Il suffit, pour s’en rendre compte, de mettre en doute devant une petite fille, quelque proposition de son catéchisme ou quelque récit de son histoire sainte.
S’il fut de cette école, une plus large fatalité de refléter tout ce qui l’environne, d’accaparer inconsciemment toutes les tendances a fait de lui (c’est sa personnalité, si l’on veut) un candide et très sérieux incohérent : symboliste par Mallarmé, impressionniste par sa fréquentation des peintres pointillistes, scientifique, philosophique, et même teinté du socialisme puéril qui court les rues, lorsque s’avérèrent scientifiquement mes Théories de philosophie et d’art, et aussi parce qu’un de ses amis s’occupe de sciences transcendantes — en même temps qu’il est pénétré inéluctablement de son hérédité sémite compliquant encore l’hétérogénéité, Il arrive enfin, après de prolixes et diffus articles, à cette déclaration éminemment neuve que le Rythme est en tout, à cette erreur scientifique que tout est cyclique, — et pour œuvre, il donna ce livre, les Palais nomades, qui trahit ses velléités de lui donner un lien méthodique, et où ce moderniste à outrance fait à chaque page surgir des souvenirs de Palestines et des Tribus, de Babylones et d’Afriques, parmi des gestes de Mages : et, pour le développement des Rythmes, en pressant les images en chaos et les mots et les phrases sans nul effet à satiété répétés, simplement il allongeait ou raccourcissait extraordinairement l’alexandrin, dont il a sainte horreur pour n’en comprendre pas la mathématique savante.
L’Angleterre avait accueilli avec respect nos nobles exilés : elle croyait, en cela, n’avoir fait qu’accomplir les saints devoirs de l’hospitalité à l’égard du malheur.
Tous tant que nous sommes, nous répudierons avec un sentiment que, par politesse, je veux bien ne qualifier que d’inexprimable, cette affectation de simplesse et de bonhomie ; cette bergerie de l’art pour l’art, cette papelardise de Sainte Nitouche littéraire, et tous, nous poserons cette question à laquelle il est impossible de répondre : Est-ce donc que Mme Sand est dans la cour de Ponce-Pilate pour se renier si bravement ainsi, et pour dire d’elle-même : « Je ne connais pas cette femme-là ?
Il nomme toutes les prieures, il expose en style ecclésiastique leurs caractères tous divers, mais tous également saints ; il marque leur famille, il donne des détails sur la généalogie, il explique les circonstances qui les ont retirées du monde.
Cette immobilité qu’ils appellent sainte, où ils s’enferment comme dans un tabernacle, ne les défendra pas contre l’ingratitude. […] Il n’a ni l’abnégation d’un saint, ni l’ardeur d’une bête fauve ; et en échappant à ce double écueil, il garde toute l’énergie et toute la grandeur de ses facultés. […] La religion de la foi jurée n’est pas moins grande et moins sainte que la religion de la prière. […] Pourquoi, s’écrie-t-il, pourquoi n’avez-vous prié hier avec nous, pourquoi vos lèvres sont-elles demeurées muettes tandis que les saints cantiques montaient vers le Seigneur ? […] Il comprend qu’une sainte affection, un dévouement illimité pourrait le régénérer, lui donner courage.
les Romains n’étaient pas des anges plus que nous ; mais quand ils avaient des fantaisies d’amour poétiques et dramatiques, ils n’y mêlaient pas leurs femmes, il y avait de belles esclaves grecques élevées pour cela ; quant à leurs femmes, ils les traitaient comme des saintes, et il en résultait qu’elles étaient en effet des saintes. […] que ne suis-je né dans le saint archipel Aux siècles glorieux où la Terre inspirée Voyait le Ciel descendre à son premier appel. […] Henriette Scilly est plutôt de la famille des saintes ou des vierges dont les primitifs italiens aimaient à peindre eux aussi les âmes. […] Utile et souvent nécessaire, pieuse encore même, et sainte, si l’on veut, conviendrons-nous cependant que la guerre soit « divine » ? […] Combien ici je préfère, aux brillantes variations de l’auteur des Soirées de Saint-Pétersbourg, la parole toute simple de celui de la Politique tirée des paroles de l’Écriture sainte !
C’était, dans une perspective lointaine et bleuâtre, un mirage de vitraux, de clochetons, de créneaux et de mâchicoulis… Un choc d’armures voisinait avec un frisson de bannières éployées… Une procession de saints et de saintes défilait sur la frise des châsses gothiques, ou sur le tympan des portails1. […] Le député réactionnaire est l’arrière-petit-fils d’un sans-culotte, auteur d’un hymne à sainte Guillotine. […] Or ce sermon était, de tout point, conforme à la tradition de la Bible, aux directions des Pères de l’Église et à la doctrine des Saints Conciles. […] C’est un rocher qui semble s’être détaché des Cyclades, au temps où la sainte Délos flottait sur les eaux. […] Pourtant, sur la poussière des routes, parmi l’étincellement des nickels, on rencontre quelquefois des pédaleuses qui feraient damner tous les saints du Paradis.
A Rome, aujourd’hui, du moins je m’en suis laissé faire le conte, une jeune fille va à l’église, se confesse, entend la messe, communie, et, au sortir de la sainte table, sa mère l’accompagne dans l’atelier d’un artiste de vingt-deux ans, à qui elle sert de modèle. […] Nous avons chacun notre saint. […] Mais qui est-il, et dans quelle heureuse contrée a-t-il vécu, pour n’avoir jamais vu d’illustres innocents calomniés et persécutés ; pour n’avoir jamais entendu les actions les plus criminelles imputées à de grands hommes, même à de saints personnages, et le public imbécile… que dis-je ? […] Si cette glorieuse conformité n’était pas la seule, et si l’on ne pouvait montrer du respect pour l’ancien sans en être pénétré pour les modernes, pourquoi ne se trouverait-il pas dans quelques siècles éloignés d’imbéciles imitateurs des Pères de l’Église qui les inscriraient aussi dans le catalogue des saints, attente dont ils seraient sans doute infiniment flattés ? […] « Sénèque n’était point un sage, et Tacite n’en disconvient pas. » Si, parcourant l’histoire de l’Église ou la vie des saints, je recueillais tout le mal que ces humbles personnages ont dit d’eux-mêmes, et que je citasse contre eux l’autorité de Baillet ou de Fleuri, quel est l’homme sensé qu’une aussi étrange absurdité ne fît éclater de rire ?
Mais, comme il avait pris la plume, — avant que Lemaître eût parlé, — à seule fin de souhaiter que le subtil critique réfutât le réquisitoire institué par Sainte Beuve dans Chateaubriand et son groupe littéraire, M. […] Il était comme le saint charmant d’Assise, lui aussi, le Poverello — oui, le Poverello de la musique. […] Les audaces De mes amis, tant les éditeurs sont des saints, Doivent éliminer mon nom de leurs desseins. […] Les textes cités de la sorte dans le manuscrit témoignent des lectures les plus diverses : Cervantes, La Fontaine, Homère, Michel-Ange, Alfred de Vigny, Jules de Rességuier, Shakespeare, le Psalmiste, l’Office religieux, sainte Catherine de Sienne. […] Il aime les mystiques : il a pour l’Espagnole d’Avila, sainte Thérèse, une prédilection ; il ne se lasse pas de méditer sa vie.
Et, quand ils sont fatigués d’être à genoux, ils s’asseyent par terre devant lui, chantant ces paroles et diverses autres du même sens : Saint ! saint ! […] … Et un membre de la Chambre, étant dernièrement dans l’endroit ou maintenant Nayler est prisonnier, informe la commission qu’il vit Nayler et sa compagnie dans la posture susdite, et entendit John Stranger et une des femmes chanter : Saint, Saint, saint, Seigneur Dieu ! Et : Saint, saint, à toi, toi, toi, Seigneur Dieu ! […] Les hommes de la cinquième monarchie croyaient que le Christ allait descendre en personne sur la terre, pour y régner mille ans avec les saints comme ministres.
Accompagnez les mêmes personnages dans les contrées des Papegauds, des Papelards, des Papes-Figues, des Prêtregauds, des Cardingaux, des Evesgaux, des Moinegauds, des Capucingaux, vous ne pourrez méconnaître en eux le peuple mitré, enfroqué, tonsuré, et vous admirerez comment Rabelais en son temps osait se moquer des divines décrétales, des bulles fulminantes, des mouches d’inquisition, des indulgences sixtines, toutes choses saintes et déifiques, par lui qualifiées de belles extravagances, qui faisaient le siège apostolique de Rome tant redoutable à l’univers, qu’il fallait ribon-ribaine que tous rois, empereurs, potentats, et seigneurs, pendissent de lui, tinssent de lui, par lui fussent couronnés, confirmés, autorisés, et vinssent là bouquer et se prosterner à la mirifique pantoufle ! Sacres décrétales, bulles clémentines, qui changeaient en saints béatifiés les orthodoxes les plus damnables, et les plus vertueux hérétiques en damnés et en démoniaques. […] Cette dure nécessité contraint bientôt les prêtres eux-mêmes et le grand sacrificateur, tout saints qu’ils se disent, à quitter les autels de Jupiter pour brûler l’encens et chanter les hymnes au dieu de l’or, tout puissant sur leurs consciences.
Quand il veut chasser son rival, au lieu de dire : Je suis le roi, ou d’appeler ses gardes sans se nommer, il se laisse insulter avec la longanimité d’un saint. […] Pleine de tendresse et de vénération pour son aïeule, elle défend timidement Paolo, mais se tait dès que Thécla, emportée par une sainte colère, flétrit l’aveuglement et l’obstination de son fils. […] Pour compter les plagiats dont se compose ce drame fantastique en cinq actes et en sept tableaux, il faudrait plus que de la patience : il faudrait la résignation d’un saint. […] Son amitié sainte trouverait des paroles salutaires sans se détourner de la route du devoir. […] se résigner, s’il est un saint ; s’il est un homme, se venger.
La condamnation des saints nous ferait assister à l’instruction des procès criminels, leur martyre aux tortures et aux exécutions de la place de Grève, leur canonisation aux processions et aux fêtes chômées des bonnes villes du royaume. […] Le martyre de sainte Marguerite est tout ensanglanté, c’est « une torture prolongée durant dix mille vers ». […] S’il reproduit à satiété la figure de saint. […] On eût dit que chaque chambre était un oratoire ; l’envie d’y faire oraison y prenait en entrant ; tout y était modeste et luisant, tout y invitait l’âme à goûter la douceur d’un saint recueillement. […] Ainsi, à poids égal, qu’ils portent l’arche sainte ou un veau, un lingot d’or ou un caillou, ils donneront juste le même résultat d’expression.
En supprimant, comme font volontiers les modernes, et comme ils sont portés à le faire de plus en plus, les anciens miracles et l’ordre surnaturel, il essaye de substituer et d’inaugurer un autre idéal, celui de l’Humanité ; et ce qui n’était chez lui d’abord qu’un sentiment de justice et de reconnaissance individuelle devenant un dogme social avec les années, il se range à cette parole d’un maître : « L’Humanité est composée de plus de morts que de vivants, et l’empire des morts sur les vivants croît de siècle en siècle : sainte et touchante influence qui se fait sentir de plus en plus au cœur à mesure qu’elle subjugue l’esprit. […] Tout y est… » J’obéis au conseil, et je lis en effet, au sujet de cet ami de Pline, dont les mœurs égalaient le savoir, ce bel éloge dont je fais mon profit : « Rien de plus respectable que lui, de plus pur et de plus saint, rien de plus docte, au point que les lettres elles-mêmes et toutes les bonnes études me paraissent en danger avec la vie d’un seul homme (Ariston était alors malade)… Que de choses il sait !
« Moi qui étais plus sauvage que les cerfs des forêts », écrit-il ; et ailleurs : « Les traits qui m’avaient été lancés jusqu’alors n’avaient fait qu’effleurer mon cœur, quand l’amour appela à son aide une dame toute-puissante contre laquelle ni le génie, ni la force, ni les supplications ne purent jamais rien. » C’est dans ces dispositions de l’indifférence que le lundi de la semaine sainte, 6 avril 1327, à six heures du matin, dans l’église des religieuses de Sainte-Claire, où Pétrarque était allé faire ses prières, ses regards furent éblouis par une dame de la plus tendre jeunesse et d’une incomparable beauté. […] » XXX Encore un et je finis, mais je ne finis que pour finir ; car je voudrais lire, et relire sans fin avec vous de telles tristesses ; et si vous pouviez les lire dans ces vers trempés de larmes, et dans cette langue divine inventée au déclin des langues par des amoureux et par des saints pour prier, aimer, désirer, attendre, vous ne vous arrêteriez qu’après les avoir incorporés en vous par votre mémoire.
Tout art véritable a pour objet le beau ; celui qui en approche le plus dans les actes est le héros, le saint, le martyr ; celui qui en approche le plus dans l’éloquence ou dans la poésie est le maître de la raison, du cœur ou de l’imagination des hommes ; celui qui en approche le plus dans la langue des sons est le sublime musicien ; celui qui en approche le plus dans la langue des formes et des couleurs est le plus grand peintre ou le plus grand sculpteur. […] La peinture, dans chacune de ces villes ou de ces nations, prit non seulement le caractère du chef d’école, mais elle prit le caractère de l’école et du peuple où elle fut cultivée par ces grands hommes du pinceau : Titanesque avec Michel-Ange, plus païen que chrétien dans ses œuvres, et qui semble avoir fait poser des Titans devant lui ; Tantôt mythologique, tantôt biblique, tantôt évangélique, toujours divine avec Raphaël, selon qu’il fait poser devant sa palette des Psychés, des saintes familles, des philosophes de l’école d’Athènes, le Dieu-homme se transfigurant dans les rayons de sa divinité devant ses disciples, des Vierges-mères adorant d’un double amour le Dieu de l’avenir dans l’enfant allaité par leur chaste sein ; Païenne avec les Carrache, décorateurs indifférents de l’Olympe ou du Paradis ; Pastorale et simple avec le Corrége, qui peint, dans les anges, l’enfance divinisée, et dont le pinceau a la mollesse et la grâce des bucoliques virgiliennes ; Souveraine et orientale avec Titien, qui règne à Venise pendant une vie de quatre-vingt-quinze ans sur la peinture comme sur son empire, roi de la couleur qu’il fond et nuance sur sa toile comme le soleil la fond et la nuance sur toute la nature ; Pensive et philosophique à Milan avec Léonard de Vinci, qui fait de la Cène de Jésus-Christ et de ses disciples un festin de Socrate discourant avec Platon des choses éternelles ; quelquefois voluptueux, mais avec le déboire et l’amertume de la coupe d’ivresse, comme dans Joconde, cette figure tant de fois répétée par lui du plaisir cuisant ; Monacale et mystique avec Vélasquez et Murillo en Espagne, faisant leurs tableaux, à l’image de leur pays, avec des chevaliers et des moines sur la terre et des houris célestes dans leur paradis chrétien ; Éblouissante avec Rubens, moins peintre que décorateur sublime, Michel-Ange flamand, romancier historique qui fait de l’histoire avec de la fable, et qui descend de l’Empyrée des dieux à la cour des princes et de la cour des princes au Calvaire de la descente de croix, avec la souplesse et l’indifférence d’un génie exubérant, mais universel ; Profonde et sobre avec Van-Dyck, qui peint la pensée à travers les traits ; Familière avec les mille peintres d’intérieur, ou de paysage, ou de marine, hollandais ; artistes bourgeois qui, pour une bourgeoisie riche et sédentaire, font de l’art un mobilier de la méditation ; Enfin mobile et capricieuse en France, comme le génie divers et fantastique de cette nation du mouvement : Pieuse avec Lesueur ; Grave et réfléchie avec Philippe de Champagne ; Rêveuse avec Poussin ; Lumineuse avec Claude Lorrain ; Fastueuse et vide avec Lebrun, ce décorateur de l’orgueil de Louis XIV ; Légère et licencieuse avec les Vanloo, les Wateau, les Boucher, sous Louis XV ; Correcte, romaine et guindée comme un squelette en attitude avec David, sous la République ; Militaire, triomphale, éclatante et monotone, alignée comme les uniformes d’une armée en revue, sous l’Empire ; Renaissante, luxuriante, variée comme la liberté, sous la Restauration ; tentant tous les genres, inventant des genres nouveaux, se pliant à tous les caprices de l’individualité, et non plus aux ordres d’un monarque ou d’un pontife ; Corrégienne avec Prud’hon ; Michelangelesque avec Géricault dans sa Méduse ; Raphaëlesque avec Ingres ; Flamande avec éclectisme et avec idéal dans Meyssonnier ; Sévère et poussinesque dans le paysage réfléchi avec Paul Huet ; Hollandaise avec le soleil d’Italie sous le pinceau trempé de rayons de Gudin ; Bolonaise avec Giroux, qui semble un fils des Carrache ; Idéale et expressive avec Ary Scheffer ; Italienne, espagnole, hollandaise, vénitienne, française de toutes les dates avec vingt autres maîtres d’écoles indépendantes, mais transcendantes ; Vaste manufacture de chefs-d’œuvre d’où le génie de la peinture moderne, émancipée de l’imitation, inonde la France et déborde sur l’Europe et sur l’Amérique ; magnifique époque où la liberté, conquise au moins par l’art, fait ce que n’a pu faire l’autorité ; république du génie qui se gouverne par son libre arbitre, qui se donne des lois par son propre goût, et qui se rémunère par son immense et glorieux travail.
