Ceci bouleverse toute l’économie domestique et, pour ainsi dire, le régime de la littérature. […] Voltaire, qui s’était enrichi par d’autres voies, savait très-bien l’influence de la richesse sur les mœurs de la littérature (je prends mœurs dans le sens que lui donnent les rhéteurs), et quand on venait lui faire de grandes phrases à la Jean-Jacques, il vous répondait par le Mondain. Notez encore l’action séductrice que les trois ou quatre grandes fortunes littéraires d’un temps exercent sur la foule des jeunes gens et sur les rangs secondaires de la littérature.
Un critique, qui m’a tout l’air d’appartenir d’assez près à la littérature difficile, a cru trouver dernièrement une grande preuve de l’insuffisance de la poésie nouvelle dans la facilité avec laquelle le premier venu, homme d’esprit, pouvait se mettre au fait de toutes les ressources du genre. […] Amoureux de notre littérature et voulant y prendre pied au nom de la sienne, il a pensé qu’à sa poésie un peu de moucheture et de bigarrure ne messiérait pas, et que quelques grains d’Émile Deschamps ou d’Alfred de Musset, à la surface, ne seraient qu’un piquant de plus comme pour de certaines beautés. […] Que le poétique traducteur étende le cercle des auteurs et des morceaux qu’il juge bons à produire, qu’il resserre à la fois de plus en plus sa correction élégante et, s’il se peut, sa littérale exactitude ; nous lui devrons accès en une littérature jusqu’ici close, et qui, probablement, ne nous ouvrirait pas cette porte sans lui.
Voilà les vraies découvertes qu’il a faites, et pour lesquelles la littérature lui est redevable. […] De la poésie il nous mène à la peinture, et il tente une hardie transposition d’art : il rend avec les moyens de la littérature, avec des mots, des effets qui semblaient exiger la couleur. […] Voilà comment Bernardin de Saint-Pierre a puissamment contribué chez nous au renouvellement de la littérature.
I Henri Rochefort est un des plus beaux fils de cette Chronique que j’accusais récemment d’être un genre mortel à la littérature et au talent, et qui, comme la Révolution française, comparée par Vergniaud à Saturne, doit dévorer tous ses enfants… La Chronique ne coupera point la tête aux siens, comme la Révolution française, mais elle leur videra le cerveau. […] Molière, le sérieux, le pensif et mélancolique Molière, n’est point gai, en ses sublimes comédies, et il n’est pas moins le plus grand comique qui soit dans les littératures du monde connu. […] Et Beaumarchais, avec les deux chefs-d’œuvre de légèreté dont il orna le théâtre, et le troisième (ses Mémoires), dont il orna la littérature, eut tout son génie en gaîté, dans la plus vraie et la plus vive acception du mot, — et ni la satire politique qu’il aiguisait, de toutes les satires la plus cruelle, ni le craquement d’un monde qui s’en venait bas et dont il précipita, lui aussi !
Accusons-les d’être « les bâtards des littératures étrangères » ; M. […] s’il s’agit de littérature, non, cent fois non ! […] Je puis donc concevoir une littérature qui subordonnerait, de parti pris, les sensations aux sentiments, et les sentiments aux pensées, et cette littérature sera légitime, et cette littérature sera vraie, que dis-je ? […] quelque souci des littératures étrangères ! […] Ce « maréchal de la littérature » est un triste modèle.
Cet excellent Discours qui présente les révolutions de notre Littérature depuis son origine jusqu'à présent, est tout à la fois un Tableau historique des Productions du génie, un Code abrégé des regles du bon goût, & une habile Critique des travers de nos Littérateurs actuels. […] En parcourant les différentes branches de la Littérature, on y met en opposition les Ecrivains qui ont préparé le Siecle de Louis XIV, avec ceux d'aujourd'hui ; & ce parallele, tracé avec autant de lumiere que de vérité, malgré les exceptions qu'on a soin de faire, ne tourne point à l'avantage des derniers.
