Il est donc arrivé que les passages de la poetique d’Aristote, que ceux de Ciceron, de Quintilien et des meilleurs écrivains de l’antiquité où il est fait mention de leur musique, ont été mal entendus par les commentateurs, qui s’imaginant que dans ces endroits là il étoit question de notre danse et de notre chant, c’est-à-dire, de la danse et du chant proprement dits, n’ont jamais pu comprendre le veritable sens de leurs passages. […] Je montrerai en troisiéme lieu, que les anciens avoient si-bien réduit l’art du geste ou la saltation, qui étoit un des arts subordonnez à la science de la musique, en methode reglée, que dans l’execution de plusieurs scenes ils pouvoient partager et qu’ils partageoient en effet la déclamation théatrale entre deux acteurs, dont le premier recitoit tandis que le second faisoit les gestes convenables au sens des vers récitez, et que même il se forma des troupes de pantomimes ou de comédiens muets qui jouoient sans parler des pieces suivies.
On a pu dire qu’elle est elle-même une musique, ce qui est vrai en un sens, faux en un autre. […] N’avait-il pas écrit que les mots ont par eux-mêmes leur valeur et leur beauté propres, indépendamment du sens qu’ils peuvent avoir ? […] Cet oracle a deux sens au moins, ce qui est peu pour un oracle. […] Question qui, suivant les cas, peut être tranchée dans les deux sens. […] Il n’y aurait presque point d’exagération à dire qu’un sens nouveau semble ainsi s’être éveillé dans les âmes : le sens de l’harmonie entre l’homme et la coquille, qui, façonnée d’abord par lui à son usage, le façonne ensuite en l’enveloppant de toutes parts.
Nulle définition n’en précisa le sens, nulle analyse n’en détermina les élémens, surtout nulle induction fondée sur des faits suffisamment nombreux et caractéristiques ne lui donna l’autorité d’un principe. […] Quant aux Aryas qui firent la conquête de l’Inde, les Védas sont là pour attester qu’ils eurent un sens très vif de la réalité et de la pratique, un goût très décidé pour les biens de ce monde, une vigueur et une santé morales tout à fait inexplicables dans la période de l’infini. […] Athéisme, matérialisme, préoccupation exclusive du fini, des avantages terrestres, des plaisirs des sens, voilà le fond du caractère et de l’esprit chinois. […] S’il obéit, il remplit sa destinée d’être raisonnable ; s’il n’obéit pas, il la manque ; mais, observée ou violée, la loi n’en est pas moins loi, en ce sens qu’elle commande absolument et que la raison aperçoit un désordre partout où elle aperçoit une révolte de la volonté contre la règle du bien. […] Bien plutôt, elle les produit en un sens, car elle les suscite, elle les fait sortir de l’indétermination d’une matière qui n’est pas encore organisée, elle en est la raison, partant la vraie cause.
En ce sens, mais en ce sens seulement, nous sommes des révolutionnaires ! […] Ils portaient en eux je ne sais quel idéal conventionnel, étriqué et mesquin, littéraire au mauvais sens du mot. […] Cette intuition des réalités utiles à la vie complétée par le savoir, c’est ce qu’on appelait autrefois l’« humanisme », beau mot dont nous avons à peu près oublié le sens ! […] En ce sens, la race est, autant qu’une œuvre de nature, une œuvre d’art et une œuvre de moralité. […] Nous n’employons pas ce mot dans le sens de Nietzsche, dont nous n’aimons d’ailleurs ni la philosophie ni la littérature.
Je ne le prends dans aucun de ces deux sens, ou plutôt je mêle les deux sens. […] Je vous ai prouvé par des exemples que La Fontaine, Fléchier, Saint-Simon, n’ont pas ce sens de « l’égalité » ; ils n’ont pas davantage le sens de ce que nous appelons « l’humanité ». […] C’est en ce sens, que je ne juge pas, mais que je constate simplement, que l’emploie toute l’école de la philosophie allemande. […] Ce second sens a mon approbation absolue. Ce premier sens que je ne partage pas, et qui tendrait à substituer cette sorte de Dieu-Humanité au Dieu-Providence, ce qui est fort loin de mon idée, ce sens-là on ne peut refuser de le voir dans la scène du Pauvre, d’après tout ce qui précède. « Je n’ai pas voulu donner pour l’amour de Dieu, je donne pour l’amour des hommes. » Mais l’autre sens y est aussi, parce que, arrivé à cette limite extrême du grand seigneur effréné, Dom Juan est jeté, d’un mouvement en arrière, dans la conception la plus contraire à tout ce qui a inspiré sa vie jusque-là, dans ce grand sens du mot humanité où l’emploient tous les grands publicistes de notre temps.