La famille, l’amour, le travail, l’enfance, la jeunesse, la maturité, la sainte vieillesse, la récolte après la moisson, la mort dans l’espérance, après la vie dans la sueur. […] La figure de cette sposa, toute majestueuse et maternelle, rappelle la chaste matrone impassible aux légèretés de la jeunesse ; elle a quelque chose de saint et de froid qui imite une Madone de pierre dans sa niche sur le chemin.
C’était, chose singulière, un vendredi saint. […] Rien ne peut être plus sage ni plus édifiant que la pétition que vous faites de venir à Rome dans un couvent, avec les circonstances que vous m’indiquez : aussi je n’ai pas perdu un moment de temps pour aller à Rome expressément pour vous servir et régler le tout avec notre très saint père, les bontés duquel envers vous et envers moi je ne saurais vous exprimer.
» S’il est vrai que le roman de Lesage soit le tableau de la vie humaine, le héros doit être un personnage moyen, touchant par son caractère à tous les caractères, les saints et les coquins exceptés ; par sa condition à toutes les conditions ; ni bon ni méchant, quoique plus loin de la méchanceté que de la bonté, et, pour dernier trait moyen, ayant sa fortune à faire. […] On n’y pensait pas au dix-septième siècle, et Bossuet en eût trouvé l’imagination bien étrange, lui qui, dans ce mémorable plan d’éducation pour le Dauphin, « où l’étude de chaque jour commençait soir et matin par les choses saintes », fait lire à son élève tous les grands écrivains de l’antiquité païenne, et ne lui met pas dans les mains les Pères, quoiqu’il en fît lui-même sa méditation, assidue et sa nourriture.
A peine doit-on se fier à la confession qu’on se fait à soi-même, sur l’oreiller, tout bas et sans témoins ; à peine est-il prudent de s’en rapporter aux aveux d’un saint qui s’inflige l’humiliation d’une confession publique ; tant notre tendresse pour nous- mêmes est ingénieuse, tant la chair vaincue et humiliée s’aime encore dans les pleurs qu’elle répand sur sa corruption, et dans la confusion qu’elle en éprouve. […] Je crois enfin à la sincérité d’un saint qui se confesse publiquement, entre Dieu qu’il prend à témoin de ses erreurs, et les hommes qu’il veut servir par l’exemple de sa pénitence.
Songez donc qu’il s’agit de la vraie religion, de la seule chose sérieuse et sainte. […] Ces mystiques, sainte Thérèse d’Avila, Grenade, ces infatigables théologiens, Soto, Bañez, Suarez, étaient au fond d’aussi hardis spéculateurs que Descartes ou Diderot.
Au moyen âge, dans les miracles et les mystères, on entend parfois un trio composé d’une basse, d’un baryton et d’un ténor : c’est la Sainte Trinité qui est censée parler. […] Mais, en outre, la littérature du temps a le même caractère de sensualité, de bizarrerie ; elle est aussi fort préoccupée du diable ; la sorcellerie y tient une grande place ; dans les mystères, que les confrères de la Passion, amuseurs brevetés du roi et de la foule, jouent à Paris et ailleurs, non seulement Satan, Belzébuth et leurs pareils deviennent les favoris du public par leurs lazzi, leur accoutrement grotesque et leurs cabrioles, mais déjà, par une alliance monstrueuse, les auteurs greffent des fables païennes sur les histoires de l’Ecriture sainte.
» Et elle, Brünnhilde, le Wotan-femme, « ferme derrière elle les portes grandes ouvertes de l’éternel Devenir, pour entrer dans le très saint pays de son choix, le pays sans désir et sans illusion » ; … la plus profonde souffrance d’amour m’ouvrit les yeux : je vis finir le monde. » J’ai cru utile d’insister sur ce point capital de la différence profonde entre les deux poèmes : c’est la seule chose qu’il soit indispensable de connaître pour comprendre et juger le poème de l’Anneau du Nibelung, et c’est en même temps un des faits les plus importants et les moins connus pour comprendre et juger l’évolution artistique qui s’est complétée et terminée dans l’âme de Wagner entre 1848 et 1852, c’est-à-dire, entre sa trente-cinquième et sa trente-neuvième année. […] Ils écoutent ce cantique, comme une strophe de l’hymne ininterrompu des âges, commencé aux saints lyrismes d’Israël, aux mystérieux enthousiasmes de l’Inde, et qui sonne aux chœurs d’Eschyle, aux drames de Shakespeare, aux symphonies de Beethoven.
Le peuple Romain croyoit à cette métamorphose, & le poëte a suivi la tradition ; ainsi que dans un poëme sur Clovis, il n’y auroit aucun ridicule, selon M. de Voltaire, à parler de notre sainte Ampoule. […] Boileau se moque, dans ce dialogue, des bourgeois, & des bourgeoises de la rue saint Honoré, peints sous le nom de Brutus, d’Horatius Coclès, de Lucrèce, de Clélie.
La démocratie, si sainte en morale parce qu’elle est la justice, est ignoble en littérature parce qu’elle est la médiocrité ; elle a le sens de l’utile ; elle n’a pas formé ni exercé encore en elle le sens du beau. […] Et ailleurs : ……………………………………………………… Mais, malgré tes malheurs, pays choisi des dieux, Le ciel avec amour tourne sur toi les yeux ; Quelque chose de saint sur tes tombeaux respire, La barbarie en vain morcelle ton empire, La nature, immuable en sa fécondité, T’a laissé deux présents : ton soleil, ta beauté ; Et, noble dans son deuil, sous tes pleurs rajeunie, Comme un fruit du climat enfante le génie.
[NdA] Par exemple à la page 134 de ces Nouvelles lettres : « Le temps est venu où, comme dit la sainte Écriture, sept femmes, etc. »
À chaque pas ce sont de pareilles histoires chevaleresques et gasconnes qui émerveillent Froissart et lui abrègent le chemin : Sainte Marie !
Dans un singulier chapitre expressément dédié « Aux infortunés », et qui est placé, on ne sait trop comment, entre celui de « Denys à Corinthe » et celui d’« Agis à Sparte », il s’adresse à ses compatriotes émigrés et pauvres, à tous ceux qui souffrent comme lui du désaccord entre leurs besoins, leurs habitudes passées et leur condition présente ; il leur rappelle la consolation des Livres saints, vraiment utiles au misérable, parce qu’on y trouve la pitié, la tolérance, la douce indulgence, l’espérance plus douce encore, qui composent le seul baume des blessures de l’âme.
Dieu, par sa miséricorde, le veuille mettre dans son saint repos !
Et parlant d’un de ses derniers tableaux ou projets de tableaux (une Sainte Famille en Égypte), qu’Ingres, passant à Venise, avait vu et loué, il écrivait : Il m’a fait des éloges de l’ébauche : mais, entre nous, je crois pouvoir vous dire que tout ce que je fais n’a pas à ses yeux le cachet qu’il désire et qu’il prêche.
Jusque dans les églises, on ne devra garder que l’argenterie convenable et nécessaire aux saints offices.
Un des mots qu’employait le plus habituellement le spirituel et naïf Joinville, s’entretenant avec son royal maître saint Louis, c’est le mot de prud’homie : ce même mot dans un sens purement moral et philosophique est aussi celui de Charron.
Il fit certaine pièce nommée Athalie, dont le sujet est tiré des livres saints, pour récompense de laquelle il fut gratifié d’une charge de gentilhomme ordinaire de la chambre du roi.
Cela s’applique à Mme Swetchine tout comme à son maître saint Augustin.
Sa prétention est de refaire la Somme de saint Thomas en la remettant au niveau de la science du XIXe siècle.
Par exemple, en terminant une Histoire de Port-Royal où le grand Racine aurait rempli toute la place qu’il doit tenir, et où l’on aurait montré l’esprit religieux de cette sainte maison s’exprimant par sa bouche avec un caractère unique de tendresse, de mélodie et de grandeur, dans l’œuvre d’Athalie et surtout dans celle d’Esther on ajouterait quelque chose comme ceci : « Il est un autre Racine que l’on aurait aimé à y joindre, ce Racine fils qui n’a pas été tout à fait sans doute le poète tendre, plaintif, l’élégiaque chrétien, le Cowper janséniste qu’on aurait souhaité à Port-Royal expiré, mais qui en a eu quelques accents ; ce Racine fils qui offre le modèle de la manière la plus honorable de porter un nom illustre quand on est engagé dans la même carrière ; car si le crime d’une mère est un pesant fardeau, la gloire d’un père n’en est pas un moins grand, et Racine fils n’a cessé de le sentir en même temps qu’il a suffi dignement encore à ce rôle difficile.
Il avait le bréviaire ou Calendrier original, où Bussy avait fait peindre tous les c… de la Cour avec un hymne pour chacun ; c’est ce livre dont Boileau a dit : Me mettre au rang des Saints qu’à célébrer Bussy. »
allez, quelque jour de fête, entendre à la cathédrale une messe en musique de quelque compositeur en renom, avec les chœurs et l’orchestre et les premiers artistes de l’Opéra ; puis ensuite retournez dans la Semaine Sainte, écoutez le Stabat, le Vexilla régis ou la Passion, ou, à quelques cérémonies funèbres, le Requiem, du lutrin ou les Litanies chantées non par de grands artistes, mais tout simplement par des chantres ou des enfants de chœur ; et puis, en sortant, demandez-vous qui vous a le plus profondément ému, qui a laissé dans votre âme une impression plus religieuse et plus mélancolique, qui vous a rappelé que vous étiez venu pour prier, des chanteurs ou des chantres, de la musique fuguée ou du plain-chant, de l’orchestre ou de l’orgue.
Après avoir parlé de la race née aux confins de la terre des monstres, dans la limoneuse vallée du Nil, et de l’autre race dite sémitique, habitante du désert et de l’antique Arabie, après les avoir définies l’une et l’autre, et les avoir montrées fléchissant de respect et de superstitieuse terreur, ou comme anéanties sous la main souveraine en face d’un ciel d’airain, il ajoute, par un vivant contraste, en leur opposant la race aryenne venue du haut berceau de l’Asie, et de laquelle est sortie à certain jour et s’est détachée la branche hellénique, le rameau d’or : « Une autre race encore s’éveille sur les hauteurs, aux premières lueurs du matin ; les yeux au ciel, elle suit pas à pas la marche de l’aurore, elle s’enivre de ce mobile et merveilleux spectacle du jour naissant ; elle mêle une note humaine à cette immense symphonie, un chant d’admiration, de reconnaissance et d’amour ; c’est la race pure des Aryas ; leur première langue est la poésie ; leurs premiers Dieux, les aspects changeants du jour, les formes multiples de la sainte lumière.
On sent suffisamment ce qu’elle ne dit pas et ce qui est en dehors de son cadre : le cadre se détache avec une figure simple, unie, souriante, touchante, une figure de bonne reine et presque de sainte.
C’est le christianisme de Channing, de Chalmers, sans aucune marque calviniste expresse : il a réduit le christianisme à ses éléments les plus simples, les plus essentiels ; mais il lui garde expressément son caractère divin, surnaturel ; il le laisse entouré et glorifié des prophéties, prises au vrai sens, et des miracles ; il ne souffre aucune amphibologie sur la personne même du Christ, il voit en lui l’homme-Dieu et ne permet point qu’à cette nature divine on substitue, à aucun degré, le plus sage, le plus saint, et fût-ce même le plus divin des hommes.
Sainte Lidivine de Schiedam.
Ils sont imprégnés à la fois d’antiquité et de christianisme : Rabelais feuillette tour à tour les beaux livres de Platon et la Sainte Écriture ; il associe dans sa révérence les grands païens philosophes et les « prêcheurs évangéliques ».
Lindor et Rosine contre Bartholo, c’est Horace et Agnès contre Arnolphe, l’amour qui va à la jeunesse, selon la bonne, la sainte loi de nature, en dépit de la jalouse vieillesse armée par la société de droits tyranniques : mais la lutte se complique ici par l’introduction d’un élément qui donne à la pièce une très sensible actualité.
Biographie : Mirabeau (1749-1791) fut mis par son père chez l’abbé Choquard qui tenait une pension pour les enfants indisciplinés ; sous-lieutenant à Saintes, il est emprisonné à l’île de Ré par lettre de cachet pour dettes et intrigues amoureuses ; de là envoyé en Corse, puis marié en Provence (1772), interdit pour dettes, incarcéré an château d’If pour voies de fait sur un gentilhomme qui a insulté sa sœur et ne veut pas se battre ; d’If, on le transfère au fort de Joux, d’où il s’évade, et fuit avec Mme de Monnier.
(Notez que cela est quelque chose et qu’en tout ceci, tandis que je parais condamner et juger, je ne fais que constater et définir. ) Les Litanies de la mer, où le poète parvient à appliquer à la mer toutes les invocations des litanies de la sainte Vierge, n’est qu’un jeu byzantin, une surprenante « réussite » lyrique, une « patience » qui finit par mettre la nôtre à une rude épreuve.
La foi du théologien transporte saint Bernard si loin et si au-dessus de la vie, qu’il néglige ces indications si lumineuses ; et quand il se rencontre dans les livres saints quelques fortes peintures ou des récits attachants de la vie, il les tourne à la figure, comme pour mettre une ombre mystique entre la réalité et lui.
Albert Mockel s’était écrié un jour : « Mallarmé est un héros » (Le Journal, 19 sept. 1898) et Paul Adam, incontinent, de renchérir : « Mallarmé fut mieux qu’un héros, il fut un saint.
aux corps harmonieux et pleins de la statuaire antique, et aux grêles madones, aux Christs émaciés, aux saints maladifs des primitifs.
Il n’avait pas lu ce qu’elle dit de Mithridate : « C’est une pièce charmante, on y est dans une continuelle admiration ; on la voit trente fois, et on la trouve plus belle la trentième que la première. » Il n’avait pas lu enfin ce qu’elle dit d’Esther, ni remarqué ce sentiment profond des beautés nouvelles que Racine avait puisées dans l’histoire sainte, ni le pressentiment qu’elle conçut d’une pièce du même genre encore plus parfaite, pressentiment qui fut réalisé par Athalie.
Il fallait de plus héroïques remèdes : ce n’était pas trop de cette espèce de folie sainte qu’on appelle la charité.
Ce fut pour elle qu’on représenta dans l’appartement de Mme de Maintenon des pièces saintes, quelques-unes de Duché, mais surtout Athalie.
Il sembla tout d’abord y justifier le vœu de sa respectable et sainte mère, laquelle ne voyait dans les grandeurs du surintendant qu’une occasion de fautes et de chutes, et qui, en apprenant son arrestation à Nantes, se jeta à genoux en s’écriant : « C’est à présent, mon Dieu, que j’espère du salut de mon fils !
Il était père de famille et père de l’Église, prêchait les bonnes mœurs, se signait parfois comme un saint égaré dans une bande de malfaiteurs, et, malgré tout, allait dans la définition libre des choses plus loin qu’aucun de nous.
C’était là, comme il le dit lui-même dans une lettre à M. de Kergorlay, « la plus vitale de ses pensées… Indiquer, s’il se peut, aux hommes ce qu’il faut faire pour échapper à la tyrannie et à l’abâtardissement en devenant démocratiques, telle est l’idée générale dans laquelle peut se résumer mon livre… Travailler en ce sens, c’est à mes yeux une occupation sainte. » Ce n’est pas seulement la liberté de l’individu, la liberté de la pensée, la liberté de la commune, que Tocqueville croyait menacées dans les sociétés démocratiques, c’est encore la liberté politique.
Elle est comme le démon de sainte Thérèse : la malheureuse, elle n’aime pas !
Il le crut avec cette simplicité sainte, ordinaire aux hommes qui se sentent le canal d’une grande grâce.
Le Cinq-Mars de Vigny fut un livre navrant pour ceux qui croyaient que le jeune poète portait, en sa tête blonde, tout une sainte famille de poèmes comme Éloa ; car le succès de Cinq-Mars, ce succès à quatorze éditions et qui n’est pas épuisé encore, devait entraîner son auteur vers la prose, du train terrible de ces quatorze éditions, — deux de plus que les douze chevaux de la voiture du roi !
Il faut voir Rossetti, italien d’origine et fortement incliné vers le catholicisme, s’abîmer dans le mysticisme dantesque, Holman Hunt ne vivre que par le Christ et passer en Terre Sainte de longues années, tel autre membre de la « Confrérie », Collinson, se réfugier au cloître, pour comprendre qu’elles pouvaient être les espérances et la vie intime de ce petit groupe.
La marche de ses pensées est plus graduée ; il les développe, amène par degrés le lecteur à les partager ; s’animant peu à peu d’une sainte chaleur, il remplit les cœurs, et par une route différente produit aussi tous les nobles effets de l’éloquence. […] Bossuet, versé profondément dans les lettres saintes, plein d’une érudition que la controverse avait rendue nécessaire, Bossuet transporta dans ses discours le langage de l’Écriture, les formes simples et audacieuses des locutions orientales ; et la langue céda à la force de sa pensée. […] On venait épier la parole sainte, et non point s’en pénétrer ; chacun voulait savoir si un orateur se tirerait habilement de la difficulté de parler sur des choses qui n’obtenaient plus ni croyance ni vénération ; un sermon était écouté dans la même disposition qu’un discours académique. […] C’était avec une sorte de crainte et de réserve qu’ils remplissaient leur saint ministère : ils avaient peur de heurter la mode ; ils tâchaient de se faire pardonner et leur profession et leurs discours. […] Ce style orné et mondain, cette élégance des beaux esprits, pouvaient-ils approcher des ressources que trouve l’orateur vraiment chrétien dans le langage imposant et mystérieux des livres saints ?
