génie universel, sont assez sensibles sans que j’y insiste.

1269. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

Il insiste sur ce qu’il y a de juste, et de nécessaire en même temps, à se ranger à la discipline, à la règle commune et à ce qui prévaut, à ne pas faire bande à part en telle matière contre le sentiment universel.

1270. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Les diverses raisons qu’on pourrait trouver à ce succès si prompt et si universel de Don Quichotte seraient encore insuffisantes, et il faudrait y ajouter je ne sais quelle bonne étoile qui ne s’explique pas.

1271. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

Ce que je tiens à marquer (après Campbell), c’est que s’il n’est pas un poète universel dans le sens qui frappe le plus aujourd’hui, il n’est pas moins véritablement poète, quoique dans un ordre moins orageux, moins passionné, moins éclatant, dans un mode orné, juste et pur.

1272. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Sa plus grande ambition littéraire (et ce n’en est pas une petite en effet) eût été de s’exprimer à l’imitation de Tacite ; elle revient à cette idée à plus d’une reprise dans sa prison, et avec des alternatives de regret ou d’espérance : « Si j’échappe à la ruine universelle », écrit-elle à un ami, « j’aimerai à m’occuper de l’histoire du temps ; ramassez de votre côté les matériaux que vous pourrez.

1273. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

N’oublions jamais de combien d’éléments nombreux, multiples, continus, et qui ne sauraient être remis en question (même quand on n’en a pas toujours les preuves comme ici), se forment et se composent ces sortes de réputations solides et assises, du genre de celle qui constituait le renom universel et avéré de Catinat.

1274. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

La facilité pourtant a fini par tenter tout le monde ; mais même dans ce déplacement agité et cette locomotion universelle qui se prononce à certaines saisons, on distinguerait aisément les promeneurs des voyageurs.

1275. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

Viguier (Biographie universelle). — Puisque j’en suis aux indications biographiques et à ces traits de physionomie qu’on dissimule avec soin dans les éloges académiques et officiels, je rappellerai encore que Villoison était gros et gras, qu’il était fort gourmand.

1276. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

Quand ils ont vu du grand dans le xviiie  siècle (et il y en a eu), ils l’ont étrangement placé : « Il y a eu du grand dans le xviiie  siècle, disent-ils, mais on ne veut pas le voir : on masque avec Brimborion les écuries de Chantilly. » D’autres verraient le grand du siècle dans l’Histoire naturelle, dans l’idée de l’Encyclopédie, dans la monarchie universelle de Voltaire ; mais ce sont les abstraits qui jugeraient ainsi : MM. de Goncourt sont des plastiques.

1277. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

J’avoue que, malgré ma prédilection pour l’excellent poëte, je n’avais jamais songé jusqu’ici, ni personne non plus, je pense, à lui déférer cette représentation universelle et souveraine.

1278. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

Étudiez l’incomparable style de Bossuet ; prenez le Sermon sur la mort, et tous ces conseils s’éclairciront ; vous y verrez la métaphore brusque ou préparée, suivie ou abandonnée, plongée au milieu des termes propres ou de métaphores dissemblables, lâchée dès qu’elle ne serait plus qu’une curiosité ou un obstacle, avec une souplesse et une fortune merveilleuses, sans autre règle apparente que l’universelle et l’infaillible règle de donner à la pensée l’expression adéquate, transparente, qui n’y ajoute rien et n’en retranche rien : Multipliez vos jours, comme les cerfs que la fable ou l’histoire de la nature fait vivre durant tant de siècles ; durez autant que ces grands chênes sous lesquels nos ancêtres se sont reposés et qui donneront encore de l’ombre à notre postérité ; entassez, dans cet espace qui paraît immense, honneurs, richesse, plaisir : que vous profitera cet amas, puisque le dernier souffle de la mort, tout faible, tout languissant, abattra tout à coup cette vaine pompe, avec la même facilité qu’un château de cartes, vain amusement des enfants ?

1279. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. L’Histoire »

En trois siècles, de la Renaissance au romantisme, le genre historique est représenté par le Discours sur l’Histoire universelle de Bossuet, qui est une œuvre de théologie, par l’Histoire des Variations, du même, qui est une œuvre de controverse, par l’Esprit des Lois, de Montesquieu, qui est un essai de philosophie politique et juridique : restent l’Essai sur les mœurs et le Siècle de Louis XIV de Voltaire, qui sont vraiment de l’histoire, malgré la thèse antireligieuse de l’auteur.

1280. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Pourtant, si je ne m’abuse, et si je vois clair à de certains symptômes, le moment approche où sa haute renommée aura à supporter une de ces insurrections générales auxquelles n’échappent jamais, en fin de compte, les longues monarchies, les monarchies universelles.

1281. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

Hors de là, il se complaît à ce détachement tranquille, universel, à cette espèce d’épicurisme transcendant, le même qu’on retrouve et qui s’exhale dans les livres de la Sagesse de Salomon.

1282. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

Bossuet aussi, de concert avec le duc de Montausier, a fait un élève, le premier Dauphin, père de ce même duc de Bourgogne ; c’est pour ce royal et peu digne élève qu’il a composé tant d’admirables écrits, à commencer par le Discours sur l’histoire universelle, dont jouit pour jamais la postérité.

1283. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

En général, on n’aperçoit dans aucune des qualités de Frédéric cette fraîcheur première qui est le signe brillant des dons singuliers de la nature et de Dieu : Tout, chez lui, semble la conquête de la volonté et de la réflexion agissant sur une capacité universelle ; qu’elles déterminent ici ou là, selon les nécessités diverses.

1284. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

M. le chancelier s’en contriste : tous les autres y prennent plaisir (1561). » Il gémit de ce vertige presque universel ; il sent que le peuple et la classe moyenne n’ont rien à gagner à ces querelles d’ambitieux qui se servent des passions et des croyances de tous pour arriver à leurs propres fins et se supplanter l’un l’autre : « S’il m’étoit permis de juger des coups, écrit-il, je vous dirois que c’est le commencement d’une tragédie qui se jouera au milieu de nous, à nos dépens ; et Dieu veuille qu’il n’y aille que de nos bourses ! 

1285. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Nouveaux documents sur Montaigne, recueillis et publiés par M. le docteur Payen. (1850.) » pp. 76-96

Considérant l’espèce d’état de fausse paix et de trêve précaire, le régime de sourde et profonde corruption qui avait précédé les derniers troubles, il se félicitait presque aussi de le voir cesser ; car « c’étoit, dit-il de ce régime de Henri III, une jointure universelle de membres gâtés en particulier, à l’envi les uns des autres, et, la plupart, d’ulcères envieillis, qui ne recevoient plus ni ne demandoient guérison.

1286. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

Ajoutez la multitude d’affaires qui passaient par ses mains, celles de religion surtout et de conscience, car elle se croyait l’« abbesse universelle », a dit Saint-Simon ; et elle-même s’appelle la « femme d’affaires des évêques ».

1287. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

Les plaintes élevées contre elle étaient alors universelles, au moins à Versailles, et de loin il devenait difficile de démêler celles qui étaient fondées d’avec les autres.

1288. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — II. (Suite et fin.) » pp. 421-440

Elle s’attache de bonne heure à Villars et semble deviner que ce général qu’on appelle fou sera en définitive le sauveur : « Car il y a trop de sages, dit-elle, ou au moins trop de gens qui croient l’être quand ils ne hasardent rien ; et je suis persuadée qu’il faut quelquefois laisser les choses au hasard, pourvu qu’on ne les pousse pas jusqu’à une témérité qui n’appartient qu’aux héros de romans. » Ce dernier défaut, elle le sent bien, serait volontiers celui de Villars ; elle le lui pardonne pourtant au milieu de l’abaissement trop universel : « Ce maréchal de Villars parle et agit, dit-elle, comme ces héros de romans qui croient porter la victoire partout où ils vont : j’aime assez ces airs-là présentement, si opposés à ceux qui nous ont jetés si près du précipice. » L’héroïque défense du maréchal de Boufflers dans Lille la transporte et tire d’elle de nobles accents : L’exemple que ce maréchal a donné en défendant Lille comme il l’a fait devrait bien causer de l’émulation et de la honte en même temps, si l’on compte encore pour quelque chose l’honneur.

1289. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

Il sent autant que personne la fragilité des choses et le néant de l’ambition ; il se dit tout ce qu’on peut dire, et il rencontre même certains accents élevés et d’éloquence : J’ai vu par là, dit-il (après l’énumération des malheurs de 1712), j’ai vu culbuter mille et mille projets, les soins et les peines de vingt années, mille fortunes mêlées à cela ; la désolation de la première famille du monde ; un deuil universel.

1290. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Cependant l’intérêt pour lui dans le public était extrême : sa jeunesse, sa fierté, sa constance à souffrir dans la prison, sa tenue ferme et simple aux audiences, son élévation naturelle de langage, ce quelque chose de contenu qu’il eut toujours et qui ne s’échappait que par éclairs, excitaient une sympathie universelle.

1291. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

Quelques personnes, parmi lesquelles je citerai Esménard, auteur de l’article Beaumarchais dans la Biographie universelle, M. 

1292. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

Mais, dans le cabinet, il se remet au système de la bienveillance universelle et de l’amour.

1293. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Mais aujourd’hui je ne puis insister que sur le grand succès littéraire et moral par lequel il se rattache à la langue française de son temps, je veux parler de son Introduction à la vie dévote, qui parut d’abord en 1608, et dont l’effet fut soudain et universel.

1294. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre deuxième. La force d’association des idées »

En associant les semblables, la conscience obéit à la loi universelle d’économie, qui veut que toute force s’exerce avec la moindre dépense possible, que toute appétition se satisfasse avec le minimum de peine : le rapprochement des semblables permet à la conscience d’embrasser d’un même regard une foule d’objets et de produire le plus grand travail avec le moindre effort.

1295. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

Là, Hugo a un morceau de la plus haute éloquence, qu’il termine par ces mots : « Oui, je le sais, le défaut c’est l’élection par les membres en faisant partie… Il y a dans l’homme une tendance à choisir son inférieur… Pour que l’institution fût complète, il faudrait que l’élection fût faite sur une liste présentée par l’Institut, débattue par le journalisme, nommée par le suffrage universel. » Sur cette thèse, qui semble un de ses habituels morceaux de bravoure, il est, je le répète, très éloquent, plein d’aperçus, de hautes paroles, d’éclairs.

1296. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

Ou bien ce sera un rythme dont les brisures multipliées sembleront à merveille adoptées à une idée de légèreté et de grâce : L’universel baiser court sur les hautes tiges comme un menu vol de papillons, tendresse brève, espoir long sur la plaine humaine voltigent coquelicots, pivoines, pavots, l’heur est léger, longue est la peine mais partout partent les pollens pour de futurs étés toujours beaux.

1297. (1897) Préface sur le vers libre (Premiers poèmes) pp. 3-38

Je sais bien qu’en France il fut longtemps plus difficile de discuter le sonnet que la loi de la gravitation universelle, d’attenter aux Trois Unités qu’à la liberté politique ; mais les temps viennent toujours.

1298. (1767) Salon de 1767 « Adressé à mon ami Mr Grimm » pp. 52-65

Ajoutez à ces causes la dépravation des mœurs, ce goût effréné de galanterie universelle qui ne peut supporter que les ouvrages du vice, et qui condamnerait un artiste moderne à la mendicité, au milieu de cent chefs-d’œuvre dont les sujets auroient été empruntés de l’histoire grecque ou romaine.

1299. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

Les uns auraient attaqué la propriété, la religion, la famille ; les autres auraient ridiculisé le mariage et préconisé l’union libre ; d’autres eussent vanté les bienfaits du cosmopolitisme et de l’association universelle.

1300. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Macaulay »

C’était bien là, du reste, la pensée que devait avoir sur l’erreur l’écrivain qui, en 1827, tirait l’innocence de Machiavel de la culpabilité universelle de son époque, et qui, en 1833, réduisit cette impudente thèse historique en axiome, quand il dit dans son Robert Walpole, innocenté comme Machiavel et encore mieux, car il était whig : « qu’on ne peut pas blâmer un homme de ce qu’il n’est pas supérieur à son siècle par sa vertu… » Certes !

1301. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

Son livre est un drame anonyme dont il est l’auteur universel, et voilà pourquoi il ne chicane ni avec l’horreur, ni avec le dégoût, ni avec rien de ce que peut produire de plus hideux la nature humaine corrompue.

1302. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Quant aux autres provinciaux, bourgeois et bourgeoises, marchands et marchandes des villes ou des gros bourgs, ils s’habillent précisément à la mode de Paris, qui est devenue la mode universelle.

1303. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

Cousin naviguer dans la métaphysique, refusa de spéculer sur la nature de l’univers, sur la création, sur l’essence de Dieu, n’admit point que la philosophie fût une science universelle, chargée de découvrir le système du monde.

1304. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Vous n’avez plus d’autre argument que de multiplier les ruines, en preuve de la destruction universelle qui nous attend, d’autre consolation que de nommer tour à tour les rois, les grands hommes, les poëtes, les sages, dont la mort a précédé celle que vous déclarez pour chacun de nous aussi absolue qu’elle est inévitable ; vous dites éloquemment : « Scipion, ce foudre de guerre, la terreur de Carthage, a laissé ses ossements à la terre comme le plus infime esclave.

1305. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

» Beyle disait : « Pas de vers du tout. » C’était au fond le sentiment de Balzac, quoique pour paraître large, compréhensif, universel, il fît quelquefois dans le monde semblant d’admirer la poésie, de même que les bourgeois simulent un grand enthousiasme pour la musique qui les ennuie profondément. […] Son style alors ressemble à ces vitrines de la Compagnie des Indes aux expositions universelles : l’or, l’argent, les perles, les diamants, les saphirs, les paillons, les ailes de scarabée y luisent sur le fond disparu du brocart et du cachemire. […] Il suivait les représentations du vieux Will, dont Hay-Market reprenait quelques drames à propos de l’Exposition universelle. […] Notre palais intellectuel a été étonné comme lorsqu’on boit à l’Exposition universelle quelques-unes de ces boissons américaines, mélange pétillant de glace, de soda water, de gingembre et autres ingrédients exotiques. […] Il n’a pour elles aucune complaisance et les regarde comme des infractions au rhythme universel.

1306. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Il eut été étonné si on lui eût dit que la mortalité universelle des hommes avait été observée avant lui. […] Il ne songeait pas au suffrage universel ; il ne songea, même plus tard, vers 1845, soit qu’à une large extension du droit de suffrage, soit qu’au suffrage universel à deux degrés, très tamisé et très endigué. […] Tous, enfin, demandent, comme vœu universel de la nation (et rien n’était plus vrai), qu’il y ait enfin une constitution du gouvernement de la France, nette, précise, arrêtée et inviolable, et s’imposant au gouvernement comme à tout le reste de la nation. […] Klopstock chanta, avec lyrisme, les restaurateurs de la liberté universelle. […] Il faut le regarder très tranquillement, et surtout le mesurer à l’âme de son temps, où, sauf aux armées, la vertu était très rare, l’ambition, la fureur d’arriver et de jouir, l’intrigue furieusement égoïste, presque universelles.

1307. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

. — Son livre de la Science universelle […] Chose bizarre, cet homme, qui avait rédigé une histoire universelle, donne à Tarquin, dans sa première tragédie de Lucrèce, représentée en 1637, le titre d’empereur de Rome. […] Il affirmait avoir composé en dix heures les sept cent cinquante vers d’un ouvrage sur l’Entrée du Roi et de la Reine à Paris ; enfin il eut l’aplomb de raconter qu’il travaillait à une Science universelle en deux cent mille vers, et qu’en ayant fait déjà cent mille, il aurait bientôt mis la dernière main à cette encyclopédie digne de son génie immense. […] La Science Universelle ne parut jamais ; le monde fut déshérité de ce chef-d’œuvre, et les pièces qu’il donna, au nombre de huit à dix, tragédies ou comédies, sont assez médiocres, bien qu’il ne manquât ni d’esprit, ni d’imagination, ni de facilité. […] Il joua le rôle avec un emportement qui excita un rire universel.

1308. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Un seul poète, un seul penseur, un seul homme élevant son front auguste au-dessus de l’universelle imbécillité. […] Je crois pourtant que, s’il le voulait bien, s’il ne mettait pas une certaine coquetterie à agiter son plumet, il produirait des pages parfaites et qui lui vaudraient le suffrage du public, et non pas seulement des abstracteurs de quintessence… Il se trouve présentement au carrefour de deux routes : l’une qui mène à la gloire orgueilleuse des incompris, qui feignent de mépriser le suffrage de la foule ; l’autre qui conduit à la grande renommée, à la renommée des maîtres universels et classiques… À lui de choisir ! […] Il dissout la Chambre et la remplace par un Parlement plus libéral émané du suffrage universel. […] L’idéal démocratique est d’assurer à tous un demi-bien-être ; cela est désirable sans doute ; mais, la nature humaine étant donnée, cela ne se peut faire que par une publique et universelle compression dont pâtiront surtout les êtres d’élite et à laquelle ils succomberont.

1309. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Dans cet affaissement universel, il semblait que personne n’avait plus de cœur. […] Telle que la voilà, elle parut triomphante, et l’applaudissement universel dont fut accueilli ce beau bavardage oratoire, montre les goûts et la culture, l’insuffisance et la politesse de ce monde élégant dont Temple était la merveille, et qui, comme Temple, n’aimait de la vérité que le vernis. […] L’Angleterre la suit dans cette voie, emportée par le courant universel du siècle, mais à distance, et tirée de côté par ses inclinaisons nationales. […] L’écrivain est un philosophe qui nous fait toucher dans un exemple particulier une vérité universelle. […] De là, s’attaquant à la gloire et à l’argent, il avait jeté coup sur coup à la scène les pièces les plus diverses et les plus applaudies, comédies, farce, opéra, vers sérieux ; il avait acheté, exploité un grand théâtre sans avoir un sou, improvisé les succès et les bénéfices, et mené la vie élégante parmi les plaisirs les plus vifs de la société et de la famille, au milieu de l’admiration et de l’étonnement universels.

1310. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

M. de Lisle (heureusement pour lui) est encore dupe, comme nous, de l’universelle Illusion. […] Oui, je suis effrayé de voir une tradition aussi grandiose que celle de la royauté française remise à un souverain aussi borné, aussi étourdi, aussi accessible à la calomnie, aussi facile à surprendre que le peuple représenté par le suffrage universel. […] Il y a vu le triomphe de la science, de 89, de la démocratie, la fin de la souffrance et de la misère, la fraternité universelle… C’est là un sentiment tout à fait respectable. […] L’exposition universelle est plus innocente que les triomphes de Paul-Émile ou de Jules César. […] On rapporte de là une assez rare impression de brutalité ; c’est comme un joli raccourci de la cruauté universelle…   Paris, 11 juillet.

1311. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

Par la protection de Saint-Paul, il est nommé sous-préfet dans l’Ariège, et il me dévoile les mensonges du suffrage universel, me contant que dans une commune, où Saint-Paul avait eu l’unanimité, quelques mois après, le candidat de Gambetta avait la même unanimité. […] Ce soir, je plaignais les reins des artilleurs galopant sur les caissons, devant M. de Fraville, officier d’artillerie. « Ce n’est pas sur les reins, me dit-il, que se porte la fatigue du secouement sur les coffres, c’est sur la mâchoire, et cela arrive quelquefois à empêcher les artilleurs de manger le soir. » Samedi 14 septembre Un dur parcours, que celui sur la ligne de l’Est par cette Exposition universelle. […] le théâtre, s’écrie-t-il, c’est une ardoise et un torchon, et une chose à la craie qu’on efface à tout moment… ç’a été le procédé de Shakespeare et de Molière. » Mardi 24 septembre Une singulière forme de gouvernement, ce suffrage universel, qui ne tient aucun compte des minorités, quelque nombreuses qu’elles puissent être.

