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1052. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

Nul mieux que lui n’a senti la différence qu’il y a entre les jeunes et les vieilles nations, entre les peuples vertueux et les corrompus.

1053. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Il est curieux de lire les deux petits romans en regard l’un de l’autre, quand on s’est une fois bien rendu compte, sous la différence des mœurs et des costumes, de l’identité du sujet.

1054. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

Qu’on veuille bien se retracer avec netteté la différence des deux races : d’une part, nos vieux Gaulois, nos auteurs de contes et de fabliaux, Villon, Rabelais, Régnier, et tous ceux, plus ou moins connus, dont l’esprit vient se résumer et se personnifier en La Fontaine comme en un héritier qui les couronne et les rajeunit, si bien qu’on le peut définir le dernier et le plus grand des vieux poètes français, l’Homère en qui ils s’assemblent une dernière fois librement, et se confondent.

1055. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

Il y a donc une grande différence entre une société rêvée et une société réalisée ; il ne suffit pas de se demander comment les choses doivent être, il faut voir encore comment elles sont.

1056. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre III : La littérature du xviiie et du xixe  siècle »

Nisard sur la littérature contemporaine depuis Chateaubriand jusqu’à nos jours, que l’on voit la différence de la nouvelle critique classique avec la critique de l’école impériale, fermée à toutes les beautés nouvelles et aussi injuste qu’aveugle pour les hardiesses heureuses de la littérature de notre temps.

1057. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

L’un est géomètre, l’autre est poète : c’est la différence.

1058. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

Si l’on jette ensuite les yeux sur le second, la différence éclate.

1059. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Il procède comme l’apologue, avec cette différence que sa fable, son dire, doit être la vérité même du fait d’où la morale se dégage d’elle-même ; il « prouve en racontant » : c’est là son unique raison d’être. […] La différence entre le roman historique de Walter Scott et le roman historique de Balzac, générateur plus immédiat de notre école, est très apparente assurément, mais, au fond, presque puérile. […] Quelle différence aussi chez Mérimée entre l’érudition qui régla la parfaite mise en scène des Chroniques du Temps de Charles IX et la passion qui anima Colomba, quand il écoutait peut-être la propre voix de sa mémoire ! […] Pour emprunter une comparaison à l’écrivain dont nous essayons de caractériser le talent, c’est la différence de la lumière crue, blanche et directe du midi écrasant toutes choses, à la lumière horizontale du soir incendiant les nuées aux formes étranges de tous les reflets des métaux en fusion et des pierreries irisées. […] Charrier, acquittés tous les deux pour des opérations à peu près pareilles, il n’y a de différence que dans la date des acquittements.

1060. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Devant une telle contradiction, l’hypothèse prend quelque force d’une dualité, et d’ailleurs le laboratoire affirme la différence essentielle du travail musculaire et du travail cérébral. […] Inexplicable en théorie, le désaccord entre la pensée et la chair s’explique donc en fait par une différence au moins de construction moléculaire ; ce sont deux états dont l’un n’a de l’autre qu’une connaissance superficielle, et la chair va se dissoudre que la pensée se pense toujours éternelle. […] Cela n’est pas tout à fait illégitime, succès et beauté ayant une origine commune dans les émotions, la seule différence étant la différence même des systèmes nerveux où elles ont évolué. […] Avec la parité des goûts, des besoins, des désirs, les différences corporelles n’eussent pas suffi ni le commandement de l’espèce. […] Et Racine, reconnaissant le métier de son adversaire : « Toute la différence qu’il y a entre moi et Pradon, c’est que je sais écrire. » 21.

1061. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Je ne suis pas surpris que ces gens grossiers ne s’aperçoivent point de la différence qu’il y a entre ces termes pour l’élégance et la noblesse ; mais les personnes bien élevées et habituées à parler le langage de la belle nature, la sentent très bien et l’observent. […] de la différence de leurs génies, qui répond à celle de l’esprit des deux nations. […] L’aveuglement d’esprit de Glocester se change en un aveugle ment réel ou physique, à la suite duquel seulement il ouvre les yeux sur la vraie différence de l’amour de ses fils.

1062. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Or, il y a justement cette différence entre les langues littéraires et les autres, que celles-ci sont des langues dans lesquelles personne n’a encore pensé. […] C’est ce que Paul-Louis, de désagréable mémoire, appelait brièvement ne pas sentir la différence qui sépare Tivoli de Pontoise et Gonesse d’Albano. […] Et elles n’ont rien de critique, ni de paléographique, ni de diplomatique ; mais il est intéressant de relever dans l’édition du pasteur les points de contact du jansénisme avec le protestantisme, ou dans l’édition du chanoine les différences qui séparent le jansénisme d’avec le pur catholicisme romain. […] Et peut-être n’est-il pas de différence qui sépare plus profondément entre eux nos grands écrivains du xviie et du xviiie  siècle. […] Pénétrons en effet plus avant dans le théâtre de Racine ; voici de bien autres différences encore.

1063. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Mais la différence reste capitale, pour cette unique raison que le vers de Saint-Amant est mat et terne et qu’il raconte un fait sans intérêt à ce moment, tandis que la phrase de Chateaubriand ne nous permet pas de discuter si ses corneilles sont ici à leur place. […] Afin de ne pas être injuste en les rapprochant, tenez compte d’une différence. […] Mais précisément, entre la comédie antique et la comédie de Molière, il y a une différence, un écart, qui n’est peut-être pas celui que voit M.  […] La liberté du reporter anglais reste généralement intacte, et, dans les derniers temps de lord Northcliffe, les différences entre le point de vue de tel correspondant et celui de la direction politique allaient parfois assez loin. […] La différence « se ramène peut-être à ceci, que l’esprit français va de l’un au tout, l’esprit allemand du tout à l’un ».

1064. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

. —  Différence entre la conception créatrice et la conception analytique. […] Les gens d’esprit. —  Différence entre l’esprit des raisonneurs et l’esprit des artistes. —  Mercutio, Béatrice, Rosalinde, Bénédict, les clowns. —  Falstaff. […] Comparez la fureur de Capulet à la colère d’Orgon, et vous mesurerez la différence des deux poëtes et des deux civilisations : Comment ! […] Que le lecteur compare aux conversations de notre théâtre ce petit poëme, « enfant d’une imagination vaine, aussi légère que l’air, plus inconstante que le vent », jeté sans disparate au milieu d’un entretien du seizième siècle, et il comprendra la différence de l’esprit qui s’occupe à faire des raisonnements ou à noter des ridicules, et de l’imagination qui se divertit à imaginer.

1065. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

La statue du poète Henri Heine, que son expresse volonté avait dressée auprès des héros de l’Achilléion, et qu’une grossièreté toute tudesque fit enlever récemment par le nouveau possesseur, nous était le meilleur témoignage d’un culte qui pourtant, à la différence de tant d’autres, n’opprima jamais sa personnalité. […] Pour certaines natures bizarrement organisées, ou seulement plus compliquées que le commun des mortels, l’infidélité en amour n’est qu’un moyen de contrôle qui, par différence, permet de préciser la valeur de ses sensations. […] Seule la différence de structure mentale pourra nous donner la solution d’une énigme qui n’est qu’apparente. […] Pourtant la différence de méridien fait couler dans ses veines un sang plus impétueux et, quand il traduit son désir, c’est en des termes qui de deux tons au moins montent Fortunio : « J’ai dix-neuf ans et je voudrais vous protéger, me dévouer pour vous » : voilà bien Fortunio.

1066. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Il existe de ceux-ci à ceux-là la différence qui distingue un état de l’âme d’une conception de la pensée. […] », mot qui rappelle celui de Pindare sur le même sujet et qui atteste ainsi l’unité de l’esprit humain, à travers les différences de temps et de races. […] Un biographe, qui fut en même temps pour lui un ami, malgré la différence des âges, et qui était bien fait pour le comprendre, M.  […] Sans entrer dans une analyse plus étendue, citons quelques fragments de ses lettres : « Que je souffre plus ou moins, ce ne sera pas une différence réelle dans le cours du monde. […] Toutefois entre l’auteur et la création, les différences étaient encore nombreuses.

1067. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Il comprend tout et fait tout comprendre avec un art consommé, avec des différences presque insensibles d’intonations. […] C’est bien la suite ; car vous n’êtes point sans savoir que les théâtres des boulevards (boulevard Bonne-Nouvelle, boulevard Beaumarchais, surtout boulevard du Temple) sont les successeurs des théâtres de la Foire, avec cette différence à leur avantage que les théâtres de la foire Saint-Germain et de la foire Saint-Laurent n’étaient autorisés, en deux fois, que pour quelques mois de l’année (la durée qui leur fut accordée ou qui fut tolérée en leur faveur a varié infiniment) tandis que les théâtres des boulevards furent permanents ; souvent persécutés, gênés au moins, circonscrits à tel ou tel genre, entravés, supprimés quelquefois, soit l’un, soit l’autre ; mais, enfin, quelques-uns, et même la plupart, permanents. […] Il procédait de la Chaussée, Diderot et Sedaine, sans doute ; mais avec de telles différences qu’il avait bien son originalité à lui et qu’à son tour il était gros de nouveautés tout à fait singulières. […] Par ce fait, les différences essentielles et profondes qui existaient entre le mélodrame du peuple et le poème dramatique des bourgeois s’atténuent extrêmement ; l’abîme entre la Porte-Saint-Martin et le Théâtre-Français se comble presque ; et il est désormais tout naturel que le théâtre romantique naisse du mélodrame. […] Car, enfin, remarquez-vous la différence, au point de vue qui nous occupe, entre le théâtre d’imagination et le théâtre réaliste ?

1068. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

Combien de fois ces jours derniers, en lisant cette suite de pensées et d’excursions du prince de Ligne sur les jardins, en comparant l’édition de 1781 avec celle de 1795 des Œuvres complètes, et y voyant des différences sans nombre et sans motif explicable, j’ai souhaité que, pour ce travail comme pour le reste de ces Œuvres, un homme d’attention et de goût (non pas un éditeur empressé et indifférent) pût faire un choix diligent et curieux qui ferait valoir tant d’heureux passages !

1069. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

Et puis, quelles que soient, dans les deux cas, les inégalités de ressources, de talent, de prévision et de calcul, ce qui me frappe, c’est combien, malgré ces différences positives tout à l’avantage de l’entreprise moderne, la part de la fortune reste grande et souveraine, et combien, après avoir un peu plus ou un peu moins cédé au génie humain, elle ne recule que pour reprendre le dessus à quelque distance dans le résultat, et pour se ménager en quelque sorte la revanche de plus loin.

1070. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — I. » pp. 262-280

Je reconnaissais toute la différence qu’il y a entre le développement de Bourdaloue et celui de Massillon, ce dernier ayant plutôt un développement de luxe et d’abondance qui baigne et qui repose, et l’autre un développement de raisonnement et de nécessité qui enchaîne.

1071. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Votre ami (Voltaire) qui l’aime beaucoup veut lui faire avoir ses entrées à la Comédie pour Sémiramis… C’est un homme de condition de ce pays-ci, mais qui n’est pas riche, qui meurt d’envie d’aller à Paris, et à qui ses entrées à la Comédie feront une grande différence dans sa dépense.

1072. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

— Pressé d’arriver à l’éloge direct de son nouveau confrère, l’abbé de Caumartin, ne craignit pas de toucher le point délicat, la solidité des titres académiques, et tout en caressant le glorieux personnage sur ses autres qualités et prétentions extérieures de manière à le gonfler devant tous, il se piqua de lui faire accroire qu’il ne tenait qu’à lui de pouvoir s’en passer : C’est ce qui nous le fait regretter avec justice, disait-il en parlant des mérites modestes de Barbier d’Aucour, et notre consolation serait faible, si elle n’élait fondée que sur la différence de vos conditions.

1073. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

monsieur, repartit le roi, il y a bien de la différence d’un renard à un loup. » — « Voilà tout ce que Sa Majesté m’a encore jamais dit, ajoute d’Argenson, quoique ma personne en soit bien connue et que je me donne bien de la peine pour son service. » — La seconde parole que le roi lui adresse se fait attendre ; elle est de huit ans plus tard, à un voyage de Fontainebleau (septembre 1732), et presque aussi insignifiante.

1074. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

Ces diverses nouvelles que Frédéric écrit à sa sœur ne sont que des accidents de leur correspondance : le fond est plutôt de leurs sentiments, de leurs pensées, de questions morales ou métaphysiques que la sœur propose au frère et que celui-ci s’applique à résoudre, par exemple : « De la différence qu’il y a entre la constance en estime et la constance en amour. » Elle a du loisir à Bareith, et ce ne sont que les sujets et les vis-à-vis qui lui manquent pour y fonder à sa manière un petit hôtel de Brancas ou de Rambouillet.

1075. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

Il n’en a pas été ainsi de M. de.Voltaire… Et, en effet, on se rend compte aussitôt de la différence : sa jeunesse fut toute portée, toute favorisée par les circonstances, et il ne cessa d’avoir le zéphyr en poupe, depuis le jour où Ninon lui légua de quoi acheter des livres jusqu’au jour, le premier tout à fait sérieux et douloureux de sa vie, où il eut son aventure avec le chevalier de Rohan.

1076. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

À propos de cette critique de Commynes dans la bouche de Jacques Ier, faisons pourtant remarquer nous-même que, loin d’être léger dans son jugement des Anglais et des institutions anglaises, Commynes est bien informé, plein de sens, de prévoyance, et que dans la différence qu’il établit entre la manière dont les choses se passaient de son temps en France et en Angleterre, il devance tout à fait les publicistes modernes et Montesquieu.

1077. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Tu préfères Béranger à Lamartine, parce que tu connais l’un et non l’autre ; mais juge de la différence : en parlant de Lamartine, on vante son génie, et de moi on ne doit vanter que l’esprit.

1078. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

Les différences de cette fin si digne, si caractérisée, mais si spéciale, si exclusive et si ensevelie, du grand empereur du xvie  siècle, les contrastes qu’elle offre avec les destinées de cet autre empereur exposé plus encore que relégué à Sainte-Hélène, y achevant de vivre et s’y dévorant dans les loisirs forcés d’une retraite où les mortifications, certes, ne manquaient pas, mais qui s’éclaire des rayons d’une civilisation supérieure et des lumières d’un génie universel, sont assez sensibles sans que j’y insiste.

1079. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet »

Peu importe la différence des temps, des mœurs et des sujets qu’il reproduit : son procédé d’imitation est le même, et il a le même caractère de naturel et de vérité, et, comme eux encore, il se distingue par une fécondité extraordinaire.

1080. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

Tout ce monde-là parlait d’origine la même langue, et la parlait comme sienne, chacun avec sa légère différence d’accent, et sans en demander la permission au voisin.

1081. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

Entre les deux Gavarni, la différence est qu’il y eut de tout temps en lui une prodigieuse et spirituelle facilité, et qu’avec les années il s’y ajouta la puissance.

1082. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

Mais cette bataille perdue avait cela de particulier, à la différence des précédentes, qu’on y avait combattu avec une valeur acharnée, qu’on y avait fait plus de mal encore aux ennemis qu’ils n’étaient parvenus à nous en faire, et que le moral des troupes était relevé.

1083. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

J’ignore si la pièce qui m’a fait plaisir est susceptible d’être représentée à la scène ; je suis très-peu juge de la différence qui existe entre un drame fait pour rester écrit et un drame jouable ; un spectacle dans un fauteuil me suffît très-bien, à défaut d’autre : je m’attacherai donc ici simplement à un ouvrage d’esprit qui porte avec lui son caractère de distinction aisée et qui a un cachet moderne.

1084. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Ceux qui le font mourir le même jour que Shakespeare oublient la différence des calendriers ; il y a entre ces deux dates quelques jours d’intervalle.

1085. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

Taine fait bien sentir la différence des deux esprits, des deux races que la conquête normande n’a nullement confondues : « Qu’est-ce qui amuse le peuple en France ?

1086. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Mais, à la différence de Mme de Sévigné, les gaillardises de Mme Roland ne viennent pas de tempérament ni de nature ; elles ne rappellent de près ni de loin le Rabelais ni le Molière ; elles sont, de parti pris, philosophiques, et on sent trop que l’auteur ne se les permet que d’après le ton d’alentour et comme pour être soi-même à la hauteur.

1087. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Je trouve, en effet, dans le Voyage en Angleterre de Mme Roland, voyage instructif et très consciencieux qu’elle fit en 1784 avec son mari, un passage sur la différence des moyens de fondation en France et en Angleterre, la puissance de l’association suffisant là-bas à de magnifiques établissements qui ne se font chez nous que par voie d’autorité : « Nous avons, dit-elle, de belles choses en France, mais toutes faites par le prince aux dépens de ses sujets arbitrairement imposés et pleurant au fond des provinces le bien auquel ils ne participent que par leurs sueurs et leurs souffrances. » Voilà précisément la note dont M. 

1088. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Ces mots d’opposition et de motions sont établis comme au Parlement d’Angleterre, avec cette différence que lorsqu’on passe à Londres dans le parti de l’opposition, on commence par se dépouiller des grâces du roi, au lieu qu’ici beaucoup s’opposent à toutes les vues sages et bienfaisantes du plus vertueux des maîtres, et gardent ses bienfaits.

1089. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

J’étais accoutumé à considérer comme un ensemble chacun des poëmes d’Homère, et je les voyais là séparés et dispersés, et, tandis que mon esprit se prêtait à cette idée, un sentiment traditionnel ramenait tout sur-le-champ à un point unique ; une certaine complaisance que nous inspirent toutes les productions vraiment poétiques me faisait passer avec bienveillance sur les lacunes, les différences et les défauts qui m’étaient révélés. » Mais n’était-ce qu’une illusion et une complaisance de sentiment, comme Gœthe paraît le croire ?

1090. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Mais celui-ci fut pris par un détachement de cosaques ; l’empereur ne connut pas le message, et je revins à Paris prendre place dans la commission qui organisait le retour des Bourbons. » Et voilà bien la différence qu’il y a entre un marmiton politique et un maître d’hôtel habile et consommé.

1091. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

(Il m’était arrivé rarement, trop rarement, avant ce Discours, d’écrire sur Casimir Delavigne ; je l’avais pourtant fait en deux circonstances, l’une déjà bien ancienne, dans le Globe, à l’occasion des Sept Messéniennes de 1827, et une autre fois assez récemment dans la Revue des Deux Mondes, à l’occasion de la Popularité (1838) ; je ne crains pas de donner ci-après, en appendice, ces deux morceaux dans lesquels, avec la différence du ton, on retrouvera exprimées plusieurs idées qui chez moi ne sont pas si nouvelles ; de tout temps, par exemple, j’ai pensé que la vocation de Casimir Delavigne était d’être classique.

1092. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

Il y a une grande différence entre un groupe d’images homogènes exprimant des idées connexes, et la dislocation d’une image unique dont on présente successivement tous les membres.

1093. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. L’Histoire »

Le romantisme vulgarisa le sens de l’histoire dont les éléments fondamentaux sont la curiosité des choses sensibles et extérieures, la recherche de l’individualité, de la singularité, de la différence.

1094. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

Au reste, si vous tenez compte de la différence des sexes et des rôles, vous constaterez chez plusieurs des femmes de M. 

1095. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

Pour saisir la différence qui existe entre la manière de M. 

1096. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

L’influence de ce dernier sur lui fut grande, plus grande qu’on ne le supposerait, à voir la différence des résultats.

1097. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

» L’homme des Mémoires d’outre-tombe ressemble extraordinairement à celui de l’Essai, mais il n’y ressemble pourtant qu’avec cette différence que, dans l’intervalle, plus d’un personnage officiel s’est créé en lui, s’est comme ajouté à sa nature, et que même en secouant par moments ces rôles plus ou moins factices, et en ayant l’air d’en faire bon marché, l’auteur des Mémoires ne s’en débarrasse jamais complètement.

1098. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

Mais, à y regarder de près, quelle différence de soins et de sollicitude !

1099. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Notons pourtant les différences.

