D’autres, viveurs joyeux et splendides, ouvrent à certaines heures leur atelier d’écrivains : alors, s’ils osent être sincères, ils restent vulgaires et grossiers ; s’ils cherchent à élever leurs livres au-dessus d’eux-mêmes, ils demandent à leur imagination seule des pensées nobles qu’une vie sensuelle leur refuse. […] Hegel a mis cette loi du monde moral dans tout son… développement ; je n’ose dire dans tout son jour.
J’ai osé tout à l’heure, à propos de ces malheureux peintres illustres, prononcer irrespectueusement le mot : hétéroclites. […] Quant à la Jeanne d’Arc qui se dénonce par une pédanterie outrée de moyens, je n’ose en parler.
Oserai-je parler de l’Américain Walt Whitman, le dernier de nos trois « hommes nouveaux » ? […] Le chauvinisme, cette plaie, que j’oserais appeler française, si elle n’existait aussi néfaste chez presque tous les peuples, ne s’obstine à vivre que dans les cerveaux laissés en chemin par l’évolution.
Seulement la pauvre alouette ne chantait jamais. » Il montre Cosette qui travaille, et qui regarde jouer les enfants de Thénardier, Cosette qui tremble quand on lui parle, Cosette à qui la marâtre commande d’aller, la nuit, puiser de l’eau dans la forêt, et qui a peur des branches, de l’ombre, du silence, Cosette qui rencontre dans les bois Jean Valjean, un étranger cependant, et qui a tout de suite confiance, Cosette, à qui l’inconnu, entré avec elle dans l’auberge, donne une poupée, et qui n’ose pas croire d’abord à la joie, et puis s’abandonne au rêve de ses six ans, saisit la poupée, et l’endort avec des gestes et un recueillement maternels. […] Dans ce même domaine de la musique, oserait-on soutenir que le goût des chefs-d’œuvre ne s’est pas répandu, de nos jours, parmi le peuple de Paris et de quelques grandes villes, comme il est depuis longtemps populaire en Belgique, en Allemagne et ailleurs ?
Aujourd’hui nulle érudition n’oserait déterminer la vraie forme du vers hébreu et le rhythme, non plus que le chant de cette poésie sublime. […] Qui osera gravir la montagne de Jéhovah, et s’arrêter dans sa sainte demeure ?
La Commission n’a pas eu à examiner si les auteurs qui ont eu des ouvrages représentés en 1853 sur la scène française ne se sont pas jugés plus sévèrement qu’elle ne l’eût fait elle-même ; mais il nous semble entrevoir, si on osait porter son regard au-delà de 1853 et sans anticiper sur les jugements futurs, que le Théâtre-Français, si riche de tout temps en charmantes et vives productions, ne se dérobera pas toujours si obstinément aux autres conditions indiquées.
Le public, disposé à tout blâmer, trouva, pour cette fois avec raison, que tout le monde avait tort : Voltaire, d’avoir offensé le chevalier de Rohan ; celui-ci, d’avoir osé commettre un crime digne de mort, en faisant battre un citoyen ; le gouvernement, de n’avoir pas puni la notoriété d’une mauvaise action, et d’avoir fait mettre le battu à la Bastille pour tranquilliser le batteur.
Si vous vous rappelez les circonstances, trop rares pour moi, d’une liaison que j’ai tant désirée et que j’ai bien moins cultivée que je n’aurais voulu, il doit vous paraître qu’elle a été de ma part toute de respect, et, j’ose dire, de déférence empressée, et fort peu exigeante en retour pour toutes choses, hormis un sentiment sûrement bienveillant de votre côté.
Mais là aussi peu savent peindre, comme plus tard peu osent dire.
Ses troupes feront mieux leur devoir, et les généraux n’oseront pas manquer si ouvertement au leur… » On touche là les ficelles de la campagne tant célébrée de 1744.
Vous avez beau remonter à l’origine des choses et des idées ou à l’A B C de la grammaire et de la rhétorique, suivre un à un les pas de la logique ou faire appel au sens commun simplement, mettre en avant la raison ou, ce qui vaut mieux, la nature ; au fond de toutes vos théories littéraires il y a un sentiment, pas autre chose, analogue, non point au sentiment large d’un homme libre de préjugés qui trouve belles toutes les belles fleurs et belles toutes les belles femmes, chacune dans son genre de beauté, mais au sentiment étroit d’un petit propriétaire qui n’a d’yeux que pour les fleurs de ses plates-bandes et de ses pois, ou d’un jeune amoureux prêt à rompre les os au premier qui osera dire que sa maîtresse n’est pas la plus belle femme du monde.
