Ceux qui, devant ces poèmes insipides, répètent que « le Français n’a pas la tête épique », obéissent encore au même préjugé des « genres » que Chapelain, s’attachent à une ombre, à un simulacre, et ne voient pas le roman, forme moderne de l’épopée. […] Victor Cousin n’a exploité les romans de Mlle de Scudéry que pour en tirer des portraits de grandes dames… Avec un peu de patience, et un jugement plus libre, on trouvera bien autre chose dans le roman du xviie siècle. — On a reconstruit toute l’histoire du théâtre au xviie siècle, on en a montré les étapes par Hardy, par Mairet, par l’Académie ; mais on s’est attaché trop exclusivement aux formes et à la fameuse règle des unités ; quand on compte les œuvres réalisées, les œuvres vraiment dramatiques, sans se laisser éblouir par trois grands noms, on a le sentiment très net de l’avortement d’un idéal académique, idéal contraire au goût véritable du public.
Les tendances dominantes, les éléments psychiques que ces tendances peuvent mettre en jeu, diffèrent de ce qu’ils sont d’ordinaire chez les hommes ; de là l’intérêt singulier qui s’attache aux synthèses qu’ils produisent. […] Un mécanisme ingénieux faisait passer à tous les membres de l’association la propriété même de l’établissement industriel auquel ils s’étaient attachés. […] La scène achevée, vinrent peu à peu se grouper autour d’elle tous les éléments du drame, tel que je le concevais, et, après un an de travail, j’apportais mon ouvrage à Mlle Rachel. » Rachel, après quelques hésitations, s’attache à son rôle. […] C’est plutôt l’attention qui dévie, en ce cas, que le système d’idées auxquelles elle s’attachait d’abord.
Telles sont les conditions dans lesquelles partait, par un beau jour d’été, le carroccio de Sienne, ce chariot de guerre, traîné par des bœufs et au centre duquel se dressait un autel surmonté par l’étendard de la ville, attaché lui-même à un mât : l’antenna. […] Une de ses expressions favorites était la coexistence nécessaire de l’oratoire et du laboratoire, ou pour parler sans images, de cette Science à laquelle il avait voué son effort et de la Religion, à laquelle il restait attaché par une foi aussi complète que celle de son grand ami, l’admirable cardinal de Cabrières. […] L’Allemagne est attachée à la Turquie par tant de liens politiques et économiques ; il en est de même de l’Autriche et de la Roumanie ; d’autre part les Balkaniques sont épaulés par la Russie ; la conflagration va-t-elle éclater dans tout le continent ? […] M.Woledge s’est attaché à étudier la langue et l’importance littéraire du poème dont il prépare une édition intégrale.
Lorsqu’il ne nous est pas possible d’être attachées à personne, nous aimons cependant, encore, quand même… aussi mal et autant que l’on respire avec un seul poumon. […] C’est ainsi que dans la nouvelle intitulée : Guignol, se trouve traitée et résolue, selon moi, la grande question de la rénovation de l’art dramatique qui passionne toute une petite église littéraire, et à laquelle le vrai public n’attache jusqu’à présent aucune importance, se contentant d’aller où on l’intéresse et l’amuse, évitant avec soin ce qui l’irrite ou l’ennuie. […] Ici la féerie commence, féerie que le feu roi de Bavière, épris de wagnérisme, rend toute vraisemblable ; un souverain aussi étrange que lui fait venir Luscignole dans son palais, l’entend, s’en éprend, la fait revêtir d’un costume d’oiseau et la met dans une merveilleuse cage qu’il fait attacher à un arbre de la forêt. […] Ces voyages d’Italie, en compagnie du cardinal Jean Du Bellay, nous montrent l’importance que la cour attachait à l’opinion de Rabelais comme savant et comme diplomate. […] Toutes les luttes du statuaire avec le pape Jules II, luttes mesquines dont les ajournements de paiement tiennent la plus grande place, sont rapportées dans ce livre rempli d’épisodes inédits et curieux, comme l’arrestation d’Érasme à Rome parce que les passants avaient pris son rabat blanc pour le linge de cette couleur qu’on attachait à l’épaule des pestiférés.
Dans les scènes qui vont suivre, on retrouvera des situations, la plupart connues, toujours faciles à combiner, et par ces moyens simples il obtiendra une attache croissante, il finira par atteindre au pathétique déchirant.
