/ 2081
1937. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

C’est ainsi (j’ai omis de le dire) qu’elle était née au château de Vincennes, durant la prison du prince de Condé son père (1619), à ce Vincennes où son frère le grand Condé, captif, cultivera des œillets un jour, à ce Vincennes de saint Louis, destiné à porter au front, dans l’avenir, l’éclaboussure du sang du dernier Condé.

1938. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

« Des exclamations un peu légères du père sur la beauté séduisante de l’étrangère amenée par son fils blessent le pudique orgueil de la jeune fille ; ne sachant pas le sens que le père donne à ses paroles, et croyant qu’on offense ainsi en elle la domesticité chaste à laquelle elle se croit encore destinée, elle se tient immobile et triste ; une rougeur subite colore son cou et son visage ; elle reproche doucement au vieillard de n’avoir pas assez de pitié envers celle qui franchit le seuil de la porte d’une maison étrangère pour y servir.

1939. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

Il n’interdit pas moins rudement toute émulation et tout progrès social à sa démocratie : « Mais, si celui que la nature a destiné à être artisan ou mercenaire, enorgueilli de ses richesses, de son crédit, de sa force ou de quelque autre avantage semblable, entreprend de s’élever au rang des guerriers, ou le guerrier à celui des magistrats, sans en être digne ; s’ils faisaient échange et des instruments de leurs emplois et des avantages qui y sont attachés, ou si le même homme entreprenait d’exercer à la fois ces divers emplois, alors tu croiras sans doute avec moi qu’un tel changement, une telle confusion de rôles, serait la ruine de l’État ?

1940. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

Ce fut le malheur de son organisation qui amena celui de sa destinée.

1941. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Testu, chevalier du guet, chez qui on lit les comédies destinées à la scène.

1942. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Les élus sont destinés à la joie éternelle.

1943. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

un seul homme aura eu cette destinée triomphante : c’est Victor Hugo, l’enfant sublime dans le sublime vieillard, Hugo, le grand Français — non, le grand humain !

1944. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Le cartésianisme, comme système philosophique, a eu la destinée de tous les systèmes.

1945. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

On a plaisir à relire le commentaire, d’une sincérité si touchante et en même temps d’une si charmante naïveté, écrit par le maître liégeois lui-même80, et qui commence ainsi : « on n’a peut-être pas remarqué combien de fois l’air de la romance est entendu dans le courant de la pièce, soit en entier ou en partie … » et finit par cette phrase : « il était aisé de fatiguer les spectateurs, en répétant si souvent le même air sans doute il fallait présenter cet air sous autant de formes différentes, pour oser le répéter si souvent ; cependant, je n’ai pas entendu dire qu’il fût trop répété, parce que le public a senti que cet air était le pivot sur lequel tournait toute la pièce. » En remarquant les différentes modifications de la Mélodie-mère, présentée tantôt en entier, tantôt en partie, tantôt derrière la scène, même sans accompagnement, et surtout les derniers mots de cette citation, vous seriez tenté de dire qu’il n’aurait fallu qu’un pas de plus (mais le pas décisif, définitif réservé à l’auteur de Lohengrin), pour que le véritable Leitmotiv, destiné à n’apparaître sur la scène qu’en 1865 (Tristan) fît déjà son entrée dans la musique dramatique en 1784.

1946. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

D’ordinaire, c’est dans le rythme de la parole que réside la singularité physique destinée à compléter le ridicule professionnel.

1947. (1898) La cité antique

Nous avons montré, au début de ce livre, d’antiques croyances que l’homme s’était faites sur sa destinée après la mort. […] Ainsi le père est convaincu que sa destinée après cette vie dépendra du soin que son fils aura de son tombeau, et le fils, de son côté, est convaincu que son père mort deviendra un dieu et qu’il aura à l’invoquer. […] Mais ce choix, chose grave et de laquelle on croit que la destinée du peuple dépend, est toujours laissé à la décision des dieux. […] Mais le choix de cette demeure, à laquelle la destinée de la cité sera liée pour toujours, ne dépend pas des hommes : il appartient aux dieux. […] Chaque cité avait son recueil de prières et de pratiques, qu’elle tenait fort secret ; elle eût cru compromettre sa religion et sa destinée, si elle l’eût laissé voir aux étrangers.

