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543. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Avertissement sur la seconde édition. » pp. 23-54

Nous n’ignorions pas combien les illusions accréditées sont promptes à se révolter contre la voix qui les combat ; nous connoissions trop de quoi l’esprit de parti est capable, lorsqu’il se voit contredit & humilié ; nous savions parfaitement ce qu’il sait dire, ce qu’il sait faire, ce qu’il sait inventer ; nous entendions d’avance ses clameurs, ses murmures, ses mensonges ; nous voyions ses mouvemens, ses intrigues, son acharnement. […] Animés par ce succès, voyant que nos Adversaires nous critiquoient d’une si étrange maniere, nous avons pris le parti de nous critiquer nous-mêmes.

544. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

L’habileté, la prudence, le bon goût, tout conseillait ce dernier parti ; en le suivant, M.  […] Saint-Marc Girardin n’a jamais fait ainsi ; il a été frappé à première vue des défauts, des travers, des ridicules du temps, et il les a raillés, il en a badiné avec un côté de raison sérieuse et piquante ; il a tiré parti de tout ce qu’il voyait, de tout ce qu’il lisait, pour se livrer au jeu auquel son esprit se complaît surtout et excelle, pour moraliser.

545. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

Des esprits, excellents et nobles d’ailleurs, l’ont controversée en France assez vivement à cette époque, et ont pris tout d’abord, comme il arrive presque toujours, deux partis opposés, deux partis extrêmes.

546. (1860) Ceci n’est pas un livre « Décentralisation et décentralisateurs » pp. 77-106

Ou bien, ils se décident à fuir l’ingrate ville — lui lancent les imprécations de Camille — font leur malle — secouent, à la barrière, la boue du macadam… Les voilà partis. […] Regardez : ils ramassent leurs manuscrits dédaignés, — les voilà partis pour aller se faire délivrer un certificat de génie par l’Académie prochaine.

547. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXII. La comtesse Guiccioli »

Je me disais que quand il s’agit de Byron et qu’on eut l’honneur d’en être aimée, il fallait quelque chose de plus… Je m’étais persuadé qu’une femme, au moins d’esprit, qui s’aviserait d’avoir du courage, après avoir si longtemps pensé au danger d’en avoir et qui prenait, au dernier moment de sa vie, le parti de dire le mot de la fin sur Byron, ne voudrait pas, uniquement, nous précipiter dans d’anciennes lectures déjà faites, et nous faire reprendre un bain déjà pris dans la même baignoire et dans la même eau. […] Prenons-en notre parti, si nous pouvons.

548. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IX. L’abbé Mitraud »

Pousser un esprit de bonne foi et de bonne volonté, mais sans connaissance de la profondeur des partis et de leurs desseins, sur la voie dangereuse où il s’est imprudemment avancé, lui retourner un jour ses idées contre ses intentions, compromettre un prêtre, compromettre Dieu, dans cette question du socialisme contre laquelle un gouvernement d’énergie ferait plus que tous les écrivains réunis, voilà ce que M. l’abbé Mitraud, dans les illusions de sa charité, ne voit pas au fond des éloges donnés à son livre par tous ceux-là qui devraient le plus le repousser. […] La Circé des partis lui verse le philtre de l’Éloge pour faire de lui un compagnon d’Ulysse… ce qui n’irait pas mal à ce jurisconsulte des besoins de la Nature !

549. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Je ne dis pas seulement des partis politiques les plus contraires. Je dis aussi des partis intellectuels les plus contraires, des partis spirituels les plus contraires. […] Parce qu’ils n’ont pas le courage d’être d’un des partis de l’homme ils croient qu’ils sont du parti de Dieu. […] Par les partis politiques. Par les partis populaires.

550. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Ce n’est pas, croyez-le bien, que j’aie pris mon parti de la défaite de Vercingétorix : loin de là ! […] Triste plaidoyer en faveur d’un prince et d’un chef de parti ! […] C’est le parti que devrait prendre l’auteur de Valvèdre. […] Il a bien fait de rester de son temps et de prendre son parti de l’anachronisme. […] C’est un autre qui l’a exploitée et qui s’est ruiné : tu en aurais tiré un excellent parti.

551. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LIX » pp. 227-230

 — Il paraît un petit recueil périodique intitulé : Les Actes des Apôtres, dirigé contre le parti prêtre, et rédigé anonymement par M.

552. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « a propos de casanova de seingalt  » pp. 510-511

Or, l’homme habile, à expédients, le génie à métamorphoses, le Mercure politique, financier ou galant, l’aventurier en un mot, ne dit jamais non aux choses ; il s’y accommode, il les prend de biais, il a l’air parfois de les dominer, et elles le portent parce qu’il s’y livre et qu’il les suit ; elles le mènent où elles peuvent ; pourvu qu’il s’en tire et qu’il en tire parti, que lui importe le but ?

553. (1875) Premiers lundis. Tome III « Senac de Meilhan »

Michel Lévy avaient autorisé la réimpression dans la collection de l’Académie des Bibliophiles, font partis des Nouveaux Lundis, t. 

554. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Haraucourt, Edmond (1857-1941) »

Haraucourt, n’ayant pas pris de parti entre les différents Don Juan qui ont précédé le sien, la construction du drame s’en trouve un peu incohérente et le caractère du héros sans assez de netteté.

555. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » pp. 507-511

Les Ecrivains qui ont attaqué la Religion, se sont attachés à des faits particuliers qu’ils ont ajustés à leur maniere, pour en tirer parti en faveur de l’incrédulité.

556. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 5-9

& le bon sens ne pas être révolté par l’enthousiasme que l’esprit de parti y affiche dans toutes les occasions ?

557. (1767) Salon de 1767 « Dessin. Gravure — Cochin » p. 332

Je ne m’y ferai jamais, jamais je ne cesserai de regarder l’allégorie comme la ressource d’une tête stérile, faible, incapable de tirer parti de la réalité, et appellant l’hiéroglyphe à son secours ; d’où il résulte un galimatias de personnes vraies et d’êtres imaginaires qui me choque, compositions dignes des temps gothiques et non des nôtres.

558. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — II. Le fils des bâri »

Quand je partis de ce dernier poste, Nâna, la femme de mon caporal, était enceinte.

559. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

Son père était un de ces citoyens considérables dans la république, que le flux et le reflux des partis en lutte firent exiler avec le Dante, son contemporain et son ami. […] L’empereur Louis de Bavière avait pris parti pour l’une de ces opinions ; il avait marché à Rome, à la tête d’une armée d’Allemands, pour soutenir les cordeliers rebelles au pape. […] Il visita rapidement Paris, la Flandre, Cologne et Lyon ; en revenant à Avignon, il trouva son ami Jacques Colonna parti et Laure aussi cruelle. […] » XIII Redoutant de retomber dans les charmes de son idole, mécontent des papes et de leur cour, qui semblait le négliger dans sa captivité politique et le reléguer dans sa vaine poésie, il prit le parti de fuir un monde qui ne lui offrait que le désespoir dans l’amour, l’ingratitude dans l’ambition ; il se souvenait d’un site à la fois sauvage et délicieux, où l’ombre des forêts, le murmure des eaux courantes, la fraîcheur des étés, la tiédeur des hivers, lui avaient autrefois servi d’abri contre les tumultes de son âme ; il résolut d’y fixer pour jamais sa vie. […] « Cette touchante pâleur qui recouvrit tout à coup son sourire interrompu sur ses lèvres d’une amoureuse nuée… Cette pensée compatissante que l’œil d’un autre ne put discerner, mais qui ne put à moi m’échapper, etc. » À peine parti, il se repentait déjà du départ, et il écrivait la plus langoureuse et la plus sublime de ses élégies, où son cœur se retourne sur lui-même sans pouvoir trouver le repos.

560. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 19, de la galanterie qui est dans nos poëmes » pp. 143-146

Monsieur Woton qui a pris le parti des modernes en Angleterre, et qui a défendu contre Mylord Orery la même cause que Monsieur Perrault avoit soutenuë en France, abandonna son compagnon d’armes dans cette lice.

561. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Ainsi destituée de moyens pour jouer la comédie à Rouen, la Raisin prit le parti de revenir à Paris avec ses petits comédiens et son Olivier. […] Il dit à Baron, qu’il savait être un assuré protecteur auprès de Molière, que l’urgente nécessité où il était lui avait fait prendre le parti de recourir à lui, pour le mettre en état de rejoindre quelque troupe avec sa famille ; qu’il avait été le camarade de M. de Molière en Languedoc, et qu’il ne doutait pas qu’il ne lui fît quelque charité, si Baron voulait bien s’intéresser pour lui. […] Au mois de novembre de la même année 1670, que l’on représenta le Bourgeois gentilhomme à Paris, le nombre prit le parti de cette pièce. […] Vous pouvez bien penser quel parti je sus prendre ; Je fis ce que je pus pour vous pouvoir défendre ; Je vous excusai fort sur votre intention, Et voulus de votre âme être la caution. […] On peut, par politique, en prendre le parti, Quand de nos jeunes ans l’éclat est amorti ; Cela sert à couvrir de fâcheuses disgrâces.

562. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Il tire grand parti de cette contradiction, qui n’est qu’apparente. […] Aussitôt après son retour en France, elle ne tarda pas à voir se dessiner les exigences des partis, et toutes les difficultés qui compliquent les restaurations. […] Chaque parti, alors dans le feu de la nouveauté, s’empressa de demander au livre des Considérations des armes pour son système. […] L’influence de pensée que par cet ouvrage Mme de Staël exerça sur le jeune parti libéral philosophique, sur celui que la nuance du Globe représenta plus tard, fut directe. L’influence conciliante, expansive, irrésistible, qui serait résultée de sa présence, a bien manqué, en plus d’une rencontre, au parti politique qui, pour ainsi dire, émane d’elle, et qui eût continué d’être le sien.

563. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Il ne m’en faut pas davantage pour me ranger du parti du grand nombre. […] J’aurai besoin sans doute de l’indulgence des deux partis. […] Cela ne dit-il pas assez clairement que la division entre ceux d’un même parti, ruine leurs desseins, et qu’au contraire la bonne intelligence en assure le succès ? […] Il y a des dieux grecs et des dieux troyens ; et ce sont de nouveaux chefs que le poëte distribue dans chaque parti. […] Deux rois d’un parti se querellent et se séparent ; l’un perd ses sujets, l’autre son plus cher ami ; leur malheur les réconcilie ; aussitôt le parti contraire perd le héros qui le défendoit, et cette perte fait le désespoir d’une famille auguste et d’un peuple considérable : voilà sans doute de grands intérêts.

564. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Muhle est vexé, car, en refusant de danser avec un jeune homme si blond et si rose, j’ai vexé ce jeune homme, qui est aussitôt parti de Soden. […] Qu’il faisait bon à Biarritz, et pourquoi sommes-nous partis ? […] Quant à vos raisonnements ils sont bons, mais partis à faux. […] Quel que soit devenu le parti bonapartiste, un peu avant la mort du petit prince il avait des élections, maintenant il n’a plus rien. […] Car nous jetons carrément à l’eau et ses droits et le parti bonapartiste ; lui n’a pas de parti, ce parti qui dit : qu’il soit ce qu’il veut, pourvu qu’il arrive.

565. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Riposte à Taxile Delord » pp. 401-403

