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1297. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Mais, à mesure qu’il mûrissait, son génie devenait plus grave. […] C’est en les imitant que vous vous ferez connaître et estimer à mesure que votre âge et les circonstances particulières de votre vie vous feront distinguer davantage entre vos collègues.

1298. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Il fallait, non plus triompher des extravagances de Ronsard, c’était devenu trop facile ; mais découvrir dans l’ordre, dans la mesure, dans le langage plus choisi de ses deux disciples, les vices secrets que protégeait la timidité même de ce commencement de réforme. […] Le témoignage que se rend Malherbe, devançant le jugement que Boileau devait porter de lui, et donnant de son vivant la mesure de sa renommée, est de ceux dont Montaigne a dit126 : « je ne veulxpas que, de peur de faillir du costé de la presomption, un homme se mescognoisse pourtant, ny qu’il pense estre moins que ce qu’il est… C’est raison qu’il veoy en ce subject, comme ailleurs, ce que la vérité luy présente ; si c’est César, qu’il se trouve hardiement le plus grand capitaine du monde. » L’histoire doit recueillir ces éloges que les poëtes font d’eux-mêmes car, selon que la postérité les a confirmés ou démentis, c’est la punition de l’erreur qui a égaré les uns, ou la consécration de la vérité qui a inspiré les autres.

1299. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

Tout ce mouvement autour du mourant, d’abord de respect et d’intérêt pour une vie de si grande importance, puis, à mesure que les chances de guérison diminuent, d’ambition et de précautions avec le règne futur ; ces appartements du duc d’Orléans encombrés, « à n’y pas mettre une épingle », quand le roi est désespéré, vides et déserts sur le bruit qu’il est mieux ; ces valets qui pleurent, les seuls vrais amis du monarque ; la froide et triste octogénaire qui assiste l’œil sec à sa longue agonie, profitant des courts répits du mal pour faire ajouter à la part des bâtards, et quand le roi n’est plus qu’un moribond qui ne peut plus ni ôter ni donner, n’attendant pas la fin et se sauvant à Saint-Cyr ; ces grandes et touchantes paroles du roi ; cette attente de la mort dans la majesté qu’il mettait à toutes ses actions, sans défaillances, sauf celles de la nature quand le combat va finir ; cette inquiétude du chrétien, qui craint que ses souffrances ne soient une trop faible expiation de ses fautes ; tout cela raconté au jour le jour, dans l’ordre où chaque chose arrive, parmi des détails sur le service intérieur, l’étiquette, les allées et les venues des courtisans et des gens de service, les messes entendues dans le lit et les derniers repas du mourant ; tout cela, dans son abandon, égale l’art le plus consommé. […] Leur feu n’est point cette ardeur fébrile du cerveau qui précipite les pensées, c’est l’émotion qui croît à mesure que la vérité se découvre.

1300. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

Une seconde Brangaene, Madame Sthamer-Andriessen, de l’Opéra de Leipzig ; Mesdames Sthamer-Andriessen et Staudigl chantent encore (dans la coulisse) les quelques mesures de l’alto solo, à la fin du premier acte de Parsifal. […] Vous avez compris parce que je vous ai dit de la position des Patrons vis à vis de moi, que l’idée d’un gain pour les acteurs est exclus, qu’il faut même les considérer comme disposés à un sacrifice ; j’ai cependant arrangé les choses pour que, au cas d’un sacrifice impossible, il y eût possibilité de dédommagements ; et même grâce au dévouement de plusieurs artistes distingués, je suis en mesure d’empêcher qu’aucun des artistes n’ait à me refuser à cause de difficultés matérielles.

1301. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

La première scène s’est encore une fois terminée par trois superbes mesures que Wagner, s’il vivait, regretterait de ne pas avoir écrites ; et l’on a immédiatement entamé le monologue de Siegmund (Siegmound à l’Eden-Théâtre) : Ô glaive promis par mon père ! […] Listz dirigeait l’orchestre, et, lorsqu’il entra, les artistes lui remirent un bâton de mesure en argent ciselé, entouré d’une inscription analogue à la circonstance.

1302. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Jusqu’ici on conviendra que Chamfort ne semble pas avoir eu tant à se plaindre de l’ancienne société, et qu’il a été payé de ses productions outre mesure. […] La pensée seule, la réflexion solitaire console sans doute aussi ; mais cette méditation contemplative, chez un naturel ardent, exige une sorte de vertu pour qu’il ne tourne pas à l’aigreur et à l’envie quand il se mesure aux autres.

1303. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. Guizot »

Si elle y ajoute quelque chose, elle est donc science, dans la mesure où elle y ajoute. […] Et si l’on accorde que nous pouvons démontrer l’existence de Dieu, comment ne pas accorder qu’il y a une science de l’infini, au moins dans la mesure où cette démonstration est concluante ?

