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459. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

Déjà l’armoire semblait vide et l’image apparaissait toujours. […] On trouve toutefois dans la correspondance de Flaubert d’autres assertions qui semblent la confirmer. […] Elle ne semble pas toujours viable. […] Une chose qui évolue semble marcher d’elle-même, par une force interne et nécessaire, dans un chemin tracé d’avance. […] Ce sont les formes de ce procédé que l’on retrouve, me semble-t-il, dans les observations de M. 

460. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Il semble que Voltaire ne puisse jamais louer les modernes qu’aux dépens des anciens. […] « Cinna, dit-il, embrasse les genoux d’Auguste, et semble déshonorer les belles choses qu’il a dites, par une perfidie bien lâche qui l’avilit : cette basse perfidie même semble contraire aux remords qu’il aura. […] Corneille semble avoir imaginé pour la tragédie ce que Molière exécuta depuis pour la comédie dans l’École des Femmes. […] C’est surtout contre Rodogune qu’il semble avoir dirigé ses traits les plus envenimés : la prédilection déclarée de Corneille en faveur de cette tragédie, semble avoir été pour le commentateur un motif secret de la mettre en pièces. […] Mais sa critique, qui semble choquer le bon sens, s’excuse par les mêmes motifs que la conduite de Cléopâtre.

461. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Tout y semble facile. […] Au début, elle semble un peu aigre. […] Quant à sa croyance en Dieu, elle semble profonde. […] Sa vie lui semble amère et vide. […] La mode en semble passée aujourd’hui.

462. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

Il peut sembler puéril d’attribuer quelque effet à des moyens en apparence si faibles. […] De ce que le pollen a pour seul objet la fécondation, il semble au premier abord que sa destruction soit une véritable perte pour les plantes. […] Il semble que ce soit pour mieux assurer la fécondation d’une fleur par elle-même que les étamines s’élancent par une détente soudaine vers le pistil, ou se meuvent lentement vers lui l’une après l’autre. […] Il semble donc que, chez les mammifères australiens, nous voyions une application de la loi de divergence des caractères à l’une des premières phases de son évolution incomplète. […] Il ne semble donc pas, au premier abord, qu’il existe de limites à la somme des diversifications profitables de structure, et, par conséquent, aucune borne à l’accroissement du nombre des espèces.

463. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

A défaut de parole extérieure et vraiment audible, ni l’écriture ni la pensée ne semblent pouvoir se passer de son secours. […] Mais, dans l’antiquité, elle semble avoir échappé à tous les penseurs, et, chez les modernes, aucun des maîtres de la psychologie n’a su la décrire exactement et lui assigner son rang parmi les faits psychiques. […] Haller est plus précis ; retrouvons-nous chez lui l’opinion de Bonald, partagée, à ce qu’il semble, par J. […] Malgré la discrétion de leurs formules, Bossuet et Port-Royal (chap. déjà cités) semblent, sur ce point, plus près de Condillac que de Rousseau, Ronald et de Maistre. […] Cardaillac fait une place à part à l’articulation, qu’il distingue du son et, semble-t-il, du mouvement musculaire ; le sens de ces passages nous échappe.

464. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens III) Henri Rochefort »

Sur le drame ou la comédie des vingt dernières années, cette face pâle de mime n’a cessé de pencher sa grimace immuable, et qui paraît automatique, comme ces masques que l’on peint au-dessus des rideaux de théâtre, et qui semblent railler tout ce qui s’agite sur les planches. […] Il me semble que la plaisanterie de M.  […] Rochefort, il faut être bien sûr de son fait ; et cette furie négatrice ne saurait guère aller, semble-t-il, sans un très grand sérieux. […] Mais alors il me semble qu’un certain degré d’outrance dans certaines doctrines impose absolument à celui qui les professe une vie qui ne les contredise point. […] Mais, si ces explications vous semblent contradictoires, vous êtes libre de choisir entre elles.

465. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

Durkheim semble faire, il est vrai, certaines concessions à la diversité individuelle. […] Elslander65 définissent cette éducation en fonction des intérêts sociaux et des destinées sociales telles qu’ils les conçoivent ; ils la subordonnent à quelques grandes lois directrices de l’évolution sociale qu’il convient de favoriser et dont le tenue semble être un eudémonisme collectif où l’individu s’absorberait passivement dans l’uniformité et la médiocrité générales. […] Ce n’est pas seulement par sa fin : c’est aussi par ses moyens que toute entreprise éducative semble dirigée contre l’originalité et la diversité individuelles. […] Loin que tout puisse être avec fruit enseigné à tous, il semble bien qu’une intelligence donnée ne peut recevoir sans danger pour sa contexture même, que les genres de notions qui y pénètrent sans effort69. » L’instruction n’a pas une valeur universelle ; elle n’est bonne que si elle répond à la physiologie de l’individu qui la reçoit. […] L’appel au sentiment semble plus efficace.

466. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

Cette loi me paraît être résumée par deux vieux proverbes, qui semblent se contredire et qui en réalité se complètent : A père avare, fils prodigue, et Tel père, tel fils. […] Mais, s’il est vrai qu’une alternance régulière ramène tour à tour le règne d’états d’esprit et de procédés contraires, du réalisme et de l’idéalisme, de la raison et de l’imagination, de l’analyse et de la synthèse, de l’optimisme et du pessimisme, etc., il semble que la littérature, revenue au pôle qui fut son point de départ après avoir atteint l’autre, devrait se retrouver dans la situation même où elle était quand commençait l’oscillation. […] Il semble, par suite, que l’évolution se résolve en une série de mouvements qui reviennent sur eux-mêmes ; qu’elle soit, dès lors, la négation de tout progrès ; qu’elle aboutisse à ces ricorsi, à ces retours périodiques au même point dont parlait jadis Vico ; qu’elle puisse être figurée par un serpent qui se mord la queue, par un cercle où elle chemine et tourne en repassant incessamment sur la trace de ses propres pas. […] Le trajet qu’elle accomplit ressemble à ces routes de montagne qui serpentent en lacets ; on semble, en les gravissant, repasser plusieurs fois au même endroit ; on est toujours, en réalité, plus avant et plus haut. […] En notre siècle, l’école réaliste semble, au premier abord, avoir été en complète opposition avec l’école romantique.

467. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Raphaël, pages de la vingtième année, par M. de Lamartine. » pp. 63-78

Un récit exact et simple, circonstancié et fidèle, de cette passion mystérieuse que le poète des Méditations n’a célébrée qu’à demi en la dérobant, et qui semble avoir donné à son génie l’impulsion secrète, serait infiniment précieux comme étude et intéresserait assurément comme lecture. […] Ces pages, qui n’ont servi encore à aucune autre génération précédente, et qui semblent avoir été faites chaque matin tout exprès pour nous, nous deviennent aussitôt comme propres et intimes. […] Ces sortes d’ouvrages qu’une génération accueille à leur naissance, qu’on peut lire à deux, et avec lesquels, pour ainsi dire, on aime, sont très délicats à analyser ; il semble que le critique, en venant y relever ce qui le choque et ce qui détonne, s’immisce plus ou moins dans des sentiments particuliers et chers, et qu’il fasse le rôle d’un trouble-fête. […] Julie semblerait plutôt un nom brillant de plaisird ; c’est un nom de femme romaine, ou tout au moins de femme bien portante. […] Et plus loin, parlant de Julie, après avoir épuisé, ce semble, les termes passionnés : Je lui cherchais des noms, dit-il, je n’en trouvais pas.

468. (1759) Observations sur l’art de traduire en général, et sur cet essai de traduction en particulier