Jeune homme, qui vous destinez aux lettres et qui en attendez douceur et honneur, écoutez de la bouche de quelqu’un qui les connaît bien et qui les a pratiquées et aimées depuis près de cinquante ans, — écoutez et retenez en votre cœur ces conseils et cette moralité : Soyez appliqué dès votre tendre enfance aux livres et aux études ; passez votre tendre jeunesse dans l’etude encore et dans la mélancolie de rêves à demi-étouffés ; adonnez-vous dans la solitude à exprimer naïvement et hardiment ce que vous ressentez, et ambitionnez, au prix de votre douleur, de doter, s’il se peut, la poésie de votre pays de quelque veine intime, encore inexplorée ; — recherchez les plus nobles amitiés, et portez-y la bienveillance et la sincérité d’une âme ouverte et désireuse avant tout d’admirer ; versez dans la critique, émule et sœur de votre poésie, vos effusions, votre sympathie et le plus pur de votre substance ; louez, servez de votre parole, déjà écoutée, les talents nouveaux, d’abord si combattus, et ne commencez à vous retirer d’eux que du jour où eux-mêmes se retirent de la droite voie et manquent à leurs promesses ; restez alors modéré et réservé envers eux ; mettez une distance convenable, respectueuse, des années entières de réflexion et d’intervalle entre vos jeunes espérances et vos derniers regrets ; — variez sans cesse vos études, cultivez en tous sens votre intelligence, ne la cantonnez ni dans un parti, ni dans une école, ni dans une seule idée ; ouvrez-lui des jours sur tous les horizons ; portez-vous avec une sorte d’inquiétude amicale et généreuse vers tout ce qui est moins connu, vers tout ce qui mérite de l’être, et consacrez-y une curiosité exacte et en même temps émue ; — ayez de la conscience et du sérieux en tout ; évitez la vanterie et jusqu’à l’ombre du charlatanisme ; — devant les grands amours-propres tyranniques et dévorants qui croient que tout leur est dû, gardez constamment la seconde ligne : maintenez votre indépendance et votre humble dignité ; prêtez-vous pour un temps, s’il le faut, mais ne vous aliénez pas ; — n’approchez des personnages le plus en renom et le plus en crédit de votre temps, de ceux qui ont en main le pouvoir, qu’avec une modestie décente et digne ; acceptez peu, ne demandez rien ; tenez-vous à votre place, content d’observer ; mais payez quelquefois par les bonnes grâces de l’esprit ce que la fortune injuste vous a refusé de rendre sous une autre forme plus commode et moins délicate ; — voyez la société et ce qu’on appelle le monde pour en faire profiter les lettres ; cultivez les lettres en vue du monde, et en tâchant de leur donner le tour et l’agrément sans lequel elles ne vivent pas ; cédez parfois, si le cœur vous en dit, si une douce violence vous y oblige, à une complaisance aimable et de bon goût, jamais à l’intérêt ni au grossier trafic des amours-propres ; restez judicieux et clairvoyant jusque dans vos faiblesses, et si vous ne dites pas tout le vrai, n’écrivez jamais le faux ; — que la fatigue n’aille à aucun moment vous saisir ; ne vous croyez jamais arrivé ; à l’âge où d’autres se reposent, redoublez de courage et d’ardeur ; recommencez comme un débutant, courez une seconde et une troisième carrière, renouvelez-vous ; donnez au public, jour par jour, le résultat clair et manifeste de vos lectures, de vos comparaisons amassées, de vos jugements plus mûris et plus vrais ; faites que la vérité elle-même profite de la perte de vos illusions ; ne craignez pas de vous prodiguer ainsi et de livrer la mesure de votre force aux confrères du même métier qui savent le poids continu d’une œuvre fréquente, en apparence si légère… Et tout cela pour qu’approchant du terme, du but final où l’estime publique est la seule couronne, les jours où l’on parlera de vous avec le moins de passion et de haine, et où l’on se croira très clément et indulgent, dans une feuille tirée à des milliers d’exemplaires et qui s’adresse à tout un peuple de lecteurs qui ne vous ont pas lu, qui ne vous liront jamais, qui ne vous connaissent que de nom, vous serviez à défrayer les gaietés et, pour dire le mot, les gamineries d’un loustic libéral appelé Taxile Delord.

566. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

L’iliade n’est, selon eux, qu’une fable, semblable au fonds à celles d’ésope, pour faire entendre que le grand interest d’un parti est la bonne intelligence. […] Ils ont distribué les anges et les démons dans les différens partis, comme Homere distribuë ses dieux entre les grecs et les troyens. […] Il ne justifie point ce goût par de mauvaises raisons ; il sent l’excès coupable où il étoit déja parvenu, et enfin il prend le parti de le vaincre par un interêt plus grand et seul digne d’un roi. […] Suivez leur exemple, car c’est le meilleur parti. […] Suivez donc mes leçons, car c’est le meilleur parti.

567. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Nous recevons seulement maintenant, ici, les rayons lumineux partis de la Terre à cette époque. […] Alphonse Karr avait la dent dure, comme on dit, et les blessures qu’il a faites à l’amour-propre de tous les partis ne sont pas encore fermées. […] La joie de fuir la maison paternelle ne lui avait-elle pas fait trop vite agréer ce parti ? […] Le spectacle fini, je partis et retournai à Saint-Denis, comme d’habitude. […] Charles en avait pris son parti.

568. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

est-il parti ? […] Mais, au milieu de disputes, on aperçoit que, sous la ferveur de parti dont Milton est obsédé, il nourrit une autre pensée, un autre enthousiasme. […] Il reçut même dans sa maison la famille entière de sa femme, menacée par les proscriptions du parti vainqueur, et lui prodigua les soins les plus généreux. […] Shakspeare, dans les élans de son cœur, tire parti de son ignorance. […] Dryden n’était plus, mais Swift faisait la gloire et la force du parti des Torys, qu’il défendait avec une véhémence toute républicaine.

569. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Si elle avait vu sa perte dans le premier parti, elle voyait sa damnation dans le second. […] Il prit à la fin le parti de le confier à mademoiselle De Brie, dont la tendre amitié essaya de l’en consoler. […] Elle fut accueillie par plusieurs salves d’applaudissements, et prit le parti de conserver ce rôle jusqu’à la fin de sa carrière théâtrale. […] C’est cependant le parti que nous prendrions, si cette popularité ne nous faisait un devoir d’en démontrer la fausseté. […] Son plus sûr moyen était donc de chercher à déguiser son style : c’est le parti qu’il prit en cette occasion.