Taine, un chapitre de Roodbu sur la peinture, les recherches de Posnettbv sur la littérature de clan, de Parker sur l’origine des sentiments que nous associons à certaines couleurs, de Rentonbw et de Bainbx sur les formes du style. […] Hutcheson Macaulay Posnett, universitaire néo-zélandais, grand lecteur de Spencer, auteur d’une Comparative Literature (Londres, 1886), est un des pionniers de la « littérature comparée ».
Quoi tout avait été remué, secoué, bouleversé, et seule la littérature semblait être restée en place, immobile comme le dieu Terme ! […] Il développa surtout son génie par ses lectures de poètes en tout sens et dans toutes les littératures. […] Sainte-Beuve rompit l’étiquette et fit acte de révolutionnaire en littérature après lui plus de sujets roturiers. […] Villemain, en rentrant au ministère, avait créé pour lui le cours des littératures du Midi au Collège de France. […] La vie politique le prit à la littérature et à l’enseignement, et il y transporta ses nobles habitudes de pensée et d’action.
Il condamnait une littérature qui se contente de peindre ce qu’on voit. […] Les littératures germaniques, aussi, mais moins. […] Elle était férue de cette littérature troublante : cette littérature lui a tourné la tête. […] Il aimait la littérature pour elle-même, et non pour l’emploi qu’on en peut faire. […] Ce n’est pas toujours au bénéfice de la littérature.
Personne n’a contribué plus activement à répandre parmi nous la connaissance et le goût de la littérature allemande. […] Là se termine l’ère des littératures exclusivement nationales. […] Le premier volume, qui a seul paru jusqu’à présent, traite de la littérature anglaise depuis Milton et Dryden jusqu’à Burns. […] L’histoire de la littérature werthérienne en France, avant Mme de Staël, a son intérêt. […] Nos colonies eurent aussi leurs essais de littérature werthérienne.
Ceci est une simple causerie sur la littérature et l’art ; ce sont quelques aperçus, quelques indications rapides. […] Ainsi, soit par ressemblance, soit par contraste, la littérature peint les mœurs du siècle. […] On a proposé, non sans apparence, de diviser toutes les littératures européennes en deux grandes familles : les littératures du Nord et les littératures du Midi. […] Le climat de la France étant intermédiaire, la littérature française participe des littératures du Midi et des littératures du Nord, ou du moins sert de trait d’union entre les unes et les autres. […] Il y a, dans la littérature courante comme dans les modes, des articles d’été et des articles d’hiver.
Elle vit là tout un renouvellement de la littérature, et, du reste, elle avait raison. […] Ses idées, même sur la littérature française, en furent changées. […] Remarquez-vous que la littérature française n’est point une littérature populaire ? […] « La littérature des anciens est chez les modernes une littérature transplantée, la littérature romantique ou chevaleresque est chez nous indigène, et c’est notre religion et nos institutions qui l’ont fait éclore. » Il nous faut une littérature « romantique », parce que le romantisme, c’est le retour au moyen âge, c’est-à-dire à l’origine même de la façon moderne de sentir. […] La littérature française n’est point populaire, parce qu’aucune littérature n’est populaire.
Les dialogues de nos écrivains d’observation satirique, de la lignée d’Henri Monnier, voilà assez exactement l’analogue de la littérature d’Hérodas. […] Et Bûchette et Jeanie, qui regarde en dedans, et Ilsée, Ilsée qui est l’apparition la plus essentielle que je sache ; et Marjolaine qui, la nuit, jette des grains de sable contre les sept cruches multicolores et pleines de rêves, et Cice, la petite sœur de Cendrillon, Cice et son chat qui attendent le prince ; et Lily, puis Monelle qui revient… Je ne puis tout citer de ces pages, les plus parfaites qui soient dans nos littératures, les plus simples et les plus religieusement profondes qu’il m’ait été donné de lire, et qui, par je ne sais quel sortilège admirable, semblent flotter sans cesse entre, deux éternités indécises… Je ne puis tout citer ; mais, cependant, la Fuite de Monelle, cette Fuite de Monelle qui est un chef-d’œuvre d’une incomparable douceur, et sa patience et son royaume et sa résurrection, lorsque ce livre se renferme sur d’autres paroles de l’enfant, qui entourent d’âme toute l’œuvre, comme les vieilles villes étaient entourées d’eau… [Mercure de France (août 1894).]