Attaché, comme chef d’orchestre, à une troupe de comédiens, il alla me dit-on, à Marseille, et fit ses caravanes en province.
Les papes, humainement considérés, sont une dualité dans un même homme : comme pontifes, ils représentent un principe religieux aussi durable que la foi qui s’attache à leur mission surnaturelle ; comme souverains, ils représentent un prince électif possédant de droit immémorial la ville et l’État romain au centre de l’Italie.
Sa biographie, plus romanesque qu’un roman, attache tout de suite le lecteur, par toutes les curiosités de l’esprit et par toutes les émotions de l’âme, au drame dont ce grand acteur va remuer la scène.
J’aime Hugo, parce que je l’ai connu et aimé dans l’âge où le cœur se forme et grandit encore dans la poitrine ; dans l’âge où les racines de notre vie, pleines encore de sève et de souplesse, s’attachent par leurs filaments les plus tendres à ce qui pousse, végète ou se rencontre seulement dans le même sol, et où, si ces racines viennent à se tordre, à se replier et à se nouer autour d’un caillou ou d’un bloc de granit, elles l’enserrent dans leurs nœuds, l’emportent en grandissant et le font pour ainsi dire végéter et vivre avec elles de leur propre substance, comme si l’arbre et la pierre n’étaient qu’une seule vie !
Il attache du prix aux plus fades bagatelles dont il est l’auteur, un mot dit tel jour au roi, une saillie faite à Bâville en telle circonstance, une épigramme, une chanson, un sonnet.
Au reste, je m’attachais moins à discuter la vérité de l’inhumaine et surhumaine figure tracée par l’historien qu’à démêler comment et pourquoi il l’avait vue ainsi.
Plus il y en aura, plus leurs inconvénients seront dilués, plus d’écrivains seront aidés — et moins aussi le public y attachera d’importance.
Peut-être la critique aurait-elle noté encore, en ses derniers écrits, une mise en œuvre disproportionnée, par moments, à l’importance des faits, si elle avait pu oublier que, réduit par la cécité à chercher par les mains et à voir par les yeux d’autrui, Augustin Thierry s’attachait avec une sorte de passion inquiète à ces faits rendus trop précieux par leur rareté même, et qu’il les agrandissait ou les embellissait à force d’y penser uniquement, dans ce travail où l’histoire finit par se confondre avec une composition poétique.
. — Cet article composé de passages pris aux livres de Wagner, expose comme quoi il faut juger toute œuvre en tenant compte du milieu où elle a été produite ; 2° Sur Jacob Grimm, en mémoire du 4 janvier 1785 — Jacob Grimm est le philosophe allemand qui s’est le premier attaché à l’étude de l’esprit germanique ; 3° Etudes sur l’éternité, par Philipp van Hertefeld ; 4° Sur l’architecture théâtrale, par Friedrich Hofmann. — Cette étude montre que Wagner a repris l’idée du théâtre grec ; elle compare le théâtre de Bayreuth aux théâtres anciens et modernes ; 5° Observations sur Parsifal : explication de passages douteux ; 6° Un dialogue de fin d’année, au sujet du nouveau calendrier wagnérien ; enfin les communications nouvelles, etc.
Seule, la création des Maîtres Chanteurs semble contredire la rigueur de cette règle ; mais, à d’autres points de vue encore, les Maîtres Chanteurs doivent être mis à part ; on voudra bien me permettre de ne pas m’y attacher aujourd’hui.
Il y a une illumination générale venant du soleil et des étoiles ; mais nous y prenons rarement garde, parce que notre attention s’attache aux objets illuminés, plus brillants ou moins brillants que ce jour général.
Tous, de « leurs grands yeux bretons, malades d’idéal et de passion voilée », ils regardent, dans le verre plein, le paysage d’hier et l’émotion qui s’y attache.
Cependant la pièce attache ; elle séduit l’attention et elle la retient.
Les amnésies partielles montrent que des séries entières d’idées et de connaissances peuvent disparaître alors que le reste demeure intact, ce qui suppose qu’elles sont attachées au fonctionnement régulier de certaines parties du cerveau et à la division du travail entre les cellules diverses.
