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1298. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. (Suite et fin.) »

Fustel de Coulanges55, la question est discutée et traitée avec un rare esprit philosophique et une érudition des mieux digérées ; mais peut-être la cité romaine n’y est-elle pas assez nettement mise à part et distinguée des cités grecques. […] Il pense avec Dion Cassius « que tant que la République fut petite et son territoire médiocre, la forme républicaine pouvait suffire et qu’elle fut un bien, mais que, sitôt que Rome, se jetant au dehors de l’Italie et traversant les mers, eut rempli de sa puissance les continents et les îles lointaines, la République n’était plus qu’un mal. » Voyez Rome, en effet, au temps de César et avant qu’il mette la main à l’Empire, avant qu’il soit revenu des Gaules pour passer le Rubicon : quelle confusion ! […] Médita-t-il, en effet, de mettre sur sa tête cette couronne de roi, ce diadème qui lui fut offert publiquement un jour et qu’il fit semblant de repousser ? […] N’ai-je pas raison de dire qu’il y a eu concours sur ce beau nom, et que chaque talent est venu mettre son trait respectueux à l’expression dernière de cette figure bienfaisante ? […] Le Juste de Platon mis en croix n’était qu’une supposition et une hypothèse : il fallait un Juste qui eût été véritablement mis en croix.

1299. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre I. François Rabelais »

Mais plus tard, à Lyon, quand pour vivre il ajoute à ses travaux d’humaniste, à sa médecine, à ses almanachs une bouffonne imitation des vieux romans, il y tire sa principale inspiration des profondeurs de son expérience ; le souvenir de ses plus essentiels instincts comprimés et menacés pendant tant d’années met dans l’œuvre comme deux points lumineux : la lettre de Gargantua à Pantagruel, et l’abbaye de Thélème. […] Et lui-même, en sa jeunesse, il a vaillamment, sous la saine direction de Ponocrates, tenté d’être un homme complet : lettres, sciences, arts, armes, toutes les connaissances du savant, tous les exercices du gentilhomme, il n’a rien négligé ; il a mis en culture toutes les puissances de son esprit et de son corps. Le grand crime, ou la suprême « besterie ». c’est « d’abâtardir les bons et nobles esprits », par une éducation qui comprime au lieu de développer : comme Gargantua d’abord, aux mains de maître Jobelin Bridé, était devenu gauche et lourd de son corps, et quoiqu’il étudiât très bien et y mit tout son temps, « toutefois en rien ne profitait ». […] C’est qu’il traite les livres comme la nature : il met sa forme à tout ce qu’il en tire. […] Éditions : les Grandes et Inestimables Chroniques du grand et énorme géant Gargantua, réimpression d’un vieux roman où Rabelais a mis la main, Lyon, 1530.

1300. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XIII »

Il se mettrait au lit avec Desdémone, au lieu de l’étouffer sous son oreiller. […] Emile Augier l’avait mise en scène dans son drame de Paul Forestier. […] Dumas a mise en scène dans la Princesse Georges. […] Ce nom vaillant est comme une aigrette chevaleresque qu’il lui met au front. […] Voilà pourquoi, par un télégramme hâtif et désolé comme le glas d’un tocsin, elle a appelé auprès d’elle sa mère, douairière frivole, un peu étonnée du ton tragique que met sa fille à ses confidences.

1301. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

Je dirai, à cette occasion, quelques mots et du genre et de ceux qui l’ont mis en honneur parmi nous. […] Il s’était fort lié avec Riouffe, que son livre sur les prisons et ses relations avec les Girondins avaient mis très en vue, et qui était le Silvio Pellico du moment. […] Me mettrez-vous dans la confidence avant le public ? […] Je voudrais bien plutôt qu’avant de se mettre à écrire l’éloge d’un médecin, on relût auparavant les notices sur Dodart et sur Boerhaave, de Fontenelle, non pas pour les imiter, mais pour se donner la note et s’empêcher de forcer le ton. […] Au moment même où vous vous moquez des perruques, n’en mettez pas du moins à votre style.