Elle nous montre que le sens profond de la douleur est rare. […] Deschanel se montre à mon sens trop sévère. […] Aussi peut-on dire de lui qu’il satisfait tous les sens. […] Il semble qu’il ait dix ou douze sens. […] Maurice Pottecher a l’amour et le sens des légendes.
Je sens en moi une partie de ta force. […] Noblesse et vérité, c’est là toute la poétique de Léopold Robert, et qu’il ne songea à s’exprimer à lui-même que successivement et après l’œuvre : « La noblesse sans la vérité, pensait-il, n’est plus qu’une singerie qui ne peut plaire aux véritables connaisseurs. » La vérité sans noblesse est un autre écueil : Si je copie juste ce que je vois, je sens que je ferai un tableau plat… Si on se contentait de faire vrai, on se contenterait aussi de copier servilement le modèle que l’on a sous les yeux ; mais, aussitôt que l’on veut ajouter à cette qualité de l’élévation et de la noblesse, c’est une difficulté bien plus grande ; on peut tomber dans la manière, qui est l’opposé de ce qu’on doit chercher. […] Ce fut pour lui que le peintre se hâta de terminer une tête, de grandeur naturelle, d’une jeune fille en costume de l’île de Procida : « Comme le costume était assez pittoresque et la figure jolie, elle a plu au roi, et il me l’a prise. » Malgré ces premiers succès et les éloges qu’il recevait, malgré ceux qu’il espérait surtout de la France, qui fut toujours sa vraie patrie, il écrivait à Navez : Mais, mon cher, je suis quelquefois réellement à plaindre quand je me classe parmi les peintres, et je sens que je ne puis faire de grands progrès en traitant toujours les mêmes sujets et en ne faisant que de petites bamboches. […] J’ose dire que je me sens des moyens dont je n’ai pu donner que des échantillons jusqu’ici ; car, pour rendre ce que je sens, ce que je vois, il faut un travail difficile et pénible.
Henri IV avait une vraie amitié pour le jeune Rohan ; en lui il voyait un élève, un lieutenant futur pour ses projets militaires ; il discernait aussi sans doute une tête capable de maintenir et de conduire un jour le parti réformé, et de s’opposer dans un sens meilleur aux intrigues éternelles du maréchal de Bouillon. […] pour nous, et cependant qui peut être estimée pour son regard, et selon le monde, heureuse. » Et il explique en quoi et en quel sens (un peu païen et antique) cette mort fatale est heureuse pour le héros, une mort sans appréhension, sans douleur, commune à plusieurs grands personnages du passé, et qui laisse l’imagination rêver un avenir de gloire plus grand encore que ce qu’il avait obtenu. […] Au lieu d’une route désormais tout ouverte pour lui de grand capitaine en plein soleil, de généreux et féal Français, sous un grand homme dont il aurait été le lieutenant illustre et le second, il va se trouver engagé par la force des choses dans une vie de faction, de lutte en tous sens, de dispute pied à pied et de chicane avec les siens et les orateurs envieux de son parti, de rébellion en face des armées et de la personne même de son roi, d’alliance continuelle avec l’étranger ; il va former et consumer ses facultés d’habile politique et d’habile guerrier dans des manœuvres où l’intérêt et l’ambition personnelle font, avec les noms sans cesse invoqués de Dieu et de conscience, le plus équivoque mélange, tellement que celui même qui s’y est livré si assidûment serait bien embarrassé peut-être à les démêler. […] La langue est saine d’ailleurs, rarement éclairée de grands traits, mais pleine de sens, de gravité, et telle qu’il sied à un homme d’affaires qui va au fait et ne s’amuse point à l’accessoire. […] Il agissait dans le sens de ses talents, et ces talents eussent aimé les grandes occasions.