1948. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Aîné de dix enfants, le jeune Poquelin fut dès son bas âge destiné au métier des siens. […] Ce brave homme gémit probablement sur la destinée future du mauvais sujet qui ne se contentait pas de l’ignorance héréditaire ; mais, voyant enfin qu’il n’y avait plus rien à espérer de ce jeune obstiné, il se laissa fléchir, et le collège de Clermont, dirigé par les jésuites, reçut, comme externe, l’enfant qui devait être un jour l’immortel auteur du Tartuffe. […] Ne sont-ce pas plutôt les études que Poquelin fit chez les Jésuites, recevant tous les jours des enfants destinés à rester laïques, qui auront donné lieu à cette erreur, bien évidente, puisque ses parents, loin de vouloir le consacrer à l’exercice du culte, l’avaient fait admettre dans la survivance de tapissier valet de chambre du Roi ? […] À Gignac, une source avait été détournée, par les soins de M. de Laurès, consul de cette petite ville, d’une prairie où elle serpentait, et, confondue avec un ruisseau, elle avait été conduite dans un grand réservoir destiné à l’usage public. […] M. de Molière faisait le Docteur, et la manière dont il s’acquitta de ce personnage le mit dans une si grande estime que Sa Majesté donna ses ordres pour établir sa troupe à Paris. » À quoi tiennent les destinées du génie !

1949. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Il n’en est que plus curieux que l’œuvre du conteur français et celle du poète espagnol aient éprouvé les mêmes destinées historiques. […] Il n’y a point de cœur à qui elle n’ait destiné quelque autre cœur ; elle n’a pas pris soin d’assortir toujours ensemble toutes les personnes dignes d’estime ; cela est fort mêlé, et l’expérience ne fait que trop voir que le choix d’une femme aimable ne prouve rien ou presque rien en faveur de celui sur qui il tombe. […] Toute la question est donc de les envelopper si bien et de les présenter avec tant d’art, d’une façon si insinuante, qu’elles opèrent leur effet comme sans que l’on s’en aperçoive, et en se souvenant bien — selon le mot de Mme de Lambert — « que la pudeur n’est jamais plus utile ou plus avantageuse que dans les temps destinés à la perdre ». […] » Et un autre lui répond tout ce qu’il semble jusqu’ici que puissent répondre à cette question la sagesse et l’expérience : « Parce qu’il y a des cœurs faits les uns pour les autres, et qui n’aimeraient jamais rien s’ils n’étaient assez heureux pour se rencontrer. » N’est-ce pas comme s’il disait qu’il y a des victimes d’amour désignées par le sort, qui aiment quand vient leur heure, dont la destinée ne dépend pas d’elles-mêmes, et qui se livrent à leur passion comme elles feraient au supplice ? […] Fausse ou vraie, dangereuse ou salutaire, destinée peut-être à périr ou au contraire marquée pour durer, s’étendre, s’affermir encore, la doctrine aura donc en tout cas occupé dans l’histoire une place assez considérable pour qu’il convienne, selon les humeurs, d’en imputer le blâme ou l’honneur à son premier auteur.

1950. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Nous pouvons donc, sans trop de témérité, conjecturer qu’il aura une durée et une destinée semblables. […] Un écrit, quel qu’il soit, ne fait que manifester une âme ; si cette âme est sérieuse, si elle est intimement et habituellement ébranlée par les graves pensées qui doivent préoccuper une âme, si elle aime le bien, si elle est dévouée, si elle s’attache de tous ses efforts, sans arrière-pensée d’intérêt ou d’amour-propre, à publier la vérité qui la frappe, elle a touché le but : nous n’avons que faire du talent ; nous n’avons pas besoin d’être flattés par de belles formes ; notre unique objet est de nous trouver face à face avec le sublime ; toute la destinée de l’homme est de sentir l’héroïsme ; la poésie et les arts n’ont pas d’autre emploi ni d’autre mérite.

1951. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Plus populaire que l’Arioste, plus goûté que le Tasse, qui lui-même l’était plus pour les concetti de son Aminta que pour les beautés de la Jérusalem délivrée, il travaillait à son poème d’Adone, dans une sorte d’attente universelle, comme celle que devait exciter, plus tard, un poème destiné au même oubli, la Pucelle de Chapelain. […] Mais de même que ce grand résultat se serait accompli plus lentement, avec plus d’alternatives et de sacrifices, si la Providence n’eût fait naître à propos Richelieu pour le préparer, et Louis XIV pour le consommer ; de même, si Boileau ne fût venu à temps faire cesser l’hésitation de tout un siècle, les destinées de la poésie française n’eussent pas été si tôt ni si complètement assurées.