On commence à connoître que quelques traits de Morale & de Littérature, dont les uns sont communs & les autres hasardés ; que des pensées & des réflexions détachées ; que des lambeaux de traduction secs & froids ; que des Eloges écrits d’un style plus imposant & plus maniéré, que solide & vigoureux ; que des Essais sans dessein, sans méthode, sans profondeur, sans vûes, sont de foibles titres pour une célébrité durable. […] C’est pour nous avoir laissé des Lettres qui sont un chef-d’œuvre d’éloquence ; pour avoir enrichi l’esprit humain de pensées profondes, fortes & sublimes ; pour avoir lancé, dans cinq ou six traits de plume, plus de lumiere & de génie qu’on n’en trouve dans tout ce qui paroît accumulé avec tant d’effort dans des volumes de Mélanges de Littérature, d’Histoire, & de Philosophie.
Napoléon sans le vouloir avait servi par cette tyrannie la gloire de son ennemie : ce livre fut la restauration du spiritualisme dans la philosophie, de l’originalité dans la littérature, de la liberté dans sa politique, de la conscience dans l’esprit humain. Il fit pour la littérature ce que le Génie du Christianisme de M. de Chateaubriand avait fait pour le catholicisme ; il fit plus, car dans son livre de l’Allemagne madame de Staël inaugurait une force nouvelle dans le domaine de l’intelligence et de l’art. […] La littérature ainsi comprise, au lieu d’être un jeu de l’esprit, devenait une sublime morale révélée par le talent ; c’était le culte du beau inséparable du bien et confondant la vérité et la gloire ; en un mot, la littérature de la conscience au lieu de la littérature de l’imagination. […] Un tel livre était l’hymne du spiritualisme chanté par une voix émue sur les débris de la littérature matérialiste qui venait d’apostasier Dieu, l’âme, l’immortalité, la liberté, et de se ravaler au service et à la glorification de la tyrannie. […] Il n’a parlé que de ce qu’il fallait éviter ; il n’a insisté que sur des préceptes de raison et de sagesse qui ont introduit dans la littérature une sorte de pédanterie très-nuisible au sublime élan des arts.
Universels par leur gloire, ce sont les César et les Alexandre de la littérature ; ils ont asservi de vastes provinces de la pensée humaine. […] Ses œuvres sont une littérature tirée d’elle-même, des mœurs, des histoires, des passions du moyen âge. Cette littérature puissante et rude comme le climat et comme le temps, n’a rien de commun avec la littérature grecque ou latine, encore moins avec les molles et perverses imitations de la Grèce ou de Rome par l’Italie moderne, par l’Espagne ou par la France jusqu’à Corneille. […] Il publia aussi alors ses Lettres sur les Anglais, dans lesquelles il faisait connaître et goûter à la France les institutions libres, l’éloquence virile, la science pratique, et la littérature neuve de la Grande-Bretagne. […] Ce genre d’histoire anecdotique était inconnu jusque-là dans la littérature sérieuse.
. — Littérature et philosophie mêlées (1864). — William Shakespeare (1864) […] [Histoire de la littérature dramatique (1858).] […] [Études d’histoire et de littérature (1859).] […] Mais, en vérité, aux plus mauvaises époques de notre littérature, dans les quintessences de l’hôtel de Rambouillet, dans les périphrases de l’école didactique, jamais, jamais, entendez-vous ! […] Monument en ce désert, avec le silence loin ; dans une crypte, la divinité ainsi d’une majestueuse idée inconsciente, à savoir, que la forme appelée vers est simplement elle-même la littérature.
