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1242. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Force est donc bien que cette ville soit pourvue du droit d’initiative et de première délibération, mais que ses résolutions soient soumises au pouvoir central, et que la décision et le dernier mot appartiennent à celui-ci. […] Si la magistrature est nommée par l’État, elle lui appartient ; si elle est élective, elle appartient aux électeurs, c’est-à-dire à un parti. […] Pour ne pas employer, à quoi je ne saurais me résoudre, le mot de « pure blague », dont il use sans embarras, je dirais que ce principe paraît à ses yeux appartenir à l’ordre oratoire et non à l’ordre scientifique. […] On voit bien qu’il est désagréable pour un homme de sentir au-dessus de soi un être qui lui ressemble fort et qui appartient évidemment à la même espèce. […] Le chef politique est remplacé dans les sociétés modernes par un mandataire chargé d’exécuter la volonté de tous et non la sienne, parce que, l’information étant plus grande et les communications plus faciles et constantes, l’initiative peut venir de tous ; le chef du travail disparaîtra de même parce que, l’association étant devenue plus facile, le travail n’a plus besoin de chef, et l’esprit d’initiative et d’entreprise peut appartenir à une association comme il ne pouvait appartenir autrefois qu’à un homme.

1243. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Une idée neuve et féconde, fort mise en œuvre dans ces derniers temps, développée par le Saint-Simonisme et ailleurs, appartient en propre à Mme de Staël : c’est que, par la Révolution française, il y a eu véritable invasion de Barbares, mais à l’intérieur de la société, et qu’il s’agit de civiliser et de fondre le résultat, un peu brut encore, sous une loi de liberté et d’égalité. […] On y fait observer qu’Ossian n’est qu’un type incomplet de la poésie du Nord, et que l’honneur de la représenter appartient de droit à Shakspeare. […] Il faut distinguer dans un idiome ce qui appartient au goût et à l’imagination de ce qui n’est pas de leur ressort. […] Je laisse le plaisir de le trouver aux admirateurs de la littérature napoléonienne, qui commencent à découvrir dans le héros le premier écrivain du siècle (Thiers, Carrel, Hugo, etc.). — Laissons à César ce qui lui appartient, mais ne lui apportons pas toutes les couronnes.

1244. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre I. De l’évolution de la vie. Mécanisme et finalité »

Il appartient au biologiste de faire, dans chacun des cas, la part des deux tendances. […] Un organisme tel que celui d’un Vertébré supérieur est le plus individué de tous les organismes : pourtant, si l’on remarque qu’il n’est que le développement d’un ovule qui faisait partie du corps de sa mère et d’un spermatozoïde qui appartenait au corps de son père, que l’œuf (c’est-à-dire l’ovule fécondé) est un véritable trait d’union entre les deux progéniteurs puisqu’il est commun à leurs deux substances, on s’aperçoit que tout organisme individuel, fût-ce celui d’un homme, est un simple bourgeon qui a poussé sur le corps combiné de ses deux parents. […] Il n’y a pas encore de forme, et c’est à la vie qu’il appartiendra de se créer à elle-même une forme appropriée aux conditions qui lui sont faites. […] La simplicité appartient alors à l’objet même, et l’infini de complication à des vues que nous prenons sur l’objet en tournant autour de lui, aux symboles juxtaposés par lesquels nos sens ou notre intelligence nous le représentent, plus généralement à des éléments d’ordre différent avec lesquels nous essayons de l’imiter artificiellement, mais avec lesquels aussi il reste incommensurable, étant d’une autre nature qu’eux.

