Ses « tranches de vie » sont de lourds poèmes d’un lyrisme fangeux et tumultueux, romantisme populaire, symbolisme démocratique, mais toujours pleins d’une idée, toujours gros d’une signification allégorique, Germinal, la Mine, la Foule, la Grève. […] Écoutez ce fragment des Cathédrales : — Ô ces foules, ces foules Et la misère et la détresse qui les foulent Comme des houles ! […] Le soleil meurt, la foule imaginaire est morte Mais le monde subsiste en ta seule âme : vois ! […] Donc ce vieux-neuf déco, est là comme le plus simple, le plus sous la main, et celui où l’imagination neutre d’une foule spectatrice pourra, avec le moindre effort, situer un combat mental dont les armes sont des accessoires de théâtre. […] Par cette bombarde, j’entends non la grande foule, mais ce large public, déjà trié une fois, qui, insensible à l’art pur, exige néanmoins que ses émotions romanesques lui soient servies enrobées dans de la vraie littérature, originale, fortement parfumée, de pâte longue savamment pétrie, et de forme assez nouvelle pour surprendre et séduire.
Là où la veille il n’y avait rien, le lendemain il y a un monde : que ce monde soit celui de Shakespeare ou d’Homère, de Molière ou d’Aristophane, de Sophocle ou de Corneille, d’Archimède ou de Pascal ; que ce soit, dans l’ordre réel, l’enchaînement des hauts faits d’un héros ou ces autres bienfaits publics émanés d’un législateur et d’un sage, il n’importe : la médiocrité de la foule, en ajoutant petit à petit tout son effort durant des années, n’aurait pu y atteindre ; tous les ingénieux Marivaux en tout genre, tous les distingués et les habiles, tous les grands médiocres (comme Marivaux lui-même les appelle), entasseraient grain sur grain pendant des siècles pour s’élever et se guinder en se concertant jusqu’à cette sphère supérieure, ils n’en sauraient venir à bout : ce sont des facultés distinctes et diversement royales, don de la nature et du ciel, qui destinent et vouent quelques mortels fortunés à ces rôles, tout aisés pour eux, d’enchanteurs de l’humanité, de conducteurs vaillants et de guides. […] Et comment, par exemple, n’appellerait-on point précieux un observateur qui vous dit, en voyant dans une foule les figures laides faire assaut de coquetterie avec les figures plus jolies (la page est curieuse et dispense d’en lire beaucoup d’autres ; mais, à côté du bon Marivaux, il faut bien qu’on sache où est le mauvais) : J’examinais donc tous ces porteurs de visages, hommes et femmes ; je tâchais de démêler ce que chacun pensait de son lot, comment il s’en trouvait : par exemple, s’il y en avait quelqu’un qui prît le sien en patience, faute de pouvoir faire mieux ; mais je n’en découvris pas un dont la contenance ne me dît : « Je m’y tiens. » J’en voyais cependant, surtout des femmes, qui n’auraient pas dû être contentes, et qui auraient pu se plaindre de leur partage, sans passer pour trop difficiles ; il me semblait même qu’à la rencontre de certains visages mieux traités, elles avaient peur d’être obligées d’estimer moins le leur ; l’âme souffrait : aussi l’occasion était-elle chaude. […] En sortant de l’église, Marianne, qui entend venir derrière elle un carrosse, se hâte, tombe et se foule le pied ; un jeune homme de qualité qui l’a fort remarquée à l’église, celui même à qui appartient le carrosse, se trouve là tout à point pour la secourir, pour la faire conduire chez lui à deux pas.
À la nuit seulement, cette foule effrayante s’écoula vers Grenade. […] La foule criait : Mort à Franceschi ! […] Avant tout, le hasard et la bizarrerie des destinées ; cette fatalité « qui préside aux événements de notre vie, qui paraît dormir dans les temps calmes, mais qui, dès que le vent s’élève, emporte l’homme à travers l’air comme une paille légère » ; les premiers succès, l’entrain du début, les heures brillantes de la vie, les espérances déjà couronnées ; puis les revers, les lenteurs, les mécomptes, les difficultés tournant à la ruine ; la prison, la souffrance, une épreuve sans terme ; une longue agonie dans l’âge de la force ; une nature d’élite écrasée, victime et martyre des persécutions ; les haines aveugles des foules, les sauvages préjugés des races ; l’horreur des guerres injustes ; toujours et partout, çà et là, quelques âmes bienfaisantes et compatissantes ; notre pauvre humanité au naturel et à nu, en bien et en mal ; une belle mort enfin, délicate et magnanime.