1100. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

Voilà comme il se juge, et il avait raison à cette date ; cet homme de vingt-cinq ans sent qu’il n’est rien encore et qu’il n’a pas même commencé : « Quand des personnes d’un certain rang, fait-il remarquer, remplissent la moitié d’une carrière, on leur adjuge le prix que les autres ne reçoivent qu’après l’avoir achevée. » Et il s’indigne de cette différence de mesure, comme si l’on jugeait les princes d’une nature moindre que les autres hommes, et moins capables d’une action entière.

1101. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

L’exemple éminent de d’Aguesseau est peut-être le cas le plus singulier et le plus frappant qu’on puisse produire de cette sorte de différence et presque d’incompatibilité entre les deux talents.

1102. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Nouveaux documents sur Montaigne, recueillis et publiés par M. le docteur Payen. (1850.) » pp. 76-96

Cependant les choses se gâtent de plus en plus ; la guerre civile s’engage ; des partis amis ou ennemis (il n’y a pas grande différence) infestent le pays.

1103. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

Et ceci nous explique une de ses différences avec Chamfort.

1104. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

Juger les vers des gens, c’est presque comme si l’on disputait avec un amoureux sur sa maîtresse, avec cette différence toutefois que, s’il ne vous est pas permis d’en dire le moindre mal, on vous accordera très bien d’en devenir amoureux vous-même.

1105. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

À la différence de Mme de Maintenon, elle a des idées politiques ; elle ose les avouer et pousser à l’exécution.

1106. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

On parle souvent de la différence d’esprit qui règne entre les différents siècles.

1107. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

mon amie, le monde est partout le même ; il n’y a que la différence d’une miniature à un tableau. » Il y eut là une interruption dans la vie littéraire de Mme Gay9.

1108. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

[NdA] Il y aura pourtant toujours cette différence qu’on peut tout dire de ce qui concerne Rousseau et Voltaire ; il y a eu chez eux bien des vilenies et des impuretés, mais qui, après tout, ont pu sortir et se déclarer : chez Beaumarchais il y aura toujours un cabinet secret où le public n’entrera pas.

1109. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

Courier a fait pour ses lettres ce que Pline le Jeune avait fait pour les siennes, avec cette seule différence qu’il les a disposées par ordre chronologique.

1110. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre III. Personnages merveilleux des contes indigènes »

. — Différence avec les djinns arabes. — Mélange du génie africain et du démon sémite. — Répugnance des noirs à les désigner sans périphrase. — Leurs diverses appellations. — Géants et nains. — Personnification des quatre éléments. — Les démons et les hafritt. — Les animaux-génies. — Conceptions différentes des animaux, personnages des contes et des animaux jouant un rôle dans les fables. — Aspect physique des guinné. — Effet produit par leur vue. — Moyen d’en éviter ou d’en réparer les effets. — Ouokolo, tyityirga, konkoma, gotteré. — Mœurs des guinné. — Leur caractère. — Moyen de se soustraire à leur malfaisance. — Intervention éventuelle. — Leurs unions avec la race humaine. — Leurs métis. — Enlèvements et substitutions d’enfants. — Les bàtitado. — Durée de la vie des guinné. — Goules et vampires. — Sorciers et anti-sorciers. — Jettatori — Végétaux, minéraux, objets, abstractions jouant un rôle dans les contes. — Talismans, remèdes merveilleux, armes magiques.

1111. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre V. Séductions pour la compréhension de la psychologie indigène. — Conclusion »

Au point de vue désir sexuel, on pourrait croire le noir plus proche de la bestialité que le civilisé mais il n’y a qu’une différence d’épaisseur dans le vernis.

1112. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

La vérité, dans les arts, consiste à représenter d’abord la nature et l’homme, tels qu’ils existent en tout pays et en tout temps ; et secondairement à marquer les différences accidentelles qui modifient leur extérieur, suivant les contrées ou les époques.

1113. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édelestand du Méril »

Mais l’historien impatient de naître, l’historien sortait vite de ces généralités fondamentales, et il recherchait alors les origines de la Comédie, non plus dans une des quatre manifestations nécessaires de l’esprit humain, mais dans les contingences et les différences des sociétés et des civilisations.

1114. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

Malgré la différence des noms qu’elles portent, elles rentrent toutes les unes dans les autres.

1115. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

Mais abandonner l’idiome natal, traduire soi-même sa sensation et sa pensée, c’est-à-dire laisser aux difficultés et aux différences d’une autre langue le plus pur de son génie, car tout génie est consubstantiel de la langue dans laquelle il est né, ce n’est pas là, certes !

1116. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

La différence entre eux est que Lamartine remonta toujours vers Dieu du fond de son impiété et de ses blasphèmes, tandis que Richepin ne remonta jamais vers Dieu du fond des siens.

1117. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre II : M. Royer-Collard »

Que le genre humain se trompe ou non, que la matière soit une chose réelle, ou une apparence illusoire, il n’y met point de différence.

1118. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre III : M. Maine de Biran »

Platon, à force d’étudier le même, l’un, la différence, et toutes les qualités générales, avait fini par déclarer que ces qualités sont des substances.

1119. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

Jouffroy classe tous les genres de plaisir désintéressé, les distinguant selon qu’ils sont produits par « l’association des idées, la nouveauté, l’habitude, l’expression, l’idéal, l’invisible72 », par la présence de l’unité et de la variété, par la vue d’un rapport d’ordre et de convenance, par la sympathie ; il montre les règles, les dépendances, les variations, les ressemblances, les différences de ces plaisirs, avec une abondance, un détail, une netteté, un soin que je n’ai vus dans aucun livre.

1120. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

L’unique différence, c’est que nos orateurs français insultent à l’humanité en prose faible et barbare, dans ce jargon qui n’était pas encore une langue ; au lieu que l’orateur d’Italie, écrivant avec pureté dans la langue de l’ancienne Rome, ses mensonges du moins sont doux et harmonieux.

1121. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Voici d’abord quelle était la disposition de l’atelier des élèves : placé immédiatement sous celui des Horaces , dont il avait les mêmes dimensions, il ne présentait de différence en grandeur que par le dessous de l’escalier en bois si bruyant, sous lequel se tenaient les plus jeunes élèves, dessinant d’après la bosse, et parmi lesquels Étienne se trouva compris. […] Paulin Duqueylar, il a déjà été nommé, était de Marseille et lié d’amitié avec tous les Méridionaux de l’atelier, Forbin, Granet, Révoil, Richard et Topino Le Brun, malgré la différence de ses opinions avec ce dernier. […] Cette différence d’opinion en matière de goût, qui ne faisait que resserrer les liens de leur amitié, devint la source d’une foule d’entretiens curieux et solides dont Étienne conserve encore maintenant un souvenir sacré, parce qu’il sent que c’est à ces luttes d’intelligence avec son ami qu’il doit de valoir le peu qu’on l’estime aujourd’hui. […] À peine les premiers troubles de la révolution eurent-ils éclaté, que la différence des opinions politiques se fit sentir entre les deux époux. […] Le goût des ouvrages antiques, des recherches sur les mœurs des Grecs et enfin la vue des statues apportées d’Italie, avaient tellement préparé les esprits aux différences qui existent entre les habitudes des anciens et celles des nations modernes, que les nudités du tableau des Sabines, beaucoup plus choquantes qu’elles ne le sont aujourd’hui, ne produisirent pas un très-grand effet.

1122. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

On en doit découvrir la raison dans quelque essentielle différence de tempérament entre les deux sexes ; mais laquelle ? […] La seule différence, c’est que la sagesse des vieux poètes est généralement optimiste, console, ennoblit l’homme autant qu’elle peut, tandis que celle de M.  […] Il est cruel de voir l’antique « philistin », en quête de certaines truffes, ne pas faire de différence entre celles de M. de Maupassant et les autres. […] Le rapprochement des deux recueils pourra donc suggérer des réflexions instructives sur les différences des temps et des conteurs. […] Cette différence n’a l’air de rien : elle est pourtant grosse de conséquences ; elle implique deux poétiques diverses.

1123. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Quelques devoirs sont les mêmes pour tous les hommes ; et surtout si l’on considère combien la différence est petite, souvent, d’un homme « extraordinaire » à celui qui l’est moins. […] La différence est justement celle de la tragédie à la comédie de la vie. […] Essayons de le préciser et d’en faire sentir la différence avec l’idéal romantique. […] Était-ce la peine, en vérité, de reprocher si vivement à Voltaire, dans la préface du premier volume de cette même Histoire du peuple d’Israël, son « incapacité de comprendre la différence des temps » ? […] Renan à celui de Bossuet dans son Discours sur l’histoire universelle, je crois qu’après les rapports on en voit maintenant les différences.

1124. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

La seule différence est que l’un des deux affiche l’intention de réformer les mœurs, et que si elles continuent d’être mauvaises, on pourrait, avec un peu de malice, s’en prendre à lui de l’inutilité de ses efforts. […] Voilà une grande différence d’âge. […] Mais voyez quelle différence ! […] Un détail vous fera comprendre la différence. […] Je demanderai à Got, qui me change si fort la physionomie du personnage : Quelle différence y a-t-il du Cotin qu’il nous exhibe au Vadius dont Molière a crayonné d’un trait si puissant l’immortelle caricature de pédant et de cuistre ?

1125. (1898) La cité antique

On s’attachera surtout à faire ressortir les différences radicales et essentielles qui distinguent à tout jamais ces peuples anciens des sociétés modernes. […] Pourquoi des patriciens et des plébéiens, des patrons et des clients, des eupatrides et des thètes, et d’où viennent les différences natives et ineffaçables que nous trouvons entre ces classes ? […] Or cette différente se rattache, si l’on y prend garde, à la différence des deux religions. […] Ce qui faisait la différence de ces deux noms, ce n’était pas le plus ou le moins de qualités morales qui se trouvaient dans le souverain ; on n’appelait pas roi un bon prince et tyran un mauvais ; c’était principalement la religion qui les distinguait l’un de l’autre. […] Entre deux cités voisines il y avait quelque chose de plus infranchissable qu’une montagne : c’était la série des bornes sacrées, c’était la différence des cultes, c’était la barrière que chaque cité élevait entre l’étranger et ses dieux.

1126. (1908) Après le naturalisme

Cependant de l’un à l’autre, il n’y a point de différence fondamentale. […] Mais point, là est la différence, le bien de certains contre les autres, point le triomphe d’un parti sur ses adversaires. […] On dit le gouvernement des hommes par le peuple et la différence est considérable.

1127. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

À son manque d’éducation, de distinction, à ce vide que laisse toujours dans un pays l’absence de cour, de haute société, d’anciennes institutions, l’Amérique supplée par le feu de sa jeune croissance, par son patriotisme, par la confiance exagérée peut-être qu’elle a dans sa force, par la persuasion qu’elle travaille à la grande œuvre de l’humanité, par l’efficacité de ses convictions protestantes, par sa hardiesse et son esprit d’entreprise, par l’absence presque totale de germes socialistes, par la facilité avec laquelle la différence du riche et du pauvre y est acceptée, par le privilège surtout qu’elle a de se développer à l’air libre, dans l’infini de l’espace et sans voisins. […] De ces vœux accomplis, fût résulté avec le temps une petite vie provinciale, matériellement très florissante, indifférente à l’instruction et à la culture intellectuelle, assez libre ; une vie de bourgeois aisés, indépendants les uns des autres, sans souci de la science, de l’art, de la gloire, du génie ; une vie, je le répète, assez semblable à la vie américaine, sauf la différence des mœurs et du tempérament. […] D’où vient cette différence ?

1128. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Notez, quoi que j’aie pu dire tout à l’heure des différences essentielles de la conception chrétienne et de la païenne, que ces rapprochements ne paraissent point si forcés, tant le dogme chrétien correspond à des états ou besoins permanents de l’âme humaine ! […] Ces passions, qui leur remplissaient le cœur d’une certaine tendresse, se répandaient dans tous leurs écrits… Ils penchaient tous deux vers le lyrique, avec cette différence qu’Acante avait quelque chose de plus touchant, Polyphile de plus fleuri. […] (La seule différence, c’est qu’Antony dirait : « qui condamnent la société ».) […] Mais, n’allons pas nous y tromper, Racine et, en général, les gens du xviie  siècle, concevaient très bien les différences des époques, des « milieux », des civilisations. […] Il y a dans cette fin de Bérénice comme un grand mouvement ascensionnel, une contagion montante d’héroïsme, qui rappelle, malgré la différence de la matière, le dernier acte de Polyeucte, et qui est d’une suprême beauté, et si triste !

1129. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

On en est d’autant plus ébloui à la scène suivante par le magnifique décor qui imite le tableau de Gérôme : Phryné devant ses juges ; imitation parfaite, avec cette seule différence qu’ici la belle accusée apparaît au prétoire enveloppée d’un large peplum. […] Mais la différence est sensible entre ces sortes de poésies, — comme la ballade de Bürger avec son refrain : Les morts vont vite, — et les vers de Bruant, différence dans la façon de rimer d’abord, dans l’intention et dans l’effet ensuite. […] Notez bien, je ne dis pas qu’il n’y ait point de différence entre ces groupes : ce serait nier la lumière du jour ; mais je veux dire que la lutte qui a accompagné la transition de l’une de ces périodes à l’autre est effacée aujourd’hui, que leur hétérogénéité pour lors n’a d’autre valeur que n’en ont les différences individuelles dans notre société. […] Il est encore plus facile de faire cette observation en Orient, où la vie elle-même généralise et produit des types, que dans une ville moderne, où les différences d’individu à individu servent à introduire de la confusion dans nos théories. […] Et en dernier lieu, par la mobilité de son esprit, le Juif possède une telle faculté d’imitation et d’adaptation que toutes les différences de race ou de civilisation s’effaceraient bientôt.

1130. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Dans les chapitres suivants, où il sera question de l’art et de la poésie mystiques du jour, je trouverai l’occasion de montrer au lecteur qu’entre ces tendances et l’exaltation religieuse que l’on observe chez presque tous les dégénérés et aliénés héréditaires, il n’y a pas de différence. […] Si l’hystérique a totalement perdu le sentiment des couleurs (achromatopsie), il voit tout uniformément gris, mais perçoit les différences de degrés de clarté. […] La différence de chiffres serait bien plus frappante encore, si sir James avait choisi, pour la comparer au présent, une période plus reculée, car en 1865 la haute pression sous laquelle travaillaient les Anglais était déjà presque aussi forte qu’en 1885. […] Toute la différence entre les « primitifs » et les préraphaélites, c’est que ceux-là devaient commencer par inventer le dessin et la peinture exacts, tandis que ceux-ci voulaient les oublier. […] Telle est la différence entre la peinture religieuse de croyants robustes et sains, et celle de dégénérés émotifs.

1131. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Un esprit aussi frivole et aussi superficiel que celui de Voltaire, n’était pas capable de saisir la différence qu’il y a entre un peuple de marchands et une nation telle que la nôtre ; il ne voyait pas qu’il se mêle toujours dans la profession du commerce un intérêt sordide très opposé à l’honneur, qui était le principe de la monarchie. […] Le même critique compare la situation d’Idamé à celle de Clytemnestre ; mais il n’observe pas qu’Idamé se trouve dans la malheureuse nécessité d’accuser Zamti, ce qui met une grande différence entre sa position et celle de Clytemnestre. […] Quelle différence entre ces deux comédies ! elle était presque aussi grande que la différence qu’il y avait entre les deux causes. […] Mais Fontenelle est simple, jamais bas et trivial ; la familiarité de son style est un négligé galant pour ses idées : c’est ce qui met une grande différence entre lui et Marivaux, qui se plaît à fagoter d’une manière burlesque ses imaginations les plus jolies, et qui habille ses épigrammes en proverbes des halles.

1132. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Ils se disputoient l’estime & la confiance du public, avec la différence que les jésuites paroissoient défendre la bonne cause, en embrassant celle du saint siège ; au lieu que les oratoriens sembloient tout faire pour le triomphe d’une doctrine condamnée par les papes. […] Enfin, il y a la même différence entre ces deux poëmes, qu’entre la lumière du soleil & un petit lampion ». […] Celui ci l’attaqua au sujet de la différence du bois en grume & du bois marmenteau, & lui reprocha de ne la pas sçavoir, quoiqu’il eût été officier des eaux & forêts. […] En un mot, il n’étoit plus guère possible de faire quelque différence entre les mariages des chrétiens & ceux des gentils. […] L’évêque de Montauban en usa de même, avec cette différence qu’il célébra, d’une manière emphatique, l’heureuse résipiscence de celui à qui le pape donnoit le nom de trop fameux.

1133. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Il n’y a entre vous et nous de différence que la justice de la cause. […] Tous deux bienveillants d’imagination et optimistes par nature, tous deux larges, faciles de talent, également alors ennemis de l’affectation, et tout au plus négligés, ils n’étaient pas, au milieu de leurs nombreuses différences, sans quelque rapport d’inclination et de manière.

1134. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Loin de là, il pose tout d’abord la différence qu’il y a entre les lettrés d’ordinaires mélancoliques et songearts, et les hommes d’action et de gouvernement auxquels sont dévolues des qualités toutes contraires : Paucis ad bonam mentem opus est litteris, répétait-il d’après Sénèque. […] Dans cette Rome des Barberins, Naudé put se croire d’abord transporté au règne de Léon X, d’un Léon X un peu affadi : son goût littéraire ne sentait peut-être pas assez la différence.

1135. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

On confond quelquefois le bon air avec l’agrément ; il y a pourtant beaucoup de différence. « Le bon air, dit le chevalier, se montre d’abord, il est plus régulier et plus dans l’ordre. […] Quelques narrations, parmi lesquelles se détache le conte de cette Matrone tant célébrée, sont des pièces accomplies, et les vers que l’auteur s’est passé la fantaisie d’insérer à travers sa prose, à la différence de ce qu’offrent en français ces sortes de mélanges, ont une solidité et un brillant qui en font de vraies perles enchâssées.

1136. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Feuilletez toute la troupe ; avec de petites différences personnelles, ils semblent tous coulés dans un seul moule : l’un est plus épicurien, l’autre plus moral, l’autre plus mordant ; mais partout règnent le langage noble, la pompe oratoire, la correction classique ; le substantif marche accompagné de l’adjectif, son chevalier d’honneur ; l’antithèse équilibre son architecture symétrique : le verbe, comme chez Lucain ou Stace, s’étale, flanqué de chaque côté par un nom garni de son épithète ; on dirait que le vers a été fabriqué à la machine, tant la facture en est uniforme ; on oublie ce qu’il veut dire ; on est tenté d’en compter les pieds sur ses doigts ; on sait d’avance quels ornements poétiques vont le décorer. […] Le lecteur n’est guère ému, ni moi non plus ; il pense involontairement ici au livre de Pascal, et mesure l’étonnante différence qu’il y a entre un versificateur et un homme.

1137. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Mais d’une part — et pour noter tout de suite les plus évidentes différences — tandis que l’industrie, par exemple, ou même la science exprime l’homme dans un but et par des moyens d’utilité immédiate et d’investigations successives, la poésie l’exprime dans un but et par des moyens d’inutilité apparente et de satisfaction absolue. […] Une seule différence : le signe de la vérité pour le philosophe est l’évidence, pour le poète la beauté.

1138. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Lorsque après avoir passé huit ans dans une petite école, Swift entra à quatorze ans dans l’université de Dublin, il sentait déjà vivement la différence que mettaient entre lui et la plupart de ses camarades la pauvreté et l’abandon. […] Il établit plusieurs fois les différences qui séparent ces deux partis, leurs reproches mutuels : « Nous les accusons, écrit-il dans le numéro 40, de vouloir détruire l’Église établie, et introduire, à sa place, le fanatisme et la liberté de penser ; d’être ennemis de la monarchie, de vouloir miner la présente forme du gouvernement pour élever une république ou quelque autre établissement de leur goût sur ses ruines.

1139. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

Article voulu éclectique, en somme favorable ; éloges et critiques dont quelques citations donneront une idée suffisante : Dans ses compositions, Wagner n’établit pas de différence entre le chant et l’orchestration….. […] La conséquence est que les différences entre les nationalités tendent à disparaître.