» De la littérature contemporaine, jamais un mot. La littérature française finissait à l’abbé Delille. […] peut-être la littérature implique-t-elle un peu de péché. […] Sa conception du monde était très aristocratique, mais il admettait trois aristocraties, la noblesse, le clergé et la littérature. […] La littérature y est livrée à toutes les disputes ; le joug du dogme classique y est moins lourd.
Le numéro témoigne également d’un intérêt pour la « littérature brute », avec la publication d’un extrait des Mystères des Colonies d’Oulins de Georges Séraphin (voir ci-dessous note 28) et d’une chronique théâtrale en vers du même auteur, paradoxale entrée du théâtre dans la revue qui lui consacre ensuite une place importante. […] En 1919, les Poésies d’Isidore Ducasse sont republiées pour la première fois par André Breton dans Littérature. […] Henriette Charasson dans le chapitre consacré à la « littérature féminine » de Vingt-cinq ans de littérature française (publié sous la direction d’Eugène Montfort, t. […] Il tâche de dresser un panorama de la littérature contemporaine, analysant les romans et poèmes issus de la guerre, étudiant la vogue du roman d’aventures ou le recul du vers réguliers. […] Il est l’inventeur, note André Billy, du « poème synoptique sur trois plans » et « chante la vie moderne dans ce qu’elle a d’exalté » (André Billy, La Littérature française contemporaine.
Plus avancés aujourd’hui, nous devons porter sur ce livre un jugement plus philosophique encore, en le rattachant à toute la littérature contemporaine. […] Les ouvrages remarquables qui appartiennent à cette poésie triste, malade, si l’on veut, mais prophétique, se sont tellement accumulés, qu’à l’exception des trois ou quatre œuvres d’un caractère différent dont nous avons expliqué la cause génératrice, tout le fond de la littérature européenne est teint de cette couleur. […] La littérature de notre époque, symbole du chaos où nous nous agitons, et d’où sortira un monde, est presque uniformément couverte d’un grand voile de mélancolie. […] Mais, si les considérations que j’ai émises tout à l’heure sont vraies, une telle comparaison entre Werther et les œuvres analogues qui l’ont suivi, même en se restreignant à celles qui ont le plus de rapport avec lui, ne serait rien moins qu’un tableau et une histoire de la littérature européenne depuis près d’un siècle : ce serait la formule générale de cette littérature, donnant à la fois son unité et sa variété, ce qu’il y a de permanent en elle et ce qu’il y a de variable, à savoir la forme que revêt, suivant l’âge de l’auteur, suivant son sexe, son pays, sa position sociale, ses douleurs personnelles, et au milieu des événements généraux et des divers systèmes d’idées qui l’entourent, cette pensée religieuse et irréligieuse à la fois que le Dix-Huitième Siècle a léguée au nôtre comme un funeste et glorieux héritage. […] Comment Werther et Faust ont-ils pu naître5 en 1774, immédiatement après Marivaux et Crébillon fils, et lorsque la littérature française en était à Marmontel, à La Harpe, et à Florian ?
1840 On commence à répéter souvent, parce qu’en effet cela devient chaque jour plus sensible, que la littérature de ces dix dernières années se sépare de celle de la Restauration par des traits fort tranchés et par une physionomie qui marque véritablement une nouvelle époque. […] A celui-ci du moins l’honneur d’avoir le premier risqué le roman français en plein océan, d’avoir le premier comme découvert notre Méditerranée en littérature ! […] Et, avant tout, qu’on me permette une remarque que j’ai eu très-souvent occasion de faire en ce temps où la littérature et la société sont dans un tel pêle-mêle, et où la vie d’artiste et celle d’homme du monde semblent perpétuellement s’échanger. S’il devient banal de redire que la littérature est l’expression de la société, il n’est pas moins vrai d’ajouter que la société aussi se fait l’expression volontiers et la traduction de la littérature. […] Rien certes ne saurait être plus éloigné du genre de progrès et de perfectionnement graduel auquel nous nous permettions d’inviter l’auteur d’Arthur ; la littérature proprement dite n’a plus que faire ici.