1304. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre III. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire sacrée & ecclésiastique. » pp. 32-86

A mesure que nous descendons vers les derniers siécles de l’Eglise, nous trouvons l’Histoire du Calvinisme, par Solier in-4°. […] Vous saurez réduire à leur juste mesure les éloges excessifs que ces Panégyristes ont donnés à leur héros, sur-tout lorsque ce sont des Religieux qui ont écrit la vie de leur Fondateur.

1305. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

Que les fous vont l’emportant ; La mesure en est plus pleine. […] « La nature les instruit à mesure que la nécessité les presse (la nature les instruit, c’est-à-dire ils inventent de nouvelles choses).

1306. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

refaisant, raturant, savetant, ajoutant de nouvelles impressions aux anciennes, à ses notes d’autres notes, fourmi de travail entassant fétus sur fétus, grains de poussière sur grains de poussière… Cela peut être intéressant à voir faire, mais assurément ce n’est pas là de la Critique, cette grande chose de mesure et de poids, de principes et de certitude. […] Ces qualités ont séduit le dix-neuvième siècle… Et elles l’ont séduit d’autant plus que dans une certaine mesure — la mesure d’un homme à un siècle — le dix-neuvième siècle qui se croit aussi un siècle critique, les partage.

1307. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

La mesure et l’équilibré, qui sont l’essence de toute justice, n’existent plus, fût-ce dans les causes justes, si la passion enflamme ces causes. […] La fraternité s’est retirée de ce monde à mesure que la Libre Pensée en retirait Dieu, et elle n’y rentrera qu’avec lui.

1308. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Elle remplissait la vallée à notre droite, vallée profonde, qui se boisait de plus en plus, à mesure que nous avancions, et où des masses feuillues, d’abord isolées, se groupaient, et bientôt, joignant leurs cimes, couvraient d’une frondaison sans clairière toute la courbe d’une chaîne de montagnes à l’autre. […] À mesure que vous l’étudierez davantage, vous découvrirez ses secrètes habiletés.

1309. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite et fin.) »

Elle passa et outrepassa la mesure.

1310. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — II »

Loin de s’affaiblir et de s’effacer, comme il arrive chez certains talents impuissants à rien reproduire, elles se sont forcées et chargées outre mesure.

1311. (1874) Premiers lundis. Tome I « Espoir et vœu du mouvement littéraire et poétique après la Révolution de 1830. »

Toutes ces impressions d’une âme sympathique avec l’esprit nouveau des temps, cette croyance à une philosophie plus réelle et plus humaine, cette liberté morale reconquise, cette spontanéité reconnue, cette confiance accordée aux facultés les plus glorieuses et les plus désintéressées de notre être, toutes ces qualités et ces vues de madame de Staël, en passant dans les livres d’art qu’elle composa, leur donnèrent un tour unique, une originalité vraiment moderne, des trésors de chaleur, d’émotion et de vie, une portée immense quoique parfois hors de mesure avec la réalité.

1312. (1874) Premiers lundis. Tome II « Alexis de Tocqueville. De la démocratie en Amérique. »

La Pensylvanie avait d’abord essayé d’établir une Assemblée unique, et Franklin, obéissant à la logique rigoureuse, avait poussé à cette mesure.

1313. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre II. Précurseurs et initiateurs du xviiie  siècle »

Seul à l’Académie, il vota contre l’exclusion de l’abbé de Saint-Pierre, contre cette mesure d’hypocrite servilité.

1314. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Coppée, François (1842-1908) »

François Coppée garde presque toujours une mesure parfaite.

1315. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXI. Le littérateur chez les peintres » pp. 269-282

Dans la mesure habituelle où ces chroniqueurs nous charment, leurs chroniques d’Exposition sont séduisantes.

1316. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IX. L’antinomie politique » pp. 193-207

L’individu, même très supérieur, et précisément dans la mesure où il est supérieur, doit sacrifier quelque chose de sa personnalité pour se mettre au niveau ou à l’unisson du groupe.

1317. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIX. Progression croissante d’enthousiasme et d’exaltation. »

Dépassant toute mesure, il osait dire : « Si quelqu’un veut être mon disciple, qu’il renonce à lui-même et me suive !

1318. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XX. Opposition contre Jésus. »

Sans doute, ces mesures conservatrices avaient eu leur côté utile ; il est bon que le peuple juif ait aimé sa Loi jusqu’à la folie, puisque c’est cet amour frénétique qui, en sauvant le mosaïsme sons Antiochus Épiphane et sous Hérode, a gardé le levain d’où devait sortir le christianisme.

1319. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VII » pp. 56-69

« Sans une certaine mesure dans l’humeur, les assemblées seraient trop tristes ou trop gaillardes ; ce seraient des convois funèbres ou des spectacles licencieux.

1320. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre premier. L’idée force du monde extérieur »

L’existence ne se mesure pas seulement pour nous au pâtir, mais encore et surtout à l’agir.

