Laissons-la, l’avenir nous l’expliquera. […] Mais il y a un roman imaginaire dont les lecteurs se lassent bientôt, parce qu’il ne laisse rien dans l’esprit que des situations forcées et des combinaisons fantaisistes ; il faut une triple oisiveté dans l’âme pour persévérer dans le goût de cette espèce de roman. […] Vous me feriez de la peine si vous refusiez l’argent ; j’aimerais autant laisser la montre. » Il ne dit plus rien et prit les trente-cinq francs ; puis il ouvrit son tiroir et choisit une belle chaîne d’acier, avec deux petites clefs en argent doré qu’il mit à la montre. […] fit le capitaine, ils sont en train de se désoler, c’est tout simple… Je me rappelle ça… Nous laissons tous quelqu’un au pays. » Puis, élevant la voix : « Allons, jeune homme, du courage ! […] Je reviens. » Elle laissa sa chandelle sur la table et redescendit.
Mes vers renferment un portrait d’Attila qui n’est que la faible copie de celui que nous laissa par écrit l’ambassadeur qui lui fut député par le Bas-Empire. […] Attila lui-même suspendit ses ravages à la prière du pape Léon, et s’était laissé fléchir, dans la ville de Metz, par les vertus de l’évêque Lupus. […] Pourquoi l’invention du poète ne supplée-t-elle en rien au vide que la fuite en Égypte laisse dans cette miraculeuse histoire ? […] Je vous cite la dernière correction que l’auteur m’avait communiquée et qu’il préférait à cet autre vers qu’on a laissé dans l’édition de ses œuvres. […] Je laisse aux historiens philosophes le développement de cette vue.
Quand je lis ce qu’il a laissé, je lui trouve peu de talent. […] C’est encore une fois se laisser un peu entraîner à l’imagination. […] Mais à laisser voir qu’il sent qu’on ne l’aime pas. […] Volney a laissé son cachet sur La Sentinelle du peuple. […] Je le laisse à vos réflexions.
Tissot, son éditeur (1827) et son ami, laissent peu à désirer ; nous y puiserons et aussi nous y renverrons pour plus d’un détail, en y ajoutant seulement en deux ou trois points. […] De retour en France après ces trois ou quatre années, comme il les appelle, d’inconstance et d’erreurs, on le voit, en 1777, publier ou laisser courir son Épître aux Insurgents de Boston, qui rend à merveille les engouements républicains de cette galante jeunesse. […] Quel glorieux souvenir sans tache il eût laissé alors, et quel libre champ ouvert au rêve ! […] Ainsi d’honnêtes esprits, de recommandables écrivains ont leurs impulsions acquises, des directions presque irrésistibles, et se laissent emporter sans scrupule au courant d’une opinion, sous prétexte qu’elle est la leur182. […] Tu me laissais, au sortir de tes bras, des tristesses délicieuses.
Continuez à prendre ce parti, car quiconque s’incommode trop pour les autres se sacrifie soi-même sans qu’on lui en sache le moindre gré ; et puisque absolument la fortune veut diriger toutes nos actions, il faut la laisser faire à sa guise, ne la déranger en rien, et attendre qu’elle permette aux hommes d’agir à leur tour. […] La mort de ce pape le laissa de nouveau sans espoir. […] « Jamais, dit Machiavel, le roi de France n’aurait dû consentir à affaiblir ou à laisser absorber ces petites puissances, parce que, tant qu’elles auraient existé, elles auraient empêché les ennemis de la France devenus trop puissants de trop grandir. […] La dynastie bourbonienne rentre en Sicile ; Murat gouverne en héros et en administrateur ce beau royaume ; il y laisse des souvenirs de gloire et de bonté qui ne sont pas un parti, mais une estime. […] Cette courte période de gouvernement représentatif laisse une glorieuse trace de lumière et de raison sur le royaume de Naples.
