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734. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le comte de Fersen et la cour de France »

Par toute l’Europe et sur tous les trônes, la Royauté manqua de cœur, quand il s’agissait de montrer celui de Fersen pour Louis XVI et Marie-Antoinette, — et elle manqua aussi de génie ; car elle était plus intéressée que lui à les défendre ! […] Les suites des fautes commises sont longues, et leur résultat quelquefois incommensurable… Les royautés européennes, filles du Christianisme, qui avaient pour strict devoir de charité et de politique chrétienne de voler, dans l’atroce péril qui la menaçait, au secours de la Royauté française, quelles que fussent l’incapacité et les fautes personnelles de Louis XVI (il ne s’agissait pas de cela pour elles !)

735. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Henri de L’Épinois » pp. 83-97

Mais il faut bien entendre ici que dans ce seul volume d’histoire, où les faits sont ramassés, concentrés et étreints pour en faire mieux sortir la moelle, il ne s’agit que de l’histoire politique de la Papauté. […] IV Je n’ai point à entrer dans le détail immense des faits à travers lesquels cette légitimité sublime a agi pendant tant de siècles sans jamais forfaire à elle-même, ni quand, pour défendre les corps aussi bien que les âmes, elle s’appuya, un jour, du temps de Léon, sur Charlemagne ; un autre jour, du temps de Grégoire VII, sur la grande Mathilde ; sur Othon, au temps des effroyables anarchies romaines ; et, plus tard, sur elle-même.

736. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Valmiki »

Encore une fois, nous le répétons, on peut passer beaucoup à un traducteur, comme à un voyageur qui revient de fort loin, mais il est des bornes pourtant à l’affirmation et à l’enthousiasme, surtout quand le traducteur est un homme de science et d’esprit qui, s’il ne s’agissait pas de son fétiche hindou, aurait le sentiment des choses poétiques tout aussi sûr et aussi net que nous qui le jugeons. […] Les détails mêmes, les arabesques si chères à la Fantaisie, à cette Belle au Bois dormant qui s’est assoupie au branle monotone de la littérature de Louis XIV et que la gloire du xixe  siècle sera d’avoir réveillée, toutes ces choses qui ne sont pas la poésie elle-même, mais qui y touchent, ne paraissent point là en réalité ce qu’on les croyait à distance : « Pour faire un paradis persan, — disait Lord Byron en plaisantant, — il faut beaucoup de ruisseaux de limonade et des milliers de longs yeux noirs. » Pour faire un poème indien, la méthode ne serait peut-être pas beaucoup plus compliquée… Les fragments de Colbrooke et la Sacountala, quoique traduite avec la bégueulerie française par M. de Chézy (un homme qui aurait appris la Trénis aux Bayadères), ont suffisamment montré que la métaphore indienne était vite épuisée, comme il doit arriver toujours chez les peuples immobiles, qui n’observent pas, qui n’agissent point, et qui vivent de la vie végétale de l’humanité.

737. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Caro. Le Pessimisme au XIXe siècle » pp. 297-311

Caro a prises, pour les analyser, dans ses petites pincettes philosophiques, il ne s’agit plus uniquement d’être un charmant philosophe, adroit, poli et joli comme un cœur… Car, savez-vous de quoi il retourne aujourd’hui ? […] Caro, puisqu’il s’agit de la construction qu’on appelle un livre, il n’a pas trop mal fait le sien.

738. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Mgr Rudesindo Salvado »

Mgr Salvado aurait pu ajouter aux paroles si sensées et si courageuses du docteur, ce passage des Monthly Records, plus courageux et plus explicite encore : « S’il est un fait incontestable, — disent les Monthly Records, — qui nous humilie et qui nous afflige, c’est que là où nous, anglicans, nous agissons timidement, dans nos possessions australiennes, l’Église de Rome est activement à l’œuvre avec un zèle et une sagesse que nous ferions bien d’imiter… Ses évêques sont partout où il y a des âmes à conquérir et à changer… Une maîtresse pensée (master mind) anime et dirige leurs travaux… Quand un seul membre de notre clergé poursuit solitairement une tâche accablante, sans être assisté des conseils de ses supérieurs, l’Église de Rome ne cesse d’apparaître avec tous ses moyens d’action au grand complet… » Certainement, jamais le sentiment de ce qui manque à sa patrie n’a inspiré à un anglais plus de noble jalousie et de justice, et il n’y aurait qu’à admirer, si, en sa qualité d’anglican, l’écrivain auquel on applaudit ne provoquait pas le sourire en nous parlant des moyens d’action au grand complet de cette Église romaine dont il faut bien compliquer le génie pour en comprendre la puissance, quand on ne croit plus à sa divine autorité ! […] Quoiqu’il n’y soit pas question de race noire, il s’agit aussi d’y régler les rapports du civilisé et du sauvage et de transfigurer l’homme de la nature en homme social.

739. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « La Bible Illustrée. Par Gustave Doré »

Je ne sais rien des croyances de Gustave Doré ni des conseils qu’il peut recevoir ou demander, mais je ne crois pas que le génie, sans une foi complète, puisse se tirer de l’interprétation de l’Évangile, tandis que pour l’Ancien Testament il ne s’agit pas d’être Juif pour en comprendre, au moins, la beauté tonitruante et l’effroyable sublime : il ne s’agit que d’avoir l’électrique organisation de l’artiste, et cette colonne vertébrale le long de laquelle court le frisson de l’imagination épouvantée, qui met debout tout ce que nous avons de génie et nous cabre sans nous renverser !

740. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Docteur Favrot »

Bref, il a agi comme un rapporteur pressé par l’heure de son rapport, et surtout, surtout (pour moi, c’est le plus grand reproche !) […] Pas plus dans le livre du docteur Favrot que dans la discussion du Sénat, rien de concluant n’a été posé sur cette question terrifiante, à laquelle tout homme de sens devrait éternellement et infatigablement revenir, jusqu’à sa solution complète, si les hommes de sens eux-mêmes n’étaient, quand il s’agit de la mort, les plus inconséquents des étourdis !

741. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Milton »

l’admiration, cette fille de l’amour, agit comme l’amour, sans regarder aux conséquences. […] il n’organisera donc pas à froid de soi-disant influences qui auraient agi sur le génie de Milton.

742. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Théophile Gautier. » pp. 295-308

et qu’il est plus que temps, pour l’honneur de tous, d’en finir avec ce capitonnage dérisoire du même mot qu’on répète contre la Critique, surtout quand il s’agit d’un homme qui ne demande pas quartier, lui, et qui a bien assez de talent pour entendre une fois la vérité, — ce qui le changera ! […] Gautier dans un sujet comme Mademoiselle de Maupin, je demande ce qu’il devait en être dans un sujet de roman d’une réalité plus saine, et où il ne s’agirait que de sentiments naturels ?

743. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « L’Abbé *** »

Malheureusement il ne s’agit pas de le dire, il faut le prouver, chose duriuscule pour notre abbé Trois-Étoiles, lequel tient la plume pour son héros et ne peut lui donner que ce qu’il a. […] — s’il ne s’était pas agi de rassurer un cardinal.

744. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre xi‌ »

Il s’agit de libérer et d’approfondir la vie spirituelle en France.‌ […] Ce mémorial où resplendit l’union de tous les soldats de la France ne peut se terminer que par la plus ardente réclamation pour que survivent et continuent d’agir après la guerre leurs espérances et leurs volontés.‌

745. (1891) Esquisses contemporaines

Derrière les faits et les phénomènes que lui transmet la science, Le poète sent agir une puissance infinie. […] L’action seule touche à la réalité, ou plutôt, l’homme n’est réel que pour autant qu’il agit. […] Mais aussi, lorsqu’il s’agit de revenir sur nous-mêmes et de nous ressaisir intacts, nous n’y parvenons plus. […] Il ne s’agit plus, en effet, de création, mais de compréhension. […] L’homme autrefois agissait debout ; il s’assied maintenant pour réfléchir.

746. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Mais puisqu’il s’agit de donner ici un suffrage : c’est vers Victor Hugo — le père Hugo — que va ma dévotion, et toute entière. […] Il s’agit de dire quel est, parmi ceux du siècle dernier, mon poète ? […] Il me semble qu’il est toutes sortes d’instruments de musique ; et je voterais pour lui s’il s’agissait d’élire un homme-orchestre. […] Une autre de vos conditions gênera le plus grand nombre des électeurs : « il ne doit s’agir, leur dites-vous, que du xixe  siècle ». […] Il s’agissait d’indiquer une préférence.