Le génie scandalise volontiers les foules, sa haute religion offusque les superstitions inférieures. […] Voix des dieux ou voix du peuple, il sort d’une foule qui n’a qu’une bouche et qu’une âme. […] Il cherche le Dieu vrai dans la foule des divinités illusoires, une providence dans le désordre apparent des choses, la loi sous la fatalité, la justice à travers les talions barbares.
En tout, il aimait les grands sujets, les sujets qui ont du corps et de la prise ; il aimait les grandes routes, sûr qu’il était, avec sa carrure d’esprit et ses développements nombreux, d’y dominer la foule et d’y tenir le haut du pavé. […] Mais il est certainement dans le bon sens, lorsque dans la séance du soir du 19 juin (1790), une suite de motions étourdies s’étant succédé coup sur coup contre la statue de Louis XIV de la place des Victoires, contre les titres de noblesse et les simples noms de terres, et tout cela de la part des Noailles, des Montmorency, de tous ceux qui en feront depuis leur mea culpa solennel, lui, l’abbé Maury, monte à la tribune, venge ingénieusement Louis XIV, et répond à toute cette noblesse ambitieuse de s’abolir, par ce mot d’un ancien à un philosophe orgueilleux : « Tu foules à tes pieds le faste, mais avec plus de faste encore. […] Chacun sait son fameux mot à la foule qui criait en le voyant passer : À la lanterne !
Prenez les usuriers en masse, de leur foule se dégage un total, Shylock. […] Quelquefois, à un moment donné, le type sort tout fait d’on ne sait quelle collaboration du peuple en masse avec un grand comédien naïf, réalisateur involontaire et puissant ; la foule est sage-femme ; d’une époque qui porte à l’une de ses extrémités Talleyrand et à l’autre Chodruc-Duclos, jaillit tout à coup, dans un éclair, sous la mystérieuse incubation du théâtre, ce spectre, Robert Macaire. […] Il croit peu au sceptre, bafoue le trône, a pour camarade un étudiant, dialogue avec les passants, argumente avec le premier venu, comprend le peuple, méprise la foule, hait la force, soupçonne le succès, interroge l’obscurité, tutoie le mystère.
LE public a été inondé de Dictionnaires sur la langue : dans cette foule, il y en a bien peu de bons. […] Le principal & le seul mérite de ce livre, si ce n’est pas un vice, est d’avoir accumulé une foule d’exemples tirés d’auteurs connus ; mais ces exemples ainsi entassés, fatiguent bien plus le lecteur qu’ils ne l’instruisent. […] “Le mot de vis-à-vis (dit M. de Voltaire dans une Lettre à M. l’Abbé d’Olivet) qui est très-rarement juste & jamais noble, inonde aujourdhui nos livres, & la Cour & le Barreau & la société ; car dès qu’une expression vicieuse s’introduit, la foule s’en empare.
Par les rythmes berceurs et les cabrements de nos aéroplanes, leurs bizarres zig-zags et leurs hiéroglyphes les plus imprévus, par les cabrioles les plus divertissantes exécutées suivant un dessin voulu, nous manifestons aux foules, du haut du ciel, nos sensations les plus intimes et notre lyrisme personnel d’hommes volants. […] J’ai constaté combien il est facile à la foule spectatrice de suivre et de comprendre les moindres nuances des différents états d’âme de l’aviateur Etant donnée l’identification du pilote et de son aéroplane, celui-ci devient le prolongement de son corps : les os, les tendons, les muscles et les nerfs se prolongent dans les fils et les câbles. […] Le Théâtre aérien, par l’ampleur de ses spectacles, le concours des foules et l’émulation de ses acteurs volants, parmi lesquels brilleront bientôt des Zacconi, Duse, Caruso, Tamagnoap de l’air, stimulera d’une façon décisive l’aviation.