Jamais on ne me voit avec des habits chamarrés d’or et de pierreries ; je laisse ce faux éclat aux âmes mal organisées. […] Ne trompez pas l’homme, vous le rendriez fou ; et quand, de la folie sacrée de votre idéal, vous le laisseriez retomber sur l’aridité et la nudité de ses misères, vous le rendriez fou furieux. […] Que les abandonnés se laissent abandonner, que les exilés se laissent exiler, et bornons-nous à supplier les grands peuples de ne pas reculer trop loin, quand ils reculent. […] « Ce cri que nous jetons souvent est toute notre pensée ; et, au point de ce drame où nous sommes, l’idée qu’il contient ayant encore plus d’une épreuve à subir, il nous est permis peut-être, sinon d’en soulever le voile, du moins d’en laisser transparaître nettement la lueur. […] Mais, pour tempérer nos misères et pour désarmer l’utopie, le ciel nous a laissé un divin intermédiaire, l’assistance mutuelle, cette charité de tous pour tous.
Souvent ce vieillard, autrefois énergique, brillant et laborieux, se laissa aller à de sérieuses contemplations qui prirent chez lui la douceur d’émouvantes sensations. […] Avec quel serrement de cœur il dut voir qu’une correspondance obligée de plus de 2 000 lettres par an ne lui laissait plus le temps de se livrer à son travail particulier ! […] Cet homme laissait à son fidèle serviteur Seiffert, par acte de donation, presque toute sa succession, bibliothèque, objets précieux, mobilier. Il ne laissait ni fortune, ni disposition testamentaire. […] « Tant que l’on s’en tint aux extrêmes dans les variations de la couleur et de la figure, et qu’on se laissa prévenir à la vivacité des premières impressions, on fut porté à considérer les races, non comme de simples variétés, mais comme des souches humaines, originairement distinctes.
Sa main est celle de Dieu lui-même, et elle se promène avec une infatigable persévérance sur la surface rude et ébauchée du globe pour la polir et l’achever ; et si le monde terrestre est l’œuvre de Dieu, il est aussi l’œuvre de l’homme ; car partout déjà sa volonté et sa puissance ont laissé leur trace et leur empreinte. […] Il y a des gens qui croient sérieusement que l’avenir délaissera tous les produits de l’art antérieur, de même que, lorsqu’on a inventé une nouvelle machine supérieure à une autre, on laisse périr celle-ci ou on la brise. […] M. de Chateaubriand a voyagé dans l’Amérique du Nord : il a fait Atala et René, où il est plus question de la désolation de cœur laissée par les doctrines du Dix-Huitième Siècle et par la Révolution Française que des sauvages qui y sont mis en scène. […] Laissez donc de côté, pour un moment, toute cette couleur de Christianisme qui est comme le fard dont une femme malade voilerait sa pâleur ; entrez dans le fond de leur pensée, et voyez ce qu’ils sont. […] Mais quand tu laisses les superstitions du passé, quand tu ne fais plus de la poésie sur l’histoire, quand tu parles en ton nom, tu es comme tous les hommes de ton époque, tu ne sais rien dire sur le berceau ni sur la tombe.
Les premiers écrivains qui ont laissé des noms durables dans l’histoire de la prose, ce sont des chroniqueurs ; ce sont Villehardouin Joinville, Froissart, et Philippe de Comines. […] Le marquis s’était laissé entraîner par les Grecs à faire une course dans le Rhodope. […] Sur la fin de sa vie, son imagination ayant perdu de sa vivacité et sa raison s’étant fortifiée, il laisse voir quelque intention de juger les choses qu’il raconte. […] Comines a connu ce prince, qui se déroba toute sa vie à tout le monde ; qui avait, comme on l’a dit, son conseil dans sa tête, et laissait aux événements à faire connaître ses desseins. […] Quand ses gens virent qu’ils ne pouvaient plus compter sur lui, ils commencèrent à se débander et à le laisser là.