1140. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIVe entretien. Épopée. Homère. — L’Odyssée » pp. 445-524

Il y a autant de différence entre l’Iliade et l’Odyssée qu’il y en a entre le champ de bataille ou le conseil des princes et le foyer de famille. […] Le château était une tribu dont le chef grec ou le scheik arabe était notre oncle ; les maîtres et les serviteurs y vivaient presque dans l’égalité et dans la familiarité de la tente antique ; la différence n’était que dans la diversité des soins et des travaux.

1141. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre IV. De la pluralité des temps »

Cette différence est d’ailleurs la condition même de cette identité. […] La différence n’existe ici que pour le philosophe ; elle ne se révèle que si l’on se demande quelle réalité, c’est-à-dire quelle chose perçue ou perceptible, les deux hypothèses impliquent.

1142. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Il y a pourtant entre la pièce d’Horace et celle de Racan des différences de ton et de sentiment qui laissent à cette dernière son caractère tout à fait particulier et son charme propre.

1143. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Et au moment de la chute ou de la retraite contrainte, il dit encore : « La disgrâce de cet homme était plainte de peu de personnes à cause de sa gloire (de son orgueil). » Chose singulière, l’homme le plus éloigné à tous égards de L’Estoile, le cardinal de Richelieu, en ses Mémoires, parlant de Sully et de sa chute qui fut toute personnelle, dit à peu près la même chose : On a vu peu de grands hommes déchoir du haut degré de la fortune sans tirer après eux beaucoup de gens ; mais, la chute de ce colosse n’ayant été suivie d’aucune autre, je ne puis que je ne remarque la différence qu’il y a entre ceux qui possèdent les cœurs des hommes par un procédé obligeant et leur mérite, et ceux qui les contraignent par leur autorité.

1144. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

Mme de Maintenon cherche à prémunir ses filles contre les périls qu’elles ont déjà rencontrés : « N’ayez ni fantaisie ni curiosité pour chercher des lectures extraordinaires et des ragoûts d’oraison. » — « Il y a une grande différence entre connaître Dieu par la science, par la pointe de l’esprit, par la subtilité de la raison, par la multiplicité des lectures, ou le connaître par les simples instructions du christianisme. » Dans le blanc des lignes, il me semble lire en caractères plus distincts : « Surtout pas trop de Racine, et plus jamais de Fénelon ! 

1145. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

C’est un peu (toute proportion gardée) la méthode de Socrate chez Xénophon, en tenant compte de toutes les différences.

1146. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

. — On peut comparer cette fable du rossignol et du ver luisant à une épigramme d’Evenus de Paros, traduite par André Chénier, et dans laquelle une cigale est aux prises avec une hirondelle : c’est la différence du sentiment grec au sentiment chrétien.

1147. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Mais la campagne de 1778 qui s’ouvrit à l’occasion de la succession de la Bavière remit le prince Henri en désaccord avec le roi, et se retrouvant sur le même terrain, celui de la politique à main armée et de la guerre, les différences de caractère et de vues qui avaient déjà paru entre eux précédemment se prononcèrent encore.

1148. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

Nous en resterons donc, pour sa disposition d’esprit en cette heure pour lui si sérieuse, sur cet unique témoignage, cette lettre adressée à Thieriot qui se trouve dans la correspondance générale, et où se lisent ces nobles paroles : Je suis encore très incertain si je me retirerai à Londres : je sais que c’est un pays où les arts sont tous honorés et récompensés, où il y a de la différence entre les conditions, mais point d’autre entre les hommes que celle du mérite.

1149. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

. — Les effets que produisit cette affaire sont inconcevables : elle fit une différence de plus de cent bataillons sur les deux armées, etc.

1150. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

J’étais tenu plus qu’un autre peut-être de m’apercevoir et de faire apercevoir le public de la différence qu’il y a entre le d’Argenson réel et celui qu’on nous avait présenté d’abord : j’avais en effet, dans un article du Globe du 16 juillet 1825, rendu compte des Mémoires publiés en cette même année, et en le faisant avec un sentiment d’estime que je n’ai pas à rétracter, j’avais été un peu dupe comme tout le monde, et comme l’est encore plus aisément la jeunesse, du portrait arrangé, repeint et vernissé à la moderne que l’éditeur nous avait présenté.

1151. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

. — J’ai beaucoup vu, dans un voyage qu’elle fit à Paris, cette charmante Roxandre, cette amie de jeunesse de Mme Swetchine et qui était devenue la comtesse Edling : elle s’est plainte à moi bien souvent (j’en demande bien pardon à ceux qui ont écrit le contraire) d’un certain fonds de froideur ou de réserve qu’elle rencontrait désormais dans son ancienne amie et qu’elle attribuait à la différence de communion.

1152. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Sur la fin de sa vie, il s’apercevait pourtant de quelque différence à cet égard, et il dit un jour : « Allons, il est temps que je me retire ; autrefois mes simples politesses étaient prises pour des déclarations ; à présent, mes déclarations ne sont plus prises que pour des politesses. » Il protégea Beaumarchais, qui lui plaisait fort, dans cet immortel procès engagé contre le Parlement-Maupeou, et qui fit tant rire.

1153. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite.) »

J’y remarque, pour les passages que j’ai cités, quelques différences et variantes de texte, mais insignifiantes.

1154. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite et fin.) »

Quelle différence pour vous dans tout le plan de votre vie !

1155. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin »

Ils l’ont commencée du côté gauche du pavé, ils la continuent du côté droit ; c’est la seule différence qu’il y ait dans leurs habitudes entre le matin et le soir. » Voilà le commentaire du tableau : sur la toile, le dessin exact, le caractère et le ton fixe ; ici, les variations du plus au moins et la succession notée des divers moments.

1156. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

Feuillet de Conches, il se rencontre quelques légères différences de mots ; et dans cette comparaison, c’est la copie de M. 

1157. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

. — Je ferai remarquer que, quand on a été jeune en 1814 et qu’on parle de la jeunesse de 1864, on n’est pas très en position de comparer par soi-même et de mesurer exactement la différence qu’il peut y avoir entre les deux jeunesses.

1158. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

Certainement je ne veux pas profaner la mémoire d’un saint par une comparaison odieuse ; mais, avec toutes les différences et les modifications qu’on doit y mettre, je ne pourrais souvent mieux peindre mon état qu’en répétant ce qu’il disait de lui-même ; seulement il faudrait rembrunir un peu les couleurs.

1159. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Quand plus tard il voulut se détacher de l’acolyte qu’il s’était donné, et faire cause à part, il n’était plus temps : l’esprit de parti ne faisait plus entre les deux grande différence.

1160. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

Avec cette différence toutefois, que la guerre n’est pas de la géométrie pure, ni de la pure analyse ; qu’elle se fait sur des hommes et avec des hommes ; que, n’y eût-il que la fraternité des armes, si l’on vient un jour à la briser, on en souffre, et que, fût-on strictement dans son droit, le cœur saigne.

1161. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

Charles Nodier a débuté par des romans passionnés et déchirants, lambeaux arrachés d’un cœur tout vulnérable ; mais, à la différence d’Oberman, l’auteur du Peintre de Saltzbourgne s’est pas replié obstinément dans la vie intérieure.

1162. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIe entretien. Sur la poésie »

Pourquoi cette différence dans ces modes divers de l’expression humaine ?

1163. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

Avec toute la différence de son humeur, il continue Calvin : il fait de la théologie une matière de littérature, parce que, renonçant à la scolastique, il parle à tout cœur chrétien, à tout esprit raisonnable ; il ne faut qu’être homme, et chercher la règle de la vie, pour le comprendre et le goûter.

1164. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

L’Esprit des Lois est pour Montesquieu ce que les Essais sont pour Montaigne : toute la différence est que l’étude de Montaigne, c’est l’homme moral et les ressorts spirituels, celle de Montesquieu, l’homme social et la mécanique législative.

1165. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Il est trop évident (mais j’ai besoin de ces truismes pour reprendre confiance) que, comme tout autre écrivain, un critique met nécessairement dans ses écrits son tempérament et sa conception de la vie, puisque c’est avec son esprit qu’il décrit les autres esprits ; que les différences sont aussi profondes entre M. 

1166. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

. — Et c’est pourquoi, préoccupé, ici comme ailleurs, de l’unité morale du pays, et pour atténuer les dissentiments que la différence des éducations apporte dans tant de ménages français, il fonda, à la Sorbonne et dans les grandes villes, ces cours de jeunes filles qui, depuis, ont été agrandis en lycées.

1167. (1894) Propos de littérature « Chapitre II » pp. 23-49

Vielé-Griffin, le changement de méthode est alors très visible ; mais pour M. de Régnier la différence est plus difficile à établir car on tend à confondre allégorie et symbole.

1168. (1890) L’avenir de la science « XIII »

Tel philologue a consacré de longues dissertations à discuter le sens des particules de la langue grecque ; tel érudit de la Renaissance écrit un ouvrage sur la conjonction quanquam ; tel grammairien d’Alexandrie a fait un livre sur la différence de [en grec] et [en grec].

1169. (1887) Discours et conférences « Réponse au discours de M. Louis Pasteur »

Je ne vois qu’une différence, c’est que le principal représentant du positivisme a confessé son erreur, tandis que nous attendons encore l’aveu de ceux qui n’ont pas été plus infaillibles que lui.

1170. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

A une certaine hauteur d’art, il semble que les différences de rang s’effacent, et il est le plus souvent aussi aléatoire qu’oiseux de tenter une hiérarchie des chefs-d’œuvre, qui ont atteint leur perfection relative par des routes très divergentes et même opposées.

1171. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

On peut, en classant les termes empruntés durant une époque par une nation à une autre, reconstituer les différences et même les principales supériorités qui distinguaient alors la civilisation de celle qui les a prêtés.

1172. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IX, les mythes de Prométhée »

C’est la différence de notre planète, alors que sa masse gazeuse tournoyait en flamboyant dans l’espace, à la Terre refroidie et configurée, assise sur des étages de fondations solides, entre des mers limitées.

1173. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

Elle souffre de plus en plus ; elle l’appelle et le gourmande avec un mélange d’irritation et de tendresse : « Remplissez donc mon âme, ou ne la tourmentez plus ; faites que je vous aime toujours, ou que je ne vous aie jamais aimé ; enfin, faites l’impossible, calmez-moi, ou je meurs. » Au lieu de cela, il a des torts ; il trouve moyen, dans sa légèreté, de blesser même son amour-propre ; elle le compare avec M. de Mora ; elle rougit pour lui, pour elle-même, de la différence : « Et c’est vous qui m’avez rendue coupable envers cet homme !

1174. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

Fontenelle, avant Buffon, avait beaucoup fait pour introduire parmi le monde, pour insinuer la science ; mais quelle différence entre cette démarche oblique et mince et la manière grande, ouverte et vraiment souveraine de Buffon !

1175. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

Quand on lui parlait de la différence de succès qu’il y avait eu entre la Législation primitive et le Génie du christianisme publiés dans le même temps, il disait : « C’est tout simple : j’ai donné ma drogue en nature, et lui, il l’a donnée avec du sucre. » 58.

1176. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

En procès avec son chapitre, menacé et insulté, le pistolet au poing, par cet odieux cordelier ligueur, maître Trahy, et par ses paroissiens, placé entre les crimes de Blois et les avanies d’Auxerre, il put faire la différence des grands hommes de Plutarque aux misères et au fanatisme de son temps.

1177. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — I. » pp. 471-493

Notez que tant qu’avait duré l’Ancien Régime, Mallet, rédacteur politique, avait été aussi indépendant qu’on le pouvait être avec trois censeurs ; souvent averti, réprimandé par le ministre, jamais il n’avait reçu pension ni faveur, à la différence de tant de gens de lettres pensionnés et rémunérés par Calonne ou par la Cour, et qui vont se faire républicains.

1178. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

Tout y est simple et digne de celui qui a dit : On remarque presque toujours quelque différence entre les lettres que nous nous donnons la peine d’écrire nous-mêmes et celles que nos secrétaires les plus habiles écrivent pour nous, découvrant en ces dernières je ne sais quoi de moins naturel, et l’inquiétude d’une plume qui craint éternellement d’en faire trop ou trop peu.

1179. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

Il y a pourtant cette différence entre la prose de Courier et la poésie de La Fontaine, que celle-ci paraît couler sans effort et sans que le bonhomme s’avertisse à tout moment qu’il est bonhomme, tandis que Courier s’avertit trop souvent qu’il est paysan et prend garde à l’être.

1180. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

Lorsqu’un autre avançait quelque chose que je croyais une erreur, je me refusais à moi-même le plaisir de le contredire brusquement et de démontrer à l’instant quelque absurdité dans sa proposition ; et, en répondant, je commençais par faire observer que, dans certains cas ou circonstances, son opinion pouvait être juste, mais que, dans le cas présent, il me paraissait, il me semblait qu’il y avait quelque différence, etc.

1181. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Peut-être ce temps glorieux pour les muses de ma patrie n’est-il pas éloigné. » Trente ans plus tard, ayant reçu du grand Frédéric un écrit sur la littérature allemande, dans lequel ce monarque, un peu arriéré sur ce point, annonçait à la littérature nationale de prochains beaux jours, Grimm, en lui répondant (mars 1781), lui faisait respectueusement remarquer que cela était déjà fait et qu’il n’y avait plus lieu à prédire : « Les Allemands disent que les dons qu’il (Frédéric) leur annonce et promet leur sont déjà en grande partie arrivés. » Tout en étant devenu Français et en se déclarant depuis longtemps incompétent sur ces matières germaniques, Grimm avait évidemment suivi de l’œil la grande révolution littéraire qui s’était accomplie dans son pays à dater de 1770, et lui-même, nationalisé à Paris, à travers la différence du ton et des formes, il mérite d’être reconnu comme un des aînés et des collatéraux les plus remarquables des Lessing et des Herder.

1182. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

Necker appelle la « législation des sous-entendus », et il trouve des expressions pour nous la traduire : … La souveraine habileté d’une maîtresse de maison, et peut-être son plaisir, si elle est en même temps grande dame, c’est de laisser voir qu’elle entend toutes ces différences, mais de le faire avec délicatesse, afin de ne donner à personne un juste sujet de plainte.

1183. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre sixième. Genèse et action des idées de réalité en soi, d’absolu, d’infini et de perfection »

Par abstraction, j’élimine toutes les différences qui peuvent encore rester en moi entre la puissance et l’acte, et je conçois alors le suprême degré d’activité, d’intelligence, de béatitude.

1184. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

En 1601, pendant que Bacon publiait l’éloge du supplice du comte d’Essex, de même que Leibnitz devait, quatre-vingts ans plus tard, énumérer les bonnes raisons du meurtre de Monaldeschi, avec cette différence pourtant que Monaldeschi n’était rien à Leibnitz et que d’Essex était le bienfaiteur de Bacon, il fit la Douzième nuit ou Ce que vous voudrez.

1185. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

Nisard a finement et justement fait ressortir cette différence.

1186. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Doyen » pp. 178-191

Aussi cette image est-elle présentée la dernière, aussi présentée la dernière sauve-t-elle le dégoût de l’image qui précède ; aussi y a-t-il bien de la différence entre ces images rangées dans l’ordre qui suit : je vois les corneilles qui battent les ailes autour de ton cadavre et qui t’arrachent les yeux de la tête… ou rangées dans l’ordre du poëte : je vois les corneilles rassemblées autour de ton cadavre, t’arracher les yeux de la tête, en battant les ailes de joie.

1187. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre I. »

Enfin, la différence des races et l’infériorité des noirs sont expliqués par des contes divers de Laumann, d’Ollone, d’Arcin 13 et de Bérenger-Féraud 14.

1188. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

Et, maintenant, pourquoi cette différence, au moins apparente, entre l’Allemagne et les autres pays de l’Europe, entre la nation la plus forte par l’éducation et les lumières et les nations les moins avancées ?

1189. (1868) Curiosités esthétiques « VI. De l’essence du rire » pp. 359-387

Il y a entre ces deux rires, abstraction faite de la question d’utilité, la même différence qu’entre l’école littéraire intéressée et l’école de l’art pour l’art.

1190. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre III. “ Fantômes de vivants ” et “ recherche psychique ” »

C’est même par là, je crois, que William James définissait la différence entre l’amateur de science et le professionnel, le premier s’intéressant surtout au résultat obtenu, le second aux procédés par lesquels on l’obtient.

1191. (1890) Dramaturges et romanciers

Cela étant posé, nous pouvons facilement établir la différence qui sépare dans le cas présent la réalité scientifique de la réalité poétique et vivante, et décider laquelle des deux l’artiste doit choisir. […] Alors son âme serait véritablement formée de la même substance que celle de Sybille, et leurs différences d’opinions n’auraient pas plus d’importance que n’en ont les nuances inévitablement diverses des caractères dans les ménages les plus unis. […] La cause de ce phénomène, c’est précisément la différence d’origine entre les aristocraties et les sociétés démocratiques auxquelles elles sont mêlées : dans de telles sociétés, celui qui ne doit pas son origine à l’égalité est le seul dont les titres ne seront pas discutés et débattus, et le pouvoir lui appartiendra par cela même qu’il échappe au milieu commun, car les hommes n’obéissent pas volontiers à leurs égaux, et ils souffriront d’être commandés par celui qu’ils haïssent, pourvu que celui-là n’ait rien à démêler avec eux, plutôt que par celui qu’ils peuvent traiter en frère. […] Toutes proportions gardées et en tenant compte des différences qui séparent des arts aussi tranchés que ceux du romancier et du peintre, on peut dire que les œuvres de la littérature actuelle sont à celles de la période romantique ce que la peinture hollandaise a été à la peinture flamande. […] Ces différences sont bien marquées dans les romans d’André Theuriet, où Paris apparaît maintes fois comme le mauvais génie des enfants de la province ; rappelez-vous le Natalis de Mlle Guignon, le La Genevraie et le René des Armoises de la Fortune d’Angèle.

1192. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

    Il ne faut pas nous le dissimuler, Halévy, nous appartenons à deux classes différentes et vous m’accorderez que dans le monde moderne, où l’argent est tout, c’est bien la plus grave, la plus grosse différence, la plus grande distance qui se puisse introduire. […] Quelles que soient les différences de graphie entre une graphie ancienne et une graphie moderne, je ne pense point qu’elles aillent jusqu’à ce que je vois. […] Excepté quelques différences de ponctuation, juste assez pour montrer qu’on ne collationnait même pas. […] Car le peuple ne met guère de différence entre ce qui est, si j’ose ainsi parler, à mille ans de lui, et ce qui en est à mille lieues. […] Dans cette prose désarmante de Racine, si modeste, si à sa place, comme tout ce qui est de notre dix-septième siècle, si sourde on sent constamment courir, ou plutôt sous cette prose, une arrière, une sous-inquiétude d’obtenir des différenciations, d’obtenir, par un voyage annuel, une différenciation, une différence nouvelle annuelle.

1193. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Ainsi envisagée, l’évolution apparaît comme s’accomplissant par sauts brusques, et la variation constitutive de l’espèce nouvelle comme faite de différences multiples, complémentaires les unes des autres, qui surgissent globalement dans l’organisme issu du germe. […] Des esprits aux dieux la transition peut être insensible, la différence n’en est pas moins frappante. […] On doit à Indra la pluie et l’orage, qui favorisent la terre, à Agni le feu et la protection du foyer domestique ; et ici encore la diversité des fonctions s’accompagne d’une différence de caractère, Indra se distinguant par sa force et Agni par sa sagesse. […] Grande est la différence, à cet égard, entre les mythologies des différents peuples.

1194. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Il me semble qu’il y a au fond beaucoup d’analogie, malgré les différences et les oppositions, entre l’espérance qui anime et soutient l’écrivain et celle des âmes religieuses. […] À voir les choses de haut, l’éminent penseur du xixe  siècle n’aperçoit pas, au fond, de différence entre la destinée des érudits et celle des philosophes et des écrivains. […] Les monuments de l’art sont individuels, à la différence de l’unique et imposante pyramide où chaque savant apporte sa pierre et que la science élève peu à peu sans la terminer jamais. […] Il a tort de ne voir qu’une différence de degré dans l’abîme naturel qui sépare du génie non la médiocrité seulement, mais la plus grande science elle-même. […] Il n’y a pas de différence assez spécifique entre un conquérant d’empires et le chef d’une bande de brigands ou d’une flottille de corsaires pour qu’ici la raison éprouve la moindre difficulté à concevoir une substitution de rôles.