» — « Je désire m’occuper de Mme de Staël, répondis-je alors, parce qu’il me semble que je la sens et la comprends autant que personne ; et bien que sorti de terre à un tout autre endroit et d’une tout autre génération qu’elle, un sentiment d’admiration me dit, ainsi qu’à ceux de mon âge, qu’elle nous appartient à tous. » Depuis des années, j’éprouve un regret fréquent à son sujet. […] Elle veut tout éclaircir, tout comprendre, tout mesurer ; elle ne vous concède rien d’obscur, d’inaccessible, et tout ce qu’elle ne peut pas éclairer de son flambeau n’existe point pour elle ; aussi a-t-elle une peur affreuse de la philosophie idéaliste, qui, à son sens, mène au mysticisme et à la superstition, et c’est là l’atmosphère où elle s’anéantit. […] ) Il n’y a pas en elle de sens pour ce que nous appelons poésie ; d’une œuvre de ce genre elle ne s’assimile que la passion, l’éloquence, l’esprit général ; mais si le bon lui échappe parfois, elle n’estimera jamais le mauvais. […] Mais Schlegel m’est insupportable. » Sur l’absence du sentiment de l’art, on peut toutefois remarquer que ce jugement de Bonstetten est antérieur au voyage de Mme de Staël en Italie ; sur le manque du sens poétique, on voit qu’il est tout à fait d’accord avec Schiller. […] Je me sens un obstacle à tout bien pour mes enfants et pour mes amis.
À toutes ces invraisemblances de détail qu’on fait valoir, j’opposerai un petit signe qui fait plus, à mon sens, que les compenser, et qui est bien propre à Mme de Staël ; je crois qu’aucun de ceux qui ont vu beaucoup de ses lettres ne me démentira ; ce sont ces quelques mots anglais, my dear sir, jetés dans une lettre écrite en français : Mme de Staël, avec les gens avec qui elle n’était pas entièrement familière, aimait à faire cela, et à mettre sur le compte d’une autre langue cette sorte d’anticipation de tendresse. […] Craufurd, et à moins que cet honorable ministre américain n’ait rêvé les yeux ouverts, qu’il recevait de Mme de Staël des lettres, que ces lettres avaient leur intention, étaient faites pour être montrées au ministre anglais ; et dans ce cas, je ne conçois pas ce qu’auraient pu être de pareilles communications, si elles n’avaient été dans le sens de la lettre même que nous venons de voir. […] Cette lettre, ou telle autre pareille, ne nous forcez pas à le dire, nous les amis de Mme de Staël, et qui comprenons ses premiers mouvements en plus d’un sens, c’est la compensation peut-être d’avoir écrit un jour au général Moreau de revenir d’Amérique pour nous combattre, d’avoir appelé Bernadotte le véritable héros du siècle, celui qui joint la vertu au génie ; elle a pu, dans des moments de révolte et d’irritation trop motivée, s’emporter à ces vivacités extra-françaises ; elle était femme après tout, nous ne l’en blâmons pas ; mais concevez donc aussi qu’elle a pu écrire à un autre moment cette lettre toute française en simple brave femme qu’elle était ce jour-là, et en bonne patriote. […] Il demandait qu’on se tînt dans l’ordre du possible, et qu’on n’exagérât point dans le nouveau sens. […] La phrase ici est tout à fait brouillée dans l’impression, et il y faut faire une ou deux corrections pour rétablir le sens et la suite grammaticale.