À l’exception de quelques jours d’ivresse dans lesquels l’homme ne raisonne pas précisément parce qu’il est ivre, il y a peu d’heures de ma vie où, si le Tout-Puissant m’eût consulté, je ne lui eusse rejeté avec horreur le don de la vie, et où je ne lui eusse dit, comme Job : Reprenez votre fatal présent ; laissez-moi en paix dans mon néant ! […] Cette ombre s’accroît et s’épaissit tous les jours avec la rapidité d’un crépuscule des tropiques qui tombe sur le jour sans lui laisser à peine la dégradation des heures du soir. […] La mer est à lui ; il ne nous a laissé, ni à nous, ni à personne, un coup de pinceau de plus à donner à l’Océan. […] Si ces hommes, qui ne comprenaient que la navette et le poinçon, avaient compris seulement la charrue qui les fait vivre, le navire qui transporte leurs produits, la monnaie qui les paye, le luxe qui les consomme, la possession et l’hérédité de la possession qui donne aux choses possédées leur seule valeur, jamais ils n’auraient laissé échauffer leurs imaginations sédentaires par ces délires de la communauté des biens. […] Enfin, expirant sous le poids de ses miracles, il a laissé après lui une autre utopie tout aussi funeste (car tout mensonge nuit) : l’utopie de la perfectibilité continue et indéfinie de l’homme sur la terre ; utopie dont le dernier résultat logique, en marchant de conséquence en conséquence, serait celui-ci : Ce n’est pas Dieu qui a créé l’homme, mais ce pourrait bien être l’homme qui aurait créé Dieu !
Là où il faiblit, des symptômes apparaissent, que nous croyons créés pour la circonstance, mais qui, en réalité, ont toujours été là, ou du moins auraient été là si nous avions laissé faire. […] Sur le souvenir qui serait une trace laissée dans le cerveau, nous nous sommes expliqué ailleurs. […] Il y aurait d’abord l’entrée en jeu de certaines cellules, et ce serait la perception, puis une trace laissée dans ces cellules une fois la perception évanouie, et ce serait le souvenir. […] Ou le présent ne laisse aucune trace dans la mémoire, ou c’est qu’il se dédouble à tout instant, dans son jaillissement même, en deux jets symétriques, dont l’un retombe vers le passé tandis que l’autre s’élance vers l’avenir. […] Le reflet ne se laissera d’ailleurs pas confondre avec l’objet, car celui-ci a tous les caractères de la perception, celui-là est déjà souvenir : s’il ne l’était pas dès maintenant, il ne le serait jamais.
On lit même dans l’historien littéraire de la Bourgogne, Papillon, une anecdote presque gaillarde que je donne pour ce qu’elle vaut, mais qui concorde pour le fond avec le témoignage de Saumaise : Jeannin (selon un recueil manuscrit cité par Papillon) étant revenu à Bourges pour la seconde fois et étant allé avec ses anciens camarades voir le sieur Cujas incognito, Cujas ne laissa pas de le reconnaître, quelque soin qu’il prît de se déguiser, et, s’étant jeté à son cou, il commença à lui dire : « Est-ce toi, Romorantin ? […] Jeannin n’exerça la profession d’avocat que deux ans, et il laissa de vifs souvenirs. […] Henri III ne laissa pas cependant de continuer sous main les mêmes offres à Mayenne. […] Cela fut cause que je demeurai, à sa très instante prière, près de lui ; car, encore qu’il sût bien mon inclination à la paix et que j’étais obligé à servir le roi, il ne laissa pourtant de prendre cette assurance de ma franchise que je ne servirais pas d’un espion près de lui pour le tromper.