1302. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Dans sa vieillesse, la complaisance même avec laquelle elle se mit à raconter et à décrire toutes ces puérilités romanesques, en ayant l’air d’en sourire, prouve au contraire qu’elle n’en fut jamais corrigée. […] On la voit dès lors douée de cette activité méthodique qui ne laisse échapper aucune parcelle du temps sans lui demander tribut, et qui met tout à profit pour l’étude, pour l’acquisition et la superficie d’étendue des connaissances. […] Ne négligeant aucun genre d’instruction, je tâchais de me mettre au fait des travaux champêtres et de ceux du jardinage ; j’allais voir faire le cidre ; j’allais aussi visiter tous les ouvriers du village lorsqu’ils travaillaient, le menuisier, le tisserand, le vannier, etc. […] Elle les mit sans tarder aux langues vivantes, aux connaissances usuelles, aux choses du corps et de l’esprit, menant le tout concurremment. […] Ne pouvant se priver de son goût pour le théâtre, elle imagina de mettre en action et de leur faire jouer dans le jardin, où les décorations artificielles se combinaient avec la nature, les principales scènes de l’Histoire des voyages de l’abbé Prévost, abrégée par La Harpe, et en général toutes sortes de sujets historiques ou mythologiques.

1303. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

Un jour, Bonaparte voulut mettre à l’épreuve cette merveilleuse faculté de Portalis, et il lui tendit comme un piège. […] Les naufragés de Calais ne furent point traités en ennemis déclarés, ni en étrangers innocents : le Directoire les retint en prison ; ils ne furent mis en liberté qu’à l’avènement du gouvernement consulaire. […] Ce traité a un défaut dans la forme, c’est de renfermer trop de choses, et de mettre toutes ces choses sur le même plan, sans qu’aucune se détache avec relief. […] Mais Portalis nous met à même, par son exemple, d’en saisir le rapport et d’en toucher le lien. […] Il échappa aux discussions pénibles qui suivirent bientôt et qui mirent si fatalement aux prises, dans un duel scandaleux, ce pouvoir impérial et cette puissance ecclésiastique qu’il avait tout fait pour concilier.

1304. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

Beffara, cet honorable commissaire de police, qui, dans sa retraite, et par un reste d’habitude investigatrice utilement appliquée à l’histoire littéraire, se mit à la piste des naissances illustres, a fixé avec beaucoup de probabilité la naissance de Regnard au 7 février 1655. […] Il s’y met en scène sous le nom de Zelmis, et ne s’y montre pas à son désavantage : « Zelmis, comme vous savez, mesdames, est-il dit dans le récit, est un cavalier qui plaît d’abord : c’est assez de le voir une fois pour le remarquer, et sa bonne mine est si avantageuse qu’il ne faut pas chercher avec soin des endroits dans sa personne pour le trouver aimable ; il faut seulement se défendre de le trop aimer. » Ce Zelmis a rencontré à Bologne, dans une fête, une belle Provençale, une Arlésienne, mariée à un sieur de Prade, et qui, dans le roman, s’appelle Elvire. […] Boileau, atteint, mit bientôt dans un des vers de son Épître X (1695) le nom de Regnard ; et celui-ci, à son tour, sous ce titre : Le Tombeau de M.  […] il ne mérite pas de la posséder, et il a mérité au contraire de la perdre, non point tant encore pour avoir mis le portrait de sa maîtresse en gage que parce que, le pouvant et averti par son valet, il a refusé de le dégager et a répondu : Nous verrons ! […] Agathe, en vieille, dira : Je me porte encor mieux que tous tant que vous êtes ; Je fais quatre repas, et je lis sans lunettes ; Je sirote mon vin, quel qu’il soit, vieux, nouveau ; Je fais rubis sur l’ongle, et n’y mets jamais d’eau.

