Saint Bernard, qui retrouve quelquefois la langue de Cicéron, n’échappe pas à la subtilité et aux pointes de Sénèque ; Abélard cite l’Art d’aimer d’Ovide dans des discussions sur les textes sacré.
Ce n’est que par la Science et par l’Art que valent les civilisations.
Si tel est le but de la science, si elle a pour objet d’enseigner à l’homme sa fin et sa loi, de lui faire saisir le vrai sens de la vie, de composer, avec l’art, la poésie et la vertu, le divin idéal qui seul donne du prix à l’existence humaine, peut-elle avoir de sérieux détracteurs ?
Ce sont des hommes qui ont nos idées et qui les ont dans la mesure et dans le sens où il nous serait bon de les avoir, qui entendent le monde, la société, particulièrement l’art d’y vivre et de s’y conduire, comme nous serions trop heureux de l’entendre encore aujourd’hui ; des têtes saines, judicieuses, munies d’un sens fin et sûr, riches d’une expérience moins amère que profitable et consolante, et comme savoureuse.
Portalis faisait de cette affreuse époque de la veille un tableau vrai, avec des traits tirés de Tacite ; il ajoutait avec une observation fine qui n’était qu’à lui : On poursuivait les talents, on redoutait la science, on bannissait les arts ; la fortune, l’éducation, les qualités aimables, les manières douces, un tour heureux de physionomie, les grâces du corps, la culture de l’esprit, tous les dons de la nature, étaient autant de causes infaillibles de proscription… Par un genre d’hypocrisie inconnu jusqu’à nos jours, des hommes qui n’étaient pas vicieux se croyaient obligés de le paraître… On craignait même d’être soi ; on changeait de nom ; on se déguisait sous des costumes grossiers et dégoûtants ; chacun redoutait de se ressembler à lui-même.
La contrée est agréable ; à côté de la maison que nous habitons, nous avons un beau lac et une belle forêt ; l’art y procure tous les fruits que la nature refuse ; les mœurs du pays sont douces ; il y a beaucoup d’instruction dans les hautes classes de la société, et l’on trouve encore chez elles des principes religieux que l’on n’y soupçonnerait pas ; chaque seigneur rend, avec une sage mesure, la liberté à ses vassaux ; il les rend propriétaires, il leur fait du bien sans commotion, et il cherche à leur inspirer, non l’amour du changement, mais celui du travail et de l’industrie.
N’oubliez pas l’art de s’accommoder et de se mettre, les inventions nouvelles en ce genre qui ne venaient que d’elle ; elle était reine de la mode et de la façon (fashion).
Son père m’ayant prié de lui donner les avis que je croirais pouvoir lui être utiles, j’ai pris occasion de lui citer la vieille histoire de Démosthène, répondant à celui qui lui demandait quel est le premier point de l’art oratoire : L’action. — Et le second ?
Mérimée, qui a beaucoup étudié et médité les anciens, et qui met dans ses récits historiques plus d’art qu’il n’en montre, semble s’être particulièrement préoccupé de la manière de Xénophon et de César, et, bien qu’il varie sa narration, il la tient toujours la plus voisine qu’il peut de la sobriété et de la simplicité.
— Gavarni nous dit aujourd’hui : « Vous ne savez pas ce que c’est que les mathématiques et l’empoignant qu’elles ont… La musique, n’est-ce pas, est le moins matériel des arts, mais encore il y a le tapement des ondes sonores contre le tympan… Les mathématiques sont bien autrement immatérielles, bien autrement poétiques que la musique… On pourrait dire d’elles que c’est la musique muette des nombres !
S’il eût vécu en ce temps-là, Boileau l’eût rendu peut-êtreplus difficile sur la correction ; mais en retour il eût appris à Boileau un idéal de l’élégie et de l’idylle bien autrement aimable que celui de l’Art poétique. » Cependant, quelque agrément et quelque intérêt que puisse avoir la littérature proprement dite au xviiie siècle, il est clair que ce grand siècle n’est pas là, il est tout entier dans la philosophie et dans ces quatre hommes illustres : Voltaire, Buffon, Montesquieu et Rousseau.
Elles ont aussi successivement pénétré dans le domaine de la poésie, de la littérature, des arts, et même des sciences : madame de Staël vient de leur ouvrir la carrière de la pensée.
Ce rude travailleur en choses éphémères, ce bénédictin de robe… trop courte, avec ses vastes connaissances, son encyclopédisme littéraire, son amour des idées et de tout ce qui ressemblait à une idée, son besoin plus pressant que sûr de généraliser, son style fringant, piquant, brillant et trempé aux sources de tous les idiomes, Philarète Chasles, n’a pas laissé, en somme, un grand livre pense et voulu, construit avec art, ferme sur sa base, une œuvre centrale, enfin, qui eût donné exactement sa mesure et qui aurait empêché de la chercher confusément, ainsi qu’on le fait aujourd’hui, dans des travaux éparpillés, — disjecta membra poetæ .
Ainsi métamorphosé, il a réfuté par une équivoque le scepticisme, doctrine immorale ; réduit la psychologie à l’étude de la raison et de la liberté, seules facultés qui aient rapport à la morale ; défini la raison et la liberté de manière à servir la morale ; prescrit à l’art l’expression de la beauté morale ; institué Dieu comme gardien de la morale, et fondé l’immortalité de l’âme comme sanction de la morale.
Jeune, il était déjà propre et entendu à bien des emplois : le coup d’œil de Henri sut démêler en lui ces capacités diverses qui étaient comme enveloppées, et son art de roi fut de les employer à propos alternativement et successivement, tenant de longue main l’utile serviteur en réserve pour les destinations futures.
