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579. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

Il eût peut-être mieux valu que la nation entière fût réunie sous un seul gouvernement ; ses anciens souvenirs se seraient ainsi plus tôt réveillés, et le sentiment de sa force eût ranimé celui de sa vertu. […] Il écrit comme pour lui seul ; l’effet qu’il doit produire ne l’a jamais occupé. […] Le Tasse emprunte aussi de l’imagination orientale ses tableaux les plus brillants ; mais il y réunit souvent un charme de sensibilité qui n’appartient qu’à lui seul. […] Les lumières se réunissaient dans un seul foyer : le goût pouvait s’y former aussi ; et c’était d’un même tribunal que partaient tous les jugements littéraires. […] Les opéras seuls sont suivis, parce que les opéras font entendre cette délicieuse musique, la gloire et le plaisir de l’Italie.

580. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre IV »

Une fois cette digue emportée, il n’y a plus de digue, et l’inondation roule sur toute la France comme sur une plaine unie  En pareil cas, chez les autres peuples, des obstacles se sont rencontrés : il y avait des lieux élevés, des centres de refuges, quelques vieilles enceintes où, dans l’effarement universel, une partie de la population trouvait des abris  Ici le premier choc achève d’en emporter les derniers restes, et, dans ces vingt-six millions d’hommes dispersés, chacun est seul. […] Reste une poussière humaine qui tourbillonne et qui, avec une force irrésistible, roulera tout entière en une seule masse, sous l’effort aveugle du vent. […] Direction du courant. — L’homme du peuple conduit par l’avocat. — Les seuls pouvoirs survivants sont la théorie et les piques. — Suicide de l’ancien régime. […] Pour celles qui ont été averties, les avocats, procureurs et notaires des petites villes voisines ont fait leurs doléances de leur chef, sans assembler la communauté… Sur un seul brouillon, ils faisaient pour toutes des copies pareilles qu’ils vendaient bien cher, aux conseils de chaque paroisse de campagne. » — Symptôme alarmant et qui marque d’avance la voie que va suivre la Révolution : l’homme du peuple est endoctriné par l’avocat, l’homme à pique se laisse mener par l’homme à phrases. […] Et voilà, dans la France dissoute, les deux seuls pouvoirs debout sur les débris du reste.

581. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre VII. Narrations. — Dialogues. — Dissertations. »

Pour parvenir à ce bel ordre, l’historien doit embrasser et posséder toute son histoire ; il doit la voir tout entière comme d’une seule vue ; il faut qu’il la tourne et qu’il la retourne de tous côtés jusqu’à ce qu’il ait trouvé son vrai point de vue. […] Quand on lit l’histoire des guerres, on ne voit que des généraux et des soldats : il n’y a pas autre chose en France : quand on lit l’administration, il n’y a que des bureaux, des commis et des ministres ; la France, semble-t-il, est seule dans le monde et sans voisins. […] Sauf toujours le besoin des cas particuliers, cela en soi n’a rien d’intéressant et est en dehors de l’art : cela seul a droit d’entrer dans le récit, qui est expressif, qui contribue à peindre les caractères ou à faire avancer l’action. […] Cet homme que nous fait entrevoir le grand romancier Tolstoï, lorsqu’il peint le défilé interminable des blessés de Borodino qui passe sous les yeux de son héros ému et navré, cet homme couché sur le ventre au fond d’une charrette, dans la demi-ombre de la bâche, blessé, on ne sait où ni quand, d’on ne sait quelle blessure, sans visage, sans nom, sans passé, sans avenir, forme obscure et vague un moment devinée et disparue pour jamais : c’est là, semble-t-il, un détail insignifiant ; et pourtant que de pensée, que d’émotion ramassée en ce seul trait ! […] Le grand écrivain n’a pas pris dans la nature le détail expressif : il a créé l’expression par son choix volontaire, qui a exclu tous les autres détails identiques pour en recevoir un seul.

582. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVII. Le Retour du Christ. Appel aux femmes ! »

Ceux-là seuls, en effet, ont le droit de prier tout haut, parmi les peuples, qui ne mêlent pas d’erreurs à leur prière, et tel n’est point le cas ici. […] » C’est, comme vous le voyez, d’une seule négation tout le catholicisme qui s’écroule, le catholicisme auquel M.  […] Prodigieuse contradiction d’un esprit qu’on croyait vigoureux et qui semblait fait d’une seule pièce. […] Dans sa lettre sur le Retour du Christ, on trouve une phrase d’une crudité scientifique, immonde et sacrilège, dont les fronts catholiques ne seront pas les seuls à rougir. […] Et voilà le seul mal qu’aura fait ce Retour du Christ, qui, par lui-même, n’a point le triste honneur d’être dangereux !

583. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Louis XIV. Quinze ans de règne »

Mais l’histoire intégrale du xviiie  siècle, une histoire allant d’une seule et forte venue d’une extrémité à l’autre de ce siècle, qui s’ouvre en 1700 aux affaires de la succession d’Espagne et qui se ferme en 1800 aux affaires d’une bien autre succession, — la succession de la Révolution française, — une pareille histoire, on la cherche en vain. […] C’est l’histoire du plus lent et du plus orageux coucher de soleil qu’on ait jamais vu luire sur le monde ; car Napoléon ne s’est pas couché au bout de sa course, mais il est tombé au milieu, comme une foudre, que Dieu pouvait éteindre seul. […] Mais on ne sent pas quand on le lit ce que nous recherchons, même en histoire : le voisinage d’une âme qui chauffe la nôtre, ou bien cette âpre froideur de l’intelligence qui finit, comme la neige, par brûler autant que le feu, et que possèdent seuls les grands historiens, les grands observateurs de la nature humaine dont la pensée est toutes les passions. […] , laisse l’esprit à peu près tel qu’elle l’a trouvé, sans modifications intérieures, — les seuls enseignements que les hommes subissent et que les livres puissent donner. […] Malgré beaucoup d’écrits publiés sur Louis XIV et sur son siècle, la dernière portion du règne de ce roi, la seule qui soit à juger (l’autre, on l’admire, ce qui est plus agréable et plus facile), n’est point encore jugée comme elle doit l’être, et si l’on peut tirer une induction des opinions d’un premier volume qu’on a lu à celles des volumes qui n’ont pas été publiés et qui doivent suivre, il est à craindre que le livre de Moret ne contribue pas beaucoup à ce jugement définitif.

584. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Paix et la Trêve de Dieu »

Ernest Semichon aime l’Église romaine, et cela seul donnerait à son livre une lumière et une valeur très supérieure à celle de l’érudition malveillante ou indifférente. […] Pourquoi n’a-t-il pas entrouvert une seule fois cette cause toute puissante et éternelle des guerres qui surgissaient alors de toutes parts ? […] Ernest Semichon dit qu’au xie  siècle le clergé fut le seul législateur de la France. […] Cela seul jetterait sur son ouvrage un intérêt puissant et relevé, mais ce n’est pas tout. […] Le père votait seul.

585. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Si j’avais une fille à marier ! » pp. 215-228

que l’idéal de la femme résidât dans sa fidélité à un seul homme », loi sans texte, mais qu’en fille suffisamment instruite de ses devoirs physiologiques la fille de Weill admettra. […] Ce qui importe, et ce qui nous attriste dans ce livre, c’est la méconnaissance profonde de tout ce qui est religieux, — de tout ce qui est plus pratique et plus puissant que de la physiologie et de l’idéal pour faire des filles fidèles et heureuses ; car elles seraient résignées, le seul bonheur qu’on puisse se créer ici-bas ! […] La femme toute seule, y est-il dit, voyant l’illimitation de sa convoitise, y invente « elle-même sa vertu » (textuel). Qu’a-t-elle besoin de Dieu, en effet, puisqu’elle peut inventer son bonheur et sa vertu à elle seule, et, le croirez-vous ! […] À force de regarder sa fille et d’attendre à l’horizon le gendre qui doit y apparaître, il ne voit plus, moraliste raccourci, les autres jeunes filles d’un monde très compliqué, très varié, plein de vocations différentes, et que le seul mariage n’explique pas comme au premier jour de la création.

586. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Oscar de Vallée » pp. 275-289

André Chénier n’est pas tout seul dans le livre de M.  […] L’auteur de l’André Chénier et les Jacobins n’est pas le seul qui ait gardé dans les yeux l’éblouissement de la poésie de Chénier et qui ait involontairement reporté cette lueur sur sa prose. […] Seulement, il ne fut pas le seul. […] Car voilà, pour moi, la seule tache d’ombre que je trouve à la gloire, pure comme la lumière, d’André Chénier ! […] Elle seule est au niveau de la scélératesse qui l’a inspirée et contre laquelle, comme le tonnerre de Dieu, elle a éclaté.

587. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Eugène Pelletan » pp. 203-217

Le silence qu’il garde sur ce massacreur du peuple, ainsi que l’appellent les républicains, l’auteur des Uns et des Autres le couvre, il est vrai, de cette énormité : c’est que les royalistes et les bonapartistes seuls firent l’insurrection que le général Cavaignac canonna. Affirmation qui peut aller avec celle que les seuls révolutionnaires sont les hommes qui se sont opposés à la révolution, parce que, par leur résistance, ils lui ont donné (textuel) des attaques d’épilepsie, à la pauvrette ! […] pour ce lynx de Pelletan, la Commune est peut-être aussi l’œuvre des bonapartistes et des royalistes seuls ? […] Et quant à Lamartine, cet idéal du Citoyen, placé en contraste des trois autres dans toute la perfection de son personnage à la fin du livre de Pelletan, Lamartine, dont Pelletan est sorti comme les Méditations, — mais j’aime mieux les Méditations, — Pelletan s’en regarde trop comme la géniture pour ne pas se croire parricide s’il convenait d’une seule des erreurs de ce grand génie de poète égaré. […] Béranger, seul de tous ces hommes exagérés ou faussés en mal ou en bien, Béranger seul est étonnamment bien jugé.

588. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexis de Tocqueville »

l’amitié est une belle chose, mais il faudrait pourtant qu’elle se fit une raison… Lorsqu’elle est toute seule dans une publication, de bonne foi, est-ce assez, voyons ! […] On y reconnaît l’écrivain de la Démocratie en Amérique, diminué de cela seul qu’il s’applique à un sujet moins neuf. […] Le lieu commun s’y épanouit dans la grosse fleur de son innocence, et c’est même la seule chose qu’on y puisse cueillir. […] Dans tout son livre de la Démocratie, écrit dans la force de la jeunesse, je défierais bien de montrer une seule étincelle jaillissant de la forme ou de la pensée ! […] Les meilleures lettres qu’on ait de lui ne peuvent valoir, par le détail de l’observation (son seul mérite réel), les livres qu’elles rappellent par leur langage raisonnable, tranquille et d’une pâle élégance, quand il est le mieux réussi.

589. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Benjamin Constant »

L’époque de Madame Récamier, cependant, ne se recommandait pas précisément par un bégueulisme supérieur… C’était la formidable époque où la cavalerie de Murat escaladait des forteresses, et c’est de ce temps-là que Madame Récamier fut chastement et presque hiératiquement la mystérieuse et impénétrable Isis sous ses sept bandelettes, et pas un, même de ceux qui dans ce temps-là revenaient d’Égypte, n’a pu se vanter de l’avoir désentortillée d’une seule ! […] Pourquoi cette enchanteresse, qui enchanta les cœurs en masse, ne fit-elle jamais le bonheur d’un seul ? […] Dès le premier jour, il en sortit foudroyé… D’un seul regard elle lui avait passé la chemise de Nessus ! […] On ne trouve pas dans ces Lettres qu’elle ait été jalouse une seule fois, mais elle lui fit honte avec la mâle franchise d’une forte amie. […] — que je proclamerais aux yeux de toute la terre ce qu’il y a de plus humiliant pour la vanité en échange d’un seul regard d’affection ?

590. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VII. Vera »

Il n’a vu ni le dehors ni le dedans de ce Condamné politique de Dieu, en prison dans ses organes et en prison sur sa mappemonde, ce double pénitentiaire parfaitement construit, avec ses climats et ses langues, qui, à lui seul, dirait la faute, quand l’Histoire, plus certaine que la Philosophie, ne nous la dirait pas, et il a eu la prétention superbe, froide, mais naïve, de pénétrer les essences, de saisir l’absolu dans sa notion la plus précise et la plus profonde, de construire enfin ici-bas scientifiquement la vérité (je parle sa langue, non la mienne). […] Les philosophes aborderont seuls cette dure « logique substance » avec leurs fronts construits, disait Joubert, pour écraser des œufs d’autruche. […] Seulement, disons-le en passant, cette théorie incroyable de l’idée, qui dépasse par sa finesse de fils d’araignée les subtilités les plus tenues de la Scholastique, cette théorie qui, selon les hégéliens, est la seule doctrine qui ait le droit de s’appeler « l’Idéalisme », n’a qu’un malheur, c’est d’arriver promptement aux mêmes conséquences par en haut que le matérialisme par en bas. […] Les Mandarins seuls de la Philosophie se sont risqués et continueront de se risquer dans la logique d’Hegel, mais ils ont rapporté déjà et continueront de rapporter de leur accointance avec les œuvres du professeur de Berlin une méthode historique et des vues sur l’histoire qui pourraient très bien bouleverser le monde, sous prétexte de l’expliquer. […] Vera, qui est certainement, en France, le plus distingué, le plus savant et le plus net de tous, ne s’est pas inscrit en faux une seule fois contre les idées et ces tentatives de son maître.

591. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Laurent Pichat »

Une seule chose m’attirait vers l’auteur futur des Réveils. […] C’est la foi niaise à une science qui n’est pas encore, mais qui se fait, — le têtard de la sublime grenouille future, — foi badaude de bedeau scientifique, plus crédule, à lui seul, que tous nos bedeaux catholiques, à nous ! […] Et tel est aussi le mérite — le seul mérite — du livre de Pichat, poète malgré lui, poète incorrigible, poète démocratique… c’est-à-dire un aristocrate qui a dérogé. […] Le livre de Laurent Pichat est une preuve de plus de cette vérité, qu’il faut être infatigable à mettre en lumière : que rien, dans les dernières erreurs qui se sont abattues et se sont accroupies sur le monde, n’est assez puissant pour venir à bout de la faculté poétique, — la seule peut-être de nos facultés qui soit immortelle, car elle fleurit encore, comme ici, revanche superbe de l’imagination des hommes ! […] … Dans un des plus longs poèmes du recueil de Laurent Pichat, intitulé : Saint-Marc (le Saint-Marc de Venise), où se trouve, plus que partout ailleurs, cette idée qui, au fond, est la seule du livre : c’est que le monde entier, l’Antiquité, le Christianisme, le Moyen Age, toutes les religions, toute l’Histoire enfin, jusqu’à ce moment, ne sont plus qu’une pincée de poussière, un songe évanoui, évaporé, perdu, et qu’il n’en subsiste ni un sentiment, ni une croyance, ni une vérité, tandis que le xixe  siècle seul est la vie !

592. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Alfred de Vigny »

Je le trouve tout entier dans ce trait : Il avait, je ne sais où, une forêt, le seul débris qui lui restât d’une grande, fortune aristocratique, et les coupes annuelles de cette forêt auraient pu être pour lui un revenu considérable. Mais il aima mieux toute sa vie se priver de ce revenu, que de toucher à une seule des branches de ce bois sacré, le luxe d’un poète ! […] À voir ce que l’on fut sur terre et ce qu’on laisse, Seul, le silence est grand ; tout le reste est faiblesse. […] — je les retrouve à toute place dans ce recueil de poésies, et avec un accent plus mâle et plus grandiose encore que celui des vers que je viens de citer : Ce Sisyphe éternel est beau, seul, tout meurtri, Brûlé, précipité, sans jeter un seul cri, Et n’avouant jamais qu’il saigne et qu’il succombe À toujours ramasser son rocher qui retombe. […] Il y a dans ces Poèmes d’Alfred de Vigny, réunis sous ce nom général de : Destinées, des morceaux qui n’ont pas ce double caractère que je tiens surtout à signaler, et qui se rapprochent de la première manière de l’auteur, mais concentrée, mûrie, calmée ; d’une couleur moins vive, mais certainement d’un dessin plus fort : La Jeune Sauvage, La Maison du Berger, et surtout L’Esprit pur, poésie cornélienne, l’exegi monumentum du poète, dans laquelle, se mesurant à ses ancêtres, gens d’épée dont il raconte admirablement la vie de cour et d’armes : Dès qu’ils n’agissaient plus, se hâtant d’oublier : il se trouve plus grand de cela seul qu’il a mis sur son casque de gentilhomme : Une plume de fer qui n’est pas sans beauté !

593. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Celles que nous allons remuer n’ont pas reçu encore cette influence des années, qui, comme un lent soleil, peut seule les mûrir. […] Il est en face de quelque chose qui n’est pas encore et que seul il peut réaliser, puis faire entrer dans sa lumière. […] C’est son esprit tout seul qui a été jusqu’à elles. […] N’est-il pas évident que « chaque être est absolument seul » ? […] Il ne se sentait plus exilé et seul puisque, elle, qui s’adressait à lui, lui parlait à mi-voix d’Odette.

594. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

Celui-là seul peut saisir la grande beauté des choses qui voit en tout une forme de l’esprit, un pas vers Dieu. […] L’humanité seule est admirable. […] On dirait un de ces chœurs de musique dialoguée, où tantôt un seul, tantôt plusieurs s’alternent et se répondent. […] Elle seule, au contraire, a le droit d’admirer ; seule elle est sûre de ne pas admirer des bévues, des fautes de copistes ; seule elle sait la réalité et la réalité seule est admirable. […] L’Inde seule mérite à quelques égards d’être prise au sérieux et comme fournissant des documents positifs à la science.

595. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Introduction. Le problème des idées-forces comme fondamental en psychologie. »

Elle implique que ces faits sont tous réduits à un seul, qu’on appelle la représentation, vorstellung, et c’est, pour cela même qu’ils sont tous frappés d’inefficacité absolue. […] Toute image qui est seule dans l’esprit implique donc un mouvement réel au dehors et est projetée au dehors ; il y a réalisation de l’image et croyance à sa réalité. […] S’il en était ainsi, l’objet qu’on veut poser en face de la conscience comme seul réel lui resterait totalement étranger, et, en voulant le poser, on le supprimerait. […] Il y a sans doute un moi-objet, le seul qui soit proprement connu ; et nous accordons à Münsterberg, à M.  […] On a dit avec raison que la psychologie est la seule science qui, en accomplissant sa tache, finisse par s’occuper (à sa manière propre) de la matière même de toutes les autres sciences.

596. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

La pensée ne se formule plus ; la forme seule se contourne et se tourmente pour voiler le squelette qu’elle habille. […] L’ex-ministre est oublié ; nul ne sait un mot des discours qu’il prononça jadis ; nul ne connaît plus un seul acte de sa vie parlementaire. […] jusqu’à l’affection de Jésus pour saint Jean, en déclarant que la seule excuse de Dieu est de ne pas exister, en bavant sur tout ce qu’il y a de sacré au monde, eux, ces hommes graves, ces hommes décrétés immortels ! […] En effet, son intérêt était grand de rester seule en possession de la science, puisque cette science faisait partie de son dogme de la révélation. […] La littérature seule resterait en dehors de ce mouvement providentiel ?

597. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 40-47

Il est certain qu’il n’eut jamais d’autre guide que son propre génie, qui, créé pour le sublime, entraîné par cette vigueur, cette énergie & cette fécondité qui lui étoient si naturelles, le portoit de lui-même vers les plus grands objets, & la Tragédie seule pouvoit développer ses richesses, en lui présentant des sujets dignes de son activité. […] Une esquisse seule de Rubens est préférable aux tableaux les plus achevés d’un Peintre dont tout l’art se borneroit au coloris, & même quelque-fois au vernis seul. […] En parcourant l’Histoire du Théatre, on voit le Cid, les Horaces, Cinna, la Mort de Pompée, occuper la Scène avant Venceslas, la seule des Pieces de Rotrou qui ne se ressente pas de l’ignorance & du mauvais goût de son temps.

598. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Seuls, des adolescents et des parias sont capables de posséder les dons charmants du néophyte. […] Le symbolisme, de qui la seule raison d’exister fut de s’opposer à l’esthétique de M.  […] La naissance et la mort, l’amour et le travail constituent dans ces romans les seules péripéties. […] Notre conscience ne nous a pas permis d’hésiter un seul instant, nous vous haïssons, et nous vous disons : Vous êtes le Grand Mensonge ! […] Vous n’hésitez pas à remuer toute une grande nation jusque dans ses couches les plus profondes en faveur d’un seul homme !

599. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

il la rappela en toute hâte après l’avoir décréditée : trois inconséquences étranges dont nous lui avons souvent demandé compte dans nos conversations seul à seul aux pieds des chênes du bois de Boulogne. […] « Je ne juge pas votre conduite en 1830, lui avais-je répondu : votre conscience est votre seul juge. […] Restons chacun ce que nous sommes : vous sur ce trône auquel vous vous êtes condamné ; moi dans l’obscurité, mon seul apanage et mon seul devoir. […] Une immense popularité y entra avec lui : c’était le seul service qu’il consentit à rendre sous cette forme à la patrie. […] Ceci, du reste, n’est qu’une supposition de ma part ; jamais un seul mot de lui ne m’a donné le droit d’une conjecture à cet égard.

600. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Malheureusement, nous pouvons affirmer que ce noble motif n’est pas le seul mobile des âmes. […] la pensée est le produit du corps entier Faites donc penser un cerveau tout seul ! […] La chimie seule semble devoir fournir à la peinture des compositions et des combinaisons de couleurs ignorées des anciens maîtres. […] La presse, à elle seule, en absorbe de quoi mettre à sec les imaginations les plus fertiles. […] Aussi est-ce une bonhomie presque niaise, de la part de nos critiques et du public, de prêter à messieurs les auteurs des convictions, des doctrines, lorsque leur seul but, leur seul désir est de gagner le plus d’argent possible.

601. (1890) Nouvelles questions de critique

Le jugement esthétique devient ici seul compétent. […] et pourquoi ne pas dire après cela le seul mot qui serve ? […] C’est, avec la poétique, la seule erreur des Grecs. […] Le Petit ; — quatre-vingts pages à lui tout seul. […] ou bien alors, Hugo, lui seul, serait-il donc tout le romantisme à ses yeux ?

602. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Ce sentiment seul n’aurait pas suffi. […] La gaieté est la seule théologie de cette grande farce. […] Seule elle n’a pas menti à ses dévots. […] La critique historique a seule qualité pour répondre. […] C’étaient, sans nul doute, les seuls qu’il sût voir.

603. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Pourquoi, comme l’a remarqué un auteur moderne, telle compagnie, fort estimable d’ailleurs, qui a produit une nuée de versificateurs latins, n’a-t-elle pas un seul poète français qu’on puisse lire ? […] ou du moins pourquoi l’employer ailleurs que dans le ch, qu’on ferait peut-être mieux d’exprimer par un seul caractère ? […] Ce n’est pas tout : il faut même prendre des précautions pour distinguer les termes et les tours employés par un seul auteur, quelque excellent qu’il puisse être. […] Il en est de l’orateur comme du musicien, à qui le génie seul inspire le chant, et que l’oreille et l’art guident dans l’enchaînement des modulations. […] La seule règle générale qu’on puisse donner sur ce sujet, c’est qu’on ne doit ni trop souvent sacrifier l’une à l’autre, ni jamais violer l’une ou l’autre d’une manière trop choquante.

604. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Villemain, dans un livre ingénieux et animé, non pas animé du seul intérêt littéraire, a esquissé en couleurs brillantes et flatteuses, et sous le rayon d’une jeunesse dont nous n’avons pas vu la fin, une grande dame moderne qui s’est aussi piquée de politique, la belle duchesse de Dino. […] Un seul mot encore auparavant. […] De tous ses titres d’autrefois, celui d’homme de lettres était le seul qui lui fût demeuré en propre et auquel il parût tenir. […] J’y cherche en vain une seule pièce qui soit un petit chef-d’œuvre et de tout point excellente. […] Le jour particulier que j’ai eu en vue (18 mai 1763), Mme de Boufflers, fatiguée d’une partie de campagne qu’elle avait faite la veille, ne put revenir pour cette nouvelle fête, et Mme d’Usson seule y était.

605. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Le seul retour, parfois, de la rime et de l’assonance distingue ce style de la prose lyrique. […] Seule, une femme assise Sur un vieux banc de bois que la mousse a verdi Rêve languissamment dans le soir attiédi. […] Pas une seule fois elle ne prononce le nom de Dieu. […] Sa déesse, la seule qu’elle invoque avec foi, c’est la Nature. […] Le poète seul mériterait déjà longuement notre attention.

606. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

Hugo n’en est pas tout seul responsable, et c’est de lui seul que nous voulons parler aujourd’hui. […] Victor Hugo n’a qu’une langue, et il est sa tour de Babel à lui seul, périssant et croulé dans sa propre confusion. […] Oui, toute la question, la seule question que la Critique doive poser à M.  […] Hugo est le seul qui prouve encore par de longues œuvres qu’il n’a pas renoncé à la poésie, cette grande Abandonnée du temps. […] Sainte-Beuve, par amour pour les gens littéraires, ou, comme M. de Lamartine, pour quelque motif douloureux… Encore une fois, seul M. 

607. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Est-ce mourir si, même après dix ans, un seul homme se rappelle ce grand cri qui l’a frappé ? […] Molière, hardi et comptant sur lui-même sur lui seul, élève autel contre autel. […] il eût été bien malheureux si on lui eût dit qu’il était tout seul ! […] Seul, Molière ne s’y trompait pas ; il savait bien jusqu’où pouvait aller l’amitié de Chapelle. […] Cet homme a été sauvé, par la seule chose qui sauve les écrivains, par l’originalité du style.

608. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

Pourquoi donc faut-il un seul instant s’y arrêter ? […] Sans entrer dans d’incroyables détails qu’il est mieux d’ensevelir, s’il se peut, comme des infirmités de famille, et en ne touchant qu’à celles que la querelle du moment dénonce, il suffira de faire remarquer que, dans une Revue où le poëte existe, il tend naturellement à dominer, et les conditions au prix desquelles il met sa collaboration ou sa seule présence (qu’il le médite ou non) sont ou deviennent aisément celles d’un dictateur. […] Les moins actifs, les plus accommodants ou les plus volages, réclament souvent une seule clause : c’est la faculté, toutes les fois qu’ils publient une œuvre, de choisir eux-mêmes leur critique. […] L’essentiel, le seul point que nous tenions à constater, et que le public peut-être voudra bien reconnaître avec nous, est celui-ci : Somme toute, et à travers les nombreux incidents d’une course déjà longue, la Revue a fait de constants et d’heureux efforts pour se fortifier, pour s’améliorer, et, depuis bien des années déjà, pour réparer par l’importance des travaux en haute politique, en critique philosophique et littéraire, en relations de voyages, en études et informations sérieuses de toutes sortes, ce qu’elle perdait peu à peu en caprice et en fantaisie, ce qu’elle ne perdait pas seule et ce que les premiers talents eux-mêmes, le plus souvent fatigués en même temps que renchéris, ne produisaient plus qu’assez imparfaitement. […] Pour animer, pour ennoblir aux yeux du public cet ensemble de critique, en apparence si peu fastueuse, et que nous ne cherchons nullement à rehausser ni non plus à rapetisser ici, une seule considération peut-être suffira.

609. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre III. De la vanité. »

Cette passion qui n’est grande que par la peine qu’elle cause, et ne peut, qu’à ce seul titre marcher de pair avec les autres, se développe parfaitement dans les mouvements des femmes : tout en elles, est amour ou vanité. […] Le seul vrai ridicule, celui qui naît du contraste avec l’essence des choses, s’attache à leurs efforts : lorsqu’elles s’opposent aux projets, à l’ambition des hommes, elles excitent le vif ressentiment qu’inspire un obstacle inattendu ; si elles se mêlent des intrigues politiques dans leur jeunesse, la modestie doit en souffrir ; si elles sont vieilles, le dégoût qu’elles causent comme femmes, nuit à leur prétention comme homme. […] Quand la part qu’elles ont dans les affaires naît de leur attachement pour celui qui les dirige, quand le sentiment seul dicte leurs opinions, inspire leurs démarches, elles ne s’écartent point de la route que la nature leur a tracée : elles aiment, elles sont femmes ; mais quand elles se livrent à une active personnalité, quand elles veulent ramener à elles tous les événements, et les considèrent dans le rapport de leur propre influence, de leur intérêt individuel, alors à peine sont-elles dignes des applaudissements éphémères dont les triomphes de la vanité se composent. […] Quand elles ne veulent plaire que pour être aimées ; quand ce doux espoir est le seul motif de leurs actions, elles s’occupent plus de se perfectionner que de se montrer, de former leur esprit pour le bonheur d’un autre que pour l’admiration de tous : mais quand elles aspirent à la célébrité, leurs efforts, comme leurs succès, éloignent le sentiment qui, sous des noms différents, doit toujours faire le destin de leur vie. […] Mais c’est dans la marche intérieure de la révolution, qu’on peut observer l’empire de la vanité, du désir des applaudissements éphémères, du besoin de faire effet, de cette passion native de France, et dont les étrangers, comparativement à nous, n’ont qu’une idée très imparfaite. — Un grand nombre d’opinions ont été dictées par l’envie de surpasser l’orateur précédent, et de se faire applaudir après lui ; l’introduction des spectateurs dans la salle des délibérations a suffi seule pour changer la direction des affaires en France.

610. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre III. Des idées générales et de la substitution à plusieurs degrés » pp. 55-71

Voilà donc quatre opérations remplacées par une seule. — Qu’un nouvel objet semblable aux précédents se rencontre après que nous avons prononcé le mot quatre, il formera avec le mot un groupe nouveau, et il naîtra en nous une tendance analogue à celle qui nous a fait prononcer le mot deux, tendance semblable à la première, en ce qu’il s’agit aussi d’une addition, tendance différente de la première, en ce que, au lieu d’ajouter un objet à un objet, on ajoute ici un objet à un groupe de quatre objets réunis. […] Calculer, c’est remplacer plusieurs nombres par un seul à la suite de plusieurs remplacements partiels. […] Cette qualité abstraite est la cause de toute la série ; elle la force à être infinie ; c’est elle seule que nous apercevons ; quand nous disons que nous concevons la série comme infinie, cela signifie seulement que nous démêlons cette propriété de régénération inépuisable : nous ne saisissons que la loi génératrice ; nous n’embrassons pas tous les termes engendrés. — Mais pour nous l’effet est le même ; car, appliquant la loi, nous pouvons définir n’importe quel terme de la série, mesurer exactement le surcroît d’approximation qu’il apporte au quotient, chiffrer rigoureusement le degré d’inexactitude que la division renferme encore, si ou l’arrête là. […] Car, partant du caractère général seul présent en nous, nous pouvons imaginer aussi nettement et affirmer, aussi sûrement que si nous en avions fait l’expérience, toute parcelle de temps ou d’espace, n’importe le point où elle se trouve, tel fragment de durée qui a précédé la naissance du système solaire, telle portion d’étendue située par-delà les dernières nébuleuses d’Herschell. […] Quand nous apprécions une distance, il faut bien qu’elles soient présentes ; et pourtant nous ne les démêlons plus, quelque envie que nous en ayons ; elles sont pour nous comme si elles n’étaient pas ; il nous semble que nous connaissons, directement et sans leur entremise, la position que seules elles dénotent ; si parfois elles nous frappent, c’est en s’exagérant, par exemple lorsque, obligés de lire de trop près ou de trop loin, nous éprouvons dans les muscles de l’œil une fatigue notable ; hors de ces cas, elles sont invisibles et comme évanouies. — Pareillement, un compositeur qui vient de lire un air d’opéra ne se souvient pas des croches, des blanches, des clefs, des portées, et de tout le barbouillage noir sur lequel ses yeux se sont promenés, mais seulement de la série des accords qu’intérieurement il a entendus ; les signes se sont effacés, les sons seuls surnagent. — Quand il s’agit de mots, nous pouvons marquer les divers degrés de cet effacement.

611. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VII. Induction et déduction. — Diverses causes des faux raisonnements »

Ou bien on se presse trop de généraliser ; par légèreté, par impatience, on ne se donne pas la peine de ramasser un grand nombre d’observations, et sur deux ou trois exemples, sur un seul parfois, et qu’on n’étudie pas à fond, on pose une règle générale qui se trouve fausse. […] Mais si ces prémisses sont fausses, si une seule est fausse, la conséquence sera fausse aussi. […] Il n’y a pas de raisonnement sans axiomes, et je ne sais si l’on pourrait trouver une phrase d’un seul écrivain qui n’exige l’appui de quelque principe indémontrable. […] Celui qui sollicite une faveur pour lui seul, parce que cela ne tire pas à conséquence, qui s’autorise d’une juste affection pour réclamer une injuste décision, s’il est de bonne foi, ne devra pas s’obstiner dans sa prétention quand il considérera les formes universelles des raisons qu’il donne. Ce qui doit se refuser à tous peut s’accorder à un seul.

612. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

Un seul cas suffit pour apprendre l’existence de la conception, un seul document suffit pour la prouver. […] Mais sa justification est simple : elle est la seule méthode qu’on puisse pratiquer et, en fait, la seule qui l’ait jamais été. […] Tout acte humain est par nature un fait individuel, passager, qui ne se produit qu’à un seul moment et en un seul endroit. […] Possédons-nous plusieurs traditions diversement colorées ou une seule ? Possédons-nous des documents d’espèce diverse ou d’une seule espèce ?

613. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Eux seuls possèdent l’aiguille aimantée qui se tourne vers le pôle enchanté ; eux seuls ont la clef d’or du palais des rêves. […] C’est la seule qui fleurisse dans le jardin royal, comme l’hirondelle est la seule créature vivante qui habite le château. […] Ceux-là seuls m’amusent. […] Thiers seul, furent publiés de 1824 à 1827. […] Cela seul la ferait bien venir.

614. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

Est-ce donc à dire que Fénelon soit le premier ou le seul écrivain du dix-septième siècle chez qui se montre l’esprit de liberté ? […] Dans un plan de gouvernement tracé pour le duc de Bourgogne, je vois que la maison du roi doit être composée des seuls nobles choisis. […] Il lui inspira une piété qui ne pouvait ni s’affranchir ni se passer du secours d’un directeur ; il lui suggéra des scrupules que seul il pouvait lever. […] Quant à cette sorte de scolastique littéraire, née de la mauvaise fertilité des derniers temps, qui distingue le fond de la forme, l’art de son objet, l’écrivain de l’homme, il n’y a pas dans Fénelon une seule ligne dont elle pût s’autoriser pour un seul de ces principes d’invention récente, qui ont gâté le goût de notre nation. […] Elles seules peuvent s’offenser de voir les vives couleurs de l’antiquité païenne s’éteindre sous le pinceau languissant ou timide d’un prélat chrétien.

615. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

Au théâtre, le dramatique extérieur, à grand fracas, est presque le seul possible : sur la scène, penser ne suffit pas, il faut parler ; si l’on pleure, c’est à gros sanglots. […] La forme la moins compliquée du roman psychologique est celle qui ne s’occupe que d’un seul personnage, suit sa vie tout au long et marque le développement de son caractère. […] Un seul personnage raconte, rêve, agit : c’est une sorte de monographie. […] Est-ce que la réalité la plus haute n’appartient pas toujours aux sentiments capables de nous porter en avant, ne fût-ce qu’un seul instant, d’élever au-dessus de nos têtes ne fût-ce qu’un seul d’entre nous ? […] Une composition serrée peut contribuer à la beauté d’une œuvre ; il s’en faut qu’elle la constitue toute seule.

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