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254. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

C’est pourquoi, en ce moment, ils en font une fête, une magnifique parade, si semblable à un tableau, qu’elle produit la peinture en Italie, si semblable à une représentation, qu’elle produit le drame en Angleterre. […] D’où vient que chez les moindres, à travers des pédanteries, des maladresses, parmi des chroniques rimées ou des dictionnaires descriptifs, on rencontre des peintures éclatantes et de vrais cris d’amour ? D’où vient que, cette génération épuisée, la vraie poésie a fini en Angleterre, comme la vraie peinture en Italie et en Flandre ? […] Aucune peinture ne fait si bien comprendre la piété ecclésiastique du moyen âge, toute pareille à celle des bouddhistes. […] Voyez la peinture de cet état de choses dans les lettres de la famille Paston, publiées par John Fen.

255. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre I. Bernardin de Saint-Pierre »

De la poésie il nous mène à la peinture, et il tente une hardie transposition d’art : il rend avec les moyens de la littérature, avec des mots, des effets qui semblaient exiger la couleur. […] Nul enjolivement, pas d’esprit, pas d’intrigue, pas de peinture de mœurs.

256. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

» * * * — En peinture, il y a toujours une espèce de déconsidération pour le peintre de tempérament : soit en haut de l’échelle : Rubens, soit en bas : Boucher. […] Un grand éloge à faire de la princesse, c’est que la causerie avec les femmes bêtes, avec les sots, enfin que l’ennui l’ennuie — et, chose plus curieuse, lui plombe le teint à l’instar d’une peinture du Guerchin. […] Il était curieux parlant de lui, nous disant qu’il ne savait rien, pas un mot de la peinture, que jamais il n’avait travaillé d’après nature, qu’il n’avait jamais pris de croquis, pour se forcer à regarder simplement, que les choses ne lui reviennent que des années après, — que ce soit de la peinture ou de la littérature. […] Et l’on cause peinture et commandes. […] Là-dessus Thierry entre, fatigué, éreinté, les cheveux pleurant sur la face, les yeux coulés dans les joues, pareil à la peinture d’un christ byzantin, très fatiguée.

257. (1876) Romanciers contemporains

Chateaubriand ne devait pleinement réussir que dans la peinture du contraire même de l’amour ingénu, c’est-à-dire dans la peinture de l’amour tel que l’éprouve René. […] Homère était fort hardi dans ses peintures. […] Nous n’en connaissons pas de peinture plus terrifiante. […] Claretie, et il leur doit ses peintures les plus fines. […] Claretie, consacrés à la peinture d’une époque disparue, est fort remarquable.

258. (1925) Comment on devient écrivain

Le monde de la politique est un bon terrain pour la peinture des ambitions et des caractères. […] « L’art, dit-elle, doit être la recherche de la vérité, et la vérité n’est pas la peinture du mal. Elle doit être la peinture du mal et du bien. […] On dira que, si la réalité est laide, il ne faut pas la peindre telle qu’elle est, parce que cette peinture ne saurait être belle. […] Balzac excelle, au contraire, dans la peinture de la vie bourgeoise, qui est à peu près le milieu naturel de la moyenne des écrivains.‌

259. (1883) Le roman naturaliste

Si vous n’admettez pas que la peinture suppléera systématiquement, par les moyens qui lui appartiennent et qui font qu’elle est la peinture, à la représentation du corps solide sous ses trois dimensions, il n’y a plus de peinture. […] Des descriptions et des peintures ne prouvent pas que l’on sache écrire : elles prouvent uniquement que l’on a des sensations fortes. […] Entendons-nous par là que le romancier doivent s’interdire la peinture des conditions ? […] Mais nous soutenons, sur la foi de tous les chefs-d’œuvre, que la peinture des caractères est partout et toujours humaine, tandis que la peinture des conditions ne l’est et ne peut l’être que dans des circonstances rigoureusement définies. […] Cependant, d’autre part, la question du réalisme se posait dans le roman comme dans la peinture.

260. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Au premier sens, le mot de caractère exprime donc ce qu’il y a de plus général dans la peinture de l’avarice ou de l’hypocrisie ; et dans le second sens, il exprime au contraire ce qu’il y a de plus particulier dons la peinture de Clarisse ou de Lovelace. […] Il ne manquait certes pas dans Gil Blas, on l’a vu, de peintures de la vie commune ou des mœurs bourgeoises, comme on disait alors. […] En d’autres termes encore, les peintures de la vie commune, telles que Gil Blas nous les présente, sont toujours, en tant que peintures du réel, dans le goût de Molière : satiriques d’intention, larges de facture ; brossées, non pas léchées ; plus fortes, plus hardies, plus audacieuses que nature. […] Les peintures de la boutique de Mme Dutour, la maîtresse lingère, dans Marianne, et dans le Paysan parvenu, de la maison des demoiselles Habert, sont des peintures d’intérieurs bourgeois devenues pour nous inappréciables : de véritables Chardin, si — selon la comparaison que le nombre de ceux qui l’ont déjà faite ne nous embarrassera pas pour reproduire à notre tour — des pièces comme la Double Inconstance ou le Prince travesti sont de véritables Watteau. […] Mais c’est peut-être aussi que le roman n’avait pas conquis le droit de s’occuper d’une petite lingère et d’une maîtresse d’hôtel, ou, si l’on aime mieux, le droit d’égaler la diversité de ses peintures à la diversité des manifestations de la vie.

261. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

Le libre et plein développement de la pure nature qui, en Grèce et en Italie, aboutit à la peinture de la beauté et de la force heureuse, aboutit ici à la peinture de l’énergie farouche, de l’agonie et de la mort. […] Voilà déjà la peinture de l’orgueil insensé, de la fougue aveugle et meurtrière, qui, promenée à travers les dévastations, arrive à s’armer contre le ciel lui-même. […] C’est justement pour cela que la peinture est vraie. […] Voyez la séduction d’Ithamore, par Bellamira, peinture fruste et d’une vérité admirable. […] Voir la peinture de ce caractère dans toute la littérature anglaise et allemande.

262. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

. —  Excellence de ses peintures nationales. —  Ses tableaux d’intérieur. —  Sa moquerie aimable. —  Ses intentions morales. —  Sa place dans la civilisation moderne. —  Développement du roman en Angleterre. —  Réalisme et honnêteté. —  En quoi ce genre est bourgeois et anglais. […] La philosophie entre dans la littérature. —  Inconvénients du genre. —  Wordsworth. —  Son caractère. —  Sa condition. —  Sa vie. —  Peinture de la vie morale dans la vie vulgaire. —  Introduction du style terne et des compartiments psychologiques. —  Défauts du genre. —  Noblesse des sonnets. —  L’Excursion. […] Toutes ses peintures d’un passé lointain sont fausses. […] C’est justement avec ces facultés qu’ils créent un nouveau genre, qui par des milliers de rejetons pullule encore aujourd’hui, avec une abondance telle que les talents s’y comptent par centaines, et qu’on ne peut le comparer pour la séve originale et nationale qu’à la peinture du grand siècle des Hollandais. […] Ses peintures sont des grisailles significatives ; de parti pris il supprime tout ce qui plaît aux sens, afin de ne parler qu’au cœur.

263. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

Tel sera atteint le second degré du fictif dans la vie, le second degré de l’art, après la primitive élimination des sensations étrangères à l’objet artistique, par la restriction des sensations à un seul ordre sensitif ; et, après l’art théâtral, les arts séparés de la peinture, de la littérature et de la musique seront acquis, quand sera démontré le pouvoir de chacun de ces arts de donner à lui seul l’impression d’une chose vivante. […] et si l’on précise l’espèce, et si l’on énumère les feuilles, l’on ne fait qu’accumuler les qualificatifs ; dans « arbre » il n’y a rien autre que a-r-b-r-e ; les mots sont les signes des idées ; les signes des objets sont de la peinture ; quiconque sous les mots voit les objets, transpose ; une phrase n’est qu’une combinaison d’abstractions, et les mots ne sont que des mots. […] Et la littérature s’est développée par le fait que se développaient les idées générales, comme la peinture par la croissante précision des visions. […] IV Des analyses précédentes ; et des définitions de l’origine et de la nature de ces trois arts spéciaux de la peinture, de la littérature et de la musique ; et de ce que la peinture est l’art des visions par l’instrument des lignes et des couleurs, la littérature l’art des idées abstraites par l’instrument des mots, la musique par l’instrument des sons l’art des sentimalités, c’est-à-dire des émotions si multiples et confuses qu’elles ne s’expriment ni en lignes ni en mots ; et de ce que le premier de ces arts est l’agent des sensations tactiles, le second des sensations intellectuelles, le troisième des passionnelles ; de cela semblerait résulter, contrairement à la théorie citérieure, la nécessaire union de ces arts afin de susciter en l’âme les sensations d’une vie complète ; si, dès le début, le développement de chaque art n’avait suivi cette loi essentielle : la majoration, en chaque artiste, des sensations de l’ordre de son art, et la diminution des autresac. […] Mais la fin admirable des développements logiques et séculaires, l’idéal des vocations puissantes et des fortes institutions spirituelles, le chef-d’œuvre d’un art très affiné en sa spécialité, voici : une peinture, où sous la pure évocation des sensations linéaires de la nature pointent les flux d’idées et d’émotions d’elles issues ; une littérature puissante de visions et de sentimentalités, et en mots, toute de mots, et rien que des mots ; et une musique où soit la profondeur des choses senties en leur forme comme en leur essence, mais tout entraînées au seul tourbillon des innommables, des irreprésentables sensations qui sont l’objet de la musique ; arts spéciaux, et spéciaux strictement en leurs langages, mais capables chacun des émotions universelles.

264. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Quant à ses peintures de l’Opéra, c’est pour moi l’application discordante du contour michelangesque sur le type de la cocotte de la rue Saint-Georges. […] Mercredi 21 avril Un tableau donne-t-il jamais à un être organisé pour apprécier la peinture, une sensation intellectuelle, spirituelle, jamais ! […] Les Enfants d’Édouard, quelle peinture de paravent ! Et la pauvre chlorotique peinture métaphysique d’Ary Scheffer ! […] En fait de portraits, un beau portrait de Napoléon au pont d’Arcole, par Gros, délavé dans cette huile couleur d’ambre, qu’affectionnait la peinture de Rubens, et le portrait de Denon par Prud’hon, d’un merveilleux modelage, et dont la pâleur rosée a quelque chose de la fleur d’un pastel.

265. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

C’est vers elle que, dans le dépérissement des arts, la peinture s’est reportée. […] Poésie, philosophie, peinture, moeurs, tout y conduit. […] Voici, par exemple, une peinture de l’extérieur. […] Ces peintures de La Fontaine, si courtes, valent les plus grands tableaux ; car tout le talent de l’artiste consiste à saisir le trait exact, qui montre dans un objet le caractère intime. […] Toutes les aventures d’Ysengrin finissent de même ; et ce portrait demi-sérieux, demi-moqueur, est plus vrai que la sombre et terrible peinture de Buffon : « Il est l’ennemi de toute société, il ne fait pas même compagnie à ceux de son espèce.

266. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Par là les acteurs devaient ressembler de plus en plus à des personnages qui agissent, à des peintures vivantes, comme les voulait Voltaire. […] , les bras étendus et prêts à courir au secours. » « Toutes ces peintures vivantes, ajoute-t-il, formées par des acteurs pleins de feu et d’âme, pourraient donner quelque idée de la terreur et de la pitié. » Ainsi la terreur et la pitié, au lieu de naître et de s’accroître à mesure que la pièce se noue, ne sont plus que des secousses subites et inattendues, provoquées par des effets de théâtre. Ce besoin d’acteurs pleins d’âme et de feu pour des peintures vivantes, trahit le penchant croissant du poète à chercher l’effet du poème dans le secours de ceux qui l’interprètent. […] Ce sont deux peintures de maître, l’une à la fresque et l’autre à l’huile. S’il fallait donner la préférence, j’aimerais mieux la peinture à la fresque.

267. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

Ce fut pourtant, si l’on parle un instant avec lui la langue vaguement complaisante de Louis XIV, ce fut, à tout prendre, un heureux et facile génie, d’un savoir étendu et lucide, d’une vaste mémoire, inépuisable en œuvres, également propre aux histoires sérieuses et aux amusantes, renommé pour les grâces du style et la vivacité des peintures, et dont les productions, à peine écloses, faisaient, disait-on alors, les délices des cœurs sensibles et des belles imaginations. […] Ainsi cette âme passionnée, et par trop maniable aux impressions successives, ne pouvait se fixer à rien ; elle était du nombre de ces natures déliées qu’on traverse et qu’on ébranle aisément sans les tenir ; elle avait puisé dans l’ingénuité de son propre fonds et avait développé en elle, par l’excellente éducation qu’elle avait reçue, mille sentiments honnêtes, délicats et pieux, capables, ce semble, à volonté, de l’honorer parmi les hommes ou de la sanctifier dans la retraite, et elle ne savait se résoudre ni à l’un ni à l’autre de ces partis ; elle en essayait continuellement tour à tour ; la fragilité se perpétuait sous les remords ; le monde, ses plaisirs, la variété de ses événements, de ses peintures, la tendresse de ses liaisons, devenaient, au bout de quelques mois d’absence, des tentations irrésistibles pour ce cœur trop tôt sevré, et, d’une autre part, aucun de ces biens ne parvenait à le remplir au moment de la jouissance. […] Ce n’est partout que peintures et sentiments, mais des peintures vraies et des sentiments naturels99. » Une ou deux fois Prévost fut appelé sur le terrain de la défense personnelle, et il s’en tira toujours avec dignité et mesure.

268. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

Le Curé de campagne ne tient nullement ce que promet son titre ; l’Amaury de Volupté est un malade ; dans le Rouge et le noir, la peinture du séminaire, des directeurs et des élèves, est surtout faite avec l’imagination et les préjugés de Stendhal : cela n’a pas été vu. […] Ferdinand Fabre fait quelquefois parler ses personnages comme ils écriraient, en style de mandement ; mais cette convention, si c’en est une, est des plus efficaces pour l’effet général de ses peintures. […] Ferdinand Fabre n’a jamais mieux montré ce qu’est un prêtre catholique que dans cette peinture d’un prêtre qui ne l’est pas. […] Ferdinand Fabre est un peintre incomparable des prêtres et des paysans : s’il tente d’autres peintures, s’il aborde Paris (comme dans certaines pages du Marquis de Pierrerue), il y paraît gauche et emprunté.

269. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet »

Ce portrait ou Caractère dans le goût de La Bruyère, qui aurait pu sembler à quelques égards un jeu d’esprit et un exercice de littérature, aura désormais à nos yeux tout son sens et sa signification, éclairé qu’il est par la peinture flamboyante de Saint-Simon, qui y jette comme de sanglants reflets. […] A son reflet, comme à une torche agitée dans l’ombre, toutes ces tièdes peintures en grisaille s’illuminent et parlent à leur tour. La fine peinture de Fénelon elle-même en reçoit plus de lumière et acquiert tout son prix.

270. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poème des champs, par M. Calemard de Lafayette (suite et fin) »

Mais le poète se garde de tomber dans le panthéisme à la mode aujourd’hui ; il grave au seuil de son poème le nom du Seigneur et du Créateur, et dans le cours de ses récits et de ses peintures on le voit aimer à retracer le culte de la Vierge, toutes les croyances populaires et les chrétiennes espérances. […] Lucrèce n’a pas traité des champs en particulier ; mais, dans son tableau de l’origine du monde et des premiers âges des sociétés (au livre Ve), il a cueilli les plus vastes images, il a tracé les plus larges cadres de l’époque rurale primitive, du bonheur naturel et des ébats champêtres auxquels se livraient les innocents agriculteurs au retour des printemps : Sæpe itaque inter se prostrati in gramme molli, Propter aquæ rivum, sub ramis arboris altæ, Non magnis opibus jucunde corpora habebant, Præsertim cum tempestas ridebat, et anni Tempora pingebant viridantes floribus herbas… Quelle ampleur de peinture et de langage ! […] Restons dans la vérité observée et dans la peinture.

271. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

L’auteur a soin de ne donner son récit que comme un passe-temps et presque un badinage : un jour, à Lesbos, étant allé chasser dans un bois consacré aux Nymphes, il a vu un tableau peint ou une suite de peintures ; il s’est fait donner l’explication, et c’est ce récit qu’il va refaire et raconter. […] Une peinture plus vive que touchante des premières émotions, des premiers sentiments de deux jeunes amants élevés dans la simplicité d’une vie champêtre et protégés contre eux-mêmes par la soûle ignorance. […] Il fait très-bien voir le mérite de composition, de la peinture des caractères, la grâce, la finesse, enfin toutes les qualités du poème, mais sans l’enthousiasme poétique de Goethe.

272. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Feuillet s’est surpassé ; il s’est vraiment piqué d’honneur dans la peinture de ce personnage hostile, de cet avocat du diable, de cet adversaire à mort de toutes ses propres théories : on peut dire que, par la bouche de Carnioli, il semble s’être insurgé contre lui-même. […] C’est une étude également répartie sur chaque âge, enfance, adolescence, jeunesse, plutôt que la peinture d’une situation particulière et d’une crise passionnée. […] Serait-ce un poème qu’il a voulu faire, une œuvre d’imagination, de mélodie, de description, de peinture harmonieuse, de féerie à demi chrétienne, un chant imité de Spencer ou de Tennyson ?

273. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

Remarquons seulement ici que Mme de Staël a créé une littérature cosmopolite, peinture des types nationaux. […] Dans ce voyage d’Italie, l’art italien lui échappe : elle raisonne froidement, rapidement sur la peinture et la sculpture ; mais vraiment de Brosses et Dupaty638 en parlaient mieux. […] Dans cette peinture de l’Allemagne, elle insiste beaucoup sur un caractère dont l’importance est de premier ordre pour la littérature : en France, la vie de société absorbe tout l’homme ; l’Allemand n’est pas homme du monde, pense plus qu’il ne cause, et préserve son originalité.

274. (1899) Le préjugé de la vie de bohème (article de la Revue des Revues) pp. 459-469

D’où vient cependant que dans toute réunion citadine un créateur de peintures ou de poèmes doive être reconnu à une faute de goût quelconque, même menue, à un certain égarement, à une attitude distraite qui n’est pas précisément la gaucherie ni la timidité, mais ce qu’on appelle « l’air artiste » qui donne toujours l’appréhension vague de quelque impair à la maîtresse de maison ? […] Si sa place dans l’État était nettement délimitée, il deviendrait immédiatement homme du monde, il ne permettrait même pas à un bourgeois riche de revendiquer sur lui cette pauvre supériorité des « manières », l’élégance qu’il donne à ses peintures ou à ses poèmes rehausserait immédiatement son attitude. […] Avec la ruine de la littérature du sentiment, de la peinture de genre et de la musique langoureuse, avec le retour de l’intellectualité française à ce genre d’ouvrages insolents, dont parle Stendhal, qui forcent le lecteur à penser au lieu d’émouvoir simplement ses nerfs, avec l’avènement de l’artiste aux suprématies morales dans une époque où les hiérarchies se meurent, le spectre grimaçant de l’ancien bohème, outrageant la noblesse vivante de l’artiste, avec celui du névrosé, de l’égotiste et de l’arriviste va reculer définitivement au fond de la région des ombres.

275. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

Il faut surtout varier ses inversions : Dante dessine quelquefois l’attitude de ses personnages par la coupe de ses phrases ; il a des brusqueries de style qui produisent de grands effets ; et souvent dans la peinture de ses supplices il emploie une fatigue de mots qui rend merveilleusement celle des tourmentés. […] La plupart de ses peintures ont encore aujourd’hui la force de l’antique et la fraîcheur du moderne, et peuvent être comparées à ces tableaux d’un coloris sombre et effrayant, qui sortaient des ateliers des Michel-Ange et des Carrache et donnaient à des sujets empruntés de la religion une sublimité qui parlait à tous les yeux. […] Si jamais, ce qu’il n’est pas permis de croire, notre théologie devenait une langue morte, et s’il arrivait qu’elle obtînt, comme la mythologie, les honneurs de l’antique ; alors Dante inspirerait une autre espèce d’intérêt : son poëme s’élèverait comme un grand monument au milieu des ruines des littératures et des religions : il serait plus facile à cette postérité reculée de s’accommoder des peintures sérieuses du poëte7, et de se pénétrer de la véritable terreur de son Enfer ; on se ferait chrétien avec Dante, comme on se fait païen avec Homère.

276. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

On pourrait citer des morceaux très travaillés et d’un gracieux effet, tels que celui qu’on lit dans son introduction sur l’antique mythologie : « Tous les matins ; une jeune déesse, etc… » ; et aussi la peinture célèbre du printemps de Délos : « Dans l’heureux climat que j’habite, le printemps est comme l’aurore d’un beau jour… » (Chap.  […] Il n’y a rien de plus glorieux au soleil et de plus lumineux que cette peinture. […] Cette peinture est assurément suffisante, mais elle n’a rien d’éclatant.

277. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

Ces dispositions sensuelles de l’intelligence auront ailleurs pour effet, d’accroître énormément les facultés d’expression de la couleur et, par suite, de ne faire concevoir les objets que représentés se fondant en certaines formes verbales, en un certain style de peinture. […] On peut citer comme exemples de cette sorte d’ouvrages, des romans comme le Werther ou la Confession d’un Enfant du siècle, les peintures de Rubens ou de Delacroix, presque toute la musique. […] Mais cette organisation est similaire : il existe des faits psychologiques généraux à la base du romantisme, du réalisme, de la peinture coloriste, de la musique polyphonique.

278. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — V » pp. 123-131

Il fut président du Conseil de la guerre, membre du Conseil de régence, puis du Conseil du roi. « C’était, a dit Saint-Simon à qui je n’emprunte que cette peinture physique, un assez grand homme, brun, bien fait, devenu gros en vieillissant sans en être appesanti, avec une physionomie vive, ouverte, sortante, et véritablement un peu folle, à quoi la contenance et les gestes répondaient. » D’humeur gaie, l’air franc, spirituel et commode à vivre, il n’avait pas de près tout ce qui commande le respect ou ce qui concilie un entier attachement. […] » À l’Académie française, où il allait quelquefois, et le plus souvent qu’il le pouvait, il a laissé d’assez bons souvenirs : « Il paraissait, a dit d’Alembert, s’intéresser à nos exercices, opinait avec autant de goût que de dignité sur les questions qui s’agitaient en sa présence, et finissait toujours par témoigner à la compagnie les regrets les plus obligeants de ce que la multitude de ses autres devoirs ne lui permettait pas de s’acquitter, comme il l’aurait voulu, de celui d’académicien. » Un jour, dans un de ces moments d’effusion comme il en avait volontiers, il demanda à ses chers confrères la permission, ne pouvant être aussi souvent qu’il l’aurait voulu parmi eux, de leur être présent au moins en peinture et de leur envoyer son portrait.

279. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 5, des études et des progrès des peintres et des poëtes » pp. 44-57

Mais Raphaël voit un moment le pere éternel peint par Michel-Ange : frappé par la noblesse de l’idée de ce puissant génie, que nous pouvons appeller le Corneille de la peinture ; il la saisit, et il se rend capable en un jour de mettre dans les figures qu’il fait pour représenter le pere éternel le caractere de grandeur, de fierté et de divinité qu’il venoit d’admirer dans l’ouvrage de son concurrent. […] Il suffit que le lecteur sçache que cette peinture est du bon temps de Raphaël, pour être persuadé que la poësie en est merveilleuse.

280. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 259

Belleau s’attacha à polir son style & à faire des peintures naturelles de tout ce qu’il vouloit exprimer ; il y réussit si bien, qu’on l’appeloit le Peintre de la Nature.

281. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article »

Quoique la Peinture ait fait son objet principal, il n’est point étranger à la Littérature.