1312. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

Mais, de ces deux lois, la première seule paraît être constante, uniforme et universelle dans son action ; si la perfection esthétique est, elle aussi, un principe directeur de l’esprit humain, les faits semblent prouver que son énergie est variable et son application capricieuse ; une partie seulement de l’humanité révèle par ses créations cette tendance à représenter les genres par des types individuels parfaits, et ce langage de l’art n’est pas compris par tous les hommes ; même aux époques et dans les pays où il éclate avec évidence, l’instinct esthétique n’est pas satisfait par des créations identiques ; il n’est pas de type idéal sur lequel tous les hommes puissent s’accorder. Or un signe ne saurait être appelé parfait s’il n’est pas à la portée de tous et capable d’obtenir un assentiment universel. […] IY, § 7] est un fait universel ; mais cette universalité n’est pas la preuve d’une absolue nécessité ; pour l’expliquer, il suffit de prouver, — ce que nous pensons avoir fait, — qu’il est à la fois naturel et commode à la pensée de partager la masse des images qui la composent en deux séries parallèles, les images les plus vives étant chargées de représenter les autres ; en se constituant ainsi, la pensée n’obéit pas à une inéluctable fatalité, de nature immanente ou transcendante, mais à un instinct juste, à une loi vaguement pressentie de bonne économie domestique : parcourant plus vite la masse toujours croissante des images qui constituent son expérience, elle ménage ses forces sans diminuer sa production ; elle produit avec le minimum de peine le maximum de travail ; c’est la même tendance qui, manifestée dans le langage extérieur, a été appelée par les linguistes modernes la loi du moindre effort.

1313. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

Celui de l’Enéide, tel que Virgile pouvoit le présenter, étoit beau pour tous les hommes ; mais dans le point de vûe sous lequel le poëte l’a envisagé, Il est bien éloigné de cette beauté universelle ; aussi le sujet de l’Odyssée comme l’a saisi Homere (abstraction faite des détails), est bien supérieur à celui de l’Enéide. […] L’action de l’épopée doit donc avoir une grandeur & une importance universelles, c’est-à-dire indépendantes de tout intérêt, de tout système, de tout préjugé national, & fondée sur les sentimens & les lumieres invariables de la nature. […] L’estime est un sentiment tranquille & personnel ; l’admiration, un mouvement rapide & quelquefois momentané ; la célébrité, une renommée étendue ; la gloire, une renommée éclatante, le concert unanime & soûtenu d’une admiration universelle. […] Ce silence universel des gens de Lettres seroit lui-même un jugement terrible, si l’on étoit accoûtumé à les voir se réunir pour rendre un témoignage éclatant aux actions vraiment glorieuses. […] En un mot la république n’est une que dans le cas du droit universel aux premieres dignités.

1314. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

La cour la décida jugement de l’église universelle, en matière de doctrine. […] Elle l’accusa d’avoir composé son Dictionnaire universel d’après le dictionnaire auquel elle travailloit depuis tant d’années. […] Il vouloit rendre le François la langue universelle de l’Europe. […] Son titre étoit ainsi conçu : Dictionnaire universel, contenant tous les mots de la langue, tant vieux que nouveaux, des arts & des sciences. […] Il s’adressoit tantôt au chancelier, tantôt au roi lui-même, pour obtenir la permission de faire imprimer son dictionnaire universel.

1315. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

L’année même où parut cette relation de voyage, il prenait la part la plus active à la rédaction d’un recueil qui ne vécut que peu, mais qui était un heureux signal, les Tablettes universelles. […] Nous pourrions, en d’autre temps, essayer d’entrer dans ces aperçus, emprunter à la parole même de l’auteur quelques-uns des développements dont elle est fertile, ou même chercher à obtenir de sa faveur quelque fragment de l’histoire de Florence ; mais l’attente universelle est ailleurs en ce moment, et c’est une autre pièce que le parterre assemblé réclame déjà à grands cris de toutes parts.

1316. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

Un kantiste de la compagnie donne son explication du devoir, idée universelle, indestructible ; un théologien se récrie à cette explication naturelle, et veut recourir à l’intervention divine ; un amateur, qui a lu Voltaire et Montaigne, doute qu’un sauvage éprouve rien de semblable à ce que le kantiste proclame. — Qu’en savez-vous ? […] En ces moments de dissolution de doctrines et de cohue universelle, à tout prix il importe d’avoir au dedans de soi, dans son caractère, dans sa conduite, des points invincibles et inexpugnables, fussent-ils isolés et sans rapport avec le reste de nous-même, — oui, des espèces de rochers de Malte ou de Gibraltar où l’on se rabatte en désespoir de cause et où l’on maintienne le drapeau.

1317. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Concevant cette utilité dans le sens le plus large et le plus philosophique, il propose le plan d’une bibliothèque universelle, encyclopédique, qui comprenne toutes les branches de la connaissance et de la curiosité humaines, et dans laquelle toutes sortes de livres sans exclusion soient recueillis et classés. […] Il rêve la bibliothèque publique et universelle avec la même persistance et la même chaleur que Diderot a pu mettre à l’Encyclopédie  ; il se consume à l’édifier par toutes sortes de travaux et de voyages ; il n’aime la gloire que sous cette forme, mais c’est à ses yeux une belle gloire aussi, et, au moment où il semble l’avoir atteinte, il échoue, ou du moins il peut croire qu’il a échoué.

1318. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

À ce titre la musique a sa place dans un cours de littérature universelle. […] écrit à son tour le père à sa femme le 29 décembre 1770 ; la première représentation de l’Opéra a eu lieu le 26 avec un plein et universel succès, et avec des circonstances qui ne se sont jamais présentées à Milan, à savoir que, contre tous les usages de la première sera, un air de la prima donna a été répété, tandis que d’habitude, à la première représentation, on n’appelle jamais fuora ; et, en second lieu, que presque tous les airs, sauf quelques airs delle vecchine parti , ont été couverts d’extraordinaires applaudissements, suivis des cris : Evviva il maestro !

1319. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

« Dans le naufrage universel des croyances, quels débris où se puissent rattacher encore les mains généreuses ? […] « Pesez ce que vaut, parmi nous, cette expression populaire, universelle, décisive et simple cependant : — Donner sa parole d’honneur.

1320. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Elle eut un succès mérité et universel. […] La première églogue, qui n’est guère que la troisième dans l’ordre chronologique, nous a dit dès l’enfance comment Tityre, qui n’est ici que Virgile lui-même, dut aller dans la grande ville, à Rome ; comment, présenté, par l’intervention de Mécène probablement, au maître déjà suprême, à celui qu’il appelle un Dieu, à Auguste, il fut remis en possession de son héritage, et put célébrer avec reconnaissance son bonheur, rendu plus sensible par la calamité universelle.

1321. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

Aussi toute religion divine a-t-elle pour dogme l’amour universel, la défense d’attenter à la vie animale, tandis que la volonté mauvaise porte l’homme, fatalement, à la destruction. L’Eucharistie a ce seul sens : elle ordonne l’abstinence de nourriture animale ; la communion universelle dans le pain et le vin.

1322. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

Pour répond re à cette objection, je remarque que parmi les gens de lettres qui courent une même carrière, comme il est différents degrés de talents, il est aussi différentes classes ; ces classes sont d’elles-mêmes assez marquées, et les gens de lettres par une espèce de convention tacite les forment presque sans le vouloir : chacun, je l’avoue, cherche à se mettre dans la classe la plus élevée qu’il lui est possible ; mais il n’est pas à craindre que les rangs soient trop bouleversés par cette prétention ; car la vanité n’est aveugle que jusqu’à un certain degré ; il arrivera seulement de là qu’il y aura moins de classes, jamais qu’elles se confondent en une seule : celui surtout qui aspirerait à la monarchie universelle et perpétuelle, quand même il en serait digne, courrait risque de trouver bien des rebelles ; l’anarchie qui détruit les États politiques, soutient au contraire et fait subsister la république des lettres ; à la rigueur on y souffre quelques magistrats, mais on ne veut point de rois. […] Ce n’est point à l’hôtel de Rambouillet que Descartes a découvert l’application de l’algèbre à la géométrie, ni à la cour de Charles II que Newton a trouvé la gravitation universelle ; et pour ce qui regarde la manière d’écrire, Malebranche qui vivait dans la retraite, et dont les délassements n’étaient que des jeux d’enfant, n’en est pas moins par son style le modèle des philosophes.

1323. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

À Paris, tout se polit et s’efface par le frottement de tous contre tous ; c’est la fusion et la détrempe universelles. […] La critique moderne, qui sourit de l’histoire universelle et providentielle de Bossuet, aura pour l’auteur des Merveilles du Mont Saint-Michel le même sourire.

1324. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

J’en ai, de tout temps, retenu ces vers qui ne sont pas les seuls qu’on pourrait citer : Dieu, père universel, veille sur chaque espèce ; Il soumet l’univers aux lois de sa sagesse ; De l’homme elle s’étend jusqu’au vil moucheron : Il fallait tout un Dieu pour créer un ciron !

1325. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

Ses nerfs s’affectent ; en butte à l’attaque universelle de l’opinion qui, à cette heure, est toute déclarée en faveur du roi de Prusse, sans moyens directs de remédier aux maux et aux désastres de chaque jour, obligé de pourvoir aux subsides des alliés, sensible à l’idée de manquer à ses engagements si l’argent lui fait défaut (et l’argent très souvent est en retard), il pousse des cris de détresse et n’hésite pas à entrer en désaccord avec Mme de Pompadour.

1326. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Il se croyait voué à une réprobation irrévocable, de même que Rousseau se voyait l’objet d’une conspiration universelle.

1327. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Il aimait la vérité quand elle lui était favorable, et la révérait quand même elle lui était contraire… Il m’est arrivé souvent de l’entendre parler de l’ambition déréglée de ces écrivains qui se proposaient pour fruit de leurs veilles l’approbation universelle… En le louant ainsi de cette facilité à écouter la critique, Costar se mettait peu en devoir de le suivre : car l’instant d’après il reprenait en détail toutes les objections de Girac, il se faisait fort de les réfuter une à une, et de maintenir Voiture sans tache d’un bout à l’autre et, pour ainsi dire, impeccable.

1328. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

L’honneur de Richelieu est de l’avoir senti avec une énergie ardente et un indomptable génie d’exécution : le malheur de Rohan, celui de sa position, est de n’avoir pu le sentir, d’avoir été l’allié naturel et comme nécessaire de l’étranger, de quiconque était alors l’ennemi de la patrie, d’avoir continué de penser là-dessus comme un seigneur féodal en retard, devenu républicain par rencontre, et qui, en vue d’une conviction religieuse particulière, usait de tous les moyens de défense, sans se douter de ce qu’il allait choquer au sein de cet autre sentiment moral et religieux aussi, de ce sentiment patriotique, tout à l’heure universel.

1329. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Il semble qu’on ait tout dit à l’honneur des lettres et pour célébrer la douceur dont elles sont dans les différentes circonstances et aux différents âges de la vie ; il y a longtemps qu’on ne fait plus que paraphraser le passage si connu de Cicéron plaidant pour le poète Archias : « Haec studia adolescentiam alunt, senectutem oblectant… », Frédéric nous offre une variante piquante à cet éloge universel des lettres et de l’étude ; il va jusqu’à prétendre, sans trop de raffinement et d’invraisemblance, que toutes les passions (une fois qu’elles ont jeté leur premier feu) trouvent leur compte dans l’étude et peuvent, en s’y détournant, se donner le change par les livres : Les lettres, écrit-il au prince Henri (31 octobre 1767), sont sans doute la plus douce consolation des esprits raisonnables, car elles rassemblent toutes les passions et les contentent innocemment : — un avare, au lieu de remplir un sac d’argent, remplit sa mémoire de tous les faits qu’il peut entasser ; — un ambitieux fait des conquêtes sur l’erreur, et s’applaudit de dominer par son raisonnement sur les autres ; — un voluptueux trouve dans divers ouvrages de poésie de quoi charmer ses sens et lui inspirer une douce mélancolie ; — un homme haineux et vindicatif se nourrit des injures que les savants se disent dans leurs ouvrages polémiques ; — le paresseux lit des romans et des comédies qui l’amusent sans le fatiguer ; — le politique parcourt les livres d’histoire, où il trouve des hommes de tous les temps aussi fousaf, aussi vains et aussi trompés dans leurs misérables conjectures que les hommes d’à présent : — ainsi, mon cher frère, le goût de la lecture une fois enraciné, chacun y trouve son compte ; mais les plus sages sont ceux qui lisent pour se corriger de leurs défauts, que les moralistes, les philosophes et les historiens leur présentent comme dans un miroir.

1330. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

Ma conclusion est qu’il faut acheter l’armistice à quelque prix que ce puisse être, supposé qu’on ne puisse pas finir les conditions du fond avant le commencement de la campagne. » Or, l’honneur de Villars est précisément, par des moyens qui étaient en lui et qu’il puisait dans sa nature assez peu fénelonienne, d’avoir su remédier à ce découragement universel, et d’avoir tiré des étincelles d’héroïsme là ou les plus pénétrants ne voyaient plus qu’une entière prostration.

1331. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

Après avoir dompté et décapité les grands, maté les protestants comme parti dans l’État, déconcerté et abattu les factions dans la famille royale, tenant tête par toute l’Europe à la maison d’Autriche, faisant échec à sa prédominance par plusieurs armées à la fois sur terre et sur mer, il eut l’esprit de comprendre qu’il y avait quelque chose à faire pour la langue française, pour la polir, l’orner, l’autoriser, la rendre la plus parfaite des langues modernes, lui transporter cet empire, cet ascendant universel qu’avait eu autrefois la langue latine et que, depuis, d’autres langues avaient paru usurper passagèrement plutôt qu’elles ne l’avaient possédé.

1332. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

Marie-Antoinette, arrivée jeune en France et après des efforts bien sincères pour faire le bien, pour être approuvée et pour réussir, se trompa un peu de chemin et de moyens : rien ne saurait prévaloir contre cette opinion universelle qui est devenue un fait acquis de l’histoire.

1333. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 177-201

S’il s’attaquait au vrai moyen âge, aux siècles de Hildebrand et de Bernard, il n’accorderait pas assez à l’influence universelle, à la splendeur du soleil catholique ; les exceptions et les points obscurs le distrairaient de la vérité d’ensemble.

1334. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

Au moment où elle se croyait remise en possession, la voilà jouée sous main par les lus daveugles mouvements ; et il ne lui reste alors d’autre ressource, pour se venger des tours qu’on lui joue chez elle et des affronts journaliers qu’elle subit, que de s’en railler et de se railler de tout, avec légèreté et bonne grâce, s’il se peut, avec un sourire d’ironie universelle : triste rôle, qui fut celui que l’histoire attribue à ce Gaston d’Orléans, à la fois spectateur, complice et fin railleur de toutes les intrigues qui se brisaient et se renouaient sans cesse autour de lui.

1335. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre V. Des ouvrages d’imagination » pp. 480-512

Les hommes qui veulent faire recevoir leurs vices et leurs bassesses comme des grâces de plus, dont la prétention à l’esprit est telle qu’ils se vanteraient presque à vous-même de vous avoir habilement trahi, s’ils n’espéraient pas que vous le saurez un jour, ces hommes qui veulent cacher leur incapacité par leur scélératesse, se flattant que l’on ne découvrira jamais qu’un esprit si fort contre la morale universelle est si faible dans ses conceptions politiques, ces caractères si indépendants de l’opinion des hommes honnêtes, et si tremblants devant celle des hommes puissants, ces charlatans de vices, ces frondeurs de principes élevés, ces moqueurs des âmes sensibles, c’est eux qu’il faut vouer au ridicule qu’ils préparent, les dépouiller comme des êtres misérables, et les abandonner à la risée des enfants.

1336. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre III »

La populace, délivrée du frein auquel elle est accoutumée, s’abandonnerait à des violences d’autant plus cruelles qu’elle ne saurait elle-même où s’arrêter… Tant que le pain de Gonesse ne manquera pas, la commotion ne sera pas générale ; il faut que la halle779 y soit intéressée, sinon les femmes demeureront calmes… Mais si le pain de Gonesse venait à manquer pendant deux marchés de suite, le soulèvement serait universel, et il est impossible de calculer à quoi se porterait cette grande multitude aux abois, qui voudrait se délivrer de la famine, elle et ses enfants. » — En 1789, le pain manque à Gonesse et dans toute la France.

1337. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

« Il n’y a point de panacée universelle pour le chagrin, il en faudrait autant que d’individus.

1338. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIe entretien. Sur la poésie »

Seulement, au lieu de chanter pour moi-même ou pour les hommes, je chanterais pour lui ; mes hymnes ne contiendraient que le nom éternel et infini, et mes vers, au lieu d’être des retours sur moi-même, des plaintes ou des délires personnels, seraient une note sacrée de ce cantique incessant et universel que toute créature doit chanter, du cœur ou de la voix, en naissant, en vivant, en passant, en mourant devant son Créateur.

1339. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

La littérature où la raison tend à dominer, s’oriente vers l’universel : elle reconnaît pour son objet ce dont chacun trouve en soi, la vérité et l’usage ; rien ne lui sera plus propre que la vie humaine, que les faits moraux, les forces et les freins que met en jeu dans Taine l’existence de chaque jour.

1340. (1890) L’avenir de la science « XIII »

Je conçois un cadre de vie très étendu, universel même.

1341. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

Elle prêche, par l’exemple comme par la parole, le pardon et la pitié, la charité universelle et la régénération par l’amour.

1342. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

Napoléon lui-même ne s’était guère donné le loisir de bien comprendre cette nature universelle de Goethe ; il voyait toujours en lui l’auteur de Werther, c’est-à-dire ce que Goethe avait été à un instant de sa jeunesse et ce qu’il n’était plus.

1343. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

Comment décrire cette insurrection universelle qui éclata après La Nouvelle Héloïse, après l’Émile (1759-1762), qui devança la Révolution de 89, et qui déjà, de loin, la préparait ?

1344. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Quicherat, qui a examiné de si près les choses, ces témoins survivants étaient déjà eux-mêmes sous l’influence de la légende universelle, et ils ne parvinrent peut-être pas à s’y soustraire entièrement dans leurs dépositions.

1345. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

Bazin s’était donc très bien guéri de la maladie universelle ; il en était resté très peu gravé, et c’était tout au plus si on lui voyait un grain.

1346. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

Cela dit, et sa propre confession faite, il arrive délibérément à celle des autres, et il entame en toute conscience cette espèce de dissection universelle, cette ouverture impitoyable des âmes, qui le fait ressembler, au milieu de cette foule éparse, à un loup qui serait entré dans la bergerie, ou encore à un chien de meute qui serait à la curée.

1347. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

Il est si porté à penser que l’ignorance et la sottise sont un fait des plus naturels et des plus universels, que rien ne l’étonne en ce genre ni ne l’irrite.