Mais ces trois parties de son poëme correspondaient à une foule de perspectives qu’un grand artiste aurait entr’ouvertes, mais que le plus grand artiste aurait été obligé de tenir fermées, s’il n’avait pas eu à sa portée la science même du christianisme. […] Pommier n’a, lui, qu’un personnage dans tout son poëme, mais ce héros, c’est la Foule, c’est le Monde, c’est l’Humanité. […] On voit leurs foules désolées, D’un regret navrant affolées, S’enfuir par épaisses volées Des parvis sereins de l’Éther.
La foule accourt, ne sachant pas même s’il y a des règles, et siffle ou applaudit selon qu’elle s’ennuie ou qu’elle s’amuse. […] Qu’est-ce que la foule de ceux qui peuvent voir comparée à la foule de ceux qui peuvent lire ? […] Enfin le moins heureux de ces chers absents, Charles Barbara, sortait de la foule par la nuance particulière de sa vocation. […] Les noms me viennent en foule à cette dernière heure. […] Elles ont une originalité naturelle ou volontaire qui les distingue de la foule sans leur donner cependant de domination sur elle.
Une tour s’est élevée soudain aux accents passionnés de la foule. […] La foule ingénue n’a que des sensations. […] La foule crée le succès ; la caste crée la beauté. […] La foule, en tant que foule ne ment jamais ; le jugement esthétique est une des formes les plus complexes du mensonge21. […] Plus une œuvre reçoit d’admirations, plus elle se fait belle pour la foule.
Après le Cid, un grand mouvement avait gagné les imaginations, sans qu’un poëte se fût détaché de la foule. […] Une foule d’autres mots latinisés expriment les habitudes de la vie barbare. […] Le caractère du génie, c’est de primer tout d’abord au milieu de la foule des talents. […] Nous ne pouvons analyser cette foule d’ouvrages encore inédits, ou publiés par fragments. […] Il domine la foule ; et il en est sorti.
d’Arnaud a fait encore des Romans qu’il faut bien se garder de confondre avec la foule des Ouvrages qui portent ce nom.
Ce morceau, ainsi que beaucoup d’autres, où il a employé des images qui ne sont point dans l’Original, donnent l’idée la plus avantageuse de son talent, & doivent le faire distinguer de la foule des Poëtes Traducteurs.
Le Public doit-il être la victime d’une foule d’Ecrivains médiocres qui l’ennuient, ou qui corrompent le gout ?
Les yeux du voyageur viennent d’abord s’attacher sur cette flèche religieuse, dont l’aspect réveille une foule de sentiments et de souvenirs : c’est la pyramide funèbre autour de laquelle dorment les aïeux ; c’est le monument de joie où l’airain sacré annonce la vie du fidèle ; c’est là que les époux s’unissent ; c’est là que les chrétiens se prosternent au pied des autels, le faible pour prier le Dieu de force, le coupable pour implorer le Dieu de miséricorde, l’innocent pour chanter le Dieu de bonté.
Il approche davantage de celui d’une foire qui se tiendrait en pleine campagne, où il y aurait des prés, des bois, des arbres, des champs, et une foule d’habitants de la ville et de la campagne diversement vêtus et mêlés les uns avec les autres ; comme à la foire de Bezon.
» Toutes les fois que Monnier joue, il attire au théâtre un public spécial d’artistes et de connaisseurs, mais son jeu est trop fin, trop vrai, trop naturel pour amuser beaucoup la foule. […] Il admira : c’est là son titre, son caractère, son honneur, ce qui le détache de la foule et en fait un être tout à fait à part. […] Il fit le plus grand effort humain qui jamais ait été essayé : il tint seul contre une foule sans frein. […] Quand on parle d’un auteur, les noms de ses livres arrivent en foule et prennent toute la place. […] La vue de cette foule si pittoresquement drapée, si sale et si brillante, si bariolée et si diverse, l’enchante et le ravit.
Quant à la foule de ces jeunes gens qui se sont si ardemment nourris de vains rêves de gloire, le plus grand nombre est mort et à la fleur de l’âge. […] La foule ayant rencontré le représentant Ferraud l’assassina et porta sa tête au bout d’une pique jusque dans la salle de la Convention. […] « Voyons donc cela », dit Alexandre à Étienne, quand ils furent devant le portail de l’église, où se tenait assemblée une foule d’hommes prêts à y entrer. […] En effet, tandis que la foule le regardait comme arrivé, lui se sentait seulement au point de départ. […] Là, je fus reconnu dans la foule par un de mes modèles.