Comment se peut-il que d’aucuns aient même osé nier — ou renier — le maître écrivain dont nous parlons et se soient si peu respectés qu’ils oublièrent qu’une telle œuvre et un tel homme imposent tout au moins le respect ?
Elle ne veut plus, autour d’elle, que des visages paternels et débonnaires, des figures, si j’ose dire, de francs-lurons.
Qui osera dire que le xviie siècle se termine en 1700 ?
Le petit fou que nous présente Mendès n’ose pas non plus, le soir venu, allumer sa lampe ; il craint trop de diminuer les rayons du jour.
Il a écrit encore contre les Spectacles, & ses argumens n’ont point été réfutés par ceux qui ont osé lui répondre.
Il cite Corneille au tribunal de l’académie, le défie d’oser y comparoître & d’en être renvoyé sans qu’on le condamne sur tous les points relevés.
Je n’aurais pas osé vous le proposer, me dit-elle, mais vous avez bien fait, et je vous en remercie.
Il s’éleva dans ces entrefaites une voix qui criait : mettons-le à quatre pattes et promenons-le autour de la place avec Milot sur son dos… et peu s’en fallut que cela ne s’exécutât… cependant les académiciens qui s’attendaient à être sifflés, honnis, bafoués, n’osaient se montrer ; ils ne se trompaient pas, ils le furent en effet avec le plus grand éclat possible.
Une perle baroque et de vilaine eau, de quelque poids qu’elle soit, ne sçauroit valoir la fameuse peregrine ; cette perle, dont un marchand avoit osé donner cent mille écus, en songeant, dit-il à Philippe IV, qu’il y avoit un roi d’Espagne au monde.
Le ban est composé de ceux qui prétendent les entendre, l’arrière-ban de ceux qui n’osent pas dire qu’ils ne les comprennent pas et qui, sans les lire, déclarent qu’ils sont exquis.
J’oserais affirmer que les liens de la société sont une image vivante des liens de la solidarité, car, ainsi que nous l’avons dit, tout est symbole dans cette vie.
Charrière — est devenu dans notre traduction les Mémoires d’un seigneur russe, c’est pour prendre avec ce titre le caractère du témoignage de l’aristocratie russe sur la situation du pays qu’elle domine. » Aveu plus forcé que naïf, et qu’il fallait bien faire tout d’abord pour expliquer ce changement de titre qu’on ose se permettre, mais qu’on expie presque immédiatement par un embarras qui commence : « Quelques fragments de cet ouvrage — ajoute le traducteur — avaient paru dans un journal de Moscou et frappé l’attention, quoique venant d’une plume inconnue et qui n’avait pas fait ses preuves devant le public… On était loin de prévoir l’impression que devait produire la réunion de ces morceaux, lorsque ayant été mis en volume et complétés dans leur ensemble, on put saisir la donnée supérieure qui s’en dégageait et qu’on vit s’y manifester la pensée intime de l’auteur ou plutôt l’inspiration sociale à laquelle il avait involontairement cédé… » Certes !
Tout en admirant les beautés incomparables que la Divine Comédie renferme, il a osé en dire les imperfections quand il les a vues.
IV Tel est pour nous, cependant, ce fameux Jonathan Swift qu’on a osé comparer à Rabelais qui, du moins, fait entendre un rire inspiré du fond de sa fange.
Saint Thomas d’Aquin1 [Le Pays, 19 avril 1859] I Si l’Académie des sciences morales et politiques n’avait pas pris sur elle de mettre au concours saint Thomas d’Aquin et sa doctrine, quel livre ou quel journal, avec la superficialité de nos mœurs littéraires, eût osé jamais parler d’un tel sujet ?
Il n’avait pas seulement, comme tous les romantiques du temps, fait ses humanités dans Shakespeare et bu dans la coupe Tête de mort où lord Byron avait laissé le sang de ses lèvres pour sa peine d’avoir osé jouer avec la douleur !
Ce n’était, après tout, qu’un tableau, et il n’y a que cela dans ce volume qui ose bien s’appeler Poèmes ; il n’y a que des tableaux, et des vignettes quand il n’y a plus de tableaux.
Il trouve choquantes les plaisanteries que cette Jane Bull, avec son gros rire saxon, ose se permettre sur les porcs dont les américains font un si énorme commerce.