1305. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Pour ne pas confondre ses conjectures avec l’histoire, il a mis dans la Revue des deux mondes (du 15 décembre dernier), sous forme de scènes historiques, tout ce qui se rapporte à la première jeunesse et à l’éducation de ce brillant aventurier tel qu’il le conçoit ; il a expliqué comment l’idée, la tentation put venir peu à peu à un jeune Cosaque de l’Ukraine ressusciter en lui Démétrius, en même temps que la crédulité naissait aux autres en le regardant. […] Précédemment, au xiiie  siècle, plusieurs années après qu’eut disparu Baudouin Ier, empereur de Constantinople et comte de Flandre, fait prisonnier et mis à mort en Bulgarie, il s’éleva en Flandre un faux Baudouin qui, sous son habit d’Arménien, réussit quelque temps auprès des peuples et auprès même de la noblesse. […] Mérimée, qui a beaucoup étudié et médité les anciens, et qui met dans ses récits historiques plus d’art qu’il n’en montre, semble s’être particulièrement préoccupé de la manière de Xénophon et de César, et, bien qu’il varie sa narration, il la tient toujours la plus voisine qu’il peut de la sobriété et de la simplicité. […] Dans Le Vase étrusque, l’auteur s’est plu à retrouver des passions fortes et à les dessiner en quelques traits jusque sous notre civilisation élégante ; plus habituellement, il s’est attaché à les découvrir ou à les créer hors du cadre des salons, et, se détournant des caractères effacés qu’on y rencontre, il s’est mis en quête des natures primitives appartenant à un état de société antérieur, et qui sont comme égarées dans le nôtre. […] Il va au fait, il met tout en action ; la parole serre de près chaque situation, chaque caractère.

1306. (1912) L’art de lire « Chapitre III. Les livres de sentiment »

Toucher, c’est faire partager au lecteur les sentiments qu’on a prêtés à ses personnages ; c’est nous mettre, par une sorte de contagion, dans l’état d’âme et dans les divers états d’âmes des personnages qu’on a créés. […] Ce que les auteurs mettent sous nos yeux, ce sont êtres qui, ou sont dans la moyenne de l’humanité, ou s’en écartent en étant supérieurs ou inférieurs à elle, mais doivent lui ressembler et sont de purs monstres d’imagination s’ils ne lui ressemblent pas. […] La connaissance que nous avions d’un caractère est juste sans doute, mais elle est générale ; elle est d’ensemble et par conséquent elle est flottante encore ; ce qui nous ravit, c’est d’avoir retrouvé dans le roman cette même connaissance sous un rayon plus vif qui fait sortir les traits de détail, qui met en relief les particularités significatives et qui nous fait dire : « Comme c’est vrai ! […] La littérature proprement dite est la peinture de notre âme à tous et de nos mœurs à nous tous, avec une certaine exagération savante destinée à mettre en relief les parties les plus importantes et les plus intéressantes de la vérité elle-même. […] Je mets à part un « type disparu », ou à peu près, mais qu’il faut mentionner pourtant, puisqu’il n’a pas complètement cessé d’exister, je veux parler du lecteur des livres anciens, du lecteur d’Homère, de Virgile, d’Horace et de quelques autres.

1307. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Il fallait se rappeler encore — et surtout — l’art profond de ce créateur du roman historique qu’il est de mode présentement d’abaisser, mais qui restera immortellement ce qu’il est : le premier des hommes après Shakespeare, et, comme lui, se bien garder de mettre sur le premier plan une histoire connue et sur laquelle la Rêverie, comme la Curiosité, s’est épuisée ; mais la donner pour fond, dans la vapeur féconde des distances et l’adoucissement des lointains, à une autre histoire inventée, celle-là, avec ses séries d’incidents et son cortège de personnages ! […] On n’appartient pas pour rien à une époque personnelle et poseuse, où toutes les vanités se mettent à la fenêtre de cinq à six volumes pour, de là, se raconter à ceux qui passent ; et, cela, depuis le ministre d’État jusqu’à l’apothicaire, depuis Chateaubriand jusqu’à Véron. […] Et cela vaut-il vraiment la peine de se vanter d’en être, même toute vanité de religion mise à part ? […] Fiez-vous maintenant aux Calmes et aux surfaces de la vie, aux sourires qu’on met par-dessus. […] Alfred de Vigny restera donc à présent, dans la pensée de tous, ce qu’il n’était que dans la sienne : un désespéré qui avait apprivoisé le désespoir, qui l’avait rendu doux et aimable, qui, comme Androclès, se faisait suivre par ce lion… Il apparaîtra plus grand que les poètes de ce temps, qui ne sont que des poètes ; car il fera l’effet d’une poésie, — la poésie de ce désespoir silencieux qui ne se mettait pas de cendres sur la tête, mais qui en avait dans le cœur !