Il promène par les rues nocturnes et populeuses que passe l’homme des foules, et déploie la lumineuse hallucination d’Auguste Bedloe. […] L’homme des foules est atteint d’un mal moral que les aliénistes peuvent classer. […] Il soutint en ses dernières années cette terreur de l’isolement que concentre l’homme des foules. […] Il montre la mystérieuse et inexplicable hantise de l’Homme des foules, la volonté succombant sous des impulsions morbides, les dégradants ravages de l’alcool ; puis les demi-affolements, les illusions acoustiques et les envies sanguinaires de l’assassin du Cœur révélateur, enfin te vampirisme forcené de l’amant de Bérénice, dont l’acte dégoûtant lutte d’horreur avec une épouvantable folie.
Si la trilogie doit être tétralogie, si la représentation doit se terminer par une pièce à satyres, si les faunes, les aegipans, les ménades, les chèvre-pieds et les évans doivent venir à la fin faire des farces, si parmi les comédiens, presque prêtres, et qu’on nomme « les hommes de Bacchus », on doit avoir l’acteur favori qui excelle dans les deux modes de déclamation, dans la paraloge aussi bien que dans la paracatologe, si le poëte est assez aimé de ses rivaux pour qu’on ait la chance de voir dans le chœur figurer des hommes célèbres, Eupolis, Cratinus, ou même Aristophane, Eupolis atque Cratinus, Aristophanesque poetae, comme dira un jour Horace, si l’on joue une pièce à femmes, fût-ce la vieille Alceste de Thespis, tout est plein, il y a foule. La foule est déjà pour Eschyle ce que plus tard, comme le constate le prologue des Bacchides, elle sera pour Plaute, « un amas d’hommes sur des bancs, toussant, crachant, éternuant, faisant avec la bouche des bruits et des grimaces, ore concrepario, se touchant du front, et parlant de leurs affaires » ; ce qu’elle est aujourd’hui. […] Il donnait souvent à cette foule le beau rôle. […] On sait par les didascalies que les Perses furent représentés sous l’archonte Ménon, les Sept Chefs devant Thèbes sous l’archonte Théagénidès et l’Orestie sous l’archonte Philoclès ; on sait par Aristote qu’Eschyle osa, le premier, faire parler deux personnages à la fois ; par Platon, que les esclaves assistaient à ses pièces ; par Horace, qu’il inventa le masque et le cothurne ; par Pollux, que les femmes grosses avortaient à l’entrée des Furies ; par Philostrate, qu’il abrégea les monodies ; par Suidas, que son théâtre s’écroula sous la foule ; par Élien, qu’il blasphéma ; par Plutarque, qu’il fut exilé ; par Valère-Maxime, qu’un aigle le tua d’une tortue sur la tête ; par Quintilien, qu’on retoucha ses pièces ; par Fabricius, que ses fils sont accusés de cette lèse-paternité ; par les marbres d’Arundel, la date de sa naissance, la date de sa mort et son âge, soixante-neuf ans.
Le Pymandre, livre assez peu intelligible, attribué à Mercure, mais qui paraît avoir été composé dans les premiers siècles de l’Église, c’est-à-dire à une époque où une foule de traditions graduellement défigurées et affaiblies finissaient, et où l’on cherchait à les faire revivre en les rattachant au christianisme ; ce livre, qui contient, quoi qu’il en soit, les éléments de la philosophie hermétique, fait de la pensée et de la parole une émanation directe de Dieu. […] Schlegel, dit fort bien, à ce sujet, que « si l’on pouvait parvenir à répondre à cette question par des faits d’une certaine évidence, une foule de problèmes relatifs aux origines de la civilisation se trouveraient par là même résolus ». […] Son ouvrage est un vrai prodige de patience, un chef-d’œuvre sous le rapport de la finesse de l’analyse et de la ténuité d’une foule d’observations. […] Il ne peut manquer de sortir une grande lumière de cette foule de recherches auxquelles on se livre en ce moment.