1245. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Les tragédies de Garnier, représentées dans les collèges, par des lettrés et pour des lettrés, écrites pour être lues, n’appartiennent qu’à peine — et comme qui dirait pour mémoire — à l’histoire du théâtre français. […] Mais le fond de la pensée de Corneille, comme de celle de ses contemporains, comme de celle aussi de Hardy, c’est qu’il n’y a de vrais sujets de tragédie que les sujets historiques, et que, par conséquent, tous les autres appartiennent à l’espèce de la tragi-comédie. […] Car, enfin, c’est l’Église qui a établi la loi du jeûne, et conséquemment il lui appartient, et il n’appartient qu’à elle de le définir, de dire en quoi consistera le jeûne, et ce que l’on pourra « boire », ou « manger », sans le rompre. […] Descartes est plein de raisonnements ou de théories qui ne lui appartiennent pas en propre, mais, d’un autre côté, Bossuet et Fénelon abondent en idées qui ne leur viennent point de Descartes. […] Ce qu’ils trouvaient en lui de conforme ou d’utile à la religion dont ils étaient les représentants ou les docteurs, ni Bossuet ni Fénelon n’avaient garde, parce que Descartes les avait dites, et quand il les aurait dites le premier, de ne pas reprendre chez lui ce qui leur appartenait.

1246. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Ils semblent appartenir les uns à la génération précédente, les autres à celle qui suit, et l’on cherche ceux qui sont proprement de la leur. […] À appartenir à une époque de transition il y a donc des avantages, des commodités, des libertés, des chances de gloire, et, ce qui est une perspective plus douce encore, des chances de revanche. […] Je suis un rêve qui s’envole de ta serre, je suis un rêve de plaisir, de crime, de souffrance, et je rêve que je me perce le cœur. » À quoi Méphisto, en le voyant tomber, répond avec beaucoup de bon sens : « Tu m’appartiens plus que jamais !  […] * * * Quant à l’esprit général qui règne dans ces récits si nombreux et si divers, — on ne peut même pas, avec Maupassant, parler d’esprit général, tant il est impersonnel, tant il appartient à ce qu’il raconte, — disons quant au ton dont tout cela est raconté, tout le monde a remarqué que d’une certaine gaieté robuste, qui pouvait jusqu’à un certain point nous renseigner sur les tendances d’esprit de l’auteur, Maupassant avait insensiblement passé à une sorte de tristesse, robuste aussi et très mâle encore, qui nous donnait sur sa vie intérieure une tout autre indication. […] Dès lors, Clotilde appartient à Pascal. « Puisque Adélaïde a eu tant de descendants divers, je suis à toi ! 

1247. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

C’est le propre des légendes de n’appartenir à personne en particulier et d’être à tout le monde. […] Ce qui suit appartient à M.  […] Il n’appartient pas à la famille des lyriques poitrinaires. […] Le salon littéraire de la place Graslin appartenait alors à un nommé Planson. […] La félicité éternelle leur appartient sous le titre majestueux de royaume.

1248. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Et remarquez que la Dame aux camélias, à chicaner encore, n’appartient pas proprement au théâtre réaliste. […] À ce titre, La Dame aux camélias appartenait parfaitement au théâtre romantique et était la fille d’Antony. […] Ce secrétaire n’est donc pas un meuble acheté à l’Hôtel des Ventes et ayant appartenu à une cocotte ? […] Trébuchant et flageolant, Mme de Mégée, qui appartient à une famille de mégères, va s’habiller et se peindre, de quoi la pauvre femme a bon besoin. […] Un groupe de sept ou huit personnages est de toute évidence figurative de toute la race à laquelle il appartient ou de tout le monde auquel il se rattache.

1249. (1896) Études et portraits littéraires

Songez qu’Hippolyte Rigault appartenait à la bourgeoise maison des Débats. […] Le chef-d’œuvre de Lesage nous appartient-il, à nous Français ? […] Le mot ni l’idée ne lui appartiennent d’ailleurs. […] Le premier rôle, par malheur, ne lui appartenait pas dans ce procès. […] Il est une marque, un relief de pensée et de style qui appartient au P. 