Mais, aujourd’hui, l’on a bouleversé tout cela ; l’idéologie eut ses vandales, comme les cathédrales ont eu les penseurs de la Révolution, gens armés de marteaux pour casser les statues saintes. […] Il était, comme le saint charmant d’Assise, lui aussi le Poverello, — oui, le Poverello de la musique. […] En somme, ils n’ont pas tort, s’ils rêvent d’un saint clergé qui rachète leurs imperfections et, par un grand effort, complète le total de sainteté dont le monde a besoin. […] Comment serait-il devenu, dans ces conditions, un fanatique, un énergumène ou un saint ? […] Ce qui leur manque le plus, pour être des saintes, — car la sainteté n’est pas inconciliable avec l’erreur, — c’est le remords.
L’Homme libre est un traité de la gymnastique du moi : comment, avec les procédés d’Ignace de Loyola et de la Vie des saints, on peut arriver à faire éprouver par son moi tout ce qu’il y a d’émotion au monde. […] La magie deviendra bientôt, de l’arche sainte qu’elle était, un fourgon d’ambitions personnelles. […] Ils s’abordent en citant un quatrain de la Vita Nuova et se quittent sur un verset de sainte Thérèse. […] Mais que l’on soit avant tout possédé de cette foi qui permettait à sainte Térèse de voir Dieu réellement dans l’hostie. […] Parfois j’entends une voix d’apocalypse, voix maligne et sainte ensemble, me crier : « Un jour les Aigles fondront sur les Crapauds, — et les Crapauds l’auront voulu !!!
Mais parmi ces grands saints, canonisés tout vifs, Du vicaire de Dieu vicaires adoptifs, Nul n’était comparable à saint Jordan Camille ; Chacun valait un saint, lui seul en valait mille. […] Et je jure par les saints évangiles que le nouveau 9 thermidor qui terminera ce second empire de la terreur sera le premier jour de la royauté renaissante et affermie pour les siècles des siècles.
La grande cour du parlement allait siéger, selon les formes transmises depuis les jours des Plantagenets, et juger un Anglais accusé d’avoir exercé la tyrannie sur le souverain de la sainte cité de Bénarès, et sur les dames de la maison princière d’Oude. […] Là, se montraient les charmes voluptueux de celle à qui l’héritier du trône avait en secret engagé sa foi ; là aussi était cette beauté, mère d’une race si belle, la sainte Cécile dont les traits délicats, illuminés par l’amour et la musique, ont été dérobés par l’art à la destruction commune ; là étaient les membres de cette brillante société qui citait, critiquait et échangeait des reparties sous les riches tentures en plumes de paon qui ornaient la maison de mistress Montague ; là enfin, ces dames dont les lèvres, plus persuasives que celles de Fox lui-même, avaient emporté l’élection de Westminster en dépit de la cour et de la trésorerie, brillaient autour de Georgiana, duchesse de Devonshire1380. […] It is difficult to relate without a pitying smile, that, in the sacrifice of the mass, Loyola saw transubstantiation take place, and that, as he stood praying on the steps of St.
. — Enfin, dans son Traité de la sainte philosophie, il accomplit le dernier pas : — après avoir essayé de séculariser la morale, il y renonce ; — et ne voyant plus de remède à la corruption que dans le retour à la morale chrétienne, il en proclame la nécessité. — Analogie de cette évolution avec celle de la pensée de Pascal. — Les Traités philosophiques de Du Vair sont aussi nécessaires que la Sagesse à l’intelligence du mouvement d’où va sortir le jansénisme. 3º Les Œuvres. — Les éditions de Du Vair étant très nombreuses, nous suivons ici pour l’énumération de ses œuvres l’ordre de la plus complète, qui nous a paru être celle de 1617 à Cologne, chez Pierre Aubert. — 1º Actions et Traités oratoires, 1586-1614, parmi lesquels on notera : Exhortation à la paix adressée à ceux de la Ligue et la Suasion de l’arrêt pour la loi salique au Parlement ; — 2º De l’éloquence française, comprenant le traité proprement dit et les trois traductions ci-dessus citées ; — 3º Arrêts prononcés en robe rouge, dont il y a trois de plus dans l’édition de 1641, in-fº, que dans l’édition de 1617, soit en tout huit ; — 4º Traités philosophiques, comprenant, en plus des ouvrages déjà mentionnés, un Traité de la Constance et une Exhortation à la vie civile ; — 5º Traités de piété et méditations, comprenant le Traité de la sainte philosophie, et des Méditations sur l’Oraison dominicale, sur le cantique d’Ézéchiel, sur les Psaumes de la Pénitence, etc., etc. […] Les premières comprennent : Les Controverses, — La Défense de l’estendard de la Croix — et quelques opuscules de moindre importance. — Les secondes se composent de l’Introduction à la vie dévote, 1608 ; — du Traité de l’amour de Dieu, 1612 ; — et des Entretiens spirituels, qui n’ont paru pour la première fois qu’en 1629. — Il y faut joindre quelques opuscules, notamment l’opuscule sur les Degrés d’oraison, les Lettres spirituelles ou de direction, et les Sermons. — La correspondance laïque du saint vaut aussi la peine d’être lue.
L’effort est saint toujours qui glorifie la vie. […] Bien que le mot en question doive en principe être réservé pour la psychologie des saints catholiques, il comporte en fait une plus large extension, en sorte que je ne vois nul inconvénient à tenir des penseurs libres, tels Boehme, Novalis, Saint-Martin, etc., pour mystiques. […] » répond : — Sainte Marie ! […] Tel est ce poème vécu, moment passionné d’une crise sainte. […] Des artistes, des guerriers, des saints se sont tout de suite portés aux extrêmes.
Lemaître, et quoi qu’il en dise, je ne puis me défendre de penser qu’il aurait mieux aimé être ce briseur de cœurs qu’un grand saint ou un grand capitaine. […] Non seulement il n’y a rien dans notre langue qui puisse être mis en regard des Oraisons funèbres, mais encore comment Fléchier a-t-il osé dire que les panégyriques des saints sont d’ordinaire insipides ? […] Brunetière, tout de même que sa façon de juger, respire l’amour passionné du grand siècle, les saintes colères que lui ont inspirées certains dédains injustes, et, comme il dit, coupables, dont nos classiques ont été victimes ! […] Il est élégant d’être incrédule et de parler en croyant, de combiner à dose égale l’ironie et le respect des choses saintes. […] ; c’est comme si, dis-je, un saint homme de chat assoupi dans un voluptueux farniente tirait négligemment de leur fourreau de velours des griffes qu’il ne veut faire sentir qu’à demi.
Que l’on prenne le discours préliminaire des « Vies des Saints Pères des déserts », d’Arnaud d’Andilly ; on y verra tous les artifices de la rhétorique pieuse : « La sainte et bienheureuse retraite où il a plu à Dieu de m’appeler par son infinie miséricorde — les délices saintes — les grands prodiges — les plus fidèles serviteurs — les âmes si pieuses — ces belles vies — les plus célèbres auteurs — ferventes prières — puissantes exhortations » — et pendant de longues pages mornes chaque substantif malingre est attaché à son tuteur par un brin d’osier pourri ! […] L’âme des vierges martyres s’envole sous la forme d’une colombe ; « In figure de colomb volat a ciel » dit Le Cantilène de sainte Eulalie . […] Peut-être que quand l’archevêque Turpin disait à ses compagnons : « Qu’il ait toutes vos âmes, Dieu le glorieux, — Au paradis qu’il les mette en saintes fleurs », peut-être voyaient-ils leurs âmes épanouies, tels des lys sur l’autel ; aujourd’hui de pareilles métaphores sont trop usuelles pour tromper l’esprit le plus successif. […] Avocate est d’un français encore plus authentique, c’est-à-dire plus ancien, et il y a bien longtemps que l’on appela pour la première fois la sainte Vierge « l’avocate des pécheurs ».
Qui pourrait suivre Consuelo dans ce Panthéon bizarre que lui ouvrent les prêtres et les prêtresses de la vérité, qui est décoré, entre chaque colonne, des statues des plus grands amis de l’humanité, et où l’on voit figurer Jésus-Christ entre Pythagore et Platon, Apollonius de Tyane à côté de saint Jean, Abailard auprès de saint Bernard, Jean Huss et Jérôme de Prague à côté de sainte Catherine et de Jeanne d’Arc ? […] Certes elle parle un magnifique langage quand elle s’écrie : « L’amour, Sténio, n’est pas ce que vous croyez ; ce n’est pas cette violente aspiration de toutes les facultés vers un être créé, c’est l’aspiration sainte de la partie la plus éthérée de notre âme vers l’inconnu. […] Nous avons à remplir une fonction grande et sainte, mais qui nous oblige à un rude et perpétuel combat. […] La paix du cœur est le fond du bonheur véritable, et cette paix est le fruit du devoir parfaitement accompli, de la modération des désirs, des saintes espérances, des pures affections. […] Ces thèses elles-mêmes, qu’était-ce, sinon des formes variées de l’utopie qui l’avait séduite dès son enfance et dont le premier mobile avait été le sentiment profond du mal humain, du mal social ; utopie qui pouvait se croire innocente et sainte tant qu’elle n’avait pas essayé de régner en dehors des imaginations et des cœurs, et qu’elle n’avait pas encore tenté la force comme dernier moyen d’apostolat ?
Quand Louis XI, malade et mourant, fait appeler François de Paule, quand il se jette aux genoux du saint, et lui demande avec une confiance naïve, comme une chose qui lui serait due, un miracle du ciel pour prolonger sa vie ; quand Louis XI dit au saint qu’il faut qu’il vienne ainsi à son secours, vous ne sentez pas seulement l’odieux de cet état d’esprit, vous en sentez aussi le comique. […] Il a aujourd’hui un sens tout à fait honorable, on le prend à chaque instant pour personne pieuse ou personne sainte ; or, il avait au xviie siècle un sens tout à fait défavorable, même chez les écrivains les plus catholiques, pourvu que ce fussent des laïques, et signifiait simplement faux dévot, ou dévot intéressé. […] La cabale contre Molière existait déjà dans ce temps à l’état tacite, mais la cabale ne fut pas aussi habile qu’on le croit généralement : elle n’avait qu’à laisser passer cette scène et à l’entendre comme Molière l’avait entendue, dans le sens d’un trait bon à ajouter au caractère d’Arnolphe, et non pas dans le sens d’une attaque aux choses saintes ; les dévots n’avaient qu’à se taire, Molière n’aurait pas pensé à eux. […] Dom Juan recherche le plaisir, c’est évident ; mais, s’il veut bien séduire, il veut aussi se marier ; il faut que son orgueil d’homme et de gentilhomme révolté foule aux pieds et marque de son mépris les engagements les plus saints ; il séduit en promettant le mariage, mais il veut se marier et violer son mariage avec Dona Elvire, comme il viole dans son propre père la sainteté du caractère paternel. […] Vous, pères de famille, très dévoués, très tendres pour vos enfants, prenez garde : quelque amour que vous ayez pour vos fils et pour vos filles, il y a une pente naturelle chez l’homme à vouloir toujours être le maître et dominer ce qui l’entoure ; et ce besoin de domination, faible chez les uns, violent chez les autres, a cela de redoutable, qu’il se déguise toujours à nos propres yeux sous les prétextes les plus saints ; c’est une faute, prenez donc garde.
Il y songe si peu que, dans le livre béat qu’il a consacré à Mme de Maintenon et qui est conçu comme une Vie de saint, il n’hésite pas à rapporter ce mot de son héroïne : « J’ai mieux aimé l’épouser qu’un couvent. » M. […] Un instinct, un pressentiment de son corps devait l’avertir et (puisque nous ne pouvons croire ici à un dévouement de sainte) devait la faire reculer d’effroi. […] » Et il déclare qu’il ne veut point que la morte soit inhumée en terre sainte. […] Evidemment, Lucrèce, sainte Thérèse ou la sœur Rosalie, ont une conception de la vie plus distinguée. […] mais qu’il fallait trouver pourtant : ce saint homme de curé de campagne décrochant pour son filleul, à force d’innocence, les vingt millions d’une Américaine !
Il avait souvent répondu à son saint frère qui essayait de lui faire peur sur ses propos d’incrédulité, que cela ne l’effrayait guère, et qu’ils iraient tous deux en paradis, « l’un portant l’autre ».
Si l’on allait plus au fond, même sans prétendre au technique, on trouverait les caractères des divers généraux vivement dessinés d’après leurs actions mêmes : le maréchal Daun, prudent, circonspect, méthodique, à qui il arrive un jour de galoper pour la première et la dernière fois de sa vie, et qui, après la victoire de Hochkirch, se met à écrire à Marie-Thérèse pour sa fête de sainte Thérèse la relation de la victoire, au lieu de donner les derniers ordres pour la poursuivre ; il s’appuie sur une pierre pour écrire : « Cette pierre-là fut notre pierre d’achoppement », dit le prince de Ligne qui aimait les jeux de mots, surtout si dans ces gaietés sur le mot il y avait de l’imagination.
vous avez traité on ne peut mieux l’assemblée, votre sujet et le saint qui partageait avec vous les honneurs de la fête.
C’est pour ton aimable visage, enfin, que le nourrisson d’Atarnée78 a mis en deuil, par sa mort, la clarté du soleil : aussi est-il digne pour ses hauts faits du chant des poètes, et les Muses, filles de Mémoire, le rendront immortel et ne cesseront de le grandir, au nom même de l’hospitalité sainte et de l’inviolable amitié.
Les saints n’offrent pas de prières si ferventes, qu’il ne les égale par une dévotion pareille ; c’est la consécration de son cœur, de son âme, de son temps ; chaque pensée qui s’écarte lui semble un crime.
De crainte que le passage subit de l’air doux et tempéré de la vie religieuse et solitaire à la zone torride du monde n’éprouvât trop mon âme, elle m’a amené, au sortir du saint asile, dans une maison élevée sur les confins des deux régions, où, sans être de la solitude, on n’appartient pas encore au monde ; une maison dont les croisées s’ouvrent d’un côté sur la plaine où s’agite le tumulte des hommes, et de l’autre sur le désert où chantent les serviteurs de Dieu ; d’un côté sur l’océan, et de l’autre sur les bois ; et cette figure est une réalité, car elle est bâtie sur le bord de la mer.
Et en conséquence, il va nous le dessiner ainsi : « Faible de santé, lourd dans ses mouvements, ce pauvre homme avait la tête et particulièrement le visage concassés comme s’ils eussent reçu deux ou trois coups de pilon dans un mortier… Tout le temps qu’il ne donnait pas à l’étude, il le consacrait à Mme Récamier, qu’il aimait et a toujours vénérée comme une sainte.
Ducis est sur le point de lire son OEdipe aux comédiens (février 1775) et il n’attend pour cela que le Carême : « Me voilà toujours ici, en attendant que la cendre du saint mercredi qui s’approche fasse tomber toute cette fureur de fêtes et de danses qui tournent les têtes : on ne pourrait pas entendre mon Œdipe avec des oreilles pleines du bruit des orchestres et du tumulte des bals. » Cependant, déjà revenu de la Grèce à ses dieux du Nord et à Shakespeare, il a choisi Macbeth pour sujet de pièce nouvelle : « Tout le monde me gronde ici, mon cher ami, écrit-il de Versailles à Delevre, à cause du genre terrible que j’ai adopté.
Thiers prêchait pour son saint en plaidant la cause des génies faciles.
Boileau, pendant un séjour aux eaux de Bourbon, où il cherchait à se guérir d’une extinction de voix, écrivait à Racine (9 août 1687) : « Je m’efforce de traîner ici ma misérable vie du mieux que je puis, avec un abbé très-honnête homme qui est trésorier d’une sainte chapelle, mon médecin et mon apothicaire : je passe le temps avec eux à peu près comme Don Quichotte le passait en un lugar de la Mancha, avec son curé, son barbier et le bachelier Samson Carrasco ; j’ai aussi une servante : il me manque une nièce ; mais de tous ces gens-là, celui qui joue le mieux son personnage, c’est moi qui suis presque aussi fou que lui… » Les poëtes français du grand siècle, en s’écrivant avec une bonhomie qui a certes bien son prix, n’ont aucune vue critique, aucun de ces aperçus littéraires qu’on serait tenté de leur demander.
Mais on n’y regarde plus de si près, chacun prêche ouvertement pour son saint, pour sa qualité ou son défaut, pour son tempérament.
Dans un admirable article sur les difficultés qu’il y aurait, pour plus d’un demi-siècle encore, à composer une véritable histoire de la Révolution française, parlant des Mémoires nombreux qui commençaient à paraître et dans lesquels chacun plaidait pour son parti et pour son saint et ne présentait que « la portion de vérité qui pouvait servir le mieux à noircir l’adversaire », l’éminent publiciste indiquait, à l’appui de sa pensée, les deux exemples le plus en vue : « Beaucoup de gens, disait-il, écrivent leurs Mémoires pour faire l’histoire personnelle de leurs talents, de leur mérite et de leur conduite.
Mme Roland, enfant, nous dit qu’elle emportait son Plutarque à l’église pendant le carême en guise de Semaine Sainte ; Marie-Antoinette emportait Mme Riccoboni.
C’est elle qu’Abd-el-Kader est allé froisser et offenser sans raison dans la personne d’un de ses représentants les plus vénérés, en faisant le siège d’Aïn-Madhi, cette ville sainte à l’ouest, de Laghouat, et que Fromentin nous a peinte.
La vertu n’est pas plus rare que l’esprit dans cette famille : chacun a pu lire récemment la touchante et véridique histoire de Mme de Montagu68, arrière-petite-fille du Noailles même dont nous avons à parler, une vraie sainte et qui avait des sœurs si dignes d’elle.
Il est heureux pour Louis XV qu’il n’ait pas eu le sang plus chaud ni plus vif : à une telle nouvelle il aurait rougi comme d’un affront, il aurait bondi et serait entré dans une sainte et royale colère.