570. (1888) Poètes et romanciers

Ce parti est celui qui s’appelle lui-même, on ne sait pas trop pourquoi, le parti libéral, et dont Béranger, pendant de longues années, avait été l’idole. […] Béranger va-t-il être responsable des mécomptes et des illusions d’un parti ? […] Il ne s’appartient plus, il appartient à son parti. […] Il faut en prendre son parti avec nous. […] La critique des partis ne leur a pas été favorable.

571. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Note qu’il faut lire avant le chapitre de l’amour. »

Un très grand nombre d’hommes n’ont connu ni l’amour de la gloire, ni l’ambition, ni l’esprit de parti, etc.

572. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 467-471

Plusieurs Ecrivains, déifiés par le préjugé ou l’esprit de parti, commencent à voir diminuer leur culte, & à retomber sur terre, du haut du piédestal sur lequel on les avoit élevés.

573. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

Quand on sait de quel parti est la France dans une question ou dans un congrès européen, on n’a pas besoin de s’informer de quel parti est l’Angleterre, toujours et invariablement du parti opposé à l’avis de la France ; et il en est de même de la France, quoique avec moins d’animosité systématique. […] Il faut en prendre son parti : c’est Dieu qui l’a voulu, en faisant croître l’herbe ici, et en ne faisant croître ailleurs que l’épine du chameau ; en faisant des déserts de quarante jours de traversée sans une source dans le sable, et en faisant déborder le Nil, cet arrosoir de l’Égypte, des nuées encore inconnues de l’Abyssinie.

574. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

L’athéisme et le libertinage, comme il arrive toujours, remplaçaient l’orthodoxie forcée et la piété de convenance ; la littérature impie ou légère succédait au molinisme ou au jansénisme, qui avaient enrôlé Boileau et Racine dans des partis scolastiques pour lesquels ces poëtes n’étaient pas nés. […] Il les flattait dans leurs systèmes et dans leurs vices d’esprit pour les captiver dans son parti philosophique ; il avait le respect humain de sa haute raison avec les correspondants athées ; il leur livrait l’immortalité de l’âme et la providence divine pour les enrôler par cette tactique détestable dans une coalition commune contre les superstitions humaines. […] … » Comment la calomnie de l’esprit de parti religieux a-t-elle pu taxer d’athéisme l’homme qui a senti, pensé et gravé de pareilles lignes sur la face du firmament ? […] XXIII Voltaire employa les vingt-cinq dernières années de sa vie dans la solitude, tantôt à ce combat de géant contre les superstitions humaines, contre l’autorité des traditions bibliques et contre les dogmes du christianisme ; tantôt à maintenir sa renommée politique par des œuvres dramatiques ; tantôt à des délassements de poésie légère ; tantôt enfin à rallier contre le christianisme un parti philosophique capable de contrebalancer la force alors régnante et souvent persécutrice des religions d’État.

575. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

Les natures absolues ont besoin de ces partis tranchés. […] Un auxiliaire très puissant de ce parti était le concierge laïque de la maison, celui qu’on appelait le père Hanique. […] Il y avait cependant bel et bien deux partis dans le jeune bataillon de ce Saint-Cyr ecclésiastique, les mystiques recevant la direction intime de M.  […] Gosselin par la force de sa nature et la hardiesse de ses partis pris.

576. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Progrès accomplis Deux grands esprits, deux talents plutôt égaux que semblables présidèrent à cette restauration de l’intelligence, Chateaubriande et Germaine de Staël ; l’un catholique et royaliste de cœur et d’imagination, défenseur du passé, doué de toutes les aspirations de l’avenir ; noble courtisan de toutes les disgrâces, avocat chevaleresque de toutes les grandeurs malheureuses ; l’autre, fille de la Réforme, élève de la philosophie et de la liberté, mais de la philosophie sans irréligion, et de la liberté sans souillure ; passionnée pour toutes les grandes choses, et apportant au culte des lettres la délicatesse d’une femme et la haute raison d’un homme de génie ; tous deux partis des points les plus divers de l’horizon, et réunis ou du moins rapprochés à la fin de leur carrière par la pression des temps et la pente naturelle de la pensée. […] Par exemple, la bruyante querelle de l’art pour l’art, où les deux partis, défenseurs et assaillants, firent preuve de tant de maladresse, et où les novateurs, effrayés par de vaines clameurs, abandonnèrent leur drapeau triomphant19, est décidée par M.  […] Peu de lignes nous suffiront pour faire un résumé complet : les partis perdent tant de paroles et de temps autour d’une idée ! […] Il est bien difficile d’être tout à fait indépendant de l’esprit de parti, de regarder du même œil et Troyens et Rutules.

577. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Revenu d’Italie en France en 1686, Lassay trouva des ennuis domestiques : il avait une fille du premier lit qu’il avait confiée en partant à Mme de La Fayette ; celle-ci qui écrivait de si agréables romans, mais qui n’entendait pas moins bien les affaires positives, jugea que cette pupille était un bon parti pour son fils, et elle était près d’arranger ce mariage contre le gré du père qu’elle cherchait à tenir éloigné. […] Redemandant cette même faveur d’être aide de camp du roi pour la campagne qui suivit celle de Namur, et qui fut la dernière que fit Louis XIV, Lassay savait bien qu’il allait au cœur de Mme de Maintenon lorsqu’il insistait sur la prudence et qu’il disait bien plus en courtisan qu’en soldat : Si je ne regardais que mon intérêt particulier, par toutes sortes de raisons je souhaiterais ardemment qu’il (le roi) allât commander ses armées, mais je crois qu’il n’y a pas de bon Français qui doive souhaiter qu’il y aille : quand je songe à Namur, je tremble encore ; sans compter les autres périls, le roi passait tous les jours au milieu des bois qui pouvaient être pleins de petits partis ennemis ; on n’oserait seulement porter sa pensée à ce qui pouvait arriver : que serait devenu l’État, et que serions-nous devenus ? […] Dans les affaires, chacun pense et imagine pour eux, ils n’ont qu’à prendre le bon parti ; et, dans toutes les choses qu’on leur présente et qu’on leur dit, ils n’ont qu’à tâcher à démêler la vérité et à ne plus changer quand ils l’ont une fois saisie.

578. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Introduction »

C’est donc en écartant cette époque monstrueuse, c’est à l’aide des autres événements principaux de la révolution de France et de l’histoire de tous les peuples, que j’essayerai de réunir des observations impartiales sur les gouvernements, et si ces réflexions me conduisent à l’admission des premiers principes sur lesquels se fondent la constitution républicaine de France, je demande que, même au milieu des fureurs de l’esprit de parti qui déchirent la France, et par elle le reste du monde, il soit possible de concevoir que l’enthousiasme de quelques idées n’exclut pas le mépris profond pour certains hommes1, et que l’espoir de l’avenir se concilie avec l’exécration du passé. […] Dans cet ouvrage donc que je ferai, ou que je voudrais qu’on fit, il faudrait mettre absolument de côté tout ce qui tient à l’esprit de parti ou aux circonstances actuelles, la superstition de la royauté, la juste horreur qu’inspirent les crimes dont nous avons été les témoins, l’enthousiasme même de la république, ce sentiment qui dans sa pureté est le plus élevé que l’homme puisse concevoir. […] L’avantage de l’aristocratie de naissance, c’est la réunion des circonstances qui rendent plus probables dans une telle classe les sentiments généreux : l’aristocratie de l’élection doit, alors que sa marche est sagement graduée, appeler avec certitude les hommes distingués par la nature aux places éminentes de la société. — Ne serait-il pas possible que la division des pouvoirs donnât tous les avantages et aucun des inconvénients de l’opposition des intérêts, que deux chambres, un directoire exécutif, quoique temporaire, fussent parfaitement distinctes dans leurs fonctions ; que chacun prit un parti différent par sa place, mais non par esprit de corps, ce qui est d’une toute autre nature ?

579. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

On n’a point entretenu Sa Sainteté sur l’objet dont tu avais recommandé qu’on lui parlât, parce que ce parti a paru plus sage ; on prendra une autre voie, comme tu le verras par les lettres des ambassadeurs : je crois que l’on trouvera un moyen plus commode et plus facile, dont tu seras content ; du moins je l’espère. […] Lorenzino lui dit que ce n’était pas l’heure de délibérer et qu’ils n’avaient que l’un de ces deux partis à prendre pour leur salut : ou sortir le poignard sanglant à la main et appeler le peuple à la liberté ; ou s’évader pendant que le forfait était ignoré encore et aller rejoindre les émigrés. Ils s’arrêtèrent à ce dernier parti comme au plus sûr, franchirent la maison, qui ne renfermait plus qu’un cadavre, sautèrent à cheval et coururent vers Bologne.

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