1250. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

L’honneur de la réaliser devait appartenir à l’homme que l’on considère encore quelquefois comme le plus intransigeant des romantiques, qui l’a été en 1830, mais qui ne l’est pas resté, et qui, au contraire, rien que de la manière dont il a transformé l’art de décrire, aurait pu lui tout seul dégager du romantisme ce que les doctrines en contenaient de naturalisme encore inconscient : « Je suis allé à Constantinople, disait Théophile Gautier, pour être musulman à mon aise ; en Grèce, pour le Parthénon et Phidias ; en Russie, pour la neige et l’art byzantin ; à Venise, pour Saint-Marc et le palais des Doges » [Cf.  […] Les Lettres sur Jean-Jacques Rousseau, 1788 ; et le livre de La Littérature, 1800. — En quoi ces deux ouvrages, quoique séparés l’un de l’autre par la tourmente révolutionnaire, — ne laissent pas de procéder de la même inspiration ; — et d’appartenir à l’esprit du xviiie  siècle par la confiance dont ils témoignent dans le pouvoir de la raison ; — dans la suffisance de la religion naturelle ; — et dans la perfectibilité indéfinie de l’espèce humaine. — Originalité du livre de La Littérature ; — et abondance des « vues » de Mme de Staël ; — toujours spirituelles, souvent ingénieuses, parfois profondes. — Théorie de la distinction des littératures du nord et du midi ; — et fécondité de cette théorie. […] Le Premier Regret, Milly ou la terre natale] ; — mais de le montrer s’échappant à lui-même ; — ne se préoccupant désormais ni de choisir entre ses idées ; — ni de donner des digues au flot toujours plus abondant de son improvisation ; — et se préparant ainsi à écrire La Chute d’un ange. — S’il faut regretter que Lamartine se soit tourné vers la politique ; — et qu’il semble bien qu’en tout cas son inspiration poétique fut dès lors sinon tarie ; — mais assurément « dépersonnalisée ». — Qu’il appartient d’ailleurs encore à l’histoire de la littérature ; — par quelques-uns de ses Discours [Cf.  […] M. de Vogüé, Heures d’histoire, Paris, 1893]. — Il lui appartient encore par son Histoire des Girondins, 1847 ; — où sans doute l’histoire est étrangement défigurée ; — mais dont un poète seul pouvait écrire certaines pages ; — et il lui appartient enfin par ses romans personnels ; Raphaël, 1849 ; — Les Confidences, 1849 ; — Les Nouvelles Confidences, 1851 ; — Graziella, 1852. — Mais, à partir de cette date, — réduit, comme on disait jadis, à « travailler pour le libraire », — on trouve sans doute quelque ressouvenir de son passé dans ses livres et dans ses journaux ; — et on y trouve surtout plus de critique et de jugement qu’on n’affecte parfois de le croire ; — mais il a cessé d’agir sur l’opinion ; — et, près de quinze ans avant sa mort, — son rôle littéraire est terminé. […] Celles qui lui appartiennent en propre sont donc : en vers, La Ciguë, 1844 ; Un homme de bien, 1845 ; L’Aventurière, 1848 ; Gabrielle, 1849 ; Sapho (opéra, musique de Gounod, 1851] ; Le Joueur de fifre, 1851 ; Diane, 1852, Philiberte, 1855 ; La Jeunesse, 1858 ; et Paul Forestier, 1868 ; et en prose : Le Mariage d’Olympe, 1855 ; Ceinture dorée, 1855 ; Les Effrontés, 1861 ; Le Fils de Giboyer, 1863 ; Maître Guérin, 1864 ; La Contagion, 1866 ; Le Post-Scriptum, 1869 ; Lions et Renards, 1870 ; Jean de Thommeray [d’après une nouvelle de Jules Sandeau], 1874 ; Madame Caverlet, 1876 ; et Les Fourchambault, 1878.

1251. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre II. La perception extérieure et l’éducation des sens » pp. 123-196

Cela va si loin que nos sensations de couleur nous semblent détachées de nous ; nous ne remarquons plus qu’elles nous appartiennent ; elles nous semblent faire partie des objets ; nous croyons que la couleur verte, qui nous semble étendue à trois pieds de nous sur ce fauteuil, est une de ses propriétés ; nous oublions qu’elle n’existe que dans notre rétine ou plutôt dans les centres sensitifs qu’ébranle l’ébranlement de notre rétine. […] Les autres nous semblent situées dans un corps qui nous appartient et qui nous est lié tout particulièrement, que nous remuons à volonté, qui nous accompagne dans tous nos changements de lieu, qui répond à tous nos attouchements par une sensation de contact, dans lequel nous nous situons de façon à y répandre, y enclore et y circonscrire notre personne. […] Peu importe que les sensations appartiennent à tel ou tel membre, qu’elles soient musculaires ou non ; c’est là un détail et un accessoire ; il s’efface, nous n’y faisons plus attention.

