Un incendie éclata de nuit dans Agen. […] Elle travaille nuit et jour pour réparer autant qu’elle peut ce qu’elle a donné, et pour avoir à donner encore. Et la nouvelle de sa touchante action faisant bruit déjà dans les prairies, tout le pays s’était pris d’amour pour elle : « C’étaient, la nuit, de longues sérénades, des guirlandes de fleurs à sa porte attachées, et le jour, des présents choisis que les filles enfin à sa cause entraînées venaient lui présenter avec des yeux tout amis. » Annette surtout était en tête de cette bonne jeunesse. […] Est-ce que vous pourriez croire qu’une muse a travaillé quinze jours et quinze nuits pour ne faire qu’une confidence le jour de la fête ?
J’étais à la campagne, presque seul, libre de soins et d’inquiétudes, laissant couler les heures sans autre dessein que de me trouver le soir, à la fin de la journée, comme on se trouve quelquefois le matin après une nuit occupée d’un rêve agréable. […] Toutes les opinions sur les âmes des morts, qui me touchent ou qui me flattent, je les embrasse ; et il me semble, dans ce moment, que je vois l’ombre de notre cher La Grange errer autour de votre lampe, tandis que vos nuits se passent soit à compléter ou éclaircir son ouvrage, soit à rapprocher en cent endroits sa traduction du vrai sens de l’original.
— L’hyène est un des animaux qui ont le plus de sobriquets : chose ou être de nuit (Souroufin), le puant (Soumango), le bourricot de nuit, le déterreur de cadavres (Soubobâra), Dioudiou, (onomatopée), Diâtrou, Souroukou, Niénemba (le pitre femelle).
Le mot de passe de ses initiés sera, plus tard, cette formule : « J’ai mangé du tambour et bu de la cymbale. » C’est la nuit, sous la lune à laquelle l’unissent des hymens cosmiques, aux éclairs des torches de mélèze furieusement agitées, qu’il aime surtout à célébrer ses Mystères. […] Les enchanteurs de l’Arioste et des contes de fées ne font que contrefaire ses miracles ; les Génies des Mille et une Nuits relèvent de son thyrse bien plus que de l’anneau du roi Salomon. […] On entendait bien, la nuit, près du Tibre, d’étranges hurlements sortir du bois sacré, Stimula. — Prodige sans doute, danse de dieux nocturnes : les passants hâtaient le pas en balbutiant une formule de conjuration. […] Symbole du dieu pris pour le soleil, qui descend dans les ténèbres, pour reparaître flamboyant au jour. — Les affiliés se mêlaient ensuite, pêle-mêle et aveuglément dans la nuit. […] La nuit, tu affublais les candidats d’une peau de faon, tu leur versais du vin, tu les aspergeais d’eau lustrale, tu les frottais de son et d’argile ; après la cérémonie, tu leur faisais dire : « J’ai fait le mal et j’ai trouvé le bien. » Tu te vantais de hurler mieux que personne, et je le crois ; avec une aussi belle voix, on doit primer par l’éclat des hurlements.
L’éclat du jour s’éteint aux pleurs où je me noie, Les charmes de la nuit passent inaperçus ; Nuit, jour, printemps, hiver, est-il rien que je voie ? […] La précision même des détails nuit peut-être à une plus libre intelligence ; l’auteur suit trop pas à pas son chemin ; on s’aperçoit bien qu’on n’a point avec lui affaire à une pure fantaisie, mais on ne sait trop où il en veut venir.
Un mois après, sans avoir rien dit, elle entre une nuit dans la chambre de l’officier et se livre, toujours sans dire un mot (le Rideau cramoisi) Le comte Serlon de Savigny empoisonne sa femme, de complicité avec sa maîtresse Hauteclaire, fille d’un prévôt, avec laquelle il fait des armes toutes les nuits. […] La duchesse, qui est innocente, se fait fille publique pour se venger. « Je veux mourir, dit-elle à l’un de ses clients d’une nuit, où meurent les filles comme moi… Avec ma vie ignominieuse de tous les soirs, il arrivera bien qu’un jour la putréfaction de la débauche saisira et rongera enfin la prostituée et qu’elle ira tomber par morceaux et s’éteindre dans quelque honteux hôpital.