1308. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

On le met alors au collège de Belley, chez les Pères de la Foi. […] Cette délicieuse tautologie « explique » pourquoi l’on aime, mais non pas pourquoi l’on s’est mis à aimer. […] Deschanel semble mettre un reproche, je mettrais une louange. […] Autant valait pour elle ne pas se mettre en route. […] En réalité, c’est le monde mis en métaphores ; une prosopopée universelle.

1309. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Bourget y mettrait plus de réserve. […] D’autres se mirent à sa suite que vous connaissez, MM.  […] On y mettait plus de discrétion jadis. […] Et je mets à part les rééditions et les traductions. […] Mettons même, si vous voulez, que M. 

1310. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Il mettait vite à l’aise parce qu’il avait le don de la familiarité et le désir de plaire. […] Drumont s’est mis à flâner dans le quartier, tout comme un écolier qui tient à arriver le plus tard possible au collège. […] Il se disait de l’école de Cordoue et contait qu’il avait mis à mal les plus beaux animaux des pâturages andalous. […] Une dame de la ville a, pour des raisons à deviner, mis au loin son enfant en nourrice. […] Soudain, il se met à proférer, de sa voix perchée, un chant qui accompagne la cadence.

1311. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Ce sont elles qui mettent sa curiosité en éveil. […] Elle met son suprême effort à se renoncer elle-même. […] Il évite de se mettre en scène. […] Il s’est mis de bonne heure à son école. […] La raison se met en travers de la passion.

1312. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

et les indigents de ma paroisse, qui n’ont jamais un bon morceau à se mettre sous la dent ? […] Il s’habilla, mit en sa poche un revolver et descendit à pas de renard, avec des précautions infinies. […] Quand il fut près, elle lui mit vivement la main sur la tête, comme si elle prenait possession de lui. […] Elle se mit à nourrir un des enfants. […] Bien vite Charles se met entre elle et moi ; au bout d’un quart d’heure je surpris leur manège.

1313. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

L’heure était venue, où les Bordelais allaient être mis au pas, comme les en avait menacés la Convention. […] On mit en arrestation les membres ; qui l’avaient composé. […] Morte est ma mère et mis au rebut le berceau. […] Table est mise, et les flacons débouchés alternent les rasades avec les baisers. […] (Il leur met les morceaux dans la bouche.

1314. (1898) Essai sur Goethe

— que notre jugement sera définitif, mais en cherchant simplement à le mettre d’accord avec l’esprit actuel. […] Est-ce là le crime qui me met devant les yeux l’image d’une sombre vengeance ? […] On reconnaît la mise en scène des dernières pages de Werther. […] L’arrivée de Goethe mit ce petit monde en ébullition. […] Entre lui et son rêve de poète, il avait mis trop de minéraux, de végétaux, de paperasses administratives.

1315. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Le mari de Rose est d’un bout à l’autre un chef-d’œuvre de mise en scène. […] Dans quelques heures, l’armée française mettra le pied sur la terre de Saint-Domingue. […] Il a mis en tête des Méditations une lettre à M.  […] Il escalade les murs hérissés de fer, il met ses mains en lambeaux. […] que choisir parmi toutes les merveilles qu’il met à leur disposition ?

1316. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Octave Mirbeau, en somme ceux que le journalisme littéraire ne mettait pas en première ligne. […] Anatole France n’avait pas encore pris tout son développement ni toute l’ampleur de sérénité qui ont mis si haut son génie ardent et calme. […] L’opinion de Bruscambille vaut par le talent que Jean Lorrain met dans ses livres, et par le nombre de lecteurs du journal où il écrit. […] Le comte pense le mettre à ses cuisines. […] Les efforts du bûcheron sont infructueux, il s’y met lui-même.