1195. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Le misanthrope Jacques est un peu parent du philosophe Hermocrate… Mais je ne veux point peser sur ces rapprochements, car tout de suite les différences éclatent aux yeux. […] Mais je me prive du plaisir de comparer au roman de Marivaux le roman de Guy de Maupassant, de signaler les ressemblances et les différences, et de raisonner là-dessus.) […] Georgette, ce sera Odette, avec cette différence que dans Odette la mère se sacrifie à sa fille et qu’ici la fille se sacrifie à sa mère. […] Au moins Jean Valjean (sans compter les autres différences) était conquis par un acte de charité effectif ; il suffit, pour retourner Pugnol, d’un gazouillis de fillette sentimentale. […] Ossart et Maury, qui n’ont rien eu, je n’ai saisi, pour moi, aucune différence appréciable.

1196. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

À prendre l’ordre et l’arrangement dans un sens un peu large, on pourrait soutenir qu’ils font la principale différence des Sosies de Rotrou, par exemple, à l’Amphitryon de Molière, et de la Phèdre de Pradon à celle de Racine. […] Mais, après avoir noté la ressemblance, attachons-nous plutôt aux différences. […] Seulement, encore ici, sous l’apparente uniformité, la différence est profonde. […] Dans la ressemblance, il excelle à discerner la différence, et dans ce qui est de l’humanité tout entière, à nous montrer ce qui est de l’individu. […] … On établit dans un écrit nouveau qu’il n’y a point de différence entre bien penser et bien écrire.

1197. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

On a souvent noté la prodigieuse différence de cette Belgique primitive d’avec celle de maintenant. […] Avec l’étrange différence que voici. […] * * * Si les Rimes de Joie de Théodore Hannon53 rappellent souvent les poèmes somptueusement ouvragés de Théophile Gautier par le choix de qualificatifs précieux et de mots scintillants, elles font surtout penser à Baudelaire : même goût pour les charmes pernicieux de la femme, même obsession de fleurs fanées, de parfums malsains et de vice, même atmosphère de découragement, de rancœur… En lisant les Rimes de Joie, on ne peut s’empêcher de les comparer aux Fleurs du Mal, tant, malgré la différence des titres, les inspirations morbides se ressemblent, tant il y a, dans les deux recueils, de spleen aux relents luxurieux. […] Sans doute aurait-il, même sans Les Flaireurs, composé ses drames… D’ailleurs entre cette pièce et L’Intruse 140 si l’idée inspiratrice, celle de la mort, reste identique, de sérieuses différences d’exécution s’observent. […] Le seul précurseur me semble être, avec des différences appréciables, l’américain Walt Whitman.

1198. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

Songez enfin que les scrupules de conscience et la sévérité des puritains sont alors choses odieuses, qu’on les tourne en ridicule sur le théâtre, et mesurez la différence qui sépare cette Angleterre sensuelle, débridée, et l’Angleterre correcte, disciplinée et roidie, telle que nous la voyons aujourd’hui. […] Il y en a deux sortes, ainsi qu’il convient à la nature du drame : les uns qui produisent la terreur, les autres qui excitent la pitié ; les uns gracieux et féminins, les autres virils et violents ; toutes les différences du sexe, tous les extrêmes de la vie, toutes les ressources de la scène sont contenus dans ce contraste, et si jamais le contraste a été complet, c’est ici. […] La crudité, l’énergie extraordinaire et repoussante montreront la différence des deux siècles.

1199. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Dès le premier jour, il fit remarquer, dans une lettre au roi, qu’au milieu de tous les compliments de l’électeur il n’y avait aucune différence à table pour le cérémonial entre lui maréchal de Villars, commandant les armées de Sa Majesté, et les autres convives : « ni chaise distinguée, ni pour laver, ni gens pour me servir ; c’étaient de simples valets de pied, comme pour tout le reste ».

1200. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

À cette époque, faute de civilisation, il n’y avait point encore ces maximes d’honneur et de délicatesse sociale qui nous apprennent à faire la différence entre ce qui est une bassesse et ce qui n’est qu’une espièglerie.

1201. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

Son Histoire a un peu l’inconvénient, presque inévitable, de toutes ces histoires contemporaines où l’on retrouve également, et à bien peu de différence près, l’analyse des mêmes débats parlementaires ; ce qui faisait dire à une femme d’esprit (la comtesse de Boigne) en fermant l’un de ces livres : « C’est bien, mais il me semble que je relis toujours mon Moniteur. » M. de Viel-Castel ne s’élève pas assez au-dessus de ses analyses pour envisager d’ensemble les situations et pour fixer les points de vue.

1202. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

J’emprunte à un feuilleton de M. de Saint-Victor l’éloge suivant qu’il fait de ce portrait de Flandrin ; chaque mot marque bien la différence qu’il y a entre la peinture que j’appelle immédiate et la peinture réfléchie : « Ce qu’il faut louer encore, dit l’habile critique, c’est l’harmonie savante qui accorde les rouges de l’appartement et de l’uniforme, l’imitation énergique et sobre des meubles et des accessoires adoucis par de tranquilles demi-teintes.

1203. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

Il ajoutait même que, s’il s’était engagé dans une telle entreprise dont d’autres que lui auraient pu mieux s’acquitter pour la partie littéraire, c’était uniquement en raison de la connaissance particulière qu’il avait de ces matières d’art, à la différence des orateurs « qui font souvent, disait-il, de grandes incongruités quand ils en parlent, et presque toujours à proportion de leur éloquence et de leur grande habileté en autre chose. » La publication de Perrault, si conforme à l’esprit moderne, ne fit pas tomber d’un seul coup et comme par enchantement les barrières ; elle ne faisait que montrer la voie : si le divorce avait cessé, la séparation durait encore.

1204. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

Sans entrer dans les différences de détail, sans recourir à des termes spéciaux qu’il nous siérait moins qu’à tout autre d’employer, et nous bornant à noter avec M. 

1205. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

quelle différence il y a du ton et de l’esprit du préfet de Mayence à celui du délégué de la Convention !

1206. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Arthur Dinaux, a pris toute cette affaire avec un surcroît de rigueur et de candeur qui marque bien la différence des époques : il faut lire son article dans les Archives historiques et littéraires du Nord de la France (année 1855, page 95) ; il s’est constitué le champion en titre de la « victime cloîtrée », soutenant même, d’après les dates et la distance des lieux, que dans cette lutte avec le maréchal l’innocence n’avait point dû succomber.

1207. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

Mais quelle différence toutefois dans les chances de fortune et dans le lot de renommée !

1208. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

. — « Quelle différence cependant, nous disait-il, de rentrer dans votre pays en proscrits ou de rentrer triomphants !

1209. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

Mais quelle différence, me disais-je, entre les douleurs de l’une et celles de l’autre !

1210. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

Au tome III (page 393 et suivantes) de son grand Traité, il rapprochait cette bataille de celle de Torgau, livrée par Frédéric en 1760, faisant remarquer toutefois que « s’il y avait de la ressemblance dans les résultats des deux affaires, il y avait une grande différence dans les dispositions antérieures et dans l’ordonnance du combat. » Il s’attachait à faire ressortir ce qu’il y avait de grand dans la combinaison première de Napoléon, « indépendamment de ce qu’il avait pu y avoir de fautif dans l’exécution. » Au sujet du retard de Ney, il l’attribuait à ce que l’aide de camp s’était « égaré en chemin », et, supposant les ordres donnés à temps, il concluait que « ce sont de ces choses qu’un général peut ordonner, mais qu’il ne peut pas forcer. » Il est à remarquer que cette phrase d’excuse et apologétique a disparu depuis dans l’édition définitive du Traité (chapitre xxvi), et qu’un paragraphe a été ajouté pour dire au contraire, par manière de critique, que « ces deux sanglantes journées prouvent également combien le succès d’une attaque est douteux, lorsqu’elle est dirigée sur le front et le centre d’un ennemi bien concentré ; en supposant même qu’on remporte la victoire, on l’achète toujours trop cher pour en profiter.

1211. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Pour ma part j’aime à le rapprocher, malgré les différences du ton, de la Lettre de Fénelon à l’Académie française.

1212. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

Les estimant toutes de même valeur à l’origine, il attribue toute la différence à l’industrie et à la culture.

1213. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

1839 De loin la littérature d’une époque se dessine aux yeux en masse comme une chose simple ; de près elle se déroule successivement en toutes sortes de diversités et de différences.

1214. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

La grande différence entre le ive  siècle et cette première moitié du xviie , c’est que, dans ce dernier, si, à un certain moment, le cercle correspond, cela dure peu et qu’aussitôt l’on remonte, tandis que dans l’autre on descendait.

1215. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Fauriel, dans une leçon, comparant les deux Cids, remarquait, comme différence, l’abrégé fréquent, rapide, que Corneille avait fait des scènes plus développées de l’original : « Chez Corneille, ajoutait-il, on dirait que tous les personnages travaillent à l’heure, tant ils sont pressés de faire le plus de choses dans le moins de temps ! 

1216. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

Il y a dans ce rapprochement de famille de quoi faire naître plus d’une idée et sur la différence des époques et sur celle des manières littéraires.

1217. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

De là cette si vraie et originale composition d’Horace et de Camille : le frère et la sœur, natures pareilles, également brutales, féroces et fanatiques, mais appliquant différemment leurs amours identiques d’essence ; l’homme idolâtre de sa patrie, la femme idolâtre d’un homme ; et de cette différence, profondement vraie, va sortir le choc des deux âmes, dont le meurtre de Camille sera la résultante nécessaire.

1218. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

On remarquera, en passant, que sous ce principe tombent l’histoire, expression des formes passagères, perception des différences et non de l’identique, et le lyrisme, manifestation du subjectif, émanation de la plus intime individualité.

1219. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

Zola n’a jamais aperçu la différence qui existe entre une expérience scientifiquement conduite dans un laboratoire de chimie ou de physiologie, et les prétendues expériences du roman où tout se passe dans la tête de l’auteur, et qui ne sont en fin de compte que des hypothèses plus ou moins arbitraires.

1220. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Mais il y a plus, et, s’il est vrai qu’il procède quelque peu de George Sand et d’Alfred de Musset, on soutiendrait tout aussi justement que, sauf les modifications inévitables imposées par la différence des temps, une partie de son œuvre continue les romans d’amour et d’aventures du XVIIe siècle et, par-delà, les anciens romans grecs, et que M. 

1221. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7761-7767

On peut remarquer ici combien est grande la différence des antitheses d’idées, d’avec les antithèses d’expression.

1222. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Faire la différence dès ce temps-là, dans l’ivresse des espérances et la fumée des illusions ; prévoir et prédire que la politique des girondins, qui menait au 10 août, mènerait, par le 10 août, au 21 janvier, était d’un grand esprit ; laisser la lyre pour prendre la plume à la fois vengeresse et prophétique, était d’un grand cœur.

1223. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Il fut décidé que, pour bien marquer la différence, une courte suspension s’ensuivrait, et que le Décadent renaîtrait alors sous un autre format.

1224. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

Mais, s’ils avaient la tête pleine de littérature, d’histoire, de philosophie, d’humanisme, en un mot, s’ils pouvaient, en travaillant, causer entre eux des choses supérieures, quelle différence !

1225. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

Pourquoi cette différence de traitement, dont Courier s’est si joliment moqué ?

1226. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

Leur différence d’âge est de vingt-sept ans, et l’horizon d’un siècle semble s’étendre entre eux deux.

1227. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

Doué, je l’ai dit, d’une très grande facilité accrue par l’étude, et d’une vaste mémoire, il lui suffit d’une très courte préparation pour donner à sa parole improvisée tout l’air d’un discours médité ; il n’y paraît pas de différence.

1228. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

À considérer les soins extrêmes que prenaient les anciens pour donner à leurs enfants, dès le sein de la nourrice, ce tact fin et ce sens exquis, on est frappé de la différence avec l’éducation moderne.

1229. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

Et il s’offre nettement, hardiment, à lui pour être son conseil habituel, son ami abandonné, « le dictateur enfin, permettez-moi l’expression, dit-il, du dictateur : — Car je devrais l’être, avec cette différence que celui-là doit toujours être tenu de développer et de démontrer, tandis que celui-ci n’est plus rien s’il permet au gouvernement la discussion, l’examen.

1230. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Il considère la parole comme « la physique expérimentale de l’esprit », et il en prend occasion d’analyser l’esprit, l’entendement, et tout l’être humain dans ses éléments constitutifs et dans ses idées principales ; il le compare avec les animaux et marque les différences essentielles de nature : puis il se livre, en finissant, à des considérations éloquentes sur Dieu, sur les passions, sur la religion, sur la supériorité sociale des croyances religieuses comparativement à la philosophie.

1231. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

Quand je dis pour rien, ce n’est pas que nous ne nous en mêlions toujours un peu ; mais il est reçu qu’on ne s’en prend pas à nous, et notre sexe… » — « Votre sexe, mesdames (c’est Cazotte qui parle), ne vous en défendra pas cette fois ; et vous aurez beau ne vous mêler de rien·, vous serez traitées tout comme les hommes, sans aucune différence quelconque. » On voit la suite de la scène et dur dialogue.

1232. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

On y verra la différence d’un premier crayon naturel et vif à une peinture passionnée et pleine de flamme.

1233. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

Les réflexions préliminaires par lesquelles débute Rollin semblent superflues, tant on se sent peu porté à les contester : « Différence que l’étude met entre les hommes.

1234. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

Quelle différence d’impression morale, au milieu d’une précision scientifique semblable ou même supérieure !

1235. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — II. (Fin.) » pp. 411-433

Il y donne de curieux renseignements sur la colonie française de Gallipolis et sur une autre dite du Poste-Vincennes : la différence de caractère du colon américain et du colon français y est tracée d’une manière frappante et sévère, et dans deux portraits caractéristiques qui seraient dignes d’Aristote.

1236. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

Le cliché Il n’y a pas de différence essentielle entre la phrase et le vers ; le vers n’est qu’un mot, comme le mur n’est qu’un bloc .

1237. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre I. Après la mort — Shakespeare — L’Angleterre »

À la mort, les différences éclatent.

1238. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

Différence de l’ordre des études dans un ouvrage ou dans une école.

1239. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

J’observai d’abord qu’on confondoit à tout moment ces deux expressions, grouper et faire masse, quoiqu’à mon avis, il y eût quelque différence.

1240. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

Il existe entre ville et cité la même différence qu’entre un homme et un monsieur. — Racine n’eût jamais lâché — à travers un alexandrin — ce substantif mal né de « ville » ; et je me garderai bien de l’infliger à Toulouse.

1241. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

Il n’y a presque pas de différence entre les bons chauffeurs d’automobiles de course ; on note au contraire que chaque aviateur a sa manière spéciale de voler.

1242. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

La pensée y brille d’autant plus que le style est plus correct et plus sévère, et c’est la seule différence qu’il y aurait entre M. 

1243. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

Mais, entre ces deux écrivains, il y a pour la langue même une différence marquée.

1244. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

Ni la différence d’armement, ni le désavantage de la situation ne sont mentionnés. […] Une autre parole de Jésus, recueillie dans les trois évangiles synoptiques avec de minimes différences, dut aussi frapper l’imagination : « Je vous le dis en vérité, il y en a, parmi ceux qui sont ici devant moi, qui ne goûteront pas la mort avant d’avoir vu le Fils de l’homme venir dans sa royauté » (Matth. […] Il y a en effet entre l’enseignement moral du christianisme et celui du bouddhisme, malgré la différence des points de départ, des rapports si frappants, que l’un a pu très facilement emprunter beaucoup des paraboles et des récits que l’autre avait créés pour rendre cet enseignement plus sensible et plus efficace. […] Si nous comparons ce conte à celui du Barlaam, nous y remarquons quelques différences. […] D’où provient cette différence, puisque le conte fait partie d’une traduction du roman grec ?

1245. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Mais la différence fut grande et fatale entre les deux gouvernements. […] Racine se vengeait, par des épigrammes, de M. de Créqui qui insultait à ses vers ; mais il ne se serait pas choqué d’une circonstance qui aurait marqué une différence de rang. […] Nous aurions pu observer la différence des rangs devenant de plus en plus pesante, parce qu’elle n’avait plus de fondements réels, et qu’elle semblait porter à faux. […] Quelle différence entre Voltaire trafiquant de louanges avec tous les écrivains de son siècle, et un vénérable philosophe environné de disciples avides de ses paroles et admirateurs de ses vertus, régnant sur eux par le pouvoir du discours et de l’exemple ! […] Ensuite ils aperçurent des conformités et des différences, ils classèrent et divisèrent les objets, ils observèrent des analogies dans les effets, et par là ils remontèrent à des causes ; la nature ne fut plus seulement le principe des sensations individuelles, elle fut soumise à la réflexion, qui recherche des idées générales indépendantes de chaque individu.

1246. (1886) Le roman russe pp. -351

La méthode est d’autant plus légitime en Russie que dans ces masses jeunes, à peine travaillées, soumises à des développements uniformes, les différences individuelles sont moins accusées. […] On fait ensuite les réserves nécessaires pour marquer les différences entre ceux qu’on a momentanément rapprochés. […] Bientôt il est frappé de la différence entre la vie telle qu’il la voit et celle que ses maîtres lui peignent ; il l’observe autour de lui, il reproduit son impression directe. […] Quelle différence de relief entre les noires mais vigoureuses créations du premier livre, et les pâles figures qu’on leur oppose dans le second ! […] Rien ne fait mieux mesurer la marche du temps et des idées que la différence de l’idéal révolutionnaire dans ces deux générations.

1247. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Personne n’aura lu les deux ouvrages sans être frappé du rapport autant que des différences ; et si l’admirable fraîcheur du dix-septième siècle manque nécessairement à cet écrit du dix-neuvième, l’auteur nous en dédommage, autant qu’on peut dédommager de la simplicité par la plus moelleuse souplesse et une rare suavité de langage. […] C’est servir à la fois l’homme de la nature et l’homme de la grâce que de faire ainsi ressortir les ressemblances dans la différence, et les différences dans la ressemblance. […] Ils conservent de plus le sacrement, c’est-à-dire le miracle ; quelle différence entre le miracle et le symbole ! […] Formes, proportions, lois de la nature, rapports des temps, différences des lieux, distinctions de la matière et de l’esprit, de la pensée et de la chose pensée, de l’être ou du non-être en un même sujet, règles vulgaires de la raison sur l’accord des choses avec elles-mêmes, sur la constance de leur caractère, sur leur identité, impossibilités objectives et subjectives, impossibilité qu’une chose soit, impossibilité où elle est d’être pensée, tout cela est méconnu, ignoré par lui ; tous les éléments de l’univers physique et moral sont pêle-mêle attelés au char de son idée, dont l’accord intérieur et la consistance propre remplacent la consistance et l’accord qu’il a refusés à tout le reste. […] Quelle différence, à tous égards, entre celui qui l’accepte et celui qui la refuse !

1248. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

La différence des rangs obligeait La Fontaine au respect. […] La différence est mince. […] Les mots individu, individuel, désignent tantôt la différence d’un homme aux autres, tantôt celle de la vie privée à la vie publique. […] La différence du vers à la prose frappe toujours moins dans une langue étrangère, si bien qu’on la sache. […] (La différence est-elle jamais si radicale ?

1249. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Les incidents de la lutte ressemblent assez à ce que nous avons lu tout à l’heure, avec cette différence principale que Beaumarchais, parlant à des personnes présentes, insiste moins sur l’horreur de ses blessures que lorsqu’il écrit à des correspondants qui sont à six cents lieues. […] Un jour, par la faute ou par le crime de quelques individus, l’Allemagne se jette sur nous, elle envahit notre territoire, et il se trouve que ces étrangers que l’évangile et la philosophie nous avaient appris à regarder comme des frères, étaient nos ennemis, ce que l’antiquité appelait des barbares, et, avec la seule différence de je ne sais quelles lois de la guerre qui ne sont qu’une insulte ironique à la civilisation, voulaient, comme en pleine nuit du paganisme, notre ruine et notre mort. […] C’est l’éternelle différence des véritables orateurs, des véritables écrivains avec les virtuoses de la parole et du style.

