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529. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bossuet, et Fénélon. » pp. 265-289

Fénélon avoit jetté la lumière & des graces dans les secrets profonds de la mysticité. […] Elle consentir à ne point se prévaloit de ses droits ; & l’on ajoute qu’elle n’abusa jamais d’un secret dangereux.

530. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre I : Philosophie religieuse de M. Guizot »

Tous les peuples ont eu l’idée d’un âge d’or, d’un état primitif de parfaite paix et de parfaite innocence : n’est-ce point là le sentiment secret et comme le souvenir de l’état dans lequel ont été créés nos premiers parents ? […] La solidarité humaine a des secrets que nous ignorons.

531. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la tragédie chez les Anciens. » pp. 2-20

Bacchus ayant trouvé le secret de cultiver la vigne et d’en tirer le vin, l’enseigna à un certain Icarius, dans une contrée de l’Attique, qui prit depuis le nom d’Icarie. […] La pitié, qui n’est qu’un secret repli sur nous à la vue des maux d’autrui dont nous pouvons être également les victimes, a une liaison si étroite avec la crainte, que ces deux passions sont inséparables dans les hommes, que le besoin mutuel oblige de vivre dans la société civile.

532. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Ce que tout le monde sait sur l’expression, et quelque chose que tout le monde ne sait pas » pp. 39-53

Mais je vais vous développer par un ou deux exemples le fil secret et délié qui les a conduits dans le choix délicat de leurs accessoires. […] C’est que l’hommage des hommes y était porté d’une manière plus secrète et plus libre.

533. (1854) Préface à Antoine Furetière, Le Roman bourgeois pp. 5-22

Les attaques qu’il dirige contre ses adversaires sont, il est vrai, plus mordantes, mais aussi moins scandaleuses, et à part le seul La Fontaine, qu’il accuse de tirer profit des galanteries de sa femme, il est rare qu’il les poursuive dans le secret de la vie privée. « Je n’ai fait, dit-il, aucun reproche à mes parties qui regardât les mœurs ; je ne les accuse pas d’être faussaires, adultères, ni malhonnêtes gens…5 », quoique (ajoute-t-il) ce ne soit pas faute de matière, ni de preuves. […] Dans sa conduite à l’égard de La Fontaine est le secret de l’humeur de Furetière et des haines qu’il souleva.

534. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bouilhet, Louis (1821-1869) »

Les sujets, les entrelacements, les rimes, tous les secrets de la métrique, il les possède ; aussi son œuvre fourmille-t-elle de bons vers, de ces vers tout d’une venue et qui sont bons partout, dans le Lutrin comme dans les Châtiments… On m’objectera que toutes ces qualités sont perdues à la scène, bref, qu’il « n’entendait pas le théâtre ! 

535. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tailhède (Raymond de la) = La Tailhède, Raymond de (1867-1938) »

Charles Maurras Je crois qu’on sentira dans ce livre profond et clair : De la métamorphose des fontaines, les deux traits essentiels du génie de M. de La Tailhède : c’est la force lyrique, d’une part, et, d’autre part, un sentiment d’admiration et d’étonnement religieux devant le secret de la nature des choses.

536. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VII. Objections à l’étude scientifique d’une œuvre littéraire » pp. 81-83

. — « Soit, dira-t-on, nous voulons bien à la rigueur qu’une œuvre soit contrainte par une analyse sévère de livrer la plupart de ses secrets, de laisser paraître au grand jour les mystères de sa nature intime et même de révéler les principales qualités de son auteur.

537. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 115-120

Le Poëme de M. l’Abbé de Marsy auroit pu lui enseigner le secret de rendre sa touche plus moëlleuse ; mais l’indomptable roideur de son poignet a résisté à tout, & n’a jamais voulu fléchir.

538. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre VIII. Des Églises gothiques. »

Ces voûtes ciselées en feuillages, ces jambages qui appuient les murs, et finissent brusquement comme des troncs brisés, la fraîcheur des voûtes, les ténèbres du sanctuaire, les ailes obscures, les passages secrets, les portes abaissées, tout retrace les labyrinthes des bois dans l’église gothique ; tout en fait sentir la religieuse horreur, les mystères et la Divinité.

539. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Lettre-préface à Henri Morf et Joseph Bédier » pp. -

En effet, certains historiens de la poésie estiment qu’il suffit, pour en parler, de la science des dates et des sources, comme si, pour parler de peinture, il suffisait de connaître les lois de la perspective et celles des couleurs complémentaires ; ce n’est pas auprès de vous, chers amis, que je m’excuserai d’avoir aussi écouté les voix secrètes de la sympathie… Toute foi est faite de poésie ; et toute vie qui ne tend pas au seul pain quotidien est un acte de foi.

540. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre I. Objet de ce livre. — Retour de l’âge divin » pp. 357-361

Aussi les peuples mettaient-ils leurs soins à les cacher, à les enfouir sous terre ; on voit dans toutes les églises que le lieu où on les conserve est le plus reculé, le plus secret.

541. (1887) Essais sur l’école romantique

Il m’a semblé d’ailleurs, à tort ou à raison, que la poésie ne se faisait sentir à moi que dans des vers évidemment inspirés, évidemment écrits sous une secrète influence, comme dit très bien Boileau. […] Il y aura des secrets encore, et encore des chants nouveaux pour la dernière âme de poète. […] Mais, quand le poète est en possession d’une belle renommée, quand il sait tous les secrets de son art, et qu’il est dans l’âge où l’on met la dernière main à l’œuvre pour laquelle on a été fait, alors on peut lui demander la perfection. […] Toutes mes toilettes sont fripées, tous les secrets de mon érudition sont éventés, tous mes héros et mes héroïnes sont du domaine public, toute ma garde-robe est râpée, et je me meurs, faute d’avoir de quoi dire. […] Je me croyais connu, au moins des grands hommes qui me faisaient tant de compliments ; mais il paraît que ceux dont j’ai les billets élogieux dans mon tiroir secret sont ceux qui me connaissent le moins.

542. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Il faut porter le même jugement de la ruse employée par le jaloux Mithridate pour surprendre les secrets du cœur de Monime. […] Des critiques superficiels ont blâmé l’artifice dont Mithridate se sert pour arracher les secrets du cœur de Monime : c’est blâmer Racine d’avoir été peintre trop fidèle. […] De grands connaisseurs en tragédie ont fait un crime à Racine de la vérité qu’il a mise dans la peinture de Mithridate ; ils ne veulent pas qu’un prince tel que Mithridate, naturellement rusé, emploie la ruse pour surprendre les secrets de Monime et pénétrer dans son cœur, lui qui savait si bien l’employer pour surprendre les secrets des ennemis et pénétrer dans leurs villes. […] était-ce la confiance publique qui l’avait rendu, en sa qualité de prêtre, dépositaire des secrets des familles ? […] Agamemnon et Ulysse ne lisent pas de trop loin dans les secrets des dieux, puisque ces secrets sont dévoilés par Calchas, et se manifestent par le silence des vents.

543. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

De quels prestiges devait remplir les bois sa présence secrète ! […] Le secret était juré par les Initiés, et la mort punissait toute révélation. […] Tandis que Cérès apprend à Triptolème les phénomènes de la terre, Proserpine lui dévoile les secrets de la vie future. […] Son récit ressemble au procès-verbal d’un crime impuni, dressé d’après des ossements exhumés d’un endroit secret. […] L’idée qu’ils éveillent est celle des Archives secrètes d’un royaume, rangées et scellées dans un souterrain.

544. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Dans ce poème magnifique où rien ne manque d’ailleurs, quelque chose manque essentiellement, c’est le secret du cœur de Faust. […] Il nous faut donc chercher le secret de Faust au fond du cœur de Goethe. […] Au tremblement du sol, la foule découvrira-t-elle l’abîme du torrent, devinera-t-elle le secret de son cours ? […] Mais il avait besoin de jeter hors de lui cette humeur secrète qui manquait d’aliments. […] Qui pouvait deviner le secret de ses fibres endolories ?

545. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Le vieillard, dans ce moment suprême, révèle à son compagnon un secret terrible : c’est lui qui, séduit par les promesses de Boris, a tué, à Ouglitch, le jeune tzarévitch. […] Sophocle ; Sophocle, inconnu encore, n’ayant révélé à personne le secret de son génie, et amoureux de Méganyre, dont il est aimé. […] Outre que c’est là la tendance, le secret penchant de l’art contemporain, comment ne pas peindre en détail ce que l’on a si bien vu, ce que l’on sent si bien ! […] Il y a, par malheur, dans ce seul mot, inconnu, je ne sais quelle secrète amorce qui séduit les âmes inquiètes, en leur offrant à la fois l’attrait d’une vérité et le charme d’un mystère. […] car il suffit de les avoir aimées pour ne plus pouvoir aimer rien, et il suffit de t’avoir connue pour mêler sans cesse à l’envie de te maudire le regret de vivre loin de toi et le secret désir de te retrouver !

546. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

La beauté, la vertu, le génie garderont à jamais leur secret. […] Certains termes avaient pour lui, comme les Runes Scandinaves, des puissances secrètes. […] Il n’oublie ni ne regrette rien ; son burin, parfois un peu libre, rappelle dans des planches secrètes les plaisirs de sa jeunesse. […] Elle lui demande par quel secret il a acquis tant de connaissances. […] Les fées avaient leur jour d’audience ; quand on voulait les voir en secret, on y allait le jeudi.

547. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Et pourtant, ô replis profonds du cœur, ô contradictions secrètes de l’âme ! […] Ce secret précieux de trouver les cœurs féminins, M.  […] Les femmes ne cherchent jamais dans un roman que leur propre secret et celui de leurs rivales. […] Ces lettres, si on les publie, et on les publiera, ne livreront pas le secret de Julie. […] Il excelle à tirer des écrits qu’il analyse le secret des âmes.

548. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

A regarder longtemps, l’énigme livre son secret. Celui de Baudelaire est le secret de plus d’un d’entre nous. […] Cette parole une fois entendue, vous aurez le secret de leur énergie ou de leur faiblesse. […] Mais il y a un mouvement secret des intelligences. […] Son goût pour un unique amour, cette poursuite d’un fantôme idéal, — qui reste la secrète chimère de tout poète, qui fut la chimère secrète de Flaubert lui-même, — aboutira au désir éternellement inapaisé de Mme Arnoux.

549. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Dans les plus secrètes irritations des sens, dans les vibrations les plus superficielles du toucher, il a montré de la spiritualité et il les a reliées, vraiment, aux plus profondes racines de l’être. […] Dois-je renvoyer ces messieurs aux agences de surveillance secrète qui les renseigneront sûrement sur la correspondance intime des écrivains mis au ban du « pompeux et suave naturisme2 », sur leurs paroles d’imprudente politesse et leurs poignées de mains données sans calcul ? […] Son héros cependant ne s’intéresse pas à ses occupations, il a la secrète conscience que son âme habite loin de lui, que toutes ses forces virtuelles ne sont pas utilisées. […] À cette époque, la multitude de correspondances curieuses, de mémoires secrets, de révélations piquantes, qui ont enrichi, depuis quelques années, la bibliographie napoléonienne, tous ces écrits n’avaient point vu le jour, et Proudhon dut nécessairement travailler sur des documents insuffisants. […] … Mais, ce qui importe, c’est le secret désir dont nous sommes travaillés.

550. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Avec une voix plus puissante et une plus longue haleine, le poète ici chante à l’unisson de tout le monde, et il sait bien qu’avec le triomphe de son art là est le secret de sa force. […] Biré l’histoire secrète du romantisme ; on n’est pas plus curieux de l’information précise et du document authentique ; on n’est pas plus heureux en trouvailles. […] Là est le secret de son influence, comme aussi de l’intérêt qu’il faut bien que l’on prenne à son œuvre. […] La poésie n’est point du tout pour eux l’art « d’exprimer » ou « d’idéaliser » l’objet ; et encore bien moins de le « généraliser », ou même d’en dégager la signification secrète. […] Mon âme a son secret, ma vie a son mystère !

551. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXVII » pp. 153-157

Montalembert étale des vérités excessives, repoussantes, et qui dès lors ne sont plus des vérités ; ce sont des plaies secrètes que tout le monde désire soigner et soulager, et que le grand air va irriter.

552. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Judith (1845-1917) »

Elle parle, sans efforts, une langue imagée où éclatent les couleurs de l’Orient ; elle en a surpris le secret au foyer de famille, en écoutant causer son illustre père et aussi en traduisant pour son propre compte tant de récits empruntés aux romanciers et aux poètes de la Chine.

553. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Madeleine, Jacques (1859-1941) »

Pauvre Richesse de la Muse ; je vous ai vu naître, mignonne… et peut-être est là l’un des secrets motifs de la grosse tendresse que je vous porte.

554. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XX » pp. 215-219

Le duc de Saint-Simon, dans une de ses notes sur les mémoires de Dangeau, sous la date du 10 mai 1690, reproche à madame de Montausier d’avoir accepté la place de dame d’honneur de la reine, dont la duchesse de Navailles avait été dépouillée pour avoir, dit Saint-Simon, fait murer une porte secrète par où le roi se rendait de nuit dans la chambre des filles de la reine.

555. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Voix intérieures » (1837) »

Au reste, cet écho intime et secret étant, aux yeux de l’auteur, la poésie même, ce volume, avec quelques nuances nouvelles peut-être et les développements que le temps a amenés, ne fait que continuer ceux qui l’ont précédé.

556. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface d’« Angelo, tyran de Padoue » (1835) »

Le drame, comme l’auteur de cet ouvrage le voudrait faire, et comme le pourrait faire un homme de génie, doit donner à la foule une philosophie, aux idées une explication désintéressée, aux âmes altérées un breuvage, aux plaies secrètes un baume, à chacun un conseil, à tous une loi.

557. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la comédie chez les Anciens. » pp. 25-29

La comédie d’intrigue est celle où l’auteur place ses personnages dans des situations bizarres et plaisantes qui naissent les unes des autres, jusqu’à ce que D’un secret, tout à coup la vérité connue, Change tout, donne à tout une face imprévue, et amène le dénouement.

558. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre IV. Suite des précédents. — Julie d’Étange. Clémentine. »

Le pays des chimères est en ce monde le seul digne d’être habité : et tel est le néant des choses humaines, que, hors l’être existant par lui-même, il n’y a rien de beau que ce qui n’est pas… ……………………………………………………………………………………………… Une langueur secrète s’insinue au fond de mon cœur ; je le sens vide et gonflé, comme vous disiez autrefois du vôtre ; l’attachement que j’ai pour ce qui m’est cher ne suffit pas pour l’occuper : il lui reste une force inutile dont il ne sait que faire.

559. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre IV. Si les divinités du paganisme ont poétiquement la supériorité sur les divinités chrétiennes. »

Le Dieu qui régit les mondes, qui crée l’univers et la lumière, qui embrasse et comprend tous les temps, qui lit dans les plus secrets replis du cœur humain : ce Dieu peut-il être comparé à un dieu qui se promène sur un char, qui habite un palais d’or sur une montagne, et qui ne prévoit pas même clairement l’avenir ?

560. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

A la vivacité avec laquelle M. d’Arlatan défendit au sein de l’Académie le discours anonyme, mais qui n’était pas un secret pour lui, les adversaires politiques devinèrent qu’il s’agissait de M. […] Le secret fut bien gardé. […] Ces organisations du Midi ont plus que d’autres le secret, en toute chose, de la brièveté de la vie, comme elles en ont plus vive l’étincelle : Carpe diem. […] En général, savoir lire les pièces, c’est là un des secrets de l’originalité historique de M. […] nous l’ignorons ; c’est un secret inconnu de nous et d’eux-mêmes, quoique caché dans leur âme. » Homme pratique, voilà donc M.

561. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Il sait donner à l’amour un si bel air de galanterie, et de cette façon il fait de la passion quelque chose de si facile à avouer tout haut, que bien peu de femmes pourraient dire, avec cette effronterie naïve, les plus secrets sentiments de leur cœur. […] Voilà tout le secret du succès de la comédie de Marivaux ; elle est pour quelques-uns un regret, elle est pour tous de l’histoire ; elle a été un grand écueil pour ceux qui ont voulu imiter ce style à part, et qui avaient imaginé de faire parler les bourgeois de ce temps-ci, comme parlaient les grands seigneurs d’autrefois. […] Un jour que Cicéron lui-même interrogeait Roscius, le Talma romain, le priant de lui dire, en deux mots, le secret de son art, et par quelle magie il arrivait à produire ces grands effets dramatiques ? — Mon secret est bien simple, répondit Roscius, la bienséance 43 ! […] Le Cabinet satyrique, ou recueil parfait des vers piquants et gaillards de ce temps, tirés des secrets cabinets des sieurs Sigognes, Régnier, Motin, Berthelot, Meynard, 1666.

562. (1902) Le critique mort jeune

Un mot forgé par le peuple, selon les secrètes raisons de la nature, sera toujours beau et bon, utile aussi. […] Il a laissé voir son désir et son secret sentiment dans plusieurs pages de ses « Politiques et Moralistes ». […] L’« anarchisme » de Maurice Barrès avait peut-être là son secret. […] Foin de ces hypocrisies et de ces contraintes qui engendrent les vices secrets. […] Touffus, sans fil suivi, faits de récits, de morceaux, de digressions, ils se tiennent pourtant par une ferme ossature qui deemeure secrète.

563. (1902) La poésie nouvelle

Lui, les sent vifs et frémissants et ne les touche qu’avec respect, puisqu’ils contiennent le secret dernier des choses. […] Une allusion à son secret malaise, à ce qu’il y a d’essentiel et de plus absolu dans son intime souffrance, lassée d’effort, en quête du mieux. […] C’est à une semblable impulsion secrète que céda Pierre Loti en recourant à l’exotisme, jusqu’au jour où ce fut enfin dans son costume d’Européen et parmi les choses familières de jadis qu’il se sentit dépaysé et déguisé. […] C’est le charme particulier de ces « églogues métaphoriques » de rassembler des formes très diverses de beauté, les unes anciennes et les autres neuves, celles-là plus éclatantes, celles-ci plus secrètes et pensives. […] C’est là le secret de cette poésie, et de là vient son charme émouvant.‌

564. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

« Quand l’hôte perfide de Ménélas traînait après lui, de mers en mers, sur des vaisseaux construits des pins du mont Ida, Hélène ravie à l’hospitalité de son époux, Nérée imposa aux flots un calme funeste pour chanter au ravisseur les secrets menaçants de l’avenir. […] Que tous ceux qui ont aimé le disent ; si le poète leur a arraché leur secret, c’est qu’il l’avait dans sa propre mémoire. […] Le voici : Est-ce un de ces poètes confident du cœur, consolateur de l’âme, conseiller des mauvais jours, que les hommes de tous les âges peuvent emporter avec eux dans l’exil, dans l’amour, dans le recueillement de la solitude, dans la douleur des éternelles séparations, dans l’intimité religieuse de leur conversation à voix basse avec le ciel, pour oublier la patrie, pour nourrir les chastes tendresses, pour s’envelopper du mystère des pensées infinies, pour donner des larmes sympathiques à leurs yeux, pour prêter des prières à leurs invocations secrètes, pour verser en eux dans des vers sacrés la foi et l’espérance des réunions éternelles ? […] Mais si vous êtes seulement un homme de bon sens et de goût exquis, un amateur des délicatesses de l’esprit et des grâces de la poésie ; si vous ne sentez plus dans votre cœur ou si votre nature tempérée n’a jamais senti les brûlures sacrées ni les stigmates toujours saignants des fortes passions : amour, dévouement, religion, soif de l’infini ; si une félicité facile et constante vous a servi à souhait dans les différents âges de votre vie ; si vous avez passé l’âge des tempêtes, l’équinoxe de cette vie ; si vous êtes détrompé des hommes et de leurs vains efforts pour se retourner sur leur lit de chimères ; si vous avez vu dix révolutions et cent batailles soulever pendant soixante ans la poussière des places publiques et des champs de mort sans rien changer dans le sort des peuples que le nom de leur servitude et de leurs déceptions ; si vous avez vu les prétendus sages de la veille déclarés fous le lendemain, et les philosophies et les systèmes qui avaient fanatisé les pères devenir la dérision de leurs fils ; si la pensée humaine, toujours active et toujours trompée, vous a attristé d’abord par ce perpétuel enfantement du néant ; si, après avoir pleuré sur ce tonneau retentissant des Danaïdes qu’on appelle Vérité, vous avez fini par en rire ; si, sans chercher plus longtemps cette impénétrable moquerie du destin qui pousse le genre humain à tâtons de la vie à la mort, vous avez pris le parti de douter de tout, de laisser son secret à la Providence, qui, décidément, ne veut le dire à aucun mortel, à aucun peuple et à aucun siècle ; si vous vous laissez glisser ainsi sur la pente, comme l’eau de l’Anio qui glisse en gazouillant sous le verger d’Horace ; si vous n’avez ni femme ni enfant qui doublent et qui perpétuent pour vous les soucis de la vie ; si votre cœur, un peu rétréci par cet égoïsme qui se replie uniquement sur lui-même, a besoin d’amusement plus que de sentiment ; si vous possédez cet Hoc erat in votis , ce vœu d’Horace, un joli domaine aux champs pour l’été, une maison chaude l’hiver, tapissée de bons vieux livres ( nunc veterum libri ) ; si votre fortune est suffisante pour votre bien-être borné ; si vous avez pour amis quelques amis puissants, amis eux-mêmes des maîtres du monde, avec lesquels vous soupez gaiement en regardant combattre Pompée et mourir Cicéron pour cette vertu que Brutus appelle un vain nom en mourant lui-même ; enfin, si vous n’avez pas grand souci des dieux, et si les étoiles vous semblent trop haut pour élever vos courtes mains vers les choses célestes ; oh !

565. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

Nous ne ferons pas de Parthénon, le marbre nous manque ; mais nous savons prendre à poignée le cœur et l’âme ; nous avons des coups de stylet qui n’appartiennent qu’à nous ; nous plongeons les mains dans les entrailles de l’homme, et, comme les sorcières de Macbeth, nous les en retirons pleines des secrets de l’infini. […] Elle aimait ces fables comme Bretonne, elle en riait comme Gasconne, et ce fut là tout le secret de l’éveil et de la gaieté de sa vie. […] Le clergé le voyait de très mauvais œil ; on ne parlait pas contre lui au prône, car il n’y avait pas scandale ; mais, en secret, on ne prononçait son nom qu’avec épouvante. […] Alors s’établit en moi une lutte ou plutôt une dualité qui a été le secret de toutes mes opinions.

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