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496. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Il préparait sa leçon huit jours à l’avance, idées, plan, style, métaphores, et jusqu’aux mots saillants ; il l’écrivait ; il la récrivait ; il l’apprenait par cœur ; il la répétait devant ses amis, devant les indifférents, devant tout le monde. […] Cousin, c’était plutôt pour apprendre où en étaient les questions que pour en obtenir la solution. […] Mais en nous l’accomplissement n’appartient pas à la sensibilité ; il est entre les mains de la volonté64. » Fallait-il ce ton magistral et cet appareil psychologique pour nous apprendre cette chose si simple, que pour agir il ne suffit pas de désirer, il faut encore vouloir ?

497. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 183

On n’a pas besoin d’apprendre qu’il fut le grand-pere de Mad. de Maintenon, & pendant très-long-temps Favori d’Henri IV, qui estimoit autant son courage que son esprit.

498. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

nous apprenons que les François ont pris Minorque, & non pas auroient pris Minorque. […] Hérodote qui vivoit il y a deux mille deux cens ans, & qui les avoit vûs, n’avoit pû apprendre des prêtres égyptiens dans quel tems on les avoit élevés. […] On apprend de lui, par exemple, quelle extrême opulence & quelle splendeur régnoit dans l’Asie mineure, aujourd’hui pauvre & dépeuplée. […] On apprend aussi par cet événement, que les peuples de l’Occident ont toujours été meilleurs marins que les peuples asiatiques. […] Vous avez commencé dans votre enfance par apprendre à lire sous un maître ; vous aviez envie de bien épeller, & vous avez mal épellé.

499. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Comment apprendra-t-il qui il est et d’où il vient ? […] — J’apprends par cœur la Mort de Jeanne d’Arc. […] On n’apprend pas les notes !  […] Il apprend le mariage de Marguerite et de Claire et il est furieux. […] L’abbé l’apprend, s’écrie : « Mon doux Jésus ! 

500. (1890) Nouvelles questions de critique

Je serais curieux d’apprendre le besoin que M.  […] Les éditions originales en sont moins recherchées, parce que l’on y apprend peu de choses. […] Car ce n’est pas la peine d’être le second pour m’en apprendre un peu moins que le premier. […] S’ils ont appris à lire dans Mahomet et dans Zaïre, c’est dans les images de l’Histoire naturelle qu’ils ont appris à voir les « bêtes ». […] C’est ce que l’on n’apprend pas dans le livre de M. 

501. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Sous ce maître habile et si clairvoyant, Tibère apprit la langue grecque et s’exerça soigneusement à l’éloquence latine. […] L’histoire mutilée nous apprend peu de chose à cet égard. […] Il fallait le secours d’une sagesse qui apprît à mourir : on invoqua le stoïcisme. […] Il nous apprend lui-même quels illustres Romains assistaient à ses leçons. […] Il avait appris l’italien et le français, étudiait La Rochefoucauld, et admirait fort l’harmonie de Malherbe.

502. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Julien-Louis Geoffroy s’était tellement distingué dans ses études, que lorsqu’elles furent complètement terminées, il ne quitta point la maison des jésuites, et qu’il commença à enseigner aux autres ce qu’il avait si bien appris. […] Plaute lui-même, dans son prologue, aurait appris cela à M. de Voltaire, s’il avait daigné prendre la peine de le consulter. […] Il est douteux que Corneille ait appris à danser, à chanter, à dessiner, à jouer du violon ; mais il est incontestable qu’il apprit à penser, à raisonner, à réfléchir ; ce qui n’est guère aujourd’hui à la mode. […]  ; par conséquent il ne se fût pas refusé la satisfaction de nous apprendre les noms, titres et qualités de ce critique de haute naissance . […] Ce que je blâme surtout, c’est la mauvaise plaisanterie du valet, qui dit à la fin de la pièce : Par un si rare exemple, apprenez à mentir.

503. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

On ne dit point apprendre à savoir vivre, à savoir écrire : apprendre à savoir est une locution barbare ; on apprend pour savoir et non pas à savoir. Le père Porée ne lui avait pas appris à bien écrire, s’il lui avait appris à s’exprimer ainsi. […] C’est chez Racine qu’ils apprendront à penser et à écrire, à être mécontents d’eux-mêmes, à châtier leur style avec une impitoyable sévérité : Voltaire ne peut leur apprendre qu’à s’aimer, qu’à travailler à la hâte, et qu’à se moquer du public. […] Le sieur Dufresne avait cependant joué admirablement Orosmane ; cela aurait dû lui apprendre comment on jouait les fous et les enragés. […] Il n’est pas plus agréablement affecté quand il apprend qu’il a un grand fils, lequel est son rival, et, comme de raison, son rival aimé.

504. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » p. 539

Ses Harangues & son Traité de l’Art d’apprendre & d’enseigner, ajoutent au mérite du style, celui des préceptes & du bon goût.

505. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Ceux qui ont commencé par l’enthousiasme confiant et innocent ont appris, à force de mécomptes, à connaître le mal, et souvent, en cet âge de l’expérience chagrine, ils deviennent enclins à lui faire une bien grande part. […] Les deux volumes recueillis sous le titre de Conseils de Morale la montrent pourtant sous ce jour, mais pas aussi à l’origine, pas aussi nativement, si je puis dire, qu’une étude attentive de son talent nous l’a appris à connaître. […] Mais ne craindraient-ils pas d’avoir un reproche à se faire à eux-mêmes, si, par une opinion légèrement énoncée, ils parvenaient à m’ôter ou du moins à me rendre plus difficile le courage dont j’ai pu avoir besoin pour sacrifier, à ce que je regardais comme un devoir, des convenances que mon éducation et mes habitudes m’avaient appris à respecter ? […] Il est bien vrai que, durant ces années de long et sérieux travail, Mlle de Meulan avait de plus en plus appris à se vouer au vrai, à le croire utile, à le défendre, à se passionner au moins indirectement pour lui, en cherchant querelle à toute erreur, et aussi à régler chaque acte de sa vie sévère par l’empire, déjà religieux, de la volonté et de la raison. […] Ce fruit aride des années, Qu’à nos seules tempes fanées Un œil jaloux découvrirait ; Ce fond de misère et de cendre, Enfants, faut-il donc vous l’apprendre ?

506. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

Elle y fit construire une maison ; elle apprit l’arabe. […] J’avais appris que plusieurs voyageurs, qui s’étaient hardiment et sans préambule présentés chez elle, en étaient partis sans l’avoir vue. […] J’appris sa mort par hasard ; aussitôt, appuyée des ordres du pacha de Damas, qui me traitait comme sa fille, j’expédiai partout des émissaires, mais je ne pus recueillir que des renseignements incertains, et je ne savais où diriger mes poursuites. […] « Lady Stanhope apprit avec plaisir que le voyage d’Ali-Bey avait un autre but que des découvertes astronomiques, et qu’il avait la mission de se rendre à Tombuctoo. […] J’ai appris avec étonnement que ses voyages avaient dérangé sa fortune ; je ne lui ai jamais vu qu’un équipage très mince, et il s’est beaucoup plus occupé des femmes d’Alep que des hommes du désert.

507. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

M. le curé nous dit dans sa réponse qu’étant depuis peu de jours à Bussières et M. de Lamartine ayant vendu Milly pour payer ses créanciers d’autant, il n’avait pas le plaisir de le connaître ; mais qu’il avait appris par les paysans de Milly qu’il devait être à Saint-Point ou à Monceau où nous le trouverions certainement. […] Le fendeur de bûches était en même temps le sonneur, nous priâmes avec componction devant un simple autel du bon saint où vous aviez appris à servir la messe du vieux curé de Bussières, parent et prédécesseur de l’abbé Dumont dans la paroisse. […] On entrait ensuite dans la salle à manger qui avait été autrefois votre salle d’études quand vous appreniez à écrire sous M. de Vaudran. […] Personne ne lui avait parlé de vous, mais à la vue de votre maigreur, de votre pâleur et des femmes qui vous parlaient à table, il a demandé qui vous étiez, et ayant appris que pendant que votre père était à gagner son pain et le vôtre aux moissons, vous restiez toute seule avec des pommes de terre souvent gâtées et la peur des loups à la maison, il n’a point eu de repos, ainsi que ses charmantes filles, qu’il ne vous ait obtenu ce changement d’état. […] La première, précédée d’une haute terrasse, et dont les fenêtres s’ouvrant toutes grandes au soleil levant, laissaient entrer l’air dans toute la maison ; on entendait sortir un certain murmure qui est sourd, comme des enfants qui apprennent leurs leçons.

508. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

M. d'Alembert, que vous m'avez appris vous-même à apprécier, ne se seroit-il reconcilié avec vous, que pour avoir le droit d'éloigner de votre Société les Gens de Lettres qui ne fléchissent pas sous son despotisme ? […] Avant l'avénement de Votre Majesté à la Couronne, la Renommée nous avoit déjà appris, Sire, que la destinée de succéder à un grand homme, qui est communément un écueil pour le plus grand mérite, n’en seroit pas un pour vous. […] Post-scriptum.ABCD J'apprends, dans le moment qu'on acheve d'imprimer cette Lettre, que tandis qu'on s'efforce, d'un côté, de m'enlever le peu de bon qu'il y a dans mes Ouvrages, on s'occupe, de l'autre, à m'attribuer ceux que je n'ai point faits. […] Je ne rapporterai pas non plus les choses horribles qu'on m'apprend sur son compte, quoiqu'on me permette de les rendre publiques : je me bornerai à citer les Morceaux où l'Auteur de la Lettre exprime le regret qu'il a de s'être fait l'organe du mensonge & l'instrument de la méchanceté. […] Si vous êtes curieux d’apprendre comment, au milieu de cet ébranlement général, les Divinités majeures du Monde Philosophique ont vu les atteintes portées à leur culte & à leurs Adorateurs, vous saurez qu’elles sont restées muettes pendant quelque temps.

509. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » p. 485

On sera surpris, après cela, d’apprendre que nous lui avons l’obligation de plusieurs excellens Ouvrages d’Histoire & de Critique ; tant il est vrai que le travers de l’esprit n’exclut pas toujours des lumieres capables de produire quelquefois de bonnes choses.

510. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 540

Que penser, après cela, des prétentions de quelques-uns de nos petits Ecrivains, qui croient leur réputation solidement établie, parce qu’ils auront appris leur a b c poétique à Geneve ou ailleurs ?

511. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » p. 412

Il convenoit lui-même que de dix traits insérés dans ses Ouvrages, il en avoit appris neuf dans la conversation, vrai moyen de hasarder bien des choses, & de rencontrer rarement la vérité.

512. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 293

Sa Méthode pour apprendre le Blason, est très-estimée, & vient d’avoir tout récemment une nouvelle Edition.

513. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 390

Il a mis à la tête de plusieurs de ses Consultations imprimées : Moi, qui ne cede à personne, & à qui personne ne peut rien apprendre.

514. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 400-401

Je n'aurois guere profité de mes Livres , dit-il alors, si je n'avois appris à m'en détacher.

515. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Une lettre de M. Sainte-Beuve au général Jomini »

J’y apprends bien des particularités curieuses ; et ces particularités, par cela même qu’elles vous concernent, touchent aux plus grands événements et aux crises militaires décisives des dix mémorables années.

516. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 463

Avocats, c’est pour vous apprendre.

517. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Ils comprennent vite et bien ; ils apprennent avec une facilité merveilleuse tout ce qu’il leur plaît d’apprendre. […] Il faut quinze ans à un écrivain pour apprendre à écrire, non pas avec génie, car cela ne s’apprend pas, mais avec clarté, suite, propriété et précision. […] Au plus beau temps de la Grèce, un jeune homme « apprenait à lire, écrire, compter31, à jouer de la lyre, à lutter et à faire tous les autres exercices du corps »32. […] Et si l’on voulait aujourd’hui chercher un spectacle analogue de bien loin, mais pourtant à peu près analogue, Saint-Cyr avec ses parades et ses exercices, mieux encore, l’école militaire de gymnastique, où les soldats apprennent à chanter en chœur, pourrait peut-être le donner. […] Il ressemblait à ces académies de nos derniers siècles où tous les jeunes nobles allaient apprendre l’escrime, la danse et l’équitation.

518. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Ayant appris que l’archevêque de Pise était entré dans la première salle, il voulut aller, par respect, au-devant de lui. […] Le ton de ces lettres est triste comme les événements de cette saison : « Les seules nouvelles que je puisse vous apprendre d’ici, écrit-il à cette dame, c’est que la pluie est si continuelle qu’il est impossible de quitter la maison, et l’on est forcé de renoncer aux exercices de la campagne, pour se livrer, dans l’appartement, à des jeux tout à fait puériles. […] J’ai appris avec bien de la satisfaction que, dans le cours de l’année passée, vous aviez souvent approché des sacrements de la confession et de la communion, de votre propre mouvement ; et je ne connais rien qui soit plus capable d’attirer sur vous les faveurs du ciel, que de vous habituer à la pratique de ces devoirs et autres semblables. […] On en trouve un exemple encore plus frappant dans le zèle avec lequel Poggio poursuivait cet objet, dans une lettre de lui à un religieux nommé Francesco de Pistoie, qui avait parcouru la Grèce pour y recueillir des antiques. « Par votre lettre de Chio, lui dit-il, j’apprends que vous vous êtes procuré pour moi trois bustes, un de Minerve, un autre de Jupiter et le troisième de Bacchus.

519. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Ils ont marqué, si même ils ne l’ont pas provoqué, un retour de goût dans le public français ; ils ont rendu plus facile la tâche de Malherbe, qui devait apprendre d’eux à faire mieux qu’eux. […] Les stances avec grâce apprirent à tomber ; Et le vers sur levers n’osa plus enjamber. […] C’est en pratiquant les défauts de ses devanciers qu’il apprit à s’en corriger. […] Ses belles odes, d’admirables stances, auxquelles songeait Boileau en écrivant ce vers si expressif : Les stances avec grâce apprirent à tomber ; certaines paraphrases des Psaumes, ne sont pas seulement des modèles de poésie ; ce sont en quelque sorte des institutions de langage.

520. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

Balzac avait à peine vingt ans3 quand le cardinal Duperron, sur quelques pages que Coeffeteau lui fit voir de ce jeune homme, étonné comme l’avait été Desportes des premiers vers de Malherbe, « Si le progrès de son style, dit-il, répond à si grands commencements, il sera bientôt le maître des maîtres. » Duperron et Coeffeteau admiraient dans ce jeune homme ce qui manquait à leurs écrits, de l’imagination et un certain feu d’expression dans cette sage conduite du discours, qu’il avait pu apprendre à leur école. […] Bourbon, homme fort savant, qu’il avait appris de lui à juger du mérite des auteurs, à distinguer les styles et les caractères, à faire la différence entre le bien et ce qui n’en est que l’apparence. En Italie, où les circonstances le firent aller très jeune, il apprit que « pour écrire comme il faut il fallait se proposer de bons exemples, et que les bons exemples étaient renfermés dans un certain cercle d’années, hors duquel il n’y avait rien qui ne fût ou dans l’imperfection de ce qui commence ou dans la corruption de ce qui vieillit. » Il vit là de curieux exemples de superstition classique : un gentilhomme vénitien qui, à son jour de naissance, avait coutume de brûler un exemplaire de Martial en l’honneur de Catulle ; un autre délicat, qui faisait voir à son fils, dans les Métamorphoses d’Ovide, le commencement de la décadence latine. […] Il apprit à bien écrire, même à ses ennemis.

521. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

Ni Mme de Sévigné, quoique Ménage lui eût appris le latin et que l’hôtel de Rambouillet l’eût faite un moment bel esprit, ni Saint-Simon, quoiqu’il ait mis en tête de ses Mémoires des considérations fort peu claires sur l’histoire, n’ont voulu ni cru être des auteurs. […] Ces lettres ne nous apprennent rien sur ceux à qui elles sont écrites, fort peu de chose sur celui qui les écrit. […] A la différence de Tacite qui s’émeut, par réflexion et par art, de choses dont il n’a pas été témoin, c’est l’âme même de Saint-Simon, toute troublée de ce qu’il vient de voir ou d’apprendre, qui se répand sur le papier. […] Ne transigeons pas sur la clarté et la propriété, mais, pour le reste, laissons l’écrivain libre, et n’eût-il point appris la grammaire, s’il sent la langue, il sera toujours correct.

522. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

Quand je dis qu’ils peignent une vie entière, je ne veux pas dire qu’ils embrassent dans leurs pièces toute la vie de leurs héros ; mais ils n’en omettent aucun événement important, et la réunion de ce qui se passe sur la scène et de ce que le spectateur apprend par des récits ou par des allusions, forme un tableau complet, d’une scrupuleuse exactitude. […] Qu’est-ce que Racine nous apprend sur Phèdre ? […] Thécla n’observe aucun des déguisements imposés à nos héroïnes ; elle ne couvre d’aucun voile son amour profond, exclusif et pur ; elle en parle sans réserve à son amant. « Où serait, lui dit-elle, la vérité sur la terre, si tu ne l’apprenais par ma bouche ?  […] Elle est si loin de considérer comme une faute sa fuite de la maison paternelle, lorsqu’elle apprend que celui qu’elle aime a été tué, qu’elle croit au contraire accomplir un devoir.

523. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Par qui doit-il les apprendre ? […] Comment n’oublierions-nous pas les défauts de Michelet, quand nous apprenons de lui à aimer, à agir, à espérer ? […] Il y a réfléchi… Ses Questions contemporaines… Ce n’est donc pas avec trop d’étonnement que nous avons appris sa candidature en Seine-et-Marne. […] Ils comptent pour une recrue tout homme qui apprend à lire. […] On a établi par expérience qu’un Napolitain peut apprendre à lire et à écrire en trois mois, même lorsqu’il est adulte.

524. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite et fin.) »

 » On ne pouvait jamais (c’est le prince de Ligne qui nous l’apprend) dire du mal de Pierre le Grand ni de Louis XIV en sa présence, et il eut bien de la peine, un jour, à se faire pardonner une remarque qu’il avait faite aux dépens de Louis XIV : « Au moins, lui dit-il, Votre Majesté conviendra qu’il fallait toujours à ce grand roi une allée bien droite de cent vingt pieds de large, à côté d’un canal qui en avait autant, pour s’y promener ; il ne savait pas, comme vous, ce que c’est qu’un sentier, un ruisseau et une prairie. » Ils étaient à se promener en ce moment dans quelque allée de jardin. […] il m’a bien payée du goût que j’ai pris toute ma vie à le lire, et il m’a appris bien des choses en m’amusant”. » Sa Correspondance avec Voltaire, relue aujourd’hui, est à son avantage.

525. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre II. Précurseurs et initiateurs du xviiie  siècle »

Les vrais maîtres du xviiie  siècle sont donc ceux qui lui ont appris à détruire le système du christianisme. […] A l’école de son oncle Thomas, il apprit à écrire facilement et médiocrement dans tous les genres : il fit des vers, une tragédie, des opéras, des pastorales, des lettres galantes ; il avait une sécheresse glacée et spirituelle, une pointe aiguë de style, aucun naturel, aucune spontanéité.

526. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre III. Éducation de Jésus. »

Il apprit à lire et à écrire 121, sans doute selon la méthode de l’Orient, consistant à mettre entre les mains de l’enfant un livre qu’il répète en cadence avec ses petits camarades, jusqu’à ce qu’il le sache par cœur 122. […] Cette culture était proscrite par les docteurs palestiniens, qui enveloppaient dans une même malédiction « celui qui élève des porcs et celui qui apprend à son fils la science grecque 129. » En tout cas elle n’avait pas pénétré dans les petites villes comme Nazareth.

527. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — La synthèse »

— Ce travail de reconstitution qui consiste à façonner un homme visible sur le schéma de son intelligence, doit être étendu également à ceux que nous avons appris à considérer comme les semblables de ce type, à ses adhérents. […] Taine reprend toute sa valeur et toute son importance ; elle est celle qu’il faut prendre pour tenter de recréer en pleine vie le groupe d’individus humains dont on aura déterminé grossièrement mais exactement le mécanisme interne par l’analyse de leurs admirations, et que l’on aura appris à considérer, non plus comme les producteurs premiers ni de l’œuvre qui les rallie, ni des œuvres de leur temps, mais au contraire comme des êtres faiblement semblables à l’auteur de ce qui les émeut, et fixés dans cette similitude par cette émotion même.

528. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Société française pendant la Révolution »

Louis XIV, qui n’aimait pas la province, on sait pourquoi, l’insultait par ses écrivains ; mais MM. de Goncourt, dont le nom semble révéler une vieille origine provinciale, n’ont-ils jamais su, ou les traditions de la famille ne leur ont-elles jamais appris, que la province — et surtout la province d’avant la Révolution — gardait dans ses châteaux et dans ses grandes villes un exemplaire plus pur que Paris lui-même de ce qu’on appelait la société française, de ce mélange heureux et si admirablement réussi de lumière, d’élégance, d’amabilité et presque de vertus, qui faisait de la France l’aimant du monde ? […] Avant Louis XV, cette société d’un instinct si juste et qui vivait dans une telle atmosphère de lumière, qu’on y disait, en riant, qu’un gentilhomme savait tout sans avoir rien appris, n’avait jamais songé, il est vrai, à devenir littéraire et à échanger ses grâces naturelles, saines et savoureuses, contre le caquet pédant des cercles et l’histrionisme philosophique des salons ; mais, alors même que les influences du xviiie  siècle commençaient de l’atteindre et de la gâter, elle n’était pas pour cela uniquement dans les salons parisiens, où Ton veut obstinément la voir toujours.

529. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Lettres d’une mère à son fils » pp. 157-170

Jusque-là, c’est un enfant encore, qui ne sait rien, quoi qu’il ait appris ; car on ne sait pas pour avoir déposé dans sa mémoire des notions qu’on peut y reprendre, a dit profondément un penseur. […] Elle lui aurait appris que le nécessaire intellectuel et moral de l’homme doit être prêt et complet avant cet âge décisif et funeste, et que la conscience ne s’improvisait pas en quelques leçons, au bout de l’enseignement du collège, comme l’art de danser ou de tenir la bride de son cheval !

530. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Henri de L’Épinois » pp. 83-97

bien capable d’apprendre l’histoire du Gouvernement des Papes à tout le monde, — et probablement il ne l’apprendra à personne.

531. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Collé »

Honoré Bonhomme ne l’a point découvert pour nous l’apprendre, nous ne savons pas ce qui a pu nous priver d’un La Bruyère quelconque ; car Collé avait trop de santé d’esprit, de naturel et de droiture, pour imiter personne, même ceux-là qu’il admirait le plus. […] Cela n’est pas rare chez ces bouffons quand ils ont du cœur, et il voulait l’apprendre à son fils d’adoption pour lui en ôter l’horrible surprise.

532. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gérard Du Boulan »

Mais si ce n’est pas excessivement facile de lui ôter ces fleurs et ces rubans, qui ressemblent à des rayons, et ce coup de fouet qu’on n’apprend point et qui tient à la force de l’avant-bras, n’importe ! […] c’est le fils de l’occasion et d’un de ces hasards de la vie qui pouvaient n’être pas, et qui, alors, auraient supprimé le génie… Pascal, par exemple, le prodigieux Pascal, le divinateur d’Euclide, qui, sans avoir appris les mathématiques, trouva, en maniant des jetons dans le grenier de son père, les trois premiers livres de la géométrie ; Pascal, qui dans l’ordre des idées a une profondeur qui donne le vertige et qui même le lui a donné, ne serait plus, selon ces théories interprétatrices, le Pascal connu, le grand Pascal, s’il n’avait pas été janséniste !

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