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1119. (1899) Arabesques pp. 1-223

Elle est fort instructive — et je m’en applique la morale. […] Le régime médiocrate en voudrait user comme d’une police morale contre la Révolution menaçante. […] Nietzsche fait la nique aux christolâtres ; il leur crie : « La morale est la négation de la vie !  […] Pour lui, notre société obéit toujours à la « morale d’esclaves » apportée par le christianisme. […] Beaucoup subissent, sans raisonner, cette collection de préjugés qu’on appelle la Morale.

1120. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

À la manière dont Saint-Simon nous parle de son père, et même si l’on en rabat un peu, on voit en celui-ci un homme de qualité, fidèle, assez désintéressé, reconnaissant et, en tout, d’une étoffe morale peu commune à la Cour. […] Thiers, qui se pourrait proprement intituler : Histoire administrative et militaire du Consulat et de l’Empire, Et puis, il y a une histoire d’une tout autre physionomie, l’histoire morale contemporaine écrite par des acteurs et des témoins. […] Il sent la plaie et la faiblesse morale de la France au sortir des mains de Louis XIV ; tout a été abaissé, nivelé, réduit à l’état d’individu, il n’y a que le roi de grand. […] Une autre forme de talent, je l’ai dit, un autre miroir magique eût reproduit des effets différents, et toutefois celui-ci est vrai, il est sincère, il l’est au plus haut degré dans l’acception morale et pittoresque.

1121. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Théologie, droit public, sciences, philosophie et philologie, morale, toutes ces branches sont admirablement représentées et portent des fruits comme disproportionnés à l’œil avec le peu d’apparence du tronc ; c’est un poirier nain qui est, à lui seul, tout un verger. […] Une telle polémique, morale par l’intention, mais où il entre pour le détail beaucoup d’inexactitudes, tend à prolonger un état de roideur et de secte, un système de défensive qui ne me paraît point du tout favorable à ce que je désire le plus avec M. […] Ratin à tout propos contre le fou rire et contre les immoralités qu’il engendre. « Réfléchissant depuis à cette verrue, dit notre historien, je me suis imaginé que tous les gens susceptibles ont ainsi quelque infirmité physique ou morale, quelque verrue occulte ou visible, qui les prédispose à se croire moqués de leur prochain. » Chez quelques-uns, par une. variété de la maladie, au lieu de se croire moquée, la verrue se flatte d’être admirée, elle se rengorge. […] Il y voit avec raison le germe de bien de travers et de bien des maux : être et paraître, c’est à l’écraser et à l’extirper, ce besoin de faire effet, qu’il croit que consiste le plus fort de la morale : « Chose singulière !

1122. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

VII Mais voyons par quel procédé de morale très peu sociale le digne galérien était arrivé à cet otium cum dignitate de maire de sa commune et de Petit Manteau bleu de M… sur M… C’est ici que la société est vertement semoncée par cet audacieux bandit avant qu’il ait concouru pour le prix Montyon de son époque, avant qu’il ait acquis cette vertu déshonorée qui n’a de prix que parce qu’elle se cache, et qui n’a de couronne que parce qu’elle se montre : Et fugit ad salices et se cupit ante videri ! […] Jean Valjean voyait-il distinctement après leur formation, et avait-il vu distinctement à mesure qu’ils se formaient, tous les éléments dont se composait sa misère morale ? […] Ô mort morale ! […] C’est de la critique philosophique, sociale, morale, historique ; c’est le soulèvement du cœur français contre l’ignobilité du mot qu’on lui prête.

