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957. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Première leçon »

(3) Dans l’état théologique, l’esprit humain, dirigeant essentiellement ses recherches vers la nature intime des êtres, les causes premières et finales de tous les effets qui le frappent, en un mot vers les connaissances absolues, se représente les phénomènes comme produits par l’action directe et continue d’agents surnaturels plus ou moins nombreux, dont l’intervention arbitraire explique toutes les anomalies apparentes de l’univers. […] (5) Enfin, dans l’état positif, l’esprit humain reconnaissant l’impossibilité d’obtenir des notions absolues, renonce à chercher l’origine et la destination de l’univers, et à connaître les causes intimes des phénomènes, pour s’attacher uniquement à découvrir, par l’usage bien combiné du raisonnement et de l’observation, leurs lois effectives, c’est-à-dire leurs relations invariables de succession et de similitude.

958. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Ils ont tort quand ils ne conviennent pas de la supériorité relative et absolue de notre siècle, dans tous les autres genres. […] Mais, ainsi que nous l’avons déjà montré, la France n’a plus besoin d’aller chercher des exemples hors de chez elle ; ses jeunes poètes, nourris des souvenirs de son passé, enrichis des trésors littéraires de ses voisins, et tout palpitants encore des événements extraordinaires qui ont remué le monde autour d’eux, ne se laisseront point intimider par tant d’obstacles, et la monarchie constitutionnelle aura son beau siècle comme la monarchie absolue.

959. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre V : Règles relatives à l’explication des faits sociaux »

Mais cette espèce de prépondérance que nous attribuons au milieu social et, plus particulièrement, au milieu humain n’implique pas qu’il faille y voir une sorte de fait ultime et absolu au-delà duquel il n’y ait pas lieu de remonter. […] D’ailleurs, la science ne connaît pas de causes premières, au sens absolu du mot.

960. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Première partie. De la parole et de la société » pp. 194-242

Sans doute je ne nie point à l’homme, d’une manière absolue, la faculté d’inventer l’écriture, quelle que soit d’ailleurs la difficulté d’une telle invention. […] Mais le langage existant une fois, n’importe de quelle manière, il est plus facile de comprendre comment l’homme a pu ensuite fixer la parole par l’écriture : les difficultés ne sont rien lorsque l’on parvient à écarter l’impossibilité absolue.

961. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — II. (Fin.) » pp. 330-342

J’aurai, parmi les catholiques, ceux qui aiment la France et l’honneur. » Givry entre sur cette conclusion, ajoute d’Aubigné, et avec son agréable façon prit la jambe du roi, et puis sa main, dit tout haut : « Je viens de voir la fleur de votre brave noblesse, Sire, qui réservent à pleurer leur roi mort quand ils l’auront vengé ; ils attendent avec impatience les commandements absolus du vivant : vous êtes le roi des braves, et ne serez abandonné que des poltrons. » Cette brusque arrivée et la nouvelle que les Suisses venaient prêter leur serment mirent fin aux fâcheuses paroles, et Henri IV, coupant court à ceux qui hésitaient, n’eut plus qu’à faire acte de roi de France.

962. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. Louis de Viel-Castel » pp. 355-368

Monsieur, comte d’Artois, qui avait précédé son frère, était à peine installé aux Tuileries, qu’il avait (indépendamment du ministère officiel, dès lors constitué) ses conseillers à part, son comité intime, sa police secrète : Il y avait donc, nous dit M. de Viel-Castel, deux gouvernements, l’un officiel, connu de tous, conduisant les affaires, composé en général d’hommes sages et expérimentés, mais pour qui le prince n’éprouvait ni confiance ni sympathie, bien qu’il les ménageât beaucoup ; l’autre, occulte, formé pour la plus grande partie de courtisans sans lumières et d’intrigants sans conscience, n’agissant qu’indirectement sur l’administration, mais surveillant et contrariant par des voies souterraines ceux qui en étaient chargés, se préoccupant beaucoup plus des personnes que des choses, et régnant d’une manière absolue sur l’esprit du lieutenant général.

963. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — I » pp. 93-106

Sans faire tous les métiers comme Gil Blas, il est bon de savoir ce que c’est qu’un métier, ne fût-ce que pour être plus indulgent au pauvre monde, au commun des honnêtes gens, et pour ne pas opposer trop souvent un veto absolu aux faits accomplis nécessaires.

964. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — II » pp. 261-274

On ne cesse d’opposer à toute réforme de l’orthographe le vers d’Horace sur l’usage, maître absolu et seul régulateur légitime du langage : « Quem penes arbitrium est… » Cela est vrai des mots mêmes qui sont mis en circulation plus que de la manière de les écrire.

965. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Chants du crépuscule (1835) »

Cette forme d’expression pour l’imagination et pour le sentiment, lorsqu’on la possède à un haut degré, est tellement supérieure, d’une supériorité absolue, à l’autre forme, à la prose ; elle est si capable d’immortaliser avec simplicité ce qu’elle enferme, de fixer en quelque sorte l’élancement de l’âme dans une attitude éternelle, qu’à chaque retour d’un grand et vrai talent poétique vers cet idiome natal il y a lieu à une attente empressée de toutes les âmes musicales et harmonieuses, à un joyeux éveil de la critique qui sent l’art, et peut-être, disons-le aussi, au petit dépit mal caché des gens d’esprit qui ne sont que cela.

966. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  premier article .  » pp. 326-341

Sans entrer dans un détail ici impossible, il semble qu’on revient aujourd’hui des deux côtés à une opinion moins absolue, à une sorte d’opinion moyenne dont M.

967. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

Dans les monarchies absolues, les grands crimes politiques ne peuvent être commis que par la volonté des rois ; et ces crimes, il n’est pas permis de les représenter devant leurs successeurs45.

968. (1861) Cours familier de littérature. XI « Atlas Dufour, publié par Armand Le Chevalier. » pp. 489-512

Voyez tout ce Péloponnèse italien livré par votre imprévoyance à son petit roi, votre favori du jour, maître absolu demain d’un empire presque égal au vôtre, incapable de protéger cette péninsule, ces îles, ces ports, ces mers contre les Germains ou contre les Anglais, mais assez puissant pour subir l’alliance obligée de vos ennemis naturels.

969. (1892) Boileau « Chapitre III. La critique de Boileau. La polémique des « Satires » » pp. 73-88

Il affirme la nécessité de tout soumettre au bon sens, au jugement, et il tire les règles absolues des genres des ouvrages des anciens.

970. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre I. Publicistes et orateurs »

Ce fut un superbe pamphlétaire, dont l’absolu désintéressement, l’humilité profonde, mirent à l’aise le tempérament ; écrivain puissant, nourri des grands maîtres, au commerce desquels il a développé son originalité, ayant une rare intelligence littéraire, il a écrit des pages qui vivront, par la vivacité mordante de l’esprit ou par l’éclat violent de la passion.

971. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

Il ne s’agit plus dès lors d’une souffrance ou d’une joie simplement anecdotiques, mais la phrase ainsi proférée garde intacte à jamais sa valeur absolue et générale, parce qu’elle a révélé non point le médiocre caprice sentimental d’un homme quelconque, mais l’ensemble même de l’univers prenant conscience de soi, en une brusque fulguration, dans cette pensée individuelle.

972. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IV. L’antinomie dans l’activité volontaire » pp. 89-108

L’individualisme aristocratique n’est pas une révolte absolue à l’égard de toute société.

973. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre II. La mesure du temps. »

Cela n’est pas tout à fait vrai, puisque la propagation de la lumière n’est pas instantanée ; si on voulait une exactitude absolue, il y aurait une correction à faire d’après une règle compliquée.

974. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre III : Sentiments et Volonté »

Ces associations varient d’ailleurs selon les pays, et n’ont rien d’absolu.

975. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Conclusion »

D’ailleurs, indépendance absolue dans les recherches et les vues d’ensemble.

976. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre I : Qu’est-ce qu’un fait social ? »

Il est vrai que ce mot de contrainte, par lequel nous les définissons, risque d’effaroucher les zélés partisans d’un individualisme absolu.

977. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VII. Les hommes partagés en deux classes, d’après la manière dont ils conçoivent que s’opère en eux le phénomène de la pensée » pp. 160-178

L’âge de l’établissement du christianisme fut pour le genre humain l’âge de l’émancipation morale, qui avait succédé à celui de l’empire absolu de l’imagination.

978. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le capitaine d’Arpentigny »

Mais affirmer que tel organe plutôt que tel autre donne la solution du problème et la donne intégrale, ainsi que Lavater et Gail l’ont affirmé, c’est là le système dans sa prétention absolue, qui veut être le dégagement d’une loi.

979. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Gaston Boissier » pp. 33-50

Les femmes, qui expriment mieux que les hommes l’imagination religieuse d’une race, les femmes, « très pieuses à leurs dieux » dans cette époque de dévotion universelle, allaient à Isis et à Cybèle sans cesser d’aller à Junon et à Diane, comme, plus tard, elles devaient aller à Jésus… Seulement, il ne faut pas oublier de marquer ce que l’auteur de La Religion romaine oublie : c’est qu’une fois à Jésus, elles ne revenaient pas à Junon et à Diane, et que Junon et Diane ne leur avaient jamais fait faire ce que le Christianisme, qu’on veut diminuer en l’expliquant, leur fit faire, en raison de deux choses que ne connaissaient pas ces misérables religions anciennes : l’absolu de son dogme et le péremptoire de sa loi.

980. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VIII. Du mysticisme et de Saint-Martin »

Il a raffiné sur ce qui n’admet pas de raffinement, c’est-à-dire sur la vérité du catholicisme qui est la vérité absolue, et il a été dans l’ordre des choses religieuses ce que furent les Précieuses dans l’ordre des choses littéraires.

981. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Monselet »

Semblable à tous les hommes qui ont l’ambition de leur talent, il a pu rencontrer, dans cette forêt de Bondy enchantée qu’on appelle la littérature, les trois charmantes fées dont tout écrivain, comme le chevalier du Tasse, doit vaincre les charmes : la Bêtise, l’Envie et la Fausse Amitié ; mais ce n’est pas là une raison pour élever son ressentiment jusqu’à la Critique elle-même, dans sa notion pure et absolue.

982. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Léon Gozlan » pp. 213-230

Enfin, pour résumer le tout, il est évident que si un seul homme pouvait réunir en lui ces trois sortes d’esprits différents qui, isolés, sont de si grandes forces, mais qui, réunis, seraient la plus grande force possible, cet homme aurait une supériorité aussi absolue qu’une supériorité peut l’être dans ce monde relatif.

983. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « L’Abbé Prévost et Alexandre Dumas fils » pp. 287-303

Et comme, depuis 1830, le matérialisme du xviiie  siècle, interrompu par le spiritualisme philosophique de la Restauration, trop vague pour lui résister, a repris la société moderne qu’il s’est définitivement asservie ; comme Sainte-Beuve, sceptique autant que Planche, lui a survécu et est devenu résolument matérialiste au déclin de sa vie, marquant en lui le progrès des esprits vers cette effroyable erreur absolue dans laquelle le monde presque tout entier verse en ce moment, le succès de Manon Lescaut devait grandir et a grandi.

984. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’architecture nouvelle »

L’absolue mesquinerie de notre esthétique provient de cette étrange opinion que l’art est une chose de luxe, alors que l’art est essentiellement vital, nécessaire à la vie, inséparable a elle.

985. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Flaubert. — Les phrases qui se démontent. — La recherche du style absolu. […] Albert de Woëll ne menace pas, — il se vengera ; et, comme il est de ces hommes extrêmes qui ne font rien à demi, sa vengeance sera absolue comme son amour. […] Car, il est bon de le redire, pour cet esprit absolu et dogmatique rien ne se sépare, tout se tient forcément ; c’est comme une chaîne, ou plutôt comme un chapelet dont tous les grains sont solidaires. […] Rien d’absolu ni d’immuable dans le domaine de l’Art. […] Indigence absolue de style et d’idées.

986. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Impossible de voir un contraste plus absolu. […] Un mot n’est rien d’absolu, c’est un phénomène historique, il est né, il vit, il mourra. […] Ce qu’il salue en lui avec une espèce d’adoration, c’est l’empire absolu de la conscience, rare parmi les hommes et presque introuvable chez les rois. […] C’est ainsi qu’ont été écrites les Maximes de La Rochefoucauld, et c’est ce qui en fait la solidité et le prix ; mais c’est en même temps ce qui permet quelquefois de les réduire à leur juste portée dans la prétention qu’elles affichent d’être des vérités universelles et absolues. […] Les lettres en parlent au moment où elle est mourante : « La personne que j’aime le plus au monde se débat depuis sept semaines dans les horreurs d’une affreuse agonie, et je suis dans l’absolue impossibilité d’aller auprès d’elle. » Morte, elle devint la Béatrice du poète.

987. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

L’exil est une nécessité absolue pour celui qui veut sentir la nature et comprendre l’art. […] La bonhomie de Daudet, la camaraderie des de Goncourt, devient chez lui négligence absolue. […] Flaubert écrit comme Homère : c’est un décalque absolu. […] Une indifférence esthétique absolue distingue Pierre Loti de l’école essentiellement amoureuse de la forme dont Flaubert a été le chef plus exigeant. […] La différence, d’ailleurs absolue, de leurs œuvres et de leur talent suffirait à rendre piquant l’éloge que l’auteur de Pêcheur d’Islande a prononcé ces jours derniers.

988. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Bien entendu, il ne s’agit ici ni d’une théorie absolue, ni d’une démonstration didactique. […]   Dans tout cela, rien d’absolu. […] Au reste, ici encore, rien d’absolu. […] C’est s’exprimer d’une manière trop absolue ; c’est prendre l’exception pour la règle. […] J’étais le maître absolu de ma vieille robe de chambre ; je suis devenu l’esclave de la nouvelle.

989. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Jean Lahor, esprit distingué et cultivé, curieux, comme le prouve son Histoire de la littérature hindoue, n’a pas le sens absolu de l’écriture, soit en prose, soit en vers. […] Voyez le commencement de Persée et Andromède, la cérémonie de Lohengrin, les monologues d’Hamlet, et le chant à l’Inconscient, les conseils de Salomé, et pensez que le maître alors qui dominait toute prose était Flaubert, et qu’il fallait chercher, chacun de son côté, une formule qui n’eût pas cette implacable beauté, et cette trop résistante certitude, cet absolu de netteté incommode pour exprimer les nouvelles idées complexes dont c’était l’heure de naître à la littérature. […] Efflux et assises de la nécessité divine, les anges ne sont, en substance, que dans la libre sublimité des cieux absolus, où la réalité s’unifie avec l’Idéal. […] Il semble que si les poètes mettent grand souci à conter les villes et les campagnes d’autour de leurs berceaux, c’est qu’il est temps d’enclore d’un dernier regard des choses qui vont disparaître ; la campagne natale leur apparaît avec cette absolue netteté que prennent les êtres et les décors à l’heure d’un peu avant le crépuscule. […] Ils admiraient la beauté verbale de ses poèmes et sa didactique lorsqu’il esthétisait, et son exégèse du beau difficile, du rare, de l’absolu.

990. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Ce terme limité, que l’on veut leur prescrire, Accroît leur violence, en bornant leur empire10… Porus est de l’école des héros de Corneille ; il en a la grandeur et le langage ; et dans ses invectives contre Alexandre, il en imite le sublime et la subtilité : Quelle étrange valeur, qui, ne cherchant qu’à nuire, Embrase tout sitôt qu’elle commence à luire : Qui n’a que son orgueil pour règle et pour raison ; Qui veut que l’univers ne soit qu’une prison, Et que maître absolu de tous tant que nous sommes, Ses esclaves en nombre égalent tous les hommes ! […] Le plus difficile dans la peinture de l’amour au théâtre, c’est de le montrer chez tous les personnages qui aiment, absolu et parfait, et d’en varier l’expression selon les situations et les caractères. […] Ce qu’il a écrit là-dessus ressemble fort à une discussion théologique, où un casuiste essaye de concilier avec un dogme absolu des faits qui le contrarient.

991. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

D’après Le Figaro : « C’est une réunion de paradoxes vieillots, si ennuyeux que tout le monde a pris son chapeau » ; d’après La Liberté : « une bouffonnerie à l’esprit de 100 kilos » ; d’après La Libre Parole : « un radotage pénible de vieillard » ; d’après Le National, par la voix du sévère Stoullig : « C’est la prétention dans l’ineptie, la nullité dans l’incohérence, l’absence absolue de toute fantaisie. » Vendredi 20 janvier En lisant le Roman bourgeois de Furetière, je suis étonné de l’originalité de sa définition du roman : « Le roman n’est rien qu’une poésie en prose. […] » Vendredi 17 février Dire — c’est indéniable — que pendant près de vingt ans, les trois maîtres absolus de la France ont été Reinach, Cornélius Hertz, Arton, et que la France, éclairée sur ces trois personnages, garde pour se gouverner, le personnel de leurs administrations, de leurs bureaux ! […] Il m’apprenait que l’affirmation absolue chez les Japonais, leur paraît une impolitesse, qu’ils éludent autant qu’ils le peuvent le oui et le non, en sorte que si vous demandez à un Japonais votre chemin, ou n’importe quoi, s’il ne vous répond pas, c’est qu’il ne trouve pas un faux-fuyant, pour échapper à l’affirmation.

992. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XI : Distribution géographique »

Cette conséquence est probablement trop absolue, du moins quant à la création séparée et indépendante des formes présentant entre elles des différences de valeur spécifique. […] Car le principe de divergence n’a guère une valeur absolue qu’entre des formes en concurrence dans la même région. […] Dans l’hypothèse de l’invariabilité absolue des espèces et de leur création indépendante, renouvelée à chaque époque géologique successive, ces difficultés sont très nombreuses.

993. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre II. De la reconnaissance des images. La mémoire et le cerveau »

Rien de tout cela n’eût été possible s’il y avait eu cécité psychique au sens absolu du mot. […] Tantôt on confère à l’esprit une autonomie absolue ; on lui prête le pouvoir de travailler sur les objets présents ou absents comme il lui plaît ; et l’on ne comprend plus alors les troubles profonds de l’attention et de la mémoire qui peuvent suivre la moindre perturbation de l’équilibre sensori-moteur. […] D’autre part, dans des cas où la parole spontanée est intacte, mais où la surdité verbale est absolue, le malade ne comprenant plus rien de ce qu’on lui dit, la faculté de répéter la parole d’autrui peut encore être entièrement conservée 45.

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