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858. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

Non, il n’est pas jaloux de Byron, quoiqu’il ait dit de lui un jour, faisant remarquer que ce grand révolté n’observait de règle que celle des unités dans ses tragédies : « Cette limite qu’il se posait en observant les trois unités convenait d’ailleurs à son naturel, qui tendait toujours à franchir toutes limites.

859. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

Je trouve les préceptes ridicules sur cette matière, et j’aimerois presque autant qu’on voulût mettre en règle la manière dont les frénétiques doivent extravaguer. » J’ai dit de Mme de Staal qu’elle était comme le premier élève de La Bruyère, mais un élève devenu l’égal du maître ; nul écrivain ne fournirait autant qu’elle de pensées neuves, vraies, irrécusables, à ajouter au chapitre des Femmes, de même qu’elle a passé plus de trente ans de sa vie à pratiquer et à commenter le chapitre des Grands.

860. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre V. La Fontaine »

Et, par la poursuite du plaisir sans relâche et sans règle, par la lassitude finale qui envahit les existences trop uniquement voluptueuses, un peu de sentiment, de la sincérité, de la mélancolie, enfin de la poésie, rentrent dans ces pièces légères.

861. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

Ou plutôt c’est comme si, sous le flot envahisseur des lettres antiques, un courant secret, une Aréthuse avait persisté, qui, longtemps refoulée et opprimée, a percé peu à peu les couches d’eau supérieures et s’y est mêlée… Remarquez, je vous prie, que jamais depuis le moyen âge la littérature n’a été aussi dégagée qu’aujourd’hui de toute règle ni dans un plus superbe état d’anarchie.

862. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre II. L’analyse interne d’une œuvre littéraire » pp. 32-46

L’autre est la faculté modératrice, celle qui refrène les élans et les écarts de la première, qui essaie de lui imposer des règles et des limites : on la nomme la raison.

863. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre II : L’intelligence »

Si l’on ne perd point de vue que les diverses facultés ne sont aussi que des causes inconnues de phénomènes connus, qu’elles ne sont qu’un moyen commode de classer les faits et d’en parler ; si l’on ne tombe pas dans le défaut si commun d’en faire des entités substantielles, des sortes de personnages qui tantôt s’accordent, tantôt se querellent, et forment dans l’intelligence une petite république ; on ne voit point ce qu’il y aurait de répréhensible dans cette distribution en facultés, très conforme aux règles d’une saine méthode et d’une bonne classification naturelle.

864. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

De pareilles anecdotes, fussent-elles sûres, contrastent horriblement avec un livre où l’on prétend détruire tous les préjugés, & donner des règles de morale & de politique.

865. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre I : Rapports de cette science avec l’histoire »

Il n’y a point de règle pour mesurer ou limiter les emprunts qu’une science peut faire à une autre : cela dépend du tact et du génie des écrivains ; mais il est facile de comprendre qu’un certain excès changerait le caractère d’une science.

866. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Essai, sur, les études en Russie » pp. 419-428

On n’y apprend que les règles de l’arithmétique ; mais suffisamment pour qu’un enfant, au sortir de ces écoles, sache tous les calculs nécessaires dans le courant de la vie, et soit même en état d’apprendre les calculs plus compliqués des marchands et négociants.

867. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Nous appliquerons cette règle aux diverses écoles, et nous avancerons cette conséquence ridicule que Lesueur et Poussin « égalent ou surpassent » Murillo, Gorrége, le Titien, Rembrandt et Rubens.

868. (1936) Réflexions sur la littérature « 6. Cristallisations » pp. 60-71

Parmi les autres, les exceptions sont rares, toutes confirmeraient la règle ; passez en revue les grands artistes du XIXe siècle, dont on extrait pièce à pièce les correspondances et les confidences.

869. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIII. Des éloges ou panégyriques adressés à Louis XIV. Jugement sur ce prince. »

Il faut convenir que ces projets ont de la grandeur, mais une espèce de grandeur qui manque, pour ainsi dire, de proportion et de règle.

870. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVIII et dernier. Du genre actuel des éloges parmi nous ; si l’éloquence leur convient, et quel genre d’éloquence. »

Dans ce contraste, et d’organisation et de caractère, chacun cependant prend pour la nature ce qui est lui : nos passions ou nos faiblesses, voilà la règle de nos jugements.

871. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Si la psychologie ne se règle pas sur cette considération, elle déformera nécessairement son objet. […] Il pose donc une règle de méthode ; il n’énonce pas un fait. […] L’intelligence se règle en effet sur des perceptions présentes ou sur ces résidus plus ou moins imagés de perceptions qu’on appelle les souvenirs. […] Mœurs et morale, règle au sens de constance et règle au sens d’impératif : l’universalité de fait et l’universalité de droit s’expriment à peu près de la même manière.

872. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Cela demande du temps, vois-tu une découverte, on ne règle pas cela à sa guise. […] Et c’est, plus encore, d’être reçu chez certaines personnes et de refuser d’en recevoir certaines autres, celles qui, précisément, ont violé notoirement la règle extérieure. […] Bref, la règle est de faire des personnages qui se tiennent et dont la continuité ne soit pas seulement intérieure, mais apparente. […] Car, les âmes ne l’intéressant qu’en tant qu’elles sont descriptibles et définissables par des mots habilement enchaînés, il perdra l’habitude et bientôt ne se croira même plus le droit de les juger au nom d’une règle morale. […] Or, rien de plus commun que cette rupture d’équilibre : c’est presque la règle, et de là la continuelle inquiétude des hommes.

873. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

J’appartiens de cœur à une abbaye de Thélème, dont la règle est douce et l’obédience facile. […] Il juge les plus vieux poèmes d’après des règles qu’il tient pour immuables et divines. […] Il est certain qu’elle n’a point de règles fixes, point de méthodes sûres pour juger les actions. […] Brouardel, ont trop oublié les règles essentielles de la critique scientifique. […] Quinet, qui se lamente dès qu’il voit la Révolution s’écarter des règles de la philosophie humanitaire !

874. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

La fougue, la passion, l’incapacité de subir une règle, en sont les traits permanents. […] Les règles générales dont ce jeune ambitieux s’impose l’observance peuvent s’adapter davantage à notre condition. […] Ils sont méthodiques, ponctuels, fidèlement asservis aux règles de l’hygiène. […] Je n’imiterai pas cet exemple, dussé-je violer toutes les règles que m’apprirent jadis, en rhétorique, mes bons maîtres latins. […] Le fétiche en bois, l’idole-planche, modèle primitif sur lequel se règle le profil des premières statues de pierre.

875. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Qu’après cela, le spectacle de l’âme de Brutus soit, pour Johnson, moins touchant et moins dramatique que celui de telle ou telle passion, de telle ou telle situation de la vie, c’est là un résultat des inclinations personnelles du critique, et du tour qu’ont pris ses idées et ses sentiments ; on n’y saurait trouver une règle générale, sur laquelle se doive fonder la comparaison entre des ouvrages d’un genre absolument différent. […] C’est ce qu’a senti Shakespeare ; il n’a songé qu’à rehausser Brutus et non à le singulariser ; placés dans une sphère inférieure, les autres personnages reprennent un peu la liberté de leur caractère individuel, affranchi de cette règle de perfection que le devoir impose à Brutus. […] Plusieurs de ces lois, dont quelques-unes assez singulières pour le temps, sont faites par des motifs d’ordre et de règle ; d’autres sont destinées à maintenir l’indépendance civile contre le pouvoir des officiers de la couronne ; mais la plupart ont évidemment pour objet de diminuer la puissance des nobles et de concentrer toute l’autorité dans les mains du roi. […] Il ne faut point chercher dans Richard II, non plus que dans la plupart des pièces historiques de Shakspeare, un caractère de style particulier : la diction en est peu travaillée ; assez souvent énergique, elle est souvent aussi d’un vague qui laisse la raison absolument maîtresse de décider sur le sens des expressions, que ne détermine aucune règle de syntaxe. […] Nous ne devons donc point, pour juger le mérite de ces grands hommes, perdre de vue les règles qui étaient prescrites aux poëtes de leur siècle.

876. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Pareillement, si nous examinons en quoi la liberté a consisté pour eux, — la liberté dans l’art, et non la liberté de l’art, qui sont deux choses très différentes, — ce n’a pas été sans doute à se rendre maîtres du choix de leurs sujets, puisqu’on avait bien permis à Voltaire d’aller chercher les siens jusqu’en Amérique et jusqu’en Chine ; ni à écrire des drames en prose, puisque Cromwell, Hernani, Christine, Othello sont en vers ; ni même à violer les « règles », puisqu’enfin quelles « règles » dira-t-on qu’il y eût de l’élégie, de l’ode, du roman, et Cinq-Mars, Les Orientales, Notre-Dame de Paris, les Confessions de Joseph Delorme sont-elles, ou non, des œuvres romantiques ? […] Évidemment, ce ne sera pas sur notre connaissance de nous-mêmes, — on ne sortirait pas du cercle, — mais ce sera sur une observation plus diverse, plus étendue, plus générale ; ce sera sur une observation dégagée, s’il se peut, de tout ce que nous trouvons de « personnel » ou d’« individuel » en nous ; et voici que, par une rencontre où l’on serait un peu naïf de ne voir qu’un effet du hasard, les règles de cette observation s’établissent au moment précis qu’on en sent le besoin pour les opposer au dérèglement systématique du romantisme. […] Ce n’est pas davantage que nous prenions notre opinion particulière et personnelle pour la règle arbitraire des autres. […] 2º L’évolution du romantisme au théâtre ; — et que, si l’on en cherche le principe dans l’appropriation du théâtre anglais ou allemand ; — dans l’introduction sur la scène française des sujets nationaux ; — ou dans l’imitation du décor exotique ; — on le cherchera longtemps sans le trouver. — Le romantisme au théâtre n’a consisté qu’à prendre en tout le contrepied du classicisme ; — à nier l’existence des règles ; — et à proclamer une liberté dont le premier effet a été d’abaisser la tragédie au niveau du mélodrame : — C’est ce que l’on peut constater en relevant le chemin — que Vigny a fourni d’Othello, 1829, à Chatterton, 1835 ; — Hugo, de Cromwell, 1827, aux Burgraves, 1843 ; — et Dumas, d’Henri III à sa cour, 1829, à Mademoiselle de Belle-Isle, 1839. — Un second, trait qui caractérise le drame romantique est l’esprit de révolte dont il est inspiré ; — et que, sans avoir besoin de descendre jusqu’aux élucubrations de Félix Pyat, — on reconnaît assez aisément dans l’Antony de Dumas, 1831 ; — dans Le Roi s’amuse de Victor Hugo, 1832 ; — et dans le Chatterton lui-même de Vigny, 1835. — Et, comme il faut enfin que la liberté la plus déréglée aboutisse à une règle, — un dernier caractère du drame romantique est l’affirmation de la souveraineté de la passion ; — et sous le nom d’énergie, la glorification du crime. […] — Ç’a été aussi celle de Taine ; — mais par une contradiction qui achève de les caractériser tous les deux, — tandis que Taine, après être parti du pur « naturalisme », a presque constamment tendu à la reconstitution des principes de la vie morale ; — Renan, qui était parti d’une morale très haute, et très étroite, — a fini, à force de vouloir l’élargir, — par n’en plus tenir aucun compte, — et à faire du dilettantisme sa règle de vie.

877. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

A la scène VII de la Critique, n’est-ce pas Molière qui nous dit par la bouche de Dorante : « Vous êtes de plaisantes gens avec vos règles dont vous embarrassez les ignorants et nous étourdissez tous les jours ! Il semble, à vous ouïr parler, que ces règles de l’art soient les plus grands mystères du monde, et cependant ce ne sont que quelques observations aisées que le bon sens a faites sur ce qui peut ôter le plaisir que l’on prend à ces sortes de poëmes ; et le même bon sens, qui a fait autrefois ces observations, les fait aisément tous les jours sans le secours d’Horace et d’Aristote…. […] Brossette, peut tenir lieu d’un traité complet de peinture, et l’auteur y a fait entrer toutes les règles de cet art admirable (et Despréaux citait les mêmes vers que nous avons donnés plus haut).

878. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre premier. Les fonctions des centres nerveux » pp. 239-315

La règle est générale, qu’il s’agisse des muscles qui jouent pour proférer la parole, ou des muscles qui travaillent pour remuer les membres, pour exprimer les émotions, pour opérer ou aider les perceptions. […] Il n’y a pas d’exception à cette règle ; la pensée la plus haute, la conception la plus abstraite y est soumise, par les mots ou signes qui lui servent de support. […] Aux éléments de la sensation correspondent les éléments de la danse ; par conséquent, si, dans une sensation de son musical qui dure un dixième de seconde, il y a cent sensations élémentaires semblables : qui durent chacune un millième de seconde et sont chacune composées d’un minimum, d’un maximum avec une infinité de degrés intermédiaires, il faut admettre que, dans la cellule sensitive et pendant ce même dixième de seconde les molécules ont exécuté cent évolutions semblables qui ont duré chacune un millième de seconde et ont été composées chacune d’un minimum, d’un maximum avec une infinité de degrés intermédiaires ; de plus, si la sensation de son présente cette qualité particulière qu’on appelle le timbre et qui est produite par l’accolement de quelques petites harmoniques aiguës, on peut admettre que, dans le tourbillon des danseurs, quelques petits groupes collatéraux ont exécuté leur évolution avec une vitesse qui était un multiple de celle des autres. — Règle générale : les portions successives ou simultanées de la sensation, totale transcrivent en termes psychologiques les portions successives ou simultanées de la danse totale.

879. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Riez, c’est ici la règle, non pas cruellement et par inimitié visible, mais par belle humeur et par agilité d’esprit. […] Transformer le roman, c’est le déformer : celui qui, comme Thackeray, donne au roman la satire pour objet cesse de lui donner l’art pour règle, et toutes les forces du satirique sont des faiblesses du romancier. […] Vous trouverez le même défaut dans leur critique toujours morale, jamais psychologique, occupée à mesurer exactement le degré d’honnêteté des hommes, ignorant le mécanisme de nos sentiments et de nos facultés ; vous trouverez le même défaut dans leur religion, qui n’est qu’une émotion ou une discipline, dans leur philosophie, vide de métaphysique, et si vous remontez à la source, selon la règle qui fait dériver les vices des vertus et les vertus des vices, vous verrez toutes ces faiblesses dériver de leur énergie native, de leur éducation pratique et de cette sorte d’instinct poétique religieux et sévère qui les a faits jadis protestants et puritains.

880. (1920) Action, n° 2, mars 1920

La règle, la réclusion, l’exactitude, l’assiduité au travail imposées à la vie cénobitique avaient tôt fait d’amener son œuvre à la perfection. […] Dans les monastères renommés, tant d’hommes que de femmes, la règle a réparti la besogne de chacun. […] Telles étaient les instructions, que chaque occupant de ces lieux reclus y avait ses attributs et son utile emploi, comme vous le montre une règle de ce temps : « Que l’un corrige le livre que l’autre a écrit ; qu’un troisième trace les ornements à l’encre rouge ; que celui-là se charge de la ponctuation, celui-ci des peintures ; que cet autre colle les feuilles et relie les livres avec des tablettes de bois.

881. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

La liaison si longue et si inviolable qu’eut Mme de La Fayette avec M. de La Rochefoucauld fait ressembler sa vie elle-même à un roman, à un roman sage (roman toutefois), plus hors de règle que la vie de Mme de Sévigné, qui n’aime que sa fille, moins calculé et concerté que celle de Mme de Maintenon, qui ne vise qu’au sacrement avec le roi. […] Il est vrai que j’y ai eu quelque part, mais seulement dans la disposition du roman, où les règles de l’art sont observées avec grande exactitude. » Il est vrai de plus qu’à un autre moment Segrais dit : « Après que ma Zayde fut imprimée, Mme de La Fayette en fit relier un exemplaire avec du papier blanc entre chaque page, afin de la revoir tout de nouveau et d’y faire des corrections, particulièrement sur le langage ; mais elle ne trouva rien à y corriger, même en plusieurs années, et je ne pense pas que l’on y puisse rien changer, même encore aujourd’hui. » Il est évident que Segrais, comme tant d’éditeurs de bonne foi, se laissait dire et rougissait un peu quand on lui parlait de sa Zayde.

882. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

Au reste, sa geôle est souvent une cave du château ; « sur cent justices, il n’y en a pas une qui soit en règle du côté des prisons » ; ses gardiens ferment les yeux ou tendent la main. […] La règle est analogue dans les autres coutumes, notamment dans celle de Paris.

883. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

L’homme, jeté au milieu de cet univers, sans savoir d’où il vient, où il va, pourquoi il souffre, pourquoi même il existe, quelle récompense ou quelle peine recevront les longues agitations de sa vie : assiégé des contradictions de ses semblables, qui lui disent, les uns qu’il y a un Dieu, auteur profond et conséquent de toutes choses, les autres qu’il n’y en a pas ; ceux-ci, qu’il y a un bien, un mal, qui doivent servir de règle à sa conduite ; ceux-là, qu’il n’y a ni bien ni mal, que ce sont là les inventions intéressées des grands de la terre ; l’homme, au milieu de ces contradictions, éprouve le besoin impérieux, irrésistible, de se faire sur tous ces objets une croyance arrêtée. […] Dès lors, que peut-on souhaiter de mieux à une société civilisée qu’une religion nationale, fondée sur les vrais sentiments du cœur humain, conforme aux règles d’une morale pure, consacrée par le temps, et qui, sans intolérance et sans persécution, réunisse, sinon l’universalité, au moins la grande majorité des citoyens, au pied d’un autel antique et respecté ?

884. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Une femme évaporée lui demande follement un traité d’éducation, à lui, l’homme qui n’a jamais trouvé sa place dans le monde des hommes, qui n’a reçu d’éducation que celle des aventuriers, et dont toute la règle a été de n’en point avoir ! […] Est-ce aux témérités d’esprit d’un romancier solitaire, est-ce aux excentricités d’un cynique révolté contre la société, est-ce au suprême bon sens du plus chimérique des rêveurs, après Platon, est-ce à un courtisan des boudoirs des femmes légères de cour et de ville du siècle de Louis XV, est-ce au génie malade et malsain qui n’a jamais pu assujettir sa vie à aucun travail sérieux, à aucune règle de sociabilité utile, à aucune hiérarchie civile, toujours prêt à changer de Dieu et de patrie, comme poussé par une Némésis vagabonde à travers les régions extrêmes de l’idéal ou du désespoir, depuis le délire jusqu’au suicide ?

885. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

L’Université en ce temps-là était le royaume des esprits, la règle des croyances et des mœurs, l’Église militante et enseignante, la maison de la foi. […] L’homme bon et vraiment pieux dispose d’abord au-dedans de lui tout ce qu’il doit faire au dehors ; il ne se laisse point entraîner, dans ses actions, aux désirs d’une inclination vicieuse ; mais il les soumet à la règle d’une droite raison.

886. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

C’est par la même raison que ce siècle d’orthodoxie et de règle fut le siècle de l’équivoque. C’est la règle étroite qui fait naître l’équivoque.

887. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Il ne fit nul changement profond aux règles de la musique instrumentale, jadis apprises : ses dernières œuvres, sonates, quatuors, symphonies, etc., ont, en réalité, la même structure que les premières. […] Il semble, au contraire, que les Français ne connaissent point, en eux, cette intime source de rénovation : nous les voyons préoccupés, seulement, dans la politique comme dans l’art, à la forme extérieure, et prêts, toujours, à renverser complètement la forme qui leur déplaît, avec l’espoir, sans doute, de ce que la forme nouvelle s’élèvera, d’elle même, déjà parfaite… L’esprit Allemand, cependant, se développe à l’aise, même en des genres étrangers… C’est ainsi que nous avons reçu des italiens la musique, avec toutes ses règles ; et, ce que nous avons fait dans cet art, le génie de Beethoven nous le montre, par ses œuvres, supérieures à toute compréhension.

888. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Quant à la définition scientifique, qui, elle, peut tenir tout entière dans les douze syllabes d’un alexandrin, elle est un véritable non-sens en poésie : à quoi bon donner une règle à ce qui est la règle même ?

889. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Elles avaient donné à la France tout ce que peut donner le despotisme : la concentration et la règle de toutes ses forces intellectuelles et matérielles dans un effort universel des intelligences disciplinées sous l’Église et sous le roi. […] Il était temps que la religion de son enfance, qui n’était qu’assoupie sous les vanités et sous les voluptés de la vie mondaine du grand poète, se réveillât dans son âme, et qu’elle vînt lui imposer ses règles sévères de probité d’esprit et d’abnégation de vaine gloire qu’il ne trouvait pas assez dans son caractère.

890. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

ô toi, vestige du Christ, voix céleste, verbe éternel, temps infini, lumière continue, source de piété, règle de vertu, vie sainte des adorateurs de Dieu, Christ Jésus, lait céleste répandu des mamelles de la grâce divine, c’est-à-dire des sources de la sagesse ! […] Mais, en dépit de ces souvenirs que Synésius ne peut dépouiller, vous sentez désormais en lui l’inspiration chrétienne ; et le poëte a pu devenir évêque, surtout à cette époque d’une foi plus ardente et d’un formulaire moins rigoureux, où l’Église enveloppait dans sa communion des prosélytes parfois hétérodoxes sur quelques points, comme un vaste empire, aux premiers jours de ses victorieux agrandissements, reçoit et tolère dans son sein des cités et des territoires auxquels il laisse d’anciens usages et quelques libertés dissidentes de la règle d’obéissance commune.

891. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

Elle est bannie des monarchies, et les figures, les métaphores, les grands mouvements seront connus, indiqués par des règles.

892. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Il croit peu à la règle, il se fie beaucoup aux inclinations, il aime à se passer de discipline.

893. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — I » pp. 1-17

La règle est aux prises chez lui avec le rêve.

894. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

Il y a un corps d’hommes choisis entre tous les gens d’esprit, entre les plus fameux écrivains de la nation, et qui en prend même le nom comme par excellence, un corps voué à la pureté du discours et à l’éloquence, et qui, par sa supériorité d’esprit, impose aux autres et les règle.

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