La loi qui lie indissolublement à la sensation le mouvement persiste jusque dans nos méditations les plus philosophiques ; seulement le drame devient intérieur et cérébral : au lieu de mouvoir nos jambes, nous accomplissons des promenades à travers les idées ; nous nous attachons aux unes et nous détournons des autres.
Dans la verdure, au-dessus d’un mur, deux cordes allantes et venantes, auxquelles sont attachées deux mignonnes mains roses : une balançoire où se balance un petit être qu’on ne voit pas.
Et pendant que la porte de son cabinet, est poussée par des amis qui viennent lui serrer la main, et s’en vont : le voici, qui me raconte son duel, avec cette jolie blague méridionale, me peignant l’emballeur cocasse, qui a fourni, à la fois la caisse des épées et le jardin de sa maison de campagne, l’embarquement solennel pour le Vésinet et l’entrée du jardin de l’emballeur, entre deux arbres verts, qu’il compare joliment à une entrée de cimetière, et l’attache de formidables lunettes qu’il demande qu’on lui retire, aussitôt qu’il sera blessé.
Hugo s’attache à définir plus nettement deux pensées antagonistes, amène la comparaison entre les deux termes ainsi heurtés de force, et définis par la révélation de propriétés hostiles.
Mais cependant cette tragédie même avait par sa nature pathétique, pour le cœur humain, l’intérêt palpitant et passionné qui attache l’âme aux combats du cirque, aux grands crimes, comme aux grandes vertus sur la scène où les peuples jouent les drames de Dieu.
Je descendis ; je l’attachai par la bride lâche à une branche pliante de houx couverte de ses graines de pourpre, pour qu’elle pût brouter à l’aise au pied du buisson, et je m’assis un moment sur la racine du châtaignier, le visage tourné vers ma demeure vide.
Si un groupe donné d’actes présente également cette particularité qu’une sanction pénale y est attachée, c’est qu’il existe un lien intime entre la peine et les attributs constitutifs de ces actes.
Cependant ils n’ont pu ignorer que de tous les chefs-d’œuvre dont ils croient depuis cinq ou six ans avoir enrichi leur scène, aucun n’a reçu, dans les départements, cet accueil bienveillant qui les attache au répertoire, et les fait ressembler à ceux Où tout Paris en foule apporte ses suffrages, Et qui, toujours plus beaux, plus ils sont regardés, Sont au bout de vingt ans encor redemandés.
Quant au livre attaché à cette préface, chiche de tout point, nul en religion, pauvre en philosophie, vide enfin, ce choix d’études, dont l’arrière-prétention est de se poser comme l’expression photographique de l’esprit moderne, n’est qu’un babillage littéraire, dénué profondément de charme.
En exposant, il caractérise, et l’on est bien heureux qu’il ait ce don-là, car, s’il ne l’avait pas, s’il ne savait pas mettre l’empreinte du mot sur des événements si effacés, s’il n’attachait pas le rayon du peintre à cette masse de massacres et de massacreurs obscurs qui font une nue si épaisse et si sombre dans son histoire, on rejetterait de tels récits, et je ne crois pas qu’on allât consciencieusement jusqu’à la fin de ces fatigantes Révolutions d’Italie.
On continua de dire dans les lois romaines, jura prædiorum, pour désigner les servitudes qu’on appelle réelles, et qui sont attachées à des immeubles.
Il se mit à écrire sous la dictée des choses, mettant bout à bout des séries de petits faits précis, notant ses idées et ses sensations comme elles lui venaient, copiant sur place des paysages et des visages, des reflets et des gestes, des nuances et des attitudes, avec un effort visible pour ne laisser paraître aucune émotion, à la façon d’un commissaire-priseur qui décrit un ameublement, ou d’un attaché au Louvre qui catalogue des figurines et des pots. […] Elle sait que cela lui va bien, qu’un autre corsage lui siérait moins bien, qu’elle plaît, que les yeux s’attachent à sa taille. […] Des mirages confus apparaissent, s’évanouissent, reparaissent en nous, dans le pêle-mêle douloureux et grandiose d’un cœur troublé qui aspire à tout et ne s’attache à rien. […] C’est là que ce charmant esprit aime à retrouver sans effort « des images flottantes comme des guirlandes rompues sans cesse et sans cesse renouées, de longues rêveries, une curiosité vague et légère qui s’attache à tout sans vouloir rien épuiser, le souvenir de ce qui fut cher, l’oubli des vils soins et le retour ému sur soi-même… ». […] Ce qu’il appelle spéculation profonde et méthode transcendante, c’est de mettre bout à bout, dans un ordre arbitraire, les onomatopées qui criaient la faim, la peur et l’amour dans les forêts primitives et auxquelles se sont attachées peu à peu des significations qu’on croit abstraites quand elles sont seulement relâchées.