1321. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VIII. Suite du chapitre précédent. De la parole traditionnelle. De la parole écrite. De la lettre. Magistrature de la pensée dans ces trois âges de l’esprit humain » pp. 179-193

Nous ne pouvons assez le remarquer, le symptôme effrayant des temps où nous vivons c’est l’activité dévorante des esprits qui est hors de proportion avec la mesure du temps.

1322. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIII. Mme Swetchine »

… Les livres ne ressemblent-ils pas aux chemins, dont la longueur ne se mesure point au nombre de pas qu’ils nous obligent à faire, mais à l’intérêt ou à l’ennui de la pensée, pendant qu’on les fait ?

1323. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Société française pendant la Révolution »

Frères par la pensée comme par le sang, espèces de Ménechmes littéraires, tellement semblables (du moins quand on les lit) qu’on ne sait plus où l’un finit et où l’autre commence, et qu’ils semblent n’avoir à eux deux qu’une seule plume et qu’un même cerveau, MM. de Goncourt, pleins de confiance en eux-mêmes, par amour fraternel sans doute, — ce qui les préserve de la fatuité, — se sont dit un beau jour, après avoir collectionné des anecdotes et jeté l’épervier dans les courants les plus ignorés du renseignement, qu’ils étaient en mesure d’écrire cette œuvre immense, de détails concentrés et d’ensemble, que l’on appelle l’histoire d’une société.

1324. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Royalistes et Républicains »

Ceci peut donner assez exactement la mesure de Thureau-Dangin et le ton de ses opinions.

1325. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Prévost-Paradol » pp. 155-167

Comme tous les hommes qui sont, du reste, plus des rhéteurs que des écrivains, Paradol ne se soucie point du mot nuancé qui exprime la vérité des choses, et il fausse celui qu’il emploie en croyant le rendre plus fort… L’écrivain sincèrement passionné s’y prend de tout autre manière, car il a la mesure de sa passion même, tandis que ceux-là qui travaillent à froid et n’ont rien, comme disait Diderot, sous la mamelle gauche, craignent de manquer leur coup, et le manquent de peur de le manquer.

1326. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Taine » pp. 231-243

Pour nous, qui ne sommes ni les amis d’Hegel ni les amis de Comte, un tel homme par lui-même est d’un intérêt assez mince, pour ne pas dire un mot plus dur… En exposant sa doctrine et en la vantant outre mesure, M. 

1327. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Jules Girard » pp. 327-340

C’est cette raison qui, dans l’art littéraire des Grecs comme dans les autres arts, retranche, combine, mesure, équilibre, sacrifie le détail vigoureux à ce qu’elle appelle un peu vaguement l’harmonie de l’ensemble, dispute enfin, dispute avec la forme, comme, en philosophie, elle dispute avec le fond, chez ce peuple disputeur par excellence, pour qui la harangue même, dont nous parlions plus haut, n’était qu’une des formes de la dispute éternelle.

1328. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Maintenon » pp. 27-40

il est assez de favorites et de maîtresses dans l’histoire du passé, et même de maîtresses devenues des épouses ; mais prenez-les toutes et comparez-les à madame de Maintenon, vous aurez la mesure de sa grandeur !

1329. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Félix Rocquain » pp. 229-242

Il n’est pas douteux pour qui que ce soit que si cet historien avait vécu dans la mêlée du temps qu’il raconte, il n’eût parlé, écrit, agi, dans la mesure de sa force, qui n’est pas grande, il est vrai, mais dans le sens de tous ceux-là dont il nous répète les observations, les opinions et les maximes.

1330. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Abailard et Héloïse »

Oddoul, en les vantant outre mesure, leur a communiqué une espèce d’innocence, l’innocence d’une forme grotesque et de sa propre nullité.

1331. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « X. Doudan »

Les sentiments et les sensations de ses lettres, exprimés avec la magie d’une forme très personnelle, sont infiniment au-dessus des jugements qu’on y trouve, et puisque ces lettres sont une histoire littéraire du temps où leur auteur vivait, il faut se demander, pour avoir une idée de son coup d’œil, ce qu’il a vu dans le xixe  siècle à mesure qu’il se déroulait devant lui.

1332. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIX. Abailard »

Oddoul, en les vantant outre mesure, leur a communiqué une espèce d’innocence, l’innocence d’une forme grotesque et de sa propre nullité.

1333. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « A. Dumas. La Question du Divorce » pp. 377-390

Ce n’est pas davantage une question pour une nation politique, car la vraie et grande politique ne se préoccupe que de ce qui est l’intérêt social, et non pas de l’intérêt individuel que les Épicuriens, les jouisseurs et les myopes, qui font de la justice à la mesure de leurs pauvres sensibilités, ont toujours envisagé, depuis que cette question du divorce s’agite sur le tambour de la révolte, battant la charge contre tout ce qui n’est pas la plus impossible des égalités !

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