Le lecteur amusé qui court est tenté de n’en pas saisir toute la réflexion, tant cela est dit aisément. […] Le succès de ses Mémoires fut grand et dut le tenter à une continuation que tous désiraient : ce fut peut-être bon goût à lui de laisser les lecteurs sur ce regret et d’en rester pour son compte aux années brillantes et sans mélange.
XVIII J’ai été indigné contre moi-même en relisant ce matin cette dernière page lyrique des Girondins, et je conjure les lecteurs de la déchirer eux-mêmes comme je la déchire devant la postérité et devant Dieu. […] Mais, en ce qui concerne l’Histoire des Girondins, je ne me reproche en conscience que les cinq ou six pages que j’ai signalées ici moi-même à la vindicte des belles âmes, et je désire que ce commentaire expiatoire reste attaché au texte et fasse corps à cette édition du livre, pour prémunir les lecteurs, et surtout la jeunesse et le peuple, contre le danger de quelques sophismes qui pourraient fausser une idée dans leur esprit, ou atténuer dans leur cœur la sainte horreur de la vérité même, contre l’immoralité des moyens.
Autour de François Ier les érudits furent aussi nombreux que les poètes : outre Budé, qu’il fait directeur de sa bibliothèque et maître des requêtes, il essaie d’attirer Érasme ; il reçoit dans sa familiarité Guillaume Cop, traducteur d’Hippocrate et rénovateur de la médecine ; il a pour lecteur Jacques Colin, puis Duchâtel, deux savants hommes, le dernier surtout érudit universel et infatigable liseur, après avoir été un intrépide voyageur. […] De plus, écrivant pour un public d’élite, asservissant son inspiration au goût de ses lecteurs, il ouvre l’ère de la littérature mondaine, il fait prédominer les qualités sociables sur la puissance intime de la personnalité ; avec lui commence le règne — salutaire ou désastreux comme on voudra, ou mêlé de bien et de mal — d’une société polie.
Le lecteur poursuit : telle est la gloire que le héros s’est acquise qu’il a reçu la visite des plus riches personnages et des plus belles dames de la ville ; une d’elles s’est éprise d’un violent amour pour lui et veut l’épouser. […] La fillette est charmée, et quand d’autres lecteurs, plus sincères, essayent de lire la lettre à leur tour, elle la leur arrache dès les premières lignes en disant qu’ils ne savent pas lire aussi bien que le monsieur de chez Gély.
Le sujet étant un peu délicat, je ne m’appesantirai pas sur cette obscurité qui a pu entrer à demi dans l’intention de l’auteur, mais qui, j’en réponds, ne se développe qu’avec peine à l’esprit de plus d’un lecteur. […] Au moment où le lecteur commence à s’échauffer et à user de tout son organe, un mot brusque venu du dehors : Le cordon, s’il vous plaît !
c’est ce même homme qui, après 1791, ayant fait défection à son premier parti et entraîné par ses systèmes, supérieurs ici à ses affections, se rangera à la suite de Brissot, et, devenu l’un des meneurs de la presse, y manœuvrera avec une habileté souvent perfide ; qui mettra sous ses pieds tous vains scrupules pour le triomphe de sa cause, saura conniver aux excès tant qu’il les croira utiles, ne répudiera aucun auxiliaire, prendra un jour en pleine Assemblée législative la défense de Chabot, et, racontant pour l’édification des lecteurs l’insurrection du 20 juin, célébrant le bonnet rouge dont on affubla Louis XVI, écrira (Chronique de Paris, 22 juin 1792) : « Cette couronne en vaut une autre, et Marc Aurèle ne l’eût pas dédaignée ! […] L’impression qu’il produit sur tout lecteur d’un goût délicat et prompt est bien celle-là.
Cette publication paraît en ce moment, et tout lecteur va être à même d’en apprécier l’intérêt et l’importance. […] Ici, en dégageant les relations de Mirabeau avec La Fayette de tout ce qui est secondaire et trop personnel et de quelques mauvaises paroles, en ne les prenant que dans leur ensemble et leur but, et dans leur véritable esprit, il nous est impossible, et nous croyons qu’il sera impossible à tout lecteur impartial, de ne pas arriver à un résultat des plus fâcheux pour l’illustre général et pour sa renommée historique définitive.
Aimé Martin, a rendu à sa mémoire plus d’un service ; il a complété sur quantité de points l’édition des Œuvres de celui qu’il admirait par-dessus tout : pourtant il a poussé le zèle et l’enthousiasme jusqu’à tracer de lui un portrait romanesque et une de ces biographies impossibles qui mettent tout d’abord en garde un lecteur de bon sens. […] La correspondance qu’on a de l’un à l’autre ne donnerait au lecteur qu’une idée imparfaite et trop inégale de leurs relations, si l’on ne savait que beaucoup les réponses de M.