1952. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Or ils savent qu’il n’y a jamais eu que deux réussites dans le monde, et que dans le monde antique ce fut le peuple grec, et que dans le monde moderne ce fut le peuple français, Étant entendu que le peuple juif est et fut et sera toujours une longue race et la race même de la non-réussite et que le peuple romain était destiné à se faire la voûte d’une immense rotonde. […]   Portant de si hautes destinées nos philosophes descendent. […] Dans l’éternel débat de ceux qui sont vainqueurs et de ceux qui sont modelés, nous ne savons pas s’ils sont destinés pour être vainqueurs. Mais nous voyons bien qu’ils ne sont pas destinés pour être modelés. […] Et si le monde est destiné à devenir un immense asile de vieillards.

1953. (1910) Rousseau contre Molière

Il prend pour des « maximes » et « maximes de fripon » les ironies de Philinte et ses coups d’épingles destinés à exciter Alceste et ses pinçades de pince-sans-rire. […] Il me semble bien qu’on ne s’intéresse nullement pour lui et que ses destinées ne nous sont aucunement indifférentes. […]            Tu peux hardiment te flatter            De ces espérances données ;            C’est un crime que d’en douter :            Les paroles de Jupiter            Sont des arrêts des destinées. […] Heureux celui qu’on destine à l’instruire !

1954. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Toujours les mêmes visages froids et sinistres, vraies physionomies des juges ayant au bord des lèvres le terrible mot de la destinée humaine, le mot final que les tribunaux prononcent sans effroi, mais que les médecins dont il raille toute la science, éludent et font comprendre par périphrases. […] Nous éclatâmes tous de rire ; il se releva du plus beau sang-froid du monde, regarda, en souriant, les ruisseaux de gelée de groseille qui coulaient, comme miel de l’âge d’or, sur son gilet et sur son habit, les ramassa, sans maudire, du bout de son doigt, qu’il essuya très proprement sur ses lèvres, et s’en alla s’asseoir à la place qui lui était destinée, semblable aux dieux immortels, qui voient d’un œil serein les vaines agitations des hommes et la chute des empires. […] Le duc se récriait sur sa fatale destinée, qui le condamnait à être l’instrument de la déchéance et de l’exil d’une famille qui l’avait comblé de bienfaits et pour laquelle il avait une si profonde affection.

1955. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Le tout est si bien pondéré que, quand on a lu le livre des Demi-Vierges, on se demande d’abord s’il ne serait pas sain de le donner à méditer à bien des jeunes filles ; en réfléchissant un peu, on constate bientôt le danger, et on se rappelle l’effroi que jettent dans les âmes d’enfants les fantômes, les loups-garous, les histoires contées dans les livres destinés à les guérir de la peur. […] Fatalement vouées pour la plupart au célibat, ces belles dédaigneuses sont destinées à faire la joie des célibataires. […] Gréard. — Prévost-Paradol Si on ne se souvient pas assez aujourd’hui de ce que fut Prévost-Paradol, c’est que, de quelque talent que la nature ait doué l’écrivain politique militant et le journaliste, il est invariablement considéré comme ne livrant qu’une besogne éphémère destinée à être oubliée au bout de vingt-quatre heures. […] Ils me semblent surtout heureux dans leur héroïque et dure destinée, parce qu’ils peuvent, si leur âme se prête à la mélancolie, unir l’action, qui nous fait oublier les soucis de la vie, au rêve qui nous en console. » La nouvelle se résume à peu près à ceci : Au cours de leurs promenades militaires dans les montagnes, au bord des précipices, des chasseurs alpins français se rencontrent avec un détachement de chasseurs alpins italiens ; on ne se hait pas à de pareilles hauteurs, si près de toutes les immensités, à moins qu’on ne soit en guerre : comme on est en paix, on se tend la main, on déjeune ensemble, puis on se quitte, chacun reprenant son devoir.