747. (1861) La Fontaine et ses fables « Préface »

Nous voulons savoir comment, étant donnés un jardin et des abeilles, une ruche se produit, quels sont tous les pas de l’opération intermédiaire, et quelles forces générales agissent à chacun des pas de l’opération.

748. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 109

Jacques Abadie n’est pas mort fou, comme l’a avancé Voltaire, qui avance tant de choses sans fondement, lorsqu’il s’agit de décrier les Hommes de génie que la Religion compte parmi ses défenseurs.

749. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 161-162

Une édition de Racine, avec un Commentaire, formé de diverses Observations, dont peu lui appartiennent ; un Recueil, sous le titre d’Elite de Poésies fugitives, qui n’est, à peu de chose près, qu’une répétition des autres Recueils ; un Cours d’Histoire & de Géographie, où il n’y a rien de neuf, & qui est très-mal écrit ; ne sembloient pas annoncer les talens qu’il a développés, lorsqu’il s’est agi de se défendre lui-même.

750. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » p. 218

Saint-Pavin eût beaucoup mieux fait de penser & d'agir plus sagement, que de se défendre par des Satires.

751. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Mais sur qui agira-t-elle ? […] Et alors on en veut un peu aux simplificateurs… Mais c’est de la conférence de l’Odéon qu’il s’agit. […] Elle est d’ailleurs fort simple, et les mobiles qui font agir les personnages y sont des plus humains et des plus faciles à saisir. […] N’oubliez pas qu’il s’agit d’une pièce écrite expressément pour être jouée et qui a été jouée en effet, et non pas d’un roman. […] Mais enfin, dans tout ceci, elle pourrait croire d’abord qu’elle agit en religieuse, en servante de Dieu, et non en femme qui se venge.

752. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Lorsqu’il nous arrive de juger nos contemporains, nous ne saurions le faire avec la même sûreté que s’il s’agissait de personnages d’une autre époque : il s’agit donc bien moins de les juger que de les comprendre. […] Naturellement, il s’agissait de trouver des personnages sans avenir, dont le succès factice ne pourrait être qu’éphémère. […] Le Blond s’attirera d’autres démentis que le mien, et nous agirons de même chaque fois qu’il essayera de semer parmi nous la discorde par d’aussi odieuses insinuations. […] Mais il ne s’agit pas ici du prince des poètes. […] Montfort, seront tous ceux dont l’âme a été belle. » Ainsi, il ne s’agit pas seulement pour être beau, pour être grand, pour mériter le sacrement des lyres poétiques et l’admiration populaire de posséder des vertus rares, insolites et supérieures ; il s’agit de remplir purement son destin, d’avoir une vie conforme aux prévisions de la Nature.

753. (1896) Le livre des masques

Le privilège de l’âme élevée au mysticisme est la liberté ; son corps même n’est pour elle qu’un voisin auquel elle donne à peine le conseil amical du silence, mais s’il parle elle ne l’entend qu’à travers un mur, et s’il agit elle ne le voit agir qu’à travers un voile. […] Cette même anecdote, moins la conclusion, se retrouve dans A Rebours où des Esseintes agit, mais sur un jeune voyou, à peu près comme M. de Grandville et pour un motif de scepticisme haineux. […] D’ailleurs s’il s’agit d’art, le débat, qui touche un si petit nombre de créatures, n’a pour l’humanité, comme toutes les questions purement intellectuelles, qu’un intérêt de clocher ou de coin de rue. […] Il ne s’agissait plus tant de faire entrer dans l’Art, par la représentation, l’extériorité brute, que de tirer de cette extériorité même des motifs de rêve et de surélévation intérieure. […] Là, s’il s’agit de sentir et de comprendre, il s’agit surtout de voir.

754. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Il s’agit, pour le romancier, de dégager les traits les plus caractéristiques ! […] Dans la première édition du dictionnaire de l’Académie, ce terme d’actuel était rangé parmi les dérivés du verbe agir, et traduit par effectif ; c’est le sens de l’étymologie latine : actualis, qui agit. […] Il en a si bien agi avec nous que je tenais beaucoup à te voir à même de lui prouver ta reconnaissance… Tu le dois pour toi. […] S’agit-il des juges ? […] S’agit-il des princes ?

755. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Auriac, Victor d’ (1858-1925) »

Il ne s’agit ici, en effet, que d’une grosse gerbe de fleurs de printemps, cueillies à deux dans une libre course à travers la campagne.

756. (1864) Le roman contemporain

Je vous laisse à penser s’il s’agit d’écrire ou de lire des romans dans ces heures néfastes. […] Quand je parle du succès, il s’agit ici exclusivement du succès d’argent. […] Mais il s’agit bien de cela ! […] Passe encore si, au lieu d’un évêque, il s’agissait d’un brahmine ! […] Il s’agit d’un conventionnel ; M. 

757. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

(Il s’agissait non de A, mais de E. […] Il m’expliqua qu’il agissait ainsi en mémoire de Baudelaire ! […] De quoi s’agit-il ? […] Il s’agit de donner aux gens le souvenir de quelque chose qu’ils n’ont pas vu » ! […] Tout, dit Mallarmé, agit au théâtre par réciprocités, et relativement à une seule Figure ».

758. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

C’est un délicat, mais un délicat qui a senti des choses si particulières et si aiguës, qu’il osera infiniment, lorsqu’il s’agira d’exprimer au vif ses façons d’être et de penser. […] Il s’agit de faire une petite débauche, et Mme Gilpin, tout économe qu’elle est, propose la première d’aller dîner à Edmonton, à l’enseigne de la Cloche. […] À voir un tel galop et les cruchons de loin ballotter, les péagers ou gardiens des routes croient qu’il s’agit d’une course et d’un pari, d’un jockey qui court avec des poids, et toutes les barrières du chemin (il y en a quantité en Angleterre) s’ouvrent en conséquence.

759. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

il viendra, quelques années après, un sage appelé Montaigne qui remettra tout à sa place et à son rang dans l’estime, et qui ayant à développer cette idée, qu’un père sur l’âge, « atterré d’années et de maux, privé par sa faiblesse et faute de santé de la commune société des hommes, se fait tort et aux siens de couver inutilement un grand tas de richesses, et que c’est raison qu’il leur en laisse l’usage puisque la nature l’en prive », ajoutera pour illustrer sa pensée : « La plus belle des actions de l’empereur Charles cinquième fut celle-là, à l’imitation d’aucuns Anciens de son calibre, d’avoir su reconnoître que la raison nous commande assez de nous dépouiller, quand nos robes nous chargent et empêchent, et de nous coucher quand les jambes nous faillent : il résigna ses moyens, grandeur et puissance à son fils, lorsqu’il sentit défaillir en soi la fermeté et la force pour conduire les affaires avec la gloire qu’il y avoit acquise : Solve senescentem… » Mais entrons un peu plus avant dans les raisons qui persuadèrent à une de ces âmes d’ambitieux, si aisément immodérées, d’en agir si sensément et prudemment. […] Charles en agit plus librement avec sa fille, la princesse dona Juana, gouvernante des royaumes d’Espagne en l’absence du roi : dans une affaire délicate qui se traitait avec le Portugal, il substitue sans façon des instructions de son chef à celles dont l’envoyé d’Espagne avait été chargé par la princesse gouvernante ; en ceci il fait acte de souverain jusque dans le cloître. […] Il ne s’agit pas d’un livre sec ; nous voudrions, les conversations, les confidences de Charles-Quint sur lui-même : si elles existaient par écrit, elles ont disparu.

760. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

L’amour-propre, s’il est fin, change de ton et de voix ; il a des gémissements et des soupirs ; il se fait inquiet sur le sort de ses frères, sur le danger que courent des âmes fidèles et simples ; il faut, à tout prix, préserver les faibles : et l’amour-propre agit et s’en donne alors en toute sûreté de conscience et, comme on dit, à cœur joie : il accuse l’adversaire, il le dénonce, il le conspue, il le qualifie dans les termes les plus outrageux, les plus humiliants ; et comme il ne veut point cependant paraître, même à ses propres yeux, de l’amour-propre, il se retourne, quand il a fini, et se fait humble aussitôt ; il demande pardon à son semblable d’en avoir agi de la sorte : il n’a voulu que le toucher, le convertir ; on assure même qu’il est de force à lui proposer en secret (après l’avoir insulté en public) de lui donner le baiser de paix et de l’embrasser. […] Il s’agit de la marquise de Sablé elle-même et du jugement que j’ai porté sur elle : « M. 

761. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

On ne le prendrait pas de plus haut s’il s’agissait de la Déclaration des Droits de l’Homme. […] Elle est bien facile à appliquer présentement, cette doctrine : il s’agit d’aller à la Bibliothèque impériale où le manuscrit est déposé, de bien lire et de copier exactement. […] Une moins ingénue qu’elle aurait mieux trouvé en pareil cas et aurait agi plus humainement ; je n’ose dire, plus moralement.

762. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Lorsqu’il a eu à parler de Mme Roland, comme s’il s’agissait avant tout de la disculper et de la défendre, il a essayé de diminuer son rôle actif auprès de son mari et sa part virile d’influence : il s’est refusé également à admettre qu’il se fût logé dans ce cœur de femme aucun sentiment autre que le conjugal et le légitime, ni aucune passion romanesque : « Écoutez-les, disait-il hier encore, en s’adressant par la pensée aux différents historiens ses prédécesseurs et en les indiquant du geste tour à tour : ceux-là, soit admiration sincère pour le mérite de Mme Roland, soit désir de rabaisser celui des hommes qui l’entouraient, voient dans la femme du ministre la tête qui dirige et son mari et les législateurs qui le fréquentent, et répétant un mot célèbre : Mme Roland, disent-ils, est l’homme du parti de la Gironde ; — ceux-ci, habitués à se laisser aller à l’imagination du romancier ou du poète, transforment l’être qu’ils ont créé en nouvelle Armide, fascinant du charme de ses paroles ou de la douceur de son sourire ceux qu’elle réunit dans ses salons ou qu’elle convie à sa table ; — d’autres enfin, scrutateurs indiscrets de la vie privée, se placeront entre la jeune femme et son vieux mari, commenteront de cent façons un mot jeté au hasard par cette femme, chercheront à pénétrer jusqu’aux plus secrets sentiments de son âme, compteront les pulsations de son cœur agité, selon que telle ou telle image, tel ou tel souvenir l’impressionne, et montreront sous un voile transparent l’être vers lequel s’élancent sa pensée et ses soupirs ; car à leur roman il faut de l’amour. » Et il ajoute, plein de confiance dans le témoignage qu’il invoque : « Mme Roland a raconté elle-même avec une simplicité charmante ce qu’elle a pensé, ce qu’elle a senti, ce qu’elle a dit, ce qu’elle a fait. » Eh bien ! […] Un homme qui n’est pas suspect quand il s’agit de juger les femmes célèbres, qui ne les aimait ni savantes, ni politiques, ni philosophes, et qui n’a jamais pu pardonner à Mme de Staël une certaine affectation de sentimentalité et une teinte de métaphysique, Fontanes, ennemi d’ailleurs de la Révolution et des révolutionnaires, écrivait dans un journal, le Mémorial, à l’occasion d’une Histoire du Siège de Lyon qui venait de paraître (1797) : « L’auteur dévoile très bien les intrigues assez basses du ministre Roland qui réunissait à quelques connaissances un orgueil sans bornes et un pédantisme insupportable ; mais il paraît injuste envers Mme Roland. […] On y parvient pendant quelques pages ; il y a un tour, un procédé, une entorse vigoureuse de pensée qu’il s’agit de saisir ; mais, à la longue, cela devient bien lassant.

763. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

Quand il s’agissait des dépenses de sa maison, il lui arrivait de demander : « Combien cela a-t-il coûté ? […] On sait l’histoire : Mme de Mailly ne régnait plus alors, elle faisait déjà pénitence ; c’était sa sœur, Mme de Châteauroux, beauté altière, imposante et tendre, de celles qui sont faites pour un rôle historique, pour agir et dominer, c’était cette vaillante qui régnait véritablement sur Louis XV et qui tenait le gouvernail de ce triste cœur. […] Elle agit sur l’esprit du roi de manière à le rendre moins glacial et plus agréable à l’égard de la reine.

764. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Calonne, en assemblant les Notables et en se flattant de tirer d’eux l’abolition des privilèges, la proscription des abus et la règle dans les finances de l’État, procédait comme s’il ne s’était agi, en vérité, que de passer le rouleau sur un gazon ; il y fallait la sape et la charrue. […] Est-ce à dire qu’on ait de la répugnance à agir par l’étranger, à se servir de ces moyens extérieurs ? […] On veut agir, mais non comme il le voudrait et selon la devise : Tout par la France et rien qu’avec la France ; non en faisant de la Révolution et de la restauration même du pouvoir royal une vaste querelle domestique, patriotique, sans intervention d’aucun voisin : au contraire, on ne cesse d’avoir son arrière-pensée, on fait toujours entrer l’étranger, sa menace du moins et sa pression, pour une part essentielle dans les projets d’avenir.

765. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Pas le moins du monde ; il ne s’agissait, comme il ne s’agit encore ici, que d’une prise sérieuse en considération, d’un renouvellement d’étude, d’une révision attentive et courageuse ; je dis courageuse : il faut du courage en effet pour se remettre sans cesse à l’œuvre et pour contrôler ses premiers jugements, pour les réformer. […] Ce gouvernement de Saint-Ghislain était un poste de grande confiance, une guérite de sentinelle avancée : il ne s’agissait pas d’être un simple commandant de place ; il fallait avoir l’œil au vis-à-vis et s’opposer aux courses de la garnison de Mons qui était considérable, la tenir constamment en respect et en échec.

766. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre II. Les privilèges. »

. — Quant aux nobles, ne pouvant se réunir, avoir des représentants, agir par voie publique, ils ont agi par voie privée, auprès des ministres, des intendants, des subdélégués, des fermiers généraux et de toutes les personnes revêtues d’autorité ; on a pour leur qualité des égards, des ménagements, des complaisances. […] Il s’agit ici du clergé dit de France (116 diocèses).

767. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Il ne s’agit à l’ordinaire que d’un oui à faire dire : mais comment ce oui sortira-t-il ? […] Il ne s’agit plus de peindre la vie, mais de faire aimer la vertu et détester le vice. […] Or dans une société énervée par l’excès de l’exercice intellectuel et la pratique de la politesse, le plaisir est dans le sentiment ; on ne sait plus agir.

768. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Le père Monsabré »

Là, les individus sont plus effacés, évitent de se mettre en évidence : ils agissent sur les âmes par la direction privée plus que par la prédication publique ; ils trouvent leur plaisir dans le sentiment de l’immense force collective dont ils participent, à laquelle ils contribuent par leur obéissance même, plutôt que dans le libre gouvernement de leurs facultés en vue de l’intérêt divin. […] Car, s’il s’agit des dogmes et des mystères, on ne saurait croire au surnaturel pour des motifs rationnels : cela implique contradiction. Et s’il s’agit de la révélation considérée comme un fait historique, j’ai rencontré des ecclésiastiques qui reconnaissaient que pour un esprit muni de critique et non prévenu par la grâce, il peut y avoir, à la rigueur, autant de raisons de rejeter ce fait que de l’admettre.

769. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

Quand il naquit, le premier défrichement était fait, et il ne s’agissait plus que de moissonner et de recueillir. […] S’agit-il de juger ses compagnons et ses amis les poètes, Ronsard et les autres ? […] S’agit-il du mariage ?

770. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

Ce La Harpe du Lycée, dans les années 1786-87-88, et les services sans mélange qu’il rendit alors à la raison littéraire et à la culture publique, doivent être toujours présents à ceux qui le jugent, et arrêter les plaisanteries qu’il est trop aisé de répéter quand il s’agit de lui. […] La Harpe, comme tous les vrais critiques destinés à agir en leur temps, tels que Malherbe, Boileau, Samuel Johnson, a eu le courage de ses jugements, il en a eu l’intrépidité et jusqu’à la témérité imprudente, en face de la cohue des petits auteurs offensés. […] Il y a des régions pour les esprits et les talents : celle de La Harpe, c’était la région moyenne des esprits cultivés de son temps ; et c’est pour s’y être tenu et y avoir rassemblé toutes ses forces, qu’il a si utilement agi et si réellement influé autour de lui.

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