Bossuet n ;a si bien peint, dans leur ensemble moral du moins, et dans leur aspect terrible et majestueux, les grands orages d’Angleterre qu’il n’avait pas vus et dont le sens politique lui échappait, que parce qu’il avait observé de près chez nous ces temps d’ébranlement où toutes les notions du devoir sont renversées, et où les meilleurs perdent la bonne voie. […] Bossuet, en proférant cette fausseté morale déguisée en beauté oratoire, ne faisait d’ailleurs qu’emprunter à Tertullien discutant contre l’hérétique Marcion une pensée théologique qu’il détournait de son sens, qu’il dépouillait de son tour déclamatoire en l’isolant, et à laquelle il imprimait un air de grandeur comme ce lui était chose aisée, sans la rendre pour cela plus juste38. […] En fait de connaissance purement curieuse et ironique de la nature humaine, je ne sais ce que l’auteur des Lettres persanes laisse à désirer aux plus malins ; et dans l’Esprit des Lois, Montesquieu cherche à réparer, à rétablir les rapports exacts, à faire comprendre les résultats pratiques sérieux, à faire respecter les religions civilisatrices, et son explication historique des lois et des institutions, si elle ne conclut pas, inspire du moins tout lecteur dans le sens du bien, dans le désir du perfectionnement social graduel et modéré. […] N’eut-on pas le système de Law, avec ses sens dessus dessous et ses émeutes ? […] il y aurait plaisir et honneur à le louer pour son charmant esprit et son grand sens.
J’ai souvent regretté qu’un travail tout spécial n’ait pas été fait en ce sens sur deux poètes amis qui vivaient du temps de Justinien, Agathias et Paul le Silentiaire, avocats tous deux, poètes et amoureux dans leur jeunesse, et qui devinrent, par la suite, des hommes sérieux comme on dit, l’un historien, l’autre fonctionnaire. […] Mauvais goût, faux jugements, faux sens pour justifier leurs préférences, c’est un système entier d’erreurs et de chimères où l’on se précipite tète baissée, et tout cela pour ne pas démordre d’une estime conçue et nourrie sur la parole d’autrui, avant que nous ayons pu nous-mêmes étudier et apprécier ces œuvres si vantées. » Ah ! […] Je ne m’oublie point, et je reviens à la question que je me suis posée et qu’il ne me déplaît pas d’agiter en divers sens. […] Cette idée de grâce, les Grecs la portaient en tout ; pour dire les gens comme il faut, les gens bien élevés, les honnêtes gens, même au sens politique, les Conservateurs, ils avaient ce mot charmant : et [caracteres grecs illisibles] , comme qui dirait : les gracieux, les agréables. […] En tenant continuellement les regards élevés, nos esprits eux-mêmes s’élèvent ; et tout ainsi qu’un homme, en s’abandonnant aux habitudes de dédain et de mépris pour les autres, est sûr de descendre au niveau de ce qu’il méprise, ainsi les habitudes opposées d’admiration et de respect enthousiaste pour le beau nous communiquent à nous-mêmes une partie des qualités que nous admirons ; et ici, comme en toute autre chose, l’humilité est la voie la plus sûre à l’élévation20. » Entendez ces belles paroles du docteur Arnold comme elles le méritent, et dans le sens où elles sont dites en effet, — avec religion, non avec idolâtrie.
Le Voyage en Orientdonna l’éveil ; par sa préface de Jocelyn, l’auteur attacha un sens voulu à beaucoup de parties du poëme qui seraient, sans cette indication, demeurées vagues, je le crois, et qui auraient passé sur le compte de la licence poétique. […] Ne prenez pas Virgile au mot quand il vous parle, presque en rougissant, de son loisir sans honneur, ignobilis otî ; ou c’est qu’en latin le mot n’a pas ce sens-là. […] N’aurait-il pas ce petit parfum dont je félicitais Fontanes et qui a été jusqu’ici le sens français ? […] Un peu plus loin, l’expression est tout à fait convulsive : Et je sens dans mon front l’assaut de tes pensées Battre l’oreiller que je mords ! […] Ambitieux et négligent à la fois, il a voulu y ajouter des cordes en tous sens ; au lieu d’une lyre, c’est-à-dire un instrument chéri, à soi, qu’on serre sur son cœur, qui palpite avec vous, qu’on élève au-dessus des flots au sein du naufrage, qu’on emporte de l’incendie comme un trésor, il a fait une espèce de machine-monstre qui n’est plus à lui, un corridor sans fin tendu de cordes disparates, à travers lequel passant, courant nonchalamment, et avec la baguette, avec le bras, avec le coude autant qu’avec les doigts, il peut tirer tous les sons imaginables, puissants, bronzés, cuivrés, mais sans plus d’harmonie entre eux, sans mélodie surtout.
