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799. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XI » pp. 39-46

Puis un moment après il sortit en disant adieu, et aussitôt se ravisant il remit la tête dans la loge, et frappant sur l’épaule de son homonyme : Adieu, Thomas ! […] Tout ce qu’il y a de jeune dans le catholicisme en France, tout ce qui est arrivé là par l’imagination, par les idées absolues, par les systèmes, par la tête plutôt que par le cœur, par la mode, les disciples des cathédrales et de l’art chrétien, les convertis du Saint-Simonisme enclins à la théocratie, les hommes venus là au sortir du jacobinisme révolutionnaire ou même sans en sortir (et il y a un noyau dont le type est Buchez), tout cela forme une milice ardente, violente, ou même légère, qui parade dans les églises aux Semaines Saintes, qui guerroie dans les journaux, et qui essaye le tapage aux cours.

800. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « Mme DESBORDES-VALMORE. (Pauvres Fleurs, poésies.) » pp. 115-123

Tu nourris le jeune platane Sous ma fenêtre sans rideau, Et de sa tête diaphane A mes pleurs tu fais un bandeau : Par toute la grande Italie Où je passe le front baissé, De toi seul, lorsque tout m’oublie, Notre abandon est embrassé ! […] Il n’y a d’image un peu hasardée que celle de ce jeune platane qui, de sa tête diaphane, fait un bandeau à des pleurs ; et encore on passe cela et on le comprend à la faveur de la fenêtre sans rideau qui vous a saisi.

801. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. Laurent (de l’Ardèche) : Réputation de l’histoire de France de l’abbé de Montgaillard  »

S’il eût vécu au milieu de ces circonstances, et s’il eût compris aussi bien qu’aujoud’hui quel devait être le parti libérateur pour la Révolution, il est présumable que son âme, ouverte inévitablement aux impressions de l’atmosphère de ces temps orageux, se serait mise au niveau de sa tête. […] Laurent une tête forte et logique, un coup d’œil pénétrant et sûr : il est homme à marcher d’un pied ferme sur cette crête sanglante de la Montagne, qui donnerait des vertiges à tant d’autres.

802. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Choses d’autrefois »

» Elle fit un profond soupir en disant : « de chasteté et de clôture perpétuelles », et en même temps elle laissa tomber sa tête sur les genoux de madame l’abbesse. […] Tandis qu’elles dansent, jouent de la harpe, se marient à douze ans ou prennent le voile à dix-huit, et qu’elles se disposent, par leurs plaisirs comme par leurs sacrifices, à soutenir la gloire de leurs maisons, peut-être que dans la rue, sous les longs murs du noble couvent, passe le petit robin qui leur fera couper la tête.

803. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VIII. Les Fedeli » pp. 129-144

Cependant on lit en tête d’Il Postumio, comédie publiée par Flaminio Scala à Lyon en 1601, un sonnet della signora Diana Ponti, detta Lavinia, comica Desiosa 21. […] La première danse en élevant un tambourin au-dessus de sa tête ; la seconde, faisant claquer des castagnettes entre ses doigts, saute avec un égal entrain.

804. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Virgile, et Bavius, Mœvius, Bathille, &c. &c. » pp. 53-62

Croiroit-on qu’ils aient voulu arracher les lauriers de la tête de Virgile pour en orner la leur ? […] Il avoit toujours été d’une santé foible & chancelante, sujet aux maux d’estomac & de tête, aux crachemens de sang.

805. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’Empereur Néron, et les trois plus grands poëtes de son siècle, Lucain, Perse & Juvénal. » pp. 69-78

Pour arracher la tête au veau présomptueux, Et rendre le lynx souple à des rènes de lierre, Vous célébrez Bacchus, son audace guerrière ; L’Echo rend & répète au loin vos cris affreux. […] Ce monstre, qui souhaitait que le genre humain n’eût qu’une tête, pour avoir le plaisir de la couper, n’osa faire subir à Perse le sort de Lucain.

806. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Voiture, et Benserade. » pp. 197-207

Il me plus de la tête jusqu’aux pieds…. […] s’écrie Benserade, j’étois bien fou de quereller avec un homme qui avoit la tête si près du bonnet.

807. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Addisson, et Pope. » pp. 17-27

Milord Harvey, pour se donner de la considération, s’étoit mis à la tête de ce tas d’écrivains obscurs & conjurés contre Pope. […] Quel homme que celui dont le caractère est une contradiction honteuse, une vile antithèse, animal équivoque, ayant, en même temps, la tête occupée de riens & le cœur rempli de crimes. » Si Pope eût voulu mépriser d’indignes ennemis & leurs cris impuissans, il se fût épargné bien des chagrins.

808. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 7, que les genies sont limitez » pp. 67-77

Le pinceau de ces froids artisans, fait perdre à toutes les têtes illustres leur caractere connu. […] On reconnoît d’abord les pastiches qu’il a faits en très-grand nombre, à la bassesse comme à la stupidité des airs de tête des principaux personnages de ces tableaux.

809. (1860) Ceci n’est pas un livre « Les arrière-petits-fils. Sotie parisienne — Deuxième tableau » pp. 196-209

Cette demoiselle Trochu me trotte par la tête… Le directeur du Théâtre-Lyrique m’en parlait hier encore… Ah ! […] (Ses cheveux se dressent sur sa tête.)

810. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le voltairianisme contemporain »

malgré les livres idolâtres, les livres écrits d’à genoux, la tête dans la poussière, ou dans la position d’Alberoni devant Vendôme, c’est la petitesse de ce succès ! […] les sots, aux têtes dures et pressées !

811. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Les mêmes talens ne peuvent précisément se reproduire, parce que, quand la Nature forme une tête, elle lui donne une empreinte particuliere, & le cachet alors est à jamais brisé. […] Plus on a de Philosophie dans la tête, plus on a d’éloquence. […] Les richesses accumulées sur quelques têtes enfantent ce luxe si dangereux pour celui qui en jouit & pour celui qui l’envie. […] L’origine de tous les maux politiques doit s’attribuer à ces fortunes immenses accumulées sur quelques têtes. […] Les préjugés durcissent avec la tête qui les enferme : l’habitude leur fait contracter une ténacité que rien ne peut vaincre.

812. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Il incline doucement sa tête charmante. […] Henri Weil a mise en tête d’un choix de sept tragédies d’Euripide ! […] Notre abbesse avait la tête pleine de légendes fleuries. […] Cet avis obscur achève de l’épouvanter ; elle craint de tomber évanouie ; et elle voit déjà sa tête au bout d’une pique, comme la tête de la malheureuse princesse de Lamballe. […] Delphine, de Custine était une tête vouée aux aquilons.

813. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

On dit de M. de Fontenelle qu’à la place du cœur il a un second cerveau ; on pourrait croire que la tête du Chevalier contient un second cœur. […] Brue, qui est que M. de Ferriol, ambassadeur à Constantinople, s’étoit mis en tête de devenir cardinal, et qu’il y avoit douze ans qu’il avoit donné une instruction à M. […] « Je remets à un temps plus heureux à vous remercier et à vous parler de vous ; car, aujourd’hui, je n’ai que moi en tête. » C’est J. […] Vos coiffes garantissent mal la tête, et les coups de soleil sont dangereux et très-fréquents dans cette saison. […] Ces admirables paroles d’Homère devraient s’inscrire comme devise en tête de toutes les généalogies.

814. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Un exemplaire du Vieux Cordelier, conservé avec beaucoup de soin par son fils, qui a écrit dessus Exemplaire de mon père, portant en tête un portrait gravé de Camille Desmoulins (dans la meilleure manière des graveurs de l’époque), nous est ainsi arrivé tout couvert de notes de la main de M. de Sainte-Beuve père. […] Un peu de poudre blanche est tombée de la tête sur le collet de l’habit bleu et sur l’épaule. […] comme s’il n’y avait pas un héroïsme incomparable dans ces hommes, dont les uns, bannis, se sont laissé flétrir comme des agents provocateurs pour ne pas aggraver la position de leurs amis accusés ; et dont les autres, voyant leur tête en jeu, ont assumé sur eux seuls la responsabilité fatale pour sauver les moins compromis ! […] Ils avaient vu un homme sur les toits qui avançait prudemment la tête, et qui avait l’air d’être armé d’un fusil. […] Sainte-Beuve a attaché ce souvenir particulier, en tête du premier volume : « 1820.

815. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Deux seuls grands esprits souvent cités résistèrent à cet Empire et lui tinrent tête, M. […] Nés dix ou quinze ans plus tard, et s’ils n’avaient eu que dix-sept ans en 1800, ces deux chefs de la pensée eussent-ils fait tête aussi fermement à l’assaut ? […] Vers 1786, en tête d’un Choix de petits romans imités de l’allemand, il avait mis pour son compte une préface où il pousse le cri famélique et orgueilleux des génies méconnus. […] Ce ne sont que personnages qui croient, se détrompent, s’exaltent encore, ne vérifient rien, et se jettent par une fenêtre ou se cassent d’autre façon la tête, un peu comme dans les romans de l’abbé Prévost, mais d’un abbé Prévost piqué de Werther. […] Ces neuves et vivantes descriptions du paysage, la scène dramatique d’Antonia au piano devant cette glace qui lui réfléchit brusquement, au-dessus des plis de son cachemire rouge, la tête pâle et immobile de l’amant inconnu, ce sont là des marques aussi de franche possession et d’indépendante investiture.

816. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

Médor leur tranche les deux têtes à la fois d’un seul coup ! […] Puis elle présente sa belle tête, ce front pur, ce cou d’ivoire au glaive de Rodomont. […] Il combat à la tête des Bulgares contre Constantin et Léon, son fils ; il fait triompher les Bulgares. […] s’écrie le poète, si tu savais que celui dont ta colère et ta honte te font désirer la mort est ce Roger qui t’est plus cher que ta propre vie, c’est contre ton sein que tu tournerais ce fer que tu fais tomber sur sa tête !  […] Mais on sort de cette lecture comme d’un long bal masqué avec le tourbillon dans la tête, la confusion dans l’esprit, l’ivresse dans l’imagination , le vide dans le cœur.

817. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

C’est Mascarille, c’est ce maître fourbe, dont la tête est remplie de tous les tours de ses devanciers d’Italie, sans compter ceux qu’il a appris de Molière. […] Ces gens-là ne sont d’aucun pays, ils sont faits de tête ; et s’ils sont hommes par quelques traits généraux, Corneille ne leur a donné la physionomie ni d’un temps ni d’un pays. […] Et l’intrigue, — ce fil léger qui nous fait souvenir que la scène a d’abord été un théâtre de marionnettes, — il n’y en a pas, si ce n’est dans la tête de certains commentateurs de Molière, qui ne souffrent pas de comédie sans intrigue. […] Aussi rien de romanesque dans ces fortes et charmantes peintures des sentiments de l’amour ; rien qui soit fait de tête, ni sur le modèle de la galanterie à la mode ; pas un trait qui n’aille à tous les temps et à tout le monde. […] Et secouaient la tête à l’endroit le plus beau.

818. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

Il ne voyait, avec raison, dans les partis opposés que des queues de factions, d’intrigues et d’ambitions sans tête, propres à perpétuer les désastres de la France, mais nullement à y constituer la liberté pratique et morale. […] Nous l’aperçûmes à cette époque une ou deux fois nonchalamment étendu dans l’ombre, le coude sur un coussin, la tête supportée par sa main sur un divan du salon obscur de Nodier. […] Cette poésie est un perpétuel lendemain de fête, après lequel on éprouve cette lourdeur de tête et cet alanguissement de vie qu’on éprouve le matin à son réveil après une nuit de festin, de danse et d’étourdissement des liqueurs malsaines qu’on a savourées. […] Mais ces têtes chauves étaient les Scipion, les Caton, les Cicéron, les noms par qui Rome vivait et vivra dans les lettres, dans le cœur et dans la mémoire des hommes de bien de tous les âges futurs. […] Prends garde que les têtes mûres, sur lesquelles tu jettes la poussière de tes mépris, ne dominent encore de toute la hauteur d’un autre temps les cheveux couronnés de roses ; ce serait là le symptôme fatal de l’abaissement du niveau de l’intelligence nationale et de la diminution des proportions de l’âme parmi nous ; car ce qu’il y a de plus déplorable et de plus irrémédiable dans un peuple, c’est quand la jeunesse du cœur se réfugie sous les cheveux blancs !

819. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Elle comptait comme on compte au marché, elle comptait de tête, par cœur. […] On en avait plein la tête et plein le cœur. […] J’ai un mal de tête. […] C’étaient des chaînons qui manqueraient à une chaîne, non point, nullement une tête qui manquerait à un corps, mie couronne à une tête. […] Nous levions la même tête.

820. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Dort, la tête sous l’aile, entre deux firmaments. […] La tête, cette partie du corps humain dont nous sommes si fiers et qu’Ovide nous ordonne de porter toujours levée vers les étoiles, la tête, testa, signifie pot cassé. […] La tête ferme, le regard lucide, il est resté maître de lui-même. […] me disait-il, est-ce que le vent écrit ce qu’il chante dans ces feuilles sonores sur nos têtes ? […] … Je meurs de souffrance, ennui, mal de tête, rhumatisme, fièvre, estomac et goutte.

821. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

(On apporte les têtes de lord Say et de son gendre. […] Elle a son histoire en tête, et ne cesse pas de la redire et d’en rire toute seule. […] comme ma tête me fait mal ! Quelle tête j’ai ! […] Un Grec lui cassa la tête de sa massue, et là-dessus les poëtes ont dit qu’il est mort d’amour.

822. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Quelle tête noble et mélancolique, et quelle distinction dans cette taille haute et élancée ! […] C’est, assure-t-on, un homme dont la tête domine le cœur. […] Les idées de réforme religieuse et sociale qui lui assiégeaient la tête avaient sans doute altéré son cerveau. […] au moins ma conscience est-elle légère, si leur tête est lourde… Mille souvenirs. […] Dumas était un homme dont la tête domine le cœur.

823. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Il y avait toute une société éperdue qui appelait vainement les lois à son aide ; il y avait tous les délires des sens, de la tête et du cœur. […] de sa tête penchée en riant, et relevée inflexible. […] Oui, dit-elle en relevant fièrement la tête, oui, je suis la pauvreté, et je m’en fais gloire ! […] Un ballet, en effet, n’est pas une comédie que l’on peut lire à tête reposée, étudier dans le livre même, et méditer à ses heures. […] Il meurt sans avoir courbé la tête ou fléchi le genou !

824. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

— Je rouvre ma lettre pour te dire que le gaillard vient de pisser par-dessus sa tête. […] Tous les clercs de l’étude en eurent la tête troublée. […] C’est celle de l’autruche qui cache sa tête dans le sable pour ne pas voir le danger. […] La construction de la tête est remarquable. […] À gauche de Pélops, Hippodamie, la tête penchée, toute rêveuse.

825. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Il songe à aller se faire tuer à la tête des troupes. […] Il vient proposer à Lauffen un duel américain, tête à tête, chacun avec son revolver d’ordonnance. […] En coup de tête ? […] Un homme du monde, M. de Galbrun s’introduit et il papillonne, et il jacasse, et il parle amour ; et Soindres fait une tête, mais une tête ! Enfin vous connaissez bien la tête du professeur chez la femme du monde.

826. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

La détresse du peuple, les travailleurs sans pain, le dernier des Condés disparu dans les ténèbres, Bruxelles chassant les Nassau comme Paris les Bourbons, la Belgique s’offrant à un prince français et donnée à un prince anglais, la haine russe de Nicolas, derrière nous deux démons du midi, Ferdinand en Espagne, Miguel en Portugal, la terre tremblant en Italie, Metternich étendant la main sur Bologne, la France brusquant l’Autriche à Ancône, au nord on ne sait quel sinistre bruit de marteau reclouant la Pologne dans son cercueil, dans toute l’Europe des regards irrités guettant la France ; l’Angleterre, alliée suspecte, prête à pousser ce qui pencherait et à se jeter sur ce qui tomberait ; la pairie s’abritant derrière Beccaria pour refuser quatre têtes à la loi, les fleurs de lis raturées sur la voiture du roi, la croix arrachée de Notre-Dame, la Fayette amoindri, Laffitte ruiné, Benjamin Constant mort dans l’indigence, Casimir Périer mort dans l’épuisement du pouvoir ; la maladie politique et la maladie sociale se déclarant à la fois dans les deux capitales du royaume, l’une la ville de la pensée, l’autre la ville du travail ; à Paris la guerre civile, à Lyon la guerre servile ; dans les deux cités la même lueur de fournaise ; une pourpre de cratère au front du peuple ; le midi fanatisé, l’ouest troublé, la duchesse de Berry dans la Vendée, les complots, les conspirations, les soulèvements, le choléra, ajoutaient à la sombre rumeur des idées le sombre tumulte des événements. » VIII Tout cela mène à ce que l’auteur nomme l’Épopée de la rue Saint-Denis, c’est-à-dire aux barricades. […] Il était comme s’il avait la tête pleine de fumée ; des éclairs lui passaient entre les cils ; ses idées s’évanouissaient ; il lui semblait qu’il accomplissait un acte religieux et qu’il commettait une profanation. […] « Et elle cacha sa tête rouge dans le sein du jeune homme superbe et enivré. […] La nuit était sereine et splendide au-dessus de leur tête. […] XXVIII « Quand ils eurent fini, quand ils se furent tout dit, elle posa sa tête sur son épaule et lui demanda : « — Comment vous appelez-vous ?

827. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

Ni Mme de Sévigné, quoique Ménage lui eût appris le latin et que l’hôtel de Rambouillet l’eût faite un moment bel esprit, ni Saint-Simon, quoiqu’il ait mis en tête de ses Mémoires des considérations fort peu claires sur l’histoire, n’ont voulu ni cru être des auteurs. […] Quelques-unes sont datées du coche qui la mène de Tours à Nantes par la Loire, en tête à tête avec le bon abbé de Coulanges, lequel lit son bréviaire, tandis que sa nièce écrit. […] Quel siècle enfin que celui qui, après avoir enfanté tant de grands hommes, et, pour toutes les fonctions de la guerre et de la paix, des hommes de génie, produisait dans sa vieillesse, et jusque dans sa décrépitude, une tête de société si forte et si capable ! […] Tous les deux secouent le joug sous lequel les plus hautes têtes d’alors se sont courbées, Fénelon rêvant une Salente où il eût joué le rôle de Mentor, et presque schismatique dans l’Eglise gallicane ; Saint-Simon faisant de la politique féodale, et inclinant au jansénisme.

828. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre septième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie. »

Hugo se pique d’être « utile », de répandre sur les cœurs à pleines mains la pitié et la générosité, comme le prêtre verse sur les têtes ses bénédictions : bénir efficacement, n’est-ce pas avant tout rendre meilleur ? […] De siècle en siècle, en effet, l’aspect du inonde change pour les hommes ; en parcourant le cycle de la vie, il leur arrive ce qui arrive aux voyageurs parcourant les grands cercles terrestres : ils voient se lever sur leurs têtes des astres nouveaux qui se couchent ensuite pour eux, et c’est seulement au terme du voyage qu’ils pourront espérer connaître toute la diversité du ciel. […] Rappelez-vous ces vers qui expriment si bien la vie universelle et l’animation divine de la nature : Peut-être qu’en effet, dans l’immense étendue, Dans tout ce qui se meut une âme est répandue ; Que ces astres brillants sur nos têtes semés Sont des soleils vivants et des feux allumés ; Que l’océan frappant sa rive épouvantée Avec ses flots grondants roule une âme irritée ; . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . […] A cause de l’espérance, qui est la source de toutes nos lâchetés… Pourquoi ne pas dire : — Je sens sur ma tête le poids d’une condamnation que je subis toujours, ô Seigneur ; mais, ignorant la faute et le procès, je subis ma prison. […] Et de toutes les croyances naïves, de tous les beaux rêves puérils de l’humanité, nul ne redescendra du fond de l’infini bleu, grand ouvert sur nos têtes, et dont la profondeur est faite de solitude.

829. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXI. »

« Ce superbe tyran, plein de confiance en l’appareil de ses navires, qui tient courbées les têtes de nos frères et fait travailler leurs mains au service injuste de sa puissance, abat de ses bras redoutables les cèdres à la plus haute cime et l’arbre qui se dresse le plus droit, buvant des eaux étrangères et foulant avec audace notre territoire inviolable. […] et, d’un visage insolent, étendant ses deux bras armés, il a remué sa tête furieuse. […] … « Il a levé la tête, ce puissant qui te porte si grande haine ; il a tenu conseil pour notre ruine, et contre nous ont machiné ceux qui assistaient à ce conseil : Venez, ont-ils dit ; et, sur la mer houleuse, faisons un grand lac de leur sang ; détruisons cette race et le nom du Christ avec elle ; et, partageant leurs dépouilles, rassasions nos yeux de leur mort. […] et que la tête condamnée du rebelle périsse dans les flammes !  […] la tête couronnée de pourpre et d’une blanche auréole, le bon Pasteur conduit vers vous, sans écart, son troupeau chéri.

830. (1927) Des romantiques à nous

Cette tête-là, cette tête ronde et forte, dont, après trente ans écoulés, les moindres traits gardent dans ma mémoire leur entier relief, ce n’était pas une tête d’accessit. […] Il était, je pense, un peu confus de ce coup de tête. […] Il jouait avec sa tête plus encore qu’avec ses doigts. […] monsieur Lasserre, me confia-t-il un jour, quelle tête ! quelle tête !

831. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Et il est vrai que de la façon qu’il s’y est pris, il a bien montré qu’il n’était pas ce que l’on appelait alors une « tête pensante ». […] III ; — Henry Harrisse, L’Abbé Prévost, 1896, Paris ; — et diverses « Notices », en tête des éditions de Manon Lescaut, notamment celles d’Alexandre Dumas fils, et de Guy de Maupassant. […] I et II ; Paris, 1879 ; — Rouxel, sa notice en tête de son édition de L’Ami des hommes, Paris, 1883 ; — A.  […] Chénier, « Préfaces » et « Notes » de leurs tragédies ; — Saint-Surin, « Notice sur La Harpe », en tête de son édition des Œuvres ; — Campenon, « Notice sur Ducis », en tête des Œuvres posthumes de Ducis ; — Étienne et Martainville, Histoire du théâtre français pendant la Révolution ; — H.  […] Arago, « Biographie de Condorcet », en tête de son édition des Œuvres, Paris, 1847-1849 ; — Sainte-Beuve, Causeries du lundi, t. 

832. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

— Aussi longtemps qu’il fera jour, dit Goethe, nous resterons la tête levée, et tout ce que nous pourrons faire, nous ne le laisserons pas faire après nous !  […] Je désirais surtout voir Mérimée ; la tête nous parut aussi énergique et aussi hardie que son talent, et Goethe y trouva quelque chose d’humoristique. […] La tête énergique de Fabvier rappelait les hommes des siècles passés, et nous revînmes à lui plusieurs fois. […] Je l’avais dans la tête depuis longtemps, comme vous savez, mais, pendant l’exécution, il s’est énormément augmenté, et je ne peux plus me servir que de ce qu’il y avait de plus général dans mon ancien plan. […] À onze heures et demie, il appuya sa tête sur le côté gauche du fauteuil et s’endormit doucement.

833. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

et c’est ainsi que l’homme qui a le plus fécondé les têtes de son temps, comme Socrate accouchait celles du sien, l’inspirateur de tant d’esprits pendant sa vie, va, après sa mort, par une singulière opiniâtreté de la destinée, en inspirer encore un. […] Quand je détourne mes regards du présent pour les reporter en arrière, je vois, comme si elle était là devant moi, cette tête tourmentée, mais si calme ! […] Il a mis sa tête dans sa main, comme la Mélancolie d’Albert Dürer. […] Autrefois et naguère même, il versait son talent à flots dans toutes ces têtes qui sont le plus souvent des cruches ; et, fébrile de verve, pour le répandre plus vite et plus abondamment, il aurait volontiers cassé le goulot de la bouteille. […] Mais les têtes étaient prudentes, et elles n’y touchèrent pas.

834. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

L’amitlé, au défaut de la justice, aurait dû retenir M. de Mirabeau lorsqu’il s’est senti entraîné à employer un moyen que nous avons souvent blâmé d’un commun accord, d’un moyen dont M. de Mirabeau lui-même a manqué d’être la victime, celui d’attirer les orages sur la tête des personnes qui ont une opinion particulière. […] En tête de cette traduction, restée manuscrite, il disait (janvier 1794) : J’entreprends la traduction de ce livre (De Cive) sans savoir si j’aurai le temps ou le courage ou la volonté de le finir. […] Puis récapitulant tous les pouvoirs affaiblis qui se flattaient alors de gouverner, et la Cour qui espérait toujours regagner par ruse et par achat des consciences ce qu’elle avait perdu, et les orateurs de l’Assemblée qui se croyaient forts de ce qu’ils avaient conquis en applaudissements, et la municipalité de Paris, le maire en tête, qui se croyait maître de la Commune, et les chefs même les plus populaires, Pétion, Marat, dont les noms retentissaient dans toutes les bouches : Pétion, Marat même, concluait-il, étaient gouvernés par la multitude. […] C’est ainsi qu’il jugeait, pour l’avoir vue à l’œuvre, la démocratie en elle-même, organisée par en bas, aux vingt-six mille clubs, aux vingt millions de têtes.

835. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

Après avoir dompté et décapité les grands, maté les protestants comme parti dans l’État, déconcerté et abattu les factions dans la famille royale, tenant tête par toute l’Europe à la maison d’Autriche, faisant échec à sa prédominance par plusieurs armées à la fois sur terre et sur mer, il eut l’esprit de comprendre qu’il y avait quelque chose à faire pour la langue française, pour la polir, l’orner, l’autoriser, la rendre la plus parfaite des langues modernes, lui transporter cet empire, cet ascendant universel qu’avait eu autrefois la langue latine et que, depuis, d’autres langues avaient paru usurper passagèrement plutôt qu’elles ne l’avaient possédé. […] Et, par exemple, sous Richelieu, et dès l’origine, elle se trouva composée d’abord et tout naturellement, sauf quelques exceptions, de ce qu’il y avait de mieux et de plus considérable parmi tous les gens de lettres, Balzac en tête et Chapelain. […] Par lui et par Fontenelle l’Académie se retrouva très en avant et en tête des questions littéraires sous la Régence. […] Patin rappelle la belle préface que Vaugelas a mise en tête de ses Remarques ; et par ce côté l’Académie se montre fidèle, en l’étendant plutôt qu’en la restreignant, à sa mission première.

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