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436. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Il est établi de rendre, deux fois l’an, à ses ancêtres & à Confucius, le tribut d’honneur qu’on croit leur devoir. […] On établit une comité de ministres pour faire un désaveu public des sentimens étranges qu’on prêtoit à leur corps. […] Il avoit établi un mont de piété, où l’on prêtoit de l’argent sur des gages. […] Dans cette idée, il établit l’Académie Françoise : il prescrivit lui-même le genre de travail auquel il lui paroissoit-le plus utile qu’elle s’appliquât. […] Les capucins étoient établis à Pondichery avant les jésuites.

437. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Angellier, Auguste (1848-1911) »

Angellier est né dans la ville qui a produit Sainte-Beuve : Boulogne-sur-Mer, cité curieuse et diverse qui établit une transition et un lien entre la France et l’Angleterre… Il y a, en Sainte-Beuve, à le bien chercher, un cottage environné de roses de mer.

438. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre premier. La question de fait et la question de goût » pp. 30-31

On peut se borner à constater certains des caractères qu’elle présente et à les établir de façon à défier toute contradiction.

439. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XV. Du Purgatoire. »

Le rapport à établir entre le châtiment et l’offense peut produire ensuite dans le purgatoire tous les charmes du sentiment.

440. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

Quand on a établi la filiation des dogmes, ou la classification des poëmes, ou le progrès des constitutions, ou la transformation des idiomes, on n’a fait que déblayer le terrain ; la véritable histoire s’élève seulement quand l’historien commence à démêler, à travers la distance des temps, l’homme vivant, agissant, doué de passions, muni d’habitudes, avec sa voix et sa physionomie, avec ses gestes et ses habits, distinct et complet comme celui que tout à l’heure nous avons quitté dans la rue. […] Il y a là une force distincte, si distincte qu’à travers les énormes déviations que les deux autres moteurs lui impriment, on la reconnaît encore, et qu’une race, comme l’ancien peuple aryen, éparse depuis le Gange jusqu’aux Hébrides, établie sous tous les climats, échelonnée à tous les degrés de la civilisation, transformée par trente siècles de révolutions, manifeste pourtant dans ses langues, dans ses religions, dans ses littératures et dans ses philosophies, la communauté de sang et d’esprit qui relie encore aujourd’hui tous ses rejetons. […] Quoique nous ne puissions suivre qu’obscurément l’histoire des peuples aryens depuis leur patrie commune jusqu’à leurs patries définitives, nous pouvons affirmer cependant que la profonde différence qui se montre entre les races germaniques d’une part et les races helléniques et latines de l’autre, provient en grande partie de la différence des contrées où elles se sont établies, les unes dans les pays froids et humides, au fond d’âpres forêts marécageuses ou sur les bords d’un océan sauvage, enfermées dans les sensations mélancoliques ou violentes, inclinées vers l’ivrognerie et la grosse nourriture, tournées vers la vie militante et carnassière ; les autres au contraire au milieu des plus beaux paysages, au bord d’une mer éclatante et riante, invitées à la navigation et au commerce, exemptes des besoins grossiers de l’estomac, dirigées dès l’abord vers les habitudes sociales, vers