1250. (1898) Essai sur Goethe

Quelle différence entre les deux directions selon lesquelles s’expriment, en général, les besoins spirituels des deux sexes ! […] Je fais une différence entre le manque de gratitude et l’ingratitude, c’est-à-dire la répugnance à la reconnaissance. […] » Strauss relève aussi très bien la différence entre Goethe et Rousseau dans leurs rapports avec la vérité : « Il y avait en Goethe le contraire absolu du cynisme coquet de l’auteur des Confessions : se dépouiller d’en bas pour se draper d’en haut ; il cacha ce qui ne se doit pas voir pour retenir toute l’attention sur ce qui a une signification humaine. » Je vous fais grâce de la suite du parallèle, surtout de la pittoresque partie qui cherche « dans le style et dans la langue » la marque de la « différence entre les deux biographies », car je présume que l’autorité triomphante de Woltmann vous a enseigné tout ce que vous désiriez savoir. […] Il se proposa donc de l’introduire dans la poésie, en oubliant qu’entre l’art et la poésie il y aura toujours la différence irréductible de leurs matières premières, celui-là ayant à reproduire, par le bronze ou le marbre, des formes visibles et sensibles, celle-ci ne pouvant que pétrir de la vie dans l’immatérialité des mots et des rythmes. […] À l’origine, il n’y avait point entre les deux poètes de véritable sympathie : la différence de leurs talents, de leurs caractères, de leurs natures, de leurs positions, semblait devoir au contraire les séparer, ou les placer vis-à-vis l’un de l’autre en rivaux, peut-être en ennemis.

1251. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

La boutique se transfigure : « Dans la contagion générale, il semble qu’elle se change en je ne sais quelle machine maritime, confortable, faite en manière de vaisseau, n’ayant plus besoin que d’une bonne mer pour être lancée et se mettre tranquillement en chemin pour n’importe quelle île déserte1337. » La différence entre un fou et un homme de génie n’est pas fort grande. […] Du reste, nulle différence.

1252. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

A Paris, si Fénelon est moins occupé des costumes, il ne l’est pas moins des privilèges de naissance et des différences qui doivent marquer les conditions. […] Je me trouble, je me sens confondu dans ce mélange d’erreurs et de vérités venues d’un fonds où l’on n’en fait pas toujours la différence ; et ce manque d’autorité, même aux endroits où le ton de l’autorité domine, me laisse ma triste liberté que j’avais si doucement abandonnée à Bossuet.

1253. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Aujourd’hui, au Grenier, quelqu’un demandant l’heure, on parle de la différence de l’heure, sur les montres tirées des poches. Cela me fait dire : « Il y a un homme, dont cette différence de l’heure a été l’empoisonnement de la vie.

1254. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

De là une différence qui n’est pas à négliger. […] Ceci confirme ce que nous avons dit plus haut sur la différence de la littérature avec les arts plus représentatifs ; dans ces derniers, on est trop souvent forcé de remplacer les hardes et les étoffes de cotonnade par des décors convenus, d’avoir sous la main des feuilles de palmier, et même des feuilles de vigne.

1255. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

Le style oratoire est proche du style poétique, avec cette différence que l’orateur compte sur la distraction des auditeurs, et le poète sur la concentration de leur attention. […] La comparaison du texte authentique des Pensées de Pascal avec l’édition « corrigée » par Port-Royal pourrait nous fournir quantité d’exemples du langage et de la pensée rythmés, de la différence entre le style et une langue sans harmonie.

1256. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Elle a exprimé, dans ce livre de l’Influence des Passions, bien des idées qui sont aussi dans les Considérations sur la Révolution française, de M. de Maistre, écrites et publiées précisément à la même date ; mais quelle différence de ton ! […] S’il y a, comme fonds naturel et comme manière d’artiste, de grandes différences entre M. de Chateaubriand et Mme de Staël, on est frappé d’ailleurs par les ressemblances bien essentielles qu’ils présentent : tous deux aimant la liberté, impatients de la même tyrannie, capables de sentir la grandeur des destinées populaires, sans abjurer les souvenirs et les penchants aristocratiques ; tous deux travaillant au retour du sentiment religieux, dans des voies plutôt différentes que contraires. […] Corinne est, pour Mme de Staël, ce qu’elle aurait voulu être, ce qu’après tout (et sauf la différence du groupe de l’art à la dispersion de la vie) elle a été.

1257. (1842) Discours sur l’esprit positif

Cette dernière signification, en indiquant d’ailleurs une tendance continue du nouvel esprit philosophique, offre aujourd’hui une importance spéciale pour caractériser directement l’une de ses principales différences, non plus avec l’esprit théologique, qui fut longtemps organique, mais avec l’esprit métaphysique proprement dit, qui n’a jamais pu être que critique. […] Toute leur différence essentielle consiste dans la généralité systématique de l’un, tenant à son abstraction nécessaire, opposée à l’incohérente spécialité de l’autre, toujours occupé du concret. […] À cette différence passagère, que dissipera graduellement une meilleure éducation des classes lettrées, il en faut joindre une autre, nécessairement permanente, relative à l’influence mentale des diverses fonctions sociales propres aux deux ordres d’intelligence, d’après le caractère respectif de leurs travaux habituels.

1258. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

La Vie et les commencements de Molière En effet regardez-le, ce jeune homme, aux premières et vives clartés du xviie  siècle naissant, qui s’en va, traîné dans le tombereau de Thespis à la poursuite de cet art qu’il a entrevu dans ses rêves, et cherchant la comédie errante, comme ce héros, son contemporain, qui cherchait la chevalerie ; avec cette différence qu’au temps de don Quichotte, la chevalerie était morte, et qu’aux premiers jours de Molière la comédie était à naître encore. […] Admirez cependant quelle différence, et en même temps quelle frappante ressemblance entre Molière et Shakespeare ! […] Mais quelle différence entre ces deux amour ? […] À peine arrivé, Alceste n’a rien de plus pressé que de s’emporter contre les hommes et contre les lois ; c’est à peu près la même scène que la première scène du Misanthrope, avec cette différence, cependant, qu’Alceste, dans la comédie de Fabre, se met en fureur, à peine arrivé, et sans se donner le temps de dire bonjour à son amie Éliante.

1259. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Il n’y a pas deux hommes absolument semblables ; il y en a peu dont les différences offrent un réel intérêt psychologique. […] En premier lieu on dirait : tous les féminins des participes et adjectifs en é, tous les mots en ée, ne peuvent fournir que des rimes masculines, — et, comme cela est évident, l’e étant une fiction, aucune différence de prononciation n’étant possible entre é et ée, cela troublerait singulièrement les imaginations. […] Entre ses deux groupes de sons la douceur de l’amour et la douce heure de l’amour, où est l’habile qui établira une différence phonétique ? […] Il n’y a pas deux feuilles rigoureusement pareilles, mais les différences sont en deçà d’une forme fixe toujours reconnaissable au premier coup d’oeil. […] De là oeuvre, orge (hordea), joie (gaudia), etc. « Si, dans quelques expressions, dit la circulaire, le mot œuvre est employé au masculin, cet usage est fondé sur une différence de sens bien subtile. » Cet usage est fondé sur l’arbitraire.

1260. (1900) Molière pp. -283

Goethe, en créant cette expression, qui est à la fois chez lui une expression poétique et scientifique, a voulu signifier que la nature, en créant des sexes, a fait de la différence des sexes une différence aussi profonde, en quelques points, que le peut être la différence des espèces. […] Je vais vous montrer l’une en face de l’autre, dans la même situation, Angélique, du Malade imaginaire, et Rosine, du Barbier de Séville : vous allez voir la différence. […] C’est exactement la même réponse, avec la seule différence de la prose aux vers.

1261. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Pour vous bien préciser cette différence entre les deux poètes, mettez en regard du professeur Trude le conseiller Krespel. […] Mais écartez la différence des époques où M.  […] Et, de cette appellation méprisante « écrivain de petit journal », le préjugé l’amoindrit — et ne fait point de différence entre lui et M.  […] Aussi peut-on dire que, sous ce rapport, presque tous les gens de lettres sont avocats, avec cette différence que les gens de lettres parlent beaucoup mieux que les avocats, lesquels, en revanche, écrivent beaucoup moins bien. […] Quelle différence admettez-vous entre l’une et l’autre ?

1262. (1924) Critiques et romanciers

Banville, entre ces mots, ne fait pas de différence. […] « À quoi tient-elle, cette crédibilité, qui fait que nous disons couramment, un Don Quichotte, un Robinson, un d’Artagnan, quelque différence qu’il y ait entre le génie d’un Cervantès ou d’un Daniel de Foë à la facilité hâtive de l’improvisateur Dumas ? […] Les différences de l’un à l’autre ne sont pas moins remarquables que les différences d’un homme à un autre-Il y en a qui ont des âmes adorablement compliquées. […] Il faut pourtant ne pas négliger les différences : faute de quoi, les animaux sont de viles caricatures de l’humanité. […] … » Il a constaté que les enfants, les nègres et les poètes — les autres personnes aussi — ne font aucune différence digne d’être examinée entre un simulacre et la réalité.

1263. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

La différence est que, lui, dans sa retraite de méditation, laissait une patrie glorieuse encore ; nous, une-patrie vaincue. […] Et, à ses différences, si nettes sur un fond moins coloré mais de nuance forte, je le distingue. […] Mais, diton, la différence est de la réalité aux signes : si vous prenez les signes pour la suprême réalité, vous perdez de vue la réalité authentique. […] Les différences, on les devine. […] L’essai révèle et des analogies et des différences.

1264. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

Quant à Richelieu, c’était autre chose : « Il ressemblait à Tibère ; c’était un atrabilaire qui voulait régner, un Jupiter massacreur. » C’est la seule différence qu’il établisse entre eux.

1265. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

J’ai parlé plusieurs fois de Sieyès à propos de Roederer : il importe de bien établir leurs rapports et de reconnaître aussi leurs différences.

1266. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

[NdA] Avec cette différence que l’archevêque Turpin ne demande pas mieux que de bien frapper.

1267. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

Ainsi, le 2 juin de cette année 1702, il écrivait à Chamillart : Ne voulez-vous point, Monseigneur, dans la guerre la plus difficile qu’on ait vue depuis trente ans, peser la différence qu’il y a d’un homme à un autre ?

1268. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

« Mme de Lambert avait beaucoup d’esprit, écrivait M. de La Rivière, si l’on peut en avoir sans goût… Elle ne sentait point les différences du bon, du meilleur et de l’excellent.

1269. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

Et d’abord, sans prétendre en rien rouvrir une discussion générale, où tous les arguments de part et d’autre semblent avoir été épuisés, et qui pourtant resterait encore inépuisable, il est impossible de ne pas rappeler devant vous qu’il y a eu (et même dans la Commission dont j’ai l’honneur d’être l’organe) deux manières d’envisager la question des droits d’auteur : l’une qui la généralise et la simplifie, qui la constitue et l’élève à l’état de principe, de droit absolu, de propriété inviolable et sacrée, revendiquant hautement sa place au soleil ; et l’autre manière de voir, plus modeste, plus positive, plus pratique sans doute, qui ne s’est occupée que d’améliorer ce qui avait été fait déjà, de l’étendre aux limites qui semblent le plus raisonnables, en tenant compte des différences de matière et d’objet, en mettant la nouvelle loi en rapport avec les articles qui dans notre Code régissent le mariage, les successions, et en combinant le mieux possible les droits des auteurs et ceux du public.

1270. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Il y a eu entre les destinées d’Homère et celles de Virgile, dans les temps modernes, une grande différence.

1271. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

À la différence de sa mère qui se prodiguait à tous, et dont toutes les heures étaient envahies, elle sentait le besoin de se recueillir et de se réserver : ces réserves d’une si jeune sagesse donnaient même parfois un souci et une alarme de tendresse à sa mère qui n’était pas accoutumée à séparer l’affection de l’épanchement.

1272. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [IV] »

« Au reste, a dit Jomini, cette bataille me détrompa de toutes les espérances que j’avais conçues ; elle me prouva qu’un homme dans ma position ne devait jamais juger les choses comme il le ferait s’il était maître de commander ; et j’appris là qu’il y avait une grande différence de diriger soi-même l’ensemble d’un état-major dans lequel on prévoit et organise tout, ou à raisonner sans fruit, et sur des données incertaines, de ce que veulent faire les autres.

1273. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres mêlées de Saint-Évremond »

Ses Réflexions sur les divers génies du peuple Romain dans les différents temps de la République sont d’un esprit éclairé, sensé, philosophique et pratique à la fois, qui s’explique assez bien ce qui a dû se passer dans les âges anciens par ce qu’il a vu et observé de son temps, et par la connaissance de la nature humaine : partout où il faudrait entrer dans les différences radicales et constitutives des anciennes cités et sociétés, il est insuffisant et glisse.

1274. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

Ce serait seulement une étude remarquable par la différence des correspondants auxquels il s’adressa, mais toujours avec une idée fixe.

1275. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Viret demande déjà excuse en son temps de parler un français un peu étrange ; mais de loin ces différences s’effacent, et l’on n’est plus frappé que des ressemblances.

1276. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

Toute différence s’efface, toute inégalité se nivelle, tout relief se polit et se fond dans cette veine rapide d’une invariable élégance.

1277. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Sainte-Beuve l’a reçue en communication et qu’il en a retenu copie, parce que tout, jusque dans les termes familiers, y marque la différence du point de départ et du point de vue entre les deux parties adverses.

1278. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

Retranchez toutes les différences qui séparent un homme des autres ; ne conservez de lui que la portion commune à lui et aux autres.

1279. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Tous les deux nés aux bords de Loire, fils du même pays, génies populaires, vulgaires et forts, il y a entre eux la différence des temps : mais c’est au fond la même œuvre, à laquelle ils ont travaillé, presque par les mêmes moyens.

1280. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

Nulle époque ne met mieux en lumière l’absolue différence qui sépare le théâtre de la littérature.

1281. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

Si individuel et subjectif que soit son livre, il s’éloigne du goût classique plutôt par une différence d’application que par une contrariété de principes.

1282. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Et ce sont les différences de ce genre qui rendent notre âge si divertissant.

1283. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

Et la différence ne pourra que croître à mesure que la société laïque se préoccupera moins d’une autre vie, s’installera mieux dans celle-ci et prendra plus pleinement possession de la terre.

1284. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

Mais sa puissance d’expression n’offre, d’un volume à l’autre, que des différences de degré, non d’espèce.

1285. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

La comparaison sert à faire voir non des infériorités, mais des différences dont la vérité historique, la morale et la langue ont profité.

1286. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

C’était la différence d’un roman de fantaisie à un roman de cœur ; il prit peu à peu la première place, et il l’a gardée.

1287. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Appendice »

Je considère cette apparition d’un nouvel esprit comme un fait analogue à la naissance du christianisme, sauf la différence de forme.

1288. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

L’Auteur de la Dunciade, moins touché des éloges que je lui avois départis, qu’offensé de ce que je n’avois pas trouvé assez de gaieté dans son Poëme, a cru m’humilier, en cherchant à m’enlever la partie la moins foible de mon travail ; il termine l’article dont il m’a gratifié dans la derniere édition de ses Mémoires Littéraires, par dire que les morceaux des Trois Siècles qu’on trouve mieux travaillés que les autres, ne sauroient être de la même main qui a rédigé le reste de l’Ouvrage, comme s’il y avoit d’autre différence que celle qu’exigeoit naturellement la diversité des sujets.

1289. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — Y. — article » pp. 529-575

Nous savons qu'on rencontre parmi les vicieux & les criminels, des hommes persuadés de la vérité de la Religion : mais quelle différence entre l'homme qui manque aux devoirs de la Religion, en conservant dans son cœur le respect pour cette Religion même, & l'homme effréné, qui se livre par principe à ses passions, à sa perversité naturelle ou acquise, parce qu'il a déjà abjuré au dedans de lui-même la Religion qui combat ses mauvais penchans !

1290. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

On appréciera la différence des régimes à cent ans de distance.

1291. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — I. (Dialogues inédits.) » pp. 1-28

quelle différence met votre sexe à ce devoir ?

1292. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

Il est aisé de distinguer dans l’œuvre de Flaubert un Bovarysme sentimental dont Mme Bovary et Frédéric Moreau sont, avec des différences d’intensité, les prototypes, un Bovarysme intellectuel dont le même Frédéric Moreau nous présente le cas sous son aspect le plus général, un Bovarysme de la volonté que l’on découvrirait à l’analyse chez Deslauriers.

1293. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — La solidarité des élites »

J’entends par la Solidarité des Élites, cette communauté de vision chez des êtres profondément différents d’âge, de race et de caractère, vivant sous les plus dissemblables latitudes, ne se connaissant pas entre eux pour la plupart, mais donnant de l’énigme du monde une solution identique, au fond, malgré les innombrables différences dans l’expression de leur désir.

1294. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre III. De la nature du temps »

Une mélodie que nous écoutons les yeux fermés, en ne pensant qu’à elle, est tout près de coïncider avec ce temps qui est la fluidité même de notre vie intérieure ; mais elle a encore trop de qualités, trop de détermination, et il faudrait effacer d’abord la différence entre les sons, puis abolir les caractères distinctifs du son lui-même, n’en retenir que la continuation de ce qui précède dans ce qui suit et la transition ininterrompue, multiplicité sans divisibilité et succession sans séparation, pour retrouver enfin le temps fondamental.

1295. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

Le domaine quiritaire ne signifia plus un domaine dont le plébéien ne pouvait être expulsé sans que le noble dont il le tenait vînt pour le défendre et le maintenir en possession ; il signifia un domaine privé avec faculté de revendication, à la différence du domaine bonitaire, qui se maintient par la seule possession.

1296. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

Elle est dans le mouvement inné des deux âmes et dans certaines dispositions d’esprit qui leur sont communes, en dépit de la prodigieuse différence des temps et de tous les renouvellements du monde.

1297. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XI. »

Comment ne pas marquer les différences et les beautés morales que le génie, aidé par le temps, ajoutait encore à cette poésie ?

1298. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Comparez (non pas comme valeur esthétique, je le sais bien, mais, pour le moment, c’est d’idées qu’il s’agit), comparez le Zénith de Sully Prudhomme ; et voyez la différence d’un philosophe réfléchi et pénétrant à un homme qui se donne le spectacle des ombres chinoises de la pensée. […] Tout mot est une métaphore, et d’une métaphore à un mythe, il n’y a qu’une différence de degré. Ce qui fait cette différence, c’est le plus ou moins de foi de celui qui parle une langue dans les mythes que cette langue contient. […] 3° C’est une sensation élaborée et agrandie. — Il n’y a qu’une différence de degré entre une métaphore et une allégorie, entre une allégorie et un mythe. Mais qui fait cette différence ?

1299. (1881) Le roman expérimental

La grande et unique différence est qu’il y a, dans l’organisme des êtres vivants, à considérer un ensemble harmonique des phénomènes. […] Tout de suite, les différences de tempérament s’affirment M.  […] Qu’on lise Les Frères Zemganno et Les Soeurs Vatard : il n’y a entre ces deux productions que la différence de l’œuvre d’un maître à l’œuvre d’un débutant. […] Il faut donc, je le répète encore, faire une différence profonde entre l’imagination des conteurs, qui bouleverse les faits, et l’imagination des romanciers naturalistes, qui part des faits. […] Mais la nôtre aussi est de tout savoir et de juger Entre les magistrats et les écrivains, il n’y a qu’une différence, c’est que parfois les écrivains laissent des œuvres de génie.