Chacun le dit, mais lui ne vise qu’au principal, au triomphe de la doctrine ; il conseille et inspire M. de Noailles comme il avait fait pour Le Tellier : « Il va droit au bien en tout et partout, sans écouter les dégoûts qu’il peut avoir, ni se laisser arrêter par les difficultés qui se présentent. » Il a besoin d’agir directement auprès de Mme de Maintenon pour obtenir d’elle et de son influence sur le roi que le père de La Chaise ne soit point écouté ; car il s’agit de condamner des doctrines chères aux amis et confrères du père de La Chaise. […] On est d’avis à l’assemblée d’exclure le second ordre, c’est-à-dire les abbés, dans les délibérations concernant la foi et la morale, de ne leur laisser que la voix consultative et non la voix délibérative et le vote : de là grande rumeur. […] On assure qu’en décembre 1702, en apprenant l’ordonnance de M. de Meaux contre son dernier livre (la traduction du Nouveau Testament, imprimée à Trévoux), Richard Simon disait : « Il faut le laisser mourir, il n’ira pas loin. » L’oratorien déjà philosophe semblait confesser par là qu’il ne reconnaissait et ne redoutait véritablement qu’un docteur, celui qui pouvait, le dernier, s’appeler un maître en Israël. […] L’impression que laisse la lecture du journal de Le Dieu, au milieu des particularités oiseuses et quelquefois bien vulgaires qui s’y rencontrent, a cela d’utile qu’elle met cette vérité et cette sincérité de la nature de Bossuet dans une entière et incontestable lumière.
Je ne lis jamais de poète, ni d’ouvrage d’éloquence, qui ne laisse quelques traces dans mon cerveau ; elles se rouvrent dans les occasions, et je les couds à ma pensée sans le savoir ni le soupçonner ; mais lorsqu’elles ont passé sur le papier, que ma tête est dégagée, et que tout est sous mes yeux, je ris de l’effet singulier que fait cette bigarrure, et malheur à qui ça tombe ! […] Suard était un esprit discret, honnête, et bien que foncièrement adhérent au parti philosophique, incapable de rien inventer et supposer au profit de sa cause ; son témoignage ne laissait pas d’être très embarrassant, et on était réduit à y voir une singulière méprise. […] Il aimait, dit-il, à joindre de grands mots, à se perdre dans une période ; il ne lisait jamais de poète ni d’orateur qui ne laissât quelques traces dans son cerveau, et ces traces se reproduisaient dans ce qu’il écrivait ensuite. […] Gilbert a rassemblé à ce propos différents passages de ses maximes et de ses caractères, qui se rapportent évidemment à cette situation personnelle ; on le soupçonnait auparavant, on en est sûr désormais : et par exemple dans ce portrait de Clazomène qui est tout lui : « Quand la fortune a paru se lasser de le poursuivre, quand l’espérance trop lente commençait à flatter sa peine, la mort s’est offerte à sa vue ; elle l’a surpris dans le plus grand désordre de sa fortune ; il a eu la douleur amère de ne pas laisser assez de bien pour payer ses dettes, et n’a pu sauver sa vertu de cette tache. » L’amitié si tendre, si familière, que nous voyons établie entre Vauvenargues et Saint-Vincens nous permet de nous figurer en la personne de ce dernier un de ces amis dont La Fontaine avait vu des exemples autre part encore qu’au Monomotapa : Qu’un ami véritable est une douce chose !
Mais il ne faut jamais dire cela au génie de l’homme, ni le mettre au défi ; car voici une édition nouvelle qui laisse bien loin en arrière toutes les autres ; elle est unique, elle est monumentale ; ce sont des étrennes de roi. […] Si on lit les intéressants petits Mémoires qu’il a laissés, on en trouvera, de ces idées neuves, qu’il sème à chaque pas, et des plus pratiques. […] Perrault était déjà vieux, il était bourgeois de Paris ; il laissa donc les contes venir à lui dans les nombreuses veillées d’hiver, au coin du feu de sa maison du faubourg. […] Peau d’âne, mise en vers d’abord, puis retraduite en prose, n’en fait point partie, et mon admiration, je l’avoue, la laisse un peu en dehors.
Fils orphelin de l’ancien ami du prince, du premier gentilhomme de sa chambre, il était comme adopté par lui et sur un pied de familiarité, de camaraderie même, qui, à ce degré et avec la disproportion des âges, ne laisse pas de surprendre. […] Des hommes courageux, tels que M. de Morangiès, gouverneur de Minden, laissé sans secours, se rendaient avec le poignard dans le cœur, mais avec une tache à leur nom. […] Digne cousin de Louis XV, il se moquait de son conseiller, au moment où il le laissait maître absolu d’agir et de prendre le mauvais parti. Il lui arriva de dire un peu plus spirituellement, en se désolant avec son neveu le prince de Condé : « Ce n’était pas la peine à M. de Belle-Isle de m’envoyer un tuteur ; j’en aurais bien fait autant tout seul. » Ce prince, quand il parlait ainsi, n’avait plus rien de cet aiguillon de la gloire qui prend au cœur les nobles natures et les laisse dévorées de douleur après un affront.