Le malheur des historiens modernes, et auquel échappaient les anciens, c’est que, de nouveaux documents survenant sans cesse, le mérite de la forme et de l’art n’est plus compté comme il devrait l’être, et que les derniers venus, souvent sans être meilleurs, mais en paraissant mieux armés de toutes pièces, étouffent et écrasent leurs devanciers.
Il pique, il aiguillonne, il irrite, c’est une partie de son art ; il ne satisfait pas.
Il y rencontra Chaulieu à qui il apprit l’art de faire non difficilement des vers faciles, ainsi que lui-même l’avait appris de Blot et des chansonniers de la Fronde, et comme on l’apprendrait bien tout seul sans tant de mystère.
Il est trop bon esprit et trop sincère pour le charlatanisme ou pour la chimère brillante ; il n’est pas de nature assez haute et assez fine pour concevoir le grand art en rien ni le vrai beau.
Ce qu’il faisait par dépravation, faisons-le par principe, et, prêts à nous livrer au sommeil, disons avec allégresse : J’ai vécu… — Je loue (continue Casaubon) l’art du sage stoïcien qui sait tourner à si bon usage les mauvais exemples, et faire son remède d’un poison.
L’air de Rome lui allait ; il le trouvait « très plaisant et sain. » Surtout il ne s’y ennuyait pas un seul instant : « Je n’ai rien, disait-il, si ennemi à ma santé que l’ennui et oisiveté : là j’avais toujours quelque occupation, sinon si plaisante que j’eusse pu désirer, au moins suffisante à me désennuyer », Et il les énumère : à défaut d’antiquités, aller voir les Vignes « qui sont des jardins et lieux de plaisir de beauté singulière, où j’ai appris, ajoute-t-il, combien l’art se pouvait servir bien à point d’un lieu bossu, montueux et inégal » à d’autres jours, à défaut de promenades, aller entendre des sermons, des thèses, ou faire la conversation chez les dames : il mêle tout cela.
Le goût des arts et de la Renaissance s’y marquait encore.
voilà ma postérité. » Trop de vertu, trop de sensibilité en pratique et en action autour de nous, nuirait-il donc au talent et au génie, à ce serviteur et à cet esclave de son art, qui ne doit être ni distrait ni partagé ?
Certains corps religieux ont eu, de tout temps, l’art d’élever et de captiver les jeunes esprits : ils ne négligent rien pour cela, ni les méthodes nouvelles, ni les études variées, ni même l’agrément et les grâces : tout est bon pour prendre les enfants du siècle.
Avec les lettres, les sciences, les arts, nous avons encore l’amour, l’amour qui vaut tout cela, cent fois tout cela !
« La reine ignore l’art de s’attacher des créatures dans sa propre Cour.
En ce temps de jeunesse, lorsqu’elle voulait quelque chose, elle le voulait avec vivacité, ardeur, exigence même ; elle se piquait et s’irritait des contradictions, des résistances ; elle y mettait aussi de la séduction et de l’adresse, l’art de la femme ; et l’objet qu’elle avait en vue une fois atteint, elle revenait à ses jeux, à ses distractions de chaque heure, aux surprises aimables où elle excellait et dont elle animait ses journées, aux habitudes délicieuses de l’amitié la plus charmante.
Les Matinées royales ou l’Art de régner ; Londres, 1803. — Cette nouvelle édition, qui donne pour inédit ce qui ne l’est pas, a provoqué en Allemagne plus d’une réfutation, notamment un livre du docteur Lauser (Stuttgard, 1865).
Il faut bien s’entendre toutefois : on aura beau faire, Mme de Maintenon est peu intéressante, peu sympathique (comme on dit aujourd’hui), par son caractère, par sa conduite, par son art, par sa prudence même, et par la fortune où elle a su atteindre.
Pourtant, comme art accompli, comme pouvoir de composer, de créer en observant, d’inventer et de peindre, Eugène est une plus grande preuve qu’Adèle.
Nous avons eu plus d’une fois occasion de montrer en quelles circonstances favorables, et par quelle combinaison de sentiments divers, put se former cette école de poésie et d’art, fruit propre des dernières années de la Restauration, et qui, à ne la prendre que dans son origine, indépendamment de ce que fourniront désormais les principaux membres dispersés, ne restera pas sans honneur.
D’autres fois, tu t’attaques lentement et d’une ruine continue à l’enveloppe en même temps qu’au fond, tu opères degré par degré l’œuvre de destruction dans les plus florissantes natures, tu y ravages tout avec un art cruel avant de frapper le dernier coup au cœur : une vieillesse comme centenaire est empreinte sur des visages de vingt ans.
Et ce gros lot est en même temps le plus riche ; car il comprend presque toutes les grandes et belles bâtisses, palais, châteaux, couvents, cathédrales, et presque tout le mobilier précieux, meubles, vaisselle, objets d’art, chefs-d’œuvre accumulés depuis des siècles. — On peut en juger par l’estimation de la part du clergé.
Mais cela ne suffit pas : si elle ne contenait rien de plus, elle serait inutile, et dans tous les arts, ce qui ne sert pas nuit ; ce qui n’est pas bon est mauvais.
Elle représente, dans la poésie dramatique, l’art français du xviiie siècle.
Le journalisme, comme l’art dramatique, n’est-il pas une branche de la famille littéraire ?
Cette faculté merveilleuse d’autorité et de sérénité (pour prendre un mot qu’il affectionne), cet art souverain de conférer aux choses une apparente simplicité, une évidence décevante, et qui n’était que dans l’idée, a été l’une des principales causes de l’illusion qui a perdu le dernier régime.