1123. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Voulez-vous connaître, d’une époque, son essence même, sa pensée la plus intime, sa vie intellectuelle, sa vie morale, prenez ses poètes : vous trouverez en eux tout cela, et de plus vous y trouverez le germe de l’époque suivante. […] Certes, je ne chercherai pas si l’objet qui est représenté est beau ou laid, je ne ferai pas de sophisme pour soutenir qu’il y a de la beauté jusque dans la laideur ; je ne demanderai pas si on peut tirer directement de cet ouvrage une conclusion morale : non, mais j’écouterai l’impression qu’il fera sur ma vie. […] Depuis cinquante ans que la philosophie du Dix-Huitième Siècle a porté dans toutes les âmes le doute sur toutes les questions de la religion, de la morale et de la politique, et a ainsi donné naissance à la poésie mélancolique de notre siècle, deux ou trois génies poétiques tout à fait hors de ligne apparaissent dans chacune des deux grandes régions qui composent l’Europe, c’est-à-dire l’Angleterre et l’Allemagne, qui représentent tout le nord, et la France qui représente toute la partie sud-occidentale, le domaine particulier de l’ancienne civilisation romaine. […] Goethe cependant l’avait précédé de bien des années ; mais Goethe, dans une vie plus calme, se fit une religion de l’art, et l’auteur de Werther et de Faust, devenu un demi-dieu pour l’Allemagne, honoré des faveurs des princes, visité par les philosophes, encensé par les poètes, par les musiciens, par les peintres, par tout le monde, disparut pour laisser voir un grand artiste qui paraissait heureux, et qui, dans toute la plénitude de sa vie, au lieu de reproduire la pensée de son siècle, s’amusait à chercher curieusement l’inspiration des âges écoulés ; tandis que Byron, aux prises avec les ardentes passions de son cœur et les doutes effrayants de son esprit, en butte à la morale pédante de l’aristocratie et du protestantisme de son pays, blessé dans ses affections les plus intimes, exilé de son île, parce que son île antilibérale, antiphilosophique, antipoétique, ne pouvait ni l’estimer comme homme, ni le comprendre comme poète, menant sa vie errante de pays en pays, cherchant le souvenir des ruines, voulant vivre de lumière, de lumière éclatante, et se rejetant dans la nature comme autrefois Rousseau, fut franchement philosophe toute sa vie, ennemi des prêtres, censeur des aristocrates, admirateur de Voltaire et de Napoléon ; toujours actif, toujours en tête de son siècle, mais toujours malheureux, agité comme d’une tempête perpétuelle, en sorte qu’en lui l’homme et le poète se confondent, que sa vie intime répond à ses ouvrages ; ce qui fait de lui le type de la poésie de notre âge.

1124. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

D’après lui, l’énergie du sentiment, quelle qu’en soit la nature, se manifeste toujours par une énergie de mouvement : on danse de joie, dit Spencer, comme on piétine de colère ; on ne peut pas plus rester en place dans la détresse morale que dans l’exaltation délicieuse ; il y a des cris d’angoisse comme il y a des cris de volupté ; souvent les bruits que font les enfants au milieu de leurs jeux laissent les parents dans le doute si c’est le chagrin ou le plaisir qui en est la cause. — Soit, mais toutes ces manifestations d’activité ne se ressemblent que pour un spectateur lointain ou superficiel ; il est difficile d’admettre que le plaisir et la douleur, dès le début, se manifestent l’un comme l’autre par un même accroissement général d’activité. […] Selon lui, les larmes sont une sécrétion destinée à protéger l’œil contre les insultes mécaniques, parce qu’elles débarrassent l’œil des corps irritants ; les impressions pénibles de la vue, puis les impressions générales de tristesse, même morale, se sont liées peu à peu à la sécrétion des larmes. […] En tous cas, la nature l’ignore : la sincérité est la première loi de la nature comme elle est la première loi de la morale. […] De nos jours, les psychologues commencent aussi à s’occuper de l’écriture comme expression du caractère : la graphologie est encore à l’état nébuleux, mais il est certain que l’écriture même a une physionomie et peut révéler certains traits de la physionomie morale.

1125. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Semblable à ce météore terrible qui, formé de mille courants divers, menace du haut de la nue les sommets escarpés et semble être destiné par la nature à maintenir l’égalité physique sur le globe, la foudre révolutionnaire qui est en vos mains, et que dirige habilement votre génie, continuera de renverser les trônes, fera tomber les têtes superbes qui voudraient s’élever au-dessus du niveau que vous avez tracé ; elle établira l’égalité politique et (l’égalité) morale, qui sont les bases de notre liberté sainte… Voilà jusqu’où l’exaltation de la peur et l’espoir de se faire pardonner de Couthon, Saint-Just et consorts, pouvaient conduire le ci-devant médecin de la reine, un écrivain académique élégant. […] Obligé d’assister à la fête de l’Être Suprême et d’accompagner le bataillon de sa section, il y reçut sa dernière atteinte morale et y contracta, sous un soleil ardent, la maladie dont il mourut, le 20 juin 1794, à l’âge de quarante-six ans.

1126. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettres sur l’éducation des filles, par Mme de Maintenon » pp. 105-120

Aujourd’hui, avec le nouvel état du monde, dans une société plus également morale en son milieu, nous qui ne sommes pas près de Versailles (dans le sens où l’était Saint-Cyr), il nous semble qu’il est quelquefois permis de se récréer d’un chant, d’une fleur, d’une joie d’imagination, mêlée aux choses du cœur, dans une éducation même de l’ordre le plus moral. […] de citer quelques-uns de ces accents d’une femme également morale et religieuse, de les citer, non par aucun rapport de comparaison ou de ressemblance, mais simplement comme son de l’âme et comme accent.