On ose dire que nul éloge, ni ancien ni moderne, n’offre un tableau si grand.
Cet ouvrage est parvenu jusqu’à nous, et il a, en grande partie, les défauts de ce temps-là ; mais l’évêque qui osa reprocher au maître du monde le meurtre de Thessalonique, et commanda à son empereur d’expier devant les hommes et devant Dieu un crime que des courtisans féroces avaient conseillé et que des courtisans lâches n’avaient pas manqué d’applaudir, mérite bien grâce pour les défauts de goût, et pour quelques phrases peut-être ou faibles ou barbares.
Qui a osé se mesurer contre un tel champion ? […] « Osez donc ! […] Ces trois ouvrages sont, j’ose le dire, fort peu connus en France. […] Voilà donc le magicien qui osait s’élancer dans le monde invisible et se faisait presque notre égal ? […] Je versais alors des larmes amères, je serrais mon visage dans mes mains… je voulais… et je n’osais pas retourner vers le ciel.
On n’ose pas encore élever la voix pour se réclamer de lui ; mais il se produit partout comme une rumeur sourde de résurrection. […] La critique n’ose, éclaircir l’énigme ; la vérité lui fait peur. […] Il eut en elle un infatigable défenseur, qui brava les épigrammes et osa plaider sa cause jusque dans l’antichambre du roi. […] On s’en plaint tout haut, et personne n’ose plus reprocher à la morale d’être monotone, depuis que le vice lui-même rabâche. […] Qui oserait dire que le talent de M.
Qui osera dire qu’il n’y a point d’erreurs accréditées ? […] Qui osera faire un cours de morale unie au sentiment, à l’usage de ce bord peuple, de ce peuple sensible, qui ne mérite pas le dédain du philosophe ? […] ces artistes n’ont peint qu’une attitude, qu’un moment ; n’ont touché qu’une fibre du cœur humain ; sont morts en appercevant bien au-delà de ce qu’ils ont fait ; & l’on osera dire en leur nom : voici les formes constantes & éternelles qui constituent la beauté par excellence ! […] Molière lui-même, tout soutenu qu’il étoit par son nom & par Louis XIV, n’a osé faire qu’une Comédie en ce genre ; c’est aussi son chef d’œuvre. […] Il faut une très-grande présomption pour oser fixer ainsi le mérite ou le démérite d’un ouvrage ; on s’expose à recevoir plus d’un démenti : mais tous ces petits Juges, alertes & précipités, ne se doutent seulement pas combien ils auroient à rougir dans centans, si toutefois leurs noms pouvoient voguer jusqu’à cette époque.
Et croyez bien que personne n’osera vous répondre pour lui. […] » Il dit quelque part à Vasantasena : « Oses-tu bien me repousser du pied comme une charogne ? […] Mais comme vous êtes la femme que j’estime le plus au monde, j’ose, avant de partir, vous demander un service. […] Et la baronne Pfeiffer « n’est pas non plus dans un sac », si j’ose m’exprimer ainsi. […] Marcel Prévost n’a pas oublié, lui, que Maud est une « demi-vierge » et ce que cela signifie au juste, bien qu’il n’ait pas osé nous l’expliquer.
Osez le mériter. […] Il mourut en la remaniant, ou plutôt, avec la timidité qui saisit quelquefois les vieillards, il l’avait bien finie ; mais, sans doute, il n’osa pas la présenter. […] … Si timide qu’elle n’oserait jamais vous dire : “Citoyen ministre, avancez-moi donc un fauteuil.” » Fouché était spirituel. […] — Ma foi, Je n’ose m’en aller. — Ni moi non plus. — Ni moi ! […] J’osai solliciter de sa bonté puissante La place de greffier en ce moment vacante.
J’ose dire qu’ici Balzac est monté au niveau de Shakespeare. […] Il y a telle phrase que nous avons mûrie depuis quinze ans avant d’en être sûrs et d’oser la dire. […] Dryden, le célèbre poète anglais contemporain, se moque de la délicatesse d’Hippolyte, qui n’ose révéler à Thésée le crime de Phèdre. […] Il est sincère, énergique, actif, habile, dévoué à son œuvre, fécond en ressources, capable de patienter et d’oser. […] On ne pouvait plus dire comme autrefois à l’homme d’agir et d’être fort, de se défendre et d’oser, de repousser violemment la violence.