1252. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Sa qualité dominante, en apparence moins spéciale, parce qu’elle appartient plus ou moins à tous les hommes et surtout à un certain âge de la vie où le besoin d’apprendre et de découvrir nous possède, lui est propre par le degré d’intensité, de sagacité, d’étendue. […] J’ai retrouvé ici les jeunes gens qui appartiennent comme moi à la société que vous savez.

1253. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Ces détails prouvent que chaque orateur fait sur soi « une réflexion profonde. » En s’enfonçant ainsi en soi-même, il y trouve des particularités qui n’appartiennent qu’à lui et que seul il peut y trouver. […]          Tes raisons sont frivoles ; Je pourrais décider, car ce droit m’appartient.

1254. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

L’âme des fidèles vous appartient, la police des cultes seule est de mon ressort, parce que la police extérieure des cultes est chose temporelle et qu’elle touche à la société civile ; mais ces règlements purement civils ne s’immiscent en rien dans les dogmes purement spirituels. […] Voilà le malheur des historiens qui n’ont pas assez perdu la mémoire des partis auxquels ils ont appartenu dans leur vie politique : pour ne pas fausser leur situation ils sont forcés de fausser leur logique.

1255. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

Il appartient à l’Assemblée nationale seule de déterminer la part qu’elle voudra faire prendre à la République dans les mesures qui devront concourir au rétablissement d’une situation régulière dans les États de l’Église. […] Un dictateur n’aurait point laissé écrire par son ministre qu’à l’Assemblée nationale seule il appartient de déterminer la ligne politique à suivre, et qu’avant de rien statuer, il aura à prendre les ordres de l’Assemblée.

1256. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

Maintenant qu’on a recommencé à me consulter sur les affaires de l’État, tout mon temps, toutes mes pensées, tous mes soins, appartiennent à la république, et la philosophie n’a droit qu’aux instants que n’exigera pas l’accomplissement de mes devoirs envers mon pays. […] Nous ne vous analyserons pas ce livre : ce commentaire des lois romaines appartient plus à la jurisprudence qu’à la littérature.

1257. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

Sa personne ne pouvait être suspecte, puisqu’il appartenait à sa faction et qu’il jouissait de toute son estime. […] Il n’oublia pas de lui faire remarquer que Chiaramonti, choisi et porté par eux au pontificat suprême, leur devrait son élévation encore bien plus qu’à ceux de la faction à laquelle il appartenait.

1258. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

Il le faut, ou bien il faut déclarer que le continent nouveau, possession de l’Europe, appartiendra tout entier, dans vingt-cinq ans peut-être, à ces pionniers armés qui ne reconnaissent pour tout titre de leur usurpation que leur convenance, et qui permettent à leurs citoyens, comme Walker, de lever individuellement des escadres et des armées contre Cuba, pendant que leur général fédéral entre au nom de l’Union dans Mexico, et de là dans toutes les capitales de l’Amérique civilisée du Sud ! […] L’honneur de ces deux noms appartient tout entier à l’esprit de l’Angleterre et de l’Écosse ; la France elle-même réclame Audubon.

1259. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

Il est à présumer, par son nom féodal et par l’indépendance de sa vie, qu’il appartenait à une famille noble. […] Quand l’homme n’a plus rien en soit qui s’appartienne, Quand de ta volonté ta grâce a fait la sienne,             Le corps est mort, et l’âme est Dieu !

1260. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

Il faut dire du surnaturel ce que Schleiermacher disait des anges : « On ne peut en prouver l’impossibilité ; cependant, toute cette conception est telle qu’elle ne pourrait plus naître de notre temps ; elle appartient exclusivement à l’idée que l’antiquité se faisait du monde 32. » La croyance au miracle est, en effet, la conséquence d’un état intellectuel où le monde est considéré comme gouverné par la fantaisie et non par des lois immuables. […] Une épopée est d’autant plus parfaite qu’elle correspond mieux à toute l’humanité, et pourtant, après la plus parfaite épopée, le thème est encore nouveau et peut prêter à d’infinies variations, selon le caractère individuel du poète, son siècle ou la nation à laquelle il appartient.