. — Une nuit de Cléopâtre (1845) […] Sur ce front éclairé, vivant, d’apothéoses, Allume, ardente nuit, ton multiple flambeau ! […] Et de la chair vivante à la splendeur du ciel, Dors en paix dans la nuit qui scelle la paupière !
Au-delà tout m’échappe : c’est le bégayement de la folie ; c’est la nuit noire ; c’est, comme dit Baudelaire, le vent de l’imbécillité qui passe sur nos fronts. Parfois, ce vent souffle, et parfois cette nuit s’épanche à travers l’œuvre de M. […] Après avoir erré toute une nuit d’hiver, le divin misérable tombe mourant dans la neige.
Mais l’ombre de la nuit survient, il se dérobe au sommeil ; à la lueur d’un flambeau qui le plonge dans une volupté douce, il converse avec ces morts illustres, ces sages de l’antiquité, réverés & bienfaisans comme les Dieux, héros donnés à l’humanité pour sa gloire & son bonheur. […] Je ne t’oublirai pas énergique la Bruyere, toi qui portas une vûe si pénétrante dans les replis du cœur humain ; en apprenant à me connoître, j’apprendrai à pardonner aux hommes ; mais quand la nuit étendra ses voiles sombres, que les mortels fatigués se livreront au repos, au milieu du silence des nuits, tu m’entraineras hors des limites du monde, audacieux Milton, un voile impénétrable couvroit ta paupiere, mais ton œil intellectuel apperçut cet esprit qui porté sur les eaux appella l’Univers de l’abîme du néant.
Le père et le dieu l’entendent : dans la nuit même qui a précédé son retour, leur intervention s’est manifestée. […] En tête marche la grande Électre, sombre comme la nuit, pâle comme la mort, le front chargé de pensées sinistres. […] Un Songe formidable a bouleversé son sommeil. — « Voici que la terreur qui hérisse les cheveux et qui sort des songes, a rempli le palais de cris perçants dans cette nuit néfaste.
Mis à la tête de l’empire, il y soutint son caractère ; on le vit à la cour dédaigner le faste, fuir la mollesse, combattre ses sens, dompter en tout la nature, se contenter de la nourriture la plus grossière ; souvent il la prenait debout, souvent se la refusait, dormait peu, n’avait d’autre lit qu’une peau étendue sur la terre, et passait une partie des nuits ou dans son cabinet, ou sous sa tente, occupé au travail et à l’étude. […] Passionné pour les Grecs, nourri jour et nuit de la lecture de leurs écrivains, enthousiaste d’Homère, fanatique de Platon, avide et insatiable de connaissances ; né avec ce genre d’imagination qui s’enflamme pour tout ce qui est extraordinaire ; ayant de plus une âme ardente, et cette force qui sait plus se précipiter en avant que s’arrêter ; d’ailleurs, accoutumé dès son enfance à voir dans un empereur chrétien le meurtrier de sa famille, et, dans le fond de son cœur, rendant peut-être la religion complice des crimes qu’elle condamne ; placé entre l’ambition et la crainte, inquiet sur le présent, incertain sur l’avenir ; ses goûts, son imagination, son âme, les malheurs de sa famille, les siens, tout semblait le préparer d’avance à ce changement qui éclata dans la suite. […] Deux fois il crut voir celui de l’empire : l’une en songe et dans les Gaules, lorsqu’il délibérait s’il accepterait le trône ; l’autre dans la Perse, et peu de temps avant sa mort, lorsque, pendant la nuit, il méditait sous sa tente.
Et tout brûlé du feu d’amours Passe ainsi les nuits et les jours… Ah ! […] On lui donnait un sujet, et, en une nuit, il bâtissait cinq cents vers latins. […] Une nuit, il se jette de la fenêtre d’une chambre, pour suivre une bande de calvinistes. […] Que ces lieux sacrés à la nuit, Éloignés du monde et du bruit Plaisent à mon inquiétude ! […] Qu’elle est belle à mes yeux cette Nuit endormie !