La religion de l’histoire, le numen historiæ de Pline le Jeune et de Tacite, ils n’en ont pas une bien haute idée, ils ne l’admettent pas : « L’histoire, disent-ils, est un roman qui a été ; le roman est de l’histoire qui aurait pu être. » — La tragédie, ils n’en pensent pas mieux que de l’histoire, mais ils la redoutent davantage, et ils lui en veulent comme au fantôme ennemi qu’on évoque de temps en temps et qu’on fait semblant de ressusciter contre les genres vivants et modernes ; ils disent : « Il est permis en France de scandaliser en histoire : on peut écrire que Néron était un philanthrope, ou que Dubois était un saint homme ; mais en art et en littérature les opinions consacrées sont sacrées : et peut-être, au xixe siècle, est-il moins dangereux, pour un homme de marcher sur un crucifix que sur les beautés de la tragédie. » Artistes jusqu’à la moelle, ils voient le monde par ce côté unique de l’art ; c’est par là qu’ils sont offensés, c’est par là qu’ils jouissent ; c’est à être un artiste indépendant, sincère, absolu et sans concession, qu’ils mettent le courage civil : « Il faut plus que du goût, il faut un caractère pour apprécier une chose d’art.
Les satires du temps ont conservé mémoire d’une journée qui fit éclat au début de cette liaison, — d’un certain jeudi de Semaine sainte : « Le jeudi 22 mars 1742, la demoiselle Leduc, ci-devant maîtresse du président de Rieux, alla se promener aux ténèbres de Longchamps dans une calèche de canne peinte en bleu, et tous les fers en argent, attelée de six chevaux nains, pas plus gros que des dogues.
Mais ces différents degrés dans le pardon chrétien, ce premier degré où l’on pardonne pour être pardonné, c’est-à-dire par crainte ou par espoir, cet autre degré où l’on pardonne parce qu’on se reconnaît digne de souffrir, c’est-à-dire par humilité, celui enfin où l’on pardonne par égard au précepte de rendre le bien pour le mal, c’est-à-dire par obéissance, ces trois manières, qui ne sont pas encore le pardon tout-à-fait supérieur et désintéressé, m’ont remis en mémoire ce qu’on lit dans l’un des Pères du désert, traduit par Arnauld d’Andilly : « J’ai vu une fois, dit un saint abbé du Sinaï, trois solitaires qui avoient reçu ensemble une même injure, et dont le premier s’étoit senti piqué et troublé, mais néanmoins, parce qu’il craignoit la justice divine, s’étoit retenu dans le silence ; le second s’étoit réjoui pour soi du mauvais traitement qu’il avoit reçu, parce qu’il en espéroit être récompensé, mais s’en étoit affligé pour celui qui lui avoit fait cet outrage ; et le troisième, se représentant seulement la faute de son prochain, en étoit si fort touché, parce qu’il l’aimoit véritablement, qu’il pleuroit à chaudes larmes.
Vous prendrez garde à toutes ces haines de là-bas, et vous tâcherez surtout de concilier ici. » Et la famille, et les enfants, elle venait aussi en parler, et embellissait par eux les devoirs : « Ils auront es mêmes fées que vous sous vos mêmes ombrages. » Hervé n’essayait plus de comprendre, il nageait dans une sainte joie ; le jour tombant et de si franches paroles l’enhardissaient ; il exprima nettement ce désir prochain d’union, et cette fois, soit qu’elle fût trop faible, après tant d’efforts, ou trop attendrie, elle le laissa s’expliquer jusqu’au bout sans l’interrompre.
Écoutons Tacite, c’est ainsi qu’il commence son premier livre : XI « J’entreprends une œuvre riche en vicissitudes, atroce en batailles, déchirée en séditions, sinistre même dans la paix : « Quatre empereurs tranchés successivement par le glaive, trois guerres civiles, plusieurs guerres extérieures, quelques autres tout à la fois civiles et étrangères ; « Nos armes, prospères en Orient, malheureuses en Occident ; l’Illyrie troublée, les Gaules mobiles, la Grande-Bretagne conquise et perdue presque au même moment ; les races suèves et sarmates se ruant contre nous ; les Daces illustrés par des défaites et par des victoires alternatives ; l’Italie elle-même affligée de calamités nouvelles ou renouvelées des calamités déjà éprouvées par elle dans la série des siècles précédents ; des villes englouties ou secouées par les tremblements de terre sur les confins de la fertile Campanie ; Rome dévastée par les flammes ; nos plus anciens temples consumés ; le Capitole lui-même incendié par la main de ses concitoyens ; nos saintes cérémonies profanées ; des adultères souillant nos plus grandes familles ; les îles de la mer pleines d’exilés ; ses écueils ensanglantés de meurtres ; des atrocités plus sanguinaires encore dans le sein de nos villes ; noblesse, dignités, acceptées ou refusées, imputées à crime ; le supplice devenu le prix inévitable de toute vertu ; l’émulation entre les délateurs, non-seulement pour le prix, mais pour l’horreur de leurs forfaits ; ceux-ci revêtus comme dépouilles des consulats et des sacerdoces, ceux-là de l’administration et de la puissance de l’État dans les provinces, afin qu’elles supportassent tout de leur violence et de leur rapacité ; les esclaves corrompus contre leurs maîtres, les affranchis contre leurs patrons, et ceux à qui il manquait des ennemis pour les perdre, perdus par la trahison de leurs amis. » XII « Toutefois le siècle n’est pas assez tari de toute vertu pour ne pas fournir encore de grands exemples : « Des mères accompagnant leurs fils poursuivis, dans leur fuite ; des femmes s’exilant volontairement avec leurs maris ; des proches courageux ; des gendres dévoués ; la fidélité des serviteurs résistant même aux tortures ; des hommes illustres bravant les dernières extrémités de l’infortune ; l’indigence elle-même héroïquement supportée ; des sorties volontaires de la vie comparables aux morts les plus louées de nos ancêtres.
Il en fait la légende plutôt que l’histoire, malgré ses très sérieuses recherches : maudissant, invectivant, embrassant, bénissant, dressant au-dessus de tous ses ennemis, amis et serviteurs, la sainte figure du peuple, du peuple idéal, terrible, fécond et généreux comme la Nature, toujours grand et toujours pur, quoi qu’il fasse.
Car, si tout n’était pas vanité, si toute vie n’était attendue par la mort, il serait horrible de songer que nous ne connaissons qu’une vie médiocre, que nous n’avons pas de génie, que nous ne faisons rien de grand, que nous ignorons même à peu près la vie sensuelle et passionnelle et les « mille et trois » de don Juan, et que nous ne sommes pas « comme des dieux », ainsi que parlent les livres saints.
Mais encore une fois ce n’est pas son but ; et quand il arrive au génie, il oublie ses deux images, il brise ses deux miroirs, et, au lieu de contempler son objet spirituel dans un emblème physique, il change d’inspiration, il se sert d’expressions abstraites ; il parle des accès d’une sainte manie , de l’ardeur qui le possède ; il prend ses figures à toutes sources : rien n’est suivi ; c’est une manière fragmentaire et hachée.
Goron, de Saint-Georges de Bouhélier ou même de mon ami Jean-Bernard : « À part l’escarbot merdivore, à part les saints déjà nommés, nul être humain ne barbota dans la crotte avec de pareilles délices. » Certes quand je cite de telles phrases chez Saint-Georges de Bouhélier c’est pour faire connaître par des exemples la manière ordinaire de mon auteur ; ici, je ris d’un accident plutôt rare, mais qui ne serait jamais arrivé au Tailhade ancien.
Son salon est une petite chapelle où les intrigues politiques complotent autour des choses saintes, comme les intrigues d’amour chuchotent autour des bénitiers, dans les églises espagnoles.
Joubert un singulier élève, un élève épuré, finalement platonicien et chrétien, épris du beau idéal et du saint, étudiant et adorant la piété, la chasteté, la pudeur, ne trouvant, pour s’exprimer sur ces nobles sujets, aucune forme assez éthérée, aucune expression assez lumineuse.
Cette sainte aventure lui a réussi.
que de fois Mme Du Deffand, pour lui plaire, envia le style de cette « sainte de Livry » !
Tout en soutenant ses expressions, ou du moins en les justifiant moyennant des autorités respectables, il termine chaque paragraphe en disant, en répétant sous toutes les formes : « Un prophète (ou un saint) avait déjà dit avant moi quelque chose d’équivalent ou de plus fort, je ne fais que redire la même chose, et plutôt moins fortement ; mais cependant je me soumets. » Ce refrain de soumission, revenant perpétuellement à la suite d’une justification qu’il semble donner comme victorieuse, produit à la longue un singulier effet, et finit véritablement par impatienter ceux même qui sont le moins théologiens.
Une confrérie de moines, troublée dans l’œuvre de canonisation de son saint, n’eût pas été plus outrée et plus intolérante.
Ses adversaires ne plaisantent pas, eux ; ils se fâchent rouge : les anciens orateurs ou poètes, c’est toujours un peu comme s’il s’agissait d’Écriture sainte ou de conciles.
J’en ai trouvé un ici qui est un saint religieux… Je crois que Mme des Ursins s’inquiétait un peu moins de ses confesseurs que Mme de Maintenon ne faisait des siens.
En allant visiter les îles Borromées, il nous parle du saint si vénéré, de Charles Borromée, ce grand personnage, bienfaiteur du pays, et qui a partout laissé sa trace : « Il est singulier qu’un homme qui a si peu vécu ait pu faire tant de choses de différents genres, toutes exécutées dans le grand, et marquant de hautes vues pour le bien public. » Il traite assez lestement ce petit faquin de lac Majeur qui s’avise de singer l’Océan et d’avoir des tempêtes : Les bords du lac, dit-il, sont garnis de montagnes fort couvertes de bois, de treilles disposées en amphithéâtre, avec quelques villages et maisons de campagne, qui forment un aspect assez amusant.
Il arrive à Angoulême le mercredi de la Semaine sainte (27 mars 1619), et là où il pensait toucher au port, « c’est où il trouve plus de tempête ».
Une idole est une chose très sainte et la sainteté est la valeur la plus élevée que les hommes aient jamais reconnue.
Célébrez la religion, chantez aussi l’amour ; mais ne mêlez pas indiscrètement les mystères de la foi et ceux de la volupté, les saints ravissements de l’âme et les profanes extases des sens.
« Elle sentait et pensait en petit. » La première misère de sa vie — cette sainte misère qui nous lave le cœur avec nos larmes et qui nous le parfume pour toujours lorsque nous l’avons respirée !
la dévote, la pieuse, la sainte, enfin, dans le sens qui n’est plus le sens du monde, n’y est pas.
Les plus beaux génies, ces fleurs pourpres qui s’épanouissent dans le cerveau, ont leurs racines dans le sang de nos cœurs, et ce que les Livres Saints appellent : « le sel de la sagesse », n’est probablement que le sel des pleurs que nous avons répandus !
Et le meilleur conseil à donner à tous ceux qui ont du talent et même à ceux qui ont du génie, c’est de le mêler à la sainte poussière du pays, c’est de le faire rentrer, ce génie, dans cette terre sacrée, afin qu’un jour il en ressorte, fils du sol, beau comme le coursier de Neptune !
C’est un pays d’usages et de traditions, un pays où l’on croit à des saints, où l’on va à des pèlerinages, où l’on consulte des sorcières, où l’on redoute les « j’teux de sorts », où les principales actions de la vie sont accompagnées de rites locaux, de cérémonies séculaires, où l’on donne des charivaris et où il y a encore des bergers-poètes qui improvisent des chansons. […] Le mariage est saint. […] Il n’est pas exposé à jouer le rôle déplorable de moine aimé des belles oisives et à prendre à son insu des allures ou à se laisser imposer des attitudes qui démentent plaisamment sa vocation sainte. […] Nous lui devons le Maître, les Résignés, l’Envers d’une sainte. […] Il est tout à fait digne de l’auteur de l’Envers d’une sainte.
N’est-ce pas ainsi, en effet, qu’à cette époque toutes les personnes bien pensantes, graves ou légères, saintes ou pécheresses, venaient déposer contre cette grande accusée qu’on appelle la Révolution ? […] Elle tend bravement au couteau sa tête ravissante, et si elle n’a pas su être sainte, elle est toute prête à devenir martyre. […] Saints devoirs, obligations futiles, dévouements légitimes, concessions hypocrites, le monde lui réclame tout avec une égale rigueur, et elle ne court guère moins de risque à s’affranchir des frivolités que des vertus de son sexe. […] » me dit-il d’un ton superbe, — du ton dont Danton, à la veille de sa chute, disait : « On ne me touche pas ; je suis l’arche sainte ! […] Une sainte et digne femme n’a pas « un grain de poussière, pas une toile d’araignée à la vitre de sa conscience ».
Ce brave homme le félicitait à l’occasion de la naissance d’un fils, qui avait vu le jour dans le village de Pokrofskoé, le 20 août 1807, et qu’on avait nommé Théodore, en l’honneur du saint martyr du même nom. […] Au détour d’une allée, l’habitation lui apparut ; deux fenêtres seulement étaient faiblement éclairées ; la flamme d’une bougie tremblait derrière les rideaux de Lise, et, dans la chambre de Marpha Timoféevna, une lampe faisait briller de ses reflets rougeâtres l’or des saintes images. […] Dès le premier accord, une mélodie douce et passionnée envahissait l’âme ; elle jaillissait pleine de chaleur, de beauté, d’ivresse ; elle s’épanouissait, éveillant tout ce qu’il y a de tendre, de mystérieux, de saint, dans l’humaine nature ; elle respirait une tristesse immortelle et allait s’éteindre dans les cieux.
et la mosquée sainte, et l’allée des saints tombeaux ! […] Du reste, en courant, ce sera une perte de cinq ou dix minutes à peine, — et je dis à mon batelier : « Va, aborde un peu plus loin, au quai de marbre là-bas, à l’entrée du saint cimetière. » Laissant le vieux Grec dans le caïque avec le rameur, je redescends à terre, seul, saisi tout à coup par le silence glacé de ce lieu, par sa sonorité funèbre, que j’avais oubliée, et qui change le bruit de mon pas. […] Au bout de l’avenue, dans une ombre plus épaisse, sous une voûte obscure de platanes, je m’arrête devant la petite porte de l’impénétrable mosquée sainte. […] Sainte Thérèse, avec un soupir, l’a trouvé. […] » Puis c’est la Légende des saints Oliveri et Liberette, sainte Euphrosine Scolastica, le Jongleur de Notre-Dame, la Messe des Ombres, qui vous poursuivent, après la lecture d’un charme persistant comme l’odeur de l’encens et la sonorité des chants sacrés après qu’on est sorti de l’office divin.
5° La Révolution est sainte, et elle a émancipé le peuple français. […] Elle a donné naissance, entre autres, à la légende du saint laïque, séparé de Dieu, enfermé dans son laboratoire et travaillant là au soulagement de l’humanité. Il n’y a pas de saint laïque. Il n’y a pas de saint sans cette mystique, dont l’exaltation scientifique, même profonde, même absolue, n’est que la parodie et la caricature. […] Chez nous, il fit, pendant quarante ans, partie du régime gras du vendredi saint.
Créations charmantes et douloureuses de la poésie familière, vous avez une place dans mon imagination fraternelle au-dessous de la simple et sainte Eugénie Grandet. […] Baudelaire a rencontré sainte Thérèse donnant le bras à Sapho : ……………………………………………… Et celles dont la gorge aime les scapulaires, Qui, recélant un fouet sous leurs longs vêtements, Mêlent, dans la nuit sombre et les bois solitaires, L’écume du plaisir aux larmes des tourments. […] — Lettre inédite de Mistral sur les paysans. — Un dîner à la Maison dorée. — « Je bois à la sainte poésie ! […] On causait, on cancanait à la parisienne, quand Mistral, qui souriait — un peu par bienséance, je crois, et sans trop les comprendre — à ces jolis riens artificiels, à ces folies froides, se leva tout à coup et, tendant sa coupe de champagne à travers la table, dit simplement : « Mes amis, je bois à la sainte poésie. » la sainte poésie ! […] Tous, Bixiou même, choquèrent avec émotion leur verre contre celui de ce paysan qui venait, en plein Paris, dans un salon de la Maison-Dorée, de porter un toast à la sainte poésie.
— Je ne sais pas. » Dans l’incertitude, il vécut de cette manière : « Sur les bords charmants du Pénée, vallée fleurie où les nymphes viennent le soir danser en chœur, il mena l’existence d’un saint homme, il tenait ménage avec sa sœur, Philista, qui était sage-femme. […] Sa sainte vie « le rendit vénérable à ses concitoyens, qui l’élevèrent au sacerdoce ; il remplit les fonctions de grand-prêtre avec exactitude et décence, comme un homme qui respectait les dieux de la République ». […] Lethois, qui étudie les mœurs des fourmis et, de leur examen, conclut à la négation de Dieu, des lois et de la propriété ; M. l’abbé Taffin, que mène à l’idolâtrie le culte de sainte Letgarde et qui, apprenant que cette sainte n’a point existé, va sombrer dans le nihilisme ; enfin Mlle Peyrolles, qui maternellement s’éprend d’un sien neveu avec le zèle qu’une Lespinasse accorde à ses amours : ces trois personnes, qui ont l’air si reposé, sont animées d’une étonnante frénésie. […] Ce très saint homme avait passé quarante années dans une petite chambre de dix pieds carrés à méditer sur les attributs et la gloire de Dieu. Il y avait quarante années que le très saint homme était là ; et il continuait sa méditation.