Bref, l’aimable et un peu romanesque savant suivit sa destinée, qui était d’être attaché à des femmes idéales sans que cela tirât à conséquence, et de diversifier passionnément l’une par l’autre l’étude et l’amitié. […] Or il y a bien quelque inconvénient attaché à cette diversité de poursuites.
Les grandes et parfaites peintures, les chefs-d’œuvre mûrs n’enfoncent pas en vous un si parfait souvenir de figures : seules, ces femmes peintes des Primitifs s’attachent à vous comme la mémoire d’êtres rencontrés dans la vie. […] Et l’on se partage pour faire le tour du lac, entre le petit canot blanc, les patins et le grand canot de la princesse… En abordant, on trouve les deux décorés du jour, mandés par dépêche télégraphique : Protais et Boulanger, que la princesse place à ses côtés, à dîner, après leur avoir attaché elle-même la petite croix de diamant, qu’elle a l’habitude de donner aux amis décorés par son influence.
Il y avait encore l’école utilitaire, pratique, qui méprisait la vaine harmonie des mots et ne s’attachait qu’au « fonds », la forme étant une question secondaire. […] Alors il n’hésita plus, il descendit vers le bord du fleuve, où, à cause de l’heure matinale, il n’y avait personne encore, se déshabilla derrière une arche du pont, fit un paquet de ses vêtements, qui étaient peu nombreux et peu lourds, et, les ayant attachés autour de son cou, il se jeta dans l’eau. […] En ce temps où le musc et la poudre de riz Attachent aux jupons soyeux des amoureuses Le troupeau suppliant des jeunes gens épris ; Tous, la poitrine sèche et les lèvres fiévreuses, Par les mille sentiers que l’homme se fraya Sur les sommets brûlants, dans les plaines poudreuses, Dévorés d’une soif dont plus d’un s’effraya, Tous buvaient ta splendeur, ô beauté surhumaine, Aphrodite, Astarté, Madeleine, Freya ! […] Je veux surtout m’attacher, — ce qui abrégera ma besogne et vous épargnera une trop longue patience — à ceux des artistes nouveaux qui concoururent au mouvement parnassien, non pas d’une façon occasionnelle et intermittente, mais d’une manière résolue, ininterrompue ; aux véritables Parnassiens, en un mot.
Dans un prochain entretien, nous aurons quelques observations à faire sur le dessin des caractères dans Molière, car c’est aux caractères surtout qu’il s’est attaché. […] C’est encore Armande qui lui inspire dans le rôle d’Alceste cette peinture de l’amour noble, élevé, et, quant à son objet, fourvoyé, qui ne peut éviter par moments une teinte de ridicule, qui est comme l’empreinte de l’indigne objet auquel il s’attache. […] Mais si l’on néglige les particularités pour s’attacher à ce qui est général, un fait tout à l’avantage de la société que nous sommes frappe les yeux. […] Mais si l’on néglige les particularités pour s’attacher à ce qui est général, un fait tout à l’avantage de la nouvelle société sur l’ancienne frappe les yeux : il y a maintenant dans notre langage familier plus de bienséance ; dans nos mœurs, plus de politesse véritable ; dans notre vie de famille, des affections plus fortes, plus de pureté avec moins de rigueur ; dans notre conduite à l’égard des femmes, plus de respect, en compensation de moins de galanterie ; dans toutes les relations sociales enfin, plus de douceur et de sûreté.
Plaçant donc tour à tour l’art, ou du moins la poésie, en présence des gouvernements, en présence du public et des salons, en présence des critiques et des gens de lettres, enfin en présence des philosophes, il la vit de toutes parts entourée ou d’indifférents, ou d’ennemis et d’oppresseurs ; il s’attacha d’autant plus étroitement à la noble idée en détresse ; il y reporta tout son dévouement.
Et, en souvenir d’elle, attache-moi cette couronne d’hier toute humide de parfums.