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381. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « L’Angleterre depuis l’avènement de Jacques II »

Si, d’un côté, les opinions connues de Macaulay, devenu, grâce à sa plume, un homme politique important et un ministre d’État, disaient assez nettement d’après quelles tendances et dans quel système cette histoire d’Angleterre serait conçue et réalisée, d’un autre, les articles de la Revue d’Édimbourg, qui avaient commencé et fixé la réputation de l’auteur, et dont quelques-uns sont des chefs-d’œuvre, ne disaient pas avec moins d’autorité qu’à part ces opinions premières qui pèsent sur tout ce qu’on écrit et y impriment la marque de leur vérité ou de leur erreur relatives, qu’à part enfin le joug des partis si dur à secouer dans les pays fortement classés, il y aurait, du moins, dans l’histoire écrite par une telle main, le talent, mûri par les années et par l’étude, de l’homme qui avait tracé des pages si animées et si réfléchies en même temps sur Warren Hastings, lord Burghley et le comte de Chatham ! […] Qui songe à son parti en écrivant l’Histoire commence par s’y sacrifier. […] Il se contente de poser, sans le prouver, le fait étrange de cette monarchie tempérée qu’il est assez difficile d’établir quand on a un Henri VIII ou une Élisabeth derrière soi, et il ne commence, à proprement parler, son histoire qu’à la date éclaircie et certaine de la vraie monarchie anglaise : la fin des Stuarts et du droit divin.

382. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « MM. Jules et Edmond de Goncourt » pp. 201-216

Il nous apprend que ce peuple, vanté pour ses vertus par des philosophes qui n’en avaient pas, fut peut-être autant que les Richelieu, les de Gesvres et les d’Épernon, tous ces abominables pourrisseurs du Roi, dans les vices de ce jeune souverain qui commença son règne de débauche par la timidité avec les femmes, comme Néron commença le sien par la clémence… Dans ce temps, qui ne fut pas long, il est vrai, d’une sagesse qui n’était que de l’embarras rougissant et honteux, le peuple tout entier de la France d’alors s’impatientait et se moquait de cette sagesse. […] … V Eh bien, c’est ce presque impossible, c’est ce difficile de leur tâche que M. de Goncourt a réalisé, et cette fois avec une gravité, une autorité et une raison que les incestueuses sorcières de beauté, d’esprit et de manèges qui commencèrent les affolements adultères de Louis XV, n’ont pu lui faire perdre ou troubler.

383. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Horace Walpole »

Voilà ce que les nouvelles Lettres publiées nous montrent de cet homme, qui avait en lui du signor Pococurante, du cousin Pons, alors inconnu, et du dandy qui commençait à poindre. […] Un boulet de canon ne m’aurait pas plus surpris. » On aurait dit que ce boulet de la mort de Gray, qui n’était que d’un an plus âgé que lui et qui mourait de cette terrible goutte dont lui, Walpole, devait aussi mourir, avait, du coup, commencé la dissolution qu’il prévoyait de cette craie qu’il était devenu sous les méchancetés de la douleur et de la vie, — ou qu’il avait été toujours ! […] Les philosophes, qui, à cette époque, commençaient de régner sur les peuples un peu plus que les rois, ne lui firent pas la moindre illusion.

384. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Le roi Stanislas Poniatowski et Madame Geoffrin »

L’éditeur de ces lettres, qui prend les choses de très haut, et qui ne s’étonne pas d’un état social où les classés commençaient à se mêler comme des numéros de loto dans leur sac, n’appuie pas beaucoup sur la question de savoir quelle fut la circonstance qui créa, de par un sentiment, une situation presque officielle en Europe, et sans exemple dans l’Histoire, depuis la nymphe Égérie, entre une marchande de glaces et le prince étincelant qui devait devenir Stanislas-Auguste. Mais si l’on en croit les Souvenirs de Ségur, l’amitié de Poniatowski pour Madame Geoffrin commença par la reconnaissance. […] …) qui éteint le plus qu’il peut la figure de son modèle, quand elle commence à s’animer.

385. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVI. Buffon »

À dater de ce moment sa gloire commença, sa vraie gloire. […] Buffon avait commencé sa vie pensante et savante par les mathématiques qui sont une science de déduction, et il apporta les habitudes mathématiques partout où depuis s’engagea sa pensée, et c’est à cause de cela, selon nous, bien plus qu’à cause de ses accointances avec Descartes, qui avait été aussi un mathématicien bien avant d’être un philosophe, c’est à cause de cela que Buffon admit si souvent l’hypothèse comme une règle de fausse position. […] Flourens, mais la description naturelle, — l’art de peindre avec des mots, — et qui, dans l’ordre hiérarchique de cet art nouveau précéda immédiatement Chateaubriand, lequel commença sa carrière d’écrivain par être aussi naturaliste.

386. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « E. Caro »

, la réaction en faveur du spiritualisme est fatale ; et Caro, avec son livre contre le panthéisme hégélien et ses dérivés plus ou moins grimaçants, mérite d’être compté comme un des premiers et l’un des plus vifs propulseurs de cette réaction qui commence. […] Caro commence par y signaler les influences qui ont pénétré dans la philosophie actuelle pour la dominer. […] Je ne sais pas son idée sur Dieu, son idée sur l’idée première de toute philosophie, qui doit, selon moi, commencer toujours par une théodicée.

387. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Edgar Quinet »

Elle empêchera d’aller plus loin dans la lecture du livre de Quinet ceux qui l’auront commencée, et elle empêchera les autres de la commencer. […] Le rire y commence aux oiseaux.

388. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Agrippa d’Aubigné »

Il a le tempérament qu’ont les hommes primitifs, les hommes qui commencent les races ; car il en a commencé une et il est un des primitifs de la Poésie française. […] je ne suis pas de ceux-là qui prétendent que la langue française commence aux Provinciales, — opinion ridicule de Villemain, cet eunuque littéraire opéré par le Goût, — quand, avant Pascal, on avait Rabelais d’abord, ce mastodonte, émergé radieusement du chaos dans le bleu d’un monde naissant, puis, après Rabelais, — qui suffisait seul, — Ronsard, Régnier, Racan et d’Aubigné lui-même.

389. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Lorsque j’ai commencé ce grand travail de révision sur moi-même, au premier abord il me semblait que j’entreprenais une œuvre impossible. […] où ne pas courir, et par quel chapitre allais-je commencer ? […] On ne savait pas écrire encore, on commençait, cela se voit, à se douter que l’on serait un écrivain quelque jour […] C’est ainsi que Molière a commencé. […] Ainsi commença la popularité de Molière, on ne pouvait mieux commencer.

390. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

— une idée commença de germer et de croître, dont les premiers essais de M.  […] L’erreur a commencé quand, voulant préciser ce mot : naturels, ils l’ont traduit par cet autre : vivants. […] Pour rétablir, commençons par rappeler le résumé qu’il donne lui-même de sa doctrine dans sa célèbre Préface générale. […]commence l’échelle des responsabilités et la subordination qui monte jusqu’aux rois. […] Il a commencé le jour où je suis parti pour l’Amérique.

391. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

Vers le même temps, les rigueurs de Laure et la jalousie de son jeune époux, qui commençait à s’offenser du bruit de ce poétique amour, forcèrent Pétrarque à voyager. […] Celle-ci, dont les charmes commençaient à se faner, moins sous les années que sous la douleur, s’affligeait en secret de cet abandon. […] » Pétrarque, rentré à Vaucluse, écrivit le cinquantième sonnet, qui commence ainsi : « Ô madame ! […] Le tocsin du Capitole souleva le peuple contre les grands ; ils furent chassés de Rome ; les supplices achevèrent ce que la victoire du peuple avait commencé. […] Mais déjà le tribun, semblable à Mazaniello de Naples, commençait à délirer et à affecter l’empire du monde, sans autre force que le nom d’une capitale morte et la faveur mobile d’une municipalité romaine.

392. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIe entretien. Cicéron » pp. 81-159

Les riches natures, comme César, Cicéron, Brutus, Solon, Platon, commencent par l’imagination et la poésie : c’est le luxe des sèves surabondantes dans les héros, les hommes d’État, les orateurs, les philosophes. […] Arrivées à ce point culminant de leur existence et de leur principe, les nations commencent à chanceler sur elles-mêmes avant de se précipiter dans la décadence, comme par un vertige de la prospérité ou par une loi de notre imparfaite nature. […] César, patricien corrompu, cherchait un appui dans la plèbe romaine ; il commençait la tyrannie, comme elle commence toujours, par la licence ; il soutenait, à ce titre, Clodius ; il affectait de l’intérêt pour Catilina. […] Le sénat, abrité enfin par cette poignée de satellites de Milon, et encouragé à l’audace par l’indignation du peuple, qui commençait à rougir de lui-même, porta le décret de rappel de Cicéron. […] Il aimait Octave : Octave commencerait-il par un parricide ?

393. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

Enfin ton avenir commence à poindre ; je te vois un état, une position sociale, un point d’appui à la vie matérielle. […] Il commençait à revivre, le pauvre animal ; je voulais le priver, il m’aurait aimée, et voilà tout cela croqué par un chat ! […] « Une lettre de Paul a commencé ma journée. […] « Voilà donc mes dernières pensées, car je n’écrirai plus rien de cette année ; dans quelques heures c’en sera fait, nous commencerons l’an prochain. […] « La journée a commencé douce et belle ; point de pluie ni de vent.

394. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Il commence, avec la permission du roi et sous un gouverneur donné par la cour, quelques voyages prématurés à Gênes, à Milan, à Florence, à Sienne, à Rome et à Naples. […] Je tournai donc ma pensée de ce côté, sans pour cela commencer aucune étude. […] C’est là le procédé que j’ai suivi dans toutes mes compositions dramatiques, à commencer par le Philippe, et j’ai pu me convaincre qu’il compte au moins pour les deux tiers de l’œuvre. […] Les émigrés eux-mêmes commencent à faire peu de cas de sa personne…” Ces grossières habitudes, qui ne le quittèrent plus, éloignèrent en effet un grand nombre de ses anciens partisans. […] Il commence à passer pour grand poète sur la foi de quelques essais d’édition à Sienne, et de quelques lectures chez Mme d’Albany.

395. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

Il commença à en recueillir sur les quais. […] « C’est alors que commence cette correspondance conservée par tendresse et qui devint sitôt de chers et de précieux souvenirs. […] Il ressemble à l’enfant qui a tant de paroles à dire qu’il ne sait par où commencer. […] Balzac commençait la vie par ce qu’il y a de plus difficile, gagner le moyen de vivre. […] Mes livres sont les seules réponses que je veuille jamais faire à ceux qui commencent à m’attaquer.

396. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

. ― Commençons par un coup d’œil sur l’histoire des relations que la littérature et la musique ont eues ou ont encore. […] Tel d’entre eux se continue pendant plus de cent ans et change de nature sur la route ; il commence par la gaieté, par la joie de vivre, et finit par l’amertume et la raillerie mordante. […] Inventeurs et propagateurs de « l’écriture artiste », ils ont, eux aussi, commencé par des études de peinture ; ce sont des dessinateurs et des aquarellistes convertis et relaps. […] L’histoire littéraire doit bénéficier à son tour de la faculté précieuse acquise par l’intelligence humaine ; et, pour commencer, elle ne peut pas oublier les liens qui rattachent la littérature à l’ameublement. […] Survient l’Empire et le moyen âge commence à ressusciter chez les poètes et les historiens ; on chante le beau Dunois partant pour la Syrie, et aussitôt les dieux et les héros antiques qui composaient les garnitures des cheminées se transforment en troubadours langoureux et en châtelaines plaintives.

397. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Il dessina son grand poème et il commença à l’écrire. […] Il n’y a pas très longtemps que le poème du Dante a commencé à retentir au-delà des Alpes. […] La philosophie grecque avait eu son Homère en la personne de Platon. » (Ne pourrait-on pas dire que la philosophie spiritualiste avait commencé à Platon ?) […] Je le commence dans une heure solennelle. Le vendredi saint du grand jubilé de 1300, Dante, arrivé, comme il le dit, au milieu du chemin de sa vie, désabusé de ses passions et de ses erreurs, commença son pèlerinage en enfer, en purgatoire et en paradis.

398. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

Mézeray, avant d’en plaisanter entre amis comme il faisait plus tard, commença par en être reconnaissant. […] L’auteur se forme sensiblement à mesure qu’il les écrit : la fin du tome premier, à partir de Philippe le Bel et surtout de Charles V et Charles VI, devient fort nourrie et fort pleine ; le second volume, qui commence à Charles VII et qui finit avec Charles IX, est constamment soutenu ; le troisième, qui comprend le seul règne de Henri III et celui de Henri IV jusqu’à la paix de Vervins, est excellent. […] Cependant le mérite sérieux de son histoire ne commence en effet à se faire sentir qu’à dater du moment où il s’appuie sur des chroniqueurs ou historiens de langue nationale : jusque-là il ne faut lui demander que des aperçus et des pages heureuses. […] Avec Philippe le Bel, avec Philippe de Valois et ses successeurs commence l’intérêt véritable de l’Histoire de Mézeray.

399. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

Enfin l’étranger, impatienté de leur maussaderie, tira par la manche celui qui l’avait amené, et lui demanda : « Quand est-ce qu’ils commenceront ?  […] et quand commencerez-vous ?  […] Il se raillait (ce qui est un signe de légèreté) des choses même auxquelles il prenait part ; il n’entrait pas dans l’esprit de ce ferme et stable gouvernement bernois, et il ne commença à le respecter, à l’apprécier et à en reconnaître les vertus qu’au moment où il le vit s’écrouler sous le choc de la Révolution : jusque-là il n’en avait guère aperçu que les défauts. […] À peine est-elle dehors que sa fille, comme délivrée, bondit sur sa chaise, roule sa serviette, y fait un nœud et la lance à la tête du grave personnage qui s’y prête comme s’il n’avait attendu que le signal, et toute une partie entre eux commence ; elle le prend dans ses bras et lui fait danser une ronde.

400. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Lammenais » pp. 22-43

— Avec la publication de son second volume de l’Essai sur l’Indifférence, la dispute s’engage, la lutte commence. […] En entrant à mon tour dans la chambre d’où sortait le prélat, en m’asseyant sur la chaise de paille où l’avait fait asseoir M. de Lamennais, je m’aperçus que celui-ci était très-agité ; il ne me laissa pas même commencer : « Mon cher ami, me dit-il sans plus de préambule, il est temps que tout cela finisse ; je vous ai prié de venir. […] L’impression commença. […] Je suis ami du gouvernement, je ne puis mettre mon nom à cette publication ; mais, comme l’affaire est commencée, je ne refuse pas mes presses.

401. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. Suite et fin. » pp. 73-95

Ce sont les Garamantes qui commencent et qui donnent le signal de ce festin de cannibales. […] Pourquoi l’auteur si en quête des moindres bribes d’érudition, n’a-t-il pas commencé par se pénétrer du beau chapitre de Montesquieu sur le Parallèle de Carthage et de Rome ? […] Flaubert ; il est celui de presque tous les romanciers de ce temps, à commencer par Walter Scott, lequel, ayant à nous montrer un étranger entrant le soir dans une salle de festin, s’amuse à nous le décrire de la tête jusqu’aux pieds, y compris les bas, les souliers, comme si des convives assis pouvaient distinguer cette partie inférieure de l’individu, ce qui serait tout au plus possible de jour. […] J’en sais (et ici ma pensée se généralise) pour qui le talent ne commence réellement que là où l’humanité, l’honnêteté naturelle, ce qu’on croit être le fait de M. 

402. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

Les Romains avaient commencé par mépriser les beaux-arts, et en particulier la littérature, jusqu’au moment où les philosophes, les orateurs, les historiens rendirent le talent d’écrire utile aux affaires et à la morale publique. […] La littérature a commencé lorsque l’esprit des Romains était déjà formé par plusieurs siècles, dans lesquels les principes philosophiques avaient été mis en pratique. […] On dit que la littérature italienne a commencé par la poésie, quoique du temps de Pétrarque il y eût de mauvais prosateurs dont on pourrait objecter les noms, comme on prétend opposer Ennius, Accius et Pacuvius aux grands orateurs, aux philosophes politiques qui consacrent la gloire des premiers siècles de la république romaine. […] On commença à chercher alors les beautés que pouvaient offrir Sophocle, Eschyle et Thespis ; on essaya même de les imiter, et l’on y réussit.

403. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

Avec Commynes, cela se marque même dans la langue, le règne de la chevalerie est passé, celui de la bourgeoisie commence. […] Louis XI, qui est venu s’asseoir sur un escabeau, tout contre le paravent, rit aux éclats et lui dit de répéter, de parler haut, et qu’il commence à devenir un peu sourd. […] Sa carrière de conseiller se brisa à l’âge où elle commence à peine pour les autres. Il a raison de remarquer quelque part que presque tous ceux qui ont fait de grandes choses ont commencé fort jeunes ; mais ce qui est bien rare, c’est de conseiller si sagement et de voir si juste, de tenir la balance si exacte, dès cette première moitié de la vie.

404. (1929) Amiel ou la part du rêve

Il ne commence le Journal que le 16 décembre 1847, à Berlin. […] Mais, venu à Berlin pour y prendre le grade de docteur, il n’a choisi ni commencé aucun travail de thèse. […] Amiel, en 1849, commençait ses cours au plein de l’agitation causée par la rupture de Scherer avec l’Église. […] Il commence d’ailleurs à être temps. […] Ces cinq pages, commencées à huit heures, écoulent, ce matin, sous sa plume, le flot égal de leur intelligible lumière.

405. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Avant que la pièce ne commençât et ainsi que cela a lieu encore de nos jours, l’orchestre exécutait quelques morceaux. […] Cette salle de la rue Richelieu avait été commencée en 1787, aux frais du duc d’Orléans. […] Femme, viens achever ce que j’ai commencé. […] Toutes les scènes commencent par chacune des lettres de ces cinq mots : Sainte Reine, priez pour nous. […] Or, comme la bravoure n’était pas le côté brillant des deux amis, la peur commença à les galoper de la belle manière.

406. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Sur le Louis XVI de M. Amédée Renée » pp. 339-344

Les portions satisfaites de la nation auraient commencé à mieux voir, à revenir de l’excès d’exigence ou de confiance, et à juger de la tâche sociale avec plus de vérité. […] Là, en effet, tout un nouvel ordre de choses commence.

407. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LVIII » pp. 220-226

Il est tel poëte de nos jours qui a commencé d’être atteint de ce regret public de la fuite des années le jour où il a eu trente ans, et même on commence maintenant à gémir tout haut sur cette perte dès vingt-cinq.

408. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Appendice à l’article sur Gabriel Naudé »

. —  Naudé commence sa lettre par des compliments et des excuses à Peiresc et parle de diverses commissions ; puis il ajoute : « Je viens tout maintenant de recevoir lettre de Paris de M.  […] Gassendi, il a commencé de ne vous pas épargner.

409. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la distribution des prix du lycée d’orléans. » pp. 223-229

Un des ouvrages qui, au XIIIe siècle, ont commencé notre jurisprudence, s’appelle : Établissements de France et d’Orléans. […] Eh bien, chers élèves, il ne tient pas à vous d’être de grands savants, de grands écrivains, ni même, pour commencer, d’emporter tous les prix du Lycée ; mais il ne tient qu’à vous d’avoir du courage, de la loyauté, de la bonté.

410. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Lutèce » pp. 28-35

« À partir de ce jour, sa vie décadente commença. […] « Il commença par le voyage à Londres et goûta, à la taverne anglaise, le haddock, ce poisson qui ressemble singulièrement à du jambon qui aurait des arêtes ; puis, ayant acheté, avenue de l’Opéra, plusieurs fioles de parfums, il se donna des symphonies.

411. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre premier. Impossibilité de s’en tenir à l’étude de quelques grandes œuvres » pp. 108-111

Comment d’ailleurs mesurer de combien ceux-ci s’élèvent au-dessus de la moyenne, si l’on commence par les détacher de leur entourage ? […] Nous avons commencé par étudier les œuvres individuelles et les individus eux-mêmes ; nous avons amassé une quantité de vérités particulières.

412. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

La Mennais en 1814 commence à donner son avis par lettres sur les choses publiques, et pour débuter, il trouve que tout va au plus mal. […] Sa lettre à ce sujet, écrite à la date du 7 juillet 1814 et qui commence par ces mots : « Je viens de lire le projet de loi napoléonienne… », est mémorable. […] Il flotte de projets en projets : tantôt il voudrait attirer son frère à Paris pour y fonder en commun avec lui quelque journal ou revue ; tantôt il rêve de se retirer avec lui à La Chesnaie, et là de se livrer uniquement à la composition d’une Histoire ecclésiastique dont il a le plan en tête, « ouvrage de toute une vie » ; tantôt il n’ambitionne que de finir un autre ouvrage projeté ou même commencé, l’Esprit du Christianisme : « Ce serait un bel ouvrage, écrit-il de Paris (5 novembre 1814). […] C’est samedi que commence la retraite ; elle dure huit jours. […] Le voilà qui entre dans ma chambre… ; il a, suivant vos sages avis, commencé son petit cours d’études.

413. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Il commença de s’appliquer au latin, mais bientôt les événements de la Révolution le privèrent de maîtres ; il était à peine capable de sixième ; son frère, un peu plus avancé que lui, le guida pendant quelques mois et le mit presque tout de suite aux Annales de Tive-Live. […] » La Tradition de l’Église sur l’Institution des Évêques, publiée en 1814, aux premiers jours de la Restauration, avait été commencée, dès 1809, au petit séminaire de Saint-Malo, où M. de La Mennais était entré en prenant la tonsure. […] Premièrement Girard (l’imprimeur) sera obligé de déclarer qu’il se propose d’imprimer un livre sur l’institution des évêques, lequel formera tant de feuilles d’impression. 2° L’impression finie, et avant de commencer la vente, il faudra qu’il remette un exemplaire au directeur de la librairie. 3° Le premier venu, Tabaraud par exemple, peut former plainte devant un tribunal, et déférer le livre comme un libelle diffamatoire, auquel cas l’édition sera saisie en attendant jugement. […] Commença-t-il avec le commencement ? […] Mais au moment où commença de se prononcer l’émancipation des peuples, le Saint-Siège devint inhabile, les princes et les sujets se montrèrent récalcitrants ; ces derniers s’entendirent pour ne plus recourir à l’autre, sauf à vider bientôt leurs différends réciproques sans arbitre et dans un duel irréconciliable.

414. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

On s’est impatienté à la fin contre ses petits moutons toujours ramenés ; on avait commencé par les lui contester, et l’accuser sérieusement de les avoir dérobés ailleurs ; mais il a suffi, sans tant y prendre garde, de les lui attribuer, pour la faire paraître insipide. […] Il commence à mourir longtemps avant qu’il meure : Il périt en détail imperceptiblement184 ; Le nom de mort qu’on donne à notre dernière heure N’en est que l’accomplissement. […] Mlle de Lenclos, sur le luth, devait chanter ses airs : plus d’un rappelle cette Chanson pastorale du poète Lainez, qui commence par le rossignol et finit par les moineaux. […] Dès qu’il commence à paroître, Il fait cesser les froideurs ; Mais ce qu’il a de douceurs Vous coûtera cher peut-être. […] Les premières élégies de Mme Dufrénoy commencèrent de paraître dans les recueils poétiques aux environs de 89.

415. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

Je commence mon noviciat… » Racine avait alors vingt-trois ans. […] Il se maria, se réconcilia avec Port-Royal, se prépara, dans la vie domestique, à ses devoirs de père ; et, comme le roi le nomma à cette époque historiographe ainsi que Boileau, il ne négligea pas non plus ses devoirs d’historien : à cet effet, il commença par faire un espèce d’extrait du traité de Lucien sur la Manière d’écrire l’histoire, et s’appliqua à la lecture de Mézerai, de Vittorio Siri et autres. […] Telle est la situation d’esprit des trois personnages principaux au moment où Racine commence sa pièce. […] Commençons par l’architecture du temple dans Athalie : chez les Hébreux, tout était figure, symbole, et l’importance des formes se rattachait à l’esprit de la loi. […] J’aurais plus d’un point à modifier aujourd’hui dans mon premier jugement ; il a commencé à me paraître moins juste, quand des continuateurs exagérés me l’ont rendu comme dans un miroir grossissant.

416. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

Là, Alberti commença l’entretien en remarquant qu’on peut regarder comme jouissant d’un bonheur solide et réel ceux qui, après avoir perfectionné leur esprit par l’étude, peuvent se soustraire de temps en temps au fardeau des affaires publiques et à la sollicitude des intérêts privés, et, dans quelque retraite solitaire, se livrer sans contrainte à la contemplation de l’immense variété d’objets que présentent la nature et le monde moral. « Mais si c’est une occupation convenable aux hommes qui cultivent les sciences, elle est encore plus nécessaire pour vous, continua Alberti en s’adressant à Laurent et à Julien ; pour vous, que les infirmités toujours croissantes de votre père mettront probablement bientôt dans le cas de prendre la direction des affaires de la république. En effet, mon cher Laurent, quoique vous ayez donné des preuves d’un mérite et d’une vertu qui semblent à peine appartenir à la nature humaine ; quoiqu’il n’y ait point d’entreprise, si importante qu’elle soit, dont on ne puisse espérer de voir triompher cette prudence et ce courage que vous avez développés dès vos plus jeunes années ; et quoique les mouvements de l’ambition, et l’abondance de ces dons de la fortune qui ont si souvent corrompu des hommes dont les talents, l’expérience et les vertus donnaient les plus hautes espérances, n’aient jamais pu vous faire sortir des bornes de la justice et de la modération, vous pouvez néanmoins, pour vous-même et pour cet État dont les rênes vont bientôt vous être confiées, ou plutôt dont la prospérité repose déjà en grande partie sur vos soins, tirer de grands avantages de vos méditations solitaires ou des entretiens de vos amis sur l’origine et la nature de l’esprit humain : car il n’y a point d’homme qui soit en état de conduire avec succès les affaires publiques, s’il n’a commencé par se faire des habitudes vertueuses, et par enrichir son esprit des connaissances propres à lui faire distinguer avec certitude pour quel but il a été appelé à la vie, ce qu’il doit aux autres et ce qu’il se doit à lui-même. » Alors commença entre Laurent et Alberti une conversation dans laquelle ce dernier s’attache à montrer que, comme la raison est le caractère distinctif de l’homme, l’unique moyen pour lui d’atteindre à la perfection de sa nature, c’est de cultiver son esprit, en faisant entièrement abstraction des intérêts et des affaires purement mondaines. […] La cérémonie était commencée quand François Pazzi et Bandini, voyant que l’une des principales victimes, Julien, était en retard et manquait au sacrifice, allèrent au-devant de lui pour presser sa marche, et l’ayant trouvé en chemin, affectèrent l’enjouement et la familiarité d’anciens compagnons de plaisirs, pour le prier de se rendre à l’église et pour tâter, en l’embrassant, s’il n’avait point de cuirasse sous ses habits ; ils badinèrent même avec lui en entrant dans l’église, pour prévenir tout soupçon et l’empêcher de songer à revenir sur ses pas. XV Julien entre sans ombrage ; il se place en avant de son frère ; l’office commence ; les prêtres sont à l’autel.

417. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Pierre, pour imiter gauchement Laurent, alla au-devant de Charles, commença à négocier, finit par supplier et par lui remettre lâchement Sarzana, Pietra Santa, Livourne, honneur et force de Florence. […] XV Les rois de l’Europe s’empressèrent de rechercher en mariage les filles de cette illustre maison, qui commença la dynastie par les alliances. […] Quand ils commencèrent à primer en Toscane, ils ne primèrent que par la démocratie, à laquelle ils furent utiles. […] — Oui, et le plus tôt possible. » Voici ce que je fis : il était déjà venu et s’était assis près de moi, qui me tenais contre les genoux de Laurent, pour entendre plus facilement sa voix qui commençait à baisser. […] On commença ensuite la lecture de cette partie de l’Évangile où sont décrites les souffrances de Jésus-Christ.

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