1317. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre premier. De l’invention dans les sujets particuliers »

De l’invention dans les sujets particuliers J’ai indiqué jusqu’ici comment on accumule en soi-même les ressources qui mettent en état d’écrire. […] Au collège on a en général tout loisir : on peut défaire et recommencer son travail, et le mettre lentement au point. […] Certains faiseurs de romans et de comédies de nos jours ont dépensé la moitié de leur invention à décrire des mobiliers ou à établir une mise en scène.

1318. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Les legs de l’exposition philosophie de la danse »

Je crois fermement qu’il faut mettre au nombre de ces derniers la danse du ventre. […] Les personnes légères de chez nous se sont mises à les imiter, par divertissement. […] À preuve, qu’elle m’a mise trois fois dans une maison de correction pour m’empêcher de faire la noce !

1319. (1887) Discours et conférences « Appendice à la précédente conférence »

L’unité de l’esprit humain est le grand et consolant résultat qui sort du choc pacifique des idées, quand on met de côté les prétentions opposées des révélations dites surnaturelles. […] Dans une histoire de la littérature anglaise, on donne une place à Bède et Alcuin ; dans une histoire de la littérature française, nous mettons Grégoire de Tours et Abélard. […] Au-dessus de tout, comme règle suprême, mettons la liberté et le respect des hommes.

1320. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre premier. Impossibilité de s’en tenir à l’étude de quelques grandes œuvres » pp. 108-111

Suffit-il de mettre côte à côte ces études particulières, de présenter dans un ordre vaguement chronologique un monceau de vérités de détail sans lien entre elles ? […] Mais qu’un homme, un grand écrivain, si l’on veut, vienne préciser ce qui était nuageux, condenser ce qui était éparpillé, mettre en pleine lumière ce qui était encore enveloppé d’ombre, exposer brillamment ces besoins que beaucoup sentaient sans en avoir la conscience bien nette, alors on lui sait gré d’avoir « dit le secret de tout le monde », d’avoir exprimé tout haut ce que tant d’autres pensaient tout bas, d’avoir donné une voix à des aspirations jusque-là presque muettes. […] De là, pour l’historien, une double obligation : mettre en relief ces sommets dont la base plonge aux mêmes profondeurs que celle des cimes moins hautes ; construire le massif montagneux d’où se détachent et montent en plein ciel les pics les plus élevés.

1321. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 211-219

Il a dédaigné d’y mettre son nom, parce qu’il est moins jaloux de la célébrité, qu’animé du désir de se rendre utile. […] Nous exhortons l’Auteur à remplir la promesse qu’il fait dans sa premiere Lettre, sous le nom du Chevalier qu’il a mis en scene. […] Pour donner à la fois une idée du Poëme & du talent de l’Interprete, nous croyons devoir mettre sous les yeux du Lecteur le morceau où sont décrits les douze signes du Zodiaque.

1322. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VI. Des dictionnaires Historiques » pp. 220-228

Son but avoit été d’exposer en peu de mots les principales circonstances de la vie d’un homme illustre & les faits curieux dignes d’exercer la critique, & de les développer ensuite dans d’abondantes remarques mises au bas des pages. […] C’est un homme de lettres que sa situation n’ayant pas mis à portée de se laisser prévenir, a tâché de n’avoir d’autre intérêt que celui de la vérité. […] On a publié en 1768. deux Dictionnaires qui peuvent être mis dans la classe des historiques.

1323. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XVIII. La bague aux souhaits »

Elle ouvre le coffret qu’elle a apporté et en retire une bague d’argent : « Tu vas mettre cette bague à ton doigt. […] Elle appelle le chat et le chien et leur dit : « Mettez-vous à l’eau immédiatement, traversez le fleuve et rendez-vous à la case de votre maître. […] Il envoie ses captifs convoquer les hommes du village « Comment va-t-on mettre à mort ces deux là ? 