Tous ces mots que je souligne et des milliers d’autres sont soulignés dans l’original, afin de contracter un sens profond que le lecteur pourrait oublier d’y découvrir. […] Ce livre de Volney est de ceux qui se lisent moins qu’ils ne s’étudient : la partie intéressante pour le lecteur ordinaire se trouve rejetée dans les notes et les Éclaircissements.
C’est ici le lieu de mettre sous les yeux du lecteur un certain nombre de passages tirés de la correspondance de Voltaire, qui prouvent que je n’ai pas trop hasardé, lorsque j’ai dit qu’il haïssait secrètement les sophistes. […] Nous n’avons à opposer à ce catalogue que celui que tous les lecteurs peuvent se procurer au Muséum.
Je collectionnerai tout d’abord pour le lecteur qui les ignore, quelques fragments parmi les plus étranges : L’eau sage s’est enclose en des cloisons de verre D’où le monde lui soit plus vague et plus lointain ; D’être recluse, elle s’épure, devient chaste Et, riche ainsi pour s’être enclose, l’eau s’écoute A travers les poissons et les herbages verts ; Elle est fermée au monde et se possède toute Et nul vent ne détruit son fragile univers. […] Conrad : Miracle d’une nuit de printemps, que je ne puis m’empêcher de mettre sous les yeux de mes lecteurs : Hier j’étais souffrant, épuisé, plein de morgue.
Mais en le lisant, en s’étonnant bien un peu de cette veine énergique, à outrance, de ces rimes débraillées, toutes rutilantes d’un beau cynisme, qui sortent violemment de la gamme du classique et qui éclatent à la face du lecteur comme un honnête et vertueux engueulement, on s’est aperçu pourtant qu’il avait lancé à la rencontre une de ses plus rudes apostrophes et invectives au Corse à cheveux plats : Je n’ai jamais chargé qu’un homme de ma haine, Sois maudit, ô Napoléon !
Son livre, en un mot, s’il l’avait exécuté comme il l’avait conçu, n’aurait pas été seulement destiné aux moralistes et aux penseurs ; il aurait eu pour objet d’acheminer et d’entraîner tout un peuple moins relevé de lecteurs par l’attrait, par le mouvement graduel et l’émotion presque dramatique d’une marche savamment concertée.
Thiers en accorde beaucoup moins aux inductions philosophiques, et laisse le plus souvent au lecteur le soin de les tirer, il semble plus à l’abri d’un défaut qui ne consiste, après tout, que dans l’expression trop absolue de certaines vérités générales.
Le style, qui frappe et enlève le grand nombre des lecteurs, lui a surtout manqué ; et, chez elle, la pensée, souvent belle et vraie, n’a presque jamais pu se dégager de ses voiles.
Si nous revenons sur un sujet aussi fastidieux que facile, c’est moins pour nous acharner aux côtés faibles et honteux d’un homme de génie, que pour confirmer notre critique dans l’esprit de nos lecteurs, et justifier, s’il est besoin, notre jugement.
Nous avons insisté sur ce poème, parce que l’éclat et la multiplicité des détails auraient pu dérober au lecteur l’harmonie de la composition ; nous l’avons analysé et souvent traduit en prose, parce que le voile de poésie est si brillant chez M. de Lamartine que l’œil est tenté parfois de s’y arrêter, comme l’oreille à l’enchantement de sa mélodie, sans trop s’inquiéter de pénétrer au-delà.
L’amour, avons-nous dit, n’occupe guère de place dans ces deux volumes ; toutefois nos lecteurs en ont vu une délicieuse et fraîche réminiscence.
Mais cette description n’est pas faite pour susciter une image : c’est un petit problème qu’on offre à résoudre à l’intelligence du lecteur ; et tout est dit quand il a trouvé — non la chose — mais le mot.
Nous renvoyons le lecteur à ce chapitre.
Quel dommage que ce recueil contienne tant de petits faits, parle de tant de petits écrivains qu’un lecteur judicieux ni la postérité n’ont aucun intérêt de connoître.
Le traité du docteur Lélut, tout judicieux qu’il est, a l’inconvénient de décourager le lecteur, de provoquer chez lui une disposition au doute qui, poussée trop loin, serait fâcheuse.
Le lecteur a déjà rencontré la plupart des noms cités ici, au cours de cet ouvrage.