De la philosophie Il ne faut point se lasser de le dire : la philosophie ne doit être considérée que comme la recherche de la vérité par le secours de la raison ; et sous ce rapport, le seul qu’indique le sens primitif de ce mot, la philosophie ne peut avoir pour antagonistes que ceux qui admettent ou des contradictions dans les idées ou des causes surnaturelles dans les faits. […] Depuis Locke, l’on ne parle plus des idées innées, l’on est convenu que toutes les idées nous viennent des sens. […] Chaque progrès nouveau dans ce sens met une partie de plus du bonheur social en sûreté. […] À force de chercher toujours des raisonnements dans le même sens, on ne voit plus les arguments qui les combattent ; l’irritation d’amour-propre que fait éprouver la contradiction exalte la passion, engage la vanité. […] C’est l’imagination, pourrait-on dire, qui fait préférer ce genre d’expressions, et le véritable sens de cette idée, comme de toutes, est soumis au raisonnement.
Au moment où je tourne la dernière page, je me sens parfaitement ivre. […] Enfin les longs isolements et les abstinences de l’homme de mer sont coupés par des heures de folie et de revanche où ses sens longtemps sevrés se précipitent à leur assouvissement. […] Il ne considère plus l’univers visible que comme une proie offerte à son imagination et à ses sens. […] Que diriez-vous d’un Homère qui aurait les sens d’Edmond de Goncourt ? […] Et ces évocations d’objets auxquels nos sens ne sont point accoutumés les émeuvent d’autant plus vivement.
§ 4 C’est pour le même motif qu’est née et que s’est développée la morale, au sens ordinaire du mot. […] En ce sens il est juste de dire que c’est la Cité qui a fait l’âme. […] Disons mieux : les autres qui sont en nous, et, sur quelques points plus forts que nous, nous font agir dans le sens de leurs désirs, et contrairement aux nôtres, contrairement, au moins, à ce que seraient les nôtres si les autres n’étaient pas en nous. […] bien plus qu’il ne l’est, complètement altruiste même, si ces mots ont un sens, et qu’il eût cependant besoin d’une morale, si son altruisme restait étroit et trop spécialisé. […] En politique, l’absolutisme, le libéralisme, le socialisme et l’anarchisme même, tels que le conçoivent au moins quelques-uns de ses partisans, sont des tentatives variées et contradictoires pour réaliser l’harmonie des intérêts et des désirs, comme aussi pour fortifier les divers sentiments, — respect, soumission, crainte, sens de l’indépendance, initiative individuelle, esprit de concurrence, désir d’égalité, — par qui chacun s’imagine que la société va se fortifier ou s’épurer.
Tous nos sens, dit M. […] Pour que des sensations aient le caractère esthétique, il faut donc qu’elles ne soient pas la simple propriété de l’individu ; c’est ce qui fait que l’œil et l’oreille sont les sens esthétiques par excellence. […] Tout le but de cette exposition esthétique, c’est de montrer « que l’harmonie est l’âme de l’art. » Pour cela, il faut s’attacher particulièrement aux deux sens esthétiques. […] Dans leur sens propre, dit M. […] Un troisième pouvoir qui implique l’obligation, c’est la conscience, qui est une ressemblance idéale de l’autorité publique, se développant dans l’esprit de l’individu et travaillant à la même fin. » Les divers systèmes moraux fondés sur la loi positive, la volonté divine, la droite raison, le sens moral, l’intérêt personnel, l’intérêt général sont successivement examinés et rejetés par l’auteur.