1348. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

En 1840, dans son voyage de Toulouse, où il avait gagné pour la première fois son titre envié de poète universel de tout le pays languedocien, il avait vu une jeune personne, alors dans la prospérité, Mlle Thérèse Roaldès, « marier sa riche musique à ses pauvres chansons ».

1349. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

L’article Buffon par Cuvier, qui se lit dans la Biographie universelle, ne saurait non plus s’omettre ; chaque mot y a sa mesure et son poids.

1350. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

Raynouard, jeune, honnête et généreux, mérita d’être enveloppé à son heure dans la tempête universelle.

1351. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Honneur pourtant à lui, quoi qu’on puisse dire bientôt à sa charge, et quoi que nous allions dire nous-même, honneur au poète pour avoir conçu, en ce siècle de raisonnement et de bel esprit, à cette époque de cabale et d’enrôlement universel, une telle idée d’une vocation calme, sereine et recueillie !

1352. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

c’est sa maxime quand il ne se croit pas sûr des gens : Comme il ne connaissait pas mes intentions, et qu’il jugeait de moi sur l’opinion qu’il avait de la corruption universelle du monde, il ne pouvait s’empêcher de me soupçonner de me mêler de beaucoup de choses contraires à ses intérêts.

1353. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

Cette lettre du prince de Conti est caractéristique sur Gourville, qu’on s’accoutume à traiter comme la cheville ouvrière universelle : c’est ce qu’on peut appeler son brevet de Quinola ou de Figaro.

1354. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

En prenant ce commandement des mains de Masséna, il ne se fait aucune illusion sur les difficultés de la tâche et sur la nature des moyens ; après quelques considérations sur le pays, théâtre de la guerre, il en vient au moral et au matériel des troupes : De la misère, dit-il, de l’indiscipline, du mépris de l’autorité, un mécontentement universel, et un désir immodéré de rentrer en France de la part des généraux ; une artillerie détruite en entier, et point de munitions ; une cavalerie réduite à peu de chose, et ce peu dans le plus mauvais état ; l’infanterie diminuée de près de la moitié : tel était tout à la fois le pays dans lequel je devais agir, et l’instrument dont il m’était donné de me servir.

1355. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

» Sérieusement, il n’était encore d’aucun parti à cette date de fureur presque universelle et d’incandescence.

1356. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

Je n’ai jamais vu un décisionnaire si universel. » Franklin était tout le contraire de cet homme-là ; il avait fini par supprimer dans son vocabulaire ces mots certainement, indubitablement : J’adoptai en place, dit-il, je conçois, je présume, j’imagine que telle chose est ainsi ou ainsi ; ou bien : cela me paraît ainsi quant à présent.

1357. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

Il fit, dès le premier jour, à ce grand mouvement presque universel, des objections sensées, froides, qui portaient sur tout ce qu’il y avait d’illusoire dans le vertige du moment, mais qui ne tenaient point assez compte de ce qui s’y agitait de profond.

1358. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

On peut dire que l’esprit français a fait insensiblement l’office d’un Voltaire universel, qui a eu raison, à la fin, du savant défaut dont il s’agit.

1359. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre quatrième. L’expression de la vie individuelle et sociale dans l’art. »

Nécessité d’un côté universel et social des types. — Le conventionnel et le naturel dans la société et dans l’art.

1360. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

Que l’on joigne à cette observation générale le fait que les personnes capables et désireuses d’entreprendre des travaux d’esthopsychologie seront évidemment des lecteurs d’une curiosité universelle et impartiale, habiles à sentir tout le charme de presque toutes les œuvres, disposés tout au moins à s’assouplir à les comprendre, et partant du principe que toute œuvre qui émeut n’importe quel barbare ou quel raffiné a des propriétés qui justifient cet effet.

1361. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

Ces spectacles quotidiens et cette humanité courante, incapables d’aucun développement extrême, ne contenant de l’énergie universelle qu’une imperceptible dose, mesquins, transitoires et négligeables, présents cependant et s’imposant sans cesse à l’attention de son intelligence réaliste, l’exaspèrent, l’affligent, le dégoûtent et l’attirent.

1362. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Mais on savait moins que celle de Rivarol, qui semblait de feu, eût résisté froidement à l’universel vertige et qu’il lui eût opposé, sur le bord même du gouffre, un front aussi beau et aussi impassible que le front de Séraphita sur la cime du Falberg !

1363. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

Cette confusion avec la vie du monde donne à notre vie une grandeur, une beauté incomparables… »‌ Ainsi attaché à la splendeur universelle, il défie le destin. « J’ai confiance que quoi qu’il arrive aujourd’hui, demain, dans huit jours, je me suis monté assez haut pour dominer les événements et ne les regarder qu’avec curiosité ».

1364. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Voici, par exemple, une pensée qu’on ne saurait trop, à ce qu’il semble, recommander à la méditation des érudits, « de nos fastueux érudits », comme les appelait Fénelon : « Puisqu’on ne peut être universel et savoir tout ce qui se peut savoir sur tout, il faut savoir peu de tout. […] Cependant ni la guerre ni l’universelle détresse n’interrompaient les plaisirs et les fêtes. […] « Il sut si bien prendre le goût du siècle et s’accommoder de sorte à la cour et à la ville qu’il eut l’approbation universelle de côté et d’autre, et les merveilleux ouvrages qu’il a faits depuis, en vers et en prose, ont porté sa gloire au plus haut degré. […] Son sujet l’entraînera, l’emportera, l’élèvera jusqu’à l’éloquence, mais non pas jusqu’à l’oubli de soi-même, car l’affaire « intéressera toute l’Europe », car Paris et la France retentiront du nom de Voltaire, car l’applaudissement universel et l’admiration publique le soutiendront dans sa tâche ; mais vraiment il faut l’enthousiasme déclamatoire et l’incurable naïveté de Diderot pour s’écrier : « Ô mon ami, le bel emploi de génie ! […] Elle nous en a transmis l’esprit de recherche, d’universelle curiosité, de prompte et généreuse sympathie.

1365. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Système ravissant, qui, avec les plus fins artifices et avec les sortilèges de la dialectique, aboutit à l’idéalisme universel et à la négation d’une réalité indépendante de l’esprit. […] À mon gré, la question n’est point alors de savoir si l’œuvre passera les âges : l’œuvre, dès l’instant qu’elle réalise une idée, l’immobilise et la détache de la fuite universelle. […] Non qu’il doive emporter à sa thèse l’universelle adhésion tout de go : du moins, il fournit des arguments et en tire une preuve, laquelle est de qualité objective. […] En outre, son orgueil l’engage à concevoir que la morale universelle a des exceptions en faveur d’un si grand génie. […] Peu importe : il a inventé le mot de « tropisme » et aussitôt la science universelle compte sur lui.

1366. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Car ces maladresses, il ne les commet, précisément, que parce qu’il n’a pas cessé de reconnaître, dans le fond de son cœur, cette morale universelle en dehors de laquelle il prétend s’être placé. […] Il a cru, lui, que de n’être pas bon, cela finit toujours par être une souffrance, que l’homme fort ne saurait donc l’être jusqu’au bout ; qu’une heure vient, inévitablement, où sa solitude l’avertit de son erreur et le contraint à se réfugier, tout pleurant, dans l’universelle morale. […] Donc, ayant feint la débauche, Lorenzo l’a aimée ; et, pour avoir vu la faiblesse de beaucoup de jeunes filles et de femmes, il a cru à l’universelle impureté. […] Le banal, entre les mains d’un poète, grandit et devient l’« universel » ; et M.  […] Il nous avait montré le malheur des filles que l’instruction déclasse, la corruption des électeurs et des élus par le suffrage universel, l’hypocrisie et l’insuffisance des institutions philanthropiques, le mal que peut faire la superstition de la science.

1367. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

« Indicible sensibilité, s’écrie-t-il, charme et tourment de nos vaines années, vaste conscience d’une nature partout accablante et partout inspirée, trouble, passion universelle, sagesse avancée, voluptueux abandon, tout ce qu’un cœur mortel peut contenir de besoins et d’ennuis profonds, j’ai tout senti, tout éprouvé dans cette nuit mémorable, j’ai fait un pas sinistre vers l’âge d’affaiblissement, j’ai dévoré dix années de ma vie. […] C’est une fatigue qui redouble par intervalles ; c’est un découragement universel… tout vient de ma faute, ma perte sera mon ouvrage. […] Quelle ironie intarissable vis-à-vis des principes de la morale universelle, des convictions communes, de toutes ces choses qui font battre le cœur des simples honnêtes gens ! […] Comment n’a-t-il pas senti qu’en ruinant la raison individuelle, il sapait du même coup la raison universelle, puisque celle-ci ne se compose, en dernière analyse, que de la réunion des intelligences particulières ? […] C’est ainsi qu’à la même époque, elle nous montre, dans Sylvia, une femme orgueilleuse, qui ne croyant personne digne de son amour, se renferme dans une indifférence universelle.

1368. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

L’esprit recommence l’évolution qu’il a déjà faite à Alexandrie, non pas, comme alors, au milieu d’un air délétère, dans la dégradation universelle des hommes asservis, dans la décadence croissante d’une société qui se dissout, parmi les angoisses du désespoir et les fumées du rêve ; mais au sein d’un air qui s’épure, parmi les progrès visibles d’une société qui s’améliore et l’ennoblissement général des hommes relevés et affranchis, au milieu des plus fières espérances, dans la saine clarté des sciences expérimentales. […] Chacun devint touriste et archéologue ; l’esprit humain, sortant de ses sentiments particuliers pour entrer dans tous les sentiments éprouvés, et à la fin dans tous les sentiments possibles, trouva son modèle dans le grand Gœthe, qui, par son Tasse, son Iphigénie, son Divan, son second Faust, devenu concitoyen de toutes les nations et contemporain de tous les âges, semblait vivre à volonté dans tous les points de la durée et de l’espace, et donnait une idée de l’esprit universel. […] Ai-je besoin de dire que chez Schiller, Heine, Beethoven, Hugo, Lamartine et Musset, le poëte, à travers sa personne particulière, fait toujours parler l’homme universel ?

1369. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Il indique alors quelques ridicules du jour qui sont un sujet tout fait pour la moquerie : « Il est plaisant, dit-il, que l’orgueil s’élève à mesure que le siècle baisse : aujourd’hui presque tous les écrivains veulent être législateurs, fondateurs d’empires, et tous les gentilshommes veulent descendre des souverains. » Il finit surtout par un conseil que Voltaire a trop peu suivi, et qui, au lieu de cette ricanerie universelle à laquelle il s’abandonnait, aurait dû être le but idéal suprême du grand écrivain en ces années de sa vieillesse : Riez de tout cela et faites-nous rire, lui dit Bernis en lui développant son plan ; mais il est digne du plus beau génie de la France de terminer sa carrière littéraire par un ouvrage qui fasse aimer la vertu, l’ordre, la subordination, sans laquelle toute société est en trouble.

1370. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Mais Renaudot n’était pas facile à émouvoir sur ce point ; il croyait à l’utilité de ses diverses innovations et de ses établissements, à celle de sa Gazette entre autres, et il s’en faisait gloire : Mon introduction des Gazettes en France, écrivait-il en 1641, contre lesquelles l’ignorance et l’orgueil, vos qualités inséparables, vous font user de plus de mépris, est une des inventions de laquelle j’aurais plus de sujet de me glorifier si j’étais capable de quelque vanité… ; et ma modestie est désormais plus empêchée à récuser l’applaudissement presque universel de ceux qui s’étonnent que mon style ait pu suffire à tant écrire à tout le monde déjà par l’espace de dix ans, le plus souvent du soir au matin, et des matières si différentes et si épineuses comme est l’histoire de ce qui se passe au même temps que je l’écris, que je n’ai été autrefois en peine de me défendre du blâme auquel toutes les nouveautés sont sujettes.

1371. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

Il maintient le Catéchisme universel de Saint-Lambert, quand le Génie du christianisme a éclaté.

1372. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

Il me semble que dans ces pages d’Argenson s’élève, et qu’après avoir donné l’idée de quelque homme de bien et de quelque Turgot ministre, il va jusqu’à embrasser l’idéal d’un Richelieu et d’un Pitt, d’un de ces puissants serviteurs du monarque, du public et de la patrie, et qui ne distinguent plus leur égoïsme personnel de la grandeur et de l’intérêt universel ; et il y oppose moins encore son propre frère que la race de ces hommes politiques du xviiie  siècle, qui avaient presque tous en eux du Maurepas, c’est-à-dire quelque chose de radicalement léger et frivole, de fat, de moqueur, de non sérieux, et, avec de l’habileté quelquefois et beaucoup d’esprit, le contraire du grand18.

1373. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

Qu’on relise seulement à haute voix ce passage connu des Martyrs, dans la visite que Cymodocée et son père sont allés faire à la famille d’Eudore en Arcadie : Comme Lasthénès achevait de prononcer ces paroles, le soleil descendit sur les sommets du Pholoë, vers l’horizon éclatant d’Olympie ; l’astre agrandi parut un moment immobile, suspendu au-dessus de la montagne comme un large bouclier d’or… Les bois de l’Alphée et du Ladon, les neiges lointaines du Telphusse et du Lycée se couvrirent de roses ; les vents tombèrent, et les vallées de l’Arcadie demeurèrent dans un repos universel… D’où vient que l’enchantement produit par des sons amène une larme ?

1374. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

A peine debout et convalescent, un de ses premiers soins fut de se peser, « afin d’accomplir le vœu qu’il avait fait, au plus fort de sa maladie, d’offrir en cas de guérison quatre fois son poids en or et sept fois son poids en argent à plusieurs maisons religieuses. » La vue du prince qui leur était rendu fit éclater parmi les grands et parmi le peuple une allégresse universelle.

1375. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

La Comédie, de la Mort, qui parut en 1838, nous montre de plus en plus développée dans le poète à qui le préjugé n’accorde guère que la palme de la description, une pensée intime et amère d’ennui, de dégoût consommé, la réflexion désespérée et fixe d’un néant final universel.

1376. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

Un jour vint et une heure, un moment social, non calculé, non prévu, général, universel, où il se trouva, — sans que personne pût dire ni à quelle minute précise, ni par quelle transformation cela s’était fait, — où, dis-je, il se trouva qu’une langue nouvelle était née au sein même de la confusion, que cette langue toute jeune, qui n’était plus l’ancienne langue dégradée et dénaturée, offrait une forme actuelle et viable, animée d’un souffle à elle, ayant ses instincts, ses inclinations, ses flexions et ses grâces : le français des XIe et XIIe siècles, cette production naïve, simple et encore rude et bien gauche, ingénieuse pourtant, qui allait bientôt se diversifier et s’épanouir dans des poèmes sans nombre, dans de vastes chansons chevaleresques, dans des contes joyeux, des récits et des commencements d’histoires, venait d’apparaître et d’éclore aux lèvres de tout un peuple.

1377. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Sa mort excita un regret universel ; il était autant aimé qu’estimé.

1378. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

(La Bibliothèque universelle de Genève a publié, à la date du 22 octobre 1841, un petit mémoire de M. de Maistre, intitulé Méthode pour observer les taches que l’on peut avoir dans le cristallin.

1379. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

Jean-Jacques Ampère, qui les goûtait dès l’abord et les entendait avec cette native curiosité avide du savoir universel, se déclara toutefois d’une préférence irrésistible pour les lettres.

1380. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

M. de Barante avait donné l’article Froissart dans la Biographie universelle (1816) ; sa prédilection s’y déclare.

1381. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Il rentra dans l’imitation espagnole par le Menteur, comédie dont il faut admirer bien moins le comique (Corneille n’y entendait rien) que l’imbroglio, le mouvement et la fantaisie ; il rentra encore dans le génie castillan par Héraclius, surtout par Nicomède et Don Sanche, ces deux admirables créations, uniques sur notre théâtre, et qui, venues en pleine Fronde, et par leur singulier mélange d’héroïsme romanesque et d’ironie familière, soulevaient mille allusions malignes ou généreuses, et arrachaient d’universels applaudissements.

1382. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

de Frégeville, après avoir franchement déclaré à son mari que le lien conjugal était rompu , et s’être vue l’objet de sa clémence, habite le Nord pendant quelques années, et ne revient en Suisse, puis à Paris, que vers 1801, à cette époque d’une renaissance sociale universelle.

1383. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

La gaieté seule, une inoffensive gaieté inspire cette satire universelle : on n’y sent ni âpreté ni révolte, ni surtout rien qui ressemble à l’esprit démocratique.

1384. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

Autour de François Ier les érudits furent aussi nombreux que les poètes : outre Budé, qu’il fait directeur de sa bibliothèque et maître des requêtes, il essaie d’attirer Érasme ; il reçoit dans sa familiarité Guillaume Cop, traducteur d’Hippocrate et rénovateur de la médecine ; il a pour lecteur Jacques Colin, puis Duchâtel, deux savants hommes, le dernier surtout érudit universel et infatigable liseur, après avoir été un intrépide voyageur.

1385. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Nous nous imaginons presque que c’est le premier livre où il y ait eu de la bonté, de la pitié, une faiblesse pour les égarés et les irréguliers, le sentiment de l’universelle misère et, peu s’en faut, de l’irresponsabilité des misérables.

1386. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VIII. L’antinomie économique » pp. 159-192

L’estomac est un fait universel.

1387. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

Ce ne fut donc pas à cet effort personnel qui force la gloire que Verlaine et Mallarmé durent de passer brusquement d’une obscurité relative à une célébrité universelle et à la situation de chefs d’école qu’ils occupèrent l’un et l’autre.

1388. (1890) L’avenir de la science « II »

L’œuvre universelle de tout ce qui vit étant de faire Dieu parfait, c’est-à-dire de réaliser la grande résultante définitive qui clora le cercle des choses par l’unité, il est indubitable que la raison, qui n’a eu jusqu’ici aucune part à cette œuvre, laquelle s’est opérée aveuglément et par la sourde tendance de tout ce qui est, la raison, dis-je, prendra un jour en main l’intendance de cette grande œuvre 28 et, après avoir organisé l’humanité, ORGANISERA DIEU.

1389. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

En vertu de cette conception réaliste, empruntée mi-partie à l’Allemagne et à l’Angleterre, il n’a pas eu assez de reproches et de sarcasmes à l’adresse de Jean-Jacques osant poser pour base de son système l’égalité des citoyens entre eux, quand si visiblement les hommes sont inégaux de nature ; il a foudroyé « l’esprit classique » formulant des principes universels et aboutissant à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ; il a écrasé de son mépris les « métaphysiciens » de la Révolution s’épuisant à forger de toutes pièces des Constitutions qui, suivant lui, ne pouvaient être viables, par cela seul qu’elles n’étaient pas le produit d’une sorte de végétation inconsciente.

1390. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

C’est le suffrage universel à rebours.

1391. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

Alors le masque tombe, l’accent gascon s’efface, le notaire s’évanouit ; et, du nuage que laisse sa disparition, sort un Rodin germanique aux cent yeux, aux cent bras, espion d’une police universelle, représentant d’une société, au capital de cinq milliards, ayant pour but l’achat ou la destruction de toutes les forces vives de la France, armée de glaives et de stylets dont la pointe est partout et dont la poignée n’est nulle part.