La foule a pris cela au vol ; et il y a tous les soirs des conversations, dans Paris et la province, où ces trois mots sont retournés de toutes façons, et transformés en jugements réfléchis et en opinions consciencieuses. […] Voilà des vers qui ne cherchent pas à flatter la foule, ni à caresser des passions accidentelles. […] C’est que nous avons en France la présomption, déjà fort vieille, que toute poésie est en nous, gens de la foule, et que le poète est celui qui parle comme nous aurions parlé. […] Pour prouver que le poète est celui qui trouve ce que la foule ne trouve pas, celui qui a des yeux où la foule est aveugle, des sens où la foule ne sent rien, puis-je mieux faire que de citer quelques fragments d’une pièce admirable, dans laquelle M. de Lamartine, en développant, comme à dessein, une idée qui semble appartenir à tout le monde, montre par là que la foule est entourée de poésie, et que, loin qu’il n’y ait plus de sujets comme on se plaît à le dire, tout, jusqu’au brin d’herbe, peut inspirer un chant sublime à celui qui sait manier la lyre ? […] Mais, si cet affaiblissement est définitif, la critique étant faite moins pour redresser les hommes éminents qui en sont le sujet, que pour prévenir et corriger les faux jugements de la foule sur leur compte, notre travail sur M.
La foule des spectateurs, en Angleterre, exige qu’on fasse succéder les scènes comiques aux effets tragiques. […] Parmi la foule de traits philosophiques que l’on remarque dans les pièces de Shakespeare, même les moins célèbres, il en est un qui m’a singulièrement frappée.
Je vends ma grappe en fruit comme tu vends ta fleur, Heureux quand son nectar, sous mon pied qui la foule, Dans mes tonneaux nombreux en ruisseaux d’ambre coule, Produisant à son maître, ivre de sa cherté, Beaucoup d’or pour payer beaucoup de liberté ! […] La Fortune, semblable à la servante agile Qui tire l’eau du puits pour sa cruche d’argile, Élevant le seau double au chanvre suspendu, Le laisse retomber quand il est répandu ; Ainsi, pour donner l’âme à des foules avides, Elle nous monta pleins et nous descendit vides.
Notre vraie raison de défendre l’instruction primaire, c’est qu’un peuple sans instruction est fanatique et qu’un peuple fanatique crée toujours un danger à la science, les gouvernements ayant l’habitude, au nom des croyances de la foule et de prétendus pères de famille, d’imposer à la liberté de l’esprit des gênes insupportables. […] Si je m’étais arrêté à faire disparaître d’innombrables incorrections, à modifier une foule de pensées qui me semblent maintenant exprimées d’une façon exagérée, ou qui ont perdu leur justesse 14, j’aurais été amené à composer un nouveau livre ; or le cadre de mon vieil ouvrage n’est nullement celui que je choisirais aujourd’hui.
Ceux-là même qui devraient se rejoindre, se retrouver, s’unir, dans l’immense foule médiocre, ceux-là, ne se connaissant pas, ne se peuvent donc reconnaître ; — et puis, chacun d’eux a sa langue. […] Ils œuvrent dans la foule.
Satire des éternels retours de l’appétit populaire, satire des vices, des désirs de la foule, satire des meneurs d’homme, le Roi Bombance grouille d’une vie innombrable et puissante. […] « Le théâtre, ce miroir de la vie, est un mouleur formidable de l’âme des foules et même de l’âme de l’élite.
« D’où vient que tu montes ainsi en foule sur les toits, « Ville pleine de tumulte, ville pleine de peuple, ville triomphante ? […] et il ajoute, en foule, collectif. « Il vous jettera comme une balle dans un champ spacieux, et c’est à quoi se réduira le char de votre gloire » : voilà des alliances de mots et une poésie bien extraordinaires.
