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1001. (1761) Apologie de l’étude

Le trésor des remèdes de l’âme ; mais le trésor des remèdes de l’âme ne me paraît pas plus riche que tant de vastes pharmacopées qui annoncent des remèdes pour tous les maux du corps, et qui guérissent fort peu de malades.

1002. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXVI. La sœur Emmerich »

Elle n’eut jamais de quoi payer sa vêture au couvent, et elle n’y fut reçue que par-dessus le marché d’une autre religieuse plus riche, qui l’y fit entrer, comme en la traînant après elle.

1003. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Jules Janin » pp. 137-154

Ce fut son style qui lui valut et qui lui amena une femme jeune, rose et blonde comme l’Aurore dans des épis d’or, riche de cent mille livres de rente, autres épis d’or !

1004. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

Si la poésie née du symbolisme donne les fruits que nous devons en attendre encore, si un théâtre de poésie neuve forme l’oreille du public, si les essais critiques qui se poursuivent actuellement sur l’essence et le rythme du vers français continuent eux aussi à assurer et à affiner le sens poétique, jamais plus riche matière n’aura été offerte à l’exercice du goût conscient et aux délicatesses de l’analyse.

1005. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre premier. Table chronologique, ou préparation des matières. que doit mettre en œuvre la science nouvelle » pp. 5-23

Ce dernier passage doit nous faire entendre combien devaient être faciles ces longs voyages dans lesquels Pythagore alla, dit-on, consulter en Thrace les disciples d’Orphée, en Perse les mages, les Chaldéens à Babylone, les Gymnosophistes dans l’Inde, puis en revenant, les prêtres de l’Égypte, les disciples d’Atlas dans la Mauritanie, et les Druides dans la Gaule, pour rentrer enfin dans sa patrie, riche de toute la sagesse barbare 22.

1006. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

L’espérance de cette gloire, l’orgueil, non plus de la beauté, mais du génie, éclate dans quelques vers d’une pièce perdue71 : « Morte, tu seras gisante », dit la Muse lesbienne à quelque femme ennemie ou rivale ; « il ne restera de toi nulle mémoire dans l’avenir ; car tu ne touches pas aux roses de la montagne des Piérides ; mais tu iras, obscure, visiter les demeures d’Adès, t’envolant sur le sol des aveugles morts. » Une autre fois, devant des femmes qui, riches et belles, semblaient enivrées de leur destinée, elle parut plus fière encore, en disant « que les Muses lui donnaient, à elle, le vrai bonheur et le seul digne d’envie ; car, même dans la mort, elle ne serait jamais oubliée ».

1007. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

Dans la description d’un de ces banquets de fête familiers aux riches citoyens de Colophon et d’Éphèse, il disait en vers d’un tour lyrique : « Au centre, cependant, est un autel86, de toutes parts chargé de fleurs ; et les chants et l’allégresse font retentir la maison entière.

1008. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Chateaubriand est le plus grand peintre et le plus éloquent interprète de la nature que nous sachions, et qu’encore il est un Lucrèce sans système, et, comme il a voyagé, un La Fontaine pins riche. […] C’est à savoir par le lieu commun poétique ou par la riche peinture du cadre de l’amour. […] n’insultez jamais… ; mort de Charles X : Sunt lacrymæ rerum ; promenade dans un parc : Au riche ; une mère meurt de la mort de son enfant : Fiat voluntas ; le conseil municipal de Paris refuse une tombe à la veuve de Junot : A Laure, duchesse d’A. […] Une puissance intime qui met toutes les facultés de l’âme au service de la sensation, de telle manière que quand elle est exprimée de l’esprit, elle est plus riche qu’en y entrant, empreinte de lui, spiritualisée, devenue l’écho de sa voix intérieure, de son amour, de sa joie, de son deuil, de son espoir, de sa foi. — Elle n’en sera que refroidie, me direz-vous. — Cela peut arriver ; mais peut-être renversez-vous les termes.