Le roi est censé boire chaque année pour 2 190 francs d’orgeat et de limonade ; « le grand bouillon du jour et de nuit », que boit quelquefois Madame Royale âgée de deux ans, coûte par an 5 201 livres. […] Le comte d’Artois, pour donner une fête à la reine, fait démolir, rebâtir, arranger et meubler Bagatelle de fond en comble par neuf cents ouvriers employés jour et nuit ; et, comme le temps manque pour aller chercher au loin la chaux, le plâtre et la pierre de taille, il envoie sur les grands chemins des patrouilles de la garde suisse qui saisissent, payent et amènent sur-le-champ les chariots ainsi chargés240. […] Des amis du prince de Ligne « partaient de Bruxelles après leur déjeuner, arrivaient à l’Opéra de Paris tout juste pour voir lever la toile, et, le spectacle fini, retournaient aussitôt à Bruxelles, courant toute la nuit » De ce bonheur tant recherché, nous n’avons plus que des copies informes, et nous en sommes réduits à le reconstruire par raisonnement. […] À Morfontaine, « le comte de Vaudreuil, Lebrun le poète, le chevalier de Coigny, si aimable et si gai, Brongniart, Robert, font toutes les nuits des charades et se réveillent pour se les dire ». […] Crébillon fils, la Nuit et le Moment, IX, 14.
« Chaque jour, ou plutôt chaque nuit, c’étaient des arrestations arbitraires, selon l’usage de ce gouvernement qui n’en était pas un. […] Chaque nuit on pouvait venir me chercher ; mais j’avais pris toutes mes mesures pour ne me laisser ni surprendre ni maltraiter. […] Il eut ensuite une nuit agitée. […] Mais, dans la nuit du 5 au 6, il fut repris de très vives douleurs d’entrailles. […] On lui fit prendre de l’opium, qui calma les douleurs et lui fit passer une nuit assez tranquille.
* * * — L’eau d’ici trouble vos nuits, elle y roule des cauchemars, dans lesquels vous reviennent des êtres malfaisants ou douloureux de votre vie, en une singulière mixture d’anxiété et d’érotisme. […] Du matin jusque dans les heures inspiratrices de la nuit, il nous a régalés de sa parole. […] Jetée du Havre, la nuit. […] Mal à l’aise et ne pouvant dormir de toute la nuit, et ayant comme une oreille douloureuse dans le creux de l’estomac, je fabriquais, dans mon insomnie, un conte sinistre, un conte à ajouter à l’œuvre de Poë. […] À un certain âge, la nuit, c’est l’ennui de ne pas être au lendemain.
« La neige, qui n’est vraiment blanche qu’au crépuscule et dans la nuit, se colore de teintes aussi changeantes que les flots de la mer la plus nuancée. […] C’est un fantastique pétrifié, mais si beau par les étés sans nuit, même quand les étés sont froids et entrecoupés de bourrasques ! […] Ce « paysage choisi » s’est révélé à lui dans le Songe d’une nuit d’été. […] La nuit se passe à écouter les ronflements du bandit d’à côté et à mirer, par les barreaux, le « large clair de lune ». […] Dès le mois d’août, le poète, hanté par ce vers farouche que Michel-Ange a mis dans la bouche de sa sombre Nuit : « Pero non mi destar, deh !
Le troupeau paresseux suit ses pas et brave les frimas de la nuit. […] La nuit s’écoule sans rumeur et le silence me conserve un sommeil réparateur. […] Dans deux mois, la Faustin débutera dans Phèdre et deviendra célèbre en une nuit. […] » Il court vers le mas où les enfants demandent jour et nuit leur père et leur mère. […] C’est le fils d’un de ces bohémiens qui viennent le soir demander asile pour la nuit et un morceau de pain.
Pour moi en particulier, aide de camp d’un général qui ne s’était pas informé un instant si j’avais un cheval en état de supporter de pareilles fatigues, si je comprenais un service si nouveau pour moi, l’on me confiait un ordre de mouvement à porter au milieu de la nuit, dans un moment où tout avait une grande importance, et l’on ne me permettait pas même de demander où je devais aller. […] Il faisait un temps affreux ; la neige tombait abondamment jusqu’à voiler le champ de bataille et à faire ressortir les feux des troupes comme des éclairs dans une nuit d’orage. […] Les voilures, les troupes à pied, à cheval, les blessés, l’effroi des habitants, le désordre qu’augmentaient encore la nuit et la neige qui tombait avec abondance, tout concourait dans cette malheureuse ville à offrir le plus horrible aspect. […] Ayant reçu l’ordre de rester à Eylau, je passai la nuit couché sur une planche et mon cheval attaché à une charrette, sellé et bridé.