Le vêtement rouge du fils de l’homme est jetté à droite sur une balustrade qui règne autour de la composition, et au-delà de laquelle il y a une foule de spectateurs hideux et cruels, dont on n’apperçoit que les têtes. […] Cet homme n’a vu ni le massacre des innocents par Le Brun, ni le même massacre par Rubens, ni la descente de croix d’Annibal Carrache, ni st Paul prêchant à Athènes par Le Sueur, ni je ne sais quel apôtre ou disciple se déchirant les vêtements sur la poitrine à l’aspect d’un sacrifice païen, ni la Magdeleine essuyant les pieds du sauveur de ses beaux cheveux ; ni la même sainte si voluptueusement étendue à terre dans sa caverne, par Le Corrège, ni une foule de saintes familles plus touchantes, plus belles, plus simples, plus nobles, plus intéressantes les unes que les autres, ni ma vierge du Barroche, tenant sur ses genoux l’enfant Jésus debout et tout nu.
Les passants l’entraînaient, la foule le roulait dans son flot. […] demanda-t-on dans la foule. […] demanda Jaremus en écartant la foule. […] TITI., dans la foule. — Pas mal. […] (Les gendarmes font ranger la foule.)
La foule à Notre-Dame (dans toutes les églises, mais à Notre-Dame particulièrement) était prodigieuse.
Le premier devoir de l’équité est de rendre justice à ces Auteurs injustement confondus dans la foule, qui n’ont d’autre tort aux yeux de la postérité, que d’être remplacés par des gens qui ne les valent pas.
Un tel usage du pouvoir est si contraire à l’idée du Gouvernement, que ce fut pour enchaîner ce pouvoir aveugle & féroce, que le Gouvernement fut institué : c’étoit pour que les hommes fussent libres, qu’il étoit nécessaire qu’ils fussent gouvernés : car le caractere de la multitude est de se laisser entraîner par la fougue des passions ; & ce fut pour nous soustraire à la tyrannie de la foule, que les Rois nous furent donnés.
Je ne voudrais pas non plus avoir sous les yeux l’aspect du cimetière ; j’aime les hommes, le mouvement et le bruit d’une foule. » V Mécontent bientôt de cette résidence à la ville, il alla habiter un petit village à la lisière de la forêt du Rosenthal, non loin de Leipsick. […] lorsqu’au milieu des villes l’étincelle a longtemps couvé ; lorsque la foule, brisant ses chaînes, cherche pour elle-même un secours terrible ! […] Quand je voyais le peuple se rendre en foule à l’église, quand j’entendais les membres d’une nombreuse communion de croyants confondre leurs voix dans une même prière : Oui, me disais-je, elle est divine cette loi que les meilleurs des hommes professent, qui dompte l’esprit et console le cœur. […] Tous les deux aussi, voyant les idées et les hommes du haut de leurs dédains pour les engouements passagers, pour les erreurs et pour les passions de la foule, ils dominaient d’autant plus l’humanité qu’ils la méprisaient davantage. […] L’histoire est le grand révélateur du monde pensant ; les révélations d’idées vont sortir en foule des langues primitives que nous allons lire et écouter dans ces régions de la première civilisation humaine.
Les sentiments esthétiques, aujourd’hui désintéressés, enveloppent ainsi une foule d’éléments sensitifs et de tendances à l’action renaissantes, qui se rapportaient originairement à la conservation de l’individu et de l’espèce. […] Un évolutionniste répondra que les dents avaient une grande importance pour nos ancêtres anthropoïdes ; ils ne s’en servaient pas seulement pour la mastication, mais pour une foule d’usages. […] L’enfant ne subsiste que si la mère, le père, une foule d’individus subsistent autour de lui. […] Pourtant, dans ce passage graduel des races inférieures aux races supérieures, il se produit encore une foule d’anomalies ; aussi chez les hommes, mêmes sains, le plaisir est-il souvent contraire à l’intérêt. […] Ce bien-être est fait d’une foule de malaises surmontes.
Le peuple en foule, portant les images d’Agrippine et de son fils, entourait l’assemblée. […] Cependant, à cette époque, une province voisine de la Grèce, le Pont, était, au rapport de Pline, remplie d’une foule de chrétiens. […] Une foule de faits, et les noms même de beaucoup d’écrivains, ne nous sont connus que par Plutarque. […] La foule des courtisans et des grands dignitaires de l’empire ne les étonnait pas moins. […] Là, rien n’est du poète ; on entend les vraies paroles qui enlèvent la foule ; on reconnaît l’homme qui se fait suivre par elle.