Mais surtout la tradition a conservé un vif souvenir du triomphe de mademoiselle Gaussin en novembre 1752 : telle fut sa magie d’expression dans le personnage de cette reine attendrissante, que le factionnaire même, placé sur la scène, laissa, dit-on, tomber son arme et pleura30. […] Ce sont ces sentiments qu’elle voulut voir développés sur la scène autant pour sa consolation que pour son amusement. » On sait en effet, par l’intéressante histoire qu’a tracée d’elle madame de La Fayette, combien Madame et son royal beau-frère s’étaient aimés dans cette nuance aimable qui laisse la limite confuse et qui prête surtout au rêve, à la poésie. […] Mais cette intelligence attentive, cette élévation pénétrante qui s’applique si bien à démontrer, à reconstituer à nos yeux les chefs-d’œuvre de la Grèce, l’éloquent critique ne daigne pas en faire usage à notre égard, et il nous en laisse le soin sous prétexte d’incompétence, mais en réalité comme l’estimant un peu au-dessous de sa sphère. […] Mais non : Racine, revenant ici, dans le dernier acte, à l’inspiration supérieure et majestueuse de la tragédie, a rendu énergiquement cette stabilité héroïque de l’âme à travers tous les orages, et n’a voulu laisser aucun doute sur ce qui demeure impossible : En quelque extrémité que vous m’ayez réduit, Ma gloire inexorable à toute heure me suit ; Sans cesse elle présente à mon âme étonnée L’empire incompatible avec notre hyménée, Me dit qu’après l’éclat et les pas que j’ai faits, Je dois vous épouser encor moins que jamais.
Mais, tout en berçant ce petit projet, je le laissais dormir avec tant d’autres plus graves et qui ont toute chance de ne jamais éclore. […] Cet écueil est encore évitable dans les pièces plus courtes, dans les simples églogues et idylles proprement dites, qui, d’ailleurs, permettent bien moins de laisser entrevoir le revers de la destinée et de diversifier les couleurs ; mais Théocrite bien souvent, et Goldsmith une fois, y ont réussi. […] Mais s’il s’agit de ces ouragans que rien n’égale, pourquoi ne pas laisser le vieux Typhon sous son Etna ? […] Il ne réussit pas à s’en détacher, à laisser mourir ou s’apaiser en lui ses facultés aimantes et tendres ; il mourut avec elles et par elles.
En chacun de nous, peut-on dire, il existe deux êtres qui, pour être inséparables autrement que par abstraction, ne laissent pas d’être distincts. […] L’éducation par le discours et la notion inculquée se réduit à une mnémotechnie qui laisse peu de traces dans l’esprit de l’enfant. […] Si vous avez affaire à une nature fine, délicate et sensitive, l’enfant ne se laissera toucher que par ce qui convient à sa propre sensibilité et est susceptible de l’intéresser ; si vous avez affaire à une nature apathique et flegmatique, l’appel au sentiment restera lettre morte. […] L’individualisme stirnérien, on pourrait dire aussi l’individualisme spencérien, est tout négatif ; il consisterait à supprimer toute éducation et à laisser l’enfant se développer en toute liberté.