Le quatrième, c’est « obeyr et observer les loix, coustumes et ceremonies du pays où l’on est, … et ce, non pour la justice ou equité qui soit en elles, mais simplement pource que ce sont loix et coustumes… Il adviendra quelquefois que nous ferons par une seconde, particuliere et municipale obligation ce qui est contre la premiere et plus ancienne, c’est-à-dire la nature et raison universelle ; mais nous luy satisfaisons, tenant nostre jugement et nos opinions saintes et justes selon elle. […] Comment Charron n’a-t-il pas vu le coup qu’il portait à la loi de nature en écrivant ce passage déjà cité : « Il adviendra quelquefois que nous ferons par une seconde, particulière et municipale obligation ce qui est contre la première et plus ancienne, c’est-à-dire la nature et raison universelle ; mais nous luy satisfaisons, tenant nostre jugement et nos opinions saintes et justes selon elle124. » C’est un sophisme ; non seulement une loi première et plus ancienne, qui doit, en toute occasion, céder le pas à une seconde, particulière et municipale obligation, dont elle est pourtant la norme et l’unique sanction, ne peut plus être appelée loi première ; mais encore une loi incessamment refoulée dans la pensée, une loi naturelle à laquelle il ne serait jamais permis de passer dans les faits et de se réfléchir dans la vie, que sauf le bon plaisir des conventions humaines, une telle loi sans doute n’est rien. […] Et l’on ne monte à Dieu que par l’amour ; et l’on n’aime le Dieu vivant et saint qu’autant qu’on le connaît, et nous ne le connaissons qu’autant qu’il nous a été montré, et lui seul peut se montrer à nous. […] On rencontre, au milieu de ce peuple charnel, de véritables enfants d’Abraham, dont le dernier rejeton s’offre à nous dans la personne du saint vieillard Siméon, exprimant toutes les pensées d’un disciple de Jésus-Christ, et contemplant d’avance le salut, non plus concentré dans un peuple unique, mais répandu sur toutes les nations. […] Ses auteurs attribuent à la loi une haute importance, un rôle grand et indispensable ; ils l’honorent ; ils répètent que « le commandement est saint, juste et bon142 ».
Aussi faut-il adopter et savoir par cœur, comme catéchisme littéraire, le xviie et le xviiie siècle, et poser la plume après, et frapper de mutisme cette noble partie de l’âme humaine qui vent toujours créer, même en concurrence avec la gloire ; qui veut rester libre, même sous la sainte autorité du génie ; on bien se résoudre à glaner stérilement sur les traces des grands hommes, et à accepter l’honorable infériorité des Campistron et des Marmontel. […] C’est que, dans le Livre saint, on n’aperçoit pas trace d’école, ni de législation littéraire. […] Et si le poète, en puisant aux saintes sources, a retrouvé quelque hymne oublié ; si, pour chanter Dieu, il s’est mis comme le prophète des temps hébraïques, sous l’esprit de Dieu, doit-on craindre de l’admirer, parce qu’il est arrivé par l’art, les souvenirs, le travail, à reproduire quelques-uns de ces grands effets qui semblent, dans la Bible, n’avoir coûté à la pensée que sa naïve et primitive inspiration ? […] Une autre fois, qu’il lui était venu dans l’esprit de se noyer, qu’il avait déjà choisi la place, belle et ombragée de peupliers, par un beau soleil, comme pour raffiner sur le mépris de la vie ; et alors, au lieu de se monter la tête, à la façon de Saint-Preux, pour trouver de l’honneur et du courage à mourir, au lieu de s’étourdir avec des sophismes, comme s’étourdit avec du vin l’homme du peuple qui veut en venir là, il se disait qu’il était au bord de l’eau, et qu’il était son maître ; que la mort est tentante dans une solitude, loin des hommes, quand il n’y a point de Dieu ; que l’on retrouverait un jour un cadavre, souillé de sable et de boue, sur lequel on clouerait quatre planches, et qu’on jetterait dans un trou, hors de la terre sainte, et que ce cadavre serait le sien. […] J’imagine que c’est la guinguette qui a du sauter la première par-dessus les murailles, de Philippe-Auguste, et qui s’y est taillé des jardins et des berceaux, avec des bancs sous le feuillage, pour les gais buveurs qui y venaient chômer tous les saints du calendrier.
C’était une chose indécente et bizarre de voir un cardinal de la sainte Église romaine s’amuser à faire des comédies, tandis que l’Église anathématisait les comédies et les comédiens ; rien n’était plus ridicule qu’un grand homme d’état travesti en méchant auteur et en misérable poète. […] Balzac appelait Émilie une furie adorable, une sainte possédée : en effet, elle a le diable au corps, et n’en est que plus théâtrale. […] Au sein de la corruption la plus effrénée, au milieu des guerres civiles qui désolaient la république, Cicéron enseignait encore que l’union la plus sainte, la plus inviolable, est celle qui lie les hommes à la chose publique. […] Zaïre, le chef-d’œuvre du moins religieux des poètes, est aussi une sainte et une martyre, puisqu’elle est tuée en allant au baptême, puisqu’elle meurt victime tout à la fois de la piété chrétienne et de la piété filiale. […] Corneille, aveuglé par la passion de son art, admet tous les sujets tirés de l’Évangile et de la Bible, sans songer que la plupart sont impraticables, et qu’en les traitant on déshonore tout à la fois le théâtre et l’Écriture sainte.
L’expression en est si austère qu’elle effraie, et si sainte Que le vieux péché en nous organisé Frémit jusque dans sa racine originelle154. […] C’est ce secret de son individualité qu’elle apprend par la révélation de « ce “nom nouveau” dont parlent les Saints Livres184 ». […] Le duo, si plein d’enlacements et de courbes flammes, qui s’élève soudain de l’orchestre, brûle d’un pathétique uniquement spirituel : ce sont les noces de l’âme sainte avec Dieu. […] Elle me délivre comme les larmes. — Le rideau levé, c’est toute la sainte Russie qui chante avec ses cloches et ses prières. […] notre sainte mère priante, souffrante, souriante !
monsieur, m’écriai-je, il s’en faut bien garder ; ces termes sont si scandaleux, qu’ils feroient condamner la chose du monde la plus honnête et la plus sainte. — Aussi n’usé-je de ces mots, me dit-il, que pour m’accommoder au langage de certaines gens qui donnent souvent le nom de vice à la vertu, et celui de vertu au vice. […] Mais les faux honnêtes gens, aussi bien que les faux dévots, ne cherchent que l’apparence, et je crois que, dans la morale, Sénèque étoit un hypocrite et qu’Épicure étoit un saint.
Thiers, pour tous contre quelques-uns ; le sentiment du gouvernement est à nos yeux une des formes les plus saintes, non seulement du bon sens, mais de la vertu publique. […] Nous savons que ces saintes audaces qui portent un grand citoyen à s’emparer du gouvernement, pour sauver le peuple de lui-même, sont des coups d’État de la nécessité absous par le salut public.
« L’onction et la sérénité d’une vie sainte et courageuse, la douce gravité du quaker, la profondeur de sa prudence, la chaleur passionnée de ses sympathies et de ses prières, tout ce qu’il y a de sacré et de puissant dans son intervention paternelle, a été parfaitement exprimé par le talent savant et expérimenté de M. […] L’aimant magique de cette pierre attire et attache les cœurs d’acier, les cœurs des forts. — Dites si cela n’est pas, vous, vous mes braves compagnons, vous à qui j’ai fait ces récits, ô nouvelle légion Thébaine, vous dont la tête se fit écraser sur cette pierre du Serment, dites-le, vous tous, Saints et Martyrs de la religion de l’Honneur. » Écrit à Paris, 20 août 1835.
Composé de voix d’hommes, qu’une unique voix de soprano entraîne, pareille à l’encensoir d’argent qui fait monter de lourds tourbillons de fumée odoriférante, il est d’une gravité émue, et répand un de ces pieux recueillements, qu’on n’est habitué à rencontrer que dans les saints temples. […] Lorsque le convoi d’Élisabeth paraît, qu’on la porte étendue dans son cercueil, que le fauteur de la grande coulpe se précipite à côté de ces restes adorés, s’exclame : « Sainte Elisabeth !
Les Sonnets, ces Sonnets sans sexe, où l’âme de ceux qui respectent Shakespeare se trouble devant la confusion d’un langage si troublant lui-même et si troublé ; les Sonnets, que je n’aurais pas cités, moi, pour prouver la pureté d’un sentiment qui, s’il est de l’amitié, n’est plus de l’amitié sainte et forte, mais de l’amitié qui, au moins, a le délire ; ces Sonnets sont invoqués à l’appui de cette idée que, quand il s’agit de Shakespeare : qui peint l’amitié doit la ressentir. […] C’était, nous dit François Hugo, le 26 décembre 1606, le jour de la Saint-Étienne : …… On ne s’attendait guère À voir un saint dans cette affaire !
J’ai parlé avec la plus grande force à Dieu et à ses saints.
Ne forme que de saints désirs, Et te sépare des plaisirs Dont la molle douceur te fait aimer la vie.
Si vous pouviez attirer à cette alliance la fortune, ce serait un accroissement presque sans exemple, auquel on ne saurait rien souhaiter de plus, si ce n’est la connaissance de la vérité, qui ne peut être longtemps cachée à une fille qui peut s’entretenir avec les saints auteurs dans leurs langues naturelles.
Une pensée se présente naturellement dans l’étude de cette maladie religieuse de Cowper : c’est qu’il eût été à souhaiter pour lui qu’entre un Dieu si puissant et si mystérieux jusque dans ses miséricordes et la créature si prosternée, il eût su voir encore, et se donner quelques points d’appui rassurants, soit dans une Église visible ayant pour cela autorité et pouvoir, soit dans des intercesseurs amis comme le sont pour des âmes pieuses la Vierge et les saints ; mais, lancé seul, comme il l’était, sur cet océan insondable des tempêtes et des volontés divines, le vertige le prenait malgré lui, et il avait beau adorer l’arbre du salut, il ne pouvait croire, pilote tremblant et timide, qu’il ne fût point voué à un inévitable naufrage.
Costar… Si Roboam était fort gros ; si l’Écriture sainte remarque qu’il fût fort dispos et fort léger… » « Que M.
Vous seule seriez capable de m’enivrer encore ; mais, si vous avez toujours le saint zèle de faire des prosélytes, vous trouverez dans Paris des esprits plus propres que moi à cette vocation, plus jeunes, plus hardis, et qui auront plus de talent.
Durant cette campagne de 1709, elle lui écrivait agréablement qu’en lui voyant faire tant de miracles, on le regardait à Saint-Cyr comme un saint : « Je vais demander à Dieu, avec les dames de Saint-Cyr, de vous protéger et de vous rendre tel qu’elles croient que vous êtes. » Je serai plus bref sur les deux campagnes suivantes (1710-1711).
Un sourd qui aurait par moments la perception des sons, un aveugle qui aurait le sentiment subit et instantané de la lumière, ne pourraient croire qu’ils se donnent à eux-mêmes de telles perceptions : ils attribueraient ces effets singuliers, et hors de leur mode d’existence accoutumé, à quelque cause mystérieuse… Et il en vient à conclure qu’il faut se mettre, s’il se peut, dans un rapport régulier avec cette grande cause, y disposer toute sa personne et son organisation elle-même par certains moyens : Les anciens philosophes, comme les premiers chrétiens et les hommes qui ont mené une vie vraiment sainte, ont plus ou moins connu et pratiqué ces moyens.
Élisabeth, alors tout enfant, n’annonçait pas encore cette angélique personne qui mourra comme une sainte sur l’échafaud ; elle se montrait dès l’âge de six ans comme une petite sauvage, avec « un air déterminé et doux en même temps », mais au fond, avec je ne sais quoi « d’entier et de rebelle » qui ne se laissait pas aisément apprivoiser.
Une assemblée solennelle de tous les délégués des vallées se tint à Rocheplate le 19 avril ; c’était le vendredi saint.
Je vous expose, mon très cher frère, avec sincérité de cœur, les sentiments dans lesquels je suis, non sans bien des réflexions sur le passé et l’avenir de ce qui me regarde. » Et il terminait en s’appliquant cette parole de l’Écriture : « Deus dédit, Deus abstulit… Dieu me l’a donné, Dieu me l’a ôté : que son saint nom soit béni !
« Or, cette idée de solitude éternelle qui vous saisit et vous serre au sein des plus vives et des plus saintes affections, c’est une idée très-sombre et très-difficile à accepter.
Éclectiques, romantiques, doctrinaires, républicains ou monarchistes ; systématiques de tout bord et de toute conviction, il les a laissés dire ; il n’en a repoussé ni épousé aucun, se taisant, n’écoutant pas toujours, s’abstenant d’avoir là-dessus le moindre avis ; mais il relisait de temps à autre le Prince de Machiavel, qui lui semblait une œuvre solide à méditer ; il relisait l’Art poétique d’Horace, pour y rctiouver quelques détails sur les procédés scéniques des anciens, ou les Confessions de saint Augustin, pour y voir comment un jour le saint prit goût, malgré lui, aux jeux du cirque.
Enfin, sans tant multiplier les exemples, il est bien constant qu’il y a telle chose que la religion et même que la dévotion littéraire : là aussi on n’adore pas seulement les grands dieux, on se prend aux moindres saints.
Pour qui se complaît à ces ingénieuses et tendres lectures ; pour qui a jeté quelquefois un coup d’œil de regret, comme le nocher vers le rivage, vers la société dès longtemps fabuleuse des La Fayette et des Sévigné ; pour qui a pardonné beaucoup à Mme de Maintenon, en tenant ses lettres attachantes, si sensées et si unies ; pour qui aurait volontiers partagé en idée avec Mlle de Montpensier cette retraite chimérique et divertissante dont elle propose le tableau à Mme de Motteville, et dans laquelle il y aurait eu toutes sortes de solitaires honnêtes et toutes sortes de conversations permises, des bergers, des moutons, point d’amour, un jeu de mail, et à portée du lieu, en quelque forêt voisine, un couvent de carmélites selon la réforme de sainte Thérèse d’Avila ; pour qui, plus tard, accompagne d’un regard attendri Mlle de Launay, toute jeune fille et pauvre pensionnaire du couvent, au château antique et un peu triste de Silly, aimant le jeune comte, fils de la maison, et s’entretenant de ses dédains avec Mlle de Silly dans une allée du bois, le long d’une charmille, derrière laquelle il les entend ; pour qui s’est fait à la société plus grave de Mme de Lambert, et aux discours nourris de christianisme et d’antiquité qu’elle tient avec Sacy ; pour qui, tour à tour, a suivi Mlle Aïssé à Ablon, où elle sort dès le matin pour tirer aux oiseaux, puis Diderot chez d’Holbach au Granval, ou Jean-Jacques aux pieds de Mme d’Houdetot dans le bosquet ; pour quiconque enfin cherche contre le fracas et la pesanteur de nos jours un rafraîchissement, un refuge passager auprès de ces âmes aimantes et polies des anciennes générations dont le simple langage est déjà loin de nous, comme le genre de vie et de loisir ; pour celui-là, Mlle de Liron n’a qu’à se montrer ; elle est la bienvenue : on la comprendra, on l’aimera ; tout inattendu qu’est son caractère, tout irrégulières que sont ses démarches, tout provincial qu’est parfois son accent, et malgré l’impropriété de quelques locutions que la cour n’a pu polir (puisqu’il n’y a plus de cour), on sentira ce qu’elle vaut, on lui trouvera des sœurs.
., etc… » Suit toute une petite harangue de sainte croisade contre ce haïssable moi.
Tous les dimanches, aux prônes, il se crie des lieutenances et des sous-lieutenances (de saints) : à tant la lieutenance de saint Pierre Si le paysan tarde à mettre le prix, vite un éloge de saint Pierre, et mes paysans de monter à l’envi736. » — À ces cerveaux tout primitifs, vides d’idées et peuplés d’images, il faut des idoles sur la terre comme dans le ciel. « Je ne doutais nullement, dit Rétif de la Bretonne737, que le roi ne pût légalement obliger tout homme à me donner sa femme ou sa fille, et tout mon village (Sacy en Bourgogne) pensait comme moi. » Il n’y a pas de place en de pareilles têtes pour les conceptions abstraites, pour la notion de l’ordre social ; ils le subissent, rien de plus. « La grosse masse du peuple, écrit Gouverneur Morris en 1789738, n’a pour religion que ses prêtres, pour loi que ses supérieurs, pour morale que son intérêt ; voilà les créatures qui, menées par des curés ivres, sont maintenant sur le grand chemin de la liberté ; et le premier usage qu’elles en font, c’est de s’insurger de toutes parts parce qu’il y a disette. » Comment pourrait-il en être autrement ?
Jamais il ne troubla par une taquinerie la vie religieuse des écoles, où l’on apprenait encore, de son temps, le catéchisme et l’histoire sainte.
Si je ne croyais que tout est saint, que tout importe à la poursuite du beau et du vrai, je regarderais comme perdu le temps donné à autre chose qu’à la recherche spéciale.
L’Europe, secouée tout entière par cette longue commotion sociale comme par un grand cataclysme naturel, y a ravivé le sentiment d’une étroite solidarité, preuve en soit « la sainte alliance » des souverains, protectrice officielle des trônes, ou bien la mystérieuse entente des aspirations populaires, visible en ces journées de 1830 et de 1848 où l’esprit de révolte, comme une traînée de poudre, court et fait explosion de capitale en capitale, visible encore aujourd’hui dans les revendications presque identiques de tous les partis socialistes.
Elle forme l’enfant à son image, qui est celle du plus saint amour ; elle lui apprend le dévouement, la foi, l’enthousiasme, la fierté du cœur, toutes les puretés et toutes les beautés.