1261. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre deuxième. L’idée de l’espace. Son origine et son action »

De même, dans les sensations, outre les éléments irréductibles propres à chacune, il y a un caractère irréductible qui appartient à toutes, l’intensité : la sensation du bleu est plus ou moins intense, celle d’un son est aussi plus ou moins intense ; l’intensité est donc bien distincte de ce qui différencie le son et la couleur comme tels, et cependant faut-il faire de l’intensité une forme à priori venant du pur intellect ? […] En réalité, ce n’est pas la séparation ni la distinction définie des sensations qui est le premier stade de la vie mentale ; c’est au contraire leur continuité et leur caractère indéfini, La détermination et le détachement, qui en font des éléments possibles pour un groupement intellectuel, appartiennent au dernier stade de révolution, non au premier.

1262. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

Dickens est demeuré célèbre ; une part de la gloire littéraire de ce temps lui appartient presque en tous pays. […] Si l’on fient exactement compte de ces définitions, on pourra en déduire presque tous les caractères de l’art de l’écrivain anglais, et l’organisation mentale qui lui sera ainsi reconnue appartenir, sera une organisation générique qui pourra servir à déterminer d’autres tempéraments analogues au sien, et qui donnera même, par réciproque, quelques lumières sur l’action de l’émotion chez l’homme.

1263. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

Il n’y a pas, d’après les commentateurs les plus fanatiques de ce plagiaire amnistié à si bon marché, une seule de ses fables ni un seul de ses contes qui lui appartienne. […] On dit : Mais ces fables lui appartiennent par droit de conquête et de naturalisation par son génie.

1264. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Sa famille appartenait à cette vieille bourgeoisie française qui avait la distinction des mœurs de la noblesse sans en avoir les légèretés et les vices. […] Le roi alors se faisait lire ces morceaux d’histoire de son règne à Versailles, dans la chambre de Mme de Montespan, sa favorite en titre, bien que son cœur appartînt déjà à Mme de Maintenon.

1265. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

De naissance ils lui appartiennent. […] Michelet, transportées de l’ensemble d’événements auxquels elles appartiennent, et mises à part dans des cadres et des fonds qui repoussent vigoureusement ce que M. 

1266. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

Il n’appartient pas au christianisme dès le berceau ; il n’est pas né du mariage d’un sectaire chrétien, devenu plus tard orthodoxe et pontife, et élevant son jeune fils sous l’aile d’une mère honorée comme sainte, à l’ombre d’une église qu’il gouverna quarante ans. […] Il appartient à l’art, en quelque sorte, plus qu’à la religion ; et cependant cet art, qu’il aimait, et auquel les épreuves et les émotions de sa vie le ramenaient sans cesse, ne nous a laissé que des chants religieux : ni les maux de sa patrie ni ses douleurs privées ne se retrouvent dans ses vers.

1267. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

La recherche du vrai dans toutes les théories, le goût du beau sous toutes les formes, la jouissance du droit conquis par la raison publique et consacré par la loi commune, l’application rapide de toutes les découvertes utiles et l’échange des productions multipliées de l’univers, devinrent en philosophie, en littérature, en politique, en industrie, le travail, l’ambition, le partage de l’heureuse génération à laquelle appartenait M. 

1268. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Cette partie tout aventureuse de la narration se couronne par un trait imprévu et délicat, tel que sa plume n’en aura pas toujours : il s’agit simplement de la mort d’une gazelle, compagne de la traversée et délassement de la quarantaine ; elle appartenait au principal passager, M. 

1269. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

[NdA] Ainsi, dans le Sermon pour la fête de l’Épiphanie, on trouve ce mot souvent cité : « L’homme s’agite, mais Dieu le mène. » Et dans le second point du même sermon, dans cette seconde partie qui est d’une grande beauté morale, il y a sur la corruption des mœurs et sur la décadence de la foi, de ces traits de vigueur qui sembleraient appartenir à Bossuet : Les hommes gâtés jusque dans la moelle des os par les ébranlements et les enchantements des plaisirs violents et raffinés ne trouvent plus qu’une douceur fade dans les consolations d’une vie innocente : ils tombent dans les langueurs mortelles de l’ennui dès qu’ils ne sont plus animés par la fureur de quelque passion.