Tout ce qu’il a écrit avant ce roman d’Arthur pourrait se renfermer dans cette épigraphe de Lamartine : Ce qu’on appelle nos beaux jours N’est qu’un éclair serein dans une nuit d’orage, Et rien, excepté nos amours, N’y mérite un regret du sage. […] et, quand vos grains recueillis seront devenus le pain des familles, ce pain que nous autres, insensés des villes, mangeons avec tant d’indifférence et d’oubli, le pauvre, toujours chrétien, lui, n’entamera pas sa nourriture unique, la vie de ses enfants, sans faire, avec la pointe de son couteau, cette croix dont il salue le jour et la nuit, et tous les actes de on existence laborieuse ; il remerciera Dieu du bienfait accordé à ses peines ; il lui demandera de bénir encore les travaux auxquels il s’apprête et pour lesquels il se fortifie. […] Tandis que la nuit embaumée Nous dérobe aux yeux des humains, Viens, regarde, ô ma Bien-aimée, Ces Cieux, livre de nos destins. […] dis, en ces moments de suave pensée, Lorsqu’au pâle rayon dont elle est caressée L’âme s’épanouit, Comme ces tendres fleurs que le soleil dévore, Que le soir attiédit, et qui n’osent éclore Qu’aux rayons de la nuit ; Quand loin de moi, sans crainte et plus reconnaissante, Tu nourris de soupirs cette amitié naissante Et ce confus amour ; Quand sur un banc de mousse, attendrie et pâlie, Tu tiens encor le livre et que ton œil oublie Qu’il n’est déjà plus jour ; Quand tu vois le passé, tous ces plaisirs factices, Tous ces printemps perdus comparés aux délices Qui germent dans ton cœur ; Combien pour nous aimer nous avons de puissance, Mais que, même aux vrais biens, le mensonge ou l’absence Retranchent le meilleur ; Oh !
Né au cœur d’un pays austère, il n’en eut visiblement aucun reflet nuageux ; on ne pourrait dire de lui ce que M. de Lamartine a dit de M. de Vignet dans une des pièces du dernier recueil, dans celle peut-être où l’on reconnaît encore le plus sûrement l’oiseau du ciel à bien des notes, et où l’on aime à retrouver l’écho le moins altéré des anciens jours : Il était né dans des jours sombres, Dans une vallée au couchant, Où la montagne aux grandes ombres Verse la nuit en se penchant. […] Vous ne pouvez vous figurer combien est longue et triste une nuit, etc… » Au lieu de ce cri de nature, la version corrigée lui fait dire : « Oui, je passe bien des nuits sans fermer l’œil et dans de violentes agitations. […] M. de Feletz, aux Débats, s’est poliment moqué, dans le temps, de cette retouche37 ; il y notait, entre autres additions, un certain clair de lune introduit au moment de la mort de la sœur, et dans lequel l’astre des nuits, éclairant une nature immobile, était comparé au soleil éteint.
Puis, épouvantée de sa chute, elle s’en vient la raconter à Charlotte et va mourir la nuit dans la neige, en robe de bal. […] (La vision de ce suicide équestre est, soit dit en passant, une très belle chose. ) — Mlle Charlotte de Luc d’Estrelles, orpheline pauvre, s’est offerte un jour sans succès à son cousin Louis de Camors ; peu après, elle épouse pour sa fortune le général de Campvallon, puis ressaisit son beau cousin, l’oblige à se marier pour détourner les soupçons de son vieux mari, continue d’être à lui, est surprise une nuit par le général qui tombe foudroyé du coup, reprend et garde son amant épouvanté et qui ne l’aime plus, et tout cela sans l’ombre d’un remords Certes ce sont là, Bathilde, Julia et Charlotte, trois grandes amoureuses : elles aiment absolument, elles aiment furieusement. […] Il y a une Mme d’Hermany qui reçoit, la nuit, un bellâtre dans le salon d’un hôtel de bains, et qui, surprise par Jeanne Bérengère, lui fait la plus jolie profession de nihilisme moral. « Elle s’est résignée à déchoir, à accepter les seuls plaisirs réels dont ce monde dispose. » — Jacques de Lerne raconte à Jeanne son premier amour, si pur, si poétique ! Une nuit, il se trouvait dans la chambre de la bien aimée, moins résigné que de coutume aux scrupules qu’on lui opposait ; mais la pauvre femme se jette à ses genoux, le suppliant d’être honnête homme : il cède à ses pleurs et s’en va comme il était venu. « Adieu, imbécile !