1956. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Aussitôt c’en était fait de la prose représentée ; on ne s’occupait plus ni du sort de la princesse amoureuse, ni de la destinée du prince persécuté, ni de la férocité du tyran, ni du roi qui perdait sa couronne ; en revanche on s’occupait d’une chandelle éteinte ou d’une mèche trop fumeuse, et l’on criait : Joubert ! […] vous êtes destinés à jouer, pendant vingt-cinq ans au moins, vous, Monsieur, le rôle de l’amoureux ; vous, Madame, le rôle de l’amoureuse, et vous vous mariez, pour vivre ensemble éternellement ! […] Pendant que nos deux escogriffes, Gnaton et Parménon, se picotent en mille paroles, passe l’esclave en litige, la jeune fille destinée à Thaïs. — « Plus belle que Thaïs », dit Parménon ; et, sans mot dire, la pauvre enfant pénètre dans cette maison qui sera sa perte. — Voilà de l’art grec, voilà qui tient à la chasteté antique ! […] L’Autriche l’emporta dans cette lutte qui devait aboutir à tant de misères ; soyez-en sûr cependant, si la princesse Amélie a regretté quelquefois cette lourde couronne, son regret n’est venu qu’aux mauvais jours, quand à la place de la couronne l’impératrice des Français n’eut plus à porter que des calamités étranges. — Alors, en comprenant combien eût pu être belle et grande la destinée d’une fille de tant de rois, partageant l’exil de ce grand soldat de la fortune, quelle est la noble femme qui ne se soit prise à pleurer ? […] La destinée des héros de Molière. — Harpagon. — Cathos et Madelon. — L’Étourdi.

1957. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

Mais il s’agit de la France, de son existence, de ses destinées. […] … Née de parents d’une illustre origine, elle n’était pas destinée à gagner sa vie comme une simple ouvrière. […] Les âmes de gloire effrénées, Par un essor inattendu, Se plongent dans leurs destinées À travers l’obstacle éperdu.

1958. (1921) Esquisses critiques. Première série

En sorte que, si l’accumulation des traits destinés à rendre haïssables les tenants de la libre-pensée fausse la peinture qui en est faite et la rend arbitraire, un excès de simplification et de stylisation tend au même résultat en sens inverse à l’endroit des âmes croyantes et religieuses. […] Quelques vaines interrogations sur les destinées humaines, quelques plaintes sur l’irrémédiable écoulement du temps, voilà toute sa philosophie, voilà comme il manifeste l’inquiétude que lui inspire le spectacle de l’univers — et encore ces méditations sont-elles bien égoïstes. […] Ils sont destinés à être débités par un comédien avec aplomb ou bien avec autorité — et c’est le ton dont Ils sont prononcés qui peut seul leur donner un instant fugitif l’apparence d’exister.

1959. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Les désastres, les tremblements de terre, les victoires, leur font faire immédiatement des rimes destinées à attendrir le siècle brutal et à le conduire aux grandes actions, après quoi ils vont demander la prime à l’Académie. […] Sous prétexte que tel individu était ou devait être doué du sens critique absent de chez les écrivains et les artistes, il a été de par la loi du journalisme quotidien, tenu de fournir chaque matin, tant de lignes, destinées à prouver souvent qu’il ne connaissait pas ce dont il parlait, et quelquefois que l’auteur ne l’avait pas salué. […] En somme, l’artiste doit se guider, pour travailler, d’après certains principes élevés qui montrent la grandeur dans le travail, à quelque condition qu’on appartienne, et d’après lesquels l’amour et l’argent ne tiennent dans la vie humaine qu’un rang secondaire, le travail étant le vrai but, la vraie destinée de l’homme.

1960. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Alphonse Pagès avait, à peu près de même, rimé un acte en vers, Molière à Pézenas, destiné à servir de prologue à la farce du Médecin volant que l’Odéon représentait alors. […] Pourquoi la destinée ne voulut-elle pas que cet honnête homme épousât cette honnête femme ? […] « Après la mort de M. de Molière, le Roi eut dessein de ne faire qu’une troupe de celle qui venait de perdre son illustre chef et des acteurs qui occupaient l’hôtel de Bourgogne, mais les intérêts des familles des Comédiens n’ayant pu s’accommoder, ils supplièrent Monsieur d’avoir la bonté de laisser les troupes séparées comme elles étaient, ce qui leur fut accordé ; à la réserve de la salle du Palais Royal, qui fut destinée pour la représentation des opéra en musique.

