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810. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

On se le demande ; ses amis se le demandèrent dans le temps et le pressèrent de questions, quelques-uns même d’instances. […] C’était trop demander à l’écrivain philosophe. […] Letronne, qui le poussait et le patronnait, lui demanda un jour : « Qu’est-ce donc que ce livre allemand que vous imprimez et dont on parle ? […] Littré demanderait toute une séance et un examen. […] Hachette m’a demandé dans le temps de réunir en brochure, sous le titre de Notice sur M. 

811. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (3e partie) et Adolphe Dumas » pp. 65-144

« “Quand tu jugeras que nous les aurons atteints, alors dirige-toi vers la ville, et demande la demeure de mon père, le magnanime Alcinoüs. […] Dieu se révèle aux forts par la force, aux tendres par l’amour, aux malheureux par la douleur ; quand le cœur est comblé d’amertume, il en monte une larme aux yeux, et quand le vent la sèche, cette larme, je ne demande pas d’où vient le vent. […] demanderont les hommes qui ne sont pas familiers avec ces noms à qui le bruit a manqué ici-bas, mais à qui la mémoire intime des grandes âmes et des grands talents dans le dernier jour ne manqua jamais. […] Je me souviens du temps où l’on me demandait : Qu’est-ce donc que Xavier de Maistre qui a écrit le Lépreux ou le Voyage autour de ma chambre ? […] Il la quitta volontairement et précipitamment et alla demander asile, économie et paix, dans une chaumière de pêcheur, plus modique et plus rapprochée de la grève.

812. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

« Quel était, demande l’Amour, le grief de Guillaume ? […] demande le dieu d’Amour. […] Mais les assiégés sont les plus forts, et le dieu d’Amour envoie demander du secours à sa mère. […] « Après avoir contemplé ce spectacle avec admiration, dit le chancelier, je vis la Conscience se lever et demander la parole. […] Ces avocats officieux qui, dans le procès criminel de Gerson, demandent que Jean de Meung soit acquitté en considération de son savoir, ce sont tous les hommes éclairés de cette époque.

813. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

On en voit de rudement châtiés : il n’en faut pas demander davantage. […] On se le demande après avoir lu la pièce. […] Aussi, vers le milieu du siècle, le public demandait-il du nouveau. […] N’en demandons pas tant aux gens. […] On aurait trop raison contre Diderot, si on lui demandait compte des deux modèles de comédie sérieuse qu’il composa d’après sa théorie.

814. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

L’autre jour, un monsieur de là demande : « Qu’est-ce qu’on a fait ?  […] Je me garde bien de lui dire que c’est ma fête demain, parce qu’elle m’aurait demandé un cadeau. […] Il demande à Gautier, à propos de la première des Saisons, qui doivent paraître à chaque solstice : « Trouves-tu que ce soit une perle, hein ? […] Quel est, demandai-je, ce portrait au-dessus de la porte, ce vieillard aux traits finauds, en jabot, en habit brun aux boutons d’acier, en perruque ? […] lui demandai-je. — Il a un conseil judiciaire… il empruntait à 400 pour 100 à des messieurs qu’il rencontrait aux courses.

815. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

Aujourd’hui, on demande avec regret ou sont les Flaubert. […] Le mot et la phrase viennent chez eux avant l’idée ; ils les polissent soigneusement, comme les vieillards survivants du siècle passé arrondissent avec amour leurs belles révérences ; mais ne leur demandez pas d’innover, ou leur nouveau sera disgracieux, heurté et bizarre. […] pourvu qu’elle soit vague surtout, ils ne lui demanderont rien de plus, ni la raison qui l’amène, ni l’idée qu’elle renferme. […] C’est lui supposer véritablement le don de prescience que de lui demander de ressentir une impression poétique alors qu’il ne lui est rien dit de ce qui l’a fait naître ; car, en réalité, les impressions qui nous viennent des choses ont leur cause première en nous-mêmes, et, pour les faire partager à qui que ce soit, il faut commencer par lui découvrir l’état de conscience qui les a déterminées. […] III — Rôle moral et social de l’art On s’est souvent demandé si la littérature et l’art étaient moraux ou immoraux.

816. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Du Menteur de Corneille comme d’une comédie quelconque, on peut toujours se demander ce qu’elle est, et il faut même qu’on se le demande. […] me demanderez-vous peut-être, — et au fait on me l’a déjà demandé, — pourquoi Rodogune plutôt qu’Héraclius, que Nicomède, que Don Sanche d’Aragon ? […] voilà ce qu’on ne demandera désormais à l’histoire que de décorer du prestige de ses souvenirs ! […] Il demanda son fils et le prit dans ses bras. […] « Mais pourquoi, demandait Arnauld, a-t-il fait Hippolyte amoureux ? 

817. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — I. » pp. 162-179

Le Tellier, qui demanda à parler en particulier à la mariée. Il remplit son ordre en homme qui avait fort envie de réussir ; il lui fit envisager tout ce qu’elle avait à craindre et à espérer, et il lui dit enfin qu’il ne tenait qu’à elle d’être reconnue le lendemain duchesse de Lorraine par le roi ; qu’elle n’avait qu’à faire signer à M. de Lorraine un papier qu’il avait apporté avec lui et qu’il lui montra, et qu’elle serait reçue au Louvre avec tous les honneurs dus à un si haut rang ; mais que, si elle refusait de faire ce que Sa Majesté souhaitait, il y avait à la porte un de ses carrosses, trente gardes du corps et un enseigne, qui avaient ordre de la mener au couvent de La Ville-l’Évêque ; ce que Madame demandait avec beaucoup d’empressement. […] Lassay avait du goût pour les jardins et pour les bâtiments, comme il le prouva plus tard en accommodant l’hôtel Lassay, comme il l’avait déjà montré en petit dans sa jolie maison de retraite près des Incurables ; il avait le goût simple et uni, et avec peu il obtenait d’heureux effets : Je vous demande encore, disait-il à la maîtresse de cette villa de Bagnaia, de faire abattre, à hauteur d’appui, la muraille qui est devant vos fenêtres, car cette muraille vous donne une vue effroyable et vous en cache une fort belle ; et, si on prétend qu’elle est nécessaire pour votre maison, il n’y a qu’à faire un petit fossé derrière. […] [NdA] Ce mécontentement de Louis XIV ne venait pas précisément de ce que Lassay avait épousé Marianne, puisqu’on voit que le roi lui-même, qui appréciait son caractère et la conduite qu’elle avait tenue, parla au père de Lassay pour lui faire accepter ce mariage ; il entretint plusieurs fois assez familièrement Marianne depuis qu’elle était marquise de Lassay et lui demanda même un jour si elle lui avait pardonné de l’avoir empêchée d’être duchesse de Lorraine.

818. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

C’est ce qui a lieu pour le duc de Bourgogne, et l’on ne saurait, en traversant les dernières années de Louis XIV, rencontrer cette figure originale, singulière et assez difficile de l’élève de Fénelon, sans se demander : « Que serait-il arrivé de tout différent dans l’histoire, et quel tour auraient pris les choses de la France s’il avait vécu ?  […] Il voudrait le voir s’émanciper enfin, ne plus être soumis toujours ni docile à l’excès et subordonné ; il l’excite à prendre sur lui et à user de toute l’étendue des pouvoirs qu’il a en main, pour le bien du service : « Un prince sérieux, accoutumé à l’application, qui s’est donné à la vertu depuis longtemps, et qui achève sa troisième campagne à l’âge de vingt-sept ans commencés, ne peut être regardé comme étant trop jeune pour décider. » Le duc de Bourgogne lui répond avec calme, avec douceur, peut-être même avec raison sur certains détails, mais sans entrer dans l’esprit du conseil qui lui est donné ; et, quand il a tout expliqué et froidement, un scrupule d’un autre genre le prend, et il dit à Fénelon dans une espèce de post-scriptum : « Je me sers de cette occasion pour vous demander si vous ne croyez pas qu’il soit absolument mal de loger dans une abbaye de filles : c’est le cas où je me trouve. […] Pendant toute l’année 1710 et au commencement de 1711, quand il touche cette corde délicate, Fénelon fait sans cesse résonner le même son : soutenir, redresser, élargir le cœur du jeune prince ; il lui voudrait et il demande pour lui au ciel un cœur large comme la mer. […] Ses idées et ses plans divers demanderaient une longue explication, dont le dernier mot et la conclusion seraient, je crois, un doute.

819. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Buffon se croyait des droits sur lui, et, à la première élection, il demanda à Bailly sa voix pour l’abbé Maury, depuis longtemps célèbre par ses Panégyriques. […] Nul homme à Paris ne peut dire que je lui aie demandé ou fait demander son suffrage, pas même que j’aie témoigné aucun désir des places où je suis parvenu. […] La mort de l’homme de bien sortirait de notre cadre et nous jetterait dans des tableaux lugubres qui demanderaient de l’étendue et d’énergiques pinceaux.

820. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Une monarchie en décadence, déboires de la cour d’Espagne sous le règne de Charles II, Par le marquis de Villars »

 » La paix de Nimègue était conclue ; on pensa à la fille de Monsieur, nièce de Louis XIV, pour la demander en mariage. […] Don Juan voyant l’orage grossir, la cabale des grands, s’enhardir et s’étendre, le cri des peuples y répondre, entendant demander de toutes parts le rappel des exilés et celui de la reine mère, sachant que le roi lui-même, encouragé par son confesseur, avait proféré ces mots, à propos du retour d’un exilé : « Qu’importe que don Juan s’y oppose, si je le veux ?  […] C’était au point qu’on refusa d’abord l’autorisation de la voir à l’ambassadrice de France, que cette princesse avait cependant demandée par deux fois : « Peu après que la reine a été ici, écrit Mme de Villars à Mme de Coulanges (14 décembre 1679), elle a témoigné beaucoup d’envie de me voir, et me l’envoya dire. […]  » Quand on changea la camarera-mayor et que la reine à bout de patience eut pris sur elle de demander son éloignement au roi, celui-ci lui répondit d’abord : « Qu’on n’avait jamais fait dans le palais un pareil changement ; que cependant, si elle le souhaitait absolument, il trouvait bon qu’elle eût une autre camarera-mayor, mais qu’elle devait bien penser au choix qu’elle voulait faire, parce qu’après ce changement, il n’y aurait plus moyen d’en faire un second. » Cette sorte de stupidité d’un prince sur qui les raisons ne pouvaient rien se tournait en toute occasion contre la France.

821. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier (suite et fin.) »

s’écriait-elle à ce sujet, quand je les vis, ces princes, en Angleterre, ils écoutaient la vérité ; je leur peignais l’état de la France, ce qu’elle demandait, ce qu’il était si facile de lui donner. […] Demander aux hommes de sa trempe d’être des libéraux par goût, par penchant et préférence, c’est trop exiger de l’humaine nature : c’est bien assez s’ils le deviennent à une certaine heure par une juste appréciation de la nécessité et par raison d’État. […] Il demandait qu’on se tînt dans l’ordre du possible, et qu’on n’exagérât point dans le nouveau sens. […] Dieu et la liberté, c’est grand, c’est le plus noble vœu, et qui rappelle le mot de Voltaire au petit-fils de Franklin ; mais mon père, mis là entre Dieu et la liberté, fait une sorte d’énigme ou du moins une singularité, et demande explication.

822. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite.) »

Je ne tiens pas à prendre en défaut mes savants confrères qui ont tant à me renseigner sur ces sujets un peu ingrats, où notre légèreté se rebute aisément ; mais eux-mêmes, je le leur demande, n’ont-ils pas commencé à me faire querelle tout les premiers, en me reprochant d’anciens jugements un peu trop absolus peut-être, que je crois vrais pourtant dans le fond, et que je suis prêt d’ailleurs à modifier, à amender, autant que mon goût mieux informé pourra y consentir ? […] On revoit saint Jean baptisant et prêchant au bord du Jourdain, et Jésus accompagné de l’ange Gabriel, qui vient demander à être baptisé par lui. […] Je ne demande pas mieux d’oublier la Grèce quand on me parle du moyen âge. […] Je vais dire mes raisons, et je ne demande pas mieux, en vérité, que de perdre ma cause. » Il semble, en vérité, que la tendresse des deux frères, soit aux prises parce que l’on croit que le Jean Michel du mystère était le médecin, et que l’autre penche pour l’évêque.

823. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

Amis de l’ancien régime et partisans du droit divin, qui en étiez venus, en désespoir de cause, à préconiser le suffrage universel ; à qui (j’aime à le croire) la conviction était née à la longue, à force de vous répéter, et qui vous montrez encore tout prêts, dites-vous, mais moyennant, j’imagine, certaine condition secrète, à embrasser presque toutes les modernes libertés ; — partisans fermes et convaincus de la démocratie et des principes républicains, polémistes serrés et ardents, logiciens retors et inflexibles, qui, à l’extrémité de votre aile droite, trouvez moyen cependant de donner la main parfois à quelques-uns des champions les plus aigris de la légitimité ; — amis du régime parlementaire pur, et qui le tenez fort sincèrement, nonobstant tous encombres, pour l’instrument le plus sûr, le plus propre à garantir la stabilité et à procurer l’avancement graduel de la société ; — partisans de la liberté franche et entière, qui ne vous dissimulez aucun des périls, aucune des chances auxquelles elle peut conduire, mais qui virilement préférez l’orage même à la stagnation, la lutte à la possession, et qui, en vertu d’une philosophie méditée de longue main dans sa hardiesse, croyez en tout au triomphe du mieux dans l’humanité ; — amis ordinaires et moins élevés du bon sens et des opinions régnantes dans les classes laborieuses et industrielles du jour, et qui continuez avec vivacité, clarté, souvent avec esprit, les traditions d’un libéralisme, « nullement méprisable, quoique en apparence un peu vulgaire ; — beaux messieurs, écrivains de tour élégant, de parole harmonieuse et un peu vague, dont la prétention est d’embrasser de haut et d’unir dans un souple nœud bien des choses qui, pour être saisies, demanderaient pourtant à être serrées d’un peu plus près ; qui représentez bien plus un ton et une couleur de société, des influences et des opinions comme il faut, qu’un principe ; — vous tous, et j’en omets encore, et nous-mêmes, défenseurs dévoués d’un gouvernement que nous aimons et qui, déjà bon en soi et assez glorieux dans ses résultats, nous paraît compatible avec les perfectionnements désirables ; — nous tous donc, tous tant que nous sommes, il y a, nous pouvons le reconnaître, une place qui resterait encore vide entre nous et qui appellerait, un occupant, si M.  […] allez, quelque jour de fête, entendre à la cathédrale une messe en musique de quelque compositeur en renom, avec les chœurs et l’orchestre et les premiers artistes de l’Opéra ; puis ensuite retournez dans la Semaine Sainte, écoutez le Stabat, le Vexilla régis ou la Passion, ou, à quelques cérémonies funèbres, le Requiem, du lutrin ou les Litanies chantées non par de grands artistes, mais tout simplement par des chantres ou des enfants de chœur ; et puis, en sortant, demandez-vous qui vous a le plus profondément ému, qui a laissé dans votre âme une impression plus religieuse et plus mélancolique, qui vous a rappelé que vous étiez venu pour prier, des chanteurs ou des chantres, de la musique fuguée ou du plain-chant, de l’orchestre ou de l’orgue. […] Quand on parle de liberté, au risque d’étonner et de formaliser un peu ceux qui ne prononcent ce nom qu’avec frémissement, je demande aussitôt laquelle, — de quelle liberté il s’agit. […] Et plus tard, quand les siècles historiques commencent, pour une ou deux races heureuses qui courent d’elles-mêmes dans la carrière de la civilisation, combien d’autres en voit-on, qui ne demandent qu’à demeurer immobiles et à croupir !

824. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

Mais n’est-ce donc rien, demanderai-je à mon tour, que de poser le problème comme le fait l’auteur, de le serrer de si près, de le cerner de toutes parts, de le réduire à sa seule expression finale la plus simple, de permettre d’en mieux peser et calculer toutes les données ? […] Il n’y alla pas et demanda à être mis en disponibilité. […] Je demande donc qu’il me soit permis de le faire dans ce cas particulier, qui est un des plus agréables de sa manière, et à poser avec précision ma limite, puisque je me trouve y avoir dès longtemps pensé à part moi et pour mon seul plaisir. […] Taine et aussi ce que je désire de lui en plus et ce que je lui demande de nous accorder, j’aurai abrégé le jugement à tirer, qui ne serait guère partout que le même, à varier plus ou moins selon les exemples.

825. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

On doit se demander quelle partie de la nature a le don d’attirer l’attention ou la sympathie. […] Ce qu’on peut se demander encore, c’est vers quelles contrées se portent les regards et les rêves des écrivains et du public. […] Si l’on me demandait la ville qui parlait le plus à l’imagination de nos romantiques, je serais embarrassé : car il y eut, aux entours de 1830, une orgie d’exotisme. […] Le premier se demanda avec tristesse ce que faisait la Providence pendant ces bouleversements qui engloutissaient tant de vies innocentes, et il posa une fois de plus cet angoissant problème de l’existence du mal physique sur la terre.

826. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

Et qui donc a mieux défini que lui la conversation parfaite, et tout ce qu’elle demande de sérieux ou de léger ? […] Je me détourne de ses Contes qu’il entreprit d’abord (1665) pour plaire à la duchesse de Bouillon, une des nièces de Mazarin, et qu’il continua de tout temps pour se complaire à lui-même, et j’en viens aux Fables qui lui avaient été demandées pour Monseigneur le Dauphin. […] En France, où les grandes conceptions poétiques fatiguent aisément, et où elles dépassent la mesure de notre attention, si vite déjouée ou moqueuse, on demande surtout aux poètes ce genre d’imagination et de fertilité qui n’occupe que peu d’instants ; et il y excelle. […] Voltaire, voulant expliquer le peu de goût de Louis XIV pour La Fontaine, a dit : Vous me demandez pourquoi Louis XIV ne fit pas tomber ses bienfaits sur La Fontaine comme sur les autres gens de lettres qui firent honneur au grand siècle.

827. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre III : La littérature du xviiie et du xixe  siècle »

Avant Voltaire et Beccaria, il a demandé la réforme de la pénalité. […] Si des sentiments nous passons aux idées, je me demande s’il ne faut voir en Rousseau qu’un utopiste. […] En théologie, il a essayé de trouver un milieu entre la religion révélée et l’athéisme : à ceux qui ne verraient là qu’une chimère, je demanderai de vouloir bien nous dire avec précision lequel de ces deux termes extrêmes ils ont eux-mêmes choisi. […] Je le demande maintenant (pour revenir au point de dissentiment qui nous partage), quel principe guide M. 

828. (1912) L’art de lire « Chapitre III. Les livres de sentiment »

Réfléchir sur une œuvre d’imagination consiste surtout en ceci : se demander si les personnages sont vraisemblables et naturels et goûter leur vérité, comme en lisant l’on a goûté la beauté, l’intensité de leur vie morale. […] On demandait à Massillon, très honnête homme : « Où prenez-vous donc la matière de toutes les peintures de vice que vous faites ?  […] Ils nous étonnent pourtant et nous désorientent, parce que nous ne nous y sentons pas sur un terrain sûr et que nous ne pouvons plus les contrôler même partiellement et que, pour ainsi dire, ils nous demandent trop de confiance. […] Le caractère d’après les lectures, cela est donc vrai, mais, comme beaucoup de vérités, d’une vérité relative ; et c’est une observation intéressante, mais qui, comme toutes les observations, demande contrôle.

829. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Dans cet état final, qui est celui d’un beau corps bien habillé et bien embaumé, on peut se demander pourquoi il a réussi. […] S’ils avaient perdu les habitudes d’analyse, ils avaient gardé la passion de la métaphysique ; ils étaient à la fois sentimentaux et systématiques, et demandaient des théories à leur cœur. […] Soutenez la liberté française encore mal assurée et chancelante au milieu des tombeaux et des débris qui nous environnent, par une morale qui l’affermisse à jamais ; et cette forte morale, demandons-la à jamais à cette philosophie généreuse, si honorable pour l’humanité, qui, professant les plus nobles maximes, les trouve dans notre nature, et qui nous appelle à l’honneur par la voix du simple bon sens96. — Sorti du sein des tempêtes, nourri dans le berceau d’une révolution, élevé sous la mâle discipline du génie de la guerre, le dix-neuvième siècle ne peut en vérité contempler son image et retrouver ses instincts dans une philosophie née à l’ombre des délices de Versailles, admirablement faite pour la décrépitude d’une monarchie arbitraire, mais non pour la vie laborieuse d’une jeune liberté environnée de périls97. […] De vues nouvelles, ne lui en demandez point, il n’en a pas ; bien plus, il n’en cherche point ; il aurait peur de quitter les opinions saines et de s’engloutir dans l’invention, qui est l’hérésie.

830. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Ce petit ignare qui vous demandoit un jour comment les oiseaux allaitoient leurs pétits. […] Pourrois-je vous demander dans quel endroit ? […] Il fut de mon avis, & il me demanda ce que je pensois de ses démêlés avec Voltaire. […] Ne me demandez plus comme on fait fortune, ce grand flandrin vous l’apprendra. […] le plaisant mot ; & peut-il s’allier, je vous le demande, avec la constitution de notre être ?

831. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Autant demander pourquoi la Vie ? […] Eu attendant le mariage, Julie a demandé de secrets plaisirs à son professeur. […] Obermann les demandait aux hautes vallées alpestres. « Suis-je un Dieu ?  […] D’autres vont au contraire la demander fiévreusement aux occasions de la vie. […] Déplorable passe-temps que de demander au clair de lune des promesses de bonheur pour cœurs insatisfaits !

832. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre premier. De l’invention dans les sujets particuliers »

Il s’est demandé ce qui fondait le droit de la monarchie, quels services la légitimaient : il est descendu en lui-même, et il a interrogé son âme française. […] Ils ne se demandent pas si Pauline est brune ou blende, si Phèdre a le nez aquilin ou retroussé ; ils n’imaginent pas le mobilier, ni ne précisent le décor.

833. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Malaise moral. » pp. 176-183

Il est clair que, si les Grecs n’avaient pas bougé, s’ils étaient restés « sages », tout se serait terminé une fois de plus par des « réformes » demandées à la Turquie, promises par elle, et non réalisées. […] Aucun journal n’a songé à demander s’il était vrai qu’un de ces derniers dimanches, au Théâtre de la République, on eût prié M. 

834. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Lucrèce Borgia » (1833) »

À ceux qui trouvent, par exemple, que Gennaro se laisse trop candidement empoisonner par le duc au second acte, il pourrait demander si Gennaro, personnage construit par la fantaisie du poète, est tenu d’être plus vraisemblable et plus défiant que l’historique Drusus de Tacite, ignarus et juveniliter hauriens. […] Quand il voit chaque soir ce peuple si intelligent et si avancé qui a fait de Paris la cité centrale du progrès, s’entasser en foule devant un rideau que sa pensée, à lui chétif poète, va soulever le moment d’après, il sent combien il est peu de chose, lui, devant tant d’attente et de curiosité ; il sent que si son talent n’est rien, il faut que sa probité soit tout ; il s’interroge avec sévérité et recueillement sur la portée philosophique de son œuvre ; car il se sait responsable, et il ne veut pas que cette foule puisse lui demander compte un jour de ce qu’il lui aura enseigné.

835. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Émile Augier »

qu’il demande à Dieu quelque Laprade encore » — si on peut trouver deux Laprades dans la littérature contemporaine, — ou quelque sous Laprade, — qui fasse entendre la voix d’un courroux attardé ! […] Demandez plutôt à About, à qui on a exécuté l’an passé un si beau nocturne !

836. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

La seconde partie du Voyage, toute moderne, est d’un homme qui a administré avec zèle et qui se préoccupe de toutes les branches de la fortune publique, principalement de l’agriculture : ici, sous le plus beau climat, avec un sol admirable et les souvenirs d’une antique prospérité, il ne voit que misère, dépopulation, fièvre et famine, et il se demande pourquoi ; il se le demande en observateur éclairé, humain et sans colère91. […] On le retrouve plus au complet dans ses correspondances, peut-être aussi parce qu’on leur demande moins qu’à des livres proprement dits qui auraient eu besoin d’être plus composés. […] Il est des sujets d’étude convenables et bienséants jusqu’à la fin de la vie, ceux desquels Solon disait : « Je vieillis en apprenant toujours quelque chose. » Il y a d’autres études qui demandent de la jeunesse, les langues, par exemple. […] Il donnait tout ce qu’on lui demandait en ce genre et laissait le reste s’égarer.

837. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

Il faut connaître l’homme pour bien traiter cette matière-là. » Que l’on rapproche cette parole de Boileau, qui est la sagesse même, de la réponse que fit le duc de Bourgogne aux Comédiens qui venaient lui demander sa protection et la continuation des bontés qu’avait eues pour eux feu Monseigneur son père : « Pour ma protection, non ; mais, comme votre métier est devenu en quelque sorte nécessaire en France, consentez à y a être tolérés. » Après quoi il leur tourna le dos, et, moyennant cette tolérance de mépris, les théâtres furent rouverts. […] D’Alembert et Daunou se le demandent. […] Il avait demandé à La Monnoye un distique latin pour servir d’inscription au portrait du maître ; La Monnoye lit deux vers dont voici le sens : « Je suis ce Bayle qui corrige les autres quand ils se trompent, et qui sais moi-même toujours plaire, même en péchant. » Peu satisfait de l’aveu trop humble, Marais le pria de refaire un autre distique plus élogieux : « Je n’ai jamais pu souffrir, écrit-il à Mme de Mérigniac, que notre commune maîtresse eût des défauts. » Quand il ne peut nier absolument ces défauts de son auteur chéri, il les atténue et les explique. […] Il n’y avait qu’à demander au Père Maimbourg, contre lequel même il avait écrit, s’il ne le croyait pas poli. […] Son succès, longtemps contenu comme tant d’autres choses, n’en éclata que mieux sous la Régence ; c’était, en son genre, un des signes manifestes de la réaction contre Louis XIV ; et lorsque le danois Holberg, qui allait être le disciple de Molière dans le Nord, vint à Paris, où il séjourna pendant une partie des années 1715-1716, il put noter, comme un fait mémorable, qu’à la Bibliothèque Mazarine, la première en date de nos bibliothèques publiques, « l’empressement des étudiants à demander le Dictionnaire de Bayle était tel qu’il fallait arriver longtemps avant l’ouverture des portes, jouer des coudes et lutter de vitesse pour obtenir le précieux volume6. » On faisait queue pour le lire, dans ce même lieu où l’on fait queue maintenant pour entrer aux séances de l’Académie.

838. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

La plupart, et des plus spirituels (j’en ai entendu), se demandaient : « Croit-il réellement ? […] Il ne dit pas le moins du monde, comme le suppose l’auteur d’ailleurs si impartial et si sagace d’une Histoire de la philosophie française contemporaine : « Voilà des personnes dignes de foi, croyez-les ; cependant n’oubliez pas que ni vous ni ces personnes n’avez la faculté de savoir certainement quoi que ce soit. » Mais il dit : « En vous isolant comme Descartes l’a voulu faire, en vous dépouillant, par une supposition chimérique, de toutes vos connaissances acquises pour les reconstruire ensuite plus certainement à l’aide d’un reploiement solitaire sur vous-même, vous vous abusez ; vous vous privez de légitimes et naturels secours ; vous rompez avec la société dont vous êtes membre, avec la tradition dont vous êtes nourri ; vous voulez éluder l’acte de foi qui se retrouve invinciblement à l’origine de la plus simple pensée, vous demandez à votre raison sa propre raison qu’elle ne sait pas ; vous lui demandez de se démontrer elle-même à elle-même, tandis qu’il ne s’agirait que d’y croire préalablement, de la laisser jouer en liberté, de l’appliquer avec toutes ses ressources et son expansion native aux vérités qui la sollicitent, et dans lesquelles, bon gré, mal gré, elle s’inquiète, pour s’y appuyer, du témoignage des autres, de telle sorte qu’il n’y a de véritable repos pour elle et de certitude suprême que lorsque sa propre opinion s’est unie au sentiment universel. » Or, ce sentiment universel, en dehors duquel il n’y a de tout à fait logique que le pyrrhonisme, et de sensé que l’empirisme, existe-t-il, et que dit-il ? […] Mais, on le sent, la position restait toujours un peu fausse : s’il était victorieux séparément contre les légitimistes purs et les purs disciples du Contrat social, on avait droit de lui demander, à lui, où il plaçait le siège de cette loi suprême, et comme c’était à Rome, on pouvait lui demander encore par quel mode efficace il la faisait intervenir dans le temporel ; car alors elle intervenait nécessairement, le roi de France étant le fils aîné de l’Église et la confusion des deux ordres s’accroissant de jour en jour par les efforts de sa piété égarée.

839. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

J’ai été autrefois touché de cette même avidité, et je puis dire qu’elle m’a été fort préjudiciable. » Mais voilà, au moment même du reproche, qu’il l’encourt de plus belle ; il voudrait tout savoir, même les détails rustiques, lui qui tout à l’heure regrettait le temps perdu à la chasse ; il demande mainte observation à son frère sur les verreries de Gabre, sur le pastel du Lauraguais. […] Écoutez-le disant à son frère cadet qui le consulte : « Ce qui est propre à l’un ne l’est pas à l’autre ; il faut donc faire la guerre à l’œil et se gouverner selon la portée de chaque génie… il faut exercer contre son esprit le personnage d’un questionneur fâcheux, se faire expliquer sans rémission tout ce qu’il plaît de demander. » Comme cela est joli et mouvant ! […] Quand vous aurez connu personnellement plus de personnes célèbres par leurs écrits, vous verrez que ce n’est pas si grand’chose que de composer un bon livre… » C’est dans une lettre suivante à ce même frère cadet qui se mêlait de le vouloir pousser à je ne sais quelle cour, qu’on lit ce propos charmant : « Si vous me demandez pourquoi j’aime l’obscurité et un état médiocre et tranquille, je vous assure que je n’en sais rien…. […] demandera quelqu’un ; relit-on Bayle ? […] Se sont-elles rendues, c’est un bénéfice qui « demande résidence… Il est rare qu’on ne tombe qu’une fois dans « cette espèce d’engagement ; on ne s’en retire qu’avec un morceau de chaîne qui forme bientôt une nouvelle captivité.

840. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

Il savait bien son fort et son faible : et nous ne pouvons mieux faire pour mettre en lumière les charmantes qualités de sa forme que de les lui demander à lui-même. […] Nous apprenons ainsi (je vous fais grâce de ses ascendants) qu’il était né à onze mois, fut mis en nourrice au village, apprit le latin avant le français, était éveillé en son enfance au son des instruments, reçut les verges deux fois, joua des comédies latines au collège de Guyenne ; qu’il était de taille au-dessus de la moyenne, assez peu porté aux exercices du corps et à tous les jeux qui demandent de l’application physique, qu’il avait la voix haute et forte, un bon estomac, de bonnes dents, dont il perdit une passé cinquante ans, qu’il aimait le poisson, les viandes salées, le rôti peu cuit, le vin rouge ou blanc indifféremment, et trempé d’eau ; qu’il était sujet au mal de mer, et ne pouvait aller ni en voiture, ni en litière sans être malade, mais en revanche faisait de longues traites à cheval, même en pleine crise de coliques néphrétiques ; qu’il ne prenait pas de remèdes, sauf des eaux minérales, et qu’il gémissait sans brailler, quand la gravelle le tenait. […] Mais, à la réflexion, on se demande si Montaigne est vraiment un sceptique : si son scepticisme est universel. […] Ne nous dit-il pas qu’il n’aime pas que ses amis lui demandent d’intercéder ou solliciter auprès de qui que ce soit, parce que les obligations ôtent de l’indépendance ? […] On a pu trouver que Montaigne y faisait la part vraiment bien petite à l’effort, et l’on se demande quel esprit, quelle volonté peuvent se former sans l’effort.

841. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

L’abbé Célestin, desservant de la paroisse des Aires, atteint de phtisie laryngée et obligé de demander son changement, est envoyé à Lignières-sur-Graveson, dans un climat plus doux. […] L’Église souffre ce qu’elle ne peut empêcher : elle consent que les fidèles, qui ne sont que le troupeau, se composent un mélange de morale humaine et de morale chrétienne ; elle ne leur demande que d’accepter ses dogmes en bloc et d’observer certaines pratiques. […] L’Église ne demande pas toujours au prêtre le sacrifice de son être tout entier ; mais elle peut toujours le lui demander, et surtout elle le lui demande dès qu’il paraît vouloir se reprendre.

842. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

Alors je me demande si de pareilles institutions, neutres à la brutalité qui en battrait le mur, ne demeurent d’autre part comme qui dirait en avance : certes si, élan d’un gothique perpendiculaire, la basilique là-bas du « Jesus » ou cette vigilante tour de « Magdalen », hors de jadis ne surgissent — quant à un spectateur impartial — très droit délibérément en du futur. […] — Je signale, que le risque manque à réimprimer nos classiques, au fur et à mesure de la demande. […] Je demande au journal qui prête appui à ce projet en l’énonçant, d’aller plus loin même et, par ses interviews, de solliciter l’avis intéressant d’une corporation à laquelle lui et moi voulons du bien. […] Tant mieux : il y a d’autre part aise, et maturité, à demander un soleil, même couchant, sur les causes d’une vocation. […] Quant à moi, je ne demande pas moins à l’écriture et vais prouver ce postulat.

843. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

C’est vers sa morne région que s’achemine le mélancolique voyageur, interrogé par un poète de l’époque des Thang : « Je descendis de cheval, je lui offris le vin de l’adieu, et je lui demandai le but de son voyage. […] Au milieu des batailles grandioses et presque joyeuses de l’Iliade, on entend Glaucus dire à Diomède, qui l’interroge sur sa naissance : — « Fils de Tydée, pourquoi me demander mon origine ? […] » — Comme Hamlet dans le cimetière, il se demande ce que la terre a fait des os d’Alexandre : — « Alexandre de Macédoine et son muletier ont été réduits, après la mort, à la même condition… Puanteur que tout cela et pourriture au fond du sac !  […] » demande Diane, avec la candeur féroce de l’amour. […] demande le ministre irrité. — Parce qu’il en est un que j’aime ! 

844. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

je ne demande rien davantage. […] À chaque relais venaient des gendarmes pour demander des papiers ; un simple mot du jeune homme les satisfaisait, et l’on passait. […] Biot demande au jeune homme de savoir le nom de celui à qui il a tant d’obligations. — Il lui fut répondu : Saint-Just, — avec l’adresse à un certain hôtel. — Après un mois et plus de maladie, lorsque le convalescent put aller à l’adresse indiquée, Saint-Just n’y était plus, et M.  […] Maintenant l’on peut se demander, et M. Biot s’est demandé lui-même : Était-ce bien Saint-Just, le terrible Saint-Just, qui joua ce rôle de bienfaiteur inconnu ?

845. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Et quand on leur demande : « Dominer pour le juste ou pour l’injuste ?  […] Il demande : À quoi sert-il de faire du beau ? […] Pourquoi demande-t-elle au dramatiste ce qu’il est très évident qu’elle ne demande pas à un peintre ? […] Elle ne demande, en somme, aux artistes, que le beau. Elle ne demande à l’art que le beau.

846. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Aux demandes de publication qui leur sont faites, ils peuvent répondre par des raisons commerciales ou une fin de non-recevoir pure et simple. […] Il a demandé dans son testament que le « Journal » soit publié vingt ans après sa mort. […] Ils n’ont d’autre aspiration que de « vivre en paix. » Aussi ne répondent-ils même pas aux lettres des savants, qui leur demandent de consulter leurs archives. […] Chacun a payé de bon cœur la dîme minuscule qu’on lui demande pour loyer de sa notoriété. […] Cela n’est souhaité ni demandé ni par ceux qui écrivent ces lettres, ni par ceux qui les reçoivent, ni par ceux qui les possèdent.

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