1009. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

Alexandre VI hérite du sacré collège, comme Caligula héritait du sénat romain : l’épidémie qui décimait les Pères Conscrits opulents se réveille pour emporter les cardinaux trop riches. […] C’était la patience du bandit embusqué, regardant avec joie l’homme que tout à l’heure il va dépouiller, revêtir ses plus riches habits et se parer de tous ses joyaux. […] Le pauvre mendie fièrement ; le riche vit à la mode arabe, d’un trésor qui croupit dans un coffre ou dans un silo. […] Un voyageur ne compte que quatre seigneurs riches dans tout le royaume : don Luis de Haro, le duc d’Albe, le marquis de Laganes et le comte d’Onnate. […] Les ambitions se déclarèrent, les prétendants apparurent ; il se lit bientôt autour de l’Espagne le bruit d’une troupe d’héritiers envahissant la maison d’un riche moribond.

1010. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

J’entrevois dans le nouveau projet qui me tente une très riche matière de considérations historiques et philosophiques, particulières et générales, qui pourront intéresser quelques lecteurs et qui m’intéresseront à coup sûr, soit que j’en fasse ou non l’application à ma propre destinée. […] Pour moi, si j’étais femme et si j’étais jolie, le plus sensible hommage qu’un riche adorateur pût imaginer pour me plaire serait de faire exécuter mon portrait par Carolus Duran, et puis de le donner au Musée du Louvre. […] Justifiant l’adage : « On ne prête qu’aux riches », nous attribuons volontiers ces petits vagabonds à des auteurs illustres : un érudit, M.  […] Une certaine ignorance naïve de sa propre valeur le caractérise aussi d’habitude ; sa profondeur est à la fois plus riche et moins claire que la belle intelligibilité du talent, si lucide toujours et si parfaitement conscient de lui-même. […] En somme, quand on évalue aux trois quarts de son riche bagage le naufrage littéraire de l’antiquité grecque et latine, il est probable qu’on exagère beaucoup… la portion sauvée.

1011. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Art très amusant du reste, et j’irai jusqu’à dire plus instructif que l’autre, formant matière plus riche d’enseignement littéraire. […] Tout ce qu’elle pouvait dire, elle l’a dit ; tout ce qu’elle a dit est extrêmement peu contestable, et l’on applaudit à ce résumé : « Voulez-vous rendre la nation riche et puissante ? […] … Quant aux autres bourgeois qui ne fabriquent rien et ne vendent rien, comme moi, ils ne s’égarent pas souvent dans les quartiers pauvres, puisqu’il est entendu que les riches et les pauvres ont leurs quartiers séparés, dans les villes d’à présent. […] Hier presque riche, aujourd’hui plus rien. […] En un an ils firent du XIXe Siècle un journal chéri du public, riche d’abonnements, riche de vente au numéro et où la bourgeoisie libérale et voltairienne d’alors se reconnut.

1012. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Tant de riches grandeurs, tant d’heureuses vieillesses En fuyant le trépas, au trépas arriver ; Et celui qui, chétif, aux misères succombe, Sans vouloir autre bien que le bien de la tombe, N’ayant qu’un jour à vivre il ne peut l’achever. […] Plus paresseux, plus riche, ou sans talent d’écrivain, il eût conté à ses amis des choses vues, ce qu’il ne faisait jamais, parce qu’il avait une plume. […] Stymphale, mon ami, tu es beau, mais on est assez riche pour se passer de toi. […] À la fin on le voit transformé en gros bourgeois de province, riche, despotique et borné. […] Elle est riche, du reste.

1013. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Athènes était une ville composée d’une aristocratie riche, d’une grande bourgeoisie d’armateurs et commerçants et d’une petite bourgeoisie de maîtres artisans et boutiquiers, eux-mêmes beaux parleurs et fins appréciateurs de poésie dramatique et d’éloquence. — Les sophistes plaisaient à tout le monde. […] De leur côté, des sacrificateurs et des devins, assiégeant les maisons des riches, leur persuadent que s’ils ont commis quelque faute, eux ou leurs ancêtres, elle peut être expiée par des sacrifices et des enchantements, par des fêtes et par des jeux, en vertu du pouvoir que les dieux leur ont donné. […] Que le sage me paraisse toujours riche et que j’aie seulement autant de richesses qu’un homme sensé peut en supporter et en employer. […] D’un autre côté, on ne peut pas dire qu’ils fussent riches, puisqu’ils ne possédaient ni or ni argent. […] La démocratie enfin a pour sujets tous ceux précisément qui sont riches, ou forts, ou vertueux ou courageux, puisqu’elle est le gouvernement des faibles qui se sont coalisés pour exclure les forts.