282. (1759) Salon de 1759 « Salon de 1759 — Parrocel »

De par Apollon dieu de la peinture, nous condamnons le Sr Parrocel auteur de cette maussade composition, à lécher sa toile, jusqu’à ce qu’il n’y reste rien, et lui défendons de choisir à l’avenir des sujets qui demandent du génie.

283. (1763) Salon de 1763 « Sculptures et gravures — Tapisserie »

Quelques centaines de spectateurs sont sortis du Salon, convaincus qu’ils avaient vu un morceau de peinture.

284. (1767) Salon de 1767 « Dessin. Gravure — Alliamet et Strange »

Il faut avouer aussi qu’à côté de la peinture le rôle de la gravure est bien froid ; on la laisse toute seule dans les embrasures des croisées, où il est d’usage de la reléguer.

285. (1761) Salon de 1761 « Sculpture —  Vassé  »

La sculpture n’offrant jamais qu’une figure isolée, ou qu’un groupe de deux ou trois, je crois qu’on y souffre moins encore la médiocrité qu’en peinture.

286. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bonnefoy, Marc (1840-1896) »

Francis Melvil Voici un élégant volume (Le Poème du siècle), qui ne contient pas-moins de douze à treize mille vers… Il renferme, je crois, tous les genres de vers et de strophes connus… L’ouvrage contient deux parties distinctes : la première est tout historique ; la seconde est la peinture animée, vivante, des efforts de notre siècle pour se reconstituer une croyance.

287. (1759) Salon de 1759 « Salon de 1759 — Hallé »

Cet homme qu’on a très bien nommé le Fontenelle de la peinture, finira par les gâter tous.

288. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Hommes et dieux, études d’histoire et de littérature, par M. Paul De Saint-Victor. »

Et Eugène Delacroix, qui venait de lire un article de lui sur le Cid, lui écrivait : « Je penserai à cela pendant quinze jours, et j’en ferai de meilleure peinture. » Ce sont là des suffrages, des titres de noblesse, et ils sont justifiés par ce qu’on lit depuis près de quinze ans, chaque dimanche soir, sous cette fière et résonnante signature : analyses d’ouvrages d’art ou de pièces de théâtre, feuilletons ou salons, comptes rendus qui sortent du cadre et qui sont eux-mêmes de brillants portraits ou des tableaux. […] La politique et le souffle enflammé des passions régnantes l’enlevèrent trop tôt à ce culte exclusif des lettres ; mais dans la dernière partie de sa vie il avait cherché une consolation dans l’amour des arts proprement dits, et il était devenu un connaisseur fin en peinture.

289. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XI. De la littérature du Nord » pp. 256-269

Ils ont su l’exciter surtout par la peinture du malheur, que ces âmes énergiques et profondes ressentaient si douloureusement. […] Il semble que la peinture de ce sentiment devrait dépendre uniquement de ce qu’éprouve l’écrivain qui l’exprime.

290. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVIII » pp. 305-318

Voici d’autres exemples fort remarquables de fausses applications, dans Les Femmes savantes : Charpentier, directeur perpétuel de l’Académie française, et l’un des fondateurs de l’Académie des inscriptions, le même que Louis XIV avait chargé des inscriptions à mettre sous les peintures de Versailles, et de la composition des médailles de son règne, le même que Boileau appelle le gros Charpentier, s’avisa de dire un jour, ou du moins le Carpenteriana lui fait dire que la marquise de Rambouillet s’était indignée de l’impertinence de Molière, qui avait joué les femmes de sa société et elle-même dans Les Femmes savantes, et que Ménage, à qui elle demandait vengeance, avait eu le courage de déclarer la pièce un ouvrage parfaitement beau, au-dessus de tout reproche et de toute critique. […] J’ai peint à la vérité d’après nature ; j’ai pris un trait d’un côté et un trait d’un autre, et de ces divers traits, qui pouvaient convenir à une même personne, j’en ai fait des peintures vraisemblables, cherchant moins à réjouir les lecteurs par la satire de quelqu’un, qu’à leur proposer des défauts à éviter et des modèles à suivre ».

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