1300. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Il y a dans Jean-Jacques comme un Julien Sorel sans volonté (ce qui, à vrai dire fait une différence notable.) […] Mais la différence était que ma Thérèse, aussi bien de figure que sa Nanette, avait une humeur douce et un caractère aimable…, au lieu que la sienne, pie-grièche et harengère, etc.. […] Elle est du même ordre (malgré les différences de détail), que celle qui est agitée dans Monsieur Alphonse, dans le Jacques de George Sand, dans la Dame de la Mer d’Ibsen, même dans la Princesse de Clèves. […] Il pense ou sent, sur ce point, comme Michelet, comme Sainte-Beuve, comme tous ceux qui, très touchés du féminin, auraient voulu, non pas atténuer, mais au contraire entretenir et même accentuer les différences entre les deux sexes. […] Michelet me paraît d’ailleurs, malgré la différence des génies, le plus fidèle continuateur de Rousseau au xixe  siècle.)

1301. (1905) Propos littéraires. Troisième série

La différence est de nuance, mais elle est sensible. […] Seulement celles de Mme Bovary sont préparées et disposées avec amour, pour lui, ce qui fait une différence. […] Mais remarquez la différence. […] La différence est sensible. […] Cela fait une petite différence, dans le personnage de M. 

1302. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

On éprouve, à constater ces différences, une inquiétude assez pathétique. […] À leur première différence, ajoutons la seconde : Lucrèce est matérialiste et nous promet l’anéantissement final ; tandis que M.  […] Mag l’Allemande, Fanny l’Anglaise, Sandra l’Italienne et Rosalie la Luxembourgeoise ont, entre elles, des différences d’âme et de tempérament. […] Quatre volumes, dont je voudrais indiquer les analogies, et aussi les différences (car l’entente n’implique pas le sacrifice de chacun) et, plutôt que les analogies, l’accord. […] Entre l’Iliade et l’Odyssée on a signalé des différences nombreuses.

1303. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Chose inouïe en ce temps, il observe les caractères, note leurs différences, étudie la liaison de leurs parties, essaye de mettre sur pied des hommes vivants et distincts, comme feront plus tard les rénovateurs du seizième siècle, et, au premier rang, Shakspeare. […] Stendhal, de l’Amour : différence de l’amour-goût et de l’amour-passion.

1304. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

— Il veut que nous méritions le bonheur, et cela fait une grande différence, Kobus ; car pour mériter le bonheur, soit dans ce bas monde, soit dans un autre, il faut commencer par remplir ses devoirs, et le premier de ces devoirs, c’est de se créer une famille, d’avoir une femme et des enfants, d’élever des honnêtes gens, et de transporter à d’autres le dépôt de la vie qui nous a été confié. […] On n’a jamais eu besoin de lui dire : « Sûzel, il faut s’y prendre de telle manière. » C’est venu tout seul, et voilà ce que j’appelle une vraie femme de ménage… dans deux ou trois ans, bien entendu, car, maintenant, elle n’est pas encore assez forte pour les grands travaux ; mais ce sera une vraie femme de ménage ; elle a reçu le don du Seigneur ; elle fait ces choses avec plaisir. « Quand on est forcé de porter son chien à la chasse, disait le vieux garde Frœlig, cela va mal ; les vrais chiens de chasse y vont tout seuls, on n’a pas besoin de leur dire : Ça, c’est un moineau, ça une caille ou une perdrix ; ils ne tombent jamais en arrêt devant une motte de terre comme devant un lièvre. » Mopsel, lui, ne ferait pas la différence.

1305. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Il y a une fort grande différence pour l’homme de génie, qui vient de naître à la vie de l’esprit, d’ouvrir les yeux au magnifique spectacle d’une nation bien conduite, dont tous les actes sont marqués d’invention, de force et de raison, grande au dedans et grande au dehors ; ou d’avoir à percer les ténèbres d’une société qui se débat dans des luttes tumultueuses où l’action déréglée a forcé et dénaturé tous les caractères. […] Ce bienfait que la France devait à Louis XIV, Boileau en eut sa part comme Molière, avec cette différence qu’avant Louis XIV, et sans Louis XIV, Molière faisant jouer, dès 1659, les Précieuses ridicules, avait commencé l’œuvre de la satire et montré à Boileau où il avait à frapper.

1306. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Malgré la différence d’années, ce grand homme se sentit incliné de cœur vers moi ; je me sentis élevé à lui par un respect mêlé de tendresse. […] Malgré nos différences d’âge et d’opinion, je le revis de temps en temps à Paris dans sa vieillesse.

1307. (1896) Études et portraits littéraires

Or, que de différences dans l’aspect de la plaine liquide, suivant les parties du monde ! […] Mais voici une différence quasi matérielle et palpable. […] De Venise à Madame Gervaisais, quelle différence ! […] Je sais la différence de la langue écrite à la langue parlée, et qu’un essai historique sur la Passion ne prête guère aux saillies de l’esprit. […] Mais entre ces manieurs de talents ou d’écus et nos rois de la Bourse, y a-t-il beaucoup de différence ?

1308. (1911) Nos directions

Entre lui et tel artiste enfermé des années dans un labeur très lent, il n’y eut guère plus qu’une différence de temps. […] Entre la sobriété dramatique de Pelléas et de Candaule, y a-t-il tant de différence ? […] Et je ne parle pas seulement d’une différence de rythme que justifiait assez la différence d’inspiration, mais d’une différence de principe rythmique — d’une absence de tout principe, peut-être bien… On a été bercé dans l’habitude d’une cadence… On a beau vouloir la détruire, c’est d’elle pourtant que l’on part… C’est en elle aussi que l’on se retrouve, quand on est las de chercher… En l’espèce, l’alexandrin tant honni est le point de départ et le point de repos de ces premières tentatives, soit que, comme M. 

1309. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Ce que l’un appelloit fluxions, l’autre le nommoit différences. […] Plusieurs d’entr’eux conviennent aujourd’hui que la sculpture a presque toujours été poussée plus loin que la peinture : cette différence se fait sentir de nos jours plus que jamais. […] Rien ne montre mieux la différence réelle du jansénisme au thomisme, que la réflexion mal-adroite de Pascal. […] La différence des temps, des pays, des mœurs & des coutumes, peut encore faire des nuances sur ces objets : mais on n’en vouloit qu’aux jésuites.

1310. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Car, quelle différence du crime qu’endormi je commets avec tranquillité d’âme, au crime d’un Gamahut éveillé et lucide en qui la conscience n’a pas parlé plus qu’à moi pendant le sommeil ? […] Montaigne a grand soin de les distinguer : « Lesquels, dit-il, pour avoir une si nécessaire disparité d’âge et différence d’office, ne répondent non plus assez à la parfaite union et convenance que nous demandons. » C’est où se marque pour lui l’amitié, dans cette « parfaite union et convenance » de deux êtres. […] Jules Lemaître, le Journal de Stendhal, et admirez quelle différence entre l’énergie, la santé presque outrecuidante que révèlent ces mémoires d’un contemporain de Napoléon, et l’affaissement, le trouble, les hésitations du contemporain de Boulanger qu’est M.  […] Il y a des différences dans leur pensée ; il y a dans leurs personnes des points muets, des places qui ne vibrent pas — ou pas encore.

1311. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Aussi, à ce qu’il me semble, y a-t-il une filiation directe entre le naturalisme et le psychologisme malgré les différences apparentes. […] Les psychologues et les symbolistes me semblent des frères, à peu près jumeaux ; les différences qui les séparent tiennent surtout, je crois, à des différences de tempérament et d’imagination. […] Or, entre la science et l’art, il y a surtout cette différence que la science est successive que l’art est intuitif, instantané (comme résultat) et simultané. […] Il a su, à la différence de tous les Méridionaux qui l’ont vainement essayé, faire du soleil dans son merveilleux livre : les Barthozouls ! […] Mais quelle différence !

1312. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Et c’est bien là, tout de même, dans ce domaine et dans cet héritage, que les Français se réunirent avant de se réunir dans la patrie. » Et de même se dévouait à la Maison de France, sinon à la patrie, et la différence m’échappe un peu, ce pauvre homme d’armes de Lorraine qui disait : « Faut-il que le roi soit chassé de son royaume et que nous soyons Anglais ?  […] Il est le privilège d’un petit nombre seulement, parmi chaque peuple : « Quand on compare entre elles les moyennes de chaque race, les différences mentales paraissent souvent assez faibles. […] Mais les jeunes gens — en immense majorité, selon moi — sont dans les mêmes idées, avec de simples nuances et légères ; ont complètement abandonné la conception romaine du mari-maître, acceptant très bien celle de l’égalité des sexes et de l’association entre égaux, pour le bien, avec de simples différences d’aptitudes, qui est la définition même du mariage civilisé. […] Or, il n’y avait ni l’auteur de droit ni l’auteur de fait… Ce recueil peut fournir un excellent article sur le degré de confiance que mérite l’opinion publique et sur la différence qu’il faut faire entre les matériaux d’histoire et les mémoires du temps. […] Et ce qui résulte de la comparaison des Américaines des classes riches et des Américaines des classes moyennes et des classes pauvres, c’est qu’il n’y a pas de différence.

1313. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

Quelle différence de ces usages et de celui de ces sages Égyptiens, qui exposaient sur la terre le cadavre nu du prince décédé et qui lui faisaient son procès75 ! […] N’y a-t-il aucune différence entre la vertu d’un siècle et celle d’un autre, entre la vertu de la cour et celle d’un cloître ? […] Jean-Jacques est celui du censeur, Sénèque est le mien ; avec cette différence entre nos saints, que celui du censeur s’est plus d’une fois prosterné secrètement aux pieds du mien ; avec cette différence entre le censeur et moi, que le censeur n’a pas vécu à côté de saint Sénèque, et qu’après avoir fréquenté dix-sept ans dans la cellule de saint Jean-Jacques, à égalité de sens, je dois le connaître un peu mieux que lui. […] Cependant il y a cette différence entre le courtisan et le philosophe, que l’un épie l’occasion de flatter, et que l’autre la fuit ; que l’un souffre de sa dissimulation, en rougit, se la reproche, et que l’autre s’en applaudit. […] Censeurs, quelle différence entre votre rôle et le mien !

1314. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Elle dit sans cesse : « Moi… Moi, au contraire… Tandis que moi… » L’orgueil souvent dit : « Moi. » Mais il peut dire : « Nous. » C’est une sensible différence. […] Il voit en une collectivité des hommes qui, contrairement à lui, font abstraction de leur personnalité ; et différence engendre haine. […] Aux chrétiens — et déjà un peu aux païens, il faudrait s’en souvenir — cette différence a paru si grande qu’ils ont pensé que l’homme avait été écarté de sa nature, et (pour eux) qu’il avait été élevé au-dessus de sa nature, par la révélation et par la grâce, en d’autres termes éclairé par une lumière supérieure à ses lumières et soutenu par une force supérieure à ses forces. […] Je n’ai pas besoin de rappeler ce qui a été reconnu par tous et proclamé par tous, à savoir qu’il n’y a eu aucune différence entre le patriotisme des anciens élèves des maisons religieuses et celui des anciens élèves de l’État pendant la guerre de 1870 ; et je ne sache pas qu’à l’heure où j’écris les antipatriotes soient d’anciens élèves ou d’anciens professeurs des maisons religieuses. […] La grande différence entre le radical et le socialiste, c’est que pour le radical il n’y a qu’une question, la question religieuse, et qu’un dessein à poursuivre, l’écrasement des religions ; et que, dès qu’il est question de socialisme, le radical ne comprend plus et, du reste, se méfie et, du reste, a peur.

1315. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

La différence, dit Nietzsche, c’est le romantisme. […] Il y a cette différence, à sa honte et à sa condamnation, entre ce qui l’a préparé et lui-même, que le socratisme subordonnait l’art à la morale, considérait l’art, ainsi que tout travail humain, comme devant tendre à la morale comme à sa dernière fin ; à ce titre l’admettait donc encore ou croyait l’admettre, l’énervait, mais ne le proscrivait point, ou croyait ne pas le proscrire, tandis que le Christianisme le proscrit, et, très intelligent, en a peur, comme de son ennemi mortel, c’est-à dire vivant. […] Partout où la morale d’esclaves a pris le dessus, on observe dans la langue une tendance à rapprocher les mots « bon » et « bête »… — Dernière différence fondamentale : l’aspiration vers la liberté, l’instinct pour le bonheur et les délicatesses du sentiment de liberté appartiennent aussi nécessairement à la morale et à la moralité des esclaves que l’art et l’enthousiasme dans la vénération et dans le dévouement sont le symptôme régulier d’une manière de penser et d’apprécier aristocratique. » Voilà, selon Nietzsche les deux morales en présence, voilà les deux races en présence l’une de l’autre, chacune avec sa règle de vie. […] Il en est ici comme de la différence des sexes ; il ne faut pas demander à l’artiste qui donne de devenir femme, de recevoir. […] Une morale de maîtres, une morale d’esclaves est une conception vraiment grossière, je veux dire sans nuances, primitive, sentant le régime des castes, ne tenant pas compte des multiples différences de degré entre les hommes.

1316. (1923) Nouvelles études et autres figures

Il y avait des boursiers ; mais, à la différence des boursiers de l’Université dont la bourse était intangible, les boursiers de Louis-le-Grand devaient, pour garder la leur, continuer de la mériter. […] Mais, entre autres différences, ce qui le distingue des classiques, c’est que, pas plus dans ces chefs-d’œuvre que dans ses autres poèmes, il n’imite presque jamais ses pairs. […] Shelley devait lui plaire jusqu’à un certain point, car il retrouvait en lui, — mais peut-être un peu trop, — sa façon simpliste d’envisager l’histoire, ses utopies humanitaires, ses imprécations contre les tyrans, — avec cette différence que, beaucoup plus abstraites chez le poète anglais, elles y sont à la fois moins dangereuses et plus fastidieuses. […] Grande différence ! […] Quelle différence !

1317. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

La seule différence qu’il y aurait, ce serait qu’en finissant de vous écrire, je craindrais que ma lettre ne fût une vieille guenille peu intéressante au bout de l’année ; mais, hors de là, je vous écrirais tout aussi fleissig144 qu’à, présent. […] Il y a entre nous un point de rapprochement qui aurait surmonté toutes les différences de goûts, de caprices, d’engouements qui auraient pu s’opposer à notre bonne intelligence ; nous nous serions souvent séparés avec humeur, mais nous nous serions toujours réunis. […] Un des premiers désirs de Benjamin Constant, à son adolescence, fut de voyager seul, à pied, vivant au jour le jour comme Jean-Jacques Rousseau ; mais il y avait entre l’illustre Genevois et le gentilhomme vaudois cette différence, que celui-ci trouvait à peu près partout, grâce à son nom et au crédit de sa famille, des bourses ouvertes et un accueil que le pauvre Jean-Jacques ne put jamais rencontrer au début de sa carrière.

1318. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Mais George Sand, quelle différence ! […] Georges m’a donné des commissions pour Bruxelles ; Georges m’a gagné quinze fr. au boston ; Georges m’a dit d’ouvrir une fenêtre pour chasser la fumée de nos cigares…… Quelle différence entre elle et eux, mon cher Monsieur ! […] Quelle pouvait être la cause de cette énorme différence qui séparait de valeur littéraire deux ouvrages portant le même nom ?

1319. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Il y a entre la science et le sentiment cette profonde différence que la première échappe à l’arbitraire et au caprice, tout en restant susceptible de développement à l’infini, tandis que l’autre est essentiellement personnel et forme par lui-même un bloc complet, en repoussant dans ses arrangements de ménage toute réglementation du dehors. […] Sans doute, l’art ne va point chercher dans la philosophie ses instincts et ses doctrines ; nous voulons seulement constater que la formation des idées tient à l’histoire intellectuelle du genre humain, à son développement ; qu’une idée-mère a sa génération presque fatale, et qu’elle se produit de haut en bas de l’échelle des concepts, avec des différences sans doute, mais jamais sans le signe analogique de son origine. […] À quoi tient cette différence ?

1320. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

Ces différences légères de jugement s’expliquent au reste très-bien : vous voyez la plupart de nos littérateurs et poëtes dans leur ensemble et dans une sorte de raccourci ; nous, nous les avons vus à l’œuvre au jour le jour et dans leur développement continu.

1321. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Après avoir considéré ces monuments d’une civilisation qui se détruit, on est tout étonné, lorsqu’on passe à une autre génération, de la différence de ton, d’amabilité, de manières.

1322. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

Pourquoi ces différences de chance et de succès ?

1323. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Il y avait, entre elles deux, différence de nature et d’habitudes.

1324. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

Qu’elle ait seulement conscience de son rôle et, pour le mieux remplir, qu’elle le modifie, le transforme et l’approprie en se pénétrant de la différence des temps ; qu’elle se fasse pardonner de paraître une Compagnie aristocratique en se ressouvenant plus souvent de son berceau d’institut national ; qu’en se rattachant sans doute aux gloires séculaires et à l’Académie de l’ancien régime, elle sache bien qu’elle n’en est pas la descendante directe ; que la généalogie de ses fauteuils est artificielle et toute chimérique ; que son titre principal est de date plus certaine et l’oblige plus étroitement, et qu’après tout elle est une fille elle-même de la Révolution.

1325. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

La différence est à la vue comme dans les noms. » Le sonnet de Du Bellay est la contrepartie du mot de Courier : il montre que la poésie, à qui sait la cueillir, est partout, et que les lieux les plus humbles, sous la vérité de l’impression, ne le cèdent en rien aux plus beaux, mais gardent d’autant mieux leur physionomie attachante.

1326. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

Ici la différence des natures se déclare.

1327. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

La parole, le style de Mme Roland est plus ferme, plus concis, plus net que le style de Mme de Staël en sa première manière ; cette différence tient au caractère, aux habitudes d’éducation des deux écrivains, et à dix années de plus chez Mme Roland.

1328. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre II. De la rectification » pp. 33-65

Nicolaï notait une différence très nette entre le personnage tel qu’il lui apparaissait et le même personnage tel qu’un instant après il se le figurait par un effort d’attention et de mémoire.

1329. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Cette liaison, toutefois, qui fut assez constante, ne fut jamais tendre: le goût de la haute littérature nous unissait, la différence de nos caractères tendait sans cesse à nous désunir.

1330. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

. — Pour la même raison, le poète tiendra compte des différences que les climats, les époques, la civilisation mettent entre les peuples.

1331. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Remarquons bien une différence entre nos deux grands tragiques dans le choix des sujets : depuis le Cid, Corneille n’a pas tiré une tragédie de la poésie ancienne, sauf Pompée, qui vient de Lucain, un historien rhéteur plutôt qu’un poète, et sauf OEdipe, dont il a fait ce que vous savez, du Sophocle habillé à la Quinault.

1332. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Et cette différence est immense.

1333. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

En effet, à la différence d’Horace qui buvait peu et à petits coups, et qui, tout en chantant le vin, fut souvent forcé de s’en tenir à l’eau, les éloges que Rabelais fait du Piot et de la Dive Bouteille sont d’un buveur effectif, et de l’homme qui déclarait mieux aimer boire frais que d’être papimane ou papefigue.

1334. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

Bourbon, homme fort savant, qu’il avait appris de lui à juger du mérite des auteurs, à distinguer les styles et les caractères, à faire la différence entre le bien et ce qui n’en est que l’apparence.

1335. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

Voici ce que produit une différence de quarante ans dans les choses humaines.

1336. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre I : L’histoire de la philosophie »

Les sensations de l’idiot sont aussi vives et aussi variées que celles de l’homme raisonnable : les différences naissent de la « célébration » des deux.

1337. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Je ne devine pas pourquoi on a voulu prescrire une même marche à toutes les sciences, sans consulter la différence essentielle de leur objet et de leur génie.

1338. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

Il y a bien peu de différence entre les caractères d’Aménaïde et d’Alzire.

1339. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

Homère est l’homme et Virgile est la femme… Idée bien simple, mais que, pour cette raison sans doute, tous les parallèles entre Virgile et Homère ont oubliée… Sainte-Beuve lui-même, qui darde si bien sa lancette dans la veine des sujets dont il veut nous faire voir le sang, Sainte-Beuve a omis comme les autres cette différence de sexe, dans la même nature de génie, qui pose d’un trait le rapport à établir entre Homère et Virgile et que la Critique a toujours manqué !