1392. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Il vivait depuis de longues années à Weimar, à la petite cour de Charles-Auguste, dans la faveur, ou, pour mieux dire, dans l’amitié et l’intimité du prince, dans une étude calme, variée, universelle, dans une fécondité de production incessante et facile, en tout au comble de la félicité, du génie et de la gloire.

1393. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

Ce sera l’éternelle et l’unique recette de Camille pour le bonheur universel : tout permettre, tout laisser faire, ou du moins tout laisser dire.

1394. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

Lui, nullement hagard, nullement sauvage et timide, ayant gardé de ses ancêtres le don du commandement, et y joignant ce terrible don de la familiarité, qui lui faisait manier et retourner grands et petits à sa guise, il aspirait par instinct à la vie commune et à une action populaire universelle.

1395. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Dans cette agonie universelle, il n’y eut qu’un seul oiseau, le plus petit, le plus humble de tous, le roitelet, qui ne se découragea point, et qui voltigea tant et si bien, qu’il alla jusqu’au haut des cieux ressaisir l’étincelle pour la rapporter au monde.

1396. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

Sa conclusion, qu’elle ne donne encore qu’avec réserve (car en telle matière qui touche la diversité des esprits, il ne saurait y avoir de loi universelle), sa conclusion, dis-je, est qu’en demandant plus de savoir aux femmes qu’elles n’en ont, elle ne veut pourtant jamais qu’elles agissent ni qu’elles parlent en savantes : Je veux donc bien qu’on puisse dire d’une personne de mon sexe qu’elle sait cent choses dont elle ne se vante pas, qu’elle a l’esprit fort éclairé, qu’elle connaît finement les beaux ouvrages, qu’elle parle bien, qu’elle écrit juste et qu’elle sait le monde ; mais je ne veux pas qu’on puisse dire d’elle : C’est une femme savante ; car ces deux caractères sont si différents, qu’ils ne se ressemblent même point.

1397. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Cette vue sur Bonaparte, considéré comme le précurseur et le préparateur d’une restauration universelle en France et en Europe, est celle qui anime et soutient M. de Maistre pendant les longues années de l’exil, et qui lui fait prendre patience, même après Austerlitz, même après Iéna, même après Friedland, même après Wagram.

1398. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

Elle est aussi l’un des premiers moralistes qui, au sortir du xviie  siècle, soient revenus à l’idée très peu janséniste que le cœur humain est assez naturellement droit, et que la conscience, si on sait la consulter, est le meilleur témoin et le meilleur juge : « Par le mot conscience, j’entends, dit-elle à son fils, ce sentiment intérieur d’un honneur délicat, qui vous assure que vous n’avez rien à vous reprocher. » Elle donne, à sa manière, le signal que Vauvenargues, à son tour, reprendra, et qui, aux mains de Jean-Jacques, deviendra un instrument de révolution universelle.

1399. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Elle surpassa ses espérances par ses progrès dans les sciences et les langues ; et, dans les courtes visites qu’elle fit à quelques-uns de ses parents à Lausanne, l’esprit, la beauté et l’érudition de Mlle Curchod furent le sujet des applaudissements universels.

1400. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

La Harpe lui-même, qui, à cette époque, n’avait lu de Bossuet que les Oraisons funèbres et l’Histoire universelle, résistait à ce jugement sur l’ensemble des Œuvres, et il ne s’y rendit que plus tard.

1401. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

 » Ce simple mot devint le signal de l’applaudissement universel, et, à partir de là, tout le discours de Marmontel fut pris comme un persiflage, et tourné contre le nouvel élu : « L’homme de lettres que vous remplacez, — pacifique, — indulgent, — modeste, — ou du moins attentif à ne pas rendre pénible aux autres l’opinion qu’il avait de lui-même, — s’était annoncé par des talents heureux… » À chacun de ces mots flatteurs pour le défunt, on interrompait Marmontel, qui devenait malin à son tour, plus malin encore sans doute qu’il n’avait pensé l’être, et qui, par ses pauses marquées, se laissait très bien interrompre.

1402. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

Pour le peindre comme il était et dans tout la contradiction de sa morale et de son humeur, il suffit, de dire que, pendant que se négociait cette paix d’Utrecht ou de Rastadt, il lui arriva de soutenir à milord Stafford que Louis XIV aspirait à la domination universelle et de se battre avec un Français qui l’avait trouvé mauvais.

1403. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

On s’explique donc comment, malgré sa modestie, sa candeur, et le respect universel qu’il inspirait, Rollin put être inquiété quelquefois.

1404. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

Ce moment est décisif dans la vie de Voltaire, et signale en effet son véritable avènement à la monarchie littéraire universelle : il règne et régnera durant les vingt années qui lui restent encore à vivre ; mais nous n’avons aujourd’hui qu’à le suivre dans sa relation avec le président de Brosses avec qui il est entré en affaires d’intérêts.

1405. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1881 » pp. 132-169

L’autre criant, sur un ton de mépris colère : « Il faut les foutre dedans les électeurs… étant donnée l’intelligence du suffrage universel… si nous ne nous livrions pas à des malversations électorales… nous serions des dupes, des foutues bêtes… » Au fond ce que ce dernier criait : c’est la pensée intime de bien des républicains.

1406. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

Cependant on pleure autour de lui, la terre se désespère, les nuées femmes, les cinquante océanides, viennent adorer le titan, on entend les forêts crier, les bêtes fauves gémir, les vents hurler, les vagues sangloter, les éléments se lamenter, le monde souffre en Prométhée, la vie universelle a pour ligature son carcan, une immense participation au supplice du demi-dieu semble être désormais la volupté tragique de toute la nature ; l’anxiété de l’avenir s’y mêle, et comment faire maintenant ?

1407. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Introduction »

Serait-ce enfin le consentement universel, ce critérium cent fois réfuté ?

1408. (1694) Des ouvrages de l’esprit

Comme donc ce n’est point une chose bizarre d’entendre s’élever de tout un amphithéâtre un ris universel sur quelque endroit d’une comédie, et que cela suppose au contraire qu’il est plaisant et très naïvement exécuté, aussi l’extrême violence que chacun se fait à contraindre ses larmes, et le mauvais ris dont on veut les couvrir prouvent clairement que l’effet naturel du grand tragique serait de pleurer tous franchement et de concert à la vue l’un de l’autre, et sans autre embarras que d’essuyer ses larmes, outre qu’après être convenu de s’y abandonner, on éprouverait encore qu’il y a souvent moins lieu de craindre de pleurer au théâtre que de s’y morfondre.

1409. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

Ses bijoux polychromes présentés à l’Exposition universelle de 1900 ont fait sa célébrité.

1410. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

En cela, il s’est mis d’un seul trait au-dessus de la funeste passion philosophique de son temps ; il a rompu avec des habitudes erronées et universelles.

1411. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

Et que le lieu qui la recèle Rende l’invisible parcelle Qui, dans la masse universelle, Roulait au gré des quatre vents !

1412. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

Je sais que c’est jouer un assez vilain rôle que de venir déclarer au gens qu’ils ont eu tort de s’amuser ou de s’attendrir d’une certaine façon ; il est bien douloureux d’avoir maille à partir avec le suffrage universel.

1413. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

Quoi de plus affreux que d’appeler au monde de nouveaux êtres, voués d’avance à souffrir et à prolonger la durée de l’universelle misère ? 

1414. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

S’il demeure en toute tranquillité de conscience le ministre d’une religion, qui a érigé l’ignorance en principe moteur universel, il ne peut prétendre en imposer à d’autres qu’aux pauvres d’esprit : s’il n’a pas une absolue confiance dans la « vérité » de l’absurde qu’il prêche, il n’est plus alors qu’un comédien cynique.‌

1415. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

La littérature nous sert d’interprète universel : ce privilège la rend égale en nécessité aux plus hautes sciences, et supérieure en agrément aux beaux-arts. […] Si tels sont les avantages de la philologie, ou littérature universelle, doit-on, pour l’étudier, suivre une marche moins directe que dans l’étude des autres sciences ? […] Cet orateur a écrit des pages entières brûlantes d’un feu vraiment divin : son Discours sur l’Histoire universelle est un prodige d’élévation et de rapidité ; son génie vole à travers les siècles et franchit le temps comme un aigle parcourt l’étendue. […] C’était ruiner le fonds même que cet homme universel avait mis en valeur. […] Un littérateur qui lui succéda dans cette même enceinte, Chénier, conçut, avec plus de raison, le plan qui admettait les idées universelles en mélange avec la littérature.

1416. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Or, pour développer la matière propre à la haute poésie qui la met en œuvre, nous avons sondé, comparé le goût universel des temps et des nations ; indispensable tableau de ce qui leur sembla digne d’être célébré, tableau d’où rejaillirent les clartés qui devaient nous diriger en nos jugements ; et pour reconnaître par quelles facultés le poète sait démêler et choisir cette même matière, que son art embellit avec tant d’efforts et de persévérance, nous dûmes interroger sa vie, scruter les sentiments intérieurs de son âme, descendre dans le mystère de sa studieuse sagesse, et revenir ainsi, par cet examen de son portrait moral, au principe sur lequel je fondai particulièrement mon cours, qui tend à rapporter aux vertus du cœur de l’homme le caractère analogue de son génie. […] Fermons notre école épurée à l’invasion de la littérature des Velches, si nous ne voulons corrompre la nôtre, devenue presque universelle. […] Souhaitons seulement que nos prières en fassent sortir des païens tels que Pythagore, Socrate, et Caton, qui, pensant que l’idée de Dieu est la religion universelle, que la morale en est le dogme, et que les vertus en sont le culte, ne me paraissent, en vérité, ni damnés ni damnables. […] Nous plaignons le malheur parce qu’il rappelle les âmes à la modération et aux vertus : nous haïssons les passions de la prospérité, parce qu’elle foule les lois et la faiblesse à ses pieds dans le triomphe qui l’étourdit et qui l’aveugle ; de là naît le sentiment unanime qui nous fait aimer et embrasser la cause de tous les vaincus ; de là naissent l’aversion et les mépris universels pour les férocités qui souillent la gloire de tous les vainqueurs. […] Un simple fait, qui se rattachait au siège de Troie, sujet des entretiens de la Grèce et de l’Asie, réunissait toutes les qualités requises pour toucher les esprits d’un intérêt à la fois universel, particulier, et national.

1417. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Alors il voulait l’épée, rien que l’épée, comme seule digne d’un gentilhomme ; bien longtemps après, à cinquante ans d’intervalle, et un an avant sa mort, il écrivait à l’un de ses amis de Provence : « Je suis toujours bien d’avis que l’épée est la vraie profession du gentilhomme ; mais que la robe fasse préjudice à la noblesse, je ne vois pas que cette opinion soit si universelle comme elle l’a été par le passé. […] Non, non ; il est de l’applaudissement universel comme de la quadrature du cercle, du mouvement perpétuel, de la pierre philosophale et telles autres chimères : tout le monde le cherche, et personne ne le trouve.

1418. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Les haines des partis l’épargnent ; dans la défaite universelle des whigs, il est réélu au Parlement ; dans la guerre furieuse des whigs et des tories, whigs et tories s’assemblent pour applaudir sa tragédie de Caton ; les plus cruels pamphlétaires le respectent ; son honnêteté, son talent, semblent élevés d’un commun accord au-dessus des contestations. […] Addison, pour louer Milton, établit que, selon la règle du poëme épique, l’action du Paradis est une, complète et grande ; que les caractères y sont variés et d’un intérêt universel, que les sentiments y sont naturels, appropriés et élevés ; que le style y est clair, diversifié et sublime : maintenant, vous pouvez admirer Milton ; il a un certificat d’Aristote.

1419. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

Cette défaveur se conçoit moins et ne paraît plus guère fondée en raison depuis le suffrage universel, et surtout après vingt années de République démocratique. […] Mais ces fureurs laissent parfois deviner un envers de sensibilité souffrante, inquiète, et même cette sorte d’humilité qui fait que le pessimiste ne s’excepte point lui-même de son dégoût et de son universelle malédiction.

1420. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

… Cherchez-le dans ce portrait, le Jupiter-Gœthe, le Jupiter de la convention universelle qui fit croire à sa fausse divinité jusqu’à ce moqueur d’Henri Heine, lequel, pourtant, finit un jour par casser son grand Manitou et en jeta les morceaux par la fenêtre. […] Henry Lewes, qui a fait une Vie de Gœthe visant à l’importance, en Angleterre, ce pays classique de la biographie ; et finalement M. le professeur Faivre, en France, moins biographe, il est vrai, que critique, et qui, en sa qualité de critique et de savant, a su, un peu mieux que les autres, échapper aux bassesses de l’adoration universelle.

1421. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

Mais viennent les machines qui accroissent le rendement de la terre et qui surtout en font circuler les produits, viennent aussi des organisations politiques et sociales qui prouvent expérimentalement que les masses ne sont pas condamnées à une vie de servitude et de misère comme à une nécessité inéluctable la délivrance devient possible dans un sens tout nouveau la poussée mystique, si elle s’exerce quelque part avec assez de force, ne s’arrêtera plus net devant des impossibilités d’agir ; elle ne sera plus refoulée sur des doctrines de renoncement ou des pratiques d’extase ; au lieu de s’absorber en elle-même, l’âme s’ouvrira toute grande à un universel amour. […] On l’a dit bien des fois : à une religion qui était encore essentiellement nationale se substitua une religion capable de devenir universelle.

1422. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Elle donnait pour motif la corruption universelle des gens de qualité : « Les jeunes gens, disait-elle, sont tous des viveurs, et les jeunes femmes font la cour aux hommes au lieu d’attendre qu’on la leur fasse804. » En effet, le vice est à la mode, et non pas délicat comme en France. « L’argent, écrivait Montesquieu, est ici souverainement estimé, l’honneur et la vertu peu. […] Une hauteur d’orgueil qui ne fut surpassée que par celle de son fils, une arrogance qui réduisait ses collègues à l’état de subalternes, un patriotisme romain qui réclamait pour l’Angleterre la tyrannie universelle, une ambition qui prodiguait l’argent et les hommes, communiquait à la nation sa rapacité et sa fougue, et n’apercevait de repos que dans les perspectives lointaines de la gloire éblouissante et de la puissance illimitée, une imagination qui transportait dans le Parlement la véhémence de la déclamation théâtrale, les éclats de l’inspiration saccadée, la témérité des images poétiques, voilà les sources de son éloquence : Hier encore l’Angleterre eût pu se tenir debout contre le monde ; aujourd’hui, « personne si pauvre qui lui rende hommage ! […] La force, c’est là leur trait, et celui du plus grand d’entre eux, le premier esprit de ce temps, Edmund Burke. « Prenez Burke à partie, disait Johnson, sur tel sujet qu’il vous plaira ; il est toujours prêt à vous tenir tête. » Il n’était point entré au Parlement, comme Fox et les deux Pitt, dès l’aurore de la jeunesse, mais à trente-cinq ans, ayant eu le temps de s’instruire à fond de toutes choses, savant dans le droit, l’histoire, la philosophie, les lettres, maître d’une érudition si universelle qu’on l’a comparé à lord Bacon.

1423. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

La nature l’avoit doué de l’esprit universel, et le travail l’avoit mis en possession de toutes les connoissances ; son discernement répondoit à l’étenduë de ses lumieres ; juste apprétiateur des choses, il a toujours donné le bon pour bon, et le mauvais pour mauvais : aussi varié que fécond, il n’a jamais rassasié ses lecteurs, et il sçait répandre un air de nouveauté jusques sur ses répétitions. […] Dessein, ordonnance, pensées, sentimens, expression, tout est inimitable dans ses ouvrages ; c’est l’homme de tous les talens : mémoire prodigieuse, imagination vaste, délicate et toujours sublime, jugement supérieur, universel et infaillible. […] D’ailleurs les poëmes de l’iliade et de l’odissée tinrent lieu d’histoire ; c’étoit le seul monument de l’antiquité ; les limites des peuples se régloient quelquefois sur les passages d’Homere, et ses vers étoient devenus l’oracle universel des payens.

1424. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Nous faisons ici figure, non de critique, mais de philosophe. à travers le particulier qui nous est soumis-un poème quelconque-nous voulons atteindre l’universel ; de l’impression produite par ce poème nous voulons tirer une loi qui s’applique à tous les poèmes. […] Chaque poème est une création originale, qu’on n’avait pas vue encore : qu’on ne verra pas deux fois ; mais l’idée même de poésie est universelle, comme l’idée d’homme ou d’oiseau. […] L’auteur aboutit ainsi à fonder sa psycho-dynamique sur le trimorphisme et le tricinétisme universels, déterminés par les multiples manifestations énergétiques de la substance immatérielle où nous serions plongés qu’est l’ éther sidéral dont il demeure partisan convaincu.

1425. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Cela affirme, sans aucune contradiction possible, que l’auteur n’est pas universel, n’est pas un artiste, mais non pas qu’il soit dépourvu de sensibilité ; au contraire, il est par excellence un émotif ! […] Mais ce fait, que les savants appellent mimétisme, est loin d’être universel, la plupart des animaux sont de forme et de couleur, en désaccord absolu avec leur habitat. […] Poète d’exception cependant, il le fut ; il le fut comme Hugo, car tout génie original est d’abord ignoré ou contesté par la foule de ses contemporains, en même temps qu’il est adoré dans un cénacle qui, peu à peu, devient l’Église universelle. […] Qu’un monsieur écrive à son ami : « J’irai vous voir en mil neufe cent cinq », cela m’est fort indifférent et à la société ; mais s’il profère tout haut son barbarisme, il me gêne, il me froisse, il me contamine, il peut devenir la source d’un vice universel d’élocution. […] Elle est même bien plus grande qu’il ne le croit, car ce besoin obscur d’uniformité n’est que l’expression brutale d’une tendance universelle.

1426. (1887) George Sand

Alors, autour de cette femme inspirée, de ce poète applaudi, de cet écrivain déjà populaire, vous verrez se presser en foule les docteurs de la rénovation universelle, les empiriques et les utopistes, les sophistes et les rêveurs, les apôtres sincères et les charlatans de la question sociale, les exploiteurs et les exploités, les ambitieux et les naïfs. […] De grâce, arrêtons-nous sur le seuil du temple avant que Spartacus n’arrive pour clore l’histoire, et que toutes les figures plus ou moins touchantes du roman ne disparaissent dans les brumes d’un symbolisme universel. […] C’est là une fausse et dégradante résignation ; la véritable procède de la conception de l’ordre universel, au prix duquel les souffrances individuelles, sans cesser d’être une occasion de mérite, cessent d’être un droit à la révolte. […] Sous l’influence de Pierre Leroux, il semble bien qu’il soit devenu le commencement et le terme du circulus universel. […] Je le donne pour ce qu’il est et pour ce qu’il vaut, comme une preuve assez naïve qu’elle avait une indulgence universelle dont il lui semblait juste de profiter pour elle-même, ajoutant plaisamment : « Vous voulez savoir plus qu’il n’y en a… L’individu nommé George Sand cueille des fleurs, classe ses herbes, coud des robes et des manteaux pour son petit monde, et des costumes de marionnettes, lit de la musique, mais surtout passe des heures avec ses petits-enfants… Ça n’a pas été toujours si bien que ça.