Il est curieux que notre littérature nous offre deux exemplaires de M. […] En philosophie, en littérature, partout, il pose la souveraineté de la raison, égale en tous les hommes, et qui a charge et pouvoir de reconnaître la vérité. Par sa raison individuelle, à l’aide de son expérience personnelle, confrontant l’Amérique et la Grèce, il trouve le principe fondamental de la littérature classique : il s’assure que les anciens ont parlé selon la vérité, selon la nature, et voilà leur autorité fondée en raison. Il réduit l’éducation à la formation de l’honnête homme, et restreignant la littérature à l’usage de l’honnête homme, il l’enferme dans la morale, dans la recherche d’une règle de la vie, et la description des formes de la vie. […] Et l’un des caractères éminents qu’il offre, c’est celui par lequel la littérature classique apparaît surtout comme une des plus pures formes de l’esprit français : c’est cet ensemble de qualités sociables, cette vive lumière d’universelle intelligibilité, qui fait des Essais un livre humain, et non pas seulement français.
Je ne repousse pas cette coutume, elle crée, contre — j’aimerais que ce fût pour — la Littérature, une exception qui convient. […] Le vers, aux occasions, fulmine, rareté (quoiqu’ait été l’instant vu que tout, mesuré, l’est) : comme la Littérature, malgré le besoin, propre à vous et à nous, de la perpétuer dans chaque âge, représente un produit singulier. […] Or, voici qu’à cette mise en demeure extraordinaire, tout à l’heure, révoquant les titres d’une fonction notoire, quand s’agissait, plutôt, d’enguirlander l’autel ; à ce subit envahissement, comme d’une sorte indéfinissable de défiance (pas même devant mes forces), je réponds par une exagération, certes, et vous en prévenant — Oui, que la Littérature existe et, si l’on veut, seule, à l’exclusion de tout. […] Avec l’ingénuité de notre fonds, ce legs, l’orthographe, des antiques grimoires, isole, en tant que Littérature, spontanément elle, une façon de noter. […] La littérature, d’accord avec la faim, consiste à supprimer le Monsieur qui reste en l’écrivant, celui-ci que vient-il faire, au vu des siens, quotidiennement ?
Moréas avaient retrouvé la veine oubliée de la chanson, mais avec peut-être trop de visible littérature, trop peu d’apparent abandon. […] Les littératures de l’étranger se sont fréquemment rapprochées du vieux sol où fleurissent les croyances d’un temps jadis. […] C’est là, je le crois, un legs de cette littérature latine qu’une parenté de langage nous imposa trop longtemps. […] Mais à être si loin de ce qu’on voit et connaît, on risque d’être loin de soi-même : le défaut de cette tendance c’est d’amener à une littérature plus artificielle. […] L’afflux trop puissant de la littérature antique aux xve et xvie siècles nous a jetés trop loin de nous ; seul Rabelais avait pu se plonger dans ce courant sans qu’il l’emportât : les autres n’y purent résister et nous sommes partis pour ailleurs.
Depuis que Diderot et Grimm ont inauguré en France la critique des Salons, ce sont presque toujours des littérateurs qui ont rendu compte des expositions de statues ou de tableaux, et presque toujours ils Pont fait plus ou moins au point de vue de la littérature. […] En général, littérature ou peinture, Théophile Gautier est un Français légèrement révolté, un réfractaire. […] Je n’ai point parlé de cette quantité de jolies nouvelles attirantes dans leur étrangeté : La Morte amoureuse, qui vient bien après Une Larme du diable ; Une Nuit de Cléopâtre, Le Roi Candaule, qui me font l’effet d’être du pur Gérome en littérature ; — de Jean et Jeannette, récit léger d’un genre tout différent, une manière d’agréable pastel du xviiie siècle, une sorte de duel serré avec Marivaux et la reprise en roman des Jeux de l’Amour et du Hasard. […] Il semble avoir pris partout pour devise ce mot de Jean et Jeannette ; « Le masque nous a rendus vrais. » Mais ce qu’il faut dire pour juger ce roman à son vrai point de vue, c’est que c’est le chef-d’œuvre de la littérature Louis XIII qui sort de terre, après plus de deux siècles, avec tout un vernis de nouveauté. […] Théophile Gautier s’est incrusté par là dans la littérature du passé.