[Maurice Maeterlinck] Constater que les dieux personnels sont morts ; détruire les temples extérieurs qui jettent sur nous une ombre malsaine ; ne laisser aux puissances divines, justice, chance, destinée, d’autre refuge que le cœur de l’homme, ou mieux la partie inconsciente et comme souterraine de notre être, « le temple enseveli » : tel est bien, malgré quelques incertitudes et quelques retours en arrière, l’effort de Maurice Maeterlinck. […] Quand Buffon recommande d’employer toujours les termes les plus généraux, il éteint l’écriture pour laisser au style toute la valeur. […] Cet amoureux des résultats se désole du néant des résultats : « La dramatique histoire des luttes philosophiques n’est pas sans laisser une impression pénible : on croirait voir des ouvriers battant à coups redoublés une muraille, dont aucune parcelle ne se détache, et qui ne rend que du bruit sous le marteau. » Les pauvres ouvriers, en effet, qui attachent à leurs membres naturellement si lourds l’écrasement du plomb baconien et qui essaient de « penser le monde » suivant des méthodes faites pour saisir de tout petits détails indifférents ! […] Ô mon âme, laisse dans la vallée étroite les ouvriers penchés qui nient le ciel.
Le public français ne laisse pas d’être singulier quelquefois dans ses jugements sur la poésie. […] Les vers lyriques que M. de Musset a laissé échapper depuis ses Nuits et qu’on vient de recueillir offrent quelques pièces remarquables. […] laissez-les couler, elles me sont bien chères, Ces larmes que soulève un cœur encor blessé ! Ne les essuyez pas, laissez sur mes paupières Ce voile du passé !
Cette première édition ne contint pas tout ce qu’il avait laissé ; on n’y donna que les principaux morceaux, et, dans ce qu’on donna, des scrupules de diverse nature, soit de doctrine, soit même de grammaire, firent corriger, adoucir, expliquer certains endroits où la vivacité et l’impatience de l’auteur s’étaient marquées en traits trop brusques ou trop concis, et d’une façon décisive qui, en telle matière, pouvait être compromettante. […] On croit sentir, en le lisant, une nature angélique et légère, qui n’a qu’à se laisser aller pour remonter d’elle-même à son principe céleste. […] Sans être évêque ni prêtre, il est lui-même sûr de son fait, il sait à l’avance son but, et laisse assez voir sa certitude, ses dédains, son impatience ; il gourmande, il raille, il malmène celui qui résiste et qui n’entend pas : mais tout d’un coup la charité ou le franc naturel l’emportent ; ses airs despotiques ont cessé ; il parle en son nom et au nom de tous, et il s’associe à l’âme en peine qui n’est plus que sa vive image et la nôtre aussi. […] Le caractère philosophique et indépendant qu’il a tenu à y laisser n’en saurait altérer le prix, et il y ajoute plutôt à mes yeux.
Question embarrassante que La Fontaine ne laisse résoudre qu’au sentiment. […] Il paraît que cette fable avait été laissée dans le porte-feuille de l’auteur, et qu’elle était faite depuis longtemps ; car il y parle un peu d’amour : ce qui eût été ridicule à l’âge où il était, quand ce douzième livre parut. […] Comment ses amis la lui ont-ils laissé mettre dans ce recueil ? […] Laissez agir la faux du temps : Ils iront assez-tôt border le noir rivage.
Et ce poète, qui s’appelait André Chénier, émerveillé de la variété des sites, de la diversité des productions, de la copieuse fertilité de notre patrie, laissait s’échapper comme un long cri de gratitude ce poème familier à vos mémoires, l’Hymne à la France. […] Je n’apporte pas ici l’ambition de faire vivre et respirer sous vos regards le grandiose tableau qu’André Chénier a laissé dans l’ombre. […] « Elle a suffi à une littérature qui compte à peu près huit cents ans ; elle a donné le seizième, le dix-septième, le dix-huitième, le dix-neuvième siècle qui, après avoir fourni (on ne peut parler que des morts) des poètes comme Alfred de Musset et Lamartine, des prosateurs comme Chateaubriand, Madame de Staël, George Sand, n’est ni achevé ni épuisé ; elle vaut la peine qu’on ne laisse point périr, faute de les comprendre, les chefs-d’œuvre qu’elle a produits. […] Sur ce point comme pour toute autre chose, ne nous laissons pas aller au découragement malsain, à la stérile défaillance.