1961. (1893) Alfred de Musset

. — J’aimerais ma cousine, qui est vieille et laide, si elle n’était pas pédante et économe. » Suivent deux grandes pages de doléances sur son ennui et sur les études de droit auxquelles le destine sa famille : « Non, mon ami, s’écrie-t-il en terminant, je ne peux pas le croire ; j’ai cet orgueil : ni toi ni moi ne sommes destinés à ne faire que des avocats estimables ou des avoués intelligents. […] « Les Contes d’Espagne et d’Italie, a dit Sainte-Beuve, posaient… une sorte d’énigme sur la nature, les limites et la destinée de ce talent. » Énigme dont l’obscurité s’accroissait par le plus étrange pêle-mêle d’enfantillages de collégien8, et de vers de haut vol, de ceux que le génie trouve et que le talent ne fabrique jamais, quelque peine qu’il y prenne.

1962. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Un jeune homme de vingt ans, orphelin, destiné à une immense fortune que lui assure un oncle son parrain, s’ennuie et bâille tout le jour.

1963. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Il n’apprit sans doute que plus tard, et peut-être à Paris même, le changement de destinée de celle qu’il avait quittée ; en effet, dans les premières éditions de ses poésies (1778-1779), l’on ne trouve rien ou presque rien encore de ce qui forme le quatrième livre des élégies, c’est-à-dire celui qui vient après le mariage et l’infidélité consommée d’Éléonore.

1964. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

Lorsqu’il reparut, il y a trois siècles, c’est en Occident, chez des peuples laborieux et à demi libres, au milieu du redressement et de l’invention universelle, quand l’homme, améliorant sa condition, prenait confiance en sa destinée terrestre, et épanouissait largement ses facultés.

1965. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

« Vous savez bien, écrivait-il de cette ville, vous savez bien que vous êtes mon étoile et que ma destinée dépend de la vôtre ; si vous veniez à entrer dans votre tombeau de marbre blanc, il faudrait bien vite me creuser une fosse où je ne tarderais pas d’entrer à mon tour ; que ferais-je sur la terre ?

1966. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

Il faut un rapport d’âge : la nature destine les jeunes hommes à épouser les jeunes filles ; les vieillards n’ont que la paternité pour carrière ; Arnolphe est coupable de prétendre à Agnès, Harpagon ridicule de se poser en rival de son fils.

1967. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Les livres destinés à durer ne sont pas nécessairement les plus intéressants pour la génération où ils ont été écrits.

1968. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Il ne voulait que croire, et se mettre en paix, dans la solitude de sa pensée et le secret de sa vie, sur le mystère de sa destinée.

1969. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Dans cette pièce admirable, ils déterminent leurs fonctions par l’idée même qu’ils se font de la langue française, « laquelle, disent-ils, plus parfaite déjà que pas une des langues vivantes, pourrait bien enfin succéder à la latine, comme la latine à la grecque, si on prenait plus de soin qu’on n’avait fait jusqu’ici de l’élocution, qui n’était pas, à la vérité, toute l’éloquence, mais qui en faisait une fort bonne et fort considérable partie. » Il ne s’agit donc pour eux que de l’empêcher de manquer à cette grande destinée, de l’épurer et non de la créer, et, comme ils le disent avec une naïveté énergique, de « la nettoyer des ordures qu’elle avait contractées, ou dans la bouche du peuple, ou dans la foule du palais et dans les impuretés de la chicane, ou par les mauvais usages des courtisans ignorants, ou par l’abus de ceux qui la corrompent en écrivant, ou par les mauvais prédicateurs53. » Ils se tiennent dans les bornes d’une institution réelle et pratique, n’outrant rien, ne s’exagérant pas leur autorité, n’entreprenant ni sur la liberté ni sur l’originalité des esprits.

1970. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

L’idée de liberté complète est un excellent point de départ pour arriver à une réglementation insupportable destinée en principe à sauvegarder cette liberté.

1971. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Une petite chaire, (eine kleine Cathedra) est destinée à celui qui veut faire entendre un chant de maître… Il se place alors sur ce siège qu’on appelle Sing-Stul, enlève son chapeau ou sa barette, après quoi le marqueur lui crie : commencez !

1972. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

Ce dont Parsifal se doute encore bien moins, c’est que lui-même est destiné à remplacer Amfortas dans sa royauté spirituelle.

1973. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

Selon lui, les larmes sont une sécrétion destinée à protéger l’œil contre les insultes mécaniques, parce qu’elles débarrassent l’œil des corps irritants ; les impressions pénibles de la vue, puis les impressions générales de tristesse, même morale, se sont liées peu à peu à la sécrétion des larmes.

/ 2081