1427. (1903) Le problème de l’avenir latin

On l’a maintes fois constaté — jamais cependant avec assez de force : la romanisation de la Gaule fut rapide, universelle et profonde. […] C’est ainsi qu’à travers la communauté chrétienne du moyen âge, qui apparaît, à première vue, comme le triomphe universel du romanisme, se perpétuait l’antique subdivision, et que, sous le converti d’hier, une individualité puissante, une énergie de fond subsistaient, prêtes à se réveiller. […] L’universel scepticisme, la facilité de vivre, l’esprit, les mœurs, le goût qui y règnent en font comme le play-ground du monde. […] L’essentiel est que, le papisme et ses dogmes fussent-ils tombés en universel discrédit parmi nous, nous ne serions pas pour cela libérés, car il nous manquerait cette purification intérieure, cette rédemption des consciences, cette palingénésie morale qui se manifestèrent au temps de la Réforme, et qui en constituèrent la grandeur et la fécondité. […] C’est la loi universelle du monde.

1428. (1910) Rousseau contre Molière

Le voyez-vous tel que nous le rêve Rousseau ; il est irrité contre, d’une façon générale, les défauts universels des hommes ; mais il ne s’en plaint pas dès qu’il en souffre et il suffit qu’il en souffre pour qu’il ne s’en plaigne pas. […] » Que les hommes faits aient grand’peine à ne pas devenir faussaires en écoutant le Légataire universel, cela étonne un peu, et l’on pourrait dire à Rousseau : Vous êtes donc bien tendre à la tentation. Et que le neveu du Légataire universel soit l’honnête homme de la pièce, cela est un peu encore une exagération oratoire. […] Dans le Légataire universel, l’oncle n’est qu’un sot et à peine un sot.

1429. (1890) Dramaturges et romanciers

Dans le monde de l’esprit comme dans le monde social, l’opulence n’est que transitoire et exceptionnelle ; la médiocrité est la condition permanente et universelle. […] Que l’on sente vibrer un peu plus en lui la fibre de l’homme universel sympathique à toute grandeur, à toute cause noble, accessible à toutes les préoccupations légitimes de ses contemporains. […] Il est fait à coup sûr pour dérouter beaucoup d’honorables personnes pour lesquelles idéal est synonyme d’abstrait, et qui croient volontiers qu’une œuvre est d’autant plus universelle qu’elle est plus indéterminée. […] Il sera comme ces hommes remarquables qui, dans l’étroite enceinte d’un salon ou d’un atelier, nous entraînent avec le courant de leur parole, nous portent sur les flots de leur âme jusqu’à l’océan de l’être universel avec lequel ils communiquent. […] Ainsi l’amour est l’âme même de l’art, et plus cet amour est fort, plus l’artiste est grand ; plus il est étendu, plus l’artiste est universel.

1430. (1902) Propos littéraires. Première série

Mais ce qui sera une impression universelle, tout compte fait, c’est que M.  […] Il ne faut pas dire que la moralité est universelle. […] M. de Pressensé le fait remarquer, Manning, dès 1846, dans son journal intime, notait déjà que l’Église anglicane était séparée de l’Église universelle, soumise sans appel au pouvoir civil, isolée, particulière, insulaire. […] Oui, le besoin d’union, d’unanimité, de communion universelle dans une même pensée est légitime aussi, et le catholicisme se présente pour y satisfaire. […] On n’est citoyen de cette ville très particulière que si l’on est universel.

1431. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

D’où vient donc qu’au plus fort même de la lutte, et tandis qu’à peine regardaient-ils quels hommes leurs coups atteignaient, pourvu que ce fussent hommes d’Église, nous en rencontrions jusqu’à deux qu’ils ont épargnés, qu’ils ont exceptés de l’universelle proscription, qu’ils ont tous enfin unanimement loués ? […] Prenons un autre exemple encore : « Madeleine avait sacrifié au monde tous les dons qu’elle avait reçus de la nature ; elle en fait dans sa pénitence un sacrifice à Jésus-Christ, sa douleur n’excepte rien, et la compensation est universelle. […] Si la Comédie-Française ne pouvait se glorifier du Légataire universel ou de Turcaret, encore que la privation fût assurément sensible, il n’y aurait cependant qu’un chef-d’œuvre105 de moins à la Comédie-Française. […] Il s’agissait de l’édition prétendue subreptice de l’Histoire universelle, — c’est l’Essai sur les mœurs, — donnée contre le gré de Voltaire par le libraire Jean Néaulme, à la fin de l’année 1753. […] Il en est effectivement de l’Histoire de la guerre de 1741 comme il en était l’an dernier de l’Histoire universelle ; c’est de Voltaire incontestablement que Le Prieur tient le manuscrit, et c’est Voltaire qui fait imprimer.

1432. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

Gui Patin a pourtant raison de dire que, bien qu’on joigne souvent, pour les comparer, Voiture à Balzac, il ne doute point que ce dernier « ne le doive emporter de beaucoup, tant pour son érudition universelle que pour la force de son élocution ».

1433. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

C’est un genre universel, très épanoui au xive  siècle, et dans lequel Boccace excelle comme Chaucer.

1434. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

Une étude de Mlle de Klustine sur la littérature russe, je crois, avait été insérée dans la Bibliothèque universelle de Genève : Votre article fa furore.

1435. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

Lui, il était franc, sobre et non pas du tout libéral et banal d’éloges envers autrui : on a dérogé à cette réserve qui lui était habituelle et qui tenait à son goût même ; la publication présente semble s’être faite sous l’invocation d’une clémence universelle, et tous les noms du temps (y compris le nôtre) y ont reçu des éloges charmants, bien doux à l’amour-’propre, mais qu’il n’eût certes pas tous également ratifiés.

1436. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

Il est le héros, le protecteur et le promoteur de la monarchie espagnole, maîtresse bientôt de Paris et devenue comme la monarchie universelle.

1437. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

Aujourd’hui, il y a plus d’égalité, plus de lumière dans l’air et une lumière plus universelle.

1438. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Le dernier mot de Marais sur Voltaire, le sentiment qu’il partage avec le président Bouhier et qui était, à cette date, l’opinion presque universelle, c’est que « le talent de l’homme est merveilleux, mais que le jugement n’y répond point. » La faculté judicieuse et la raison de Voltaire ne commencèrent à se dégager et à se dessiner nettement à tous les yeux que dans la seconde moitié de sa carrière et depuis sa retraite à Ferney ou aux Délices.

1439. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

L’abbé Brelucque et l’abbé Perrot ne partagent point, etc. » Et il entre dans le détail des personnes, tout prompt d’ailleurs, selon sa coutume, à tirer des conclusions excessives : « Quiconque voudra faire interdire le genre humain, ne manquera pas de témoins qui déposeront de sa démence. » Et c’est l’homme qui tout à l’heure va soutenir théoriquement dans un gros livre la doctrine du sens commun universel !

1440. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Sue oublie trop toujours l’atmosphère singulière de ce règne et le souffle universel qu’on y respirait, l’illusion profonde que se firent si naturellement alors les hommes les plus illustres et les plus sages dans les conseils du monarque.

1441. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Cet idéal de tolérance universelle, d’anarchie paisible et en quelque sorte harmonieuse, dans un État divisé en dix religions comme dans une cité partagée en diverses classes d’artisans, cette belle page de son Commentaire philosophique, il la réalise dans sa république des livres, et, quoiqu’il soit plus aisé de faire s’entre-supporter mutuellement les livres que les hommes, c’est une belle gloire pour lui, comme critique, d’en avoir su tant concilier et tant goûter.

1442. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

élu du suffrage universel, il est député et membre du Corps qui dans la Constitution est corrélatif au vôtre ; et vous allez, en raison même de ses livres, lui imprimer une note qui le ferait réélire cent fois pour une s’il ne devait pas être réélu sans cela !

1443. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Introduction »

Est-ce dans un temps où il suffit de vivre pour être entraîné par le mouvement universel, où jusqu’au sein même de la tombe le repos peut être troublé, les morts jugés de nouveau, et leurs urnes populaires tour à tour admises ou rejetées dans le temple où les factions croyaient donner l’immortalité ?

1444. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

Il y a donc un défaut originel dans l’esprit classique, défaut qui tient à ses qualités et qui, maintenu d’abord dans une juste mesure, contribue à lui faire produire ses plus purs chefs-d’œuvre, mais qui, selon une règle universelle, va s’aggraver et se tourner en vice par l’effet naturel de l’âge, de l’exercice et du succès.

1445. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

De toutes parts, on voit des bras tendus vers le roi, qui est l’aumônier universel.

1446. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

Ces Psaumes sont le vocabulaire universel des joies ou des douleurs de l’homme.

1447. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

Cette imitation se serait organisée et développée, en prenant le sens d’une parodie universelle et consciente des folies de ce pauvre monde.

1448. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

Il écrit au moment où l’esprit français vient d’acquérir la domination sur le monde civilisé, où la langue française devient universelle : on le sent, à la préoccupation qu’il a de rendre notre langue plus accessible aux étrangers par la simplification de la grammaire.

1449. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Nulle part l’action n’est vraie, directement tirée de la réalité commune, simplement fondée sur les passions universelles : les Grecs et les Turcs de Racine sont bien plus près de nous, et par leurs actes, et par leurs sentiments, que les Espagnols et les Français de V.

1450. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Au premier coup d’archet qui sur la scène mettait en branle les dieux de l’Olympe et des Enfers, il semblait que la foule fût secouée d’un grand choc et que le siècle tout entier, gouvernements, institutions, mœurs et lois, tournât dans une prodigieuse et universelle sarabande.

1451. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

Il ne s’agissait pas, assurément, d’instituer un référendum dans toute la république des lettres, ou de décider au suffrage universel la question de savoir ce que vaut la critique actuelle et ce qu’elle devrait être.

1452. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Aucune objection ne le troubla, ni les promesses universelles de salut que Jésus-Christ fait aux hommes dans l’Évangile, ni les passages de l’Ancien Testament, où Dieu tend la main aux plus endurcis.

1453. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

Nous nous imaginons avoir inventé, nous autres modernes, la mélancolie, la satiété, l’inquiétude, le dégoût consommé et raffiné de la vie, le sentiment du néant final et de l’universelle vanité.

1454. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

Il semble que la nation elle-même l’ait senti, qu’elle ait senti surtout qu’après cette brillante favorite on allait tomber bien bas ; car, lorsqu’elle mourut à Versailles, le 15 avril 1764, le regret de cette population de Paris qui l’aurait lapidée quelques années auparavant, fut universel.

1455. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

Avec elle, il a semblé que le phénomène apparaissait sous son aspect le plus universel et que, sous le jeu des mobiles et des circonstances qui semblent le déterminer, il révélait une source d’activité propre.

1456. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre VI. Le Bovarysme essentiel de l’humanité »

Ainsi l’automatisme, qui est universel, ne se reconnaît que si quelques-uns des fils sont cassés qui font mouvoir les bons automates.

1457. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

Il n’y a qu’un philosophe qui a dit cela : c’est Bacon… Quant à Marie, c’est la reproduction universelle, la réverbération de Dieu.

1458. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

Mais il a sur-tout un droit incontestable sur l’admiration universelle des hommes, lorsque de ce haut point où il s’est élevé, il descend à la description naturelle des choses humaines.

1459. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Résumé et conclusion »

Ce qui est donné, ce ne sont pas des sensations inextensives : comment iraient-elles rejoindre l’espace, y choisir un lieu, s’y coordonner enfin pour construire une expérience universelle ?

1460. (1881) Le naturalisme au théatre

Des critiques disent avec un semblant de raison : « Les pièces sont faites pour les spectateurs, nous devons louer celles que les spectateurs applaudissent. » Le public, de son côté, s’excuse d’aimer les pièces sottes, en disant : « Mon journal trouve cette pièce bonne, je vais la voir et je l’applaudis. » Et la perversion devient ainsi universelle. […] Il est fatal que le théâtre cède à cette impulsion, lorsque le roman n’est plus lui-même qu’une enquête universelle, qu’un procès-verbal dressé sur chaque fait. […] Je crois qu’elle est une conséquence fatale de notre époque d’enquête universelle. […] Augier, ces deux phrases que je détache : « Je maintiens qu’elle a joué aussi bien qu’à son ordinaire, avec les mêmes défauts et les mêmes qualités, où l’art n’a rien à voir… Soyons donc indulgents pour cette incartade d’une jolie femme, qui pratique tant d’arts différents avec une égale supériorité, et gardons nos sévérités pour des artistes moins universels et plus sérieux ». […] Si « l’art n’a rien à voir » chez cette comédienne, s’il y a, à la Comédie-Française, des artistes « moins universels et plus sérieux », encore un coup pourquoi diable l’auteur a-t-il fait un si mauvais choix ?

1461. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Ce propos de l’immense, de l’universelle conspiration des grandes personnes. […] Mais vous avez raison, Garnier, cette loi de dessaisissement ne fut rien, n’était rien, en comparaison de cette loi du désaisissement universel de la mystique par la politique. […] —  Agis de telle sorte, continue Fouillée, agis de telle sorte que la raison de ton action puisse être érigée en une loi universelle. Agis de telle sorte que l’action de Fouillée puisse être érigée en une loi universelle. […] Hélas combien de nos actions pourront être érigées en une loi universelle.

1462. (1897) Aspects pp. -215

Or du fait de ce croupissement produit par le manque de caractère et l’influence continue du milieu néfaste, l’espèce dégénérerait très vite si des individus violents suscités par l’excès même de la souffrance et de la vilenie ne réagissaient contre la stupeur universelle, s’ils ne donnaient l’impulsion pour une évolution différente. […] Aussi, aujourd’hui, maître de tes moyens, sûr de ta vision, tu traduis sainement, pour notre joie, maintes strophes du poème que livre à ses initiés la vie universelle […] Le suffrage universel, criterium sans second, comme on sait, triomphera de toutes parts… C’est donc pourquoi les poètes feront bien, à l’avenir, d’agencer leurs strophes de façon à ce qu’elles déterminent en leur faveur le plus grand nombre de bulletins possibles. […] Les forts, ceux qui croient que l’humanité porte en elle toutes ressources pour son développement, ceux qui acceptent la vie, ceux qui prétendent mettre des idées sous les mots œuvreront pour le triomphe de l’idéal terrestre, s’intéresseront à toutes choses afin de se créer une âme universelle. […] Enfin l’humanité sans frontières, sans guerres possibles, l’humanité vivant du juste travail, dans la communauté universelle de tous les biens. » Tel est ce livre remarquable, un des plus pensés de M. 

1463. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

Les trophées arrachés aux monarchies caduques par les jeunes défenseurs de la Patrie en danger attestaient le définitif avantage du progrès sur la routine, et imposaient au monde entier, par la proclamation de la liberté universelle, ce dogme de la « perfectibilité humaine », qui fut l’idée directrice des initiateurs de la Révolution. […] Ensuite, les années ont succédé aux années, apportant leur provision périodique et monotone de batailles parlementaires, de campagnes électorales, de voyages officiels, d’inaugurations, de banquets, de premières représentations et d’Expositions universelles. […] — Rien du tout, répondit un Français, mais il importe que Dupleix ait sa statue dans l’Inde, et qu’il soit chez lui. » Attiré par cette race anglaise, dont l’universelle réussite l’hypnotise et le navre, M.  […] L’Exposition universelle a achevé de remettre à la mode la prose des écrivains qui ont l’humeur aventureuse et le pied léger. […] Il y a un Japon de musée, de librairie et d’Exposition universelle.

1464. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

L’essor universel de la curiosité intempérante exige des jouissances plus raffinées ; il n’y a que le rêve et la fantaisie qui puissent la satisfaire, non pas la fantaisie profonde et pensive telle qu’on la trouvera dans Shakspeare, non pas le rêve passionné et médité tel qu’on l’a trouvé chez Dante, mais le rêve et la fantaisie des yeux, des oreilles, de tous les sens extérieurs, qui, dans la poésie comme dans l’architecture, réclament des singularités, des merveilles, des défis engagés, gagnés contre le raisonnable et le probable, et qui ne s’assouvissent que par l’entassement et l’éblouissement. […] On les trouvera dans Warton223 : des traducteurs par douzaines, qui importent les pauvretés de la littérature française et imitent des imitations ; des rimeurs de chroniques, les plus plats des hommes, et qu’on ne lit que parce qu’il faut prendre l’histoire partout, même chez les imbéciles ; des faiseurs et des faiseuses de poëmes didactiques, qui compilent des vers sur l’éducation des faucons, sur les armoiries, sur la chimie ; des rédacteurs de moralités qui inventent pour la centième fois le même songe, et se font enseigner par la déesse Sapience l’histoire universelle.

1465. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Je ne vous citerai point à ce sujet le consentement universel des nations, l’autorité des hommes de génie dans tous les temps, et notamment celle des législateurs. […] Elle l’a été avec nous par les biens de la nature ; loin de nous, par ceux de la vertu: et même dans le moment terrible où nous l’avons vue périr, elle était encore heureuse: car soit qu’elle jetât les yeux sur une colonie entière, à qui elle causait une désolation universelle, ou sur vous, qui couriez avec tant d’intrépidité à son secours, elle a vu combien elle nous était chère à tous.

1466. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Il haïssait tous ces présents dont l’usage est universel en Orient pour obtenir les grâces et les emplois, et il ne manquait point de faire entrer dans les coffres du roi tous ceux qu’il apprenait que les ministres recevaient ou se faisaient donner à cette fin. […] Je crois qu’il ne sera pas mal à propos d’entrer un peu plus dans le détail de ce grand marché, qui est le plus universel que j’aie vu, et une vraie foire.

1467. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Cette beauté universelle que l’antiquité répandait solennellement sur tout n’était pas sans monotonie ; la même impression, toujours répétée, peut fatiguer à la longue. […] Mais il a voulu laisser ce mode d’argumentation à ceux qui le croient invincible, universel et souverain.

1468. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

Il a montré depuis, par son noble exil pendant la monarchie universelle de son frère et par son dédain des trônes offerts, qu’il avait réellement un grand cœur et que l’honnête homme dominait en lui l’ambitieux. […] Ajoutons, à la gloire de son caractère et de son génie, qu’il fut, d’après le témoignage universel, le seul homme d’État de ce coup de feu.

1469. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

Personne ne parle le langage en général, car il n’y a pas de langue universelle ; on parle toujours une langue particulière, qui est d’ordinaire la langue de la nation dont on fait partie ; et l’on fait ainsi quand on parle intérieurement comme quand on parle à haute voix. […] Il n’y a pas de perception interne, à moins que l’on ne veuille appeler ainsi ce fait tout négatif que la perception externe n’est pas un jugement universel et ne s’étend pas à tous les états de conscience ; mais alors elle n’est qu’une privation, dirait Aristote ; il n’y a donc pas de fait psychique qui soit la perception interne.

1470. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Dans l’eurythmie universelle, dégageons le rythme inhérent au verbe humain, et par des hymnes enseignons aux hommes leur grandeur d’homme. […] Ces états peuvent être purement subjectifs ; ils peuvent aussi être la représentation des concordances mystérieuses qui s’établissent entre un rythme individuel et celui des autres âmes ou entre l’âme du poète et le rythme universel, et j’ai cherché surtout à faire ressortir que le poème de génie est en définitive une loi, une loi vivante et vraie qui correspond aux rapports réels des êtres, et qui domine par sa puissance les ordinaires existences individuelles, les ordinaires lois du milieu humain.

