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551. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

À pied, ou sur des chars brillants d’ivoire et d’or, Ou sur une trirème embarquant leur trésor, Ils erraient : Antioche, Alexandrie, Athènes, Tour à tour leur montraient ces lueurs incertaines Qui, dès qu’un œil humain s’y livre et les poursuit, Toujours, sans l’éclairer, éblouissent sa nuit. […] quand je vous ai dit à mon tour ma tristesse, Et qu’aussi j’ai parlé des jours pleins de vitesse, Ou de ces jours si lents qu’on ne peut épuiser, Goutte à goutte tombant sur le cœur sans l’user ; Que je n’avais au monde aucun but à poursuivre ; Que je recommençais chaque matin à vivre ; Oh ! […] Puis, quand ces nœuds du sang relâchés avec l’âge T’auront laissé, jeune homme, au tiers de ton voyage, Avant qu’ils soient rompus et qu’en ton cœur fermé S’ensevelisse, un jour, le bonheur d’être aimé, Hâte-toi de nourrir quelque pure tendresse, Qui, plus jeune que toi, t’enlace et te caresse ; À tes nœuds presque usés joins d’autres nœuds plus forts ; Car que faire ici-bas, quand les parents sont morts, « Que faire de son âme orpheline et voilée, À moins de la sentir d’autre part consolée, D’être père, et d’avoir des enfants à son tour, Que d’un amour jaloux on couve nuit et jour ?  […] Nos défauts moraux ou physiques influent beaucoup sur notre humeur, et sont souvent la cause du tour particulier que prend notre caractère. […] « C’est ce sérieux, ce tour de réflexion noble et tendre, ce principe d’élévation dans la douceur et jusque dans les faiblesses, qui est le fond de la nature de Virgile, et qu’on ne doit jamais perdre de vue à son sujet. » XVI La reconnaissance pour Auguste, à qui il doit la restitution de son petit bien aux bords du Mincio, s’exprime bientôt après en vers magnifiques dans le commencement du livre III de son second ouvrage, les Géorgiques.

552. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

L’Énéide est un miracle d’ingéniosité, un extraordinaire tour de force. […] Sa personne est d’autant plus attachante qu’on n’a sur elle qu’un petit n’ombre de renseignements, d’ailleurs contradictoires (Boileau, Saint-Simon, l’abbé d’Olivet), et qu’on la devine plus qu’on ne la connaît, aux hardiesses de toute sorte dont son livre abonde : hardiesses atténuées par des restrictions et de certains tours énigmatiques, soit nécessité, soit appréhension secrète des conséquences extrêmes de sa pensée. […] De même que la fantaisie de Cyrano de Bergerac répercute tout le pédantisme fleuri du temps de Louis XIII, de même qu’un grand nombre des facéties de Duvert et de Labiche supposent le romantisme : ainsi les écritures bizarres d’Alphonse Allais, par leurs tics, clichés et allusions, par le tour indéfinissable de leur rhétorique et de leur « maboulisme », impliquent toute l’anarchie littéraire de ces quinze dernières années… (Laissez-moi ouvrir ici une parenthèse. […] Comme son aïeul, il connut plus d’un tour et valut à son maître un beau château. […] Elles se sont mises à écrire à leur tour ; et la grâce la plus aisée, l’expérience la plus fine et la plus clémente, le spiritualisme le plus délicat ornent leurs récits ; et c’est en ajoutant au meilleur de ce qu’il passait pour représenter qu’elles gardent le nom dont elles sont dépositaires.

553. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

Ce plan enfin est réalisé à son tour ; mais Wagner sent alors que ses contemporains, n’ayant pas comme lui réfléchi sur l’œuvre d’art, ne peuvent guère, même en son théâtre, comprendre pleinement son œuvre. […] L’esprit allemand allait avec Luther s’imposer au monde, lorsque la guerre de Trente ans détruisit la nation allemande ; la légèreté latine envahit le monde ; mais dans le peuple l’esprit national persista, et il créa la musique allemande de Sébastien Bach, le Gœtz de Goethe, l’art allemand qui, à son tour, refera la nation allemande. […] Les appels de Brangaine au haut de sa tour ont beaucoup de couleur, et la péroraison du grand duo : Mourons tous deux, a de la chaleur. […] Tour la première fois, une des créations de la seconde manière de Wagner était traduite en français et représentée par des chanteurs français : quelle physionomie prendrait la pièce ? […] Le tour de force est prodigieux et — chose surprenante !

554. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Elle conserve d’ailleurs une réelle supériorité de force, grâce à la discipline qu’elle s’impose, et aux mesures qu’elle prend pour empêcher la classe inférieure de s’organiser à son tour. […] Surtout, ils doivent agir sur une matière, servir d’armes de chasse ou de pêche, par exemple ; le groupe dont il est membre aura jeté son dévolu sur une forêt, un lac, une rivière ; et cette place, à son tour, un autre groupe pourra juger plus commode de s’y installer que de chercher ailleurs. […] On la développera à son tour, négligeant maintenant la première, et ce nouvel effort se prolongera jusqu’à ce que, renforcé par de nouvelles acquisitions, on puisse reprendre celle-ci et la pousser plus loin encore. […] La tendance antagoniste prend alors la place restée vide ; seule à son tour, elle ira aussi loin qu’il lui sera possible d’aller. […] La vérité est qu’une tendance sur laquelle deux vues différentes sont possibles ne peut fournir son maximum, en quantité et en qualité, que si elle matérialise ces deux possibilités en réalités mouvantes, dont chacune se jette en avant et accapare la place, tandis que l’autre la guette sans cesse pour savoir si son tour est venu.

555. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Les barrières du champ clos n’existant plus, ces talents ont pu, sans infidélité, aller à leur tour dans tous les champs de l’avenir, qui déjà, de bien des côtés, s’ensemençaient sans eux ; ils ont pu arriver à temps, et là, en perspectives sociales, en espérances, en images sublimes, prélever, par droit de génie, toutes les dîmes glorieuses, qu’ils ajoutent chaque jour à leurs vieilles moissons. […] Nous avons déjà eu plus d’une fois l’occasion de le remarquer, ce qui est particulier à Lamartine consiste dans un certain tour naturel de sentiments communs à tous. […] Pourquoi Jocelyn ne serait-il pas à son tour un de ces livres populaires dans la famille ? […] Dans les tours de Bothwell, prisonnier autrefois, Plus d’un brave oubliait (tant cette Clyde est belle !) 

556. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Ces discours, par leur façon nette, leste, piquante, et leur tour d’imagination dans la louange, rappelleraient assez le genre de Chamfort, n’était ce sentiment exquis d’admiration littéraire que le xviiie  siècle n’eut jamais. […] Et là où il faut se souvenir, sa mémoire vaste, distincte, actuelle, et qui a un certain tour d’invention, devient un nouvel étonnement. […] S’il n’y avait eu alors les Auger, Arnault et quelques autres, je pourrais ajouter : Quelle plus inviolable tour pour assister de haut et pour ne se mêler qu’à son heure au combat ! […] Cette année a fourni une ample moisson de poëtes, » ce serait avec un sourire d’aimable raillerie, et non en homme qui se pique de faire et de réciter à son tour des hendécasyllabes.

557. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

. — M. de Laprade, à son tour, célébrant la Coupe, dans une pièce pleine de beaux vers, a dit : Des hautes voluptés nous que la soif altère, Fils de la Muse, au vin rendons un culte austère, Buvons-le chastement, comme le sang d’un Dieu. […] On a, depuis, brodé sur cette époque de la jeunesse de Désaugiers, car il a eu et il a sa légende, comme il convient à un type jovial et populaire ; on a inventé mainte anecdote sur lui non moins que sur Rabelais, non moins que sur La Fontaine, et il est devenu matière à vaudevilles à son tour. […] Que si, sous sa forme purement folâtre et dans la voix bruyante de l’ivresse, elle est moins faite pour séduire les âmes délicates et tendres, elle prend parfois aussi des accents d’une telle richesse, d’une folie si éclatante et si sincère, qu’elle a force de poésie à son tour, et que, bon gré mal gré, elle entraîne. […] Il y avait entre elles et lui le dernier tour de promenade solitaire et le tête-à-tête du lendemain matin.

558. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

Pour nous, au reste, qui avons à l’envisager surtout comme auteur d’un délicieux ouvrage, elle est assez complète, et l’inachèvement même de sa destinée devient un tour romanesque de plus. […] Le style de ce charmant livre est au total excellent, eu égard au genre peu sévère ; il a le nombre, le rhythme, la vivacité du tour, un perpétuel et parfait sentiment de la phrase française. […] Mais combien cette seconde influence, mystiquement chrétienne et charitable, lui conservait d’amour de la liberté encore, au prix de ce qui s’opéra en lui lorsqu’elle se fut refroidie à son tour ! […] On a conservé dans le pays la tradition du supplice des cent quatre-vingts hérétiques immolés au Mont-Aimé, qui domine ces plaines, et dont la tour était encore debout il y a quelques années.

559. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIVe entretien. Littérature politique. Machiavel (3e partie) » pp. 415-477

La France a répandu son esprit de rénovation dans toute l’Europe ; la France, nation moins douée des dons intellectuels, mais plus militaire et plus unifiée que vous, vous a conquis à son tour ; elle a fait d’abord chez vous des républiques à son image : républiques parthénopéenne, romaine, ligurienne, cisalpine, où Naples, Rome, Gênes, Milan, croyaient quelques jours renaître à la liberté en revêtant les noms et les costumes antiques ; puis, quand la France a repris pour sceptre le sabre du général Bonaparte, elle vous a transformés ou travestis à son image. […] Vous voyez bien que c’est un rêve plus aisé à déclamer qu’à reconstruire ; vous voyez bien que, pour reconstruire ce rêve de l’empire maritime, territorial et aristocratique de Venise, Il faudrait d’abord que l’Angleterre ne fût pas née, et n’eût pas succédé à Venise dans la monarchie navale et commerciale du monde ; Il faudrait que la route des Indes par le cap de Bonne-Espérance n’eût pas été découverte ; Il faudrait que l’Amérique elle-même ne fût pas sortie des flots à la voix de Colomb, et que ce continent n’eût pas créé un échange nouveau et immense entre les deux mondes, un déplacement de la Méditerranée à l’Océan ; Il faudrait que l’Angleterre ne possédât ni Corfou, ni Malte, ni Gibraltar ; que la France ne possédât ni Toulon ni Marseille ; que Constantinople ne possédât ni les Dardanelles ni le Bosphore ; il faudrait enfin que l’Allemagne, devenue puissance navale et commerciale à son tour, n’eût pas créé Trieste, ou qu’elle y renonçât pour complaire à l’ombre de Venise ; il faudrait que l’Allemagne ne possédât pas dans Trieste le débouché nécessaire à l’écoulement des produits de soixante millions d’hommes germains, en rapports de plus en plus étroits avec tout l’Orient ; Il faudrait que l’Allemagne consentît à se laisser murer dans ses terres au fond du golfe Adriatique, par une nouvelle Venise qui lui en fermerait les flots. […] Rendez-lui donc son territoire byzantin et sa Tour des Génois jusque sur la colline de Constantinople ! […] L’Italie redevient ainsi le champ de bataille inévitable et perpétuel de la France, de l’Autriche et de l’Angleterre ; l’annexion universelle n’est qu’un drapeau de guerre avec l’Angleterre, élevé par la main de la maison de Savoie tantôt pour, tantôt contre ces trois grandes puissances et contre l’Europe, drapeau que chacune de ces puissances viendra abattre à son tour dans une main monarchique très militaire, mais trop récente, trop faible, trop étroite pour en couvrir l’Italie.

560. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

Je ne me crois ni plus ni moins d’intelligence que la généralité des hommes de mon siècle, et, à mon tour, je vous déclare que j’ai appliqué, pendant la moitié de ma vie, toute l’intelligence telle quelle dont Dieu m’a plus ou moins doué à comprendre ce que vos apôtres et vos faux prophètes vous promettent dans ce que vous appelez l’organisation du travail, et que, malgré toute mon application et tous mes efforts, il m’a été impossible d’y rien comprendre. […] « — Eh bien, leur dis-je, je vais vous définir à mon tour le seul socialisme vrai qui vous travaille et qui vous pousse à votre insu ici, pour exiger ce que vous ne savez pas définir, et dont vous croyez que nous avons le secret et la formule. […] Vous voulez que le capital, qui appartient à tous, et qui n’est que le réservoir du nécessaire et du superflu de tout le monde, soit libre comme le travail, car, s’il n’est pas libre, il se cachera, il ne se montrera plus, il ne consommera plus, et par là même il fera mourir de faim le travailleur, en cessant de se répandre en salaires, et de s’accumuler en économies nouvelles, qui forment à leur tour des capitaux, et qui, en se dépensant, reforment des salaires, de manière que tout le monde jouisse et travaille à la fois pour jouir à son tour. » « — Oui !

561. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

Elle écrit alors le Compagnon du tour de France (1840), Consuelo (1842), le Meunier d’Angibault (1845), le Péché de Monsieur Antoine (1847) ; elle crée un roman social et humanitaire, où elle expose son rêve d’un âge d’or, entrevu dans l’avenir, établi par l’égalité et la fraternité, et par la fusion des classes. […] Le curé de Tours, César Birotteau, des parties d’Ursule Mirouet, de la Vieille Fille, certains morceaux des Paysans, de Un grand homme de province à Paris, etc., sont de curieuses scènes de mœurs locales ou professionnelles : même dans cette extravagante Femme de Trente Ans, ou dans ces fastidieux Employés, il y a quelques tableaux d’une réalité intense. […] Honoré de Balzac, né à Tours en 1799, clerc de notaire, puis associé avec un imprimeur, fait de mauvaises affaires ; il publie divers romans sous des pseudonymes de 1822 à 1825. […] Grandet ; le Curé de Tours ; Illusions perdues) ; scènes de la vie parisienne (César Birotteau) ; scènes de la vie politique ; scènes de la vie militaire ; scènes de la vie de campagne (les Paysans ; le Curé de village) ; études philosophiques (la Recherche de l’absolu) ; études analytiques.

562. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

Chaumié se refuse à considérer Chénier comme provençal, la Normandie se refuse à son tour à l’abandon de Clément Marot, né à Cahors, il est vrai, mais d’un père normand. […] Et le tour des poètes viendra, Et le tour des poètes est venu… Fernand Gregh Je suis très étonné de la constatation faite par M.  […] À ce point, elle pénètre dans les terres et reste à peu près parallèle au cours de la Dordogne jusqu’à Libourne, dont elle effleure le territoire au nord ; puis elle remonte vers le nord-est, dans la direction générale du chemin de fer de Tours, se tenant à quelques kilomètres à l’est de cette ligne dont elle se rapproche et s’éloigne tour à tour.

563. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

Ces entrées, dont chaque élève jouirait à son tour sans le distraire de ses travaux, lui donneraient quelques connaissances dans un genre de littérature auquel il ne faut pas être étranger : là il prendrait les formes aimables d’une bonne éducation, qui comprend tout à la fois une politesse aisée, la pureté du langage et l’élégance du débit. […] Dans la capitale de la Bretagne, par exemple, j’ai vu les élèves de droit recevoir du directeur du spectacle une vingtaine de places au parterre, qui leur étaient distribuées à tour de rôle par leur prévôt, chaque jour de représentation. […] Et si à votre tour, en faisant des pas rétrogrades vers le bien, il vous prenait fantaisie de m’y accompagner sans suite et d’y combattre avec des armes courtoises, vaincu je m’applaudirais de ma défaite, bien certain que ce ne serait qu’à mes bons avis que vous devriez l’honneur de votre triomphe. […] Et les comédiens de s’écrier à leur tour : Quel génie !

564. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

Tour à tour courtisan et presque hiératique, chanteur de temple ou de palais, il était quelque chose d’aussi particulier, à sa manière, qu’un héraut d’armes au Moyen Âge, et, dans ces derniers temps, qu’un premier violon de chapelle, comme l’a dit Voltaire, le maître de Villemain, et qui ce jour-là n’a pas, après tout, dit si mal ; car il a fait sentir d’un tel mot ce qu’il y a de local et de particulier dans Pindare. […] Ces traductions choisies, mais qui sont faites avec la fidélité de l’expression, le respect du tour, la conservation pieuse de la couleur, auraient dû dégriser à ce qu’il semble Villemain de cette admiration démesurée pour Pindare, étonnante chez lui comme une ivresse si elle ne s’expliquait par quelque chose qui explique tout, — l’analogie de nature entre le critique et le poète, proportion gardée entre la force de l’un et de l’autre. […] Ces six cents pages ne sont pas même le tour de force sur le vent que nous attendions d’un si grand artiste en vide que Villemain ; car, au bout de quelques haleines, il clôt, épuisé, la dissertation sur Pindare, et se met à pourchasser la poésie lyrique partout où elle s’est montrée dans la littérature des peuples, afin de nous prouver (dit-il) qu’elle fut toujours en harmonie avec l’élévation morale et religieuse des nations !

565. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

Corollaires relatifs à l’origine de l’élocution poétique, des épisodes, du tour, du nombre, du chant et du vers Ainsi se forma la langue poétique, composée d’abord de symboles ou caractères divins et héroïques, qui furent ensuite exprimés en locutions vulgaires, et finalement écrits en caractères vulgaires. Elle naquit de l’indigence du langage, et de la nécessité de s’exprimer ; ce qui se démontre par les ornements même dont se pare la poésie, je veux dire les images, les hypotyposes, les comparaisons, les métaphores, les périphrases, les tours qui expriment les choses par leurs propriétés naturelles, les descriptions qui les peignent par les détails ou par les effets les plus frappants, ou enfin par des accessoires emphatiques et même oiseux. […] Les tours naquirent de la difficulté de compléter la phrase par son verbe. […] Aussi les Grecs, nation ingénieuse, employèrent moins de tours que les Latins, les Latins moins que les Allemands.

566. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Le Vavasseur, Gustave (1819-1896) »

Charles Baudelaire Gustave Le Vavasseur a toujours aimé passionnément les tours de force.

567. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

J’en prendrai occasion à mon tour de redire quelque chose et sur Malherbe lui-même10 et sur ses disciples Racan et Maynard, dont les beaux vers lui reviennent à bon droit, car ils ne se seraient pas faits sans lui. […] L’air ne formera plus ni grêles, ni tonnerres ;     Et l’univers, qui, dans son large tour, Voit courir tant de mers et fleurir tant de terres. […] [NdA] La harangue de remerciement que Racan adressa à l’Académie française pour sa réception est du 9 juillet 1635 ; si la date qui résulte des lettres manuscrites de Chapelain est exacte, il s’ensuit qu’il faisait partie de la compagnie et qu’il assistait aux séances dès l’année précédente. — Et en effet, on voit dans l’Histoire de l’Académie de Pellisson, qu’il y eut, à partir de janvier 1635, une suite de discours, un chaque semaine, jusqu’au nombre de vingt, prononcés par les académiciens, chacun à son tour, selon l’ordre indiqué par le sort.

568. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

S’il se fait quelque part une grande révolution dans l’âme humaine, il ne la sentira pas, il ne la signalera pas en allumant un fanal du haut de sa tour ou en sonnant un coup de la cloche d’argent. […] Il est dans son fauteuil quand il écrit, et il vous y laisse en le lisant : ou, s’il se lève, ce n’est que pour faire deux ou trois tours de chambre, pendant lesquels il arrange sa phrase et concerte son expression. […] Dans tous les cas, il a passé le but, il a été déclamateur ; et, en faisant montre de ses défauts à son tour, il nous a seulement prouvé combien la famille d’esprits à laquelle il appartient est en tout l’opposé de celle de Gibbon.

569. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Dans le cours de ses longues excursions, après avoir gravi les hauteurs, descendu les pentes rapides, franchi les ruisseaux plus ou moins gonflés ou à sec selon les saisons, il arrive devant un parc seigneurial par où il peut abréger son chemin en le traversant ; il ne fait point comme Rousseau qui éviterait sans doute d’y passer, et qui aimerait mieux faire le grand tour sous le soleil que de rien devoir au riche et au puissant. […] Cowper, avec son tour d’imagination frappée, y voyait non seulement des avertissements divins et des châtiments infligés au monde, mais encore des signes précurseurs de la fin des temps et du Jugement dernier. […] Voici qu’une harmonie (un son de cloche) revient passer sur le vallon, et à travers les arbres je vois la tour crénelée d’où m’arrive toute cette musique.

570. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Ses cadres et ses tours étaient bien plus grands que sa pensée, et pour les remplir il usa continuellement de l’hyperbole. […] Une fois qu’il eut en main la dissertation latine de M. de Girac, il voulut savoir ce que d’autres à leur tour en penseraient ; il l’envoya à Costar, archidiacre du Mans, homme d’esprit, ou plutôt bel esprit de profession, ami et un peu copiste de Voiture, mais qui faisait aussi à Balzac de grandes démonstrations de fidélité et de tendresse. […] Boileau, qui de bonne heure en fut investi, devait rendre au procès son vrai caractère et y apporter la vraie conclusion : il mit les parties dos à dos, et prononça l’arrêt sans appel par un tour, et un procédé bien simple, en contrefaisant la manière de l’un et de l’autre écrivain dans deux lettres charmantes.

571. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

Je ne reviendrais pas sur ce volume qui a paru il y a plus d’un an, qui a été accueilli assez favorablement par la critique, qui a appris à ceux qui l’ignoraient que La Beaumelle (ce La Beaumelle tant honni de Voltaire et resté en si mauvais renom comme éditeur) avait de l’esprit, de la plume et du tour ; mais dans lequel ce qu’on avait surtout remarqué c’étaient les quatre-vingt sept lettres du grand Frédéric à Maupertuis ; — je n’y reviendrais pas aujourd’hui, un peu tard, s’il n’y avait quelque chose de nouveau et d’essentiel à en dire, et si une obligeance amicale ne m’avait mis à même d’en porter un jugement bien fondé. […] Mais La Beaumelle prétend faire bien autre chose : il ne corrige pas seulement les phrases de Frédéric, il ne leur donne pas seulement (chaque fois que l’envie lui en prend) un tour plus vif, une frisure, un coup de peigne ; il y intercale du sien, il y mêle ses idées, il y fait entrer, sous le pavillon du roi, ses propres commentaires. […] vous me transcrivez des lettres d’un homme historique, d’un grand roi, d’un héros, et vous y mêlez de vos tours et de vos pensées, sans me le dire !

572. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

Car Richelieu, rendons-lui à notre tour et après tant d’autres ce public hommage, avait en lui de cette flamme et de cette religion des lettres qu’eurent dans leur temps à un si haut degré les Périclès, les Auguste, les Mécènes ; il croyait que les vraiment belles et grandes choses ne seront cependant tenues pour telles à tout jamais, qu’autant qu’elles auront été consacrées par elles, et que le génie des lettres est l’ornement nécessaire et indirectement auxiliaire, la plus magnifique et la plus honorable décoration du génie de l’État. […] En un mot, les vieux académiciens voisins de la fondation et contre lesquels, à ses débuts, Boileau avait eu à guerroyer vécurent assez pour donner la main à des académiciens plus jeunes et qui, dès le début, se retrouvaient opposés à leur tour à Boileau déjà mûr ou déjà vieux. […] Ce genre, à son tour, a été assez décrié depuis.

573. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

En 1686, sous la pression et sur l’instance comminatoire de Louis XIV, Victor-Amédée se vit forcé, cependant, de faire à son tour sa révocation de l’Édit de Nantes, et le 31 janvier 1686 il déclara révoqués et abolis, à Fégard de ses sujets des vallées, tous les anciens privilèges qu’il avait ratifiés lui-même à son avènement. […] »  À la suite de ces paroles, l’assemblée se trouva divisée, et répondit qu’elle ne pourrait s’engager sur un objet aussi grave sans avoir consulté tout le peuple. » Le peuple consulté se divisa à son tour : quelques communes consentaient à l’émigration, d’autres étaient pour la résistance jusqu’à la mort. […] Catinat était encore à Casal en janvier 1687, et lorsque Louvois lui annonça, comme à tous les gouverneurs de place, la guérison du roi après la grande opération, il reçut de lui cette lettre d’un tour original et franc : « J’en ai, de bon cœur, célébré la joie à souper avec bonne compagnie de notre garnison.

574. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

Regrettons de grand cœur les jours passés, mais n’accusons pas trop le présent qui passera peut-être dans quarante ou cinquante ans pour un charmant et décent modèle à son tour. […] Une femme d’esprit disait en parlant d’un ancien amant qui avait pris toute sa jeunesse : « Il m’a laissée là quand il m’a vue flétrie ; mais je me suis dit : Je vais me venger et lui jouer un bon tour, je resterai son amie. » Mme Dufrenoy avait pensé à peu près la même chose, mais elle l’avait dit sans un malin sourire et d’un ton plus élégiaque et tout sentimental : Amour, redonnez-lui le dessein de me plaire ; Mais, quoi que l’ingrat puisse faire, Ne sortez jamais de mon cœur ! […] Mais, en général, le reproche que je me permets, à mon tour, d’adresser à M. 

575. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

Mais il vient un moment où l’on a droit de juger à son tour ceux qui vous ont précédé et guidé, surtout si tout le monde les juge, et si eux-mêmes, hommes de publicité et de parole, ils ont provoqué ce regard scrutateur par toutes sortes d’éclats, d’indiscrétions moqueuses et de confidences à haute voix. […] Au moment où elle se croyait remise en possession, la voilà jouée sous main par les lus daveugles mouvements ; et il ne lui reste alors d’autre ressource, pour se venger des tours qu’on lui joue chez elle et des affronts journaliers qu’elle subit, que de s’en railler et de se railler de tout, avec légèreté et bonne grâce, s’il se peut, avec un sourire d’ironie universelle : triste rôle, qui fut celui que l’histoire attribue à ce Gaston d’Orléans, à la fois spectateur, complice et fin railleur de toutes les intrigues qui se brisaient et se renouaient sans cesse autour de lui. […] Dès qu’il avait à expliquer quelque circonstance embarrassante et un peu humiliante de son passé, les Cent-Jours, cette folie la plus irréparable des siennes et qui faussa toute sa fin de carrière, les motifs qui, la veille encore, le poussaient, la burlesque tergiversation qui avait suivi, ou même lorsqu’il touchait quelques souvenirs plus anciens de sa vie romanesque et des scènes orageuses qui avaient fait bruit, sa raison toute honteuse prenait les devants, et il s’en tirait à force d’esprit, de verve à ses dépens, de moquerie fine : le genre humain à son tour n’y perdait rien.