1014. (1925) Dissociations

Je crois fermement qu’il peut très bien arriver qu’un homme très riche, encore jeune et d’une santé ordinaire, éprouve un profond dégoût de la vie. […] Il n’est pas très riche, il n’a pas de goûts particuliers, il ne sort pas, comme font les femmes, pour voir les magasins, pour éprouver, suivre ou vaincre la tentation. […] Comment faire à la fois qu’une ville soit populeuse, riche, affairée, avide d’air, de promenades, et que ses rues, la plupart très étroites, soient dénuées d’encombrement ? […] Il y a le célibataire riche ou aisé et il y a le célibataire pauvre, mais il est rare que l’un ne fasse pas vivre une femme ; il est fréquent qu’il en ait un enfant ; quant à l’autre, sous prétexte d’atteindre le célibat, c’est la pauvreté que vous taxerez.

1015. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Je sais des peintres qui ont autrement d’idées, de conceptions, de connaissances de la beauté délicate que d’autres peintres dont les tableaux moins riches iront à la postérité. […] Taine regarde tout grand homme en littérature, ; comme un riche abrégé de l’esprit de son temps, et il prend la mesure des génies dans le plus ou moins de plénitude avec laquelle ils résument leur siècle. […] Quant à Victor Hugo, j’estime qu’artiste supérieur comme Ronsard, il se recommande en outre à la postérité par la valeur relative d’une pensée, beaucoup moins riche sans doute que son imagination, plus riche toutefois que celle de presque tous les autres grands lyriques, et qui ne dérobe sa réelle richesse que sous l’éclat et sous le bruit de sa prodigieuse opulence verbale. […] Il donne à la pensée son expression, hors de laquelle les inventions les plus riches et les plus originales sont comme si elles n’étaient pas. […] Maine de Biran, Auguste Comte, Gabriel Tarde, Renouvier, sont des mines très riches, mais où le métal précieux, enfoui dans sa gangue, est sans aucun éclat.

1016. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Encore enfant, elle se donne au vieux Lépide parce qu’il était riche. […] Un jeune gentilhomme, beau garçon, très riche, aime une jeune fille de la petite bourgeoisie et est aimé d’elle. […] Car, voyez-vous (et il n’y a rien à faire contre cela), toute notre démocratie riche, et même une partie de celle qui ne l’est pas, demeure incurablement éblouie par ce qu’elle croit encore et malgré tout être la noblesse. […] Nous sommes dans la sacristie d’une église riche. […] Je suis riche, tel que vous me voyez.

1017. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

ce que je voudrais, ce que je voudrais, ce serait d’épouser un prince… Un prince que je n’aurais jamais vu qui viendrait un soir, au jour tombant, me prendre par la main et m’emmener dans un palais… Et ce que je voudrais, ce serait qu’il fût très beau, très riche, oh ! le plus beau, le plus riche que la terre eût jamais porté ! […] » Conclusion : Sur l’eau est un volume de notes exquises par leur simplicité et qui prendra place dans la riche collection des récits du premier de nos conteurs d’aujourd’hui. […] Ce devait être la fille de quelque petit employé, ou de quelque professeur, ou d’un commerçant de la ville, retiré des affaires, pas riche. […] Nous ne voudrions pas décourager les grands riches qui font construire des hôpitaux à coups de millions dont la dépense n’effleure même pas leurs colossales fortunes, mais je ne puis m’empêcher de constater la justesse de cette pensée : Le riche, très riche, ne peut connaître les joies de la bienfaisance.

1018. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

Démétrius disait à un affranchi enorgueilli de sa fortune : « Je serai aussi riche que toi, lorsque je m’ennuierai d’être homme de bien. » (Apud SENEC, Natural. […] XXVIII)  ; on lui répond « qu’il serait assez riche, s’il plaisait à ses affranchis de l’admettre en tiers. […] Parmi les vêtements les plus somptueux des mères et des femmes des empereurs, parmi leurs plus riches ornements, Néron (TACIT. […] Je rougirais de nommer les affranchis plus riches que vous : c’est à ma honte, si celui qui occupe la première place dans mon cœur, n’est pas le plus opulent des Romains. […] ; Il n’est pas difficile de discerner le motif de l’historien lorsqu’il insiste sur la modestie des dispositions dernières d’un homme aussi riche que Sénèque.