1471. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

» — Mais qu’à la question posée en ces termes, — lesquels supprimaient tout simplement l’histoire, — il ne pouvait faire qu’une réponse ; — lui qui jadis avait fondé la religion même sur l’autorité du « consentement universel » ; — et cette réponse était que le christianisme et la démocratie ne sont qu’un. […] Le Contrat de mariage ; La Recherche de l’absolu ; Les Paysans ; Le Cousin Pons] ; et quelquefois presque aucune place. — Comme d’ailleurs il n’est pas d’embarras d’argent qu’il n’ait lui-même connus ; — la réalité de son expérience personnelle s’est ajoutée à ce qui s’insinue d’inévitable réalisme au théâtre et dans le roman par l’intermédiaire de la question d’argent ; — et il est le romancier de la question d’argent, comme Musset est le poète de l’amour. — C’est qu’il a compris les exigences qu’imposait au roman la seule intention d’y traiter la question d’argent ; — et non seulement l’espèce d’activité, d’intelligence, d’esprit nécessaire à l’acquisition de la fortune ; — ce que Scribe, au contraire, n’a jamais compris ; — mais de plus il a vu qu’il lui fallait mettre en scène toute une sorte d’hommes oubliés jusqu’alors par les romanciers : — des banquiers et des notaires, des huissiers et des avoués, des usuriers et des prêteurs à la petite semaine ; — c’est-à-dire toute une population dont la peinture ou la représentation ne peut être que réalité ; — puisqu’elle ne vit elle-même que de la plus concrète et, dans nos civilisations modernes, de la plus universelle des réalités. — Mais, à leur tour, et à la suite des hommes d’affaires, sont entrées dans le roman toutes les « conditions » ; — l’infinie diversité des professions et des métiers ; — qu’il a fallu caractériser par les traits qui sont effectivement les leurs ; — par les déformations intellectuelles, psychologiques, ou morales qui en sont la conséquence ; — militaires et magistrats, artistes et gens de lettres, fonctionnaires et commerçants, diplomates et hommes politiques, médecins et rentiers ; — dont il a fallu connaître, décrire, expliquer les occupations ; — et, pour les décrire, user des termes qui sont ceux de leur vocabulaire ou de leur argot ; — n’y ayant pas deux mots pour désigner un « protêt » — ni de périphrase littéraire pour nommer une pâte épilatoire. — Et, après cela, quand il a eu conçu l’idée de relier tous ses romans ensemble ; — et d’en faire, non pas une succession d’épisodes continués l’un par l’autre ; — mais un tableau de la société de son temps ; — s’il avait oublié quelque trait, il a fallu qu’il s’en aperçût ; — et c’est alors que le caractère réaliste lui en est à lui-même apparu nettement ; — comme aussi ce qu’on en pourrait appeler le caractère scientifique. […] Quatre-vingt-treize]. — Et enfin quand on ne pense que dans la direction de l’opinion générale, — les pensées qu’on exprime s’appuient alors de l’autorité de tous ceux qui les ont approfondies. — C’est ce que l’on voit bien dans le poème de Religions et Religion, 1880 ; — qui n’est au total qu’une expression populaire ; — et moins raffinée, mais exacte suffisamment de l’opinion des Schleiermacher et des Renan ; —  laquelle est que toutes les religions « positives » ne sont que des limitations ; — ou des déformations ; — ou des corruptions de la religion universelle. […] Ajoutez Les Philosophes français, 1856 ; — et une brochure sur Le Suffrage universel, 1871. […] Son influence a été considérable ; — aussi considérable que celle de personne en son temps ; — et surtout dans ses dernières années, — comme étant d’un caractère plus général, — et touchant à des questions plus universelles ; — ou dont l’intérêt est plus universellement senti, — que celui des problèmes d’esthétique ou d’art purs. — Il a aussi davantage amusé ses contemporains. — Enfin il a été prodigue de « confessions » ; — dans le temps même qu’autour de lui personne ne faisait plus de « littérature personnelle » ; — et il a persuadé, selon, sa propre expression [Cf. 

1472. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Renan le reporte sur cet effort de l’Être universel pour se réaliser à travers l’innombrable variété de ses avatars. […] » répond encore France, « n’est qu’une entreprise désespérée de nos semblables contre l’ordre universel qui est la lutte, le carnage et l’aveugle jeu des forces contraires. » Le déterminisme total s’achève dans le nihilisme. […] Apercevez-vous, au terme de ce bilan d’une déchéance universelle, — et celui-là est rédigé avec quel génie, dans quelle admirable langue ! […] Le sentiment de l’universelle nécessité, quand, une fois, il s’empare d’un être, ne lui permet plus de se dévouer à une cause quelconque. […] Quand la Révolution française a entrepris, emportée par son programme d’universel affranchissement, de refaire une Europe qui ne dût rien au passé, elle a cru assurer la paix en supprimant la mosaïque de petits États dynastiques qui morcelaient le continent.

1473. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

« Au sujet de ce trait rendu intentionnellement palpable dans quelques vers, je dirai seulement que le principe qui s’applique à ces vers donne si bien le souffle à toute entreprise que la presque totalité de mes poésies auraient pu n’être jamais écrites, si ces vers en avaient été omis… « Si certains faits et symptômes de sociétés sont universels… rien n’est plus rare dans les conventions et dans la poésie moderne, que leur acceptation normale. […] Nous arrivons en définitive à un chaos d’opinions, au doute universel ; nous tombons dans la vulgaire habitude d’argumenter, et celui-là seul argumente, qui est perdu au point de vue intellectuel. […] Tous finirent mal et prouvèrent que l’altruisme universel donne des résultats aussi mauvais que l’égotisme universel. […] Leur œuvre ne tend pas à donner des leçons, à imposer des règles, ni même à nous stimuler vers de nobles buts, mais à éloigner pour un temps nos pensées du pur mécanisme de la vie, à les fixer par des émotions appropriées sur le spectacle de ces grands faits de l’existence humaine qu’aucun mécanisme ne domine, “sur les grandes et universelles passions des hommes, sur les plus générales et les plus intéressantes de leurs occupations, sur l’ensemble du monde de la nature”, sur “les opérations des éléments et les apparences de l’univers visible, sur l’orage et l’éclat du soleil, sur les révolutions des saisons, sur le froid et la chaleur, sur la perte d’amis et de parents, sur les injustices, les ressentiments, la gratitude et l’espoir, sur la crainte et la souffrance.”

1474. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Tout se trouvait jeté dans le baquet aux injures : son étude nouvelle de l’homme physiologique, le rôle tout-puissant rendu aux milieux, la vaste nature éternellement en création, la vie enfin, la vie totale, universelle, qui va d’un bout de l’animalité à l’autre, sans haut ni bas, sans beauté ni laideur ; et les audaces de langage, la conviction que tout doit se dire, qu’il y a des mots abominables nécessaires comme des fers rouges, qu’une langue sort enrichie de ces bains de force ; et surtout l’acte sexuel, l’origine et l’achèvement continu du monde, tiré de la honte où on le cache, remis dans sa gloire, sous le soleil. […] Rosny et eux pour assurer que « la palingénésie universelle renouvelle les globules ». […] , ni passer le seuil où des torches consument, dans une haute garde, tous rêves antérieurs à leur éclat, répercutant en pourpre dans la nue l’universel sacre de l’intrus royal qui n’aura eu qu’à venir : j’attendis, pour l’être, que lent et repris du mouvement ordinaire, se réduisit à ses proportions d’une chimère puérile emportant du monde quelque part, le train qui m’avait là déposé seul. » 52. […] Sa mort a été une consternation sans égale, et l’on peut dire qu’aucun jeune homme, depuis ce Maurice de Guérin qu’il aimait tant et dont la destinée fut si voisine de la sienne, n’a emporté avec lui un regret si universel.

1475. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

La carriere de l’Histoire est cent fois plus immense qu’elle ne l’étoit pour les anciens ; & l’Histoire naturelle s’est accrûe à proportion de celle des peuples : on n’exige pas qu’un homme de lettres approfondisse toutes ces matieres ; la science universelle n’est plus à la portée de l’homme : mais les véritables gens de lettres se mettent en état de porter leurs pas dans ces différens terreins, s’ils ne peuvent les cultiver tous. […] Cependant cette nation, la plus ancienne de tous les peuples qui subsistent aujourd’hui, celle qui a possédé le plus vaste & le plus beau pays, celle qui a inventé presque tous les Arts avant que nous en eussions appris quelques-uns, a toûjours été omise, jusqu’à nos jours, dans nos prétendues histoires universelles : & quand un espagnol & un françois faisoient le dénombrement des nations, ni l’un ni l’autre ne manquoit d’appeller son pays la premiere monarchie du monde. […] Les révolutions de ce globe, la longue & universelle ignorance de cet art qui transmet les faits par l’écriture, en sont cause : il y a encore plusieurs peuples qui n’en ont aucun usage. […] Les Stoïciens, les Platoniciens admettoient une nature divine & universelle ; les Epicuriens la nioient ; les pontifes ne parloient que d’un seul Dieu dans les mysteres ; où étoient donc les idolâtres ?

1476. (1898) La cité antique

On se la figura comme une sorte d’âme universelle qui réglait les mouvements divers des mondes, comme l’âme humaine met la règle parmi nos organes. […] L’usage des Termes ou bornes sacrées des champs paraît avoir été universel dans la race indo-européenne. […] Lorsqu’elle a commencé à écrire ses lois, elle a trouvé ce droit déjà établi, vivant, enraciné dans les mœurs, fort de l’adhésion universelle. […] On pourrait citer des exemples relatifs à beaucoup d’autres villes de la Grèce et de l’Italie et en conclure que, suivant toute vraisemblance, cette institution a été universelle chez ces anciens peuples. […] L’usage de ces repas publics était universel en Grèce ; on croyait que le salut de la cité dépendait de leur accomplissement431.

1477. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Ces éternels et universels soucis d’arrivisme égoïste ne confèrent peut-être pas une extraordinaire poésie aux contes qui les expriment, mais en expliquent la germination foisonnante et le prodigieux succès. […] Comme si c’était là une « impression personnelle », et non le fait le plus généralement humain qu’une philosophie de l’universel pouvait le plus légitimement prendre pour base ! […] Parce que tout cet art dont on fait tant de cas est doublement immoral, d’abord en soi comme faisant appel aux sens et plus encore comme aristocratique, réservé à une élite, s’opposant par conséquent à l’union et à la fraternité universelles. […] Cela tient dans le creux de la main, et c’est une diminution arbitraire de l’esprit, qui veut atteindre à l’objectif et à l’universel. […] » Il est bon de méditer un peu sur l’universelle vanité et sur son propre néant, pourvu qu’on ne tombe pas à la tristesse, qui est une déchéance comme l’a montré Spinoza.

1478. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

) ; mais, avec tout cela, il a toujours l’air de parler au nom de la raison universelle. […] Sarcey sur le Légataire universel, de Regnard5. […] Quand il somme sa mère de choisir entre son droit royal et sa liberté, il a eu lui-même à opter entre la morale universelle et la morale des rois. […] cet universel et contagieux cabotinage ! […] Mais non, j’ai la berlue… Voyons, ne nous laissons pas monter le coup, etc… » Je suis sûr qu’il essayait de se représenter l’Exposition universelle.

1479. (1898) Essai sur Goethe

Il peut donc se regarder, à juste titre, comme le premier homme de son pays : plus loin, comme un de ces êtres exceptionnels qui traversent l’histoire dans un rayonnement, entourés de l’universelle admiration, consacrés pour la gloire. […] À leur place se dresse l’homme de génie universel, tranquille et olympien. […] Voilà tout. » Goethe ajoutait — chacun comprendra que ces assertions, dans sa pensée, n’enlevaient à son œuvre sa signification momentanée que pour lui donner une portée plus universelle : « On a beaucoup parlé d’une ‘époque de Werther.’ […] Que demandons-nous, en dernière analyse, aux œuvres d’imagination que nous voulons sauver de l’universel désastre ? […] Et quand il reparut sur la scène littéraire, paré de ses nouveaux titres, auréolé de la légende qui s’était formée autour de lui, mûri par une gloire plus éclatante et plus universelle, il était entièrement transformé.

1480. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Il s’écrie contre l’existence ; il va presque jusqu’à la maudire : Monarque universel, que peut-être j’outrage, Pardonne à mes soupirs ; je connais mon erreur. […] Il n’y avait pas abus de coupes, quelques-unes pourtant assez neuves, quelques jets un peu libres, que plus tard son ciseau, en y revenant, supprima : Quel calme universel ! […] C’était, durant les mois qui précédèrent cette journée, une grande polémique universelle, dans laquelle se signalaient, parmi les monarchiens, La Harpe, Fontanes, Fiévée, Lacretelle, Michaud, écrivant soit dans le Mémorial, soit dans la Quotidienne, dans la Gazette française  ; et, parmi les républicains, Garat, Chénier, Daunou, dans les journaux intitulés la Clef du Cabinet, le Conservateur  ; Rœderer dans le Journal de Paris  ; Benjamin Constant déjà dans des brochures.

1481. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

L’ordre, la précision et la promptitude sont des qualités dont je tâche tous les jours d’acquérir un peu. » Au milieu de cela, des voyages en Suisse, en Italie, l’étude dans toutes les directions, la comparaison étendue dans toutes les branches des beaux-arts et des littératures ; bientôt les sciences naturelles qui vont s’y joindre ; une vie noble, assise, bien distribuée et ordonnée, occupée et non affairée, à la fois pratique et à demi contemplative (« Je demeure hors de la ville, dans une très belle vallée où le printemps crée dans ce moment son chef-d’œuvre ») ; tout ce qui, enfin, devait faire de cette riche organisation de Goethe le modèle et le type vivant de la critique intelligente et universelle.

1482. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Quant à la ruine universelle, il la ressentit avec grandeur, non pas en partisan de tel ou tel régime, mais en homme des anciens jours, ouvert cependant à tous les souffles généreux et prêt à lever les bras au Ciel pour le triomphe de toutes les grandes causes.

1483. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Il observait la décadence universelle des religions, tant en Europe qu’en Asie, et il comparait ces symptômes de dissolution à ceux du polythéisme au temps de Julien.

1484. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

Avec tous ses défauts, ses défaillances, ses fluctuations trop sensibles, l’Académie reste une institution considérable qui n’a pas seulement un beau et intéressant passé, mais qui, bien dirigée, sans cesse avertie, excitée, réveillée, renouvelée, peut rendre de grands services au milieu de la diffusion et de la dispersion littéraire universelle.

1485. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

Dans son application à la politique, et dans l’Itinéraire de son voyage en Orient, il a si bien su proportionner son style à la nature des sujets, que c’est aujourd’hui l’opinion universelle qu’il y a chez lui une seconde manière, une seconde portion de son œuvre qui est irréprochable.

1486. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

Grâce à l’impulsion qu’il communiqua d’en haut, ce fut bientôt de toutes parts autour de lui un défrichement universel.

1487. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre II. Lois de la renaissance et de l’effacement des images » pp. 129-161

. — Tous ces exemples authentiques et toutes ces métaphores du langage mettent en lumière le même fait, à savoir l’annulation plus ou moins universelle et complète de toutes les sensations, images ou idées, au profit d’une seule ; celle-ci est persistante et absorbante, produite et prolongée avec toute la force qui, d’ordinaire, se disperse entre plusieurs.

1488. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre II. De la rectification » pp. 33-65

. — C’est qu’ici joue un mécanisme dont l’emploi est universel dans notre intelligence.

1489. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

Roman grec dans le commencement, diatribe universelle à la fin, il affecte partout un style tellement figuré, tellement recherché, tellement ronsardisé, par l’affectation du style gaulois de Rabelais et de Montaigne, qu’on ne sait en quel siècle on vit en le lisant.

1490. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

M. de Genoude rentra dans l’ombre et chercha à s’abriter dans le suffrage universel, qu’il avait le premier et le plus énergiquement soutenu.

1491. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Tâchez donc de vous rendre tel que, si tous les autres vous ressemblaient, on pût goûter ce bonheur universel.

1492. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

L’éloquence, l’art de convaincre les autres de ce dont on est convaincu soi-même, voilà ce qu’on reconnut dans Balzac avec un applaudissement universel.

1493. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

Le français de Paris s’y montre dans ses nuances si variées et si justes, ses délicatesses, son coloris modéré, cette rigueur logique qui sent sa langue universelle ; et, à côté, le français des provinces y trouve à loger çà et là, dans quelque coin, ses naïvetés locales, sa rusticité expressive, ses fautes gracieuses.

1494. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

Il n’a rien de véritablement décidé que l’ambitieuse manie d’avoir voulu passer pour le dépositaire du Génie de tous les Arts, pour un Littérateur universel, pour un Homme unique.

1495. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

Il ne suffit pas de signaler ici une impropriété de termes qui blesse la grammaire universelle, il faut voir l’usage qu’en fait l’auteur, et dans quelle vue il provoque ainsi notre attention.

1496. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XII, les sept chefs devant Thèbes. »

L’homme a laissé les Sept tirant au sort les portes où chacun d’eux conduira sa troupe : — « Choisis donc les meilleurs guerriers, dit-il au jeune roi, et place les promptement aux avenues de la ville. » C’est alors que le Chœur des femmes entonne sa longue plainte par des litanies de dieux protecteurs appelés à l’aide : Arès d’abord, patron de la guerre : — « Antique enfant de cette terre, regarde cette ville que tu as tant aimée autrefois. » — Puis Zeus « Père » universel ».

1497. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

» tout à côté, dans ses réflexions sur la musique, le Sieyès philosophe reparaît : il est « à la recherche d’une langue philosophique universelle, mélodieuse, harmonique et instrumentale ».

1498. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1858 » pp. 225-262

Sans goût littéraire, mais fureteur sagace, intelligemment curieux, le seul homme, à l’heure présente, qui dans la presse soit un chroniqueur un peu universel, un peu informé de ce qui court, de ce qui se dit, de ce qui se fait, le seul ayant des oreilles autre part que dans le café du Helder et dans le petit monde des lettres, sur la pointe du pied, à la porte entrebâillée du monde, et de tous les mondes, du monde des filles au monde de la diplomatie, écoutant, pompant, aspirant ce journal de la vie contemporaine qui n’est nulle part imprimé, à la piste de tous les moyens d’information, ayant essayé par exemple, nous dit-il, de donner des dîners où il faisait asseoir toutes les professions à sa table, espérant que chaque spécialité se confesserait à l’autre, et que toute l’histoire intime et secrète de Paris débonderait au dessert, de la bouche du banquier, du médecin, de l’homme de lettres, de l’homme de loi.

1499. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1870 » pp. 321-367

* * * Un mystère, un mystère incompréhensible, insondable, que dans cet atrophiement du cerveau, la résistance, la survie de certaines facultés, de certaines puissances de l’entendement, un mystère que cette échappée de mots, de réflexions, de choses vives ou profondes, jaillissant à travers cette léthargie qu’on penserait universelle, un mystère qui vous retire à tout moment de votre désespérance et vous fait dire : « Mais cependant ? 

1500. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. Guizot »

Ils ne sont pas même ce que sont nos électeurs sous notre régime réglementé de suffrage universel.

1501. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

La fable, s’était, d’autre part, déployée, mais exagérément déployée dans les différentes branches de ce roman universel que l’on a appelé Roman de Renart.

1502. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Octave Feuillet »

Le comte de Camors écrit dans sa lettre le mot d’honneur, qu’il appelle un grand mot, et qu’il croit la seule réalité morale qui reste aux hommes dans l’athéisme universel.