Le curé de Saint-Sulpice, Languet, refusa de la recevoir en terre sainte.
Aujourd’hui, par exemple, j’ai une robe de satin gris, parsemée de mouches couleur de rose… Placez une telle femme à son clavecin, chantant un air du Devin du village, ou bien mettez-la à sa table à écrire, ayant en face d’elle la collection rangée des Œuvres de Jean-Jacques et au-dessus le portrait de celui qui est le saint de son oratoire, et vous aurez vu Mme de La Tour.
Jamais on n’a porté si loin le bonheur de votre sexe : il y a peu de princesses dans le monde à qui vous ne fassiez sentir la dureté de leur condition par jalousie de la vôtre ; il n’y a point de saintes dans les couvents qui n’eussent voulu changer la tranquillité de leur esprit contre les troubles agréables de votre âme.
Heureux de la conversion, le poète s’écrie en finissant, dans un sentiment qui déborde le cadre de son poème : « C’est beau de sauver la sainte poésie, mais c’est cent fois plus beau de sauver son pays !
Ce système, que je ne puis qu’indiquer brièvement, est celui-ci : M. de Bonald, homme de foi, d’une religion profonde, orthodoxe, et qui chez lui n’a jamais été ébranlée, croit fermement à la parole des Livres saints et à la création de l’homme telle qu’elle est consignée dans le récit de Moïse.
Retz, vous le pensez bien, n’en est pas dupe, et, montrant tout aussitôt Paris, dès qu’on lui a rendu son Broussel, redevenu « plus tranquille que je ne l’ai jamais vu le Vendredi saint », il nous fait sentir la contrepartie railleuse sans l’exprimer. — « La Cour qui se sentait touchée à la prunelle de l’œil… » dira-t-il à propos de la révocation des intendants, mise en délibération par les cours souveraines réunies ; il est rempli de ces expressions sensibles et animées.
La femme de chambre (car ici Mme de Motteville l’est bien un peu) nous montre avec admiration et avec amour sa royale maîtresse depuis l’instant où elle s’éveille, depuis celui où elle se lève et où on lui présente la chemise, jusqu’à son souper et à son coucher : Après avoir mis son corps de jupe avec un peignoir, elle entendait la messe fort dévotement ; et, cette sainte action finie, elle venait à sa toilette.
L’objet de mon voyage lointain pourrait bien ne pas trouver grâce devant une piété sévère, et, si j’avais la dévotion et les scrupules de nos vieux pèlerins, peut-être me faudrait-il revenir une seconde fois aux saints lieux et faire un nouveau pèlerinage pour expier ce qu’il y a de mondain et de profane dans celui que j’achève maintenant.
Il fera tout pendant des années, auprès de la mère patrie, pour éclairer l’opinion et conjurer les mesures extrêmes ; jusqu’au dernier moment, il s’efforcera d’atteindre à une réconciliation fondée sur l’équité ; un jour qu’un des hommes influents de l’Angleterre (lord Howe) lui en laissera entrevoir l’espérance à la veille même de la rupture, on verra une larme de joie humecter sa joue : mais, l’injustice s’endurcissant et l’orgueil obstiné se bouchant les oreilles, il sera transporté de la plus pure et de la plus invincible des passions ; et lui qui pense que toute paix est bonne, et que toute guerre est mauvaise, il sera pour la guerre alors, pour la sainte guerre d’une défense patriotique et légitime.
Il se remit en marche vers la Jérusalem de la religion et de la poésie, le casque en tête et le glaive à la main, comme un des chevaliers du Tasse, et non sans se laisser aussi surprendre en chemin par les enchantements ; il entra dans la Cité sainte reconquise par l’arc de triomphe ou par la brèche (je ne sais trop), mais en plein soleil, tandis que M.
Pour donner une idée de ce temps incroyable, citons ce que Hurter rapporte de Foulque de Neuilly, le saint prédicateur de la Croisade.
Dans le village de Taintrux, près de Saint-Dié, dans les Vosges, le 29 août 1914 (un samedi, le jour saint des juifs), l’ambulance du 14e corps prend feu sous le tir des Allemands, Les brancardiers emportent, au milieu des flammes et des éclatements, les cent cinquante blessés.
Seigneur, donnez-moi la force et le courage de contempler mon corps et mon cœur sans dégoût, dans cette phrase ; être un saint et un grand homme pour soi-même. […] Légende du Nord, fragment de la nouvelle Vie des Saints pareille à l’ancienne, en ce sens qu’elle enregistre les miracles de désintéressement, et la vie simple de ceux qui ne sont sensibles qu’à l’Infini se manifestant en eux et autour d’eux. […] Le carillon de Borluut est comme l’orgue d’un vieux maître de chapelle, qu’on taxe de folie, parce qu’il se souvient toujours de quelque fulgurante apparition de sainte Cécile descendue sur des rayons de mélopée, pour ajouter l’ivresse de la beauté entrevue à celle des vingt ans sonores du musicien. […] Descriptions lyriques et invocations au Saint et à la Vierge sont amenées un peu comme des cavatines ; aussi c’est en chœur que les enfants prient, et quand ils frappent à la porte de Cagnard, c’est toute une chanson qu’ils lui disent en chœur pour montrer leur gentillesse, et obtenir que l’huis s’ouvre. […] On est le saint des gravures hagiographiques parmi les bêtes pacifiques et charmées, le savant de l’estampe d’après Rembrandt, le piéton de la découverte et de la croisade, et, au bout du rêve, la terreur du silence.
Peu à peu la préoccupation des besoins de la vie éteint l’enthousiasme ; la cupidité ou l’ambition remplacent les illusions saintes et la foi désintéressée. […] Voyez-vous comme « le séjour des héros » peu à peu se transforme en paradis, et comme ces héros deviennent des justes, — pour un rien, il dirait des saints — il dit déjà des bienheureux, et déjà il leur donne le nimbe et l’auréole. […] Charles Clément fait très bien voir que Léonard de Vinci, dans son chef-d’œuvre de la Cène, « n’est ni liturgique, ni chrétien, ni religieux, à aucun degré57. » « La Renaissance, dit Louis Pfau, n’a vu dans la religion que l’histoire sainte, et n’a peint dans l’histoire sainte que l’histoire de l’humanité… La peinture, en accusant la vie dans toute sa plénitude, sort de la religion et n’est plus qu’une peinture historique se servant des sujets mythiques… Les madones byzantines, voilà de l’art religieux. […] « Il n’y a d’élément esthétique dans l’histoire sainte que ce qui est purement humain ; et, si l’art y trouve d’excellents sujets, ce n’est pas parce que, mais quoique religieux. […] Il avait trente-sept ans, lorsque la mort l’emporta après une très courte maladie, le vendredi saint, 6 avril 1520, jour anniversaire de sa naissance.
Une gloire, en termes de peinture, est la représentation du ciel ouvert avec des personnes célestes, Dieu, anges, saints, etc. […] J’ai fait réflexion que, pour vous épouser, je vous ai dérobée à la clôture d’un couvent… Le repentir m’a pris et j’ai craint le courroux céleste ; j’ai cru que notre mariage n’était qu’un adultère déguisé, qu’il nous attirerait quelque disgrâce d’en haut… Voudriez-vous, Madame, vous opposer à une si sainte pensée et que j’allasse, en vous retenant, me mettre le Ciel sur les bras… » Don Elvire répond à cela : « Ah ! […] Ouvrez-les : c’est le Combat spirituel, le Chrétien intérieur et l’Année sainte ; d’autres livres sont sous la clef. […] Elle a été jeune, elle a songé à l’amour, elle a lu les livres qui en parlaient ; elle s’est farcie de romans ; appartenant à cette catégorie de lecteurs qui rapportent à eux tout-ce qu’ils lisent et qui, comme les auteurs qui ne peuvent parler que d’eux, se font les saints, non du sermon qu’ils prononcent, mais du sermon qu’ils entendent. […] Il est gourmand et je m’étonne que La Bruyère ne le lui ait pas reproché, ou du moins la manifestation de ce défaut, puisqu’à le montrer il compromet aux yeux de toute la famille d’Orgon, aux yeux peut-être d’Orgon lui-même, si ce n’est aujourd’hui, du moins demain, sa réputation de saint homme austère.
Est-ce que Paul de Tarse, que l’admiration des hommes a déclaré saint, ne sentait pas qu’il était le premier des pécheurs ? […] Hrolf ou Rollo, duc de Normandie, a une part à cette heure-ci dans le gouvernement de l’Angleterre1459. » — « S’il n’y avait pas eu de sauvages saints Dominiques ni d’ermites de la Thébaïde, il n’y aurait point eu un harmonieux Dante. […] Did not Paul of Tarsus, whom admiring men have since named Saint, feel that he was the “chief of sinners ;” and Nero of Rome, jocund in spirit (wohlgemuth), spend much of his time in fiddling ?
C’est l’impression glorieuse et mélancolique du soir descendant sur la cité sainte, un soir solennel, traversé de bandes pourprées, pompeux et ardent comme la religion romaine. […] Boudin qui, soit dit en passant, a exposé un fort bon et fort sage tableau (le Pardon de sainte Anne Palud), plusieurs centaines d’études au pastel improvisées en face de la mer et du ciel, ils comprendraient ce qu’ils n’ont pas l’air de comprendre, c’est-à-dire la différence qui sépare une étude d’un tableau. […] Je crois, mon cher, que nous pouvons nous arrêter ici ; je citerais de nouveaux échantillons que je n’y pourrais trouver que de nouvelles preuves superflues à l’appui de l’idée principale qui a gouverné mon travail depuis le commencement, à savoir que les talents les plus ingénieux et les plus patients ne sauraient suppléer le goût du grand et la sainte fureur de l’imagination.
Ce n’était pas, comme l’avait été Vauvenargues, un jeune stoïque croyant fermement aux vérités morales et se fondant sur les points élevés de la conscience pour fuir le mal et pour pratiquer le bien, ce n’était point une âme héroïque condamnée par le sort à la souffrance et à la gêne de l’inaction : c’était une âme tendre, timide, ardente, pleine de désirs pieux et fervents, inhabile au monde et à ces scènes changeantes où elle ne voyait que des échelons et des figures, avide de se fondre dans l’esprit divin qui remplit tout, de frayer sans cesse avec Dieu, de le faire passer et parler en soi, une âme née pour être de la famille des chastes et des saints, de l’ordre des pieux acolytes, et à qui il ne manquait que son grand-prêtre.
A la suite des Œuvres complètes de chacun de ces auteurs célèbres, il devrait y avoir un album, un recueil d’estampes représentant quelques-uns des types de ces femmes-là, à la fois celles que l’auteur a peintes dans ses livres et celles qui se sont après coup modelées sur lui, autant de prêtresses ou de dévotes vouées chacune à leur saint ou à leur dieu.
Quand de tes Chérubins la phalange sacrée Nous saluerait élus en ouvrant les saints lieux, Nous leur crierions bientôt d’une voix éplorée : Nous élus ?
Les courtisanes elles-mêmes ne se privaient pas de ces offrandes, et l’une d’elles, Calliclée, en se retirant, faisait comme Laïs, mais d’un air plus satisfait, et consacrait à Vénus ses instruments de toilette, devenus inutiles : « Cet Amour d’argent, une frange pour la cheville du pied, ce tour lesbien de cheveux foncés, une bandelette transparente pour soutenir le sein, ce miroir de bronze, ce large peigne de buis qui coule comme à pleine eau dans l’onde de la chevelure5, — voilà ce qu’ayant gagné ce qu’elle voulait, ô libérale Vénus, Calliclée vient déposer dans ton sanctuaire. » A côté de cela, une petite fille pieuse et fervente, — elle ou ses parents, — s’adressait à la déesse Rhéa pour obtenir d’arriver au seuil de l’hyménée dans toute sa fleur et sa fraîcheur : « Ô toi qui règnes sur le mont Dindyme et sur les crêtes de la Phrygie brûlante, Mère auguste des dieux, que par toi la petite Aristodice, la fille de Siléné, arrive fraîche et belle jusqu’à l’hyménée, jusqu’à la couche nuptiale, terme de sa vie de jeune fille ; elle le mérite pour avoir bien souvent, et dans le vestibule de ton temple et devant l’autel, agité çà et là (dans une sainte fureur) sa chevelure virginale !
On peut mourir comme Mme Roland ou comme Louis XVI, comme sainte Blandine ou comme Socrate, comme Caton ou même comme Atticus.
Tessé ayant reproché à M. de Saint-Thomas la ruse du duc et le panneau dans lequel il avait voulu faire tomber Catinat à propos du bombardement de Pignerol, comme si un mouvement en avant du général français eût suffi pour l’en détourner, Saint-Thomas l’interrompit et lui dit : « Moi, je vais vous conter l’histoire de la bataille que nous avons perdue, et je vous jure par tout ce qu’il y a de plus saint et de plus sacré que je vous parlerai vrai.
. — Je vous écris, mes chères âmes, au milieu de toutes les cloches battantes de Bruxelles qui se répondent pour les Saints et pour les Morts.
On avait pris pour riant emblème, et sans doute d’après le choix de l’aimable saint (car cela lui ressemble), un oranger portant fruits et fleurs, avec cette devise : Flores fructusque perennes.
Vous chantez si hautement les triomphes de l’Église et les fêtes de l’État, la mort des martyrs et la naissance des princes, qu’il semble que vos vers ajoutent de la gloire à celle du ciel et des ornements à ceux du Louvre ; les saints semblent recevoir de vous une nouvelle félicité, et M. le Dauphin une seconde noblesse. » Une étude particulière sur Balzac démontrerait à fond cette identité de nature qu’il a avec les rhéteurs des siècles inférieurs retracés par M.
Son érudition est du moyen âge : J’ai lu des saints la légende dorée, J’ai tu Alain, le très noble orateur (Alain Chartier), Et Lancelot, le très plaisant menteur.
Même Polyeucte, le saint, l’extatique, l’illuminé, même Horace, le patriote furieux, même Camille, l’amoureuse fanatique, manifestent surtout la volonté : tous les trois ont cette forme supérieure de l’amour qui est la dévotion, et dans laquelle la raison attribue une perfection, donc une valeur infinie à l’objet aimé, en sorte que la volonté s’applique tout entière et ramasse toutes les énergies de l’âme au service de l’amour.
Il suppléait à toutes les lacunes de l’érudition : il allait chercher à travers les siècles et les races de quoi compléter ses textes, cueillant ici un trait du Sémite biblique, et là faisant concourir sainte Thérèse à la détermination du type extatique de Salammbô. « Je me moque de l’archéologie, écrivait-il ; si la couleur n’est pas une, si les détails détonnent, si les mœurs ne dérivent pas de la religion et les faits des passions, si les caractères ne sont pas suivis, si les costumes ne sont pas appropriés aux usages, et les architectures au climat, s’il n’y a pas, en un mot, harmonie, je suis dans le faux.
Donne-moi un soufflet, ça te fera plaisir, et à moi aussi. » Cette scène fameuse est de celles qui inquiètent et dont on peut se demander si elles sont puériles ou sublimes ; mais l’homme capable d’un pareil mouvement a certainement en lui un sentiment moral assez fort pour ne succomber qu’à des tentations exceptionnelles, et telles qu’un saint pourrait seul en triompher.
Craignant d’avoir éveillé les soupçons du valet, Tebaldo lui dit qu’il faisait comprendre à Lelio en quelle triste position se trouvait sa sœur Virginia, et il adresse les plus violents reproches et les plus terribles menaces à Zucca, qui cherche vainement à s’excuser d’être pour rien dans ce malheur, et qui ne sait plus, comme on dit, à quel saint se vouer.
L’œuvre du XIXe siècle aura été la conquête de ce bien-être matériel, qui, au premier abord, peut paraître profane, mais qui devient chose sainte, si l’on considère qu’il est la condition de l’affranchissement de l’esprit.
Marcelline-Lucie Michaut, de Provins, est de la même famille de saintes résignées.
N’est-ce pas Sainte-Beuve qui a dit que l’Abbaye-au-Bois où Mme Récamier trônait dans le demi-jour, comme une sainte dans sa chapelle, était de nuance gris-perle ?’
ce jeune artiste si affectueux pour son père, si tendre à sa jeune femme qu’il lui adressait, tout à l’heure des litanies, comme à une sainte Vierge, le voilà qui, d’un jour à l’autre, se transforme en fils dénaturé, en mari sans cœur !
Nul n’a fait plus que lui usage de la réflexion et de la dialectique pour réagir sur lui-même et sur son idée, pour élever sa doctrine libérale première à une puissance plus haute, pour la couronner d’une idée religieuse qui la rendît sainte, pour lui trouver au-dedans de l’homme une base plus digne et plus intime que celle de l’utilité commune ou de l’intérêt bien entendu.
Toutes les fois que le peuple en personne se met en communication avec l’Assemblée, Condorcet y applaudit : On sait, écrivait-il le 21 novembre 1791, que les séances du dimanche sont consacrées au saint et indispensable devoir d’entendre les pétitionnaires… L’Assemblée doit aimer à se sentir quelquefois électrisée par les expressions que l’enthousiasme d’un peuple libre et généreux vient porter dans le sein même de ses séances.
On la vit un jour, au haut de la coupole du Panthéon, réciter son Hymne à sainte Geneviève, en l’honneur des peintures de Gros.
Dieu, la vertu, les saintes lois de la morale naturelle, n’y furent jamais mis en doute, du moins en ma présence. » Il en était des sons comme des couleurs : Marmontel adoucissait et amollissait aisément ce qu’il entendait comme ce qu’il voyait.