576. (1890) L’avenir de la science « XIII »

La vérité est, ce me semble, que les spécialités n’ont de sens qu’en vue des généralités, mais que les généralités à leur tour ne sont possibles que par les spécialités ; la vérité, c’est qu’il y a une science vitale, qui est le tout de l’homme, et que cette science a besoin de s’asseoir sur toutes les sciences particulières, qui sont belles en elles-mêmes, mais belles surtout dans leur ensemble. […] Si l’érudition n’était que cela, si l’érudit était l’Hermagoras de La Bruyère qui sait le nom des architectes de la tour de Babel et n’a pas vu Versailles, tout le ridicule dont on la charge serait de bon aloi, la vanité seule pourrait soutenir dans de telles recherches, les esprits médiocres pourraient seuls y consacrer leur vie. […] De prime abord, nous pouvons faire sur ces littératures presque inconnues des tours de force de critique qui n’ont été possibles pour les littératures grecque et latine qu’au bout de deux ou trois siècles.

577. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

Qu’il se contente de nous dire ce que contient une œuvre, ce qui l’a fait naître, ce qu’elle a engendré à son tour ! […] Molière disait28  : « Je voudrais bien savoir si la grande règle de toutes les règles n’est pas de plaire, et si une pièce qui a attrapé son but n’a pas suivi un bon chemin. » Et Racine, à son tour, répétait en écho29 : « La principale règle est de plaire et de toucher : toutes les autres ne sont faites que pour parvenir à cette première. » Il suit de là que toutes les œuvres qui ont plu, qui ont été qualifiées de belles, se recommandent par cela seul à l’attention de l’histoire. […] La valeur morale, à son tour, doit se mesurer à des échelles différentes.

578. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

Pourtant de tels discoureurs, quand ils sont comme lui imbus de leur sujet, pénétrés d’un vif sentiment de l’art et des choses dont ils parlent, sont utiles en même temps qu’intéressants : ils vous conduisent, ils vous font faire attention, et tandis qu’on les suit, qu’on les écoute, qu’on en prend avec eux et qu’on en laisse, le sens de la forme et de la couleur, si l’on en est doué, s’éveille en nous, se fait et s’aiguise : on devient insensiblement bon juge à son tour et connaisseur, par des raisons secrètes qu’on ne saurait dire et que la parole n’atteint pas. […] Il a dit quelque part des pastels de La Tour, « qu’il suffirait d’un coup de l’aile du Temps pour en enlever la poussière », et pour faire que l’artiste ne fût plus qu’un nom. Bien des années ont passé, et les pastels de La Tour vivent encore ; les esquisses de Diderot vivent également.

579. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

Il n’est pas jusqu’à l’abbé Trublet, à son tour, ce religieux historiographe de Fontenelle, qui ne vienne à l’appui plus qu’il ne croit par ses témoignages. […] On se rappelle involontairement ce magnifique début des Pensées : Que l’homme contemple donc la nature entière dans sa haute et pleine majesté ; qu’il éloigne sa vue des objets bas qui l’environnent ; qu’il regarde cette éclatante lumière mise comme une lampe éternelle pour éclairer l’univers ; que la terre lui paraisse comme un point au prix du vaste tour que cet astre décrit… Au lieu de ces expressions amples et véritablement augustes, Fontenelle, en parlant de l’ordonnance céleste, n’emploie volontiers que des images et des comparaisons rapetissantes. […] La simplicité de Fontenelle, comme vous le pensez, est d’un tour qui ne la laisse pas ressembler à celle des autres.

580. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Saint-Évremond et Ninon. » pp. 170-191

Il y en avait toujours dans ses récits : « ce qu’on appelle des contes dans la bouche des autres était dans la sienne des scènes parfaites », auxquelles, pour la ressemblance des caractères et pour le tour, il ne manquait rien. […] Les avis d’une amie aimable persuadent toujours plus que ceux d’une sœur sévère. » Les lettres de Ninon, d’un tour simple, original, et pareil au ton de sa conversation, sont très peu nombreuses ; je n’en connais qu’une douzaine d’authentiques, et elles sont adressées à Saint-Évremond. […] Ils s’en aperçoivent eux-mêmes à leur tour, à l’heure où ils perdent leurs amis les plus chers.

581. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

En débutant dans son patois d’Agen, il trouva une langue harmonieuse encore, mais très atteinte par les invasions françaises, qui y avaient importé des tours et des mots contraires au génie primitif. […] Homme, je la trouve nue ; à mon tour je la couvre… Oh ! […] Mais, de souvenir en souvenir, Jasmin s’aperçoit, dans son propre clos, de plus d’une haie épaisse qu’enfant il a trouée, de plus d’un pommier qu’il a ébranché, de plus d’une vieille treille où on lui a fait la courte-échelle pour atteindre le fin muscat, et il se promet, à son tour, de ne pas être plus dur aux autres qu’on ne l’a été pour lui : Que voulez-vous ?

582. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

Mais c’est qu’il y avait en Buffon un génie qui allait se dégager et qui allait demander satisfaction à son tour : le génie du peintre, du poète, de celui qui avait besoin avant tout de grandes vues pour se donner carrière à les exprimer. […] On l’a souvent représenté dans celle habitation rurale et féodale, dans sa tour où il s’enferme dès le matin pour méditer et pour écrire. […] En plein été il travaillait dans un cabinet très élevé, et dont la voûte ressemblait à celle des églises et des anciennes chapelles : « M. de Buffon, dit Mme Necker, pense mieux et plus facilement dans la grande élévation de sa tour, à Montbard, où l’air est plus pur ; c’est une observation qu’il a faite souvent. » Là, dans une salle nue, devant un secrétaire de bois, il méditait, il écrivait.

583. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

Amyot a rendu des services, 1º un service inappréciable à la langue, en la répandant et en la popularisant dans ses meilleurs tours, dans son économie la plus ample et la plus facile, dans sa diction la plus large et la plus sincère, à l’aide de l’intérêt qui s’attachait aux Vies de Plutarque ; 2º il a rendu un service non moindre à la raison et au bon sens public en faisant circuler Plutarque, et ses trésors de vertu antique et de morale, dans toutes les mains, à l’aide d’une langue si claire, si facile, si diffuse, si courante et si riante. […] Rollin de même a été critiqué en toute sévérité par Gibert, par l’abbé Bellanger, et ces critiques rigoureux ont presque partout raison contre lui, ce qui n’empêche pas Montesquieu d’avoir eu raison à son tour dans sa louange mémorable. […] Vinet, nous en impose sur le vrai caractère de Plutarque ; mais ce qui est admirable, c’est que rien ne dénonce cette falsification involontaire. » M. de Chateaubriand avait déjà dit de Plutarque : « Ce n’est qu’un agréable imposteur en tours naïfs. » Amyot lui ôte l’imposteur, et lui prête le naïf.

584. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

… » De vouloir former cette chaîne ; comme cela est peu naturel de mouvement et de tour ! […] Pour expliquer que Colbert pût supporter avec un mépris patient les injustices des hommes : « Il n’est point irrité par leurs procédés, disait-il, parce qu’il n’en est point étonné ; ses yeux ont fait le tour de l’homme ; il sait les fruits qu’il peut porter… » Quand on ne sent pas une fois ce qu’il y a de bizarre dans ces images et dans ces nuances incohérentes, on ne le sentira jamais. […] Necker assez diversifié : je n’ai pas encore achevé de faire le tour de l’homme, pour parler son langage.

585. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre III : Concurrence vitale »

La seule explication satisfaisante de ce fait, c’est d’admettre que les conditions de vie leur ont été extrêmement favorables, qu’il y a eu conséquemment une moindre destruction des individus vieux ou jeunes, et que presque tous ces derniers ont pu se reproduire à leur tour. […] La multiplication de ces Mouches, si nombreuses qu’elles soient, doit être habituellement limitée par quelque moyen, et probablement par d’autres insectes parasites détruits à leur tour sans doute par certains oiseaux. […] Cette modification affecterait les insectes ; ceux-ci agiraient à leur tour sur les oiseaux insectivores, comme nous l’avons vu tout à l’heure dans le comté de.

586. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

Elle en a la couleur, elle en a l’organisme de la phrase si svelte et si souple ; le tour, l’harmonie, la chute heureuse, la résonnance du dernier mot. […] Ils sont à leur tour un chef-d’œuvre non tremblé, mais appuyé plutôt. […] Une grande moraliste, une des moralistes les plus pathétiques, les plus renseignées de douleurs, est au fond de cette rêveuse chrétienne, qui en nous donnant à son tour sa poésie sur le-Ciel, y mêle les réalités saignantes de la vie ; amer charme de plus !

587. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

Arranger l’athéisme dans un plat convenable, avec tous les ingrédients de l’érudition et le faire trouver bon, même aux hommes religieux, imposer la négation de Dieu au nom de Dieu même, joli tour de duplicité philosophique ! […] Puisqu’il s’agit de son langage, « l’univers, dit-il avec son tour approprié et sublime, fut fait d’une seule lèvre ». […] Renan, qui trouve également éloignés d’une explication scientifique le système du caprice individuel et des onomatopées de la brute, qui fut la toquade du dix-huitième siècle, et le système religieux que nous venons de signaler, a donné le sien à son tour, et nous ne croyons pas que, dans des esprits passablement faits, il puisse remplacer le système de l’école théologique, comme dit M. 

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