1503. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

On n’a jamais publié, que je sache, l’histoire complète des bulles de savon, l’histoire universelle des cerfs-volants, la monographie générale de la lanterne magique, et l’on a eu grand tort. […] Et, pendant qu’à travers ces chemins remplis de la foule romaine, à l’ombre de ces autels où le prêtre immole ses plus belles victimes, dans ces places publiques où l’on dresse deux mille tables, où l’on boit à longs traits le vin de Falerne ; quand défile au loin cette armée amenant avec elle un monde de captifs et de trésors ; quand l’encens fume sous les pas de César, mêlé à la louange universelle, aux acclamations du peuple et du sénat, dans cette voie Appienne ouverte à la domination de la Rome éternelle ; alors que chaque temple est ouvert et que chaque citoyen porte une toge blanche et tient en main le laurier d’Apollon ou le chêne de Jupiter ; quand l’Imperator, à travers cette longue suite d’arcs triomphaux, du champ de Mars au Velabre, et du grand cirque au forum, et sur ce long chemin du Capitole, où il arrive au bruit des fanfares solennelles, et ce tumulte de trophées où l’on voit, captifs, mais attachés par des chaînes d’or, le Rhin, le Rhône et l’Océan ; quand c’est à peine si l’on a trouvé dans Rome assez de chevaux pour transporter jusqu’aux autels de Jupiter les dépouilles des peuples conquis, dans ce pêle-mêle de sacrificateurs empressés, de magistrats dans la pourpre, de vestales voilées, de rois vaincus dont les mains sont chargées de chaînes et dont la tête porte encore la couronne, au bruit enivrant des poésies et des cantiques à la louange de César, et quand c’est un cri unanime, du ciel à l’abîme ; « Écoutez ! […] oui, ceci est l’histoire universelle de tous les malheureux qui dépensent leur vie en ces incroyables négligences. […] Monteil écrivait l’Histoire du village de Cély, afin que, sur le plan de cette histoire modèle, ou pût dresser quelque jour l’histoire universelle des quarante-deux mille communes de France. […] mais ce mot-là, dans son rayonnement universel, contient le monde.

1504. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Est-il cependant d’universelles réputations qui ne soient point classiques ? […] Bossuet n’est pas plus feuilleté que ce Recueil de Pierre du Marteau17 ; et, à tout prendre, la Plainte du cheval Pégase aux chevaux de la petite Ecurie, par Monsieur de Benserade, est d’une lecture plus agréable et moins dangereuse que le Discours sur l’histoire universelle : le moralisme pompeux est-il tant supérieur au burlesque badin ? […] Cela signifie sans doute que tout doit être enseigné à tous, et aussi, qu’une notion universelle et vague serait un grand bienfait, un grand réconfort pour n’importe quelle intelligence ; mais l’on confond dans ce raisonnement la matière et la forme. […] A la veille de la révolution, en ces années de paradis dont la douceur fit paraître plus cruels les premiers jours sombres, la virginité n’est pas d’un grand prix ; il y a un désir universel de céder à la nature. […] Bien entendu que je ne fais aucune allusion à ce libertinage universel que des sociologues déments appellent «  l’amour libre ».

1505. (1925) Comment on devient écrivain

L’admiration est contagieuse. « La gloire d’un écrivain, dit Flaubert, ne relève pas du suffrage universel, mais d’un petit nombre d’intelligences qui, à la longue, impose son jugement. » Il suffît même parfois d’une seule personne pieusement obstinée. […] « Eh bien, moi dit-il, je demanderai la permission de rester assis, au beau milieu de cette farandole universelle, et de ne pas me lever devant cette Hélène, cette ignoble Hélène de Manon Lescaut… Alfred de Musset, qui a osé traiter de Sphinx cette fille, au cœur ouvert comme la rue et dans lequel il est aussi facile de descendre, a dit là une sottise de poète. […] On se croit obligé, au contraire, par habitude, de rendre compte du plus insignifiant vaudeville joué par un théâtre d’amateur, qui prend pour la circonstance un nom ronflant d’avant-garde85. »‌ Il faut bien le dire aussi : Beaucoup de lecteurs de journaux ne lisent pas la critique littéraire. « C’est pourquoi, à notre époque, où le journal est devenu un agent d’information universelle, faisant voisiner dans ses colonnes les radiotélégrammes de Tombouctou avec les questions d’hygiène scolaire et les derniers « tuyaux » de Chantilly, la place de la critique littéraire s’y trouve calculée d’une façon tout empirique et arbitraire, d’après l’importance relative qu’elle est censée avoir pour la moyenne des lecteurs. […] C’est que ces nouvelles formes de langage sont si bien naturalisées dans notre idiome, qu’elles paraissent y avoir pris naissance107… » Universelle au seizième siècle, la réputation d’Amyot s’est continuée jusqu’à nos jours. […] Revue Universelle, 1er octobre 1922 30.

1506. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Bien que sa figure et son œuvre apparaissent et ressortent plus qu’aucune dans ce cadre admirable du siècle de Louis le Grand, il s’étend et se prolonge au dehors, en arrière, au-delà ; il appartient à une pensée plus calme, plus vaste, plus indifférente, plus universelle. […] » A ce cri, qu’il devinait bien être celui du vrai public et de la gloire, à cet universel et sonore applaudissement, Molière sentit, comme le dit Segrais, s’enfler son courage, et il laissa échapper ce mot de noble orgueil, qui marque chez lui l’entrée de la grande carrière : « Je n’ai plus que faire d’étudier Plaute et Térence et d’éplucher les fragments de Ménandre ; je n’ai qu’à étudier le monde. »  — Oui, Molière ; le monde s’ouvre à vous, vous vous l’avez découvert et il est vôtre ; vous n’avez désormais qu’à y choisir vos peintures.

1507. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

D’abord, j’ai recueilli un ensemble considérable de faits montrant, d’accord avec l’opinion presque universelle des éleveurs, que parmi les animaux et les plantes un croisement entre des variétés différentes ou entre des individus de la même variété, mais d’une autre lignée, rend la postérité qui en naît plus vigoureuse et plus féconde ; et que d’autre part les reproductions entre proches parents diminuent d’autant cette fécondité et cette vigueur. […] D’après ma théorie, l’existence permanente d’organismes inférieurs n’offre aucune de ces difficultés ; car la sélection naturelle n’implique aucune loi nécessaire et universelle de développement et de progrès.

1508. (1881) Le roman expérimental

Si l’on met à part le clan des admirateurs farouches, de ceux qui veulent faire de Victor Hugo un homme universel, aussi grand penseur qu’il est grand poète, tout le monde hausse les épaules aujourd’hui devant les invraisemblances de Ruy Blas. […] Le branle était donné, l’enquête allait devenir universelle. […] C’est à ce point de vue qu’il faudrait écrire une histoire littéraire universelle, et non au point de vue d’un idéal absolu, d’une commune mesure esthétique parfaitement ridicule. […] Aussi le grand public, ce que nous appelons l’opinion, pour ainsi dire le suffrage universel, n’existe-t-il pas en matière littéraire, et les salons, quelques rares groupes de personnes choisies, sont les seuls à porter des jugements décisifs. […] L’élan est universel et superbe, et c’est cet élan qui fait la grandeur des lettres.

1509. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

Newton, à ce que l’on raconte, disait avoir trouvé la loi de la gravitation universelle « en y pensant toujours ». […] Tarde fut amené à sa théorie de l’imitation par une doctrine de sens opposé sur la différence universelle et la nécessité, pour une réalité quelconque, de différer de toutes les autres. […] En quelques heures de marche et de réflexion, m’arrêtant parfois, m’asseyant au pied d’un arbre pour écrire des notes au crayon, j’esquissai le premier canevas de ce qui est devenu plus tard le premier chapitre de mes Lois de l’imitation, intitulé la Répétition universelle. […] Au reste, la nature même et les conditions de la transformation nous disent combien elle doit être fréquente, et même, à certains égards, universelle.

1510. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Déjà l’on pressentait, l’on attendait Racine, qui, en effet, réintroduisit au théâtre la morale commune ou, pour l’appeler d’un nom qui paraît plus noble, la morale universelle, — et cela sans jamais moraliser directement ni paraître même se préoccuper de la morale… Or il y a toujours eu, semble-t-il, une constante relation entre les mésaventures publiques de Corneille et les progrès de sa piété. […] Et, pour l’opposer à cet orgueilleux, ne pourrait-on tirer de quelque steppe ou de quelque pouilleux Orient le plus misérable de ses coreligionnaires, quelque pauvre diable de martyr qui serait un saint sans le savoir, et qui porterait en lui la vraie religion, la religion universelle, la pure flamme de justice et de charité des vieux Prophètes. […] Et l’histoire de Rémoussin, dans l’Engrenage, nous apprend que la politique est une grande pervertisseuse de conscience et aussi que, « entre le suffrage universel et ses élus, il y a corruption mutuelle ». […] Il répudie la corruption électorale, les petits verres, la propagande des agents louches, les polémiques calomnieuses, les faveurs injustes promises aux électeurs influents, les professions de foi menteuses… Mais un candidat ne s’appartient plus, et d’ailleurs le suffrage universel veut absolument être corrompu et trompé. […] Oui, les conditions naturelles, inéluctables, d’un régime de suffrage universel forcent le juste lui-même, dès qu’il entre dans cet engrenage, à « pécher » bien plus de sept fois par jour.

1511. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Une des causes de l’universel bouleversement, la corruption de la société par la femme, lui avait été révélée. […] Et ceux-ci ont du moins sur leurs devanciers cette supériorité, qu’ils s’englobent eux-mêmes dans l’universel mépris où ils tiennent les hommes. […] Car la lutte s’étend à toute la nation : c’est une mêlée universelle. […] L’universelle séduction qu’exerce le talent de M.  […] Désormais on n’allait plus trouver que dureté dans les mœurs, bassesse dans les sentiments, violence dans l’expression et qu’universelle brutalité.

1512. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Il y a en lui une irrésistible sympathie par tous les points avec la Vie universelle, et il cherche ensuite à réprimer cette expansion, à la ramener dans un ordre régulier de foi ; il y a en lui, si je l’ose dire, du bouddhiste qui tâche d’être méthodiste.

1513. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

Jacques Coste, qui vendit au ministère les Tablettes universelles en 1823 et qui fonda ensuite le journal le Temps.

1514. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Guizot, écrivait quelques articles aux Tablettes universelles, qui trop tôt manquèrent, se dévorait enfin dans l’intimité d’hommes fervents, étouffés comme lui, et dans les conversations brûlantes de chaque jour.

1515. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIe entretien. La passion désintéressée du beau dans la littérature et dans l’art. Phidias, par Louis de Ronchaud (1re partie) » pp. 177-240

Le feu du volcan universel est un cœur de femme.

1516. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

comprendre enfin, dans une exécration universelle, le climat, le génie, la langue, le caractère de dix nations des plus heureusement douées par le ciel, et chez lesquelles tant de grands écrivains, tant de nobles caractères semblent renouvelés de siècle en siècle pour protester contre la décadence même de cet empire du monde qu’aucun peuple n’a pu conserver ?

1517. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

Balzac nous montrait les faits : l’effort universel, la lutte brutale pour la fortune, pour les places, pour le pouvoir.

1518. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

D’autre part, quelle opinion qu’on ait de Rostand, son succès universel — en dehors bien entendu d’une grande partie des milieux littéraires — ne permet pas de l’oublier, ni Paul Arène, qui a fait des vers exquis — Navarrot, béarnais, était aussi un excellent poète français.

1519. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

L’artiste n’a — heureusement — rien de commun avec le député, non plus qu’avec le petit élève de cinquième… Pourquoi donc vouloir lui décerner des prix et des accessits, surtout au moyen de ce ressort toujours faussé qu’est le suffrage plus ou moins universel ?

1520. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

Si quelques esprits restés fidèles à l’ancien type historique, et justement préoccupés de précision, de choix sévère entre le nécessaire et le superflu, de beauté soutenue du langage, ont pu croire par moments qu’ils lisaient moins une histoire qu’un vaste et éloquent rapport, ils sont d’accord avec les bons juges et la foule pour admirer cette facilité, cette lumière universelle qui, de l’esprit de l’écrivain, se répand sur tous les sujets qu’il traite, cette pénétration qu’aucune difficulté ne met en défaut, cette éloquence qui, même où elle surabonde, ne sent jamais l’amplification, cette veine de français des meilleurs temps de la langue, qui court à travers les négligences et les locutions vieillissantes de la langue politique138.

1521. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

On employa toutes les pieuses fraudes pour prouver que saint Samson avait été métropolitain ; mais les cadres de l’Église universelle étaient déjà trop arrêtés pour qu’une telle intrusion pût réussir, et les nouveaux évêchés furent obligés de s’agréger à la province gallo-romaine la plus voisine : celle de Tours.

1522. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre II : La Psychologie »

Laissons de côté le premier argument tiré de ce préjugé universel que le cerveau est le seul sensorium ; car c’est là une simple pétition de principe.

1523. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

C’est la science universelle.

1524. (1857) Cours familier de littérature. III « XVe entretien. Épisode » pp. 161-239

Rêveur du groupe universel, Qu’il embrasse, au lieu de sa mère, Sa froide et stoïque chimère Qui n’a ni cœur, ni lait, ni sel !

1525. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

Au milieu de ce fanatisme universel en faveur de la nouvelle loi, les images durables dont une postérité reconnaissante avait fait hommage à nos grands hommes, ont été sur le point d’être brisées et de vous être offertes en débris, comme un holocauste digne de votre génie5.

1526. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Voilà une belle question, une belle question d’histoire universelle.

1527. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

Si, de l’adjonction des capacités qu’il regrette, « on en est venu — dit Villemain — à ce qui lui ressemble le moins, le suffrage universel (nous croyons, nous, que c’est ce qui lui ressemble le plus), est-ce une raison pour ne plus souffrir dans le pays un degré supérieur, une aristocratie d’études destinée surtout à la classe aisée, et promettant, par l’habile emploi des premières années de la jeunesse, une recrue certaine d’esprits cultivés ? 

1528. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

il y a encore un comte de Grammont, l’oncle de la jeune fille, Fontenelle-dandy qui finit par glisser dans le dévouement et qui se fait tuer, par honneur du monde, pour sa nièce ; vrai d’inconséquence, ayant l’intérêt d’une larme retrouvée dans un œil qu’on croyait séché ; d’ailleurs sans profondeur aucune, et tout le temps qu’il est égoïste, très-facile à peindre, dans l’égoïsme universel qui pose, sous tant de faces, devant nous.

1529. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Appendices de, la deuxième édition »

Alors, quand on en use pour des systèmes de référence déterminés, on croit particulariser et matérialiser une essence immatérielle et universelle, comme fait le platonicien quand il passe de l’Idée pure, contenant éminemment tous les individus d’un genre, à l’un quelconque d’entre eux.

1530. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

Cette histoire des idées humaines montre jusqu’à l’évidence l’erreur de ceux qui attribuant, selon le préjugé vulgaire, une haute sagesse aux anciens, ont cru que Minos, Thésée, Lycurgue, Romulus et les autres rois de Rome, donnèrent à leurs peuples des lois universelles.

1531. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Brémont, mourant aux colonies, a fait le duc Job son légataire universel. […] Puis il semble que le mal universel vous absout d’avance, à vos propres yeux, de tout ce que vous pourrez vous permettre. […] je crains fort que certaines parties de son œuvre ne l’aient trop diverti le premier, ne l’aient ému d’une joie mauvaise, où il y avait une sorte de consentement et d’abandon à l’impureté universelle.

1532. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

La patrie pour le Français, c’est donc le sol natal ; en dehors de ce sentiment, il ne conçoit rien qu’un certain cosmopolitisme vague et qu’une certaine idée universelle d’humanité. […] Ces forces, dont nous avons constaté l’action, c’est cette âme universelle qui les crée en partie et qui, si elle ne les crée pas, les met au moins en mouvement. […] Taine, mais aller au-delà et saisir cet instinct universel dont l’instinct de race n’est qu’une première diminution et une première altération. […] Bien plus, c’est cet homme universel qui met ces forces en activité ; mais, comme le premier mouvement de l’homme moral coïncide forcément avec le premier mouvement de l’homme de chair et de sang, on les distingue difficilement l’un de l’autre, et cependant l’un est la cause, et l’autre n’est que l’effet. […] Appelez, si vous voulez, le premier, qui semble le plus grave et le plus simple, le Latin ; appelez le second, qui est le plus rêveur et le plus instinctif, le Slave ; appelez le troisième, qui semble le plus dur, le plus intraitable, le plus orgueilleux et le plus violent, le Saxon ; appelez le quatrième, qui est le plus fébrile, le plus sensible et le plus vif, le Celte, et vous aurez une image exacte des différents génies des races et des modifications qu’ils impriment à l’homme universel.

1533. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Eh bien, elles ont été jouées 1 039 fois, et Le Joueur 817, et Le Légataire universel 925. […] Sur quelques points, cependant, on a quelque chose à reprendre aux jugements du suffrage universel. […] Mais, après cela, le suffrage universel me paraît un peu jouer à Colin-Maillard. […] Tout individu qui a des désirs, des passions, c’est-à-dire tout individu normalement conformé, doit nécessairement se proposer ce but : c’est la tendance universelle. […] Elle est amusante et elle dénonce un travers bien national qui, bien entendu, n’a fait que croître depuis 1829 : c’est le fonctionnarisme, « l’étatisme », la manie de demander tout à l’État, le fait, universel chez nous, de naître en rêvant une place du gouvernement.

1534. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

L’analyse, au contraire, n’exigeant d’autre docilité que l’attention, etc. » Suivent des éloges desquels il résulterait vraiment que la clef universelle est trouvée, et dont on rencontrerait l’écho monotone, sinon la rédaction aussi parfaite, dans toutes les préfaces et dans tous les programmes d’alors. […] Daunou ne fait guère qu’en tirer prétexte pour retracer en douze leçons un tableau succinct de l’histoire universelle, dès avant Homère, jusqu’à la mort de Voltaire.

1535. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Pour qu’un raisonnement soit littéraire, il faut qu’il ne s’adresse point à tel intérêt ou à telle faction, mais à l’esprit pur, qu’il soit fondé sur des vérités universelles, qu’il s’appuie sur la justice absolue, qu’il puisse toucher toutes les raisons humaines ; autrement, étant local, il n’est qu’utile : il n’y a de beau que ce qui est général. […] … Je ne veux pas insister minutieusement sur le grand nombre d’élégants, de musiciens, de poëtes, de politiques, que cette réforme rendrait au monde. —  Moi-même, l’auteur de ces admirables vérités, j’en suis une preuve, étant une personne dont les imaginations prennent aisément le mors aux dents, et sont merveilleusement disposées à s’enfuir avec ma raison, laquelle, comme je l’ai observé par une longue expérience, est un cavalier mal assis et qu’on désarçonne aisément, d’où il arrive que mes amis ne me veulent jamais laisser seul que je ne leur aie promis solennellement de décharger mes idées de la façon qu’on vient de voir, ou d’une autre semblable, pour l’avantage universel de l’humanité1012. » Le malheureux qui se connaît et qui se raille !