1127. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Il avait mis d’ailleurs dans tout son jour et en pleine lumière le côté tendre, affectueux, de Vauvenargues, ce côté le plus connu, la beauté de sa nature morale, et avait parfaitement marqué le trait dominant de son caractère, la sérénité dans la douleur ; et il concluait en disant que l’espèce de gloire réservée à Vauvenargues était celle qui peut sembler le plus désirable aux natures d’élite, l’amitié des bons esprits et des bons cœurs. […] Cette mauvaise fortune, et cette extrême délicatesse morale qu’il y conserve, le rendent un peu susceptible dans ses rapports avec Saint-Vincens ; et lorsque celui-ci, qui paraît encore plus aimé de Vauvenargues qu’il ne l’aime, et qui est assez irrégulier dans ses lettres, tarde un peu trop à lui répondre, Vauvenargues s’alarme, il suppose que le souvenir de l’argent prêté entre pour quelque chose dans ce ralentissement, que son ami en a besoin peut-être et n’ose le lui dire ; il se plaint, il offre de s’acquitter, et il a ensuite à se justifier envers son ami qui a cru voir de l’aigreur dans la chaleur de ses reproches : Je te supplie, du moins, de croire qu’en t’offrant, comme j’ai fait, de m’acquitter avec toi, je n’ai jamais été fâché un seul moment de te devoir.

1128. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

Il n’y aurait plus à leur souhaiter, pour être les plus parfaits des mortels, que la bonté et la chaleur morale dans la pratique et les relations de la vie. […] Il réussit cette fois au-delà peut-être de ses vœux : se voyant accueilli avec cette aigreur et presque censuré au nom de la morale et de la religion scientifique, au lieu de recevoir les remerciements auxquels il se croyait des droits, le professeur de Leyde fut découragé et en resta là, ne donnant pas la suite de cette Correspondance si intéressante pour les géomètres.

1129. (1894) Propos de littérature « Chapitre III » pp. 50-68

Griffin, poète épris de vie, la morale de l’activité se traduit d’elle-même : c’est le geste et le rythme qui caractérisent la strophe en l’enveloppant d’un souple et mouvant tissu. […] La Poésie n’est ni la musique, ni la sculpture, ni la peinture, ni l’architecture, ni la morale ; mais qu’elle soit philosophique par son idéale portée, que l’ordonnance la montre architecturale, que ses images la colorent et la dessinent, que par ses rythmes et ses harmonies elle atteigne la musique — et que, musique, philosophie, peinture et dessin, elle soit en même temps tout cela, car elle se nourrit de tous les arts et de toute la pensée, comme elle les pénètre elle-même de son vivant effluve.

1130. (1890) L’avenir de la science « XII »

Voilà l’humanité : chaque nation, chaque forme intellectuelle, religieuse, morale, laisse après elle un court résumé, qui en est comme l’extrait et la quintessence et qui se réduit souvent à un seul mot. […] Ce jour-là, j’éprouvai le sentiment de l’immensité de l’oubli et du vaste silence où s’engloutit la vie humaine avec un effroi que je ressens encore, et qui est resté un des éléments de ma vie morale.

1131. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

C’était dans cette honnêteté, toute morale, que résidait la grande puissance qui devait ramener un roi dissolu à des mœurs décentes ; car la religion n’agit sur Louis XIV qu’après l’ascendant de la morale, aidée par les charmes de l’esprit et de la raison.

1132. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre troisième. L’idée-force du moi et son influence »

On se rappelle le rôle que joue, dans la morale de Kant, ridée du moi intelligible, qui n’est vraiment, selon Kant lui-même, qu’une conception problématique, un noumène impossible à vérifier. […] D’où résulte encore cette conséquence morale que la réalisation de mon vrai moi enveloppe celle d’autrui.

1133. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

Crozat, celui-ci lui dit un jour : Mon père, votre morale m’effraye, mais votre façon de vivre me rassure. […] Il suppose toujours les principes, ou les établit en deux mots, & se jette sur la morale : il préfère le sentiment à tout : il remplit l’ame de cette émotion vive & salutaire, qui nous fait aimer la vertu.

1134. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre III. Le cerveau chez l’homme »

Je suis d’avis que l’on ne doit pas mêler les questions morales et sociales aux questions zoologiques ; je voudrais cependant que l’histoire naturelle ne montrât pas une trop grande indifférence morale, et que par sa prétendue impartialité elle ne blessât pas trop l’humanité. […] J’ajouterai que, sans vouloir mêler la morale à la science, ni juger la valeur d’une dissection anatomique par ses conséquences sociales et religieuses, il est permis cependant, en présence de certains zoologistes si pressés de rabaisser l’homme jusqu’au singe et de se servir, pour le succès de leur thèse, de l’exemple du nègre, que cette thèse intéresse particulièrement, il est permis, dis-je, de demander d’où vient cette répulsion universelle que l’humanité civilisée éprouve aujourd’hui contre l’esclavage.