l’organisation politique, vers les sentiments et les facultés qui développent l’art de parler, le talent de jouir, l’invention des sciences, des lettres et des arts. —  Tantôt les circonstances politiques ont travaillé, comme dans les deux civilisations italiennes : la première tournée tout entière vers l’action, la conquête, le gouvernement et la législation, par la situation primitive d’une cité de refuge, d’un emporium de frontière, et d’une aristocratie armée qui, important et enrégimentant sous elle les étrangers et les vaincus, mettait debout deux corps hostiles l’un en face de l’autre, et ne trouvait de débouché à ses embarras intérieurs et à ses instincts rapaces que dans la guerre systématique ; la seconde exclue de l’unité et de la grande ambition politique par la permanence de sa forme municipale, par la situation cosmopolite de son pape et par l’intervention militaire des nations voisines, reportée tout entière, sur la pente de son magnifique et harmonieux génie, vers le culte de la volupté et de la beauté. —  Tantôt enfin les conditions sociales ont imprimé leur marque, comme il y a dix-huit siècles par le christianisme, et vingt-cinq siècles par le bouddhisme, lorsque autour de la Méditerranée comme dans l’Hindoustan, les suites extrêmes de la conquête et de l’organisation aryenne amenèrent l’oppression intolérable, l’écrasement de l’individu, le désespoir complet, la malédiction jetée sur le monde, avec le développement de la métaphysique et du rêve, et que l’homme dans ce cachot de misères, sentant son cœur se fondre, conçut l’abnégation, la charité, l’amour tendre, la douceur, l’humilité, la fraternité humaine, là-bas dans l’idée du néant universel, ici sous la paternité de Dieu. —  Que l’on regarde autour de soi les instincts régulateurs et les facultés implantées dans une race, bref le tour d’esprit d’après lequel aujourd’hui elle pense et elle agit ; on y découvrira le plus souvent l’œuvre de quelqu’une de ces situations prolongées, de ces circonstances enveloppantes, de ces persistantes et gigantesques pressions exercées sur un amas d’hommes qui, un à un, et tous ensemble, de génération en génération, n’ont pas cessé d’être ployés et façonnés par leur effort : en Espagne, une croisade de huit siècles contre les Musulmans, prolongée encore au-delà et jusqu’à l’épuisement de la nation par l’expulsion des Maures, par la spoliation des juifs, par l’établissement de l’inquisition, par les guerres catholiques ; en Angleterre, un établissement politique de huit siècles qui maintient l’homme debout et respectueux, dans l’indépendance et l’obéissance, et l’accoutume à lutter en corps sous l’autorité de la loi ; en France, une organisation latine qui, imposée d’abord à des barbares dociles, puis brisée dans la démolition universelle, se reforme d’elle-même sous la conspiration latente de l’instinct national, se développe sous des rois héréditaires, et finit par une sorte de république égalitaire, centralisée, administrative, sous des dynasties exposées à des révolutions. […] Si enfin le sentiment d’obéissance a pour racine l’instinct de subordination et l’idée du devoir, vous apercevrez comme dans les nations germaniques la sécurité et le bonheur du ménage, la solide assiette de la vie domestique, le développement tardif et incomplet de la vie mondaine, la déférence innée pour les dignités établies, la superstition du passé, le maintien des inégalités sociales, le respect naturel et habituel de la loi.

441. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — II » pp. 161-173

Je voudrais bien établir et déterminer en traits précis cette figure sympathique du jeune général, sans lui faire tort et sans la surfaire. […] je ne suis jaloux que des suffrages des Français qui n’en adoptent aucun, qui aiment la gloire de leur pays et la prospérité d’un gouvernement établi, ne ressemblant ni à la royauté ni à l’anarchie, qui enfin n’ont aucune pensée, royaliste ou jacobine.

442. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre III. L’écrivain »

Ils les établissent pour autrui, non pour eux-mêmes. […] La Fontaine n’essaye pas d’y fronder la morale, mais d’en établir une.

443. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IV. L’antinomie dans l’activité volontaire » pp. 89-108

Aussi bien, pour établir des rangs entre les hommes au point de vue de l’originalité féconde, est-il nécessaire de faire appel à des considérations sociales. […] « À part les doctrines particulières des penseurs (Comte) qui visent à établir un despotisme de la société sur l’individu, il y a aussi dans le monde une forte et croissante inclination à étendre d’une manière outrée le pouvoir de la société sur l’individu et par la force de l’opinion, et par celle de la législation.

444. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

Convaincus que rien n’arrive sans raison d’être, nous ne sommes pas satisfaits, quand nous avons établi la réalité et même l’importance relative de certains phénomènes ; nous nous demandons forcément de quelles causes inconnues ils sont le produit. […] Si l’on ne fait aucune nouvelle conquête sur l’inconnu, on organise du moins son savoir ; on opère des groupements qui clarifient et simplifient la réalité ; on établit un lien entre des phénomènes d’apparence disparate ; on découvre les trois ou quatre forces internes dont l’œuvre étudiée n’est que la projection extérieure ; on peut en mesurer approximativement la puissance proportionnelle, on arrive à renfermer dans une formule plus ou moins complexe la constitution mentale d’un individu Cette nouvelle synthèse, à laquelle une méthode rigoureuse donnera une précision croissante, n’est certes pas à dédaigner.

445. (1904) La foi nouvelle du poète et sa doctrine. L’intégralisme (manifeste de la Revue bleue) pp. 83-87

Et n’établit-elle pas ainsi la norme même du rêve, rapport mystérieux entre ce qui est nous et ce qui est tout, entre la vie individuelle et la vie universelle ? […] L’homme a établi des sciences partielles, physiques, naturelles, morales, sociales, etc., etc.

446. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre IV. Littérature dramatique » pp. 202-220

Durant les deux siècles qui dominent notre littérature et la littérature de l’Europe la supériorité française s’établit au théâtre par la comédie de mœurs et la tragédie. […] François de Curel, c’est que sa réputation est trop justement établie pour qu’il soit nécessaire d’y revenir.

447. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre I : Qu’est-ce qu’un fait social ? »

La généralité combinée avec l’objectivité peuvent alors être plus faciles à établir. […] Cette parenté étroite de la vie et de la structure, de l’organe et de la fonction peut être facilement établie en sociologie parce que, entre ces deux termes extrêmes, il existe toute une série d’intermédiaires immédiatement observables et qui montre le lien entre eux.

448. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre IV : Règles relatives à la constitution des types sociaux »

Ainsi, une fois la classification établie sur ce principe, pour savoir si un fait est général dans une espèce, il ne sera pas nécessaire d’avoir observé toutes les sociétés de cette espèce ; quelques-unes suffiront. […] III Ces règles répondent implicitement à une question que le lecteur s’est peut-être posée en nous voyant parler d’espèces sociales comme s’il y en avait, sans en avoir directement établi l’existence.

449. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gasparin » pp. 100-116

— c’est de fonder une Église, c’est d’établir une autorité extérieure après avoir reconnu l’intérieure, c’est d’avoir un symbole, des sacrements, une hiérarchie, un culte, une discipline, enfin tout cet ensemble de choses nécessaires vers lequel toute idée religieuse — d’où qu’elle vienne !  […] Il n’y a aucun rapport à établir entre les sermonnaires et les conférenciers et les faiseurs de Cours.

450. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Gustave Flaubert » pp. 61-75

Flaubert a établi sa madame Bovary dans une bourgade de Normandie, au beau milieu d’une société de petit endroit, composée du pharmacien, du curé, du notaire et du receveur des contributions, et il a bâti sous ses yeux, dans la perspective, le château voisin de toute bourgade, où expirent présentement les vieilles races dans le dernier lambeau de fortune qu’elles ont sauvé des révolutions. […] L’intimité de l’adultère s’établit et se développe avec toutes ses dépravations, fatigant l’homme rassasié après quelques ivresses, et exaltant la femme davantage.

451. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Conclusion »

Nous dirons que la psychologie actuelle nous a paru surtout préoccupée d’établir que nous apercevons les choses à travers certaines formes, empruntées à notre constitution propre. […] Ainsi la distinction même qu’il établit entre l’espace et le temps revient, au fond, à confondre le temps avec l’espace, et la représentation symbolique du moi avec le moi lui-même.

452. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 5-9

Lacombe auroit pu rendre des services plus réels aux Lettres, en usant avec plus de fermeté de la surintendance qu’il s’étoit établie sur un grand nombre de nos Journalistes ; car il a su soumettre au joug de sa presse, non seulement tous les petits Journaux, mais encore le Mercure.

453. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 343-347

Un Esprit aisé, profond, indépendant ; une imagination féconde, forte, hardie, & presque toujours agréable ; un langage familier, naïf, quelquefois énergique ; une érudition vaste, choisie, & le talent assez rare de s’en parer à propos, auront toujours des charmes propres à établir la réputation d’un Auteur, & le pouvoir de soutenir son Ouvrage contre l’inconstance des temps, malgré les défauts multipliés qu’on y remarque.

454. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XII. Des livres de jurisprudence » pp. 320-324

Ce Prince a disposé le droit romain dans un ordre naturel, a retranché les loix étrangeres, & a établi pour ses Sujets un droit certain & universel.

455. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

— Il est donc indispensable que j’établisse devant vous quelques faits généraux antérieurs, que j’expose l’état des choses, et comment le français d’alors était né, — un français intermédiaire et qui n’est pas encore tout à fait le nôtre, mais qui y mène par une route et une pente désormais ininterrompues. […] Ampère, mais plus hardis ou plus affermis que ces derniers, parce qu’ils venaient plus tard et sur un terrain mieux préparé, ont commencé à reconnaître et à établir assez positivement des lois. […] Ampère pour avoir tenté de reconnaître et d’établir des règles de syntaxe qui eussent tiré la vieille langue de cette condition irrégulière propre aux patois. […] Littré, non pas que je veuille attribuer tout l’honneur ou même le principal honneur (jusqu’ici) à ce savant aussi équitable qu’éminent, qui, intervenu depuis une dizaine d’années seulement dans ces questions, repousserait un éloge excessif, mais parce qu’on lui doit d’avoir enfin un pont régulier établi entre la philologie d’outre-Rhin s’appliquant aux langues romanes et la pratique française. […] Alterius sic Altera poscit opem res, et conjurat amice Il ne me reste plus qu’à mentionner un livre tout récent, produit direct de l’érudition française, celui de M. de Chevallet, qui, reprenant la question au point où l’avait laissée Fallot, l’a traitée avec une méthode tout expérimentale, n’a épargné ni recherches ni comparaisons de toutes sortes, pour discerner les éléments du vieux français, élément latin, celtique, germanique, pour en établir le compte autant que possible et en fixer les proportions, pour faire l’histoire et dresser comme l’état civil des mots provenant des trois races ; et l’auteur s’y est consacré avec une telle ardeur, il s’est tellement prodigué de sa personne dans des voyages et des séjours en divers pays, partout où il espérait recueillir des vestiges utiles, qu’il s’y est à la lettre consumé : la mort l’a saisi comme Fallot à la fleur de l’âge, mais du moins après qu’il avait pu voir ce premier et considérable résultat de son effort conduit à bonne fin et couronné.

456. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

La théorie générale des mythologies, telle que Heyne, Niebuhr, Ottfried Müller, Bauer, Strauss l’ont établie, se rattache au même ordre de recherches et suppose le même principe. […] L’étude comparée des religions, quand elle sera définitivement établie sur la base solide de la critique, formera le plus beau chapitre de l’histoire de l’esprit humain, entre l’histoire des mythologies et l’histoire des philosophies. […] Le premier pas dans l’étude comparée des religions sera, ce me semble, d’établir deux classes bien distinctes parmi ces curieux produits de l’esprit humain : religions organisées, ayant des livres sacrés, des dogmes précis ; religions non organisées, n’ayant ni livres sacrés, ni dogmes, n’étant que des formes plus ou moins pures du culte de la nature et ne se posant en aucune façon comme des révélations. […] Ainsi, de ce que l’histoire la plus ancienne de l’histoire des juifs établis en Palestine n’offre aucune trace de l’accomplissement des prescriptions mosaïques, la critique rationaliste en conclut que ces prescriptions n’existaient point encore. […] L’islamisme ne se fortifia qu’un ou deux siècles après la mort du prophète, et depuis il est toujours allé se consolidant par la force du dogme établi.

457. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Il les condamna d’avoir voulu établir, dans le poëme épique, une règle de moralité que les anciens n’avoient point connue. […] Toutes les loix, tous les préceptes qu’ils établirent sur l’épopée, sont quelquefois plus capables d’égarer que de conduire. […] Cette idée des destins qui établissent l’empire d’Auguste, & la gloire de Rome, n’est due qu’à lui ; celle des vaisseaux changés en nymphes ne fait aucun tort à son imagination toujours belle, toujours sage. […] Elle se moque d’un héros qui s’occupe d’amour, lorsqu’il devroit avoir la tête remplie des grandes vues que les dieux ont sur lui ; qui, dans le temps que la reconnoissance vouloit qu’il s’attachât à Carthage, prétexte leurs ordres pour aller s’établir dans tel coin de la terre plutôt que dans tel autre, & trahit une reine qui s’est livrée à lui, & l’a comblé de biens pour devenir le ravisseur d’une femme promise à un autre prince. […] Qu’ils sont bien établis & bien soutenus !

458. (1926) L’esprit contre la raison

Les morceaux rescapés figurent dans La Défense de l’infini, texte établi, présenté et annoté par Daniel Bougnoux dans les Oeuvres romanesques complètes, t.  […] S’il oppose, comme Breton dans le Manifeste du surréalisme, « le drapeau de l’imagination » à la raison et au règne de la logique, il s’en sert plus spécifiquement pour redéfinir le partage entre « esprit » et « raison », l’imagination relevant non moins que la raison du fonctionnement de l’esprit ; il apparaît ainsi plus solidement établi que l’esprit ne peut être assimilé à la seule logique rationnelle, ni laissé sans partage à M.  […] Manifeste du Surréalisme, (éditions du Sagittaire, Simon Kra, 1924), édition établie par Marguerite Bonnet et alii, Œuvres complètes, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1989, t.  […] O.C. t. 2, édition établie par Marguerite Bonnet et alii, Gallimard, 1992, p. 290. […] Ducasse, Poésies II, édition établie par J-L Steinmetz, Garnier-Flammarion, p. 356.

459. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre III. De la survivance des images. La mémoire et l’esprit »

Mais l’illusion qui consiste à n’établir entre le souvenir et la perception qu’une différence de degré est plus qu’une simple conséquence de l’associationnisme, plus qu’un accident dans l’histoire de la philosophie. […] Mais notre entendement, qui a pour fonction d’établir des distinctions tranchées, ne comprend point ainsi les choses. […] Si éloignés qu’on suppose donc les deux termes A et B l’un de l’autre, il pourra toujours s’établir entre eux un rapport de contiguïté si le terme intercalaire A′ entretient avec A une ressemblance suffisamment lointaine. […] Même si l’on n’accepte pas cette hypothèse (confirmée pourtant par de curieuses expériences), il faudra bien supposer pendant le sommeil profond une interruption au moins fonctionnelle de la relation établie dans le système nerveux entre l’excitation et la réaction motrice. […] N’est-il pas vraisemblable, dès lors, que la rupture de l’équilibre mental dans l’aliénation tient tout simplement à une perturbation des relations sensori-motrices établies dans l’organisme ?

460. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

L’orgueil du sang établit entre les Anglais des diverses classes une franc-maçonnerie occulte qui se traduit par une solidarité étroite et forte. […] Leur architecture n’est pas établie sur des principes esthétiques : elle est déterminée par les nécessités de la vie. […] En outre, les institutions établies ont pour un peuple pratique comme le peuple anglais un avantage inappréciable ; elles donnent à l’homme la mesure du devoir qu’il doit accomplir et les instruments nécessaires pour l’accomplir. […] De telles choses ne sont pas à craindre avec un épiscopat et un credo établi, les moyens et les buts d’activité abondent alors : missions, prédications, culte, enseignement, l’individu n’a que l’embarras du choix. […] Le parallélisme est si évident qu’il s’établit comme de lui-même, sans demander aucun effort au commentateur.

461. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Il appuyait sa foi sur une suite régulière de discussions historiques905 ; il établissait l’existence de Dieu par une suite régulière d’inductions morales ; la démonstration minutieuse et solide était partout le guide et l’auteur de ses croyances et de ses émotions. […] Il conçoit la règle et discipline sa conduite ; il s’écarte de la vie excessive et s’établit dans la vie sensée ; il fuit la vie corporelle et prescrit la vie morale. […] Elle suit terre à terre la religion positive924 : quel appui pour elle que l’autorité d’une tradition ancienne, d’une institution nationale, d’un clergé établi, de cérémonies visibles, d’habitudes journalières ! […] Ils ont toujours en main leur manuel de poésie : si vous êtes conforme au patron établi, vous avez du génie ; sinon, non. Addison, pour louer Milton, établit que, selon la règle du poëme épique, l’action du Paradis est une, complète et grande ; que les caractères y sont variés et d’un intérêt universel, que les sentiments y sont naturels, appropriés et élevés ; que le style y est clair, diversifié et sublime : maintenant, vous pouvez admirer Milton ; il a un certificat d’Aristote.

462. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

II « Madame Vauquer, née de Conflans, est une vieille femme qui, depuis quarante ans, tient à Paris une pension bourgeoise établie rue Neuve-Sainte-Geneviève, entre le quartier latin et le faubourg Saint-Marceau. […] Il s’était établi rue de la Jussienne, près de la Halle-aux-Blés, et avait eu le gros bon sens d’accepter la présidence de sa section, afin de faire protéger son commerce par les personnages les plus influents de cette dangereuse époque. […] Après avoir subi pendant cinq ans leurs instances, il consentit à se retirer avec le produit de son fonds, et les bénéfices de ces dernières années ; capital que Mme Vauquer, chez laquelle il était venu s’établir, avait estimé rapporter de huit à dix mille livres de rente. […] Le comte est venu s’établir sur ce domaine au retour de l’émigration. […] En venant m’établir ici, l’année dernière, je suis allé leur faire une visite de politesse ; ils me l’ont rendue et nous ont invités à dîner ; l’hiver nous a séparés pour quelques mois ; puis les événements politiques ont retardé notre retour, car je ne suis à Frapesle que depuis peu de temps.

463. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XI : Distribution géographique »

Conséquemment leurs relations mutuelles n’en auront pas été troublées ; et, d’après les principes établis dans cet ouvrage, elles n’auront pas dû être sujettes à de grandes modifications. […] À mesure que ces plantes et ces animaux émigrèrent vers le sud, ils durent se mélanger en Amérique avec les productions américaines indigènes, et en Europe avec les espèces européennes ; de sorte qu’une vive concurrence dut s’établir entre les anciens habitants de ces deux grandes régions et les nouveaux immigrants. […] Le docteur Hooker a établi dernièrement que plusieurs des plantes qui croissent dans la région supérieure de l’île montagneuse et élevée de Fernando-Po, dans le golfe de Guinée, sont en relations étroites, non seulement avec celles qui vivent sur les montagnes d’Abyssinie, de l’autre côté du continent africain, mais encore avec les plantes de l’Europe tempérée. […] Bates, qui a étudié avec tant de soins la faune entomologique de la région Guyano-Amazonienne, s’est élevé récemment avec force contre toute supposition d’un refroidissement récent du climat de ces contrées ; car il établit qu’elle abonde en formes toutes spéciales de Lépidoptères autochtones, fait qui paraît contraire à la supposition que les régions voisines de l’équateur aient souffert récemment beaucoup d’extinctions d’espèces. […] Quoique nous ayons des preuves géologiques que tout l’ensemble des coquillages arctiques n’ont supporté presque aucune modification pendant leur longue migration vers le sud et leur retour vers le nord, il peut en avoir été tout autrement des formes qui s’établirent, soit sur les montagnes intertropicales, soit dans l’hémisphère méridional.

464. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIII : Affinités mutuelles des êtres organisés »

J’ai, de plus, établi que les descendants variables de chaque espèce ont une tendance constante à diverger de caractère par suite de la concurrence qu’ils se font les uns aux autres pour s’emparer d’autant de stations différentes qu’il leur est possible dans l’économie naturelle. […] Nul ne contestera que la dent rudimentaire de la mâchoire supérieure des jeunes Ruminants, et certains os rudimentaires de leurs jambes, ne soient de la plus grande utilité, en ce qu’ils établissent une étroite affinité entre les Ruminants et les Pachydermes. […] Nous n’avons aucun registre généalogique, nous ne pouvons établir la communauté d’origine qu’à l’aide des ressemblances de toutes sortes que nous constatons : c’est pourquoi nous préférons nous fier à ceux d’entre les caractères organiques qui, autant que nous en pouvons juger, semblent devoir s’être le moins modifiés sous l’influence directe des conditions de vie auxquelles chaque espèce s’est récemment trouvée exposée. […] La ressemblance du Lévrier et du Cheval de course est à peine plus étrange que les analogies établies par quelques auteurs entre des animaux très distincts. […] Comme il est très difficile d’établir la consanguinité entre les diverses branches de quelques familles nobles très anciennes, même à l’aide de leur arbre généalogique, et qu’il est presque impossible d’y réussir sans un pareil secours, on peut concevoir la difficulté invincible que les naturalistes ont dû rencontrer quand ils ont voulu représenter, sans l’aide de figures, les affinités diverses qu’ils aperçoivent entre les nombreux membres éteints ou vivants d’une même grande classe naturelle.

465. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 234-238

On conviendra volontiers qu’en se garantissant du Pyrrhonisme qu’il affecte & veut établir sur toutes les questions, il auroit pu passer pour un Génie rare, & se rendre très-utile dans le développement des connoissances humaines.

466. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Préface »

Dans l’un, nous exposons les principes de la philosophie spiritualiste de notre siècle ; nous avons essayé d’établir en quoi elle se distingue du spiritualisme scolastique ou du spiritualisme cartésien, et aussi comment elle peut être susceptible de développement et de progrès sans contradiction.

467. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre premier. Les fonctions des centres nerveux » pp. 239-315

D’autre part, la physiologie établit que dans le reste du système nerveux la substance blanche est simplement conductrice131. […] D’abord133 « il est facile d’établir par des exemples que, en l’absence pour ainsi dire complète d’un hémisphère cérébral, l’homme peut encore jouir de toutes ses facultés intellectuelles et même de tous ses sens externes… Tel était le cas d’un nommé Vacquerie, en 1821. […] Il faut attendre qu’elle soit faite et stable : la psychologie ne devra se loger sur ce terrain physiologique que lorsque la physiologie y aura bâti. — Néanmoins les jalons que nous avons posés suffisent pour marquer les lignes principales, et la correspondance établie ci-dessus entre l’action nerveuse et l’action mentale nous permet de conduire l’analyse au-delà des notions que le microscope nous fournit. […] Par suite, pour établir la communication entre un appareil si composé et les appareils analogues placés au-dessous et au-dessus de lui, il faut, non pas une ligne unique de nerfs et de cellules, comme dans le type réduit, mais des milliers et des myriades de cellules et de nerfs. […] En cela consiste le mécanisme physiologique de l’association mentale : évidemment, il est le même pour un courant simple et pour un courant compliqué, entre deux cellules et entre deux groupes plus ou moins nombreux de cellules ; quels que soient les groupes mentaux associés, si divers et si multipliés que soient leurs éléments, c’est toujours ainsi que leur association s’établit.

468. (1908) Après le naturalisme

Il en résulte que ce cadre mal fait ne peut convenir, même en l’élargissant, aux espèces pour lesquelles il n’a pas été établi. […] Un équilibre s’établit grâce auquel l’existence lui devient moins précaire, et c’est un être défini qui se forme. […] Au surplus, il y sera beaucoup aidé ; rien à la surface de la terre ne restant ignoré, grâce aux communications établies partout et devenues presque instantanées. […] Ainsi s’est établie à l’âge métaphysique une vaste encyclopédie de la soi-disant connaissance, produit intégral de notre imagination et qui ne correspond à aucun fait. […] Le suffrage universel partout où on l’établit fonctionne sans indépendance, sans honnêteté et cela parce que le peuple est incapable de se conduire lui-même, quoi qu’il en dise.

469. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Disons-le, puisque nous avons la certitude que ces lignes ne seront lues que par des personnes intelligentes : un gouvernement qui aura pour unique désir de s’établir en France et de s’y éterniser aura désormais, je le crains, une voie bien simple à suivre : imiter le programme de Napoléon III, moins la guerre. […] Nos anciens théoriciens de la monarchie conviennent que la légitimité des dynasties s’établit à certains moments solennels, où il s’agit avant tout de tirer la nation de l’anarchie et de remplacer un titre dynastique périmé. […] Une nation qui ne colonise pas est irrévocablement vouée au socialisme, à la guerre du riche et du pauvre, la conquête d’un pays de race inférieure par une race supérieure, qui s’y établit pour le gouverner, n’a rien de choquant. […] Les Normands ont été en Europe les créateurs de la propriété ; car, le lendemain du jour où ces bandits eurent des terres, ils s’établirent pour eux et pour tous les gens de leur domaine un ordre social et une sécurité qu’on n’avait pas vus jusque-là. […] Il faut créer en France cinq ou six universités, indépendantes les unes des autres, indépendantes des villes où elles seront établies, indépendantes du clergé.

470. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Alors il se répand sur le bonheur de sa vie dans le pavillon, où il vient de s’établir à Versailles, sur cette séparation qui se fait entre le monsieur en vareuse bleue de là-bas et le monsieur habillé de Paris, sur la satisfaction de ne plus être sous le coup d’une visite imprévue…. […] * * * Maintenant Audiger établit la dépense, à laquelle peut revenir la table du seigneur, à douze couverts par jour, soir et matin. […] * * * Enfin Audiger établit le budget d’un homme de qualité qui vit à l’auberge, paye la nourriture de ses gens, et se sert d’un carrosse de remise. […] Et quand il est établi, que la qualité de ces peintures, est d’être surtout une reconstitution, il y a ceux qui prétendent, que l’histoire du Christ doit être traitée légendairement, sans s’aider aucunement de la vérité des localités et des races, et nous qui soutenons que l’histoire du Christ est une histoire, comme celle de Jules César, et que la reconstitution de Tissot, est faite en correspondance avec le mouvement historique contemporain. […] Son esquisse en terre, après son premier travail, il la moule, et établit son médaillon fini, sur une suite d’épreuves semblables à des états d’eaux-fortes, et quelquefois, il va à six moulages.

471. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

Si nous pouvions établir que l’idée de néant, au sens où nous la prenons quand nous l’opposons à celle d’existence, est une pseudo-idée, les problèmes qu’elle soulève autour d’elle deviendraient des pseudo-problèmes. […] Elles établissent une relation entre les aires décrites par le rayon vecteur héliocentrique d’une planète et les temps employés à les décrire, entre le grand axe de l’orbite et le temps mis à la parcourir. […] Nous avons déjà essayé d’établir ce point dans un précédent travail. […] Or, une relation est une liaison établie par un esprit entre deux ou plusieurs termes. […] En voyant dans l’intelligence, avant tout, une faculté d’établir des rapports, Kant attribuait aux termes entre lesquels les rapports s’établissent une origine extra-intellectuelle.

472. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Leur pouvoir est établi sur le cœur de l’homme, qui ne change point. […] Madame de Staël, qui ne veut pas voir cette supériorité, trouve dans les causes mêmes qui l’établissent des raisons de la nier. […] Comment n’a-t-elle pas senti la nécessité d’apprendre les faits avant d’établir des systèmes ? […] Sa réputation s’établit très vite, mais elle ne fut pas épargnée par la critique. […] Tous les gens de lettres instruits et de bonne foi aimeront le parallèle qu’il établit entre le style de Racine et de Voltaire.

/ 1986