Ce sont des hommes qui ont nos idées et qui les ont dans la mesure et dans le sens où il nous serait bon de les avoir, qui entendent le monde, la société, particulièrement l’art d’y vivre et de s’y conduire, comme nous serions trop heureux de l’entendre encore aujourd’hui ; des têtes saines, judicieuses, munies d’un sens fin et sûr, riches d’une expérience moins amère que profitable et consolante, et comme savoureuse. […] Tant il est vrai que « les choses ne tiennent pas aux champs comme elles sont ordonnées en chambre », et que le sens d’un seul homme ne saurait prétendre donner ordre à un si grand nombre de gens ! […] Non pas qu’il en veuille à Charles : en peut-on vouloir à ceux en qui le sens naturel fait défaut ? Il en parle même toujours avec convenance et discrétion quand il le nomme ; mais il le juge : « Il étoit assez puissant, dit-il, de gens et d’argent, mais il n’avoit point assez de sens ni de malice pour conduire ses entreprises. » Ce mot de malice revient souvent chez Commynes, et toujours en bonne part.
Il serait temps, aujourd’hui que l’expérience a suffisamment parlé, et que les hommes de mérite qui se sont chargés par pur zèle de ces humbles lectures ont assez montré dans quel sens utile et désintéressé ils les conçoivent, que de son côté aussi le public a montré dans quel esprit de bienséance et d’attention il les vient chercher, il serait temps, je crois, de donner à cette forme d’enseignement la consistance, l’ensemble, l’organisation enfin qui peut, seule, en assurer le plein effet et la durée. […] On ne peut tout lire, sans doute, de chaque auteur ; il n’est besoin que d’en lire assez pour bien marquer le sens de sa manière et donner, à l’auditeur qui sort de là, l’envie d’en savoir plus en recourant à l’original : mais il faut, à la rigueur, lui en avoir déjà offert et servi un assez ample choix, pour que, même sans aller s’informer au-delà, il en garde un souvenir propre, et qu’il attache à chaque nom connu une idée précisé. L’art de la critique, en un mot, dans son sens le plus pratique et le plus vulgaire, consiste à savoir lire judicieusement les auteurs, et à apprendre aux autres à les lire de même, en leur épargnant les tâtonnements et en leur dégageant le chemin. […] Rien n’est plus rare que le bon goût, à le prendre en son sens exquis, et je crois que, dans le cas actuel, il ne faudrait viser qu’au suffisant, mais aussi ne jamais perdre une occasion de favoriser l’amour du simple, du sensé, de l’élevé, de ce qui est grand sans phrase. […] Si l’on me demande ce que j’entends par ce mot, je répondrai que j’entends cette amélioration dans un sens qui ne saurait être contesté par les honnêtes gens d’aucun parti et d’aucune nuance d’opinion.
Presque tous sont des gens austères, et quelques-uns, sceptiques déterminés, sont des modèles de vertu ; la méditation amortit les sens, et les vues générales impriment dans l’âme la préoccupation du bien public. […] Nous touchons au sens cherché. […] Ils sont obligés à chaque pas de modifier l’objet, ou de remplacer leurs propres sens ; ils modifient l’objet par des coupures, des macérations, des injections, des opérations chimiques ; ils remplacent leurs propres sens par le microscope, ou par les indications des réactifs. […] Dans la traduction exacte, on ramène les mots obscurs, vagues, abstraits, de sens compliqué et douteux, aux faits, aux portions de faits, aux rapports ou aux combinaisons de faits qu’ils signifient.
Et ce jour-là, on salua un sens neuf du dialogue, précis, coloré, raccourci. […] Debussy pour qu’il regagnât son prestige et prît son véritable sens. […] Où je le sens le plus spontanément classique, c’est dans sa prose. […] Je me sens vraiment confus de ne devoir citer ici que quatre poètes, pas plus : MM. […] Ni libre — je viens de le montrer — ni vers même, au sens académique du mot.
Si nous avions à la définir nous dirions : La musique est la littérature des sens et du cœur. […] Ces concerts innotés des éléments sont en général précédés d’un long et complet silence, comme pour faire faire en même temps silence dans les sens et dans les pensées de l’homme. […] La voici ; elle servira mieux que des pages de dissertation à vous attester la contagion du son sur les sens. […] « Nous sommes tellement tourmentés, tirés en tous sens, que je ne sais pas qui l’emportera de ceux qui demandent. […] “Très volontiers”, lui répondis-je ; “mais en ce moment cela m’est impossible, car j’ai les doigts tellement gelés que je ne les sens plus.”