Necker, on avait accusé le rédacteur d’être vendu au ministère : Si cela est, s’écriait Rivarol, nous sommes vendu et non payé, ce qui doit être quand l’acheteur n’existe pas ; et, en effet, il n’y a point de ministère en ce moment… Les cours, à la vérité, ajoute-t-il en se redressant, se recommandent quelquefois aux gens de lettres comme les impies invoquent les saints dans le péril, mais tout aussi inutilement : la sottise mérite toujours ses malheurs.
Bonneval, se voyant au pied du mur et prêt à être livré à ses ennemis, avait chargé son domestique de lui amener un Turc instruit pour lui expliquer ce qu’il avait à faire et la sainte formule qui devait le protéger : Lamira (c’était le domestique), m’ayant lu cet écrit, me dit : « Monsieur le comte, ces Turcs ne sont pas si sots qu’on le dit à Vienne, à Rome et à Paris… » Je lui répondis que je sentais un mouvement de grâce turque intérieur, et que ce mouvement consistait dans la ferme espérance de donner sur les oreilles au prince Eugène, quand je commanderais quelques bataillons turcs.
Entendant le solitaire mélancolique accuser hautement la fatalité et le sort de tous les maux, qui affligent tour à tour les diverses nations, il l’en reprendra au nom de ces ruines et lui dira d’y lire les leçons qu’elles présentent : « Et vous, témoins de vingt siècles divers, temples saints !
Mercredi 9 mars Mlle X… me disait, ce soir, que les jeunes filles sont très souvent préservées d’une chute, par l’espèce de culte qu’elles rendent à leur personne, par une sorte d’ascension de leur être, dont elles font, à leurs yeux, une petite sainte Vierge de chapelle.
D’après le docteur Hammond de New-York, l’odeur de sainteté n’est pas une simple figure de rhétorique ; c’est l’expression d’une sainte névrose, parfumant la peau d’effluves plus ou moins agréables au moment du paroxysme religieux extatique.
Je me traînai avec peine jusqu’au Louvre, et je m’évanouis presque quand j’entrai dans la haute salle où la très sainte déesse de la beauté, Notre-Dame de Milo, trône sur son socle.
Que l’on ne nous dise pas que le libre examen ne convient qu’à certaines confessions religieuses, et non point à toutes, à celles qui, admettant l’autorité d’un livre sacré, permettent cependant de le discuter, et non à celles qui reconnaissent une autorité chargée d’interpréter ce qui est dans ce livre ; car ceux qui croient à cette autorité y croient ou bien à priori, parce qu’il leur semble que cela est nécessaire, logique, inévitable dans l’hypothèse d’une révélation, ou à posteriori, parce qu’ils ont cru trouver dans les livres saints un texte qui fonde cette autorité.
Pradel, etc… Ils ne dédaignaient pas les grands mots : « Nous ne sommes pas une coterie, nous n’organiserons pas des congrès, nous ne nous estomaquerons pas d’éloges réciproques, nous ne nous offrirons pas de mutuelles frairies, nous n’avons pas de grand homme de neige à pousser au soleil de la renommée, nous ne tenterons pas de restaurer sur des tréteaux de baladins les tables saintes de Cana, dans la secrète espérance d’y voir surgir entre la poire et le fromage quelque nouveau messie qui nous ferait participer, sur le vain Thabor de la gloire humaine, au resplendissement de son éventuelle divinité.
Maurras s’écrie : « Le patriciat dans l’ordre des faits, mais une barbarie vraiment démocratique dans la pensée, voilà le partage des temps prochains : le rêveur, le spéculatif pourront s’y maintenir au prix de leur dignité ou de leur bien-être ; les places, le succès ou la gloire récompenseront la souplesse de l’histrion : plus que jamais, dans une mesure inconnue aux âges de fer, la pauvreté, la solitude, expieront la fierté du héros et du saint, jeûner, les bras croisés au-dessus du banquet, ou, pour ronger les os, se rouler au niveau des chiens. » Et pour sauver l’intelligence, il faut d’abord que l’intelligence veuille briser ses chaînes, qu’elle revienne à appuyer le triomphe de l’Épée, l’âme du sang et la race.
Besnier, Jésuite, & d’un vocabulaire bagialogique, c’est-à-dire, une liste des noms des Saints qui paroissent éloignés de leur origine, & qui s’expriment diversement selon la diversité des lieux, par Claude Chastelain, Chanoine de l’Eglise de Paris, avec des préfaces & des remarques, par Hervé Pierre Simon de Valhebert.
Je sais bien que pour la grandir les fatalistes de notre âge l’ont sacrée avec la sainte Ampoule d’une inévitable nécessité.
Quant aux visions et aux hallucinations des saints et des ascètes, qu’envisage M.
L’équivoque n’est plus possible à présent : on n’a que trop longtemps confondu le saint et le malsain.
Dans son discours de réception à l’Académie française, Massillon eut le courage de l’avouer : « La chaire, dit-il, semblait disputer ou de bouffonnerie avec le théâtre ou de sécheresse avec l’école ; et le prédicateur croyait avoir rempli le ministère le plus sérieux de la religion, quand il avait déshonoré la majesté de la parole sainte, en y mêlant ou des termes barbares qu’on n’entendait pas, ou des plaisanteries qu’on n’aurait pas dû entendre. » Au dix-huitième siècle, d’Alembert signalait le mauvais style académique, « ce langage poétique chargé de métaphores et d’antithèses et qu’on pourrait appeler avec bien plus de raisons le style de la chaire. […] A ce bruit, la très sainte Vierge qui se trouvait en compagnie avec Mme Prudence, Mme Chasteté, Mme Oraison et Mme Humilité, délibère si elle ouvrira sa porte ou si elle ne l’ouvrira pas. […] Elles étaient écrites en caractères de lumière, scellées de quatre étoiles et paraphées de la Sainte Trinité. […] La version de Mons traduit : « C’est ici que doit paraître la patience et la foi des saints. » Le père Bouhours : « Voici le temps de la constance et de la fidélité des saints. » Bossuet dit littéralement : « C’est ici la patience et la foi des saints. » Les traductions de Bossuet, dit La Broise, l’emportent presque toujours sur celles de ses contemporains, parce qu’elles serrent davantage le texte, et qu’elles sont plus brèves et plus fortes.
La Princesse de Clèves et L’Échéance ne me paraissent pas moins des chefs-d’œuvre, mais des chefs-d’œuvre d’esthétique dramatique, comme la Sainte Famille peinte par Michel Ange est un chef-d’œuvre d’esthétique sculpturale. […] Elle avait lu dans son Histoire sainte, etc. » Cela est profond. […] « Il y avait autrefois, dans une ville de l’Inde, un vieillard très saint, nommé Touriri, qui dès son adolescence s’était appliqué à dompter sa chair afin d’entrer vivant dans la paix du Nirvâna. […] Et tout le recueil se placerait sous l’invocation de Sainte Marthe : « On sait que cette sainte si raisonnable et si modérée devint, par la suite, la patronne la plus populaire des Méridionaux. […] Jean Giraudoux inquiètent des lecteurs, en passionnent d’autres, excitent des discussions, créent des amitiés, deviennent peu à peu les murs, les arceaux, les figures, les saints d’une chapelle.
Gusman, le scélérat de la pièce, est respectueux envers son père ; à sa prière, il met en liberté des aventuriers qu’il avait le droit de traiter en ennemis ; il souffre avec une patience héroïque les injures atroces que son rival lui dit devant sa femme ; il finit par lui céder cette femme, et meurt comme un saint. […] le nom de sujet n’est pas plus saint pour nous Que ces noms si sacrés et de père et d’époux ; La nature et l’hymen, voilà les lois premières ; Les devoirs, les liens des nations entières ; Ces lois viennent des dieux, le reste est des humains. […] C’est dommage que les dieux fassent l’honneur à un si saint homme de le choisir pour ordonner et diriger un parricide : un prêtre, aussi pieux que le vénérable Oroès, doit savoir mieux que personne que la Divinité ne punit point un crime par un crime plus grand. […] Sémiramis est une espèce de tragédie sainte : on n’y parle que des dieux, on n’y voit que des prêtres. […] Mais lorsque l’homme qui prend le titre de vicaire de Dieu sur la terre, souillait, par un théâtre et par des jeux scéniques, le sanctuaire qu’il habitait dans la Ville sainte ; lorsque des nonces, des cardinaux, des évêques perdaient leur temps et prostituaient leur plume à des ouvrages de théâtre, ils avilissaient leur dignité aux yeux des peuples, ils appelaient l’impiété et la philosophie : un pareil oubli des bienséances ne pouvait être loué que par Voltaire.
On entendit une suite de discoureurs d’académie, aux applaudissements d’un public d’élite, railler, sous la coupole de l’Institut, la révolution française, faire l’apologie de l’ancien régime, prôner comme le dernier cri de l’élégance le culte du moyen âge, chercher dans le passé un refuge et une défense contre l’avenir, maudire la science et la liberté, prescrire pour le salut de la société tout ce qui abêtit la raison, et prier, d’une façon plus ou moins transparente, pour le règne béni d’un grand sabre au service de la sainte Église. […] Le Franc de Pompignan, le seul poète du dix-huitième siècle qui ait profondément compris la poésie des livres saints et qui l’a rendue quelquefois en vers d’une grande beauté, ne s’est point relevé des épigrammes de Voltaire. […] C’est la troublante question qui m’a mis, il y a six ans, la plume à la main ; et, plus j’y applique mon étude et mes réflexions, plus ma confiance diminue dans les réponses prudhommesques de la sagesse officielle : « Le monde n’a pas de longues injustices. » — « Le temps remet enfin chaque chose à sa place. » Ô sainte candeur que celle qui se repose sur ces sentences pompeuses ! […] Sainte Véronique a sa statue, dans une place d’honneur, sous le dôme de Saint-Pierre, à Rome. Mais sur cette sainte on ne possède aucun document, et pour cause : durant les premiers siècles du christianisme, on figurait souvent, dans les églises, une tête de Christ peinte sur une draperie que tenait déployée une femme, symbole de la Foi.
C’est “une cause sainte” et il y a bientôt quarante ans que “je combats” pour elle. […] Et je puis me vanter, d’avoir relevé le drapeau de la sainte cause. […] Ce livre avait révélé aux imaginations épuisées par les excès du xviiie siècle et de la Révolution, toutes les ressources que leur offrait la religion chrétienne, l’histoire de ses martyrs, de ses saints, de son culte et de ses pompes. […] Il est évident qu’un bon gros drame de la Porte St. […] Il n’en est pas ainsi de la forêt majestueuse qui s’est élancée vers le ciel sans le secours de l’homme, les siècles l’ont respectée et ses profondes solitudes nous remplissent encore d’une sainte terreur. » Henri Heine, le terrible ennemi de Schlegel, jugeait ainsi ces velléités de réforme : « A.
— peut-on lire dans un journal estimé, — ô saints Shakespeare, Richardson, Rousseau, et vous tous qui avez su émouvoir le cœur humain par le spectacle des luttes de la passion et du sentiment du sublime ! […] Vous vous arrêterez à des phrases comme celles-ci : « Je voyage dans le désert où il n’y a point d’eau ; mes cheveux sont mon ombre, mon sang est ma source » ; ou bien : « Le jour du vendredi saint, je voulais creuser une tombe sacrée pour ensevelir la silhouette de Charlotte : elle est encore là, et elle y restera jusqu’à ce que je meure ! […] Si tu pouvais voir notre union, ô sainte bien-aimée, tu bénirais avec des actions de grâces ce Dieu à qui tu demandais, en versant les larmes les plus amères, les larmes suprêmes, le bonheur de tes enfants… Voilà ce que disait Charlotte… Ô Wihelm ! […] Nous vois-tu du haut des cieux, sainte femme qui m’as donné ce trésor à garder ? […] Ô saints Shakespeare, Richardson, Rousseau, et vous tous qui avez su émouvoir le cœur humain par la peinture des luttes de la passion et de l’idéal !
La sainte Évolution veut que le fort survive seul. […] Ils vendent la candeur du croyant qui contemple, Et les saints tressaillant dans l’ombre où sont leurs os, Jérusalem qui tremble, et le voile du temple, Dont ils ont, accroupis, recousu les morceaux. […] Considérant que le protestantisme a détruit son premier fondement, à savoir l’autorité de la lettre, pour avoir tellement scruté, secoué, élagué, corrigé, taraudé, tamisé l’Écriture sainte qu’il l’a subtilisée et éparpillée à tous vents, qu’il lui est impossible désormais « de préciser la moindre doctrine vraiment chrétienne ou seulement religieuse » ; et qu’il est « réduit à un sentiment vague ». […] « Jamais les saints ne se sont tus », a dit Pascal. Tant qu’il y aura des saints dans l’une et l’autre Église, il suffit que l’un d’eux ait du talent pour que la grande éloquence religieuse renaisse.
La grandeur dernière de Pascal, il faut la voir dans l’opération par laquelle le plus impatient des génies le cède au saint ; — le cède ? […] Il paraît bien établi que si cette foi connut les troubles atmosphériques, — auxquels d’ailleurs les plus grands saints restent soumis, — le noyau n’en fut point entamé. C’est plutôt que la constance même de cette foi maintenant Pascal sur un seul sujet, trouvant chez ce fervent pour l’y maintenir l’appui d’une logique qui onques ne capitule, s’alimentant à une doctrine qui, parce qu’elle tend toujours davantage à restreindre le petit nombre des élus, laisse, pour balancer la joie de leur élection, planer sur la destinée de ces élus mêmes le contre-poids de la crainte, affronte ici un génie en pleine croissance, incapable d’immobilité, et duquel l’unique chose qu’on ne puisse obtenir, c’est qu’il consente à demeurer tranquille59 » Jamais les saints ne se sont tusck » ; mais de témoigner pour leur foi n’était pas nécessairement aggravé par les poussées en tous sens d’un génie à soi-même imprévisible. […] « Pour faire d’un homme un saint, il faut bien que ce soit la grâce, et qui en doute ne sait ce que c’est que saint et qu’homme », [Pensées, op. cit. […] » (Port-Royal, III, 338), [Sainte Beuve, Port-Royal, t. 2, Livre III, chap.
Jouée pour la première fois le 15 février 1665, cette production souleva des tempêtes ; non pas que le mérite de la pièce en eût compromis le succès, qui fut immense au contraire ; non pas qu’il se trouvât beaucoup de spectateurs de l’avis de la dévote qui disait à Molière : « Votre statue baisse la tête, et moi je la secoue » ; mais parce que le morceau sur l’hypocrisie, dans lequel Molière faisait allusion à ses griefs contre le corps inviolable des tartuffes, était peu propre à calmer leur sainte fureur. […] L’on ne porte point envie à son gain ni à sa réputation ; ce n’est pas un sentiment particulier, c’est celui de tous les gens de bien ; et il ne doit pas trouver mauvais que l’on défende publiquement les intérêts de Dieu qu’il attaque ouvertement, et qu’un chrétien témoigne de la douleur en voyant le théâtre révolté contre l’autel, la farce aux prises avec l’Évangile, un comédien qui se joue des mystères et qui fait raillerie de tout ce qu’il y a de plus saint et de plus sacré dans la religion. […] Un homme, ou plutôt un démon vêtu de chair et habillé en homme, et le plus signalé impie et libertin qui fut jamais dans les siècles passés, avait eu assez d’impiété et d’abomination pour faire sortir de son esprit diabolique une pièce toute prête d’être rendue publique, en la faisant monter sur le théâtre, à la dérision de toute l’Église et au mépris du caractère le plus sacré et de la fonction la plus divine, et au mépris de ce qu’il y a de plus saint dans l’Église, ordonné du Sauveur pour la sanctification des âmes, à dessein d’en rendre l’usage ridicule, contemptible, odieux. Il méritait par cet attentat sacrilège et impie un dernier supplice exemplaire et public, et le feu même avant-coureur de celui de l’enfer, pour expier un crime si grief de lèse-majesté divine, qui va à ruiner la religion catholique, en blâmant et jouant sa plus religieuse et sainte pratique, qui est la conduite et direction des âmes et des familles par de sages guides et conducteurs pieux. […] Quelques commentateurs, entre autres Bret, ont prétendu que Molière, plein de l’ouvrage qu’il méditait, se trouvait un jour chez le nonce du pape avec plusieurs saintes personnes.
Mais ce serait trop nous priver nous-même que de nous refuser à relire avec nos propres lecteurs au moins ces quelques lignes de l’appréciation sur Gil Blas : « S’il est vrai que le roman de Lesage soit le tableau de la vie humaine, le héros doit être un personnage moyen, touchant par son caractère à tous les caractères, les saints et les coquins exceptés ; par sa condition à toutes les conditions, ni bon ni méchant, quoique plus loin de la méchanceté que de la bonté, et, pour dernier trait moyen, ayant sa fortune à faire. […] La passion ne saurait comprendre qu’on puisse préférer quoi que ce soit à l’argent, même les affections les plus saintes. […] Porter, bouillant, dans son cerveau vingt plans de bataille destinés à confondre Marlborough avec Eugène et ne point dépasser la grade de mestre de camp ; n’avoir pendant quinze années d’autre confident des plus saintes et des plus brûlantes colères qu’un chiffon de papier qu’on noircit avec rage et qu’il faut, à peine noirci, « enfermer sous les plus sûres serrures » ; se sentir obsédé par des fantômes éblouissants de félicité publique, de grandeur, de gloire, d’activité féconde, et rester fixe et immobile, cloué dans l’inaction, en face de toutes les misères et de toutes les violences ; souffrir par l’effet d’une sensibilité surhumaine qu’aiguise encore l’affreuse pensée que l’on n’est rien, souffrir à la lettre les souffrances d’un peuple entier ; concentrer en soi seul la multitude des maux particuliers qu’engendre la ruine générale ; saigner chaque jour d’une nouvelle blessure ; être broyé, déchiré, torturé de mille manières ; puis, quand un tour de roue de la fortune jette à bas les maîtres superbes de la veille, quand on tient là, sous son regard, tremblants et palpitants, ceux qui : ont été insolents, médiocres, pleins d’outrages, sans esprit et sans pitié, également avides de domination et de servitude, insatiables de bassesses, se refuser la délicieuse jouissance de les écraser à son tour et ne se sentir enfin le bras libre que pour ne point frapper, ah ! […] Il n’éprouve pas de colères plus saintes et plus brûlantes au souvenir des génuflexions idolâtriques faites par La Feuillade devant la statue de Louis XIV. […] Mais les saintes colères de Molière en faveur des femmes opprimées, mais ses explosions contre les pères qui sacrifient leurs filles, où sont-elles ?