Le président n’a pas vécu à Paris ; il a été l’un des derniers grands représentants de l’érudition et de la littérature provinciale de l’ancienne France. […] De Brosses le sentait bien, et, dans son voyage d’Italie, voyant à quels détails sa recherche le conduisait, il se disait qu’il tournait le dos au goût du siècle, et peut-être à celui de l’avenir : Tout ce qui est du ressort de la littérature, disait-il (prenant ici la littérature comme on l’entendait du temps de Casaubon), n’est plus guère du goût de notre siècle, où l’on semble vouloir mettre à la mode les seules sciences philosophiques, de sorte que l’on a quasi besoin d’excuses quand on s’avise de faire quelque chose dans un genre qui était si fort en vogue il y a deux cents ans. […] De même en littérature, le poète qu’il aime par-dessus tout est l’Arioste : L’Arioste fait mes délices perpétuelles ; je ne puis le quitter depuis que je suis en état de l’entendre. […] Dante, au contraire, lui est pénible et difficile ; il le trouve d’un sublime dur : « Il me paraît plein de gravité, d’énergie et d’images fortes, mais profondément tristes ; aussi je n’en lis guère, car il me rend l’âme toute sombre. » Le Moyen Âge répugne à de Brosses ; il lui refuse le nom d’antiquité ; il visite au retour, à la bibliothèque de Modène, le docte Muratori, avec ses quatre cheveux blancs et sa tête chauve, travaillant malgré le froid extrême, sans feu et nu-tête, dans cette galerie glaciale, au milieu d’un tas d’antiquités ou plutôt de vieilleries italiennes : « Car, en vérité, dit-il, je ne puis me résoudre à donner le nom d’antiquités à tout ce qui concerne ces vilains siècles d’ignorance… Sainte-Palaye, au contraire, s’extasiait de voir ensemble tant de paperasses du xe siècle. » — Tous ces jugements se tiennent, on le sent, et s’accordent soit en littérature, soit en peinture ou en musique ; et celui qui aime tant l’Arioste pourra se déclarer de la sorte en faveur de Pergolèse : Parmi tous ces musiciens, mon auteur d’affection est Pergolèse.
Il y a pourtant dans la littérature indigène des histoires d’amour purement spirituel (V. en ce sens : Les inséparables, —La Mauresque, —Diadiâri et Maripoua [1ère partie], — Amadou Sêfa Niânyi115). […] Le noir — ceci résulte de sa littérature même — voit à l’existence divers buts, presque tous matériels d’ailleurs : La conquête du pouvoir, celle de la fortune, celle de la femme désirée. […] Sans doute le héros principal du conte — littérature de passe-temps — est l’homme courageux ; mais celui des fables — littérature d’enseignement pratique (de fait plus encore que d’intention) — est le personnage roublard qui, malgré son peu de moyens physiques, arrive à ses fins et triomphe constamment de la force brutale. […] Je me suis préoccupé avant tout d’effectuer un premier tri des matériaux que je présente au public afin de préparer son travail à celui que la littérature merveilleuse indigène intéressera et qui voudra en faire une étude plus approfondie et plus savante que celle-ci.
