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389. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Argument » pp. 355-356

Il conclut en démontrant que c’est la Providence qui conduit les choses humaines, puisque dans tout gouvernement ce sont les meilleurs qui ont dominé.

390. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre II. Des tragédies grecques » pp. 95-112

L’illusion de la royauté subsistait chez les Athéniens, quoiqu’ils aimassent leur gouvernement républicain. […] Les révolutions subites et fréquentes du gouvernement populaire, ramènent souvent à ce genre d’observations philosophiques.

391. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XX. Du dix-huitième siècle, jusqu’en 1789 » pp. 389-405

Il voulait que les lumières fussent de bon ton, que la philosophie fût à la mode ; mais il ne soulevait point les sensations fortes de la nature ; il n’appelait pas du fond des forêts, comme Rousseau, la tempête des passions primitives, pour ébranler le gouvernement sur ses antiques bases. […] On aperçoit déjà les premières nuances du grand changement que la liberté politique doit produire dans la littérature, en comparant les écrivains du siècle de Louis XIV et ceux du dix-huitième siècle : mais quelle force le talent n’acquerrait-il pas dans un gouvernement où l’esprit serait une véritable puissance ?

392. (1880) Goethe et Diderot « Introduction »

C’était dans un journal qui appartenait, d’opinion, au gouvernement d’alors. […] Immédiatement justice fut faite, et la porte du journal où il écrivait fut fermée à l’auteur de l’article, pour avoir manqué, dans l’auguste personne de Gœthe, à la littérature française et au gouvernement français3 !

393. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Armand Carrel » pp. 15-29

Mais, républicain seulement pour faire pièce à un gouvernement qui ne lui avait pas fait place, il n’eut pas la force que contenait son parti, parce qu’un tel parti est nécessairement l’excès même et qu’il en repoussait les excès. […] Ce républicain d’occasion n’avait et ne pouvait avoir ni de principe de gouvernement, ni de foi politique ; et c’est pour cela qu’il allait devant lui, acceptant sans honte et sans embarras les transitions successives des partis qui expliquent tout par le progrès, — commode excuse !

394. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Si jamais un gouvernement sage et ami des lettres forçait ces bonnes gens à s’occuper des choses modernes et de notre temps « fertile en miracles », ils demanderaient une indemnité et prétendraient qu’on leur arrache le pain de la bouche. […] -P. de Béranger, et gouaillant les curés ; sous le gouvernement de Juillet, nous les avons vus conservateurs tant qu’ils étaient en place, et de l’opposition dès qu’ils n’y étaient plus ; après 1848, nous les avons vus pâles, tremblants de peur, terrifiés, devenus tout à coup républicains du lendemain, et nous les avons entendus, le 4 mai, acclamer quatorze fois la république qui ne leur en demandait pas tant ; puis nous les avons vus conspiroter entre eux, se disputer dans l’espoir, à toujours déçu, de portefeuilles qui ne leur reviendront jamais, et se frotter les mains en pensant qu’ils allaient reconquérir ces bons ministères où l’on était si bien et qu’on ne peut se lasser de regretter. […] Ils parlent de liberté comme s’ils ne l’avaient pas bâillonnée eux-mêmes ; ils parlent de religion comme s’ils ne l’avaient pas insultée jadis ; ils parlent des gouvernements passés comme s’ils ne les avaient pas jetés dans l’abîme à force de sottises ! […] Le jour où un gouvernement décrétera la dissolution de cette fade compagnie de bavards qui n’a même pas la force de porter le poids de son Dictionnaire, il aura bien mérité de tout ce qui tient à cœur les gloires immortelles des arts et des lettres. […] Il y a trop longtemps que le diable sert à diriger les consciences faibles et douteuses ; entre les mains de l’Église, c’est un moyen de gouvernement, et voilà tout.

395. (1864) Le roman contemporain

Un gouvernement ne périt point par une seule cause, mais par un ensemble de causes. […] Étaient-ce des boutiques industrielles que les grands journaux du gouvernement ? […] N’est-ce pas la grande voix de la multitude vociférant dans le lointain l’avènement d’un gouvernement nouveau ? […] Vous reconnaissez le temps du gouvernement provisoire. […] Gouvernement venu par l’épée, pourrait-il éviter de tirer l’épée ?

396. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 438-439

Cet Ouvrage, spécialement composé pour tourner en ridicule les Zélateurs du grand Œuvre & les Freres de la Rose-croix, excede les bornes de la plaisanterie, & contient des allusions personnelles qui le firent supprimer par ordre du Gouvernement.

397. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Amand » p. 279

L’ attelier de doreur, autre passable vignette pour le recueil des arts que nous fesons au milieu de tous les obstacles possibles, que l’académie a commencé il y a soixante ans ; qu’elle n’a pas fait avec tous les secours imaginables du gouvernement, qu’elle vient de reprendre par honte et par jalousie, et qu’elle abandonnera par dégoût et par paresse.

398. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 424-425

Ce défaut moins sensible dans la seconde édition, est vraisemblablement ce qui a empêché le Gouvernement de permettre le débit de ce Livre, & l'a privé de la plénitude du suffrage des honnêtes gens.

399. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 444-446

Ne peut-on pas, d’après les autres détails de sa vie, ajouter encore pour l’instruction des jeunes Poëtes, & les prémunir contre les écarts de leur imagination, que Villon ne respecta dans ses Ecrits ni la Religion, ni le Gouvernement, ni les personnes ; qu’il se permit sans honte les injures les plus grossieres & les libelles les plus dangereux ; qu’il avilit ses heureuses dispositions, & particuliérement le talent de la plaisanterie, en se jouant de tout dans ses Vers, & même de son honneur ; qu’enfin ces excès, après lui avoir ravi le repos pendant sa vie, ont entiérement éclipsé sa gloire dans la postérité ?

400. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Le gouvernement britannique y a-t-il songé ?  […] Et, parmi de telles gens, ne dénigre-t-il pas le gouvernement, — si pacifique !  […] Et le gouvernement du Roi, qui maintient l’ordre dans l’État, calme le remuement des consciences. […] C’est ce que n’a pas fait le gouvernement. […] Donc, le gouvernement de l’Empereur avait besoin d’une réponse catégorique et sans délais.

401. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

L’objet de cette quatrième lettre est énoncé en tête : Idée des lois et du gouvernement de Sa Majesté le roi de Sardaigne, avec quelques réflexions sur la Savoie en particulier. […] tous les hommes sont faits pour le même gouvernement, et ce gouvernement est la démocratie pure ! […] Je ne répondrai point que cette forme de gouvernement elle-même ne soit une préparation, un intervalle, une transition à de plus souveraines. Mais toutes les formes de gouvernement en sont là. […] Pourtant, jusque dans l’excès de sa théorie pontificale, M. de Maistre ne faisait encore que marquer sa foi vive et à tout prix au gouvernement providentiel.

402. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Il aime par goût les choses du gouvernement ; mis en présence, il veut les apprendre, les étudier en elles-mêmes, il s’y porte avec passion. […] Questions brûlantes, sur lesquelles l’historien lui-même, devenu homme de gouvernement, a dû hésiter quelquefois. […] Un gouvernement composé de bourgeois, nos égaux, régissait la république avec modération ; les meilleurs étaient appelés à leur succéder. […] Thiers conseillait, au contraire, le rejet pur et simple du budget ; « ne pas affaiblir le gouvernement, le changer de mains. » La théorie que soutint constamment le National était celle-ci : « Il n’y a plus de révolution possible en France, la révolution est passée ; il n’y a plus qu’un accident. […] Le détail de ces journées, leur lendemain, et la carrière aussitôt commençante de l’homme de gouvernement, ne nous concernent plus ici, et sortent de notre portée dans cette simple esquisse littéraire que nous essayons.

403. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre II : La psychologie »

La raison a servi d’instrument pour réprimer les formes inférieures du gouvernement mental, — le gouvernement par préjugé, le gouvernement par tradition, etc., et partout où elle les a remplacées, elle tend à jouer le rôle de despote à leur place. Pour le développement de l’esprit, comme pour le développement de la société, il semble que ce soit une loi que le progrès vers la forme de gouvernement la plus élevée se fasse en passant par des formes dont chacune établit un pouvoir qui n’est qu’un peu moins tyrannique que le pouvoir qu’elle remplace. […] 4L’idéal du gouvernement, c’est de subordonner l’individu à la société. […] L’idéal de la société doit être un minimum de gouvernement et un maximum de liberté.

404. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

La conversation va au Japon, aux impressions, aux images obscènes qu’il m’affirme ne plus venir en Europe, parce que, au moment où le pays a été ouvert aux étrangers, ils ont acheté ces images avec des moqueries et des mépris publics pour la salauderie des Japonais, et que le gouvernement a été blessé, a fait rechercher ces images, et les a fait brûler. […] » Vendredi 14 mars Un gouvernement, auquel il y aurait à demander un peu plus d’honnêtes gens dans le ministère et un peu plus de police dans la rue : c’est le gouvernement d’aujourd’hui. […] Lundi 24 mars Au fond, les financiers ne sont que des voleurs, mais des voleurs qui ont acheté près du gouvernement le droit de voler. […] Vendredi 18 avril En ce temps tout pratique, un groupe de Français intelligents devrait afficher ce programme aux prochaines élections : « Nous nous foutons de la Légitimité, de l’Orléanisme, de l’Impérialisme, de la République opportuniste, radicale, socialiste ; — ce que nous demandons, c’est un gouvernement de n’importe quelle couleur au rabais : le gouvernement qui s’engagerait dans une soumission cachetée, à gouverner la France au plus bas prix. » Dimanche 20 avril Montegut, le peintre passionné de musique, est allé, avec une bande de dilettantes, exécuter du Wagner dans la forêt de Fontainebleau, la nuit, sur des partitions éclairées par des bougies, tenues par les jeunes et jolies filles de Risler, et c’est un plaisir de l’entendre parler du velours de la musique, en plein air, sous des sapins.

405. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

Mais que je suis bête, ce gouvernement, c’est celui de l’infâme Louis XV. […] * * * — À voir ce qui commence, le régime de la liberté sera le plus effroyable despotisme qui ait jamais existé : le despotisme d’un gouvernement, un jour, maître et possesseur de tout. […] » * * * — Tous des timides ou des lâches — même les gens d’église… est-ce que le président Grévy, le chef de ce gouvernement qui a déchristianisé la France, aurait dû trouver un prêtre pour baptiser sa petite-fille ? […] » De là, on passe à la question du Tonkin, et quelqu’un dit ceci : « Du moment qu’on laisse pénétrer près du Gouvernement un membre de la Société de géographie, on a la guerre.

406. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 128-130

Moins d’Hommes savans, ou des Savans raisonnables & bons Citoyens, telle sera la devise de tout Gouvernement sage.

407. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

Dans mes rapports avec la Commune de Paris, je reconnus que c’était un énorme contresens de faire conférer par le peuple aux administrateurs l’investiture de fonctions instituées pour l’exécution des ordres du gouvernement, comme si on avait voulu que les ordres venant du centre aux extrémités heurtassent pour l’exécution contre les oppositions naturelles aux extrémités contre le centre. […] L’anarchie est l’absence du gouvernement et la volonté de chacun substituée à la volonté générale ; en 1792, il y avait une volonté générale, unanime ; il y avait une organisation terrible pour la former, la confirmer, la manifester, la faire exécuter ; en un mot, il existait une démocratie, ou, si l’on veut, une ochlocratie52 redoutable, résidant en vingt-six mille clubs correspondant ensemble et soutenus par un million de gardes nationales. […] [NdA] Ochlocratie, gouvernement de la multitude.

408. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Dans ces volumes agréables et d’une lecture variée, Beyle parlait de la peinture et de mille autres choses, de l’histoire, du gouvernement, des mœurs. […] Il n’a pas plus de foi qu’il ne faut au gouvernement représentatif ; il ne fait pas chorus avec les philosophes contre les Jésuites, et, s’il avait été, dit-il, à la place du pape, il ne les aurait pas supprimés. […] Nous continuons de faire le même vœu, avec cette différence que, lui, il semblait accuser du retard tantôt le gouvernement d’alors avec sa censure, et tantôt le public français avec ses susceptibilités : « C’est cependant à ceux-ci, disait-il des Français de 1825, qu’il faut plaire, à ces êtres si fins, si légers, si susceptibles, toujours aux aguets, toujours en proie à une émotion fugitive, toujours incapables d’un sentiment profond.

409. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

On a remarqué récemment, et l’on a paru découvrir avec un étonnement, selon moi un peu excessif4, qu’il y avait dans l’Ancien Régime, dès le xviie  siècle et depuis Richelieu surtout, des parties déjà très semblables à ce que devait être le gouvernement reconstitué à neuf après la Révolution. […] ) J’ai vu avec une grande impatience, sur la frontière de France et de Hainaut, la continuation des magistrats municipaux plus d’une année dans leurs magistratures passer pour une faveur dont il fallait gratifier le public dans les belles occasions, comme l’avènement d’un gouvernement, la naissance d’un prince, la convalescence du roi, etc. ; mais ayant remarqué que cette faveur accordée ne faisait que maltraiter les peuples en enorgueillissant quelques coquins de bourgeois qui faisaient bientôt une tyrannie de leurs magistratures, j’arrêtai cela, y étant intendant, et dans une célèbre occasion, qui fut le sacre de Louis XV à Reims : et je me fis écrire une lettre par le secrétaire d’État de la province, qui marquait que les magistrats seraient renouvelés malgré cette circonstance, et que l’on se proposait de les faire renouveler annuellement, malgré toute remontrance et nonobstant toute occasion quelconque, et cela par les principes des motifs allégués ci-dessus, savoir leur négligence et abus quand on manquait à les renouveler annuellement ; et je fis imprimer et afficher cette lettre dans tous les carrefours de mes villes. […] Chauvelin, en juillet 1734, ce ministre lui explique comment on a été contraint de faire la guerre par l’opinion que les ennemis avaient conçue au désavantage du présent gouvernement.

410. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

Je lui dis que je ne doutais pas de la bonne foi et des bonnes intentions du roi et des ministres ; que tout ce qu’il y avait de raisonnable et de possible en améliorations, on principes et moyens d’un gouvernement libre, était dans leurs vues. — « Eh bien ! […] Cette barrière, que je n’ai jamais franchie, m’a toujours fait repousser les opinions licencieuses, les déclamations indécentes contre la religion et le gouvernement… Je m’attachai cependant à l’abbé Raynal, quelques années après notre connaissance, mais surtout lorsqu’il m’eut confié ses regrets d’avoir abandonné à Diderot la refonte de son grand ouvrage, où celui-ci a inséré toutes les déclamations qui le déparent. […] Tous les gouvernements sont pesés à sa balance, et l’on risque le bannissement à oser avancer modestement devant lui que le commerce d’une puissance est de quelques millions plus lucratif qu’il ne l’annonce.

411. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

S’étant de bonne heure posée en vieille femme et en maman des gens qu’elle reçoit, elle a un moyen de gouvernement, un petit artifice qui est à la longue devenu un tic et une manie : c’est de gronder ; mais c’est à faire à elle de gronder. […] On s’entretenait autour de son lit des moyens que les gouvernements pourraient employer pour rendre les peuples heureux, et chacun d’inventer de grandes choses : « Ajoutez-y, dit-elle, le soin de procurer des plaisirs, chose dont on ne s’occupe pas assez. » Elle mourut sur la paroisse de Saint-Roch, le 6 octobre 1777. — Le nom de Mme Geoffrin et son genre d’influence nous ont naturellement rappelé un autre nom aimable, qu’il est trop tard ici pour venir balancer avec le sien. […] Ce que Mme Geoffrin eut de plus dans son gouvernement de salon bien autrement étendu et considérable, ce fut une raison plus ferme et plus à domicile en quelque sorte, qui faisait moins de frais et d’avances, moins de sacrifices au goût des autres ; ce fut ce bon sens unique dont Walpole nous a si bien rendu l’idée, un esprit non seulement délicat et fin, mais juste et perçant.

412. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

C’est pour se distraire, pour chercher à soulager et à remplir son âme, qu’il conçut son travail estimable contre les athées, les incrédules du temps et les railleurs, et qu’il intitula : De l’importance des opinions religieuses (1788) : Mes pensées, dit-il, ne pouvant plus s’attacher à l’étude et à la recherche des vérités qui ont l’avantage politique de l’État pour objet ; mon attention ne devant plus se fixer sur les dispositions particulières de bien public qui sont nécessairement unies à l’action du gouvernement, je me suis trouvé comme délaissé par tous les grands intérêts de la vie. […] Necker redevient un écrivain et un dissertateur politique très distingué ; il analyse et il critique les diverses Constitutions qui se sont succédé en France, celles de 91, de 93, de l’an III, de l’an VIII ; il en relève aisément les vices ou les défauts : c’est alors qu’il propose et confectionne à loisir son idéal de monarchie tempérée et de gouvernement à l’anglaise, dont il s’était assez peu avisé dans le temps où il tenait le gouvernail. […] Une seule réflexion se présentera, comme une conséquence presque littéraire : il serait singulier que l’homme qui a vu bien des choses d’une manière distinguée, mais si peu conforme au génie français, eût vu juste précisément sur le point le plus difficile de tous, sur la forme de gouvernement la mieux appropriée au génie de la France41.

413. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

La discorde est ainsi au cœur du gouvernement despotique et du gouvernement libre par excellence.

414. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. Troplong : De la chute de la République romaine »

L’entrée en matière de ses Annales fait espérer d’utiles révélations ; en quelques mots profonds et rapides, il montre le monde fatigué des guerres civiles, un besoin général de repos et de sécurité ; Auguste, maître de l’armée par ses largesses, du peuple par ses distributions, des nobles par ses faveurs, de tous par la douce tranquillité de son gouvernement ; les provinces acceptant avec joie cette domination d’un seul homme par aversion pour l’empire du sénat et du peuple, pour les combats des grands, pour l’avarice des magistrats, pour la violence, la corruption et la brigue qui avaient pris la place des lois ; enfin, la République s’effaçant peu à peu du souvenir d’une société qui, sous un sceptre protecteur, goûtait un repos dont elle avait été si longtemps privée. […] le gouvernement des hommes est chose sévère ; très-peu sont capables de l’exercer.

415. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre IV. L’écrivain (suite) »

La forme même de notre civilisation nous impose ce contraste ; nous ne nous sommes développés qu’en nous disciplinant sous un gouvernement distinct du peuple, indépendant, qui absorbait toutes les idées et les forces, subsistait par sa propre énergie et nous donnait l’impulsion, au lieu de la recevoir de nous. […] Nos lettres, comme notre religion et notre gouvernement, sont plutôt superposées qu’enracinées dans la nation.

416. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre III. Besoin d’institutions nouvelles » pp. 67-85

Quoique l’Évangile soit une loi indépendante de toute institution politique, une loi qui admette toute espèce de gouvernement, néanmoins on peut dire que nous n’avons point eu de législateur depuis Jésus-Christ, et que les empires chrétiens ne peuvent point en avoir d’autre. […] Ainsi donc, et c’est ce que j’espère faire sentir plutôt que prouver ; ainsi donc, lorsque l’homme veut hâter, par la violence, cette marche naturellement lente, aussi bien que lorsqu’il veut y apporter des délais et des obstacles, il met toujours la société en péril : il ne faut pas cesser de répéter cette vérité, sous toutes les formes ; il faut, s’il est permis de parler ainsi, en lasser les peuples et les gouvernements jusqu’à ce que la crise actuelle soit passée.

417. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VI. Du trouble des esprits au sujet du sentiment religieux » pp. 143-159

Remarquons d’abord que dans tous les gouvernements anciens les institutions politiques ont toujours été fondées sur les institutions religieuses ; remarquons ensuite que dans les gouvernements modernes les institutions politiques se sont toujours appuyées sur les institutions religieuses ; remarquons enfin que toutes les questions qui tiennent à l’existence de la société sont des questions religieuses.

418. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Sahara algérien et le Grand Désert »

Cependant, malgré la richesse du sujet qu’il avait choisi, il s’était presque détourné des questions qui incombaient à l’historien de l’Algérie et qui auraient pu éveiller et faire vibrer en lui cette faculté d’homme d’État qui est toujours, plus ou moins, au fond des soldats, car les stages de l’obéissance exercent laborieusement à la pratique du commandement et du gouvernement des hommes. […] Quand le régime parlementaire, avec une stupidité qui ne sentait pas même la honte, mettait en question l’abandon de nos établissements d’Algérie, l’Armée était l’antagonisme le plus glorieux et la meilleure critique du gouvernement qui osait ainsi disposer des acquêts de son épée ; car ses conseils d’état-major sont secrets et dans ses rangs l’incompétence se tait et obéit, contrairement au système de discussion et de publicité qui n’a jamais su que semer le bruit pour recueillir la tempête.

419. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XI. MM. Mignet et Pichot. Charles Quint, son abdication, son séjour et sa mort au monastère de Yuste. — Charles V, chronique de sa vie intérieure dans le cloître de Yuste » pp. 267-281

Or, malgré ses formes politiques et le jeu extérieur de ses institutions, l’ancien gouvernement de l’Espagne était, en réalité, il faut bien l’avouer, une théocratie. L’Espagne, du moins la grande Espagne d’avant les Bourbons, fut un gouvernement de prêtres, et on pourrait presque dire un peuple de prêtres.

420. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXI. Sainte Térèse »

Il fallait qu’elle les sût pour les conduire, cette grande Directrice, qui les a conduites et soumises à un gouvernement inconnu des hommes, — le gouvernement de l’Amour !

421. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Christophe »

Selon moi, les écrivains n’ont pas plus à défendre ce qu’ils ont écrit que les gouvernements ce qu’ils ont ordonné. […] Ce fut Eugène IV qui, par la date et la durée de son pontificat, fut le plus spécialement chargé de cette besogne ; mais, comme tous les restaurateurs, qui ne restaurent guères en définitive, comme tous les réparateurs des maux commis, qui sont presque toujours irréparables, il se crut obligé à des habiletés et à des concessions qui restent sur sa mémoire, malgré les efforts de l’abbé Christophe pour les en ôter… C’est du concile de Bâle, en effet, que date l’établissement dans l’opinion ecclésiastique de ces prétentions démocratiques, si contraires, quoi qu’on en ait dit, au gouvernement de l’Église, laquelle est une monarchie mixte, d’un ordre spécial, comme l’a très bien prouvé l’abbé Christophe.

422. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

C’est là le miracle d’un gouvernement libre ; c’est que le nom de la loi est tout-puissant dans ce pays ; et quand elle a parlé, nul ne résiste. […] L’État en gouvernements ou duchés, districts ou comtés, etc. […] Dans la seconde, consacrée à l’examen des gouvernements, on remarquera surtout deux chapitres sur l’Angleterre. L’auteur, cherchant à prouver que la monarchie absolue est le seul gouvernement naturel ou conforme à la nature de l’homme, fait la peinture de la monarchie anglaise dont le gouvernement, selon lui, n’est pas naturel. […] Mais si nous avions jamais pensé avec des hommes, dont nous respectons d’ailleurs le caractère et les talents, que le gouvernement absolu est le meilleur des gouvernements possibles, quelques mois de séjour en Turquie nous auraient bien guéri de cette opinion.

423. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 302-304

Et les ordres du Gouvernement, qui ont défendu l’impression de cette Tragédie, n’ont fait que lui épargner une seconde chute, déjà décidée par la réprobation des Gens de goût.

424. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — O. — article » pp. 430-432

L’Auteur y développe, y discute, avec autant de sagacité que de justesse, tous les événemens, toutes les intrigues, toutes les manœuvres, tous les motifs, toutes les ressources, toutes les passions qui ont produit tant de vicissitudes dans cette Isle célebre, & dont le Gouvernement a fourni tant de tableaux différens.

425. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 219-221

Ils ont à peu près la même marche, avec cette différence, que l’Abbé de Saint-Pierre. ne s’écarte point de son systême, ne dénature point les événemens, ne donne point dans des bévues, & qu’il développe, d’une maniere plus étendue, l’Histoire de notre Gouvernement, de notre Législation, & de nos Etablissemens.

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