1324. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 478

Cet Auteur s’étoit mis dans la tête de copier Voiture, dont il n’a jamais pu approcher. Boileau le tourna en ridicule dans ses Satires, & mit dans celle du Festin, ce Vers dans la bouche d’un Campagnard : Le Pays, sans mentir, est un Bouffon plaisant.

1325. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Ils mettaient la piété au-dessus de tout, mais ils s’efforçaient de former la volonté et le jugement, afin qu’on pût faire en ce monde tous les devoirs d’un état honnête. […] En 1648, il fait et fait faire à Paris, à Rouen et à Clermont les fameuses expériences qui mettent en évidence la pesanteur de l’air. […] Au milieu de ces travaux, chaque crise qui froissait son âme maladive met à nu la profondeur de sa foi janséniste : de là la Prière pour le bon usage des maladies (1648), et de là la Lettre sur la mort de M.  […] Cette fois il avait, non pas exécuté définitivement l’abdication de son intelligence, mais trouvé la vérité supérieure qui pouvait mettre l’unité dans sa vie intellectuelle et morale, la vérité où étaient compris toute certitude et tout bonheur. […] Mais la grande source des idées profanes, si l’on peut dire, et purement rationnelles de Pascal, c’est Montaigne, dont la pensée, les mots mêmes et les images sont sans cesse l’étoffe à laquelle il met sa façon.

1326. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Ouvrage formidable, Descartes y avait résumé près de vingt années de cette réflexion si opiniâtre et si intense, à laquelle le monde n’offrait ni assez de solitude ni assez de liberté, et qu’il défendit contre toutes les distractions extérieures avec la même jalousie et le même esprit de conservation qu’on met à défendre sa vie. […] Descartes entreprend de se mettre en paix là-dessus. […] Descartes, par le Discours de la méthode, a mis du premier coup l’esprit français de pair avec l’esprit ancien. […] Plus l’individu qui voit la vérité se met lui-même dans l’ombre, plus nous voyons la vérité qu’il nous montre. […] C’est par sa logique que Descartes mit sa marque sur Port-Royal.

1327. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

L’Abrégé de leur Vie, que je mets sous les yeux de Votre Altesse Royale, a été composé pour être inséré dans la Galerie des Personnes célebres actuellement vivantes chez toutes les Nations. […] Quel Ecrivain s'inquiéta moins que lui de mettre de l'unité & de la suite dans ses conceptions ? […] Vous jugerez vous-même, Monsieur, s’il est possible de se défendre plus mal, par les détails que vous me demandez & que je vais mettre sous vos yeux. […] Que ne puis-je mettre sous les yeux du Public ces monumens de démence ! […] la personnalité y est substituée à la raison directe, l’injure mise à la place de la justification, un faux air de dédain opposé à la justice du reproche.

1328. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

De cette sentence, trop sommaire pour être juste, il faut excepter quelques œuvres que la sincérité du sentiment ou un effort original a mises hors de pair. […] « Dans cette tentative, nous dit le poète, loin de fuir les sciences, je me mets à leur école, je les invoque et les provoque. […] On voit que le poète s’est mis tout entier dans son œuvre avec son goût pour les grands problèmes, sa haute culture scientifique, avec tout son talent et aussi son entière sincérité. […] Déjà dans la préface, mise en avant de la traduction du De Natura, nous avions pu saisir la même hésitation ; ici elle s’accentue davantage. […] Est-ce le sonnet qui a raison, est-ce la triple strophe, mise en balance régulière avec le sonnet ?

1329. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Leur infécondité sinistre est expressément mise en relief par les observateurs. […] Un coup de pédale met en mouvement mille fils. […] L’excitation même, qui met en action les cellules cérébrales. […] L’appareil logique est une machine qui peut seulement élaborer la matière qu’on y a mise. […] La théologie et la métaphysique ne peuvent jamais être mises dans l’embarras.