C’est l’art des sacrifices que doivent arriver à pratiquer à divers degrés tous ceux qui veulent avoir une action sur un public impatient, comme l’est le lecteur en France.
Discutons les raisons dont on peut se servir pour appuïer ce paradoxe, après avoir averti le lecteur de mettre une grande difference entre les faits que j’ai rapportez, et les explications de ces faits que je vais hazarder.
La discussion seroit encore aussi sujette à erreur, qu’elle seroit fatiguante pour l’écrivain et dégoutante pour le lecteur.
Mais je vais encore rapporter deux passages de Ciceron qui me semblent si décisifs, que peut-être le lecteur trouvera-t’il que j’ai eu tort d’en copier d’autres.
La première lecture est au lecteur ce que l’improvisation est à l’orateur.
Elle est pratique, elle est juste, le lecteur s’en trouvera bien.
Une autre considération à laquelle je ne puis assez me hâter d’arriver, et que la plupart de mes lecteurs ont sans doute prévue, c’est que la parole a conservé toute sa puissance et toute sa fécondité dans la sphère des idées religieuses.
» Il plaisante sur la déception qu’il veut faire partager au lecteur.
Il faut en prévenir le lecteur : avec cette rareté de livres que nous signalions tout à l’heure, et malgré notre dessein de marquer ici dorénavant le mouvement intellectuel, nous ne nous astreindrons pas à l’ordre chronologique des publications.
Elle a parfumé non pas tous, mais quelques-uns de ses vers, et ces vers-là sont ses vrais vers parmi tous les autres, et ce sont ceux-là qui encharmeront le lecteur d’un recueil qu’il publia sur le tard, comme pour ajouter la tristesse de la vie écoulée à leur tristesse.
Né libre, il a toujours dit ce qui lui passait par la tête, dans la forme qui lui plaisait, et, comme il était né écrivain, personne n’a eu à s’en plaindre, ni lui ni les lecteurs. […] L’auteur de Manon Lescaut est venu au monde des lettres dans un temps où, heureusement pour lui, le lecteur n’exigeait pas tant de documents ; nous ignorons la couleur des cheveux de Manon, l’état de la dentition de Des Grieux, et tous deux sont cependant immortels. […] C’est cette persistance dans la recherche de la perfection, c’est cette crainte de produire devant le public des lecteurs une œuvre qu’il ne trouvait pas achevée, qui a fait justement dire de ce poète qu’il était tout à la fois célèbre et inédit. […] Victor Cherbuliez, on a toujours chance de signaler un livre de bon goût qui ne provoque que de saines émotions, ne s’adressant qu’au meilleur du cœur et de l’esprit des lecteurs. […] Car, artiste qu’il était, Jean Rousseau, dont les lecteurs du Figaro n’ont pas oublié le nom, avait guidé sa Juliette dans ses essais de peinture, manifestations précoces d’une âme délicate et élevée.
La « lectrice de Bourget. » Conclusion. […] Mais l’artiste comprend que, s’il accepte de faire ce long et ce pénible travail, c’est précisément afin de l’épargner au lecteur. […] Il a pour lecteurs tous les lettrés. […] Le lecteur jouit et de l’œuvre critiquée et de son critique. […] Faguet ne craint pas de prendre vis-à-vis de son lecteur, et qu’il réussit à tenir.
Il faudrait, pour pouvoir en user en toute liberté, être dans un temps et dans des conditions telles qu’elle fût naturellement éprouvée, à l’état de passion, et par les personnages du poème et par l’auteur et par les lecteurs. […] Leurs lecteurs et eux-mêmes sont des croyants et des croyants passionnés. […] Ce ne sont pas eux que le lecteur veut précisément qu’on lui montre, ce sont des âmes qui y croient. […] Elle aura des lecteurs, très rares, ce qui est à sa gloire, mais passionnés, tant qu’il y aura des âmes. […] J’ai vu des lecteurs, lettrés, recevoir comme la secousse physique du fameux début : « Ah !
C’est une de ces scènes faites de rien, mais décrites avec la minutie savante de Meissonnier, et vues avec l’œil d’une mère, scènes à l’aide desquelles Hugo grave pour l’éternité dans l’œil et dans la mémoire de son lecteur une rencontre dont il veut qu’on se souvienne. […] Mais l’incrédulité poursuit le lecteur comme un remords, même en admirant ! […] Pourquoi fanatiser le peuple, en style admirable, pour des misères ou inévitables ou impossibles, quand il n’y a malheureusement que trop de fautes et de misères réelles à offrir à la pitié des lecteurs ?