marquise, quel dommage que vous ayez employé l’épithète qui ne veut rien dire : « beauté surprenante », ou plutôt l’épithète qui montre jusqu’à l’évidence que c’était là un amour de littérature, qui reste dans l’esprit et ne passe pas dans le cœur ! […] Je pourrais prendre l’un après l’autre les différents rôles classiques du provincial : le petit marchand des villes, le gros marchand enrichi, le châtelain ignorant et vaniteux, le châtelain pauvre, le châtelain grand seigneur, les femmes surtout qui se ressemblent presque toutes dans les romans dits provinciaux, mal habillées, sentimentales, courtes d’intelligence, de dévotion étroite, intimidées et hypnotisées à la seule vue d’une Parisienne ; je pourrais prendre ces personnages et montrer que, sauf de bien légères nuances, ils n’ont pas changé en passant de livre en livre, qu’ils sont au fond les mêmes et comme immuables dans la littérature depuis trois siècles. […] Ils n’avaient pas cet amour fraternel et ce respect de la vie humaine qui peuvent seuls édifier une œuvre de justice, soit en littérature, soit en politique. […] Mais je prétends que les éléments qui peuvent se comparer, la bourgeoisie parisienne et la bourgeoisie provinciale, la noblesse qui habite la province et celle qui habite Paris n’appartiennent certainement pas à des états de civilisation différents, comme on serait tenté de le croire d’après notre littérature. […] Il n’y a guère de jeune mère qui n’entre en huitième avec son fils aîné, qui ne sache « rosa, la rose », qui ne s’intéresse à l’alphabet grec pour faire réciter les leçons du collégien, qui ne s’applique surtout à corriger et même à rédiger les « rédactions » de mademoiselle Henriette, ou de mademoiselle Geneviève, ou de mademoiselle Marthe qui suit des cours de littérature, de sciences, d’histoire, d’économie, — non domestique, mais politique, — et qui doit être la première, puisqu’elle lutte contre mademoiselle Marie, c’est-à-dire contre la mère de mademoiselle Marie, laquelle a toujours passé pour moins intelligente que la mère de mademoiselle Marthe, ou de mademoiselle Geneviève, ou de mademoiselle Henriette.
Mais ce sont là des qualités qui se rapportent à une histoire déjà bien passée, et nous n’avons à parler aujourd’hui que de ce qui ne vieillit pas, de la belle littérature. […] Lisant sans autre but que de s’instruire et de se charmer, de revenir à la source de la juste éloquence et des pensées salutaires, il n’a guère pris la plume en littérature que pour exprimer ce sentiment vif, l’amour et le goût des bonnes et vieilles œuvres. […] On lui a fait récemment une sorte de reproche d’avoir passé sous silence toute la littérature du xixe siècle, dans ses branches les plus fertiles et les plus brillantes de la poésie et du roman. […] Dans notre temps, où ce qu’on appelait autrefois le sens commun est si peu d’usage en littérature et se trouve le plus souvent remplacé par le caprice, M. de Sacy en est un des derniers représentants utiles ; je ne sais même si l’on trouverait aujourd’hui personne qui le représentât aussi nettement et aussi distinctement que lui, qui en offrît un exemplaire vivant aussi authentique et aussi sensible.
Le procès du Dictionnaire, une des causes célèbres de la littérature, est trop connu pour que je croie devoir m’en faire en cette occasion le rapporteur après tant d’autres1. […] Le roman de Furetière, peinture aussi exacte que vive des habitudes et des travers de toute une classe de la société, est un tableau ; c’est le premier roman d’observation qu’ait produit la littérature française. […] On voit alors la littérature sous toutes ses formes attaquer la bourgeoisie, devenue puissance, et continuer ainsi le rôle d’opposition que la poésie populaire avait rempli pendant tout le moyen âge contre la puissance dominante à cette époque, la puissance sacerdotale. […] Nous nous féliciterons, quel qu’en soit le succès, d’avoir remis en lumière un des livres les plus curieux, et les plus estimables, comme aussi des plus injustement oubliés, de la littérature française.