1340. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Μ. Ε. Renan » pp. 109-147

Renan, je ne vois pas grande différence.

1341. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

Quoiqu’il ait voulu, — nous dit-il, à la fin de son ouvrage, sentant bien où en est la faiblesse, — quoiqu’il ait voulu opposer « la dame cultivée (sic) de La Femme à la simple femme de L’Amour », et que par là il se soit placé dans des conditions de nuances inappréciables au gros des imaginations qui, d’ordinaire, les méprisent, il n’a pas su pourtant introduire entre ses deux livres les véritables différences qui font d’un même sujet deux œuvres distinctes, au moins par l’aperçu, par le détail, ou même par une manière inattendue de présenter la même pensée exprimée déjà.

1342. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Rien ne montre mieux cette différence de vision que la comparaison de deux portraits écrits à deux siècles de distance.

1343. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre II. L’âme et le corps »

Une oreille étrangère, si habituée qu’elle puisse être à la musique, ne fera pas de différence entre la prose française que nous trouvons musicale et celle qui ne l’est pas, entre ce qui est parfaitement écrit en français et ce qui ne l’est qu’approximativement : preuve évidente qu’il s’agit de tout autre chose que d’une harmonie matérielle des sous.

1344. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

C’était bien un peu le résultat de la différence des hommes, mais beaucoup plus encore le résultat de la différence des temps.

1345. (1903) Propos de théâtre. Première série

Entre la tragédie et le mélodrame, il ne peut donc y avoir qu’une différence de degré. […] C’est exactement comme Voltaire, avec cette différence que c’est le contraire comme dernier résultat. […] Cela fait une différence. […] Corneille est un poète, Racine est poète ; et voilà précisément la différence. […] C’est le même rôle, avec cette différence seulement qu’Antiochus a la délicatesse d’héroïsme plus raffinée et plus délicieuse que celle de Sévère.

1346. (1900) La culture des idées

La protubérance d’une de leurs facultés les désigne à l’analyse et à ce procédé d’analyse qui est la différenciation successive ; ainsi on arrive à discerner dans l’humanité une classe d’êtres dont le signe est la différence, de même que, pour l’humanité vulgaire, le signe est la ressemblance. […] S’il n’y a point de science de l’homme commun, moins encore y a-t-il une science de l’homme différent, puisque la manifestation de sa différence le constitue solitaire et unique, c’est-à-dire incomparable. […] Et même, en y regardant de plus près, le Martien qui voudrait s’instruire sur l’esthétique des formes terrestres observerait que, s’il existe une différence de beauté entre un homme et une femme de même race, de même caste et de même âge, cette différence est presque toujours en faveur de l’homme ; et que si d’ailleurs ni l’homme ni la femme ne sont entièrement beaux, les défauts de la race humaine sont plus accentués chez la femme, où la double saillie du ventre et des fesses, attrait sexuel sans doute, gauchit disgracieusement la double ligne du profil ; la courbe des seins est presque infléchie sous l’influence du dos qui a une tendance à se voûter. […] Je ne vois pas de différence (Waldmüller reproduit cette boutade en français.)

1347. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Toute la différence que je vois entre moi et M.  […] Entre la jeunesse si libérale de nos écoles et la censure, objet de ses mépris, je ne vois aucune différence.

1348. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

La différence de ces siècles au nôtre, c’est que la fidélité, la franchise & la discrétion étoient le partage des amans, & que depuis, ces vertus ont disparu, & même cédé la place aux vices opposés. […] Les uns & les autres ont puisé leurs premiers sujets de Tragédies dans les sources sacrées de la Religion, avec cette différence, que les Mystères respectables de la nôtre ne laissent à l’imagination aucune liberté, tandis que les Grecs pouvoient à leur gré parler de leurs Divinités, embellir leurs fables, & donner l’essor à leur génie.

1349. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Nommé, une seconde fois, il les avait tous mis en fiacre, et traînés au ministère des finances, où après une séance de sept heures, on était arrivé enfin à s’entendre et à s’expliquer sur une différence — une différence de 400 millions.

1350. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Il y fait bon méditer sur la vie, Assis sur un fagot une pipe à la main, Tristement accoudé contre une cheminée, et se dire que l’on ne voit point …… Beaucoup de différence De prendre du tabac à vivre d’espérance. […] Mais leur façon d’observer est toujours celle de Molière dans la boutique du barbier et de La Fontaine le long des chemins : ils en font un usage plus exclusif, voilà toute la différence. […] Héros grecs et héros du Moyen-Âge se valent bien : le « pourpoint » est un déguisement comme le « peplum » ; qu’ils s’agitent ou marchent à pas comptés, ils mènent les uns comme les autres ce « carnaval de la nature », que l’on voit déboucher en cortège tantôt ordonné, tantôt tumultueux, c’est toute la différence, des palais vermoulus de l’histoire164. […] Zola dit : « La modernité tend à rendre les œuvres dramatiques très complexes : les rôles ne sont plus d’un seul jet, coulés dans une abstraction : ils reproduisent toute la créature qui pleure et qui se jette éternellement à droite et à gauche189. » Cette réflexion peut se généraliser et s’appliquer au réalisme russe comme au réalisme français, avec cette différence énorme, radicale, qu’en France les naturalistes et les réalistes didactiques ne voient dans la créature humaine qu’un mécanisme tout passif, une sorte d’appareil fonctionnant mathématiquement sous l’empire aveugle des forces matérielles comme un baromètre sous la pression de l’atmosphère, tandis que les réalistes russes nous présentent cette créature, si hésitante, si affolée même qu’elle soit, comme ayant au-dedans d’elle un moteur particulier, un principe d’action tout moral, échappant le plus souvent, il est vrai, à son libre arbitre, mais commandé par une force supérieure émanée de haut, et non plus par la matière : « Les hommes de 1812 ont depuis longtemps disparu, leurs intérêts du moment n’ont laissé aucune trace, les effets historiques de cette époque nous sont seuls visibles, et nous comprenons comment la Providence a fait concourir chaque individu, agissant dans des vues personnelles, à l’accomplissement d’une œuvre colossale, dont ni eux, ni même Alexandre et Napoléon n’avaient certainement l’idée190. » Livre IV. […] « Pendant l’année 1812, la vie de province s’écoulait à Voronège comme d’habitude, avec la seule différence qu’il régnait dans la ville une animation inusitée : plusieurs familles riches de Moscou s’y étaient réfugiées par suite de la gravité des circonstances, et, au lieu des conversations banales et accoutumées sur le temps et sur le prochain, on causait de ce qui se passait à Moscou, de la guerre et de Napoléon. » À Moscou, il en est de même : « L’approche de l’ennemi ne rendit point les Moscovites plus sérieux : ils envisageaient, au contraire, leur situation avec une légèreté croissante, ainsi qu’il arrive souvent à la veille d’une catastrophe. » La conclusion est bien humaine, hélas !

1351. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Nulle part la différence d’aspect n’est tranchée autant qu’au Japon, entre les gens du grand air et ceux du travail enfermé des villes. […] Jusque-là, mon Jacques semble ne répéter que les doctrines de Raskolnikoff, Mais la différence entre Raskolnikoff et le personnage de mon roman, c’est que ce dernier, quand il veut tuer, sent toute une débâcle dans son cerveau à la vue seulement de sa victime. […] Les différences de tempérament, de milieu, d’âge font les différences d’opinions et aucun raisonnement n’y peut rien modifier.

1352. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

On voit la différence, et de quel côté se trouve la véritable éloquence. […] On voit la différence : un bas-relief à côté d’une pâle fresque. […] Egger, et, malgré ce charme naturel qui caractérise le génis de Fénelon, je suis frappé de graves différence, entre ce style abstrait et métaphysique d’un peuple vieilli et la naïveté pittoresque du langage antique78 ». […] Comparez à cette stérile abondance de l’évêque de Clermont l’énergique impétuosité de l’évêque de Meaux ; rien ne marque mieux la différence de leur génie. […] La différence des sujets fait naturellement jaillir les contrastes.

1353. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre II. Principale cause de la misère : l’impôt. »

Mais ces sortes de frais sont d’habitude, et ils y comptent, au lieu qu’ils craignent, s’ils devenaient plus exacts, d’être plus chargés l’année d’ensuite. » En effet, le receveur, qui paye ses garnisaires un franc par jour, les fait payer deux francs et gagne la différence.

1354. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIVe entretien. Littérature politique. Machiavel (3e partie) » pp. 415-477

Ces différences de régime intérieur détruisent-elles la nationalité générale et collective de l’Italie confédérée ?

1355. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXIXe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (2e partie) » pp. 321-384

La même compassion me reste, avec cette différence que je prie Dieu de faire que les parents soient raisonnables.

1356. (1863) Cours familier de littérature. XV « XCe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (3e partie) » pp. 385-448

Quelle différence !

1357. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Je n’ai jamais pu me rendre compte de cette différence entre ses jugements publics pendant qu’il vivait, et ses jugements confidentiels et posthumes avec la postérité.

1358. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

Mais bien des différences aussi les séparaient.

1359. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

A travers les différences de caractère ou de génie, un trait commun rapproche les ouvriers de cette poésie immense et variée comme le monde et l’histoire : le culte du beau plastique.

1360. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

Cependant, de l’embouchure de la Gironde jusqu’au-dessus d’Angoulême, la différence des idiomes en contact est si tranchée que le doute n’est pas permis et que le partage peut être fait avec une précision mathématique, au point que l’on doit diviser les communes où se parle d’un côté un dialecte d’oïl, de l’autre un dialecte d’oc.

1361. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Quelle différence existe-t-il donc à cet égard entre l’enfant et l’homme fait, entre le paysan et l’homme instruit ?

1362. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

A la différence de Rabelais et de Calvin, qui sont emportés à chaque instant, l’un par son imagination, l’autre par les illusions du raisonnement, vers l’extrême limite de leur nature, Montaigne se tient comme au centre de la sienne.

1363. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

Dans une époque où chaque parole demeure incomprise parcs qu’elle ne résulte plus de la conscience d’une unité entre les peuples, mais sert seulement à constater leur différence, dans ce temps la musique seule pouvait parler à l’humanité des choses communes à tous ces hommes, et, par ce langage, ranimer le sang Aryen et le Christianisme.

1364. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

Cet ouvrage étudie la doctrine wagnérienne et la différence de l’opéra traditionnel et du drame musical wagnérien.

1365. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Victor Hugo » pp. 106-155

Dans la préface de Rayons et Ombres il se promet, de montrer les hommes tels qu’ils devraient et pourraient être ; dans les Quatre vents de l’Esprit, il déclare sa croyance en l’homme entité, égal en tous ses exemplaires et s’applaudit d’abolir les différences qui mettent pourtant l’intervalle d’une espèce zoologique entre deux classes sociales.

1366. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

Vous voyez, Monsieur, que s’il y a des points de ressemblance dans le genre de malheur qui nous a atteints tous les deux, il y a pourtant cette différence que vous n’avez point été obligé de quitter votre patrie, et que vous avez pu réclamer l’assistance des tribunaux.

1367. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

quelle différence il y a entre un homme et un autre homme !

1368. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Dans le Romuald, de M. de Custine, il y a un sermon tout entier, prêché à la fin du roman, et il ne faut pas même être catholique pour reconnaître la différence de profondeur dans l’accent qui existe entre l’œuvre d’un écrivain catholique de conscience éternelle, et celle de l’écrivain qui ne l’est que par la supposition momentanée de son esprit.

1369. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

Enfin, au 17 avril 1915, il peut regagner le front. « Quelle différence avec le dépôt, et que je suis heureux !

1370. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

Les trois espèces de langues et d’écritures furent aussi contemporaines dans leur origine, mais avec trois différences capitales : la langue divine fut très peu articulée, et presque entièrement muette ; la langue des héros, muette et articulée par un mélange égal, et composée par conséquent de paroles vulgaires et de caractères héroïques, avec lesquels écrivaient les héros (σήματα, dans Homère) ; la langue des hommes n’eut presque rien de muet, et fut à peu près entièrement articulée.

1371. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Malgré les différences d’opinion, il a reçu le clergé français avec une charité vraiment chrétienne. […] Ils prirent donc le parti de s’éloigner, et rien ne les a, dans la suite, attachés plus fortement à nos intérêts que cette différence de manière et de caractère des deux peuples qu’ils ont vus s’établir dans leur voisinage. […] La seule différence qui existe alors entre l’écrivain et l’homme vulgaire, c’est que la turpitude du premier est connue, et que la lâcheté du second est ignorée.

1372. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Mais sa rude plaisanterie et ses phrases grossières suffisent pour marquer la différence des deux siècles et des deux pays. […] Il se mit ensuite à les traduire ; son secrétaire lui ayant volé les cent premières pages de la traduction, une révélation prudente vint aussitôt lui défendre de les refaire, pour empêcher les profanes de comparer les deux copies et d’y trouver des différences. […] « Plusieurs grains d’encens sont sur le même autel : l’un tombe plus tôt, l’autre plus tard ; nulle différence ». […] Notre science positive a mieux pénétré le détail des lois qui régissent le monde ; mais, sauf des différences de langage, c’est à cette vue d’ensemble qu’elle aboutit. […] Entre les deux branches de la souche primitive les différences étaient médiocres ; les aryens du couchant avaient apporté avec eux une imagination mieux équilibrée et moins grandiose, et ils avaient rencontré un climat plus modéré et plus propre à l’exercice de la raison.

1373. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Quelle différence incroyable dans le style de deux hommes, habitans de la même ville, parlant la même langue, voyant les mêmes objets ! […] Voleurs grossiers, copistes infideles, sans songer à l’extrême différence des tems & des lieux, à la varieté infinie des caracteres, à la fécondité de l’Art, ils n’ont jamais soupçonné que le Théâtre dût être la véritable école de la vie, & un amusement utile pour toutes les conditions. […] D’ailleurs, en lisant les lambeaux qui nous restent de ces tems reculés, il n’y a lieu à d’autre étonnement qu’à celui que cause la prodigieuse différence des manières anciennes & des nôtres ; & comment peut nous convenir ce fabuleux empreint dans les vestiges de l’antiquité ?

1374. (1929) Amiel ou la part du rêve

Même là, le professeur de philosophie ne perd pas une occasion d’appliquer les minutieuses classifications de ses cours. « Éprouvé la différence et mesuré la distance de la gaillardise à la polissonnerie, de la salacité à la galanterie, de l’érotisme à l’attrait et de l’attrait à la tendresse. » Le soir, au clair de lune, avec Philine, ce pourrait être l’heure du berger. […] La différence des pompholyx et des hommes, c’est que les premiers ne se trompent pas, et que les seconds se trompent presque toujours. […] Il appartient à la dernière génération pour qui le progrès des familles, l’étape de Paul Bourget, se soient faits de bas en haut, le long d’une différence de niveau qui, entre le lac et la Cour Saint-Pierre, est bien d’une soixantaine de mètres.

1375. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Cette conformité qu’on aperçoit dans leurs mœurs, leurs caractères et leurs goûts, malgré la différence de leurs vocations, se voit bien plus encore dans leurs écrits et dans leur style, malgré la différence des sujets qu’ils traitent. […] Pour l’immutabilité des attitudes, le pharmacien Homais vaut Bassecourt, avec quelque chose de général et de large pourtant que Bassecourt n’a point : différence de talent et non pas de doctrine. […] Toute différence gardée entre la langue de Lesage et la langue de M.  […] « Celui qui ne se plaît pas avec Regnard, dît Voltaire, n’est pas digne d’admirer Molière. » La différence de ces deux mots, se plaire et admirer, marque par une nuance très juste l’impression différente produite sur nous par Regnard et par Molière. […] On sent bien d’abord une différence vague, mais pourquoi ?

1376. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

On pourrait prendre, à chaque régime, des noms pour les opposer au sien et marquer en lui cette différence qui fait son originalité, sinon sa supériorité. […] Ce n’était point parce qu’il avait été victime qu’il jugeait ainsi ; il savait établir la différence entre les hommes d’alors, faire la part de la lâcheté, de l’ineptie, du fanatisme ; mais sur Robespierre il était curieux et inexorable à entendre ; le burin de Tacite, pour un instant, avait passé en ses mains.

1377. (1927) André Gide pp. 8-126

L’opération de la cataracte lui a révélé la différence des âges. […] sont comparables au gros orteil de la statue de saint Pierre, qui doit aux baisers des dévots sa luisance. » Le goût de Gide pour la nuance et la demi-teinte est choqué par ces effets voyants ; cependant Corneille et Shakespeare ont eu raison de ne pas se les interdire ; ils conviennent au drame, ils sont beaux en soi, c’est à la vérité du sentiment tragique qu’ils doivent leur éclat ; et ils ne sont nullement usés : ce qui établit au moins deux différences entre eux et l’orteil de saint Pierre.

1378. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

—  Différence des partis en France et en Angleterre. —  Différence des pamphlets en France et en Angleterre. —  Conditions du pamphlet littéraire. —  Conditions du pamphlet efficace. —  Ces pamphlets sont spéciaux et pratiques. —  L’Examiner. —  Les Lettres du Drapier. —  Le Portrait de lord Wharton. —  Argument contre l’abolition du christianisme.

1379. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Telle est la différence entre la philosophie des mots et la philosophie des effets1364. » Je n’ai point à discuter ces opinions ; c’est au lecteur de les blâmer ou de les louer, s’il le trouve à propos ; je ne veux point juger des doctrines, mais peindre un homme ; et certainement rien de plus frappant que ce mépris absolu de la spéculation et cet amour absolu de la pratique. […] En tout cas, ce jugement est la plus forte marque de la différence des deux peuples.

1380. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

Il faut au peuple l’égalité la plus grossière, la plus matérielle, la plus fausse par conséquent et la plus décevante, si vous ne pouvez pas constituer religieusement les différences qui existent entre les hommes. […] Quand la société sera ordonnée, que dira-t-on d’une société où le hasard, comme la Folie qu’Érasme faisait reine du monde, décide de tout, préside à tout ; où les inégalités naturelles et les différences de génie et d’inclinations, seuls éléments véritables, sont à peine comptées pour quelque chose, et sont tout à fait subalternisées par la naissance, que cependant toutes nos opinions proclament un préjugé ?

1381. (1904) Zangwill pp. 7-90

Ils les façonnent pourtant et les différences des peuples européens, tous sortis d’une même souche, le prouvent assez. […] Si telle est vraiment l’atteinte obtenue par les théories particulières, quelle ne sera pas la totale atteinte obtenue par la conclusion, où se ramassent et culminent toutes les ambitions des théories particulières ; je ne puis citer les théories particulières ; il faudrait remonter de la fin du volume au commencement, il faudrait citer presque tout le volume ; je cite au long la conclusion ; pourquoi n’éprouvons-nous que de l’indifférence quand nous découpons notre exemplaire de Taine, et pourquoi ne pouvons-nous découper sans regret notre exemplaire de Renan ; ce n’est point, comme le dirait un historien des réalités économiques, parce que les Renan coûtent sept cinquante en librairie et parce que les Taine, chez Hachette, ne coûtent que trois francs cinquante ; et pourquoi, découpant du Renan, recevons-nous une impression de mutilation que nous ne recevons pas découpant du Taine ; c’est que, malgré tout, un livre de Taine est pour nous un volume, et qu’un livre de Renan est pour nous plus qu’un livre ; et pourquoi ne peut-on pas copier du Taine, et peut-on copier du Renan, en se trompant, il est vrai ; et pourquoi est-ce un bon plaisir que de corriger sur épreuves un texte de Renan, et se fait-on un devoir de [corriger sur épreuves un texte de Taine ; telle est la différence que je vois entre les héritages laissés par ces deux grands maîtres de la pensée moderne. « J’ai voulu montrer », dit Taine en forme de conclusion : « J’ai voulu montrer la formation complète d’une œuvre poétique et chercher par un exemple en quoi consiste le beau et comment il naît.