1019. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Son amour de la vie est énergique, car Werther aime la vie autant qu’on peut l’attendre d’une nature aussi riche, mais il ne peut en jouir. […] Notre vie individuelle est toujours pauvre et dénuée quand nous la comparons à ce monde extérieur, qui est si plein et si riche. […] Il était né avec un cœur riche, chaud, facile à séduire, mais aussi avec une intelligence ferme, sage et grave. […] Un cœur riche et chaud, une intelligence grave et sage, telle était donc la vivante antithèse que Goethe portait en lui. […] Enfin heureux encore ceux dont l’esprit et le cœur sont assez riches pour mener longtemps cette existence de dupe !

1020. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

La vertu, telle que la conçoit le monde moderne depuis l’avènement du christianisme, est humble, pauvre, populaire, Depuis que Jésus l’a dit, il est difficile à un riche d’entrer dans le royaume des cieux. […] Le riche est trop attaché à ses terres, à son or, à ses palais ; l’homme intelligent est trop attaché aux idées pour qu’il les possède au lieu de leur appartenir. […] Lemaître n’y prêche pas qu’il faut s’abstenir du mensonge, du vol, de la fraude, et généralement de se mettre en contradiction avec les lois de son pays ; mais il y glorifie la bonté, surtout la bonté humble, naïve, qui jaillit sans effort d’un cœur riche en amour. […] Pour le comprendre entièrement, il faudrait pouvoir embrasser et suivre d’un bout à l’autre son évolution intellectuelle ; une des plus complètes à coup sûr, une des plus riches et des plus instructives de ce siècle. […] Ses héros sont toujours riches, à moins qu’ils ne se soient ruinés ; ils appartiennent soit à la noblesse, soit à la bonne bourgeoisie ; dans des cas fort rares seulement, ils sont des parvenus.

1021. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

C’est une maison de riche gentilhomme anglais, mais nullement de grand seigneur. […] « Le christianisme redevenant la religion de justice et de vérité qu’il était, avant de s’être laissé conquérir par les riches et par les puissants. […] Tout ce qui a été habité par les riches sera démoli. […] J’ai renoncé à vivre par moi-même, et je crois tellement en la Providence que je me confie en quelques amis plus riches que moi. […] » C’était un très riche bossu, le fiancé de la chère enfant, qu’on attendait.

1022. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

C’est pourquoi il ne faut rien de trop riche dans la décoration, rien d’inutile dans le matériel figuratif, rien de trop vrai surtout : des apparences de tableaux, des apparences de pendules, des apparences de meubles ; des costumes sentant le théâtre et des accessoires sortant ostensiblement du magasin. […] En fait, un grand seigneur, riche ou pauvre, était toujours un grand seigneur, tandis qu’un bourgeois, riche ou pauvre, n’était jamais qu’un bourgeois. […] L’intérieur d’un jeune homme riche variera selon le monde au milieu duquel il vit, monde de cheval ou de galanterie. […] Autour de ses jambes sont attachées de riches cnémides que maintiennent des agrafes d’argent. […] Si le comédien est bien doué, il possède en lui-même une riche collection d’observations, souvent inconscientes, suites et séries d’images qui peuplent son imagination.

1023. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

On prend le thé dans la salle à manger, qui, en dépit de tout son luxe et de la surcharge de son mauvais goût renaissance, en dépit des sommes ridicules qu’ont coûté ses marbres, ses boiseries, ses peintures, ses émaux, et la ciselure de ces candélabres d’argent massif venant des mines du Prussien entreteneur se trouvant là, n’est au fond qu’un riche cabinet de restaurant, un salon des Provençaux pour millionnaires. […] * * * — Il est assez curieux que jamais un legs n’ait été fait à l’auteur d’un livre, n’ait été fait par un mourant riche à un esprit. […] * * * — Jamais un homme, si riche qu’il soit, n’achètera un bel enfant, une belle petite fille, pour avoir sous les yeux un chef-d’œuvre de nature, de l’art de Dieu.