Alors il en vient à la nuit infâme où elle s’est livrée au premier venu. […] Une ivresse de douleur et de colère lui a monté au cerveau ; elle a voulu mériter la trahison de son amant par une souillure volontaire ; elle s’est fait une joie poignante de profaner sa nuit nuptiale. […] Il sait que Léa part, cette nuit même, pour Venise. […] Il ne peut s’intéresser à ce Jacques qu’il n’a jamais vu et qu’il ne verra pas ; Jacques est, pour lui, le mandarin dont parle Rousseau : on ne voudrait pas le tuer, cela va sans dire ; mais les dangers qu’il peut courir dans les pays extravagants où il s’est fourré ne vous touchent guère plus que ceux du Sindbad des Mille et une Nuits.
J’ai vu mes tristes journées Décliner vers leur penchant ; Au midi de mes années Je touchais à mon couchant La mort déployant ses ailes, Couvrait d’ombres éternelles La clarté dont je jouis ; Et dans cette nuit funeste Je cherchais en vain le reste De mes jours évanouis. […] Je disais à la nuit sombre, Ô nuit ! […] L’affectation du style nuit d’ailleurs à l’expression du sentiment, et par conséquent à la vérité.
Il y a eu sans doute dans la chambre une grande lutte et un grand tapage, car les chaises sont renversées, ainsi que la table de nuit et le pot de chambre. […] Daumier a vécu intimement avec lui, il l’a épié le jour et la nuit, il a appris les mystères de son alcôve, il s’est lié avec sa femme et ses enfants, il sait la forme de son nez et la construction de sa tête, il sait quel esprit fait vivre la maison du haut en bas. […] Un jour, Trimolet fit un tableau ; c’était bien conçu et c’était une grande pensée ; dans une nuit sombre et mouillée, un de ces vieux hommes qui ont l’air d’une ruine ambulante et d’un paquet de guenilles vivantes s’est étendu au pied d’un mur décrépit. […] Quoi qu’en dise la race des optimistes qui, selon Désaugiers, se laissent quelquefois choir après boire, au risque d’écraser un pauvre homme qui n’a pas dîné, il y a des génies qui ont passé de ces nuits-là !
Morand y fait de prudentes apparitions juste pour constater, devant le noir Vance qui souffle dans un saxophone, que la nuit est le jour des nègres, et que les nuits blanches sont peu recommandables. […] La tête en avant, le voici qui part dans la nuit. […] Mais le matin, il mettait au point la dictée pure et lyrique de la nuit. […] C’est d’abord la Nuit à Châteauroux. […] C’était presque la nuit quand je sonnai à la porte de « L’Acacia ».
Par exemple, un éclair ou un coup de tonnerre produira en moi un ébranlement très-vif qui, je l’accorde, ne cessera pas tout d’un coup, et je puis passer très-rapidement et à mon insu par des alternatives de bruit et de silence, de lumière et de nuit, avant de m’arrêter au silence complet et à la nuit complète ; mais il n’y a rien là qui m’oblige à repasser par une série de phénomènes antérieurs.
« M. de Balzac envoie aussitôt deux cents feuillets crayonnés en cinq nuits de fièvre. […] À voir le manuscrit régulier, d’une écriture un peu féminine et sans trop de ratures, il est à présumer que deux ou trois nuits suffirent au travailleur laborieux qui s’attela à la besogne, et en quelques heures, arrosées de café, put livrer un certain nombre de feuillets.
En société, c’est le plus souvent un commerce de mensonges, établi par la convention et le besoin de se plaire : alors elle nuit aux hommes, parce qu’elle les dispense d’avoir des vertus qu’ils auraient peut-être, ou du moins qu’ils devraient avoir. […] Vous le trouverez peu chez une nation livrée à ce qu’on appelle les charmes de la société ; chez un tel peuple, la multitude des goûts nuit aux passions.