Elle est idéaliste dans le mauvais sens du mot. […] En ce sens les romans de M. […] Le sens à la fois littéraire et moral que M. […] L’aveugle-né a ses sens, son monde, sa raison à lui. […] Un poète est un monde, non au sens quantitatif, mais au sens qualitatif.
« De l’éloquence en vers… ; Ronsard n’avait à aucun degré le sens épique ; son génie est tout lyrique » (Lanson). […] — 2º l’épopée (au sens strict, le « grand poème » de Du Bellay) est également une « forme » spéciale du genre épique, imposée par la tradition académique. […] En élargissant son horizon dans l’espace et dans le temps, l’esprit français retrouve le sens de l’histoire. […] Du moins ce sens social est-il un signe caractéristique de notre époque. […] Au cours de mille années, la littérature française a par trois fois parcouru ces étapes dont nous verrons plus tard le sens profond : lyrisme, épopée, drame.
Sens et conséquences de cette querelle. […] Issus tous les deux de la Renaissance, le rationalisme et le goût esthétique étaient pourtant deux courants qui portaient en sens contraire. […] Il est facile de voir, dans ce simple exposé, le sens et la portée du débat.
C’est, à mon sens, le plus personnel, le plus spontané de ses livres, au moins en ce qui regarde la pensée ; car le style de Stello est plus châtié, plus condensé, plus volontaire que celui de Cinq-Mars. […] Il repousse avec une sorte de pudeur virile la tentation d’amuser les désœuvrés des secrets de sa vie ou des mystères de son cœur… l’art est toujours chez lui, en un sens, philosophique… Chacun de ses poèmes : Moïse, Éloa, n’est, si l’on veut bien le prendre, qu’un admirable symbole… C’est une succession de petits ou de grands drames dont chaque partie se relie par une pensée unique, mais l’artiste, nulle part, ne se sacrifie au penseur ; il garde tous ses droits, nous enivre et s’enivre lui-même de poésie, orne d’une grâce infinie chaque détail. La conception nous arrive d’autant plus vive, nette, éclatante, qu’elle est comme matérialisée (ou, en un sens, idéalisée) dans une image, dans un tableau.
Les considérer seulement comme un moyen de culture intellectuelle et d’éducation, c’est, à mon sens, leur enlever leur dignité véritable. […] C’est en effet mal comprendre le rôle et la nature des langues classiques que de donner à cette dénomination un sens absolu, et de la restreindre à un ou deux idiomes, comme si c’était par un privilège essentiel et résultant de leur nature qu’ils fussent prédestinés à être l’instrument d’éducation de tous les peuples. […] Prendre l’humanité à un point isolé de son existence, c’est se condamner à ne jamais la comprendre ; elle n’a de sens que dans son ensemble.
Ainsi l’examen de leur œuvre et de leur vie nous apprend que Marivaux, Montesquieu, Voltaire, Diderot, Rousseau, Ducis ont tous aimé, admiré, reproduit certains écrivains anglais : nous voici autorisés à déclarer que l’Angleterre a exercé sur la France une forte influence intellectuelle au cours du xviiie siècle, et avec un peu d’attention, il est aisé de marquer dans quels domaines, entre quelles dates, en quel sens elle a agi. […] Point de changement grave dans les conditions atmosphériques ; le ciel n’est pas devenu plus bleu, les roses plus roses ; les hommes n’ont pas été doués d’un sens nouveau. […] Causes secondaires : l’action dans le même sens de l’Angleterre et celle de la Suisse s’exerçant par l’intermédiaire de Jean-Jacques et de quelques autres.
au rebours du sens commun, du sens moral, de la raison, de la nature, tel est ce livre, qui coupe comme un rasoir — mais un rasoir empoisonné — sur les platitudes ineptes et impies de la littérature contemporaine. […] Jamais renseignement plus formidable ne fut donné sur une société raisonnable et rhythmée autrefois, mais où, en ces dernières années, tant de bons sens ont fait la culbute. […] Eh bien, un jour, je défiai l’originalité de Baudelaire de recommencer les Fleurs du mal et de faire un pas de plus dans le sens épuisé du blasphème.