1024. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Il me parle d’un article fait sur moi, par un littérateur de ses amis : article intraduisible en français, parce que la langue hollandaise est beaucoup plus riche que la langue française, et ayant cinq ou six expressions pour rendre une chose, qui n’en a qu’une chez nous — et cet article, au dire de Zilken serait un débordement d’épithètes, ressemblant à une éruption volcanique. […] Puis il cause assez curieusement de la restriction de la dépense chez les gens riches, de la disparition des beaux équipages au bois de Boulogne, qui n’a plus que la voiture de la reine d’Espagne, des loyers de 6 000 francs payés par des millionnaires, etc. etc., — et cela, dit-il, non par avarice, mais par absence de goût de dépense, et il affirme qu’il est besoin d’une cour, dans un pays, pour être le stimulant des grandes dépenses et des folies de luxe. […] Il raconte, qu’ayant été appelé pour examiner les yeux d’un Américain très riche, qui occupait tout le premier d’un hôtel, et demandant une lampe, l’Américain lui avait dit que bien certainement, il n’en trouverait pas, et qu’il n’était pas bien sûr s’il pourrait se procurer des bougies.

1025. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

J’inclinais à demeurer dans cet endroit, et à y passer le reste de la journée ; mais l’abbé m’assurant que la contrée était assez riche en pareils sites pour que nous pussions mettre un peu moins d’économie dans nos plaisirs, je me laissai conduire ailleurs, mais ce ne fut pas sans retourner la tête de temps en temps. […] Et les murs de nos somptueuses et maussades demeures se couvrent des images d’un bonheur que nous regrettons, et les animaux de Berghem ou de Paul Potter paissent sous nos lambris, parqués dans une riche bordure ; et les toiles d’araignée d’Ostade sont suspendues entre des crépines d’or, sur un damas cramoisi ; et nous sommes dévorés par l’ambition, la haine, la jalousie et l’amour ; et nous brûlons de la soif de l’honneur et de la richesse, au milieu des scènes de l’innocence et de la pauvreté, s’il est permis d’appeller pauvre celui à qui tout appartient. […] Rien de négligé, rien de confus, c’est la loi de la nature riche sans profusion et produisant les plus grands phénomènes avec la moindre quantité de dépense.

1026. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

On peut logiquement supposer, et c’est tout, que la langue la plus ancienne est aussi la langue la plus compliquée, la plus riche en flexions, sinon en formes syntaxiques. […] légalement, cette fois, une jeune fille riche ? […] Ce fut, et de tout temps, une des régions les plus riantes et les plus riches de l’Europe. […] Pour les albuminoïdes, les aliments les plus riches sont le fromage de gruyère, les lentilles, les pois secs ; les moins riches sont le lait, le pain, le riz. […] Ces conseils sont-ils bons pour tout le monde, pour les humbles comme pour les puissants, pour les pauvres comme pour les riches ?

1027. (1888) Portraits de maîtres

Il eut cependant, pour se rasséréner et se rafraîchir en quelque sorte, le spectacle du paysage natal, site du Maçonnais, sans horizons vastes, sans perspectives indéfinies, sans mystérieux lointains, mais riche, reposé, délicieux. […] J’aurais été désolé que nos landes, nos bruyères eussent été converties soudainement en riches champs de blé. […] Le jeune Edgar, pendant ses vacances, vit ainsi juger, condamner, exécuter en quarante-huit heures l’un des hommes les plus riches et les plus modérés du département, un grand propriétaire inculpé pour un complot imaginaire, et qui resta souriant jusqu’au prononcé de la sentence. […] Ajoutez que leur langue de fer les secondait à merveille, pauvre en moralités, singulièrement riche et à l’aise, quand il s’agit d’armures, de hauberts rompus et démaillés, de sang vermeil, de vassaux navrés et de cervelles répandues. […] Et pourtant le génie d’Edgar Quinet est si naturellement poétique, si riche son imagination, sa pensée si élevée et si noble, sa sensibilité si vive et si frémissante, que les beaux vers s’élancent en grand nombre.

