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683. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Beauvoir, Roger de (1809-1866) »

Eh bien, quand elle s’y couchera le cœur tout entier, nous aurons un Canova de la poésie… [Les Œuvres et les Hommes : les Poètes (1862).]

684. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 109

On l’a fondu presque tout entier dans le Dictionnaire Encyclopédique, sans qu’on ait daigné le citer, même dans les articles qu’on en a tirés mot à mot.

685. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 381-382

M. de Chalons les a insérées presque en entier dans son Traité des Regles de la Poésie Françoise, sans en faire hommage à M. de Lomenie ; procédé très-ordinaire, quoique peu honnête.

686. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 439-440

On peut même dire qu’il a rendu service à la Chaire, ou plutôt aux Orateurs médiocres, qui ne se font pas scrupule de débiter des morceaux entiers de la Jouissance de soi-même, de l’Univers énigmatique, du Tableau de la Mort, & de quelques autres de ses Ecrits.

687. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « À mon illustre ami, le comte Roselly de Lorgues » p. 

En nous la faisant voir, celle-là, tout entière, dans son orbe et dans sa splendeur, vous avec partagé ses rayons Mes rayons, à moi, mon cher comte, ce sont mes amis, je me pare avec orgueil de leur amitié.

688. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Et dès lors, c’est l’entier désespoir dans la négation de tout, dans le total mépris des hommes et le dégoût de soi. […] Elle est tout entière ramenée, dans l’adaptation italienne, aux duos de la Traviata. […] Il est sûr enfin que le Paris de Meilhac n’est pas même Paris entier, et que Paris n’est pas le monde. […] Elle avait apporté à leur adolescence des heures sublimes, des journées entières d’un enthousiasme sacré. […] Émile Fabre nous avait montré des enfants déshonorant leur mère pour s’assurer dans son entier l’héritage paternel.

689. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Malherbe n’a pas compris autrement ni le lyrisme, ni, peut-être, la poésie tout entière. […] Elle ne répond jamais avec une entière spontanéité ; sa réponse est apprêtée. […] Qui aurait pu ne pas s’abandonner tout entière ?  […] Le monde entier pouvait dire en se regardant en ce miroir : « Jamais je n’ai été aussi laid ». […] Ainsi donc cette cité populeuse, si antique, si historique, si considérable, je la rapportais tout entière à moi seul.

690. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Nous l’appelons âme et nous disons qu’il se mêle à la nature entière et qu’il lui donne tous les mouvements que nous y voyons. […] L’être absolu se contemple en entier et c’est souverain bien. Vous le contemplez, par supposition, en entier, et à cet égard, il est vrai que vous possédez le souverain bien tout autant que lui. […] En honorant notre âme, nous honorons l’humanité tout entière, représentée par nous. […] Car le communisme a été jugé chimérique pour le corps tout entier de la nation.

691. (1896) Le livre des masques

Un tel art est l’art tout entier, l’art primordial et éternel, et une littérature délivrée de ce souci serait inqualifiable ; elle serait nulle, d’une signification esthétique adéquate aux gloussements du hocco ou aux braiements de l’onagre. […] De page en page, ce mot surgit ; un recueil tout entier, les Campagnes hallucinées, ne l’a pas délivré de cette obsession ; l’exorcisme n’était pas possible, car c’est la nature et l’essence même de M.  […] Bien que très subjectif, ou à cause de cela, car penser à soi, c’est penser à soi tout entier, il est religieux. […] Le Quatorzain d’Été peut se dire en entier et même il est bon de le savoir par cœur, car c’est une merveille de subtilité et un petit tableau de genre à soigner et à conserver. […] Avec la moitié des Hortensias bleus, on ferait un tome, encore très dense, qui serait presque tout entier de fine ou de fière ou de douce poésie.

692. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre II. Les directions divergentes de l’évolution de la vie. Torpeur, intelligence, instinct. »

Au contraire, si l’unité de la vie est tout entière dans l’élan qui la pousse sur la route du temps, l’harmonie n’est pas en avant, mais-en arrière. […] Ils n’intéressent d’ordinaire qu’une partie de l’organisme, et ne s’étendent presque jamais à l’organisme entier. […] Une espèce qui revendique pour domaine la terre entière est véritablement une espèce dominatrice et par conséquent supérieure. […] Nous nous trouvons bien plutôt devant un certain thème musical qui se serait d’abord transposé lui-même, tout entier, dans un certain nombre de tons, et sur lequel, tout entier aussi, se seraient exécutées ensuite des variations diverses, les unes très simples, les autres infiniment savantes. […] De sorte qu’en dernière analyse l’homme serait la raison d’être de l’organisation entière de la vie sur notre planète.

693. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Son image est réduite, mais son autorité est entière ; s’il est moins poétique, il est plus moral. […] Nous ne voyons pas que ces libertés et ces abandons sont justement les signes de la croyance entière, que la conviction chaleureuse et immodérée est trop sûre d’elle-même pour s’astreindre à un style irréprochable, que la religion prime-sautière consiste non en bienséances, mais en émotions. […] La Chambre emploie un jour entier par semaine à délibérer sur l’avancement de la religion. […] Son médecin contait qu’il avait été fort mélancolique pendant des années entières, avec des imaginations bizarres, et la persuasion fréquente qu’il allait mourir. […] L’une d’elles, Dorcas Erbury, déclara, qu’elle était restée morte deux jours entiers dans sa prison d’Exeter, et que Naylor l’avait ressuscitée en lui imposant les mains.

694. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Moi, j’aurai porté une Société entière dans ma tête… » Traduisons cette phrase. […] Il se donne tout entier à toutes, avec une ardeur que rien n’apaise. […] Ils ont contribué à ce réchauffement de plus en plus marqué de la vitalité catholique dans l’élite française, dont les conséquences ne se sont pas manifestées tout entières. […] Mais l’ordre social tout entier dont l’auteur de Candide avait été le plus glorieux et le plus génial bénéficiaire ! […] Avec les armées nationales, qui se recrutent parmi tous les hommes valides du pays, nous sommes revenus à l’époque des guerres primitives où des peuples tout entiers se précipitaient sur d’autres peuples, engagés, eux aussi, tout entiers dans la lutte.

695. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Dumas est là tout entier. […] Il est d’une absolue sincérité, d’une entière bonne foi. […] À vrai dire, la pièce tout entière n’est faite que pour le dénouement. […] On les écoute avec calme, dans une entière sécurité. […] Il les comprend et les pénètre tout entiers.

696. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bruant, Aristide (1851-1925) »

Celui-là, c’est Montmartre, Montmartre tout entier qui prend le frais à sa porte, c’est Aristide Bruant, l’auteur de Saint-Lazare , né à Courtenay (Loiret), le 6 mai 1851. » [Cité dans Les Chansonniers de Paris (1895).]

697. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » pp. 479-480

On l’a traduit dans presque toutes les Langues de l’Europe, en entier ou par extraits.

698. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

Ses écrits ont du sens, de la fermeté, de la finesse, mais il gardait toute sa chaleur et son intérêt pour la conversation ; il y était lui tout entier, il y avait son style, et bien des mots nous en sont restés. […] Faut-il y reconnaître une pleine et entière sincérité ? […] Il n’hésite pas à en définir les limites : On ne voit guère d’hommes passionnés pour le bel esprit, dit-il, s’acquitter bien d’une profession différente… Il n’y a point de profession qui n’exige un homme tout entier… Un homme d’imagination regarderait comme une injustice d’être récusé sur quelque matière que ce pût être.

699. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — I. » pp. 262-280

Rien de tel pour Bourdaloue : sa personne et tout ce qui touche l’homme, l’individu auteur ou orateur, a disparu dans la plénitude et l’excellence ordinaire de sa parole, ou plutôt il y est passé et s’y est produit tout entier. […] Ce tempérament plein de feu s’était, par un heureux accord et dès sa pente première, porté tout entier du côté de la règle et des devoirs : son zèle pur les animait en s’en acquittant, et lui en rendait l’exercice facile et léger. […] Je lisais tout cela à haute voix ; et avec ce ressouvenir des premières années où l’on eût la foi vive et entière, avec ces sentiments sérieux et rassis que l’âge nous rend ou nous donne, et aussi avec ce goût d’une littérature apaisée, qui est désormais la mienne en vieillissant, je trouvais ce discours aussi excellent de forme que de fond, beau et bon de tout point.

700. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Il aimait à raconter comment, un matin, il la vit jaillir, en quelque sorte, tout entière du front lumineux, jusque-là chargé d’un triple nuage. […] Les décrets de l’Empereur par lesquels il lui conférait ces hautes missions sont conçus en des termes qui sont de beaux titres de noblesse : « Prenant entière confiance dans le zèle et la fidélité à notre service du sieur Daru, membre de notre Conseil d’État…, lui donnons plein et absolu pouvoir… ; promettant d’approuver tous les actes qu’il aura passés…, de regarder comme valides et irrévocables toutes les opérations qu’il aura terminées, etc. » (Décret d’Erfurt du 11 octobre 1808, et aussi celui de Dresde du 22 juillet 1807.) […] Daru, dans les dernières années, parlait sans doute volontiers des heures glorieuses qu’il avait passées dans le cabinet et sous la tente de l’Empereur ; on a recueilli de sa bouche quelques anecdotes plus d’une fois répétées : mais l’ensemble de ses souvenirs reste tout entier intact, et il n’appartenait qu’à lui de les écrire.

701. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

Ce système se poursuivit après Henri IV et même à travers les incertitudes du régime intermédiaire, jusqu’à ce que Richelieu fût venu le prendre en main et le pousser à bout plus hardiment que personne : Celui-ci (Richelieu), d’un esprit vaste et hautain, entreprit en même temps l’abaissement total des grands seigneurs, celui de la maison d’Autriche, et la destruction des religionnaires ; et, s’il ne parvint pas à l’entière exécution de toutes ces entreprises, il leur donna de tels commencements, que depuis nous en avons vu l’accomplissement. […] Le xviie  siècle tout entier eût été voué à cet établissement du pouvoir d’un seul et à cet abaissement de ce qui s’était trop élevé auparavant, s’il n’y avait eu sous la régence d’Anne d’Autriche cette sorte d’interrègne turbulent et animé qu’on appelle la Fronde. […] Revenant en idée sur cet amour délicat et tendre qui avait honoré son passé, sur ce souvenir qui aurait dû lui être sacré de Mme de La Sablière, il ne craignait pas de le comparer et de le sacrifier aux images de cette vie sans retenue et sans scrupule qui l’envahissait désormais tout entier : De Vénus-Uranie, en ma verte jeunesse,       Avec respect j’encensai les autels, Et je donnai l’exemple au reste des mortels       De la plus parfaite tendresse.

702. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Il obtint un brevet de colonel en France, et quitta bientôt le service pour se livrer tout entier aux lettres et à la société. […] Si l’on ajoute aux huit vers cités par Mme Du Deffand et qui sont du chant de L’Automne, quelques vers assez beaux peignant les jours caniculaires de L’Été et cet accablement qui pèse alors sur tous les corps mortels : Tout est morne, brûlant, tranquille, et la lumière Est seule en mouvement dans la nature entière, on aura présent à l’esprit à peu près tout ce qu’il y a d’un peu remarquable pour nous dans ce poème si fort vanté à sa naissance et aujourd’hui tout entier passé.

703. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

Parmi les lettres qui mènent à l’entière réconciliation, il faut surtout citer celle du 21 février 1748, dans laquelle la margrave s’épanche avec une tendresse sans réserve : Permettez-moi, lui dit-elle, que je vous ouvre mon cœur, et que je vous parle avec confiance et sincérité sur un sujet qui m’a causé depuis quelques années le plus mortel chagrin. […] Je ne sais s’il est bien vrai, comme il le dit, qu’il se sent esclave d’être roi et que c’est un métier qu’il ne fait que par pure nécessité et parce que sa naissance l’y condamne : « La plupart du monde ambitionne de s’élever ; pour moi, je voudrais descendre, si pour prix de ce sacrifice, qui n’en serait pas un parce qu’il ne me coûterait rien, j’obtenais la liberté. » Cette liberté, s’il l’avait eue entière, aurait bien pu l’embarrasser, de l’ambition dont il était, et avec son activité ardente. […] Mais ce qu’on peut dire après cette lecture, c’est qu’il y justifie assez bien sa définition, et que, dans cette correspondance de frère à sœur, il se met tout entier par un côté de sa nature, par le côté littéraire, le côté artiste, virtuose et bel esprit.

704. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

À sa rentrée en France, il ressemble à un homme qui se tâte, qui s’assure qu’il est dans son entier et qui sent des contusions dans tous ses membres. […] Il n’y en a presque pas un chez qui le premier essor du talent n’ait été combattu comme un délire qu’il fallait réprimer, ou retardé, affaibli par la détresse, plus accablante encore que les contradictions… Il y a donc bien peu d’entre eux dont le public puisse se flatter de connaître les talents en entier. […] En s’installant à Ferney, Voltaire s’était donc emporté tout entier lui-même, avec son imagination et ses caprices, avec tous ses principes d’agitation et d’inquiétude.

705. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — I » pp. 249-267

Il avait dit ailleurs, en parlant de l’action dans les fables du poète, de cette action qui semble si éparse et qui se rattache toute à une idée, à un but : « Poésie et système sont des mots qui semblent s’exclure, et qui ont le même sens. » — Oui assurément, si l’on entend par système un tout vivant, animé, coloré ; oui, si ce mot de système a le même sens que cosmos et que monde ; mais chez nous (et cela tient peut-être à notre peu de goût pour la chose), le mot de système se prend dans une acception moins entière et moins belle ; il implique la dissection, l’abstraction. […] Une lèpre de mousses jaunâtres s’est incrustée dans ses pores et l’a vêtu tout entier d’une livrée sinistre. […]  » Pourquoi, comme innovation la plus rare, n’essayerait-on pas une fois de commencer, s’il se peut, par une entière justesse ?

706. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

À part un petit nombre de lettres inédites de Mme du Deffand à Horace Walpole et de Voltaire à elle, qui s’y rencontrent par hasard et qui sont jetées çà et là, la correspondance se passe régulièrement et se renferme tout entière entre trois personnes, Mme du Deffand, la duchesse de Choiseul et l’abbé Barthélemy. […] On peut même dire qu’on ne connaît bien la vie de Chanteloup et cet exil triomphant, qu’on ne s’en peut faire une juste et entière idée qu’après avoir lu ces lettres qui en sont comme un bulletin confidentiel, où l’enthousiasme des intimes et des intéressés ne faiblit pas un seul instant. […] L’attitude de Mme de Choiseul était d’accord avec la vérité : elle resta bien sincèrement, bien tendrement éprise de l’homme dont elle était glorieuse, dont elle disait que ce n’était pas seulement le meilleur des hommes, que « c’était le plus grand que le siècle eût produit », et de qui elle écrivait un jour avec une ingénuité charmante : « Il me semble qu’il commence à n’être plus honteux de moi, et c’est déjà un grand point de ne plus blesser l’amour-propre des gens dont on veut être aimé. » Elle eut fort à s’applaudir de l’exil de Chanteloup et fut seule peut-être à en savourer pleinement les brillantes douceurs ; elle y voyait surtout le moyen de garder plus près d’elle l’objet de son culte, et, sinon de le reconquérir tout entier, du moins de le posséder, de le tenir sous sa main, de ne le plus perdre de vue un seul jour.

707. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

C’est bien la plus vive, la plus parlante image de cette moitié de Lamennais à laquelle on a peine à croire quand on n’a fait que le lire, moitié d’une âme qui semblait en conversant se livrer tout entière, tant elle était gaie et charmante, et qui s’éclipsait si vite alors que son front se plissait et que sa physionomie noircissait tout à coup. […] Nous en aurons tout à l’heure une journée entière, une journée modèle ; mais auparavant donnons-nous avec lui le spectacle d’une mer agitée et, en même temps, de l’âme humaine qui la contemple : (8 décembre), Hier, le vent d’ouest soufflait avec furie. […] Le talent est une tige qui s’implante volontiers dans la vertu, mais qui souvent aussi s’élance au-delà et la dépasse : il est même rare qu’il lui appartienne en entier au moment où il éclate ; ce n’est qu’au souffle de la passion qu’il livre tous ses parfums.

708. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

Circonscrivant encore plus sa capacité et la reportant tout entière sur la fourniture et l’approvisionnement des armées, on l’avait surnommé le grand vivrier. […] Les historiens spéciaux de l’administration de la guerre (Audouin, par exemple), en lui accordant d’avoir été le plus grand administrateur militaire, en le proclamant « créateur d’un système d’approvisionnements, auteur des règlements de discipline et d’avancement, fondateur d’une école de cadets et de l’hôtel des Invalides », n’expliquaient pas avec détail en quoi consistaient toutes ces créations et n’insistaient guère que sur le chapitre des vivres et subsistances : le reste ne figure qu’en abrégé, et le peu qu’on en dit n’est pas d’une entière exactitude. […] Ce caractère si entier, cette ambition si altière durent quelque temps se dissimuler et se contraindre.

709. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

Une idée domine les différentes publications dont j’ai à parler : cette idée, c’est que la copie fidèle de la nature, sa reproduction exacte, sincère, convaincue, faite avec suite et menée à fin avec une entière bonne foi, fût-elle accompagnée de fautes, d’incorrections et de gaucheries, même visibles, a son prix inestimable, son attrait, je ne sais quel charme auprès des esprits et des cœurs droits et simples. […] Champfleury m’a remis heureusement en mémoire le charmant Essai de Charles Lamb, la Vieille porcelaine de Chine, où la légère manie qui y est retracée s’accompagne et se relève de tant de remarques fines, de tant d’observations délicates sur le cœur humain et sur la vie : le tableau entier respire une ironie indulgente et douce. […] Je ne te demanderais alors, en me résignant et en m’accommodant à toi, que d’être comme chez les frères Le Nain, d’un ton solide, ferme, juste, d’une conscience d’expression pleine et entière ; car, selon que La Bruyère l’a remarqué, — et ces honnêtes peintres, aujourd’hui remis en honneur, en sont la meilleure preuve, — « un style grave, sérieux, scrupuleux, va fort loin. » 15.

710. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet »

Pourquoi la France entière sut-elle par cœur du premier jour l’élégie de Millevoye, le Jeune Malade ? […] Ses premières expositions de Salon l’avaient déjà désigné à la faveur ; mais ce fut bien autre chose dès qu’un peu de persécution s’en mêla, et quand, la réaction triomphant, il se vit presque en entier exclu du Salon de 1822 en raison du choix patriotique de quelques sujets et de la cocarde tricolore qui y figurait : il était difficile, en effet, de mettre la cocarde blanche aux soldats de Jemmapes et même à ceux de la barrière de Clichy. […] Mais nous nous réservons de l’admirer là où il est dans l’entière vérité.

711. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

Il y a de ces batailles classiques aussi, dont il faut avoir l’entière intelligence comme on l’a de tout chef-d’œuvre. […] Il fallait, pour que l’entreprise pût réussir, que le prince Eugène fût tout entier engagé et occupé autour de Landrecies, et l’originalité militaire de cette attaque sur Denain était de la faire non pas avec un détachement, mais avec le gros de l’armée française qui se déroberait de devant Eugène et lui masquerait sa marche pendant un temps suffisant. […] Je suis assez bon serviteur du roi pour garder la bataille entière pour le dernier.

712. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

Cependant, et si entière qu’ait pu sembler d’abord la métamorphose, le vieil homme commence à remuer en lui : franchement, il ne peut enterrer sa vie à Dusseldorf, il veut revenir en France, à Paris, y passer l’hiver, et il se fait arranger un hôtel dans le faubourg Saint-Honoré. […] … » Ce n’est plus la seule Pompéa, en effet, qui a parlé, c’est le passé tout entier, c’est toute sa jeunesse qui s’est rassemblée une dernière fois aux yeux d’Herman et qui lui apparaît comme dans un miroir magique. […] En vain Herman l’a prise dans ses bras et la supplie de s’y oublier, ne fût-ce qu’une nuit, ne fût-ce qu’une heure ; Pompéa s’en arrache : ce qu’elle veut, c’est le duc Pompée tout entier, tel qu’autrefois, lui ou rien : « Ou toujours, ou jamais !

713. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

On a, à partir d’alors, toute une série de lettres d’elle adressées au comte de Mercy-Argenteau, ambassadeur de l’empereur, et dont elle avait fait l’homme de son entière confiance66. […] Tout d’abord je dois dire, pour qu’il n’y ait pas à se méprendre sur les éloges si dus à cet état d’une belle âme inaltérable et pure, que l’angélique princesse est au fond dans l’inintelligence politique la plus entière de la situation ; elle voit nettement les faits, et elle les rend comme elle les voit ; mais la raison, la nécessité qui les produit et les enchaîne lui échappe. […] Elle ajoutait dans tout le feu de son indignation et l’ardeur profonde de son mépris : « Je ne vous charge pas de faire mon apologie ; vous connaissez depuis longtemps le fond de toute mon âme, et jamais le malheur n’y pourra faire entrer la moindre idée vile ni basse ; mais aussi ce n’est que pour la gloire du roi et de son fils que je veux me livrer en entier, car tout le reste que je vois ici m’est en horreur, et il n’y en a pas un, dans aucun parti, dans aucune classe, qui mérite qu’on fasse la moindre chose pour lui. » Voilà les accents du cœur, l’âme même qui déborde.

714. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

S’il a l’air de céder si aisément et de se dérober quand il a affaire au peuple, c’est-à-dire aux esprits frivoles, esclaves du préjugé et de l’habitude, c’est qu’il ne veut rien céder du fond et qu’il réserve pour un petit nombre, « pour une petite troupe choisie », l’entière originalité et l’intégrité parfaite de ses pensées. […] De même les esprits ordinaires sentent bien la différence d’une simple vraisemblance à une certitude entière, mais il n’y a que les esprits fins qui sentent le plus ou le moins de certitude ou de vraisemblance, et qui en marquent, pour ainsi dire, les minutes par leur sentiment. » C’est délicat, exquis d’expression comme de vérité. […] Il va plus loin, il jette le câble électrique, il établit la chaîne : « Qui nous dit que ces mondes et leurs humanités ne forment pas dans leur ensemble une série, une unité hiérarchique, depuis les mondes où la somme des conditions heureuses d’habitabilité est la plus petite jusqu’à ceux où la nature entière brille à l’apogée de sa splendeur et de sa gloire ?

715. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

Une remarque que suggèrent ces lettres de Louis XV données en entier par M.  […] À Paris et dans les salons on le faisait valoir à l’excès, par opposition à son collègue : « Les troupes, disait-on, ont en lui une entière confiance, parce qu’elles sont assurées qu’il paye de sa personne, et que le courage est ce qui les frappe le plus. » Louis XV qui, pendant ces mois-là, se comparait à l’oiseau sur la branche et qui désirait, disait-il, vieillir, ne pouvait s’empêcher de tenir le maréchal de Noailles au courant de ces méchants propos : « J’ai promis de vous tout dire, vous voyez que je tiens parole. […] Je sais qu’on m’a mené vite à Paris ; mais, Dieu merci, je n’ai eu qu’un effort dans le col, lequel a dégénéré en rhumatisme, dont je me sens encore un peu, mais qui ne m’empêche de rien, et mon sang est resté tout entier dans mes veines, sans qu’il en soit sorti plus d’une goutte, occasionnée par une coupure que je me suis faite au petit doigt, en soupant, dimanche dernier, au grand couvert. » Je ne sais si c’est la Correspondance de Napoléon dont je suis plein, qui me gâte et me rend plus difficile, mais il me semble qu’il est impossible d’écrire une phrase telle que celle qu’on vient de lire, à la Louis XV, et de partir vaillamment en guerre le lendemain pour être un héros.

716. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

Les jours de marché particulièrement, elle répondait à tous et les aidait quelquefois à écrire l’adresse de leurs lettres ou même la lettre tout entière. […] D’autres lettres vinrent les jours suivants ; il revint lui-même, poli, silencieux, tout entier à ce qu’il recevait. […] Elle apporta le paquet entier des lettres restantes sur la petite tablette en dedans de la grille, et là tous deux penchés, dans leur inquiétude si diverse, suivaient une à une les adresses ; leurs têtes s’effleuraient presque à travers les barreaux ; mais, même ce jour-là, il n’eut pas l’idée de franchir la porte tout à côté pour chercher plus près d’elle, avec elle.

717. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

Le sentiment du ridicule est un excellent contrepoids à la passion, l’empêche d’envahir le cœur tout entier. […] Ce n’est point Vénus tout entière à sa proie attachée, oh ! […] Souvent même il s’y laisse prendre, mais rarement tout entier ; et toujours il se reprend.

718. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XI. L’antinomie sociologique » pp. 223-252

Exemples : le christianisme dans l’empire romain ; le socialisme de nos jours dans l’Europe entière. — L’intégration ainsi entendue rend-elle les individus plus libres et plus heureux ? […] Ajoutons que les cercles sociaux tels que les administrations de l’État, la « société » fonctionnaire, rayonnent sur le pays tout entier. […] Le syndicat tend à accaparer l’individu ; à l’englober tout entier, l’intérêt de classe primant les autres intérêts et la relation économique tendant à se subordonner toutes les autres relations.

719. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Sur Pigalle et la statuaire moderne opposée à l’antique, sur la peinture, on aurait, de lui, à citer des pensées du même ordre, des pages entières qui marquent à la fois très nettement en quoi il procède de Diderot et en quoi il s’en sépare. […] Ma vie intime va tout entière se passer entre le ciel et moi. […] C’était l’heure où la société entière renaissait, et bien des salons offraient alors aux exilés et aux naufragés de la veille les jouissances si désirées de la conversation et de l’esprit.

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