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555. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

Certainement tout étranger de distinction qui parle le français comme sa langue, arrivant dans la capitale, après les curiosités les plus voyantes et les visites les plus pressées, quand il en viendra au fin des choses, quand, son gros appétit apaisé, il n’aura plus à songer qu’aux friandises du dessert, demandera : « À quand une séance de l’Académie française ? […] La première classe continua de comprendre les Sciences physiques et mathématiques ; la seconde fut exclusivement consacrée à la Langue et à la Littérature françaises qui se dégageaient de la sorte et se définissaient davantage. […] Suard, membre de l’ancienne Académie française, fut le premier secrétaire perpétuel de la nouvelle qui, à peine déguisée sous le titre de classe de la Langue et de la Littérature françaises, et ambitieuse du passé, faisait tout dès lors pour paraître la continuation pure et simple de la feue Académie. […] Un article de sa réorganisation en 1803, et qu’elle ne devrait jamais perdre de vue, assigne une fonction particulière à la Compagnie des Quarante : « Elle est particulièrement chargée, nous dit cet arrêté fondamental plus précis qu’élégant, de la confection du Dictionnaire de la langue française ; elle fera, sous le rapport de la langue, l’examen des ouvrages importants de littérature, d’histoire et de sciences. […] Revenant tout à fait à l’esprit de son institution, elle a pu, à l’aide de ces reliquats Montyon, décerner en 1846 un prix assez considérable pour un Lexique de Molière ; en 1859, pour un Lexique de Corneille ; en 1866, pour un Lexique de madame de Sévigné : travaux tout spéciaux qui ne se seraient pas faits sans elle, autant de mémoires précis pour l’histoire de la langue.

556. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (3e partie) » pp. 5-56

III Mais comme il faut cependant se servir de la langue reçue, il y a une autre chose qu’on nomme très mal à propos liberté. […] Les plus populaires de ces gouvernements ne réalisent pas plus de liberté que les autres ; ils commandent et ils obéissent à des titres différents, mais ils commandent l’obéissance avec la même obligation d’obéir ; dans aucun il n’y a place pour ce qu’on appelle liberté dans la langue de J. […] C’est une impiété à l’Europe d’aller briser à coups de canon anglais cette merveilleuse Babel d’une seule langue en Orient. […] Sayous est là, pour le dire sans l’offenser, un statisticien moral, un fureteur de génie épiant et découvrant le beau et le bon dans tous ces recoins de l’Europe où de petits cénacles littéraires, français de langue et d’esprit, depuis Copenhague, Pétersbourg, Berlin, Dresde, jusqu’à Lausanne, Coppet, Ferney, Genève (il aurait pu y ajouter Turin et Chambéry, colonie des deux frères de Maistre, l’un naturel et arcadien, l’autre emphatique et olympien), devaient bientôt appeler l’attention sur leur nom et sur leurs œuvres. […] Sayous donc furète avec beaucoup de loyauté et beaucoup de bonheur ces découvertes dans tous ces recoins du monde français, et nous fait des portraits fins, vrais, originaux, critiques de toutes ces figures d’hommes et de femmes qui gravitaient en ce temps-là dans la sphère de l’esprit français, de la langue française et de la philosophie française.

557. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — II »

La rime est toujours d’une extrême richesse, et l’on a même à regretter souvent qu’elle n’en ait rien cédé pour subvenir aux nécessités bien autrement impérieuses de la langue et du goût. […] Si telle a été son idée, il s’est mépris sur le génie de notre langue, qui, à tort ou à raison, repousse expressément ces combinaisons sonores. […] Son style pourtant ne blesse jamais la grammaire ni le vocabulaire de la langue, et ne présente ni mots ni tours inusités.

558. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre III. Éducation de Jésus. »

Il est douteux pourtant qu’il comprît bien les écrits hébreux dans leur langue originale. Les biographes les lui font citer d’après des traductions en langue araméenne 123 ; ses principes d’exégèse, autant que nous pouvons nous les figurer par ceux de ses disciples, ressemblaient beaucoup à ceux qui avaient cours alors et qui font l’esprit des Targums et des Midraschim 124. […] Cette langue était peu répandue en Judée hors des classes qui participaient au gouvernement et des villes habitées par les païens, comme Césarée 127.

559. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre V, la Perse et la Grèce »

Elle parlait une langue si mélodieuse et si lumineuse que tout autre idiome auprès d’elle paraissait un jargon grossier. […] La « dame » — Dam, comme l’appelait la vieille langue aryenne, — maîtresse de la maison, reine du foyer, s’était révélée et montrée à lui. […] Celle sommation d’un despote barbare, traduite dans leur langue généreuse et libre, leur parut un crime de lèse-majesté.

560. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Mademoiselle de Condé »

Il y a, en effet, dans les autres, dans toutes les autres, une éloquence, un style, une langue, une parure de mots quelconque, revêtue, cette parure, pour la gloire de l’amour et pour augmenter son bonheur. Mais dans les lettres de Mademoiselle de Condé, il n’y a ni éloquence, ni style, ni de parure de mots ni de langue presque ! La sienne, sa langue, sans aucune couleur, ressemble à une glace sans tain qui serait mise sur le cœur à nu pour qu’on le vît mieux palpiter, à travers le cristal des mots !

561. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Charles Baudelaire. Les Fleurs du mal. »

Par la langue et le faire, M.  […] Sensualiste, mais le plus profond des sensualistes, et enragé de n’être que cela, l’auteur des Fleurs du mal va, dans la sensation, jusqu’à l’extrême limite, jusqu’à cette mystérieuse porte de l’infini à laquelle il se heurte, mais qu’il ne sait pas ouvrir, et de rage il se replie sur la langue et passe ses fureurs sur elle. Figurez-vous cette langue, plus plastique encore que poétique, maniée et taillée comme le bronze et la pierre, et où la phrase a des enroulements et des cannelures ; figurez-vous quelque chose du gothique fleuri ou de l’architecture moresque appliqué à cette simple construction qui a un sujet, un régime et un verbe ; puis, dans ces enroulements et ces cannelures d’une phrase qui prend les formes les plus variées comme les prendrait un cristal, supposez tous les piments, tous les alcools, tous les poisons, minéraux, végétaux, animaux ; et ceux-là les plus riches et les plus abondants, si on pouvait les voir, qui se tirent du cœur de l’homme, et vous avez la poésie de M. 

562. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. Des oraisons funèbres de Bourdaloue, de La Rue et de Massillon. »

La Rue, moins célèbre que lui pour les discours de morale, mais né avec un esprit plus souple et une âme plus sensible, réussit mieux dans le genre des éloges funèbres ; il était en même temps poète et orateur ; il avait, comme Fléchier, le mérite d’écrire en vers dans la langue d’Horace et de Virgile, mais il n’avait pas négligé pour cela la langue des Bossuet et des Corneille. […] Bossuet a créé une langue ; Fléchier a embelli celle qu’on parlait avant lui ; La Rue, dans son style négligé, tantôt familier et tantôt noble, sera plutôt cité comme orateur que comme grand écrivain.

563. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Ce nom de Villon qu’il portait et qu’il a rendu célèbre n’était pas le sien ; il l’avait emprunté, et il l’a tellement popularisé qu’il l’avait fait entrer un moment dans la langue : on disait villonner comme pateliner, lambiner, et depuis comme escobarder, guillotiner. […] Mais ne frappe pas de cette fausse monnaie dans la langue, ne la met pas en circulation, qui veut. […] Cela tient à bien des causes : allusions à des personnages inconnus, polissonneries et malices de quartier, rythme gênant, langue embrouillée, incertaine, et pourquoi pas aussi ? […] Le fond du Grand Testament, ce sont les plaintes, les regrets, les remords et les confessions qui remplissent le préambule et la plus grande partie du codicille, et par où le poète répand comme par autant de blessures tout le sang de son cœur ; ce sont, avec les leçons saisissantes que le poète y donne, çà et là, au commencement et à la fin, les véritables legs de Villon à la postérité ; c’est là le vrai testament de son âme et de son génie, celui qu’elle a accepté religieusement et qu’elle n’oubliera pas, tant qu’il y aura une langue française. […] Il a chance de vivre aussi longtemps qu’elle, aussi longtemps du moins que la nation et la langue dans laquelle il a proféré ce cri de génie et de sentiment.

564. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

II Le style et la langue de Benjamin Constant méritent qu’on en parle, ne fût-ce qu’en courant. […] Il y aurait à marquer différentes manières dans la langue de Benjamin Constant, s’il était jamais arrivé à une grande manière et à l’ art d’écrire ; mais il n’eut, en définitive, qu’une extrême clarté, beaucoup de rapidité, de finesse, et de l’élégance. […] Ouvrez la brochure des Réactions politiques (1797), on y voit « une tendance de l’esprit humain à englober dans ses regrets tout ce qui entourait ce qu’il regrette » ; on y voit « un mouvement rétrograde qui, se prolongeant au-delà de ses bornes nécessaires, ne laisse enfin pour vestige du changement qu’on voulut opérer, que des débris, des larmes, de l’opprobre et du sang. » Depuis lors, la langue de Benjamin Constant se rompit et se brisa ; elle devint facile, et parut encore plus élégante qu’elle ne l’était. On trouve, jusque dans ses meilleurs écrits, « des germes qui menacent d’une explosion violente, etc. », et autres légères incohérences dont la langue politique ne se fait pas faute. […] Tous deux ont des dettes payées par des rois, et l’homme public chez tous deux est gêné à la fin, et se sent les bras et la langue liés par la reconnaissance67.

565. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Celui-ci, ancien professeur et recteur de l’Académie de Lausanne, auteur pour son compte d’agréables ouvrages en vers et en prose, consacre la fin de son honorable carrière à faire passer dans notre langue toutes les productions du vaste génie auquel il s’est voué44. […] Ici, où vous n’apprenez pas seulement la langue avec facilité et rapidité, mais où vous pouvez aussi voir sur quels éléments elle repose ; notre sol, notre climat, notre manière de vivre, nos mœurs, nos relations sociales, notre constitution, votre esprit emportera tout cela en Angleterre. » C’était à un Anglais qu’il parlait. […] Énumérons un peu : — Riemer, bibliothécaire, philologue, helléniste : avec lui Gœthe revoit ses ouvrages au point de vue de la langue et cause de littérature ancienne ; — Meyer, peintre, historien de l’art, continuateur et disciple de Winckelmann : avec lui, Gœthe causera peinture et se plaira à ouvrir ses riches portefeuilles où il fait collection de dessins et de ce qui est parfait en tout genre ; — Zelter, musicien : celui-là est à Berlin, mais il ne cesse de correspondre avec Gœthe, et leur correspondance (non traduite) ne fait pas moins de six volumes ; Zelter tient Gœthe au courant des nouveautés musicales, des talents et des virtuoses de génie, et, entre autres élèves célèbres, il lui envoie un jour Mendelssohn, « l’aimable Félix Mendelssohn, le maître souverain du piano », à qui Gœthe devra des instants de pure joie par une belle matinée de mai 1830 ; — puis Coudray encore, un architecte, directeur général des bâtiments à la cour. […] N’oublions pas sa belle-fille, Mme de Gœthe, Ottilie : elle lui sert volontiers de lectrice ; elle a fondé un Journal polyglotte à Weimar, le Chaos, où toute la société weimarienne écrit ; les jeunes gens anglais ou français qui y séjournent, surtout les dames, tout ce monde collabore et babille dans cette Babel, chacun dans sa langue. […] Émile Délerot, qui est allé étudier sa langue et son génie dans sa patrie même et à Weimar.

566. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

Quels étaient leur langue, leur style, leur situation sociale, leur pays d’origine, leur conception du monde, leur tempérament, etc., etc. ? […] En fait de langue et de littérature, l’Académie et Boileau légifèrent. […] De là cette naïve persévérance que l’Académie apporte dans cette tâche impossible : fixer la langue. […] Les mots de la langue et les genres littéraires sont divisés en nobles et en roturiers, de même que l’homme est coupé en deux parties, l’une toute animale et l’autre presque divine, de même que la France est séparée en ordres et en castes. […] L’exposé des principaux caractères qui distinguent l’époque peut trouver sa place après ce travail préliminaire : théories régnantes, usages ou règles acceptés, conceptions du monde couramment admises, transformations subies par la langue, qui est l’instrument commun à tous ceux qui parlent ou écrivent, peuvent terminer cette partie générale.

567. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Elle surpassa ses espérances par ses progrès dans les sciences et les langues ; et, dans les courtes visites qu’elle fit à quelques-uns de ses parents à Lausanne, l’esprit, la beauté et l’érudition de Mlle Curchod furent le sujet des applaudissements universels. […] Ayant perdu vers ce temps son père vénéré, et restant seule avec sa mère sans fortune, elle intéressa vivement toutes les personnes qui la connaissaient ; et comme, dans ce pays de la Suisse française, il règne un grand goût pour l’enseignement et l’éducation, on imagina de lui faire donner quelques leçons sur les langues et les choses savantes qu’elle avait apprises dans le presbytère paternel. […] Mme Necker s’était formé une idée des auteurs et des gens d’esprit de Paris uniquement par les livres, et elle vit que le monde où elle avait à se gouverner était bien autrement divers, varié et plein de nuances : « En arrivant dans ce pays-ci, dit-elle, je croyais que les lettres étaient la clef de tout, qu’un homme ne cultivait son esprit que par les livres, et n’était grand que par le savoir. » Mais le genre de conversation qui s’accommodait avec cette idée n’était guère de mise que dans le tête-à-tête, et elle ne tarda pas à s’apercevoir de sa méprise : Je n’avais pas un mot à dire dans le monde, ajoute-t-elle ; j’en ignorais même la langue. […] Quand on ouvre les Mélanges de Mme Necker au sortir d’un ouvrage du xviie  siècle, il semble qu’on entre dans un monde tout nouveau, et qu’on n’ait plus affaire à la même langue. […] et puis toujours des rapports ; ce terme de rapports est continuel dans sa langue.

568. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Henri Heine »

S’emparant des innovations des romantiques allemands, il leur apprit une langue plus simple ou plus subtile que celle de la période classique ; il a profité de leurs tentatives d’introduire dans une littérature septentrionale, les poèmes à forme fixe de l’Orient et du Midi ; à leur suite, il mit en vers dans ses ballades les sombres incidents de l’histoire du moyen âge, et plaça souvent la scène de ses écrits dans les pays traditionnellement poétiques, en Italie, en Espagne, dans l’Inde. […] On la reconnaît à ces détails précis et vrais, à ces touches de pourpre qui mettent le sang de créatures vives aux ombres bleuâtres des romantiques de Berlin et de Stuttgard, à la simplicité et à la fermeté de la langue, à un retour constant au décor primitif de toute poésie, l’oiseau, la fleur, le ciel, — à l’apparition des figures traditionnelles de la légende allemande, la Loreley, l’empereur Barbe-rousse, le Tannhaeuser, l’image miraculeuse de la cathédrale de Cologne. […] Il a accompli le singulier tour de force d’une langue naturellement diffuse et peu apte à former des phrases solides, condensée et pressée au point de devenir forte, agile et limpide. […] Cette langue allemande, habituellement grave, un peu pesante, synthétique plutôt qu’analytique, à la manière de l’ancienne prose de Thucydide, s’agite, s’ordonne, se découple et se gracieuse avec plus de pureté et autant de souplesse que le grec de Lucien. […] La langue se paralyse ; le palais devient insensible ; les deux mâchoires, la main droite, tous les membres sont raidis ; en janvier 1856 ses deux paupières retombent et voilent ses prunelles à demi éteintes.

569. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

Sa langue lui offre toutes les teintes imaginables, c’est à lui à les bien choisir. […] C’est de ce côté que les langues anciennes avaient un avantage infini sur les langues modernes ; c’était un instrument à mille cordes, sous les doigts du génie, et ces anciens savaient bien ce qu’ils disaient, lorsqu’au grand scandale de nos froids penseurs du jour, ils assuraient que l’homme vraiment éloquent s’occupait moins de la propriété rigoureuse que du lieu de l’expression. […] Tout l’espace compris entre la fabrique de la droite et l’autre côté de la toile est mer, seulement sur le devant vers la gauche il y a une langue de terre où des matelots boivent, fument et se reposent. […] Les figures, sur la langue de terre bien dessinées et coloriées à plaisir.

570. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

Déjà imitée dans notre langue, et dépouillée de ses plus belles strophes par quelques vers de Lamartine, cette ode peut résister même à la faiblesse de la prose. […] Qu’il ait trop multiplié peut-être, ou laissé parfois tomber avec négligence les accents de sa voix musicale ; qu’il ait porté depuis sur trop de sujets les plus divers sa seconde vue trop rapide ou trop distraite, il n’importe : la langue et l’esprit français n’oublieront jamais quelques-uns des premiers et des grands dons que cet heureux génie leur a faits. […] L’Espagne, avec son ciel, ses monuments, sa langue sonore, était comme une seconde patrie où il se reconnaissait : son esprit s’en colorait ; sa voix harmonieuse et forte en prenait tous les accents. […] Étudiant à la fois les langues savantes et les philosophes français, Homère et Raynal, bientôt il se sentit poëte. […] La belle ode de Napoléon à Sainte-Hélène, ce mélange d’apothéose et d’anathème, cette juste sentence portée par la poésie contre l’abus de la force et du génie, revit presque entière dans la traduction en strophes de forme inégale qu’en avait faite à vingt-deux ans la jeune Gomez ; et un des beaux chants de Victor Hugo, traduit de plus près encore et dans un mètre plus sévère, le chant intitulé le Poëte, rend à la langue espagnole avec naturel et passion ce que notre illustre compatriote lui avait pris de pompe et de splendeur.

571. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XVII »

Je ne sais où mènerait un travail minutieux sur cette partie de la langue dont la fermentation est inachevée ; sans doute finirait-on par démontrer assez facilement que, dans la vraie notion du cliché, l’incohérence a sa place à côté de la banalité. […] Que la langue française est pauvre, que les verbes prendre, concevoir, dissiper, etc., se prêtent à différents sens et acceptent divers régimes.

572. (1883) Le roman naturaliste

Zola, selon l’expression dont il a lui-même enrichi la langue, sont un morceau de rue. […]  » C’est encore ainsi, par une inévitable nécessité de liaison, que s’est déversée dans le roman l’exacte terminologie des ateliers, le solécisme commercial, le barbarisme industriel, la catachrèse des halles, la synecdoque de la rue, langue vivante, prétend-on, — et en effet langue parlée, langue de tous les jours, langue des transactions quotidiennes, langue vulgaire en un mot, — mais aussi langue barbare, en ce qu’elle est toujours abréviative du souci de bien dire et libératoire de l’obligation de penser. […] Daudet ignore sa langue. […] Zola sait aussi, lui, tous les mots de la langue ; il en sait même plusieurs qui ne sont pas de la langue, ni d’aucune langue du monde ; mais ni des uns ni des autres il n’en sait le sens, la place, l’usage. […] Avec cela, l’un des pires écrivains qui jamais aient tourmenté cette pauvre langue française.

573. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

Si vous pouviez le lire dans la langue où il est psalmodié plutôt qu’écrit, vous reconnaîtriez, dans l’accent des vers, l’accent d’airain de la cloche funèbre qui tinte sur la tombe des morts ! […] Ces langues sales gâtent la beauté de son langage. […] Son amour devient génie par la constance de ce jeune poète à chercher dans deux langues qui luttaient alors, le latin et l’italien, les expressions, les rythmes, les images les plus capables d’honorer éternellement celle qu’il aime. Il choisit l’italien, pour que le nom de son idole retentisse plus loin dans la foule et donne à ce nom l’immortalité des multitudes, la popularité ; il crée une langue pour la chanter ! […] La langue dans laquelle ces vers s’épanchent ne semble avoir été composée ni pour les hommes, ni pour les esprits délivrés de leurs corps ; mais c’est une langue entre ciel et terre, entendue également en haut et en bas, qui a de la terre la passion et la douleur, qui a du ciel l’espérance et la sérénité.

574. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

Après, dans la bouche se trouve la langue, limitée par les dents. […] Ce qui fait que les stoïciens comparent la langue à l’archet, les dents aux cordes et les narines au corps de l’instrument. […] Cependant, comme j’ai toujours, à mon grand profit, réuni les lettres grecques aux lettres latines, non seulement en philosophie, mais dans l’exercice de l’art oratoire, je crois que vous ferez bien de suivre la même méthode, pour en venir à posséder les deux langues avec une égale perfection. […] C’est que l’envie, qui l’a tué, et qui a cloué sa langue divine sur la tribune de Rome avec l’épingle d’or d’une furie, n’a pas dit encore son dernier mot contre ce plus grand des Romains. […] C’est le plus beau nom de toutes les littératures dans tous les âges ; il a écrit, parlé, achevé la plus belle des langues occidentales ; et, quand l’Italie n’aurait produit que Cicéron, elle serait encore la reine des siècles.

575. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

Homme d’esprit à la mode de nos pères, curieux comme on ne l’est pas, à l’affût de tout ce qui se dit et se fait à l’entour, informé dans le dernier détail de tous les incidents et de tous les commérages de société, il en tient registre, non pas tant registre de noirceurs que de drôleries et de gaietés ; il écrit ce qu’il sait par plaisir de l’écrire, avec le sel de sa langue qui est une bonne langue, et en y joignant son jugement, qui est naturel et fin. […] À un certain endroit, j’en voudrais effacer les mots de synthèse et d’entités (p. 78), qui jurent avec le ton général de la langue. […] Il parle une langue excellente, d’une grande propriété d’acceptions, pleine d’idiotismes, familière, parisienne, et qui sent son fruit.

576. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

Les lettres patentes de 1637 restreignirent dès l’origine l’action de l’Académie française à un double objet en lui enjoignant, ainsi qu’à ses membres, de ne connaître « que de l’ornement, embellissement et augmentation de la langue française, et des livres qui seront faits par eux, et par autres personnes qui le désireront et voudront » ; A. — De la langue. Le rôle de l’Académie se réduisit immédiatement à enregistrer, codifier — justifier — pour l’édification d’une foule docile, les irrégularités commises par une élite et qui, contrevenant aux règles établies, venaient orner, embellir et augmenter la langue française. […] Quant à son influence sur la vie de la langue et sur les lettres, elle n’est ni bonne ni mauvaise, elle est nulle — à moins que vous n’entendiez par « les lettres » une petite coterie d’ardélions serviles et de fades convertis.

577. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Toutes leurs opinions étoient puisées de la boutique de quelque rêveur qu’ils suivoient en tout et partout… Ils vinrent à dire beaucoup de mots anciens, qui leur sembloient fort bons et très utiles en notre langue et dont ils n’osoient pourtant se servir, parce que l’un d’entre eux1 qui étoit leur coryphée, en avoit défendu l’usage. […] Dans notre langue, le vers et la prose ne sont pas toujours deux langages différents. […] Catulle Mendès a fait encore cette remarque judicieuse et définitive : « Elle peut, écho trop vague, tenir lieu de la rime dans les idiomes où l’accent, bien marqué, suffit à préciser la cadence ; il n’en saurait aller de même dans notre langue où la “longueur” et la “brièveté” des syllabes ne sont que rarement incontestables. » D. — L’hiatus. […] Je ne vois pas en quoi il est opposé au génie de la langue poétique.

578. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VII : Théorie de la raison par M. Cousin »

Et comme il s’agit ici du vrai, du beau, du bien absolus, leur substance ne peut être que l’Être absolu. » Cette théorie repose sur deux pétitions de principe et sur deux équivoques de langue : Première pétition de principe. […] Le lecteur voit que cette théorie se réduit à des fautes de langue. […] C’est la marche de Condillac dans cette admirable Langue des calculs, que nous ne lisons plus. […] Faute d’analyser, il déclare l’analyse impuissante ; elle se venge en lui imposant l’obligation de fonder sa théorie capitale, et par suite toute sa philosophie, sur deux pétitions de principe, et sur deux équivoques de langue.

579. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

A celui qui connaît la langue, il signifie très exactement les essais dispersés qu’il contient. […] Et la préciosité n’est-elle point d’ailleurs dans la poésie moderne la langue la plus habituelle à l’amour ? […] Terme, d’ailleurs, à signification très large, et qui fut tiré vers toutes les directions de ’la langue littéraire. […] Il s’attacha avec ferveur à connaître sa langue. […] mais sur une langue étrangère, propre à l’amphithéâtre, l’anglais.

580. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VIII »

J’ai lu de près ce que ce prosateur a laissé d’excellent, et je m’offre à prouver quand on voudra qu’il y a dans Bernardin tout le vocabulaire descriptif de Chateaubriand, non pas même sa langue, mais son style, ses plus belles épithètes, ses procédés de peinture écrite, ce qui ne m’empêche pas de distinguer aussi bien qu’un autre en quoi ces deux écrivains diffèrent et combien Chateaubriand dépasse son modèle par le génie de son style et la supériorité de ses images. « Il ne faut, dit M. de Gourmont, s’en laisser imposer ni par l’unanimité ni par la singularité. » Je suis de cet avis, et c’est pourquoi, m’étant fait une opinion personnelle, M. de Gourmont ne trouvera pas mauvais que sa « singularité » ne m’en « impose pas ».‌ […] Pour finir de réhabiliter Télémaque, on prétend que Fénelon a écrit comme on écrivait de son temps. « En prose et en vers, dit-on, les écrivains du dix-septième siècle évitaient soigneusement l’éclat, la violence, tout excès d’imagination. » Ceci est peut-être vrai en général, et encore pourrait-on discuter ; mais la preuve que tous les écrivains de son époque n’écrivaient pas comme Fénelon, c’est qu’il y a eu des gens comme Bossuet, qui incarne précisément la violence, l’éclat, l’imagination, qui ne recule devant aucune audace, crée son style et donne à sa langue l’originalité de la Bible et des meilleurs Pères de l’Eglise. […] Celui-là employait une langue qui n’appartient qu’à lui et écrivait avec la seule force de l’idée toute nue.

581. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Byron »

Forcé d’étudier Homère, comme la tourbe vulgaire des scholars, il ne l’étudia point, et le peu qu’il apprit là de la langue grecque, il nous a dit dans ses Mémoires qu’il l’oublia. […] Il le fut dans le Giaour, dans le Corsaire, dans ce Lara dont il est question, dans le Siège de Corinthe, dans la Fiancée d’Abydos, partout enfin, mais surtout dans le Don Juan, où il le devint tellement dans le chant du chanteur grec, aux noces d’Haïdée, qu’on aurait pu dire que le mode ionien ressuscité avait fondu, sous son haleine de rose, la langue anglaise, le sauvage et naturel idiome du poète ! […] Sous les brumes du spleen anglais, on retrouvait l’azur lumineux de la Grèce éternelle, de la Grèce aux immuables horizons, aux lignes sinueuses, aux contours arrêtés dans leur splendeur nette, en ces vers anglais plus étonnants que s’ils avaient été écrits dans la langue d’Alcée et de Pindare, et qui, bien plus sculptés que peints encore, ressemblent à des bas-reliefs de Phidias !

582. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « MM. Delondre et Caro. Feuchtersleben et ses critiques. — L’Hygiène de l’âme » pp. 329-343

Il y en a peut-être une qui tient à la langue, — à ce que la langue a de plus intime et de plus subtil, de plus impénétrable aux étrangers, de plus intraduisible dans une langue étrangère… Je veux le croire, pour l’honneur de Feuchtersleben.

583. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice de Guérin »

Tous les deux écrivirent également en prose et en vers ; mais l’un (André Chénier), le poète du fini, parla mieux la langue des vers, qui est le langage du fini, et l’autre (Maurice de Guérin), le poète de l’infini, parla mieux la langue de la prose, dans laquelle la nature et la pensée semblent avoir plus d’espace pour s’étendre et tenir tout entières. […] Ce ne sont pas les grands artistes par la délicatesse et par la beauté pure de l’idéal, bien plus difficile à comprendre… Assurément cet idéal, que Guérin souffrait tant de ne pouvoir saisir comme il le voyait, pour l’emprisonner dans la forme vive et diaphane d’une langue digne de le contenir, cet idéal rayonne, comme un ciel lointain, à travers les paysages qu’il nous a peints ; mais il n’y rayonne que pour ceux qui savent l’y voir ; tandis que pour le plus grand nombre, que la réalité visible attire, ce qui constituera le grand mérite de ces paysages, c’est leur vie, c’est la vérité d’impression  de ces aperçus, transposés de la vision plastique dans la vision littéraire… et qui nous effacent presque du coup les paysagistes les plus vantés : Bernardin de Saint-Pierre, Chateaubriand, madame Sand, dont la seule qualité qui n’ait pas bougé dans des œuvres déjà passées est d’être une paysagiste !

584. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Jules de Gères »

C’est, comme peinture, de la grasse abondance de Lamartine, mais avec une langue scientifique, une langue technique que Lamartine, cet ignorant divin, ne connaissait pas, et dont son génie n’avait pas besoin… Il n’y aurait eu, en français, qu’un dictionnaire de quatre mots, il n’y aurait eu dans la langue, comme disent les grammairiens, qu’un nominatif, un verbe et un régime, que Lamartine aurait été tout Lamartine avec cela.

585. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

La phrase de M. de Fiennes est un massif dont les fleurs touchent aux cieux de l’imagination, tandis que les racines s’attachent solidement au sol de la langue. […] Il y a comme cela, dans la langue, une foule de dictons de rebut, sur lesquels s'appuient, pour marcher, les quinze-vingt de la critique. […] Mais laissons la langue des affaires, et revenons à la Pia, — afin de varier notre ennui. […] Cet art, après avoir parlé longtemps avec succès la langue de M.  […] Labiche ; le Palais-Royal est son temple, l’argot est sa langue, le calembour est son Dieu, et M. 

586. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Sue ignore complètement la langue philosophique, comment serait-il reçu à parler philosophie ? […] Non seulement cette préférence est naturelle, mais encore elle est utile aux progrès de la langue. […] L’admission au sein de l’Académie française d’un savant qui posséderait, avec la science, le talent d’un grand écrivain, pourrait alors s’appeler un acte de sagesse ; car la langue de la science peut rendre à la langue poétique d’importants services. […] Guizot ignore la langue de la philosophie. […] De la langue française.

587. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XVI » pp. 64-69

Nous (la Revue suisse) n’avons pas à le juger politiquement ; mais, à entendre dans cette bouche éloquente ce torrent de magnifiques paroles en sens tout contraire au courant d’hier, nous nous sommes rappelé involontairement ces vers d’Homère (Hiade, XX, c’est Énée qui parle) : « La langue des hommes est flexible, et elle a toutes sortes de discours — de toutes les couleurs, — et le pâturage des paroles s’étend çà et là. » Le noble Pégase a déjà parcouru en bien des sens le pâturage immense, tant sur la rive droite que sur la rive gauche, depuis le jour où d’un coup de son ongle sonore il faisait jaillir au début l’ode sur le duc de Bordeaux : Il est né l’Enfant du miracle. […] Quoi que j’aie pu dire de l’opportunité de la première dans une de mes précédentes chroniques, il y a un portrait à faire de Libri, tête encyclopédique, adversaire net et logique, bonne lame et inflexible, donnant, comme Rossi, l’exemple d’une saine justesse dans une langue qui n’est pas la sienne.

588. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « PAUL HUET, Diorama Montesquieu. » pp. 243-248

— Qu’une inscription dans une langue étrangère, copiée par un scribe qui ne la comprend pas et qui a laborieusement imité les caractères inintelligibles pour lui, est misérable, gauche et forcée ! C’est ainsi que certains paysages ne sont que des copies correctes d’un original écrit dans une langue étrangère. — L’artiste initié au secret divin de l’art entend la voix de la nature qui raconte ses mystères infinis par les arbres, par les plantes, par les fleurs, par les eaux et par les montagnes.

589. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Ponsard, François (1814-1867) »

Joseph Autran Théâtre de Ponsard : Lucrèce : Par ses familiarités charmantes, la langue de Lucrèce s’écarte, en maints endroits, du langage consacré ; non loin de certains vers dont la grâce exquise émane d’André Chénier, d’autres surviennent qui, dans leur franche et verte allure, apportent un souvenir de comédie. […] Ils sont rudes et sans nul éclat d’images ; mais la langue en est saine, robuste et probe.

590. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Addition au second livre. Explication historique de la Mythologie » pp. 389-392

Junon impose à Hercule de grands travaux ; cette phrase traduite de la langue héroïque en langue vulgaire signifie, que la piété accompagnée de la sainteté des mariages, forme les hommes aux grandes vertus.

591. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Le moment semble en effet venu pour les œuvres de Richard Wagner de s’introduire définitivement en nos pays de langue française. […] C’est sur la colline wagnérienne un tapage charmant de mille riens, de toilettes, de langues et de gestes. […] L’étonnante Revue ne se contente pas de chercher à wagnériser les musiciens français, qui voudrait aussi wagnériser la langue française, parce que, dit-elle, dans l’état actuel de cette pauvre langue, il est impossible de raconter « une vie d’âme entière », la Revue vous indiquera le moyen de passer vos vacances mieux qu’au bord de la mer, dans une vraie mer d’incomparables délices. […] il faut que je le confesse : de ces soirées de Bayreuth se dégage un mortel ennui, et je regrette que la langue honnête ne possède pas un substantif plus énergique pour exprimer ma pensée … Or M.  […] « Ces prétendus amants, dit Gasperini, sont deux élèves de Kant, de Schopenhauer, de l’école indienne, ce ne sont pas des créatures humaines ; jamais, grâce au ciel, l’amour n’a parlé cette langue ampoulée et barbare ; jamais il ne s’est précipité dans le deuil, dans la mort avec cette rage de délabrement et de submersion. » Va pour leur premier cri d’amour !

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