1028. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Car si d’abord c’est quelque chose de beau en soi qu’une si riche et si complète collection, il se pourra en outre qu’on recherchant les causes qui ont valu à M.  […] De ce fonds si riche de notions acquises provient cette abondance avec laquelle on voit que M.  […] Le Père en veut surtout aux riches qui passent la nuit à sabler le champagne et dépensent au jeu des sommes considérables. Chez les riches, l’enfant est le « fils à papa ». […] Issu d’une famille très riche, il a réellement tout quitté pour se consacrer à sa mission de convertir les âmes.

1029. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Ils vivront par-là, et par là seulement, par cette fidélité dans le rendu, par cette minutie littérale qu’ils ont les premiers introduite dans la composition, et qui est devenue, après eux, un procédé de l’école, et aussi et surtout par le relief d’une langue merveilleusement riche en contrastes et en nuances, et si mêlée qu’elle soit. […] Elle fut riche, jadis. […] Il est remarquable, en tout cas, que cette intelligence si riche ne doive presque rien (au contraire de M.  […] Romancier honnête et d’une bonne humeur continue, on lui doit, entre autres livres de mérite, Gilberte, La Revanche d’une honnête femme, Les Parents riches. […] Une quiétude menteuse de riches bois suspend alentour quelque extraordinaire état d’illusion, que ne réponds-tu ?

1030. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Que devant l’insolent étalage de ces marchands de comestibles, rappelant maladroitement, à la population meure-de-faim, que les riches avec de l’argent peuvent toujours, toujours, se procurer de la volaille, du gibier, les délicatesses de la table, cette population ne casse pas les devantures, ne bouscule pas les marchands et les marchandises, — cela a lieu d’étonner. […] Toute la causerie est sur la cherté de la vie, et l’orateur du groupe conte qu’il a eu un père qui tournait la meule : « Il ne gagnait que cinquante sous par jour, dit-il, et cependant il a pu nourrir trois enfants, tandis que moi qui gagnais cinq francs sous l’Empire, j’ai eu toutes les peines à en nourrir deux. » La hausse des salaires ne correspondant pas au surenchérissement de la vie ; voilà au fond le grand et le juste grief de l’ouvrier contre la société actuelle… Ici je me rappelle que mon frère et moi, avons écrit quelque part que la disproportion entre le salaire et la cherté de la vie tuerait l’Empire… Et l’ouvrier ajoute : « Qu’est-ce que ça me fait à moi, qu’il y ait des monuments, des opéras, des cafés-concerts, où je n’ai jamais mis le pied, parce que je n’avais pas d’argent. » Et il se réjouit de ce qu’il n’y aura plus, dorénavant, de gens riches à Paris, persuadé qu’il est, que la réunion des gens riches, en un endroit, y fait monter la vie. […] » Et le refrain général est : « Nous ne voulons plus de riches !  […] Flaubert me conte l’inespérée fortune de la Présidente (Mme Sabatier, la femme au petit chien dont Ricard a fait un si beau portrait) qui a reçu un titre de 50 000 livres de rente, deux jours avant l’investissement de Paris, un envoi de Richard Wallace, qui avait couché avec elle dans le passé, et lui avait dit : « Tu verras, si je deviens jamais riche, je penserai à toi !  […] Aimable dîner de spirituels potiniers vous introduisant dans les coulisses du journalisme, de la Chambre, de la Bourse, et dans les bidets du monde galant de Paris… On s’élève assez verveusement contre cette blague consacrée par le théâtre : le déshonneur de la fille du peuple par les riches bourgeois, tandis qu’en réalité le déshonneur commence presque toujours avec les cousins et les mâles de la famille.

1031. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

Vous y trouverez, sertissant des sentiments tour à tour frais à l’extrême et raffinés presque trop, des bijoux tour à tour délicats, barbares, bizarres, riches et simples comme un cœur d’enfant et qui sont des vers, des vers ni classiques ni romantiques, ni décadents3, bien qu’avec une pente à être décadente, s’il fallait absolument mettre un semblant d’étiquette sur de la littérature aussi indépendante et primesautière. […] Les artistes, s’ils ne sont pas riches, à la porte ! […] Mais pour être un homme poète on n’en est pas moins l’homme qu’il faut, et je vais finir de croire que M. de Montesquiou est aussi fier, bien que riche et noble, que ce pauvre diable de roturier que me voici. […] Je réponds qu’il faut attendre encore avant de juger ce cas très sérieux et très curieux d’un homme jeune, riche, porteur d’un grand nom, se livrant, cette fois, à la critique ouverte et franche. […] Quant à Vermersch qu’on accusait d’être « un chef », j’atteste qu’il était très pauvre, le plus pauvre peut-être de toute la proscription de Mai, et que sa veuve, au témoignage de son beau-père, qui me l’écrit, voyage, pour vivre, « avec une famille riche ».