1270. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

On sait que ce fut d’après son examen et son rapport au Conseil privé que la seconde édition du livre De la sagesse de Charron, l’édition de Paris (1604), pût être mise en vente, moyennant quelques corrections qu’il y fit, et se débiter librement : « Ce ne sont des livres pour le commun du monde, disait-il à l’adresse de ceux qui en parlaient en critiques, mais il n’appartient qu’aux plus forts et relevés esprits d’en faire jugement ; ce sont vraiment livres d’État. » Pendant son séjour en Hollande, il avait tout fait pour se rendre utile à notre compatriote le célèbre et docte Scaliger (M. de L’Escalle, comme il l’appelait), qui vivait à Leyde et touchait à la fin de sa carrière.

1271. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — I. » pp. 279-295

Ainsi encore, à propos des expériences de Haller sur l’œuf du poulet, si le physiologiste, étendant ses considérations aux autres animaux, conclut que le fœtus appartient entièrement à la femelle, et qu’elle a, par conséquent, la plus grande part à la reproduction de l’espèce, Vicq d’Azyr, regardant son élégant auditoire, s’empressa d’ajouter : « Ce système plaira sans doute au sexe qui nous prodigue dans l’âge le plus tendre tant de caresses et de soins, et auquel nous devons un juste tribut d’amour et de reconnaissance. » Il se glisse aisément jusque dans les exposés des savants d’alors, dès qu’ils veulent réussir et plaire, des tons et des intentions de Florian et de Legouvé.

1272. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

C’est à lui qu’il appartient de le faire, choisissant avec goût, coupant à propos, donnant à connaître tout l’artiste, tout l’homme, et ne s’arrêtant qu’en deçà de ce qui paraîtrait redite et satiété.

1273. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

Certes, ce sentiment exprimé par un jeune homme de vingt-deux ans, cette leçon donnée aux esprits forts (appelés ici par politesse des âmes fortes), en présence de la philosophie du siècle, à deux pas de Voltaire et pendant la vogue de l’abbé Raynal, annonce, encore mieux que Le Jeune d’Olban et que les Élégies, combien Ramond appartient d’avance à un mouvement réparateur et à une inspiration digne des régions sereines où se passeront les plus belles heures de sa vie83.

1274. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

Dante fier, sombre, bizarre et dédaigneux dans cette partie de son poème, apparaît différent à mesure qu’on avance ; son côté tendre, affectueux et touché, ses trésors de mélodie et de tendresse, les nombreuses comparaisons d’abeilles, de colombes et d’oiseaux, qui lui échappent si souvent et qui s’envolent sous ses pas, toutes ces grâces plus fraîches à sentir dans un génie grandiose et sévère, appartiennent aux deux dernières parties de son poème et s’y développent par degrés.

1275. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Thiers ne fait pas proprement de portraits : le portrait, genre dont je ne médis pas, appartient à une école d’histoire qui n’est pas la sienne et qu’il juge sans doute un peu trop académique.

1276. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

Sayous suppose apparemment que nous savons tout cela, et il ne nous croit pas aussi ignorants que nous le sommes sur ces matières du dehors, même quand elles appartiendraient à un État plus considérable que celui de Genève.

1277. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

Il essaye, pour y répondre, d’hypothèses diverses : l’arrangement fortuit, la nécessité du mouvement de la matière, l’infinité de combinaisons possibles dont une a réussi… Il hésitait, il commençait à se troubler : placé entre des explications incomplètes et des objections sans réplique, il allait, s’il n’y prenait garde, trop accorder à la raison, au raisonnement ; il sentait poindre l’orgueil en même temps que s’accroître les obscurités, quand tout à coup… mais laissons-le parler lui-même sa plus belle langue : Quand tout à coup un rayon de lumière vint frapper son esprit et lui dévoiler ces sublimes vérités qu’il n’appartient pas à l’homme de connaître par lui-même et que la raison humaine sert à confirmer sans servir à les découvrir.

1278. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Après ces morceaux littéraires qui appartiennent par leur date aux dix premières années du siècle, et si l’on excepte quelques articles insérés dans la Biographie universelle, on ne retrouve plus M. 

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