1330. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Barrucand, Victor (1866-1937) »

Barrucand, Victor (1866-1937) [Bibliographie] Rythmes et rimes à mettre en musique (1886). — Amour idéal ; La chanson des mois ; Une partie d’échecs ; Triomphe (1889). […] Adolescent, il erre quelques années en Italie (Venise, Naples, Sicile), mais le voilà à Paris, écrivant des vers, Rythmes et rimes à mettre en musique, etc….

1331. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 118

Le grand nombre d’Ouvrages qu’il a déterrés & mis en lumiere, dans le Recueil intitulé Spicilege *, lui ont mérité une place parmi les Savans du siecle dernier ; les excellentes Préfaces qu’il a mises à la tête de chaque édition, prouvent qu’il auroit pu ne pas se borner à la simple qualité d’Editeur.

1332. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » p. 515

Avec les talens qu'il paroît avoir, il eût pu choisir un autre genre que celui auquel il s'est attaché ; mais enfin ses petits Romans, connus sous le nom de Nouvelles, ont un but honnête ; la morale y est mise en action avec intelligence, avec sensibilité, & c'en est assez pour le justifier d'y avoir consacré son temps. […] S'il veut s'appliquer dans la suite à mettre plus de precision dans son style, à dégager les événemens de certains détails superflus qui refroidissent la narration & affoiblissent l'intérêt principal, nous lui promettons du succès, même pour des Ouvrages d'un genre supérieur.

1333. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

Il faut bien s’y résigner ; il y a des noms qu’on ne connaissait pas hier et qu’il faut se mettre à apprendre aujourd’hui ; il y a, en dehors de ceux qu’on cite tous les jours, des mérites et des talents réels qui font tôt ou tard leur entrée et leur avènement dans notre monde. […] Vous êtes entré dans une voie que vous ne sauriez suivre jusqu’au bout sans mettre en péril une foule d’idées qui vous sont encore chères et sacrées. » Nous sommes avertis, en effet, par l’auteur dans la courte préface qu’il a mise en tête, que ce volume renferme « des manières de dire et de penser qui lui sont devenues à peu près étrangères ». […] Le caractère scolastique essentiel à la pensée de De Maistre est parfaitement mis à nu et démontré. […] On raconte qu’Alfred de Musset, tout enfant, eut un jour de petits souliers rouges fort jolis, qu’on appelle, je crois, des mignons, et pendant qu’on les lui mettait pour aller à la promenade, comme cela tardait un peu, il s’impatientait et disait à sa bonne : « Dépêche-toi, je yeux sortir, mes mignons seront trop vieux. » Lamennais était cet enfant, et comme lui avide, à sa manière, de jouir ; en présence de la vérité qu’il essayait, il était si pressé, si impatient, qu’on aurait dit qu’à tarder d’un seul instant, elle allait devenir trop vieille.

1334. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

Je connus l’abbé Lacordaire à l’époque de ses premiers débuts et pendant tout le cours de sa liaison avec l’abbé de Lamennais, et je continuai de le voir encore dans les années qui suivirent, jusqu’à ce que son dernier habit fût venu mettre une sorte de barrière entre les profanes purement respectueux et lui. […] Croyez-vous qu’un jeune incrédule qui vous verrait à cheval serait tenté, le soir, de se mettre à genoux devant vous et de vous découvrir les misères de son cœur ? […] Un homme à cheval est trop haut pour qu’on se mette à genoux devant lui. […] Mais ici je ne souris plus, et je dis avec toute l’énergie et la conviction d’un sentiment qui a aussi sa certitude : De telles assertions, mises en pratique, et appliquées dans l’éducation, seraient la mort des bonnes et saines études et du véritable esprit qui doit y présider, — de l’esprit proprement moderne. […] Ne tromper personne, à commencer par soi-même, ne s’en faire accroire ni à soi ni aux autres ; n’être ni dupe, ni charlatan à aucun degré ; ne jamais aller prendre et montrer des vessies pour des lanternes (je parle à la Rabelais), ou des phrases brillantes pour des idées, ou de pures idées pour des faits ; mettre en tout la parfaite bonne foi avant la foi ; c’est aussi là un programme très-sain et un bon régime salubre pour l’esprit.

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