1032. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

« Pour qui observe, il est facile de remarquer que ce trait va s’effaçant à mesure que l’on monte des classes pauvres, laborieuses, aisées, aux classes riches, et qu’il s’efface entièrement au milieu du luxe et de l’oisiveté des hommes inutiles. […] L’exécution générale du style, dans ce que j’appelle l’idylle, reste à la fois naturelle et neuve, pleine de particularités et d’accidents, riche d’accent et de couleur ; c’est un style dru, il sent son paysage.

1033. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Le Mercure de France (8 janvier 1780) sait très-bien regretter, par exemple, que l’expression de la tendresse ne se mêle pas plus souvent chez le poëte à celle de la volupté, et que l’amour n’anime pas de couleurs plus riches son imagination et sa veine179. […] Enfin, nous citerons encore la riche peinture de cette même vue d’après nature, par M.

1034. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

Mais, comme dans toutes les sphères de la spéculation idéale, à côté de l’espoir d’un butin riche et assuré, est ici le danger des illusions si fréquentes en pareille matière. […] Le livre de Paul et Virginie, dont on aurait peine à trouver le pendant dans une autre littérature, est simplement le tableau d’une île située dans la mer des tropiques, où, tantôt à couvert sous un ciel clément, tantôt menacées par la lutte des éléments en fureur, deux figures gracieuses se détachent du milieu des plantes qui couvrent le sol de la forêt, comme d’un riche tapis de fleurs.

1035. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

Il ne sentira point, comme nos princes, que s’il se gouverne mal, il sera moins heureux dans l’autre vie, moins puissant et moins riche dans celle-ci. […] Il ne se soutenait que par la dépouille du monde conquis et rançonné ; quand ces rançons et ces dépouilles, qui s’élevaient à trois cents millions dans ses caves, furent dépensées, il tomba, et, quand ses États, changeant de système après sa chute, eurent recours à l’emprunt, ils payèrent facilement la rançon de la France et la France fut sauvée et riche.

1036. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

Peu d’existences furent plus rudes386 : la vie de comédien nomade qu’il mena pendant douze ans, était riche en déboires et en fatigues. […] Regnard (1655-1709), né à Paris, fils d’un riche bourgeois, voyagea en Italie, en Alger (où il fut esclave), en Hollande, en Pologne, en Suède, en Laponie, en Allemagne ; il écrivit pour la Comédie-Française, pour les Italiens et pour la Foire.

1037. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Mme Gervaisais, jeune veuve riche, intelligente et d’esprit indépendant, vient à Rome avec son petit enfant, s’éprend de la Rome païenne, puis s’en détache, subit ensuite dans son imagination et dans son cœur la Rome chrétienne, est décidément convertie par une maladie de son petit garçon et sa guérison miraculeuse, est prise d’une dévotion exigeante et insatiable, se livre à un directeur féroce, s’enfonce dans un ascétisme sombre, renonce à tout, même à l’amour maternel, s’éveille pourtant de cette folie à la voix de son frère, un soldat, qui l’éclairé brusquement sur son mal et qui veut la sauver ; mais elle tombe morte avant de quitter Rome, sous la bénédiction du pape  Près d’elle, un autre malade, le petit Pierre-Charles, un bel enfant idiot, d’une sensibilité violente et qui aime furieusement sa mère. « La musique et son cœur, c’était tout cet enfant, un cœur où semblait avoir reflué, l’élargissant, ce qui lui manquait de tous les autres côtés. […] Elle ne peut souffrir que ce jeune homme très fort change le nom de son père contre un titre acheté, afin de faire un riche mariage ; elle découvre en outre qu’il a eu pour maîtresse la mère de la jeune fille qu’il doit épouser.

/ 1723