La nuit et le jour, le calme des solitudes et le bruit des habitations, le temps même qui emporte tant de souvenirs, rien ne peut l’en écarter. […] « La mort, mon fils, est un bien pour tous les hommes ; elle est la nuit de ce jour inquiet qu’on appelle la vie. […] Je suis pure et inaltérable comme une particule de lumière, et vous me rappelez dans la nuit de la vie ! […] il m’a semblé, cette nuit, voir Virginie vêtue de blanc, au milieu de bocages et de jardins délicieux. […] Les songes annoncent quelquefois la vérité. » Madame de la Tour me fit le récit d’un songe tout à fait semblable qu’elle avait eu cette même nuit.
Constatation dont je ne suis, tout de même, point d’humeur à me faire un petit souper de mélancolie, au milieu d’une nuit solitaire. […] Que chaque pore soit débarrassé de son point noir, la pensée, les pensées dont la nuit, mauvaise conseillère, truffe les insomnieux. […] Joli spectacle pour distraire les nuits des sans-abri. […] On veut qu’il soit lumière, parce que la nuit a succédé au jour. […] Ainsi, au fait d’avoir eu quelques côtes coupées et aux douleurs qui suivirent cette opération, dois-je d’avoir été à jamais débarrassé d’un cauchemar qui lancina si grand nombre de mes nuits.
La sérénité limpide de ce beau ciel au commencement de l’automne m’inspira ces mélancolies qui se répandent sur le bonheur même, comme le clair de lune de ces climats sur la nuit d’un beau jour. […] quand les vents de l’automne Sifflent dans les rameaux morts, Quand le brin d’herbe frissonne, Quand le pin rend ses accords, Quand la cloche des ténèbres Balance ses glas funèbres, La nuit, à travers les bois, À chaque vent qui s’élève, À chaque flot sur la grève, Je dis : N’es-tu pas leur voix ? […] Le père soupira ; la jeune sposa ne dit rien, mais elle se leva de table et inclina involontairement la tête hors de la porte, comme si elle avait pu reconnaître, de l’oreille, les pas de son amant dans la nuit ; puis elle rentra tristement, sourit à son enfant, lui fit couler deux ou trois gouttes de lait sur les lèvres, et revint s’asseoir à côté de la vieille aïeule. […] Non, jamais aucune Madone des coins de rues, à Lucques, à Pise, à Sienne, peut-être à Rome, n’a entendu des sérénades pareilles pendant les nuits de la semaine de la Passion ; on priait rien qu’à les entendre, les anges souriaient en pleurant et les soirs d’été, après la moisson, quand elles jouaient des airs de danse, les chênes même auraient bondi en cadence en les écoutant. […] Le chagrin qu’il nourrissait et les larmes qu’il ne cessait pas de répandre en pensant à sa pauvre belle femme morte, finirent par lui rétrécir le cœur et par le rendre aveugle, comme le voilà ; il ne pouvait presque plus travailler aux zampognes ; d’ailleurs on n’en commandait guère depuis que les Français dominaient à Rome et à Lucques ; les pifferari, joueurs de musette, ne sortaient plus des Abruzzes, et les Madones, aux coins des rues, n’entendaient plus de sérénades ni de litanies la nuit, aux pieds de leurs niches abandonnées.
* * * — Chasse aux rats, la nuit, dans les rues de Paris. […] La nuit est claire, la lumière de la lune lutte et se bat étrangement avec les lueurs des réverbères. […] » * * * — « Une nuit, c’était au bal masqué de la Renaissance : je me trouvais avec ma s… bougresse. […] Et l’on se promène dans de la nature, dont on vous crie aux oreilles : « Ceci a été peint par ***, ceci a été fusiné par ***, ceci aquarellé par ***. » Ici, dans l’île d’Aligre, devant les deux catalpas formant un A sur le ciel, on vous avertit que vous êtes devant le premier tableau de Français, et l’on vous fait revoir la petite femme nue, couchée sur une peau de tigre, en la légère et gaie verdure de la campagne parisienne ; là — l’histoire est vraiment plaisante — là, c’est là que se dressait une magnifique et orgueilleuse plante, entrevue au coucher du soleil par Français, rêvant toute la nuit d’en rendre, le lendemain, l’élancement vivace et la délicate dentelure des feuilles. […] Il emmène son neveu partager sa chambre, qui se trouvait être une chambre à deux lits, et toute la nuit la fille de M.