Les lettrés disent que cela est cause que tout cultivateur un peu à son aise, au lieu de laisser à son fils sa charrue, veut en faire un savant, un théologien, ou tout au moins un maître d’école. […] C’est cette importance qu’on a donnée ou laissée dans les pays protestants aux universités qui les a rendues si florissantes. […] Il y aura peut-être dans leurs plans beaucoup de pédanteries ; mais Dieu, qui a favorisé son ointe de tous les dons, et, entre autres, de celui du laisser et du prendre, lorsqu’il le faut et comme il le faut, aura bientôt secoué entre ses mains augustes la poussière du pédantisme pour n’y laisser que le bon grain.
Il faut que l’auteur y réfléchisse longuement afin d’éviter ce qui pourrait écarter le public ou le laisser se méprendre sur le caractère et la nature de l’ouvrage. […] Si de nos jours la science laisse aux livres de vulgarisation les titres fantaisistes, il n’en fut pas toujours ainsi. […] Par exemple, au xvie siècle, à côté des précieux pétrarquisants, les très libres conteurs gaulois, qui ont laissé une littérature énorme, s’efforçaient de préluder à la gaieté dès la couverture de leurs livres imprimés à Gaillardopolis. […] Les Romantiques se laissaient à ce point séduire par ces beaux titres à panache que souvent il leur arriva d’annoncer des livres qui ne parurent jamais, et dont peut-être même ils connaissaient à peine le sujet.
Considérations préliminaires Je ne prétends m’ériger ni en censeur des gouvernements, ni en précepteur des peuples ; ma tâche, est, en quelque sorte, celle d’un historien sans affection et sans haine, comme s’exprime Tacite : je laisse aux habiles un soin qui est au-dessus de mes forces, celui de tirer les conséquences et de déduire les préceptes pratiques. […] Peut-être serons-nous conduits à croire que, contre le cours ordinaire des choses, il faut laisser l’opinion suivre sa pente naturelle, indépendamment des mœurs. […] Les peuples refusent de s’associer à ceux-là, parce que leurs opinions adoptives ne sont plus que des opinions de raisonnement ; mais les hommes sages doivent les accueillir avec quelque respect, surtout lorsque la bonne foi se laisse apercevoir ; et elle est toujours sentie dès qu’elle existe. […] D’anciens souvenirs ne s’effacent pas de suite ; des traditions antiques laissent des traces ; des préjugés subsistent encore longtemps après qu’ils sont déracinés.
De même, notre littérature qui, sous ce règne, a jeté encore un si grand éclat a été envahie, un instant, par une génération éphémère : cette génération fut sans aïeux, elle n’a point laissé de postérité. […] Homère n’a point chanté, il a laissé chanter la muse ; c’est-à-dire qu’il a été l’interprète de la parole. […] L’espèce d’abandon où nous avons laissé jusqu’à présent les monuments de notre langue romance tient à cet inconcevable dédain de nos propres origines, que j’ai si souvent déploré dans cet écrit. […] Par la restitution spéculative du Jupiter Olympien de Phidias, il comble en quelque sorte, dans la pensée, l’intervalle que l’interruption des traditions avait laissé entre les productions du génie statuaire et celles du génie pittoresque.
Mais ayant voulu étudier plus à fond la philosophie et les ouvrages d’Abélard, il a laissé son drame de côté et l’a condamné à l’oubli. […] Ses Œuvres posthumes qu’il laisse sont également écrites en français.
… Je laisse de côté les agréments prévus que nous réservent les six mois de la fête : la mêlée meurtrière des voitures et des piétons le long des boulevards — déjà impraticables aujourd’hui de cinq à sept heures ; pas un fiacre libre, plus une place dans les restaurants ni dans les brasseries ; l’enchérissement de toutes les choses nécessaires à la vie ; le Parisien accablé de maux, dépossédé de Paris, outlaw dans sa propre ville envahie par les barbares… Le dehors te fait peur : si tu voyais dedans ! […] Chaque Exposition nous laisse plus prêts aux spectacles violents de cirque et d’arène, aux jeux romains ou byzantins… Oui, je parle en moraliste effaré.