1536. (1904) Zangwill pp. 7-90

Or l’idée moderne, la méthode moderne revient essentiellement à ceci : étant donnée une œuvre, étant donné un texte, comment le connaissons-nous ; commençons par ne point saisir le texte ; surtout gardons-nous bien de porter la main sur le texte ; et d’y jeter les yeux ; cela, c’est la fin ; si jamais on y arrive ; commençons par le commencement, ou plutôt, car il faut être complet, commençons par le commencement du commencement ; le commencement du commencement, c’est, dans l’immense, dans la mouvante, dans l’universelle, dans la totale réalité très exactement le point de connaissance ayant quelque rapport au texte qui est le plus éloigné du texte ; que si même on peut commencer par un point de connaissance totalement étranger au texte, absolument incommunicable, pour de là passer par le chemin le plus long possible au point de connaissance ayant quelque rapport au texte qui est le plus éloigné du texte, alors nous obtenons le couronnement même de la méthode scientifique, nous fabriquons un chef-d’œuvre de l’esprit moderne ; et tant plus le point de départ du commencement du commencement du travail sera éloigné, si possible étranger, tant plus l’acheminement sera venu de loin, et bizarre ; — de tant plus nous serons des scientifiques, des historiens, et des savants modernes. […] Mais, je le répète, la supériorité intellectuelle entraîne la supériorité religieuse ; ces futurs maîtres, nous devons les rêver comme des incarnations du bien et du vrai ; il y aurait joie à se subordonner à eux. » J’arrête ici ma citation, parce qu’il est très long de copier, et parce qu’ici, comme dans l’Avenir de la science, il faudrait tout citer, tant tout est plein : curieux, inquiétant, nouveau, passionnant ; pourtant il faut que je recommence : « L’univers serait ainsi consommé en un seul être organisé, dans l’infini duquel se résumeraient des décillions de décillions de vies, passées et présentes à la fois. » Or il est évident qu’un tel résumé ne pourrait s’obtenir que par une totalisation de la mémoire universelle, donc par une globalisation, par un achèvement, et par un arrêt de l’histoire.

1537. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

La Déesse est vêtue d’une longue robe rayée de cannelures symétriques, comme celles des colonnes du Parthénon : vêtement pesant qui enracine à la terre la Mère universelle, et dont les plis rappellent les sillons qui tendent le champ cultivé. […] L’Égypte s’insurge contre cette loi de la nature qui veut que tout rentre, que tout se dissolve dans l’universelle chimie qui renouvelle la matière ; elle accepte la mort, mais elle lui défend de détruire. […] » De cette vanité universelle le sceptique conclut à la volupté et à l’insouciance. « Mangeons et buvons, car nous mourrons demain », s’écrie l’Ecclésiaste découragé par le spectacle du monde et par l’immoralité de ses destinées. […] On admire le rugissement de lion que poussa Charles le Téméraire aux prises avec son inextricable réseau ; « Je combats, — s’écrie-t-il dans une proclamation, — l’universelle araignée. » Il la combattit en vain. […] Les députations qu’il reçoit ne lui arrachent pas une parole : il se penche, après leur discours, à l’oreille de son ministre, qui répond à sa place un Veremos invariable. « Dans le silence universel des lettres, — dit un historien du Ve siècle, — je n’entends plus que le bruit de ma plume grinçant sur le parchemin. » De même, dans le silence de l’Espagne terrifiée et anéantie, on n’entend plus que la plume de Philippe II criant sur le papier. — Plus il vit, plus il se resserre.

1538. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Quelquefois pourtant elle veut paraître émue profondément, se croit la plus nette et la plus puissante conscience de la vie universelle. « Un malaise inexprimable m’étreint quand le soleil s’évanouit à l’horizon ; je me détache de la vie, à l’automne, comme les feuilles des arbres, et le sang bouillonne dans mes veines, comme la sève des plantes, quand le premier soleil de mars troue le plafond de nuages gris ». […] Mais peu de combattantes ont la belle générosité universelle de Savioz. […] Il paraît que son « génie » de « prophète » a attiré à Mme Jousselin de terribles persécutions : elle se plaint particulièrement qu’on ait publié plusieurs de ses idées dans des livres signés Fontenelle et qu’on ait souillé le nom du « neveu du grand Corneille… dans l’espérance d’anéantir » le nom de Mme Jousselin « si connu, et sa réputation si universelle ». […] Imitatrice inhabile, incapable de juger et d’utiliser l’expérience de l’homme, elle tient à suivre exactement la même route que nous avons suivie, à refaire les mêmes faux pas, à recommencer les mêmes chutes, à s’engager derrière nous dans l’impasse du suffrage universel.

1539. (1900) Molière pp. -283

Il faut surtout qu’il l’exerce sous l’inspiration ou le pressentiment d’événements considérables, et, autant que possible, dans un de ces moments de crise qui sont rares, en bien comme en mal, dans l’histoire des peuples, et où l’émotion universelle des cœurs se communique et se fond en une seule âme, l’âme des poètes. […] Je vais prendre le plus universel des sentiments, l’amour maternel ; en apparence, rien de plus uniforme que cet amour dans les êtres créés, puisque les êtres les plus violents en connaissent toutes les tendresses, et que les êtres les plus doux peuvent en connaître toutes les violences, toutes les colères : voilà bien un sentiment qui paraît toujours uniforme : eh bien, prenez une mère spartiate, et une mère française, allemande, anglaise, — une mère moderne, qu’est-ce qu’elles auront de commun ? […] Si quelque détracteur obstiné de la France osait encore, à l’exemple de Schlegel, méconnaître le génie de Molière, l’admiration universelle des peuples porterait témoignage contre lui, et cette critique puérile tomberait étouffée sous un concert d’éloges. […] Si j’ai rempli Athènes de mes folies, peut-être, pensais-je, en fixant l’attention universelle, que j’attirerais aussi la sienne ; plus on parlera autour d’elle des saillies de mon humeur frivole, plus elle en parlera elle-même, et la curiosité m’ouvrira le chemin de son cœur.

1540. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Est-ce autre chose qu’un rocher nu, à pic, bon pour quelques-uns, mais stérile et de peu de refuge dans la submersion universelle ?

1541. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

A ce moment décisif et d’entrain universel, M. de La Rochefoucauld, qui aimait peu les hauts discours, et qui ne croyait que causer, dit son mot : un grand silence s’était fait ; il se trouva avoir parlé pour tout le monde, et chaque parole demeura.

1542. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

pour le coup, il y a le témoignage universel, la tradition consacrée.

1543. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

C’est pourtant au xiii e siècle seulement, ce siècle de génie, de véritable et universelle invention, m’il convient, ne l’oublions pas, de rapporter les plus jolies branches et rapsodies de cette libre épopée satirique, celles qui ont encore naïveté et grâce dans l’ironie, une sorte de candeur, et en qui ne percent pas trop outrageusement l’allégorie et la satire tout intentionnelle qui sera l’esprit du Renart final.

1544. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

Admettez qu’un pareil état d’esprit soit universel à une époque ; on devine tout de suite les cultes, les légendes qui se formeront ; Ce sont celles des Védas, de l’Edda et même d’Homère.

1545. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

Cette épopée avait sur l’Iliade et l’Énéide l’avantage d’être universelle dans le monde alors chrétien.

1546. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Les jongleurs, qui transportaient d’une province à l’autre les chansons de geste, savaient bien qu’enlevées à leur pays d’origine, elles perdaient l’intérêt local, si puissant élément de succès : pour compenser cette perte, il fallait les mettre en rapport avec celles dont la popularité était universelle, il fallait, en liant les sujets et les personnages, assurer aux nouveautés le bénéfice de la vogue des œuvres consacrées.

1547. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Mais un d’eux est triste ; il propose aux autres de supprimer l’enfer, de se sacrifier à l’amour universel, et alors les démons mettent le feu à la ville, et il n’en reste rien ; mais     On n’avait pas | agréé le Sacritice.

1548. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

Mais l’homme, jusqu’ici, pense à soi plus qu’aux autres hommes ; la Société est une collection d’égoïsmes, et la lutte pour l’existence s’y dénonce à première vue comme le seul principe un peu apparent : le socialisme, venu de l’autre pôle, doit donc précéder l’anarchie, — de quelques centaines, peut-être de quelques milliers d’années, — car il importe avant tout de protéger les faibles ; il faut d’abord paralyser les forces de l’égoïsme et le faire peu à peu céder au sentiment contraire, pour qu’enfin puisse grandir l’universel Amour.

1549. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

Que deviennent les soixante-dix semaines d’années, bases des calculs de l’Histoire, universelle, si la partie du Livre d’Isaïe où Cyrus est nommé a été justement composée du temps de ce conquérant, et si pseudo-Daniel est contemporain d’Antiochus Épiphane ?

1550. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

Cependant je me laisse entraîner au cours universel.

1551. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

Dimanche 22 septembre Ce matin, Meada, commissaire général du Japon à l’Exposition universelle de Paris, est arrivé à Saint-Gratien, accompagné de deux jardiniers de ses compatriotes, portant dans des morceaux de soie jaune, des instruments de jardinage, bizarres, hétéroclites.

1552. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

Que l’on rassemble les plus sombres page de la littérature universelle, certains chants de l’Enfer, les scènes brutales des dramaturges shakespeariens, les fantaisies de Swift, les terreurs plus puériles de Godwin et d’Anne Radcliff, que l’on confonde certaines pages des épopées septentrionales, des chroniques russes et espagnoles, du Maliens inquisitorial, des voyages des missionnaires en Chine, que l’on joigne à des passages de Suétone certains chapitres de nos traités de pathologie ; toutes ces images de sang et de souffrance blanchiront auprès de l’horreur glaçante, du dégoût, de l’énervement, de la pesante angoisse que causent quelques contes forts courts et fort calmes de Poe.

1553. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

Noble don, Garant universel du céleste pardon !

1554. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

La haine des gouvernements de Portugal, de France, de Naples et d’Espagne, n’était point apaisée par une proscription universelle.

1555. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

Il avait écrit les mœurs de Paris, les mœurs de la province, les mœurs des hautes classes en tant qu’elles étaient restées hautes, les mœurs des bourgeois, les mœurs du peuple, les mœurs des paysans, les mœurs des courtisanes, enfin les mœurs universelles ; mais les mœurs des Rois, il les avait oubliées.

1556. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Et il ajoute : « Plus que jamais le monde est aux Vernouillet, à leur Banque territoriale et à leur Union universelle. […] Cette complaisance fatale de chaque être dans sa forme est la condition de sa persistance dans cette forme, et cette persistance de chaque être en particulier est la condition même de la persistance de la vie universelle. […] Ils veulent bien nous faire savoir toutefois que Charles, la première ardeur des sens tombée, s’est aperçu de la sécheresse et de la sottise de sa petite femme, de l’universelle insincérité, de l’arrangement niais, de l’écœurant cabotinage de toutes ses impressions, de toutes ses paroles, de tous ses mouvements. […] Mais, justement, cette vanité-là est forte de toute la force du consentement universel des imbéciles. — Donc, voici un financier cent fois millionnaire. […] Cela veut dire que, s’il peut avoir lui-même l’âme basse, il croit fermement à l’universelle bassesse des autres.

1557. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

L’obscure intuition de l’âme universelle, dont les visibles formes et les invisibles sentiments sont le commun effet, leur révélait, sans qu’ils s’en rendissent compte, une mystérieuse analogie et comme une correspondance divine entre la face particulière de ce coin de nature et l’essence indéfinie de leur tendresse. […] L’épanouissement universel t’encense. […] le premier essai du suffrage universel. […] Je ne m’exprime librement qu’avec les gens que je sais dégagés de toute opinion et placés au point de vue d’une bienveillante ironie universelle. […] Si elle doit produire plus de justice et de lumière et que ce surplus de justice et de lumière se répartisse entre des âmes qui ne doivent pas périr, si c’est vraiment à une œuvre éternelle que nous travaillons, au progrès de la conscience universelle, à la réalisation de plus en plus étendue et profonde du monde moral sur la terre, comme inauguration et commencement du règne de Dieu, certes il n’est pas de but plus élevé, plus digne de nos efforts.

1558. (1927) Approximations. Deuxième série

Tantôt ils se confondent avec lui ; tantôt ils oublient quelque temps son existence ; et tantôt brutes, tantôt purs esprits, ils ignorent quelles liaisons universelles ils contiennent et de quelle substance prodigieuse ils sont faits. […] Il circule à travers les Pensées une incessante et tout involontaire personnification des tendances et des passions ; non point jamais saisies dans quelque être particulier ni surtout ramenées, réduites à lui ; mais tout au contraire en vertu d’une prodigieuse individualisation de l’universel, — cette individualisation qui fait que parfois chez un Shakespeare telle réflexion générale paraît douée d’une vie encore plus sanguine que le personnage qui l’articule ; et c’est à dessein que j’introduis ici le nom de Shakespeare. […] Or il n’y a que l’Être universel qui soit tel. Le royaume de Dieu est en nous : le bien universel est en nous, est nous-même, et n’est pas nous65. […] Le second jouit de la considération universelle, mais presque personne ne s’y intéresse.

1559. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Horace était donc un moderne, contesté, critiqué, raillé ; aujourd’hui il est en possession de l’admiration universelle, et ses œuvres sont traduites dans toutes les langues. […] La gloire a des trésors qu’on ne peut épuiser : Et, plus elle en prodigue à nous favoriser Plus elle en garde encore où chacun peut prétendre, Puis il vient à la fameuse question des trois unités, dont tout retentissait alors, et déclare que, pour lui, « loin de s’en rendre l’esclave, il les élargit ou les resserre selon le besoin du sujet… Savoir les règles, ajoute-t-il finement, ou entendre le secret de les apprivoiser adroitement avec notre théâtre, ce sont deux sciences bien différentes ; et peut-être que, pour faire maintenant réussir une pièce, ce n’est pas assez d’avoir étudié dans les livres d’Aristote et d’Horace… Mon avis est celui de Térence : « Puisque nous faisons des poèmes pour être représentés, notre premier but doit être de plaire à la Cour et au Peuple… Il faut, s’il se peut, y ajouter les règles, afin de ne déplaire pas aux savants et recevoir un applaudissement universel.

1560. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Mais notez d’abord qu’il n’y a dans le roman de Flaubert, sauf Homais, aucun personnage qui se construise et qu’Emma est prise dans le courant universel d’une création qui se défait, entre ce Gog et ce Magog des derniers temps, Homais et Bournisien ; dans Eliot au contraire, Maggie est seule à se détruire par les explosions d’un cœur ardent, et Tom établit à côté d’elle un élément solide de contraste. […] On y voit la double face et, si l’on veut, les deux versants de la littérature suisse d’expression française, l’un local, l’autre universel. […] De caractère suisse très autochtone, elle s’incorpore à la littérature française et rayonne sur elle, avec elle, dans la culture universelle. […] Maurras la lettre qu’il écrivit jadis à M. d’Haussonville, et comme les journaux appellent le colin le démocratique colin, non que ce poisson ait installé dans les profondeurs marines le suffrage universel, mais parce que son prix le met à la portée de toutes les ménagères).

1561. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Il y avait déjà un siècle et demi que sur le continent, dans l’affaissement et la dissolution universelle, une nouvelle société s’était faite et de nouveaux hommes avaient surgi. […] Les meurtrissures une fois données et reçues, ils se prennent par la main et dansent ensemble sur l’herbe verte147. « Trois hommes joyeux, trois hommes joyeux, nous étions trois hommes joyeux. » Comptez, de plus, que ces gens-là, dans chaque paroisse, s’exercent tous les dimanches à l’arc, et sont les premiers archers du monde, que, dès la fin du quatorzième siècle, l’affranchissement universel des vilains multiplie énormément leur nombre, et vous comprendrez comment à travers tous les tiraillements et tous les changements des grands pouvoirs du centre, la liberté du sujet subsiste.

1562. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Dimanche 18 février C’est vraiment extraordinaire chez Schwob cette science universelle qui va de Tacite à Wittemann : des auteurs les plus anciens aux auteurs les plus modernes, et les plus exotiques. […] En wagon, il aurait été pris de l’envie de rejouer, pour gagner sa vie, et il s’était mis à réciter les premiers vers du Légataire universel, qu’il avait joué autrefois, avec ses compagnons du chemin de fer, et tous s’étaient trouvés arrêtés dans leurs répliques : lui seul avait été jusqu’au bout… Enfin il s’écrie que tous les bonheurs s’étaient succédé chez lui, depuis le jour, où il avait eu son fils.

1563. (1925) Portraits et souvenirs

Sa compétence esthétique doit être universelle. […] Bien plus, leur heure d’actualité passée, ils entrent dans la biographie universelle et y peuvent tranquillement défier l’oubli. […] Ainsi, des plus hauts personnages jusqu’à la plèbe la plus infime, le port de la « baüta » était universel à Venise.

1564. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

» « Eh bien, dit Renan, dérayant complètement de sa thèse, j’aime mieux les paysans à qui l’on donne des coups de pied dans le cul, que des paysans, comme les nôtres, dont le suffrage universel a fait nos maîtres, des paysans, quoi, l’élément inférieur de la civilisation, qui nous ont imposé, nous ont fait subir, vingt ans, ce gouvernement. » Berthelot continue ses révélations désolantes, au bout desquelles je m’écrie : — « Alors tout est fini, il ne nous reste plus qu’à élever une génération pour la vengeance !  […] À ce qu’il paraît, ainsi que me l’indiquaient les jambes sortant par les fenêtres de l’Hôtel de Ville, le gouvernement est renversé, la Commune établie, et la liste du monsieur de la place va être confirmée par le suffrage universel. […] Et ce qui avait survécu de ces sentiments idéaux, notre premier sauveur, Louis-Philippe l’a achevé avec la phrase de son premier ministre : « Enrichissez-vous » ; et notre second sauveur, Napoléon III, avec son exemple et celui de sa cour, qui disait : « Jouissez. » Puis, quand toutes les religions désintéressées des âmes étaient mortes, on faisait, par le suffrage universel, du vote destructif et désorganisateur du bas de notre société, la véritable souveraineté française.

1565. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Une certaine passion, comme chez Helvétius, du bonheur universel, une croyance animée au vrai et un zèle de le produire (qui n’était pas encore venu à Mlle de Meulan), émeuvent cette lente analyse, circulent en ces pages abstraites, y mêlent en maint endroit la sensibilité et une sorte d’éloquence qui touche d’autant mieux qu’elle est plus contenue.

1566. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

A peine entrée au bal, ce fut autour d’elle un murmure universel d’admiration et de louanges ; son sourire, dont sa mère avait un instant douté, y répondit et ne cessa plus : délicieux ravage !

1567. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Je sais que Voltaire (préface de Rome sauvée) a pu plaider avec avantage la cause de cet autre talent universel, et citer de fort beaux vers sur le combat de l’aigle et du serpent, qu’il a lui-même à merveille traduits.

1568. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Et moi aussi, je signalerai un danger, et j’aurai de l’écho au dehors, j’aurai de l’assentiment de la part de tous ceux qui, amoureux du bien public, de la paix publique, du progrès des idées justes et de l’avancement civil de la société, ne désirent, dans cette large voie, d’autre guide et d’autre appui que le Gouvernement impérial, issu du suffrage universel.

1569. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

La compétition des deux pères pour les fonctions de gouverneur du fils du roi, les hauteurs du comte, la dignité du vieux don Diègue, l’intervention du roi entre Rodrigue et Chimène, le rôle de don Sanche, estimé, mais point aimé, que Chimène accepte pour champion, tout en désirant secrètement qu’il succombe ; tout cela, c’est la vie universelle et qui ne change pas.

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