Mercredi 31 janvier C’est beau ce Paris, la nuit, vu du haut du Trocadéro, c’est beau, cette obscurité solide, sillonnée de feux. […] Il se rappelle une époque, où il ne pouvait plus dormir la nuit, empêché par le bruit d’un marteau, bruit qu’on croyait imaginaire. […] Vendredi 31 août Asnières : l’eau dans la nuit : de l’obscurité fluide et remuante. […] La nuit dans la salle, et sur la scène des ombres chinoises, le chapeau sur la tête, avec tout d’abord des mouvements rêches, et une apparence de mauvaise humeur, existant toujours au commencement des répétitions. […] Elle avait, une nuit, perdu une grosse somme d’argent.
ils pensent que je suis Fort en peine de ma personne : Grâce à Dieu, je passe les nuits Sans chagrin, quoique en solitude. » La belle se sut gré de tous ces sentiments. […] Il pleuvait fort cette nuit. […] Je prétends les surpasser tous et que vous ne sauriez vous acquitter envers moi, si vous ne me souhaitez d’aussi bonnes nuits que j’en aurai de mauvaises avant que notre voyage soit achevé. » Vous verrez, quand je vous lirai ce qu’il dit de sa cousine de Châtellerault, qu’il la donne comme grande liseuse de romans et qu’il ajoute : « C’est à vous, qui les aimez fort aussi, de juger quelle conséquence on en peut tirer. » Il a déjà fait ce reproche à sa femme dans sa première lettre. […] Du lieu où nous regardions ces statues, on voit à droite une fort longue pelouse et ensuite quelques allées profondes, couvertes, agréables et où je me plairais extrêmement à avoir une aventure amoureuse ; en un mot de ces ennemies du jour tant célébrées par les poètes : à midi véritablement on y entrevoit quelque chose, Comme au soir, lorsque l’ombre arrive en un séjour, Ou lorsqu’il n’est plus nuit et n’est pas encor jour. […] Tout méchant qu’était notre gîte, je ne laissai pas d’y avoir une nuit fort douce.
La lutte du jour et de la nuit, soit au crépuscule du matin, soit au crépuscule du soir, c’est une des idées poétiques qu’il caresse sans cesse et qu’il a le plus souvent exprimée, toujours avec une certaine variante, variante heureuse. Vous savez qu’il a dit ailleurs, dans les Lettres à sa femme, dans le Voyage en Limousin : Comme au soir, lorsque l’ombre arrive en un séjour, Ou lorsqu’il n’est plus nuit, et n’est pas encor jour. Et, plus tard, dans les Fables, il a repris ce thème-là et il en a fait le quatrain célèbre : A l’heure de l’affût, soit lorsque la lumière Précipite ses traits dans l’humide séjour, Soit lorsque le soleil rentre dans sa carrière Et que, n’étant plus nuit, il n’est pas encore jour. […] Elle en sort à la nuit tombante, à ce moment que La Fontaine aime tant à décrire et qu’il décrit encore une fois : Retirons-nous aussi, quittons cette demeure ; La peur m’y saisit à toute heure. […] Déjà la nuit s’avance, Dans ces lieux règne le silence.
On assurait même qu’il se relevait la nuit pour correspondre avec le roi de Prusse. […] Je vous attends donc cette nuit au bal de l’Opéra, avec les mille francs en question. — À cette condition, je vous pardonne. […] Seulement, pour ne point effrayer la population, la police fait arracher toutes les feuilles pendant la nuit. […] Chaque nuit, elle fera le tour du cadran en valsant, redowant ou mazurkant. […] Ce cadran était placé dans l’alcôve du mari, et restait toute le nuit éclairé par une lampe.
Une fois, la lutte se prolongea très tard dans la nuit. […] Il faisait nuit ; les bonnes cousaient auprès d’une lampe. […] Le ciel était couvert, la nuit venait rapidement. […] La mère Sainte-Trinité est morte dans la nuit. […] En attendant, il tousse jour et nuit et nous n’avons plus de repos.