Il avait vécu ; il avait sucé de ses fortes lèvres rouges tous les fruits de l’Arbre fatidique ; il avait été un homme à l’âge où les autres hommes sortent de l’enfance ; il était vieux à l’âge où les autres hommes sont mûrs… Il relut Sagesse, sourit, se laissa oindre d’huiles consacrées, puis, ramenant le drap par-dessus sa tête, il s’en alla, rassasié de tout, dans la nuit sans étoiles. […] Van Bever Rimbaud laisse un bagage poétique fort restreint, et qui date de sa prime jeunesse.
Ce ministre laissa en mourant ses sept nièces mariées. […] Le cardinal laissa un neveu, le duc de Nevers, qui figurera plus tard entre les beaux esprits de mauvais goût fêtés par les précieuses.
L’homme éclairé, l’homme de goût, le sage Littérateur ne se laisse point entraîner aux applaudissemens de la multitude. […] M. de Chassiron s’est élevé avec force contre cette innovation théatrale, & a eu pour lui M. de Voltaire, qui se trouvoit même intéressé à la défendre, parce qu’il s’étoit laissé aller au torrent comme les autres.
L’innocent artiste se laisse vaincre à force d’instances, et, tandis qu’il travaillait, l’artiste jaloux exécutait le même ouvrage de son côté. […] C’est que l’œil du peuple se conforme à l’œil du grand artiste, et que l’exagération laisse pour lui la ressemblance entière.
On se laisse aller par je ne sais quelle lâcheté de conversation, pour ne pas paraître dédaigneux, pour n’avoir pas à expliquer les bonnes raisons de son dédain (et puis aussi parce qu’on n’a pas le droit d’être sévère quand on a senti soi-même la difficulté de réaliser le moindre travail), on se laisse aller à traiter de grands esprits douze médiocres et vingt-six bêtas, et l’on chicanerait la gloire légitime de Taine !
Puis, reprenant le bout périphérique de la veine jugulaire, nous délions la ligature et nous laissons couler une certaine quantité de sang. […] Le sang qui sort du foie est, en effet, plus chaud que le sang qui y entre, et l’expérience ne laisse aucun doute à ce sujet. […] Nous reprenons maintenant l’histoire du sucre au point où nous l’avons laissée ; et nous allons vous parler de ses usages dans l’économie animale. […] D’ailleurs nous ne nous sommes jamais contenté de cette réaction, nous avons toujours employé comparativement la fermentation, qui ne saurait laisser aucun doute en pareille matière. […] Nous nous laissons conduire, en un mot, par les résultats qui surgissent de l’expérimentation, et nous ne prétendons pas régenter et conduire l’expérience.
On y lit : Monsieur, Je reçus votre lettre et le poème latin qui l’accompagnait avec beaucoup de pudeur, ne pouvant sans rougir voir que vous le soumettez à mon jugement, lequel je ne puis exercer sans témérité sur d’autres ouvrages que sur les miens propres ; et je vous avoue que soit par cette raison, soit par le peu de loisir que me laissent mes occupations, je fus tenté de m’excuser du travail que vous exigiez de moi, et que le seul nom de M. […] Parmi les choses rares de la ville, il se laisse montrer une dame qu’on y estime, tant en esprit qu’en beauté, l’une des merveilles du monde. […] C’est ainsi que dans les Grands Jours, il parle des habitants des monts « qui ne menacent de rien moins que de brûler ceux qui leur font quelque déplaisir, et qui, étant toujours sous la neige, ne laissent pas d’avoir souvent recours au feu pour se venger ». […] Ce résumé des impressions reçues durant ces quatre mois de haute judicature, et du rôle que chacun y a tenu, est d’un écrivain qui ne laisse rien au hasard, et qui sait comment on termine un ouvrage même facile, et qu’il ne publiera pas. […] Taillandier a développé ses preuves dans une dissertation, insérée dans l’Athenaeum français du 24 novembre 1855, qui ne laisse rien à répliquer.