1135. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Essai, sur, les études en Russie » pp. 419-428

Il serait à désirer qu’on eût aussi des catéchismes de morale et de politique, c’est-à-dire des livrets où les premières notions des lois du pays, des devoirs des citoyens, fussent consignées pour l’instruction et l’usage du peuple ; et une espèce de catéchisme usuel, qui donnât une idée courte et claire des choses les plus communes de la vie civile, comme des poids et mesures, des différents états et professions, des usages que le dernier d’entre le peuple a intérêt de connaître, etc. […] Dans la faculté de philosophie on enseigne encore la morale, les humanités ou belles-lettres, l’éloquence, les antiquités, tout ce qui dépend de la belle littérature.

1136. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

La cause en est facile à trouver dans l’histoire morale et civile de la société romaine. […] Le mépris des anciennes mœurs dans ce qu’elles avaient eu de simple et d’austère, la dérision de toute croyance à la loi morale, le recours suprême à la force, l’ambition impitoyable dans les chefs, toutes les convoitises serviles, le parjure, la perfidie, la bassesse dans les instruments, c’était le spectacle qu’avait eu devant les yeux le jeune Octave ; c’était l’école où il se forma pour l’empire.

1137. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Baudelaire.] » pp. 528-529

Lorsqu’il eut publié ce recueil, intitulé Fleurs du mal, il n’eut pas seulement affaire à la critique, la justice s’en mêla ; elle prit fait et cause au nom de la morale publique, comme s’il y avait véritablement danger à ces malices enveloppées et sous-entendues dans des rimes élégantes.

1138. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXIV » pp. 294-298

La morale elle-même, qu’il affecte, est chez lui une forme plutôt qu’un but, ou du moins il vise non pas tant à atteindre les vrais ressorts de l’homme qu’à user et à jouer de ces ressorts pour l’art de la vie.

1139. (1874) Premiers lundis. Tome I « Le vicomte d’Arlincourt : L’étrangère »

Qu’on ne s’en étonne pas : l’Étrangère a plus de pâleur qu’Izolette ; elle a un sourire plus vague, sans parler de l’apparence de sublimité morale qu’elle présente.

1140. (1874) Premiers lundis. Tome II « Théophile Gautier. Fortunio — La Comédie de la Mort. »

La grande figure historique récente ne se prête pas à la palinodie morale comme ces êtres de fantaisie, Faust et don Juan, qui flottent, depuis des siècles, au gré de la tradition et des poètes.

1141. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XII. Du principal défaut qu’on reproche, en France, à la littérature du Nord » pp. 270-275

Quand vous rappelez des objets dégoûtants, vous excitez une impression fâcheuse, qu’on fuirait avec soin dans la réalité ; quand vous changez la terreur morale en effroi physique, par la représentation de scènes horribles en elles-mêmes, vous perdez tout le charme de l’imitation, vous ne donnez qu’une commotion nerveuse, et vous pouvez manquer jusqu’à ce pénible effet, si vous avez voulu le pousser trop loin : car au théâtre, comme dans la vie, quand l’exagération est aperçue, on ne tient plus compte même du vrai.

1142. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bouchor, Maurice (1855-1929) »

Mais les deux périodes bien distinctes de sa vie intellectuelle et morale méritent d’être comparées brièvement.

1143. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVI » pp. 188-192

Les bienséances, dans une monarchie, sont une barrière de plus autour du pouvoir, et le besoin, l’amour du pouvoir étaient le fond du caractère de Louis, Sa conduite habituelle offensait la morale, mais il n’avait pas l’intention de l’affronter.

1144. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 329-336

Son Discours sur l’Histoire universelle est un chef-d’œuvre, qui réunit tout à la fois ce que le génie a de plus sublime, la politique de plus profond, la morale de plus sage, le style de plus vigoureux & de plus brillant, l’art de plus étonnant.

1145. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Préface »

Les dieux ont été ressaisis à leur origine naturelle, suivis à tous ses degrés, dans leur croissance plastique et morale, pénétrés et élucidés dans toutes les phases de leurs transformations et de leurs symboles.

1146. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Racan, et Marie de Jars de Gournai. » pp. 165-171

Ceux de raisonnement & de morale furent principalement de son goût.