Cette règle, si utile, au progrès de la littérature, doit s’étendre, ce me semble, non seulement aux ouvrages originaux, mais aux ouvrages d’imitation même, tels que sont les traductions. […] Corneille doit donc être plus facile à traduire que Racine, et, ce qui peut-être semblera paradoxe, Tacite doit l’être plus que Salluste : Salluste dit tout, mais en peu de mots, mérite qu’une traduction a peine à conserver ; Tacite sous-entend beaucoup et fait penser son lecteur, mérite qu’une traduction ne peut faire perdre. […] Cependant, en accordant aux écrivains créateurs le premier rang qu’ils méritent, il semble qu’un excellent traducteur doit être placé immédiatement après, au-dessus des écrivains qui ont aussi bien écrit qu’on le peut faire sans génie. […] Cet avantage serait, ce me semble, plus réel que celui que leur attribuait le fameux satirique du dernier siècle, admirateur aussi passionné des anciens, que juge sévère et quelquefois injuste des modernes1. […] On ne peut traduire un homme de génie, si on ne le traduit pas vivement et d’enthousiasme ; mais si cet homme de génie est en même temps un écrivain profond, il faut du temps pour l’étudier et pour le rendre ; il me semble d’ailleurs en général, que pour éviter tout à la fois la froideur et la négligence du style dans quelque ouvrage de goût que ce puisse être, il est nécessaire et d’écrire vite et de corriger longtemps.

469. (1886) Le naturalisme

Ce qui nous semble aujourd’hui si peu de chose était en 1829 de la plus haute gravité. […] il semble que sa douceur nous résonne encore dans l’âme. […] Négligeons ses œuvres de jeunesse qui semblent plutôt celles de la sénilité et dans lesquelles il se montre si inférieur. […] Son style semble travaillé sans violence ni effort, avec un aimable abandon, quoique sans négligence. […] Le talent de Fernandez y Gonzalez semblait un arbre touffu, dont le bois pouvait servir à des œuvres sculpturales.

470. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Le christianisme a laissé en eux quelques traces, mais si légères qu’elles ne semblent que des habitudes de geste et de langage, et ne semblent nullement intéresser leur vie intérieure. […] L’effet ne me semble pas très heureux. […] Aussi Malherbe semble-t-il venir, non après Ronsard, mais après Marot. […] Faites comme moi, semble dire le docteur Rabelais, disséquez. […] Celui-ci semble avoir peu hésité.

471. (1874) Premiers lundis. Tome I « Charles »

Après plusieurs incidents, le cousin Van-Pôle est écarté, et il semble que rien ne s’oppose plus au bonheur des amants. […] Tout semble une seconde fois achevé, lorsque Delmida, on ne sait pourquoi, se rappelle que Charles n’est que son fils adoptif, un pauvre enfant trouvé qu’il a autrefois recueilli par charité ; et, par une inexorable délicatesse, il croit devoir résister à un mariage qu’il n’a jusque-là combattu que vaguement. […] Dans l’entraînement, et pour ainsi dire la superstition de l’amour, il semble que tout ce qui nous environne se mette en harmonie avec notre pensée, et sympathise avec nos joies et nos peines.

472. (1875) Premiers lundis. Tome III « Maurice de Guérin. Lettre d’un vieux ami de province »

Henri Estienne, l’un des meilleurs prosateurs du xvie  siècle et des plus grands érudits, a fait un petit traité de la conformité de la langue française et de la langue grecque : il a relevé une grande quantité de locutions, de tours de phrase, d’idiotismes communs aux deux langues, et qui semblent indiquer bien moins une communication directe qu’une certaine ressemblance de génie. […] Pourtant, il faut le dire, toute cette renaissance grecque du xvie  siècle, en France, fut érudite, pédantesque, pénible ; le seul Amyot, par l’élégance facile de sa traduction de Plutarque, semble préluder à La Fontaine et à Fénelon. […] Quelques critiques, comme l’abbé Arnaud, qui semblent se vouer à ce genre d’érudition avec enthousiasme, donnent plutôt une idée fausse.

473. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Une fois, il se rajeunit de trois ans, parce qu’il lui semble beau d’avoir été allaité par sa mère dans les prisons de la Terreur. […] Ici, triomphe la sereine liberté d’une écriture qui semble improvisée ; là, le plus prodigieux effort d’expression plastique qui fut jamais. […] Puis ces mots de « maestria » et de « verve », appliqués à Lamartine, me font peine : ils me semblent le rapetisser étrangement. […] Deschanel semble mettre un reproche, je mettrais une louange. […] Il ne semble point que son œuvre marque un moment nécessaire (ou qui soit démontré tel après coup) dans le développement de notre lyrisme.

474. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

Et vous ne me refuserez pas, dans cette netteté d’esprit et humeur philosophiques où vous vous trouvez quelquefois le matin, de faire réflexion sur trois ou quatre choses qui me semblent très dignes de l’attention d’un philosophe. […] Chapelle disparaît et semble s’éteindre dans les dernières années de sa vie. […] Le début, à parler vrai, ne nous agrée plus guère ; ce mélange de vers et de prose, ces enfilades de rimes redoublées pouvaient sembler neuves alors ; aujourd’hui, c’est usé, et quand on lit au xviiie  siècle les lettres de Voltaire, par exemple, on est souvent étonné que cette même plume qui vient de dire très gentiment les choses en prose se mette tout d’un coup à les redire moins bien en assez mauvaises rimes. […] Il me semble voir les gens de la société du Marais qui attendent son récit en se disant : « Le bel esprit ! […] Il semble que l’Océan ait voulu donner à la Suisse son portrait en miniature.

475. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Montaigne en voyage »

Lapaume, qui me semble avoir eu raison contre M.  […] Il disait aussi qu’il lui semblait être comme ceux qui lisent quelque fort plaisant conte, d’où il leur prend crainte qu’il vienne bientôt à finir, ou un beau livre : lui de même prenait si grand plaisir à voyager qu’il haïssait le voisinage du lieu où il se dût reposer… ». […] Pour lui qui, en toute chose, préférait le chemin des écoliers, ce lui semblait alors le cas, ou jamais, de faire l’école buissonnière. […] Il remarque un air de dissipation pendant l’office : « Il lui sembla nouveau, et en cette messe et autres, que le Pape et cardinaux et autres prélats y sont assis, et quasi tout le long de la messe couverts, devisant et parlant ensemble. Ces cérémonies semblent être plus magnifiques que dévotieuses. » — Les courtisanes ont leur part de son attention. — L’ambassadeur de France (M. d’Elbène) l’engage cependant à aller baiser les pieds du Pape : Montaigne et son compagnon de route, M. d’Estissac, sont donc présentés un jour à Sa Sainteté par l’ambassadeur.

476. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

Il est à regretter que, s’il doit y avoir une réponse à leurs objections qui, à certains égards, semblent péremptoires, cette réponse se fasse tant attendre et semble hésiter. […] Autrement on semble pris au dépourvu, et la place est enlevée avant qu’on ait paru en mesure de la défendre. […] En général, la Marie-Antoinette qui ressort de la correspondance de Vienne est beaucoup moins en état d’écrire et de correspondre agréablement qu’il ne semblerait d’après les lettres, aujourd’hui plus que suspectes, qui étaient d’accord avec une flatteuse légende et dont les couleurs répondaient au besoin des imaginations. […] Le portrait est juste ; il n’a rien de satirique ; il est impartial ; deux ou trois petits mots semblent y déceler une plume étrangère, quoique tout y soit, d’ailleurs, d’une observation bien française. […] Il semble que ce prince est en grande partie cause lui-même de cette négligence : il n’est pas prévenant ; sa contenance est très-mauvaise ; il parle peu et mal, et reconnaît la supériorité de la reine et le lui laisse trop apercevoir.

477. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

Il faut bien se figurer ceci pour être dans le vrai de la réalité historique : de tout temps, les facultés diverses de l’esprit humain ont été représentées au complet, bien qu’en des proportions variables, et, de même que, dans les plus saintes âmes, il y a des moments d’éclipse, de doute, d’angoisse, enfin des combats, de même, dans les siècles réputés les plus orthodoxes, le gros bon sens ou la moquerie ont eu leur voix, leurs échos, pour protester contre ce qui semblait une folie sainte. […] Ainsi, dans ce style de couleur exacte et simple, le château de la Wartbourg ne devrait jamais être désigné, ce me semble, comme le centre du mouvement politique et administratif du pays : je n’aime pas non plus voir sainte Élisabeth jeter les bases de la vénération dont ces beaux lieux sont entourés. […] Les visions de la sœur Emmerich sur la passion de Jésus-Christ semblent, à la lettre, un fragment détaché d’une légende du moyen âge. […] Je n’y ai rien trouvé que de vrai je dois et je puis, il me semble, oser en toute simplicité vous le dire, monsieur ; mais cette impression ne diminue en rien celle que j’ai reçue de la bienveillance si bien sentie et si visible qui accompagne tout un portrait qui m’a été si doux à lire. […] les années, les souffrances, les échecs et les humiliations de l’amour-propre, tout ce qui aurait dû rabattre de son habitude agressive n’a fait au contraire qu’irriter en lui ces besoin, cette rage d’insulte et d’invective qu’il semble avoir retenus de son premier maître La Mennais et qui fait tache dans son noble talent.

478. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Joubert, c’était un Athénien touché de la grâce socratique : « Il me semble, disait-il, beaucoup plus difficile d’être un moderne que d’être un ancien. » Il était surtout un ancien en ce qu’il avait le sentiment calme, modéré ; il ne voulait pas qu’on forçât les effets, qu’on appuyât outre mesure. […] Rulhière avait fait graver pour elle un cachet qui représentait un chêne avec cette devise : « Un souffle m’agite, et rien ne m’ébranle. » La devise était juste ; mais l’image du chêne peut sembler bien altière. Quoi qu’il en soit, cette enveloppe fragile et gracieuse, ce roseau sentant qui semblait s’abandonner au moindre souffle, renfermait une âme forte, ardente, capable d’un dévouement passionné. […] Mme de Beaumont avait si peu d’attache à la vie, qu’il semblait qu’en le voulant, il n’eût tenu qu’à elle de vivre. […] En toutes choses il me semble que les idées intermédiaires me manquent, ou m’ennuient trop. » Ces idées intermédiaires, s’il s’était donné la peine de les exprimer, ne nous ennuieraient pas, ce semble, mais plutôt nous reposeraient en le lisant.

479. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

Dans l’ordre des genres, il semblerait plus naturel de le comparer aux grands rois, aux grands ministres qui ont laissé des écrits. […] » En exposant de la sorte les incertitudes, il semble que Napoléon lui-même, au plus haut de son rêve, se complaise à les laisser planer, et que, dans son dessein préconçu de commencer par une de ces choses, il les embrasse toutes dans le lointain à la fois. […] Ailleurs, il nous présentera les colonnes françaises dans leur marche, enveloppées, harcelées par ces Bédouins du désert : « Elles semblaient des escadres suivies par des requins. » Tel est son pittoresque, toujours sobre et vrai. […] Seulement, quand il parle des mamelouks et de leurs manœuvres, de cette brave et belle milice, comme il l’appelle, il a des pages presque descriptives : il semble se complaire, avant de les combattre, à les voir se déployer. […] Les chefs de la population arabe, qui étaient à la fois ceux de la religion, recouvrèrent l’autorité que leur avaient ravie Turcs et mamelouks ; il semblait que les Français ne fussent venus que pour eux.

480. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

La généralisation qui semble de la profondeur pour les siècles déjà lointains, semblerait de la légèreté et de la témérité en deçà. […] Cette préoccupation du régime anglais et du remède anglais appliqué à notre maladie, pour être une erreur plus spécieuse et plus prochaine de nous, ne m’en semble pas moins une erreur grave et qui nous a déjà été assez funeste. […] Ce n’est donc qu’avec une discrétion extrême qu’on devrait, ce me semble, proposer les remèdes généraux dans lesquels il n’entre que des idées. […] Car, dans bien des cas, lorsqu’on la prodigue, elle peut sembler un instrument du discours, un effet oratoire et social, bien plutôt encore qu’une élévation intime et toute sincère. […] Du moins une expérience tout à fait consommée devrait en garantir, ce semble.

481. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

Il me semble qu’en ayant sous les yeux ce premier petit volume sans les additions incohérentes et un peu confuses qu’on a faites depuis, on saisit mieux dans ses justes lignes la génération des idées et la formation du talent. […] On a discuté sur la religion de Vauvenargues : il me semble qu’à y regarder de bonne foi et sans prévention, on ne saurait pourtant s’y méprendre. […] » Vauvenargues était des plus sensibles à l’amitié, et il y a porté des délicatesses et des tendresses qu’il semblait avoir dérobées à l’amour. […] Au reste, pour se figurer la ligne de hardiesse et à la fois de modération qu’eût affectionnée et suivie Vauvenargues dans des circonstances différentes et dans les conjonctures publiques qui ont éclaté depuis, il me semble que nous n’avons qu’à le considérer en un autre lui-même, et à le reconnaître dans André Chénier. […] Il a reconnu les vices et les défauts des hommes, mais il les a reconnus avec douleur, sans cette joie maligne qui ressemble à une satisfaction et à une absolution qu’on se donne en secret, de même qu’il a maintenu les grandes lignes, les parties saines et fortes de la nature, sans cet air de jactance par lequel on semble s’exalter en soi et s’applaudir.

482. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

L’ouvrage qui a fait sa réputation et qui a paru en 1788 semble depuis quelque temps mis de côté et jugé avec une sévérité qu’il ne faudrait pas pousser à l’injustice. […] Cette étude des mathématiques et de l’astronomie, où il s’était assez longtemps oublié, lui semblait un des égarements et une des dissipations de sa jeunesse. […] Il semblait que la nature eût voulu assortir ses formes et ses traits à ses mœurs et à ses occupations. […] Elle semble quelquefois se rappeler ce qu’elle n’a jamais appris… » Mais j’aime mieux, pour donner de la duchesse de Choiseul une idée saillante, emprunter les portraits en miniature qu’en a laissés un pinceau moins élégant et moins peigné que celui de l’abbé Barthélemy, mais plus vif en images : Ma dernière passion, dit Horace Walpole, qui ne la connut que quelques années plus tard (en 1766), et, je crois, ma plus forte passion est la duchesse de Choiseul. […] Voulant montrer que, parmi les différentes sortes d’esprits, celui de saillie et de légèreté est le plus opposé à l’amitié : Elle s’accommoderait mieux, ajoute-t-il, de cet esprit fin et délicat qui semble ne s’exprimer que pour plaire, et qui laisse entrevoir plus qu’il n’exprime.

483. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

Je ne sais, mais la proposition de cette maison de Savoie pour le trône de France me semble la plus grande insolence que ma patrie ait eu encore à subir. […] Jeudi 12 juin Il me semble, en ces jours, que je fais les choses absolument comme si j’étais mon exécuteur testamentaire, c’est-à-dire très indifférent à leur réussite ou à leur non-réussite. […] Il semble que les buveurs remuent, au fond de leurs verres, les destinées de l’État. […] Il me semble y voir des reflets de linceul. […] moi, si j’avais des culottes, il me semble que je serais de suite partout, que je saurais tout.

484. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre III. Personnages merveilleux des contes indigènes »

— Les démons, ce type de la révolte vaincue et de l’éternelle rancune, semblent assez rares et de conception islamique. […] Les gotteré peuhl semblent aussi de véritables gardiens des trésors cachés (tels les korrigans bretons). […] Ceci semble confirmer mon hypothèse que ce sont d’anciens dieux inférieurs comme le furent par exemple les dryades et les sylvains. […] Ses apparitions terrifiantes semblent surtout avoir pour but d’éprouver le courage des voyageurs (v. […] Les guinné s’unissent assez volontiers à la race des hommes, les guinné mâles principalement car il semble ressortir du conte d’Anta que les femmes guinné s’y prêtent moins facilement.

485. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Comment ce qui semblait manquer aux beaux jours de la république, à l’époque où elle avait produit de si grands hommes, lui fut-il donné sous le joug d’un maître habile mais sans grandeur, indigne par ses premiers crimes des éloges qu’à mérités la modération prudente de ses dernières années ? […] Sa verve n’est pas éteinte sans doute ; elle semble se nourrir de réflexions et de regrets, de pitié pour la douleur et d’amour pour la vérité : mais elle n’a qu’un enthousiasme mélancolique qui touche au désespoir, l’enthousiasme du néant, et par là du repos, l’hymne à la destruction. […] avance, nouvelle épouse. » Une autre poésie de Catulle, différente par la forme, sur le même sujet, devait, ce semble, reproduire cette pompe musicale et ces chœurs que disposait Pindare. […] Quelque chose de la gravité patricienne semble ici modérer la passion, ou la licence de la muse grecque ; mais c’est en oubliant sa gracieuse mythologie. […] Toutefois, dans cette étude même, le poëte romain a trouvé place pour des accents lyriques ; il s’anime du feu d’Homère, et, par une fiction vraiment grande, il transforme la fête qu’il semble décrire.

486. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Les chapelles semblent un paradis de félicités. […] Quelquefois une pure image, qui semble détachée d’un bas-relief athénien, soi ! […] Naville le présente, il ne semble pas approprié à la majorité des électeurs français. […] Pour le style, il est unique, aussi grec que celui de Gœthe, avec cette différence que les vers de Gœthe semblent imités d’Homère et que le récit de George Sand semble inspiré par Xénophon. […] Il semblait qu’il n’eût pas d’amour-propre, même au degré permis.

487. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Ces sévérités me semblent parfaitement injustes, je le déclare tout net. […] Hervieu et Brieux semblent se ressouvenir de Dumas fils et d’Augier. […] Provins semblent mal faits pour le théâtre. […] Daniel semble renaître. […] Telle est, ce me semble, la vérité humaine. — Ou peut-être M. 

488. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

La littérature lui semblait alors une chose secondaire. […] Les séances de l’Académie française lui semblaient trop dénuées de philologie. […] Tout y semble maniable et civilisé ; tout y est sur un petit modèle, avec un air de finesse et d’agrément. […] Au milieu, l’azur semblait noir, tant la clarté était vive. […] Tenir boutique de prose ou de vers lui semblait un sacrilège.

489. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Il ne suffit pas, comme semble le croire M.  […] D’ailleurs il semblerait que M.  […] Il semble que le poète y est plus original et plus intense. […] L’Âge d’or semble y régner encore ; l’adultère, le meurtre y paraissent méconnus. […] Montfort semble nous dire à son tour : « On devrait aimer comme on prie. » Tel est le sens général de son livre.

490. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVIII » pp. 266-276

Les prix qu’on lui paye pour cette Histoire semblent fabuleux. […] Le stoïcisme en effet n’avait pas la charité, et Port-Royal faisait tout, même ce qui peut sembler le plus rigoureux, en vue de la charité et de l’amour des hommes en Jésus-Christ. […] Hippolyte Lucas, rédacteur ordinaire des feuilletons de théâtre au Siècle, et qui n’a d’ailleurs en rien, nous dit-on, la prétention de savoir le grec : il semble en vérité que ce soit la condition la moins requise pour traduire ces grands poëtes d’autrefois. […] il est, ce semble, bien temps.

491. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre II. Qu’il y a trois styles principaux dans l’Écriture. »

Cette simplicité de langage, en raison inverse de la magnificence des faits, nous semble le dernier effort du génie. […] Chaque évangéliste a un caractère particulier, excepté saint Marc, dont l’Évangile ne semble être que l’abrégé de celui de saint Matthieu. […] Cela nous semble un mystère sublime et touchant, que Jésus-Christ ait choisi pour chef de son Église précisément le seul de ses disciples qui l’eût renié. […] Le simple mot qui fuit Dei, jeté là sans commentaire et sans réflexion, pour raconter la création, l’origine, la nature, les fins et le mystère de l’homme, nous semble de la plus grande sublimité.

492. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des ducs de Normandie avant la conquête de l’Angleterre »

Le vers : Et vous n’y touchez pas, tant vous semblez doucette ! du poète comique, semble avoir été écrit pour cette école, dont Labutte, obscur disciple, est le soldat zélé et un peu perdu. […] Un mensonge superficiel et inanimé que n’a pu vivifier et réchauffer cette prétention à la couleur locale qui est une des ambitions du xixe  siècle, et que l’écrivain a manquée comme tout le reste, précisément dans le sujet d’histoire qui semblait l’admettre le plus ! […] Pour peindre ces iarls farouches que la Féodalité chrétienne apprivoise à peine, et ces tribus qui les suivent, — qui plongent dans les rayons du baptême leur front déformé par les coups du marteau de Thor, tandis qu’ils s’enfoncent jusqu’au flanc dans le limon de la barbarie, — il semble qu’il ne faudrait rien moins que de transporter dans l’histoire, en les élevant à ses sévères proportions, les qualités de ce romancier épique, Fenimore Cooper, l’Américain qui fut tout ensemble l’Homère et l’Hésiode des Peaux-Rouges et des Visages-Pâles.

493. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Lettres portugaises » pp. 41-51

En France, surtout, c’est presque impossible… Le courage contre tout le monde n’est pas connu dans ce pays… Or, tout le monde a, pour une raison ou pour une autre, contribué de sa propre badauderie à ces réputations qui semblent être des préjugés venus en pleine terre, mais cultivés en pot par des gens d’esprit, et même par des connaisseurs, comme des capucines par des grisettes. […] Tout le monde y cherchait son nom, et de plus elles étaient écrites avec toutes les grâces d’un talent qui a la légèreté des dentelles que portaient nos grand’mères, et qui, comme les dentelles, semblent avoir gagné en vieillissant. […] Ainsi, plus tard, au xixe  siècle, n’avons-nous pas vu l’étrange fortune de ce petit roman d’Adolphe, si horriblement sec de fond et de forme, et dont personne n’eût parlé peut-être si l’auteur, plus roué qu’on ne croit, n’eût intéressé la fatuité humaine à la réussite de son ouvrage ; car tout homme, en disant que ce livre est vrai, ne semble-t-il pas révéler qu’il a connu le friand tourment d’une Ellénore ? […] Cette absence radicale de talent, qui implique celle de l’âme, quoi qu’on en dise, est, à ce qu’il nous semble, le meilleur argument à dresser contre la réalité des Lettres portugaises et l’existence de leur auteur.

494. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

Il y a eu dans les années précédentes, aux époques antérieures de l’Empire, des instants où le changement de système semblait désiré, attendu, espéré de la France presque entière avec une vivacité qu’il est à regretter peut-être qu’on n’ait point satisfaite à temps, du moment que cette satisfaction plus ou moins complète devait venir. […] Quoique ce puisse sembler déjà de l’histoire ancienne, je demande à exprimer ma pensée à ce sujet ; car il est possible que, plus tard, la question revienne de droit au Sénat même, sous forme de sénatus-consulte. […] Quant à moi, si j’avais un article à écrire à propos d’une séance pareille, il me semble que les lois les plus simples et les plus naturelles de la rhétorique me diraient de commencer par mettre le lecteur au fait, de lui expliquer brièvement l’état de la question et le rôle des orateurs, de le faire par ordre et avec suite pour en venir après à discuter à fond l’objet du débat et à apprécier, à juger les différentes opinions en présence. […] Il le semblait tellement, qu’on pouvait se dire que toute la loi y était renfermée. […] Mais les restrictions, les précautions sont tout de suite venues : après cette facilité de naître pour le journal, on semble n’avoir plus été occupé que de lui opposer la difficulté de vivre.

495. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre troisième. La reconnaissance des souvenirs. Son rapport à l’appétit et au mouvement. »

Et ces plans diffèrent en ce qu’ils semblent en relation plus ou moins médiate avec notre centre personnel : ainsi, dans un tableau, les dernières lignes d’un paysage paraissent fuir dans un lointain imaginaire. […] Un malade, dit Sanders, en apprenant la mort d’une personne qu’il connaissait, fut saisi d’une terreur indéfinissable, parce qu’il lui sembla qu’il avait déjà éprouvé cette même impression. […] Faisait-il quelque nouveau travail, il lui semblait l’avoir déjà fait et dans les mêmes conditions. […] Mais, tant que nous ne posséderons pas de documents précis sur ces points, il semble plus sage de rapporter les souvenirs nuageux qui hantent parfois l’esprit à des faits rentrant dans l’expérience personnelle de l’individu. […] Nous assistons alors à l’apparition de l’intelligence proprement dite, qui semble coïncider d’une manière générale, pour le physiologiste, avec la formation des fibres nerveuses.

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