Dès lors pourquoi s’inquiéter de la pensée, de l’industrie, de la science, de la littérature, de l’art qui se manifestent à l’étranger, puisque la pensée française, l’industrie française, la science française, la littérature française, l’art français sont nécessairement et à priori supérieur ? […] Je sais bien qu’il y a quelque dilettantisme et quelque littérature dans les phrases pessimistes que nous venons de citer, et que leurs auteurs ne sont peut-être aussi persuadés qu’ils en ont l’air. […] Que va devenir sa littérature à elle ?
Aujourd’hui nos principes politiques ne sont pas plus arrêtés que nos principes de littérature ; jamais on n’a passé avec plus de facilité du camp des Grecs dans le camp des Troyens. […] C’était choquer trop ouvertement la vérité : car Richelieu, si sublime en politique, était en littérature et en art dramatique l’homme du plus mauvais goût. […] Quelle harmonie peut régner dans une société dont les devoirs les plus essentiels sont contrariés par l’éducation et la littérature ? […] Les compilateurs littéraires, les auteurs de ces rapsodies intitulées Leçons de littérature, Principes de littérature, etc., ont répété comme à l’envi cette erreur. […] M. de La Harpe s’est montré le moins réservé, par la raison qu’il marquait moins dans la littérature, et que ses décisions n’avaient pas la même conséquence que celles de Voltaire.
Ils partent de ce principe que tout texte qui est compris du premier coup par n’importe qui n’est pas de la littérature. […] est une fort belle chose et peut être entendu par le premier venu, et qu’il soit entendu du premier venu n’est point du tout une raison pour le trouver vulgaire et le forclore de la littérature. […] Mais ils l’exagèrent, premièrement en excluant ainsi de la littérature toute sensibilité, ou tout au moins toute sensibilité générale et en n’admettant que des sentiments rares très difficiles à pénétrer, c’est-à-dire à ressentir ; secondement, même quand il s’agit de pensée, en voulant que rien de la pensée ne soit compris du premier coup.
Viollet-Le-Duc, qui dans sa jeunesse s’est essayé contre l’école alors régnante de Delille par un petit Art poétique qui parut une satire hardie, a depuis pris place parmi les érudits en vieille littérature par une très-bonne édition de Mathurin Regnier (1822) ; il y mit en tête, comme Introduction, une histoire de la Satire en France. […] L’auteur, par quelques lignes pleines de grâce et de fine malice, a raison de se rendre à lui-même, en finissant, ce témoignage que dans sa tâche, plus méritoire pourtant qu’il ne veut bien le dire, il a réussi comme il l’entendait ; en se livrant, non sans complaisance, aux douceurs presque paternelles de la propriété, il aura servi d’une manière durable la littérature.
Ce dernier aussi restera un grotesque de notre littérature ; je prends ce mot dans le bon sens, un profil singulier et à part, une gargouille de sculpture, grimaçante et très travaillée, sans humanité aucune d’ailleurs, perdue dans un coin de cathédrale. […] Jules Barbey d’Aurevilly le Duc de Guise de la littérature .
L’éditeur y parle des tours de force plaisans ou bizarres de la littérature présente, et à voir, selon lui, le nouveau poète armé de la massue, « vous diriez un athlète sans draperies, entraîné tout à coup dans un cirque de théâtre, parmi des danseurs couverts de paillettes et étincelants d’or faux ». […] [Cours familier de littérature, tomes II et III (1856 et années suivantes).]
» ; j’ajoute : le seul poème scientifique de toute la littérature française qui soit cependant de la poésie… Sa forme est bien à lui, sans parti pris d’école, sans recherche de l’effet, souple et véhémente, pleine et imagée, musicale toujours. […] Il lui fit l’aumône d’un second plan dans sa notoriété ; les maîtres traînent à travers les siècles une suite de comparses qui encombrent la littérature ; rien d’odieux comme le pyladisme envahissant de ces gens, qui nécessitera bientôt une chambre de justice des réputations.