1147. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre II. Amour passionné. — Didon. »

Ce n’est que dans les siècles modernes qu’on a vu se former ce mélange des sens et de l’âme, cette espèce d’amour, dont l’amitié est la partie morale.

1148. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 14, qu’il est même des sujets specialement propres à certains genres de poësie et de peinture. Du sujet propre à la tragedie » pp. 108-114

L’emportement n’excuse point le meurtre volontaire de sa femme, même suivant la morale de la poësie la seule dont il s’agisse ici et la plus indulgente de toutes.

1149. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface »

Pour qu’il n’y eût pas de crimes, il faudrait un nivellement des consciences individuelles qui, pour des raisons qu’on trouvera plus loin, n’est ni possible ni désirable ; mais pour qu’il n’y eût pas de répression, il faudrait une absence d’homogénéité morale qui est inconciliable avec l’existence d’une société.

1150. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — V »

« Le soir de Wagram, a le droit de dire un Bonaparte, j’étais si fatigué que je suis tombé de sommeil, que j’ai dormi couché tout de mon long dans un sillon : j’étais la semence d’une admirable moisson de dévouements, de belles volontés, d’un lyrisme jusqu’alors inconnu… »‌ En vérité, la vie morale embrasse plus de choses que cet homme savant et vénérable n’en reproduisait en lui.

1151. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre VII » pp. 278-283

La sagesse poétique avec ses fables fournit seulement aux philosophes l’occasion de méditer les plus hautes vérités de la métaphysique et de la morale, et leur donna en outre la facilité de les expliquer.

1152. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Mais la réalité humaine est double aux yeux de tout homme qui pense, elle a sa manifestation extérieure et matérielle, elle a aussi son expression morale dont la perception échappe à l’entendement du vulgaire. […] Pour être un grand peintre de portraits il ne suffit pas d’attraper la ressemblance : le plus médiocre barbouilleur peut arriver à ce résultat ; il faut surtout fixer la ressemblance morale et arrêter l’âme dans les lignes et les contours du visage. […] La poésie nouvelle, que le siècle attend, dont il a soif, sera donc une poésie de sédition et de révolte morale. […] Les révolutions sociales le touchent plus que les révolutions de la science ; il se préoccupe de la santé morale de son siècle plutôt que de son état intellectuel. […] Au nom de la morale, l’écrivain fulmine alors des anathèmes contre tout ce qui représente l’art oseur, l’idée nouvelle, la poésie du doute et du libre examen.

1153. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Les anciens donnaient aux Furies même un beau visage, apparemment parce qu’il y a une beauté morale dans les remords. […] Le docteur Beattie aime à s’étendre sur des lieux communs de morale, qu’il n’a pas toujours l’art de rajeunir. […] C’est véritablement dans les questions particulières de morale ou de politique, que M. de Bonald excelle. […] Necker, dans son Cours de morale religieuse, assurent à tous les enfants des instructions élémentaires de morale et de religion. […] L’évangile de saint Matthieu est surtout précieux pour la morale.

1154. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

C’est la morale du Cruélisme dans l’amour, à laquelle il faut tout ramener, car si les instincts nobles, ou conservateurs de l’ordre social, spontanément s’érigent en lois pour constituer un corps de doctrines, il en ira pareillement des destructeurs, qui s’opposent aux premiers de toute l’énergie des révoltés. […] Voici un jeune homme élevé par une mère ultra-janséniste, suivant les principes de la plus sévère discipline morale, celle qui voit dans l’œuvre de chair l’irréparable souillure, la cause d’éternelle damnation […] Pour eux désormais, il n’y aura plus que tortures, douleur d’aimer succédant aux premières délices, et si jamais œuvre d’art pouvait servir à l’édification morale de qui la voit ou l’entend, on ne saurait imaginer tableau plus propre à détourner du mal sacré deux êtres qu’un invincible attrait rapprocha pour les mieux tenailler par la suite. Tortures de la solitude morale et du contraste des natures qui se révèle même dans l’amour….. que dis-je ? […] L’instinct d’ordre nous enseigne à établir une hiérarchie dans nos appétits, comme la morale à exalter les uns et à rabaisser les autres au nom d’un principe directeur.

1155. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

Il eut, en un mot, une saison morale toute poétique et divine, quatre mois célestes et fugitifs qui suffisent à illuminer tout un passé. […] Il y a celui de la vie régulière et de la famille, de la morale domestique et sociale, ce qui saute aux yeux tout d’abord pour peu qu’on se place en idée dans la situation. […] Ce sont là les suites réelles de Werther, du vrai Werther guéri et calmé, et qui sont à opposer, en bonne critique et en saine morale, à la catastrophe romanesque.

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