1382. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Mais quelle différence entre la nature de ces pacants et la nature aristocratique de Voltaire ! […] L’Encyclopédie est, dans l’ordre de la pensée et de l’érudition philosophiques, ce que furent, dans l’ordre de l’art, les cathédrales du moyen âge, — mais avec cette formidable différence que le sentiment qui animait les grands artistes du moyen âge a eu beau perdre de son énergie, de sa profondeur et de sa beauté dans le cœur des nations modernes, les magnifiques chefs-d’œuvre qu’on leur doit n’en existent pas moins à l’état de chefs-d’œuvre, enlevant d’admiration ceux qui les contemplent, tandis que l’Encyclopédie, dont on croyait faire quelque chose comme une cathédrale de Cologne ou de Strasbourg de l’impiété, ne fait plus guères l’effet que d’une masse informe, incohérente, sans grandeur réelle, dont se détournent également à cette heure l’imagination et la raison des hommes.

1383. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Il s’expliquera lui-même, et la différence de son style et du nôtre marquera, mieux qu’un commentaire, la différence des deux civilisations. […] — Très grands amis, dirent-ils. — En effet, on dit que tout est commun entre amis, de sorte qu’en fait de richesse il n’y a pas de différence entre vous, si vous êtes amis comme vous le dites. » — Ils l’accordèrent. […] Troisièmement, il sera reçu et conduit en carrosse par un seul huissier, à la différence des princes du sang qui le sont par deux, et des pairs qui ne le sont point du tout. […] Son adhésion seule pouvait mettre une différence entre César et Sp.  […] Ceux qui aiment mieux la politique que l’histoire effacent ou méconnaissent ces différences.

1384. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

La principale différence entre ce Barrès d’il y a vingt-cinq ans et celui d’aujourd’hui est de pure forme. […] C’est, me dit-il, un maître presque complet, un écrivain éloquent et un manieur d’hommes… Mais peut-être ne voyait-il pas de différence très nette entre l’influence de Jésus sur les apôtres et sa propre dictature à l’École normale. » Renan se plaignit qu’on eût présenté ce volume de Cousin comme son livre de prédilection. […] En tout cas, on ne distingue aucune différence profonde entre sa position et celle de Rousseau, de qui M.  […] Dans toutes ces traversées, je n’ai jamais aliéné ma volonté et mon jugement, hormis un moment dans le monde de Hugo et par l’effet d’un charme… Lorsqu’il a rédigé ces lignes, il désirait plutôt atténuer ce qui lui semblait désormais une erreur ; il admet pourtant une différence entre cette étape et la plupart des autres.

1385. (1887) Essais sur l’école romantique

Il en résulte une différence assez remarquable, c’est que le roman du dernier siècle étant presque toujours l’ouvrage d’un esprit mûr, revenu des illusions de la vie, et qui raconte sa propre histoire, les peintures du cœur y sont plus vraies, les sentiments plus naturels, les traits plus délicats et plus choisis : aujourd’hui que le roman est fait par des jeunes gens, la plupart ayant du talent, mais peu ou point d’expérience, les sentiments y sont plus exagérés, les détails plus confus, les caractères plus fantaisistes. […] Il est impossible, quand on lit aujourd’hui des vers, de n’être pas préoccupé de cette différence, et de ne pas remarquer avec quelque inquiétude l’esprit public courir ainsi d’une chose à l’autre, se déplacer, effleurer les questions, les jeter au vent comme choses de mode et d’exercice, et comme occasion de paroles ingénieuses, ne rien vider, et battre sans cesse le bon et le mauvais grain, sans songer à les séparer définitivement. […] Non, Jules Janin, ce n’est pas sérieusement que vous l’avez dit, vous surtout qui n’avez jamais abaissé votre plume devant les plus notables popularités théâtrales de notre temps ; vous qui avez eu tant d’actes tués sous vous, vous savez mieux que personne qu’il n’y a pas une si grande différence entre le dramaturge et le critique, que la gloire de l’un soit une défaite pour l’autre. […] Notre Béranger, aussi solitaire, aussi en dehors de la société française que lord Byron, mais avec la différence qu’il y a entre un pauvre petit bourgeois de France et un noble lord d’Angleterre, entre une solitude casanière dans une petite maison de Passy ou de Fontainebleau et la solitude errante et voyageuse à grands frais de lord Byron, notre Béranger a aussi une physionomie qui n’est qu’à lui : et ce que j’ai dit des petits enfants de l’Angleterre, à l’égard de lord Byron, je le dirai avec plus de raison encore des petits enfants de notre France à l’égard du bon Béranger. […] De cette différence dans les organisations, il en résulte une bien notable dans les destinées.

1386. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Voici comment : « Ceste demoiselle, dit-il, apprenant et voyant à l’estime de la Cour les différences de ce qu’elle avait perdu et de ce qu’elle possédoit, amassa une mélancholie dont elle tomba malade, et n’eut santé jusqu’à la mort. » Il raconte, dans un sonnet, que le souvenir de Diane ne cessait de le tourmenter, et qu’il se réveillait au milieu de la nuit, en poussant des soupirs aussi forts que le bruit Que fait parmi les pins la rude tramontane. […] Je ne parle pas de leurs arts respectifs ; la différence en cela saute aux yeux. […] Mais à peine cette herbe est-elle mise en cendre Qu’en mon premier état il me convient descendre, Et passer mes ennuis à redire souvent : Non, je ne trouve point beaucoup de différence De prendre du tabac à vivre d’espérance, Car l’un n’est que fumée, et l’autre n’est que vent. […] La différence est qu’il n’y a pas moyen, pour Corneille, lorsqu’il se trompe de se sauver par la grâce, et que la séduction de Racine ne connaît pas d’obstacle.

1387. (1901) Figures et caractères

Il en écoute le silence, en parcourt les paysages, en retient la couleur, note tout d’un trait précis, minutieux et magistral, il consulte les architectures et les sites, sensible à tout, à un bruissement d’eau dans un aqueduc rompu… Par une sorte de vision simultanée, il voit ce qui est et ce qui a été ; le présent et le passé se superposent en sa pensée avec leurs rapports et leurs différences, ce qui les lie et les sépare. […] C’est en la lumière de cette foi humaine que s’unissent les différences de sa nature prismatique ; toutes les couleurs s’y fondent en une blancheur totale ; et c’est vêtu de la pure tunique des prophètes qu’il écrit la Bible de l’Humanité, qu’il rompt le pain du Banquet. […] Ces sourdes hostilités, provenant de différences de nature, persistèrent, s’accrurent et finirent par séparer les unes des autres ces personnalités diverses. […] Il souffrait de cette différence qu’on faisait trop souvent entre le causeur et l’écrivain, et qui servait à rabaisser l’un aux dépens de l’autre. […] Pour en mieux marquer la différence, il met en parallèle le père et le fils et fait du mérite de l’un un repoussoir pour la bassesse de l’autre.

1388. (1774) Correspondance générale

Il y a bien de la différence entre se séparer du genre humain et le haïr. […] Est-il bien sûr qu’on fasse autre chose que les amuser, et qu’il y ait grande différence entre le philosophe et le joueur de flûte ? […] Malgré la distance des lieux et la différence du pays, le goût d’un art que je cultive et que vous embellissez doivent nous rapprocher, ainsi que l’amitié de M.  […] Ses frères sont des bêtes féroces, avec cette différence que les frères ont fait le supplice et la ruine de la maison et que la sœur en a fait la consolation et le soutien. […] Cela fait la différence de trois mois et peut-être de six pour mes arrangements.

1389. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Huysmans étudiait le monde clérical, faisait la différence du clergé régulier d’avec le séculier, comparait les sanctuaires et les maîtrises, dépouillait les ouvrages spéciaux. […] Nous faisons une différence entre l’assassin vulgaire et celui qui, sans hésitation et sans défaillance, avec audace et sang-froid, a été sûrement à ses fins ; et, tandis que nous n’avons pour le premier que de l’horreur, le second nous inspire une sorte d’admiration. […] Point de différences, point d’originalité, point de personnalité. […] Au surplus, tous ces bonshommes peuvent avoir entre eux des différences individuelles ; ils se ressemblent par des traits qui leur sont communs, étant inhérents à la profession elle-même. […] De la différence naît l’hostilité.

1390. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Quant aux différences de situation ou de talent qui séparent présentement M. de Vigny de M.

1391. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

En ces sortes d’ouvrages surtout, où il y a couleur et fleur, c’est une différence incomparable de vieillir dans le tiroir ou de vieillir à la lumière.

1392. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

On peut, entre le programme tracé au début par Du Bellay et le résultat final, entre ce qui a été promis et ce qui a été tenu, établir une balance très-inégale et se prévaloir de la différence ; il n’en est pas moins vrai que des qualités essentielles et neuves furent conférées à la langue poétique ; de beaux et charmants exemples furent donnés.

1393. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

Causes de cette différence. — L’art d’écrire en France. — À cette époque il est supérieur. — Il sert de véhicule aux idées nouvelles. — Les livres sont écrits pour les gens du monde. — Les philosophes sont gens du monde et par suite écrivains

1394. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

Quelle différence d’accent, disions-nous, avec le poète lyrique de Bethléem !

1395. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

Ces droits appartiennent également à tous les hommes, quelle que soit la différence de leurs forces physiques et morales.

1396. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (4e partie) » pp. 429-500

Il y a une légère différence entre la saison sèche et la saison humide ; mais en général la saison sèche, qui dure de juillet en décembre, est entremêlée d’averses, et la saison humide, qui dure de janvier à juin, de jours de soleil. » III « Les récits des voyageurs nous entretiennent souvent du silence et de la sombre horreur de la forêt vierge.

1397. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Moins sobre, moins plein, moins sûr, c’est le même style que dans le Roland, lit, si l’on fait la différence des siècles, c’est le style de Dumas père ou de Scribe : le style enfin du dramaturge ou du romancier, qui n’est que cela.

1398. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

Il se plaisait à rapprocher les littératures des nations européennes, à faire ressortir les différences que la diversité des circonstances historiques et des institutions sociales avait mises entre elles, à suivre les actions et réactions d’un pays sur l’autre : il faisait une grande place à l’Angleterre dans son étude de notre xviiie  siècle, et pour le moyen âge il suivait le développement parallèle de la littérature en France, en Italie, en Espagne, en Angleterre.

1399. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

Et Sapho — avec les différences que vous sentez et qui sont toutes à l’avantage de Daudet — est simplement la Manon Lescaut de ce siècle : c’est notre version, à nous gens d’à présent, de l’éternelle aventure des captifs de la chair ; version parfaite et définitive, d’une signification si générale et d’une couleur si particulière !

1400. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Quand on parle du style de Corneille, du style de Racine, tout esprit cultivé s’en fait une idée, et, à la différence de celui de Voltaire, il est plus aisé de dire ce qu’est ce style que ce qu’il n’est pas.

1401. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

Une sainte Vierge chez un homme réfléchi et chez un paysan, quelle différence !

1402. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

Le temps et les communes défaites ont effacé bien des différences.

1403. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, le 8 décembre 1885. »

Dans les Vainqueurs la victoire est celle du renoncement ; c’est l’idée de Parsifal, mais avec cette différence que le renoncement y est victorieux par soi, seul, et sans l’action.

1404. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

L’on constatera une différence fondamentale et un progrès.

1405. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Quelques changements de décorations de plus ou de moins, voilà toute la différence.

1406. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Tous les deux, la même année, faisaient une fin très honorable, seulement avec cette différence que Maucroix persista dans cette fin, si je puis m’exprimer ainsi, tandis que La Fontaine, vous savez d’avance… Je serai court sur le mariage de La Fontaine et ce qui s’en suivit.

1407. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

C’est un robuste dans le genre du Courbet des Baigneuses, qui se lavent au ruisseau et qui le salissent, avec cette différence pourtant que Courbet peint grassement et que Flaubert peint maigre et dur.

1408. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Eh bien, que l’on compare, si on l’ose, ce traité du gentilhomme, ce rituel mondain de l’aristocratie anglaise, avec le traité de Balzac, et on verra si l’abîme qui sépare ces deux livres vient uniquement du mouvement des temps et de la différence des époques, mais s’il ne tient pas plutôt au fond même des notions de l’écrivain !

1409. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Nous savons bien encore, si vous voulez, qu’Alceste est ridicule ; mais nous n’avons pas le cœur de rire de lui : voilà la différence. […] L’occasion paraît bonne de comparer le romanesque et la poésie et d’en marquer, s’il se peut, les différences. […] La seule différence de fond que la Vie de bohème m’ait fait clairement sentir entre les jeunes gens du temps de Louis-Philippe et ceux d’aujourd’hui, c’est, chez ces derniers, une décroissance de la gaieté et du romanesque de leur âge, une manière un peu brutale, méprisante, positive et expéditive dans les choses de l’amour, ou plutôt du plaisir.

1410. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

La différence, c’est qu’il étudiait les textes grecs, et que nous étudierons les textes français ; mais le procédé sera le même, autant que possible. […] C’est la différence d’une nouvelle connaissance à un ancien ami. » — Eh bien, à chaque instant, chez les vrais écrivains, on goûte l’un ou l’autre plaisir : à chaque pas, on fait de nouvelles et charmantes connaissances, ou bien on rencontre d’anciens amis. […] Elles rappellent ce jeu innocent, les ressemblances et les différences. […] Étudions la différence des procédés du drame et des procédés de la tragédie, les avantages du premier système et les inconvénients du second. […] … Que conclure de cette différence ?

1411. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Il y a cette différence que les plans de Bourdaloue sont antérieurs à ses divisions ; il ne divise le sujet que pour le mettre à la portée de son auditoire ; la division n’est pour lui qu’une méthode d’exposition. […] Mais il y a bien de la différence entre une thèse que l’on pose et que l’on soutient pour elle-même, à la façon de Condorcet, et d’autre part, à la façon de Marivaux, une thèse où l’on est insensiblement amené par des considérations qui n’ont guère qu’un point de contact avec la thèse. […] Mais voici la différence, — et c’est peut-être une de ces différences qui mettent un abîme entre le talent et le génie, — Racine est simple et Marivaux ne l’est pas. […] » C’est aussi sa façon d’admirer les œuvres de l’art : « La différence qu’il y a entre la Madeleine du Corrège et celle de Vanloo, c’est qu’on s’approche tout doucement de la Madeleine du Corrège, qu’on se baisse sans faire le moindre bruit, et qu’on prend le bas de son habit de pénitente, seulement pour voir si les formes sont aussi belles là-dessous qu’elles se dessinent au dehors. » Je ne choisis pas le passage au hasard de la lecture ; il est encore du petit nombre de ceux que l’on puisse convenablement citer. […] Si vous cherchez une différence fondamentale entre la peinture italienne et la peinture allemande, vous la trouverez dans ce fait que les grands Italiens sont sortis de l’école de la mosaïque et de la fresque, tandis qu’Albert Dürer sortait d’une école de gravure.

1412. (1881) Le naturalisme au théatre

Rien n’est singulier comme la formation de ces deux mondes si tranchés, le monde littéraire et le monde vivant ; on dirait deux pays où les lois, les mœurs, les sentiments, la langue elle-même, offrent de radicales différences. […] Certes, il y a des différences, je ne puis faire ici une étude de chaque auteur dramatique et indiquer l’argile dans le monument qu’il élève.

1413. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Fauriel fut amené, par l’étude des littératures, des philosophies, des langues, par l’étude de l’arabe comme par la lecture du Dante, par tous les points à la fois, à sentir la différence qu’il y a entre la société moderne et l’ancienne. […] Celui-ci pourtant éprouvait des regrets pénibles au milieu de ses espérances : en même temps qu’il sentait que la poésie n’est réellement conforme à ses origines et à son but que lorsqu’elle se rattache à la vie vraie d’une société et d’un peuple, il comprenait que, pour toutes sortes de causes, l’Italie restait un peu en dehors de cette destinée naturelle ; l’extrême division des États, l’absence d’un grand centre, la paresse et l’ignorance, ou les prétentions locales, avaient établi de profondes différences entre la langue ou plutôt les langues parlées, et la langue écrite. […] Les rapports immédiats de l’histoire de Charlemagne avec celle des Lombards ne l’intéressaient pas uniquement ; il cherchait à se bien fixer sur les conditions générales de l’établissement de tous les conquérants barbares, sur les différences en particulier qu’il pouvait y avoir entre les habitudes des Franks et celles des Lombards mêmes ; il aurait voulu pouvoir découvrir quelque chose de l’état de la population indigène sous ces derniers, deviner ce qui en était de ces peuples subjugués et possédés sur le compte desquels rien ne transpire, que taisent les chroniques, que les historiens modernes ne soupçonnent pas, et dont un de ses chœurs nous rend le sourd et profond gémissement.

1414. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Avec Charles XII et le Siècle de Louis XIV, il commence à saisir les différences de style. […] Dans la Galerie des Glaces, il existe autant de drames intérieurs qui se jouent simultanément qu’il y a de personnages ; placés devant leur propre hésitation sur eux-mêmes, sur leur essence, sur ce qu’ils représentent, les drames naissent des seules différences de caractère de ces personnages qui vivent dans un milieu très civilisé. […] Il est loyal de lui montrer nos différences.

1415. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Mais quelle différence d’accent et de ressort !

1416. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Dès les premiers feuilletons du Publiciste, à la date de floréal an X, sous le titre de Pensées détachées, s’en trouvent quelques-unes du cachet le plus net, du tour le mieux creusé, — très-fines à la fois et très-étendues, très-piquantes et très-générales ; par exemple : « Un mot spirituel n’a de mérite pour nous que lorsqu’il nous présente une idée que nous n’avions pas conçue ; et un mot de sensibilité, lorsqu’il nous retrace un sentiment que nous avons éprouvé : c’est la différence d’une nouvelle connaissance à un ancien ami. » Et cette autre : « La gloire est le superflu de l’honneur ; et, comme toute autre espèce de superflu, celui-là s’acquiert souvent aux dépens du nécessaire. — L’honneur est moins sévère que la vertu ; la gloire est plus facile à contenter que l’honneur : c’est que, plus un homme nous éblouit par sa libéralité, moins nous songeons à demander s’il a payé ses dettes. » Elle entre à tout moment dans le vrai par le paradoxal, dans le sensé par le piquant, par la pointe pour ainsi dire ; il y a du Sénèque dans cette première allure de son esprit, du Sénèque avec bien moins d’imagination et de couleur, mais avec bien plus de sûreté au fond et de justesse : une sorte d’humeur y donne l’accent.

1417. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Parmi les esquisses déjà neuves et vives, qui plus tard se développeront en tableau, je recommande un coucher de soleil58, dont on retrouve exactement dans les Études, au chapitre des Couleurs, les effets et les intentions, mais plus étendues, plus diversifiées : c’est la différence d’un léger pastel improvisé, et d’une peinture fine et attentive.

1418. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

dit Candide, il y a bien de la différence, car le libre arbitre… En raisonnant ainsi, ils arrivèrent à Bordeaux.

1419. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

Les chrétiens vivent, multiplient, prient, trafiquent, s’enrichissent, possèdent leurs privilèges sous la protection de leurs magistrats ou de leurs consuls ; les Turcs règnent et gouvernent : voilà toute la différence.

1420. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

On se demande si les sexes doivent faire des différences dans la loi de partage ; si les filles, par leur état de faiblesse et de minorité, espèce d’esclavage attribué par la nature à la femme, doivent posséder des propriétés territoriales qu’elles ne peuvent pas assez défendre.

1421. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

« “L’expédition des Anglais au pôle nord, disait ce savant dans une de ses dernières lettres que j’ai lue, et mon voyage au centre de l’Afrique, doivent résoudre les deux plus grands problèmes géographiques qui nous restent sur le globe, avec la différence que, si je réussis, ma mission produira infiniment plus de résultats utiles à l’humanité que le voyage au pôle.”

1422. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

Entre un politique et un utopiste, il y a la différence du songe à la réalité, c’est-à-dire d’une ombre à un monde : l’un plane dans les régions du possible ou de l’impossible (car ces songes, si l’utopiste est absurde, sont bien souvent même des impossibilités) ; l’autre marche sur le sol inégal, raboteux et résistant des choses humaines.

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