Tel est précisément le sens où nous prenons le mot « image » dans notre premier chapitre. […] La critique kantienne devint alors nécessaire pour rendre raison de cet ordre mathématique et pour restituer à notre physique un fondement solide, — à quoi elle ne réussit d’ailleurs qu’en limitant la portée de nos sens et de notre entendement. […] Quand la philosophie prétend appuyer cette thèse paralléliste sur les données de la science, elle commet un véritable cercle vicieux : car, si la science interprète la solidarité, qui est un fait, dans le sens du parallélisme, qui est une hypothèse (et une hypothèse assez peu intelligible 1, c’est, consciemment ou inconsciemment, pour des raisons d’ordre philosophique.
Le latin arces, l’italien rocce, ont, outre leur premier sens, celui de forteresses. […] L’institution des sépultures, qui vint après celle des mariages, résulta de la nécessité de cacher des objets qui choquaient les sens. […] Les grammairiens ont dit, sans en comprendre le sens, que clientes était quasi colentes.
M. de Rémusat encore eût été sans doute des mieux désignés : son intelligence et son talent réfléchi rayonnaient alors dans tous les sens. […] Il y aurait eu bien des choses en ce sens, et même de jolies choses, à dire. […] Son esquisse générale était vraie ; la physionomie des lieux était délicatement sentie et rendue sous sa plume : le goût chez lui suppléait aux sens. […] Il n’aurait plus rayonné en tous sens ; il aurait moins su, moins appris avidement de tout bord. […] — Je ne me sens guère en état de faire l’arbitre et de résumer le débat.
De là, désormais, le culte de la raison et le mépris des sens. […] Et notre musique, pareillement, n’offre aucun sens aux oreilles des Arabes. […] Mais tout art, en ce sens, est nécessairement symbolique. […] Et à mesure que je sens mieux l’obscurité des poésies de M. […] … Ne sens-tu pas ton être impérissable briller au-delà de toutes les nuits ?
Ils ont des sources et des ressources, dans le sens propre et primitif du mot. […] De quelque parti que l’on soit, comment contester la supériorité, la sagacité de son sens critique ? […] Mais, à la vérité, il est difficile d’assigner quelle est, dans l’émotion musicale, la part de l’âme, la part des sens. […] Ardeur des sens et fièvre du travail, il se prodigue de toutes parts. […] Autant l’autre réjouit les sens, autant, lui, il délecte l’âme, en l’attirant dans les délices d’une tristesse sympathique.
C’est peut-être un contre sens. […] Il avait deux sens, mendiant et coquin, et il semble avoir eu toujours ces deux sens. […] Le vrai sens me paraît être celui qu’adopte M. […] Inclinez-vous à supposer que leur sens est ironique ? […] Ils sont en saillie, avec tout leur sens, et ils sont en juste et précis parallèle, avec tout leur sens.
En ce sens, chaque anomalie a sa norme, chaque artifice sa spontanéité. […] Le pyrrhonisme, au sens usuel du mot, n’est pas davantage le cas de M. […] On arrive ainsi à concevoir qu’un dogme quelconque, si faux soit-il, est vrai en un certain sens. […] Un homme de sens, en lisant cette phrase recherchée et contournée, en reçoit-il quelques idées nettes ? […] Il a donc beaucoup travaillé dans ce sens.
En ce sens, les petits drames de M. […] Mysticisme, ce mot a pris en ces dernières années tant de sens les plus divers et même divergents qu’il faudrait le définir à nouveau et expressément chaque fois qu’on va l’écrire. […] Ayant tué volontairement en lui la spontanéité de l’être impressionnable, les dons de l’artiste remplacèrent peu à peu en lui les dons du poète ; il aima les mots pour leur sens possible plus que pour leur sens vrai et il les combina en des mosaïques d’une simplicité raffinée. […] « Je sens qu’ils doivent être ma vraie famille. […] Il faut que l’éducation des sens ait eu le temps de se parachever et que l’expérience ait fortifié l’esprit dans l’art des comparaisons et du choix, de l’association et de la dissociation des idées !