Figure de missel, qui entre en scène un missel à la main, et qui meurt dans l’église des remords de son péché… Pauvre sainte qui n’a pas abouti, coupée, souillée et ensanglantée dans sa fleur… En elle-même, Marguerite est pourtant peu de chose. […] Cet amoureux des beaux marbres n’avait chez lui que des plâtres… Il s’asseyait, non pas, comme le cardinal capucin Micara, sur un escabeau devant l’ambassadeur d’Autriche debout, pour lui faire respecter la fière austérité de la sainte Église, mais il s’asseyait sur une chaise de bois pour souper maigrement entre deux chandelles, se posant, il est vrai, entre ces deux chandelles, le problème qui n’a cessé de tourmenter sa vie et sa pensée et que l’invention de la bougie a résolu : comment se passer de mouchettes ?
Qu’on pense à ce qu’accomplirent, dans le domaine de l’action, un saint Paul, une sainte Thérèse, une sainte Catherine de Sienne, un saint François, une Jeanne d’Arc, et tant d’autres 18.
Ce bonheur de souffrir, c’est le bonheur des saints et des poètes. […] Les Saints et les Philosophes sont des spécialistes, des monomanes de la vertu (même renversée) : ils s’évertuent à perfectionner une des facultés de leur âme, comme les horticulteurs les chevelures des chrysanthèmes. L’Inconstante n’est ni Sainte ni Philosophe, elle est un être pour lequel on ne saurait jamais avoir assez d’indulgence — une femme.
Elle est la faucille Dans le blé mûr pour le pain blanc Du Pauvre et la sainte Cécile Et la Muse rauque et gracile Du Pauvre, et son ange gardien, À ce simple, à cet indocile. […] Notre-Dame fut la paroisse de notre Muse, j’allais dire de notre Sainte ; — et par le fait, il y a, … Si parva licel componere magnis, de la Sainte Thérèse en Marceline Desbordes : le cœur immense, un certain amour de la souffrance et véritablement un mysticisme très humain et, sinon surhumain, plus qu’humain, vulgairement parlant.
Le résultat de ces fausses pudeurs, c’est l’art de la rue Saint-Sulpice ; c’est ces saints et ces saintes, non en chair, mais en cire, dont l’emphatique et vide louange ressassée par de pieux rhéteurs a fait périr d’ennui notre enfance ; c’est cette Jeanne d’Arc en cotte bleu ciel et cuirassée de papier d’argent d’où toute vie, toute sève s’est retirée. […] Saint Michel, sainte Catherine, sainte Marguerite sont ses amis.
— Que sainte Anne les protège ! […] — J’ai désobéi à mon évêque… — Votre évêque, indulgent à des manies qui ne portent, en définitive, nulle atteinte sérieuse à votre caractère sacerdotal, vous pardonne… Toutefois, je mets une condition à ce pardon que je vous accorde entier : c’est qu’à l’avenir vous édifierez votre paroisse, non seulement par la pratique de vertus auxquelles je me plais à rendre justice, — je me souviens encore de l’abbé Cyprien Coupiac, un des bons sujets de mon grand séminaire, — mais aussi par une correction, une hauteur de tenue dignes du saint ministère que vous exercez… Vous me comprenez, n’est-ce pas ? […] J’ai cru d’abord lire un fragment de la vie de saint Paphnuce, extrait de la vie des saints du père Ribadeneira, mais il n’en est rien ; le Paphnuce de M. […] La Sainte Russie. — 1889. […] Sans faire une sainte de la Clairon, M.
Puis, après une pointe en Allemagne, pour y visiter son collègue Hofmann « qu’il serait ravi de voir et d’embrasser avec sa vieille Pénélope », il se mettrait sur le Rhin et reviendrait par la Hollande : « Je chercherais à Rotterdam le lieu de la naissance de l’incomparable Érasme, et à Leyde, je visiterais avec un dévotieux respect le tombeau du très grand Joseph Scaliger. » Ce sont là les saints pour lesquels Gui Patin a un vrai culte.
Tout le reste de la vie de Rome est voué à l’avenir et au ciel qui semble s’y ouvrir dans toute sa splendeur : le présent seul n’existe pas dans la sainte cité.
Imprimé avec approbation et privilège, il a paru pendant la semaine sainte, et on en a été scandalisé.
Hier au soir, je l’ai prié comme un saint ; j’espère qu’il a entendu ma voix et qu’il a vu que ses bienfaits n’avaient point été tout à fait perdus… » Cette mort d’un vieillard, à laquelle il semble qu’il pouvait s’attendre, assombrit pour le jeune voyageur les spectacles auxquels il va désormais assister ; il le dit et le redit à toutes les personnes de sa famille avec des accents d’une sincérité profonde, et qui mettent à nu, à n’en pas douter, l’état contristé de son âme : « (A Mme de Grancev, 10 octobre 1831)… Bien des gens croient que nous n’avons fait qu’une perte ordinaire ; mais vous savez que c’est presque un père que nous pleurons.
Après avoir réfléchi mûrement, je pris la résolution de vivre au sein de l’obscurité sans éclat, et de borner mon ambition à faire des heureux en secret, sans me faire connaître. » C’est le jeudi saint 1831, à 10 heures 7 minutes du matin, que l’alchimiste avait opéré seul la transmutation ; il a noté le jour et l’heure comme Dante et Pétrarque ont fait pour le jour et l’instant béni où ils virent leurs divinités, et la page que je viens de citer du bon alchimiste me semble presque rappeler en naïve allégresse certains passages de la Vita Nuova.
Mais au moins vous n’auriez pas le reproche à vous faire d’avoir favorisé ce courant de matérialisme, d’athéisme, qui emporte les masses et leur inspire une profonde indifférence pour les lois religieuses les plus sages et les plus saintes.
Sitôt que le gouvernement sort de cette humble attitude, il usurpe, et les constitutions vont proclamer qu’en ce cas l’insurrection est non seulement le plus saint des droits, mais encore le premier des devoirs Là-dessus la pratique accompagne la théorie, et le dogme de la souveraineté du peuple, interprété par la foule, va produire la parfaite anarchie, jusqu’au moment où, interprété par les chefs, il produira le despotisme parfait.
Il se rend, sous des apparences de paix, à Bethléem, qui était la ville sainte (le Reims de la Judée).
Vers minuit, il reposait et méditait, lorsqu’on lui annonça la présence du prêtre avec le saint sacrement.
mais voyez Shakespeare ; voyez nos peintres qui font encore des Sainte Famille, nos sculpteurs qui font encore des Diane.
Avant lui, on se demandait s’il était facile d’écrire des poèmes en russe, et toute une école de critiques autorisés soutenait, « par vives raisons », qu’on devait employer pour la poésie la langue slavone, c’est-à-dire celle dans laquelle sont traduits les livres saints, la langue de la liturgie et de la chaire.
« J’entre dans une sainte colère, écrit-il à Fontanes, quand on veut rapprocher les auteurs du dix-huitième siècle et les écrivains du dix-septième, et même à présent que je vous en parle, ce seul souvenir est prêt à m’emporter la raison hors des gonds, comme dit Pascal. » 129.
Jamais la sainte colère des âmes honnêtes contre le scepticisme ne s’est exprimée avec plus d’éloquence.
C'est une addition de l'Auteur des Articles, copiée presque mot à mot d'un petit Recueil de Pieces prétendues philosophiques, où l'on attaque avec déraison & sans pudeur, les vérités les plus saintes & les plus respectables.
» Quand la ville sainte fut assiégée par Titus, il fit le tour des remparts et répéta sa triple clameur.
Sur la fin, sa chaleur de cœur s’exhalait souvent par des bouffées d’indignation et par de saintes colères d’honnête homme.
Allez, montez sur la montagne sainte de Jérusalem, rebâtissez le temple de Jéhovah. » — « À cet ordre du libérateur, continue Chateaubriand, tous les Juifs, et jusqu’au moindre d’entre eux, doivent rassembler des matériaux pour hâter la reconstruction de l’édifice.
Isolé par goût, sans autre ambition que celle des lettres, des « saintes lettres », comme il les appelle, n’aspirant à rien tant qu’à les voir se retremper aux grandes sources et se régénérer, ne désespérant point d’y aider pour sa part en un siècle dont il appréciait les germes de vie et aussi la corruption et la décadence, il n’entra jamais dans la politique qu’à la façon d’un particulier généreux qui vient remplir son devoir envers la cause commune, dire tout haut ce qu’il pense, applaudir ou s’indigner énergiquement.
La ghilde est à la fois une société religieuse qui fait dire des messes en l’honneur de son saint patron, — une société mondaine, qui donne des fêtes et des banquets, — une société de secours mutuels, qui vient en aide à ses membres malades, volés ou incendiés, — une société de protection juridique, qui poursuit ceux qui ont lésé ses adhérents, — une société morale enfin, avec ses censeurs chargés de faire respecter les devoirs de camaraderie ou les devoirs professionnels167.
J’ai été moi-même dans Saint Antoine le saint Antoine et je l’ai oublié. […] Le discours de Bournisien au pied-bot opéré et malade peut faire rire : « Tu négligeais un peu tes devoirs, on te voyait rarement à l’office divin ; combien y a-t-il d’années que tu ne t’es approché de la sainte Table ? […] Puis, au moment de la séparation, à la rue d’Amsterdam, il me confie que la défaite finale du saint est due à la cellule, à la cellule scientifique112. » Flaubert écrit d’ailleurs, au sortir d’une lecture de la Création naturelle d’Hæckel, que c’est un livre « plein de faits et d’idées. […] Aussi touchant et naïf, ce perroquet de la sainte littérature, dans le cabinet de travail du vieil écrivain que dans la chambre de Félicité ! […] L’homme qui se donne, après l’homme qui a tué, l’équilibre entre l’intensité de la pénitence et l’abondance du sang versé, le plateau plein de grâce qui compense peu à peu le plateau plein de meurtre, et sur lequel le lépreux transfiguré en Jésus-Christ, enlève au ciel le criminel transfiguré en saint.
Et dans la lettre à madame de Chenonceaux (17 janvier 1770 : Jamais on ne me verra falsifier les saintes lois de la nature et du devoir pour exténuer (atténuer) mes fautes. […] Enfin, dans sa lettre du 26 février 1770 à M. de Saint-Germain, qui est une sorte de confession général : L’exemple, la nécessité, l’honneur de celle qui m’était chère me firent confier mes enfants à l’établissement fait pour cela, et m’empêchèrent de remplir moi-même le premier, le plus saint des devoirs de la nature. […] C’était cet amour forcené dont nous étions embrasés l’un et l’autre qui déguisait nos transports sous ce saint enthousiasme, pour nous le rendre encore plus cher et nous abuser plus longtemps… Il est temps que l’illusion cesse. […] Je prédis à quiconque a des entrailles et néglige de si saints devoirs, qu’il versera longtemps sur sa faute des larmes amères, et n’en sera jamais consolé.
Or il est des saints innombrables qui n’ont point de nom, ni d’anniversaire, dont le visage passe rapidement. […] Les flammes des damnés éclairent les robes des saintes, les froides et humides régions intermédiaires : inquiétant mélange aux origines lointaines et profondes lueurs de certains regards, arôme de fleurs empoisonnées, adorables ! […] Une mère au regard profond et calme, au cœur qui s’ignore et s’imprègne de son enfant beau et chéri comme un dieu, victime d’une fatalité intérieure qui le prive presque du langage et laisse vivre l’intelligence sensible, une ville ancienne et sainte, la Ville, Rome aux sept collines, voilà les personnages. […] Le poète infiniment subtil, profond et nuancé du Règne du silence et du Voyage dans les yeux, l’impeccable romancier de Bruges-la-Morte, a voulu cette fois, dans une suite de récits immaculés, nous raconter la vie de ces saintes filles du nord au milieu de leurs beaux rêves, de leurs cloîtres, de leurs travaux embrumés et paisibles.
Le portrait est celui de sainte Thérèse ; le cadre est l’Espagne du temps de Philippe II. […] C’est le prêtre qui accepte la pénitence que Thérèse lui impose, aller à Rome ou en Terre Sainte à titre de pèlerin mendiant. […] Elle encourage à la patience et à la persévérance la sainte troupe de religieuses qui l’accompagnent. […] Son imperfection à elle, c’est la maladie du scrupule, comme elle est celle de tous les saints ; et cette maladie du scrupule vient d’être avivée par Ximeira. […] — Seulement, me dira-t-on, quand une sainte a fait un tel coup, héroïquement, si l’on veut, il faut qu’elle meure.
D’après ce que j’ai entendu dire, je ne pense pas qu’on puisse voir dans les romantiques les saints de la décence et de la dignité. […] * * * On lit cette phrase dans l’Artiste : « Rome, ce vrai sanctuaire pour tous ceux qui croient en Dieu et à ces admirables maîtres qui s’appellent Léonard de Vinci, Michel Ange, Raphaël, Corrègel. » * * * Les nouvelles religions se mitonnent, il y a des têtes où il se fait des niches pour loger de nouveaux saints, de nouveaux anges et de nouveaux dieux. […] Je ne veux pourtant pas faire de Balzac un saint ; il avait comme chacun de nous ses défauts, il en avait certainement plus et d’un autre genre qu’un épicier ou un critique honnête, il en avait d’autres que ceux acquis que j’ai cités, il en avait de naturels provenant de son imagination impétueuse, de son « esprit mobile, intempérant, fantasque, déréglé ». […] Cela conduit trop droit à Terre et Ciel de saint Jean Reynaud et à toutes les hypothèses que peuvent inventer ou réhabiliter les esprits avides de l’étrange ; on arrive trop vite à la métempsycose ; et en effet, c’est à cette vieille nouveauté qu’ont abouti tous ces systèmes. […] débarrassez-vous de cette guenille, et alors vous pourrez mépriser le monde “prétendu réel et qui n’est qu’un mauvais songe”. » C’est au suicide en effet que doit conduire cette philosophie orgueilleuse ; mais la logique, cette sainte logique que vous dédaignez, ne veut pas venir à vous, elle en a pitié et c’est grâce à elle que vous ne poussez pas vos raisonnements jusqu’à leurs dernières conséquences.
Si son esprit, comme celui de Victor Hugo, eût aimé le jeu violent des antithèses, quelles oppositions il pouvait noter brusquement, dans ce spectacle inouï : les généraux de la Convention, agenouillés devant les dignitaires du Sacré-Collège ; — les ci-devant sans-culottes, devenus ducs et princes, à la pointe de l’épée, et respirant, sans broncher, l’encens des enfants de chœur ; — le trône impérial et le Saint-Siège apostolique ; — la tiare et la couronne ; — la croix et l’aigle ; — la Révolution et l’Église ; — un ancien jacobin recevant, des mains du souverain pontife, l’onction de l’huile sainte, selon le rite institué par les rois très chrétiens ; — le pape de Rome, devenu chapelain du nouvel empire et obligé d’abaisser sa puissance sacerdotale devant le caprice impérieux du césar de Paris ! […] » Après quoi, ayant fait oraison, il consacra, en ce lieu, une chapelle au saint évêque Thiébault. […] C’est la patrie de cette sainte Odile qui passa trois cents ans à écouter l’oiseau de la forêt. […] Ô saintes résignées, quelle immolation et quelle grandeur ! […] quelque temps après, le même Loti, revenant de visiter Kioto, la ville sainte, écrivait à Edmond de Goncourt : Jusqu’à ces dernières années, elle était inaccessible aux Européens, mystérieuse ; à présent, voici qu’on y va en chemin de fer, autant dire qu’elle est banalisée, déchue.
Deux idées avaient soulevé le moyen âge hors de l’informe barbarie : l’une religieuse, qui avait dressé les gigantesques cathédrales et arraché du sol les populations pour les pousser sur la Terre sainte ; l’autre séculière, qui avait bâti les forteresses féodales et planté l’homme de cœur debout et armé sur son domaine ; l’une qui avait produit le héros aventureux, l’autre qui avait produit le moine mystique ; l’une qui est la croyance en Dieu, l’autre qui est la croyance en soi. […] Comme plus tard l’Espagne, renouvelant le moyen âge, après avoir éclaté splendidement et follement par la chevalerie et la dévotion, par Lope et Calderon, par saint Ignace et sainte Thérèse, s’énerva elle-même par l’inquisition et la casuistique, et finit par tomber dans le silence de l’abêtissement ; ainsi le moyen âge, devançant l’Espagne, après avoir étalé l’héroïsme insensé des croisades et les extases poétiques du cloître, après avoir produit la chevalerie et la sainteté, saint François d’Assise, saint Louis et Dante, s’alanguit sous l’inquisition et la scolastique, pour s’éteindre dans les radotages et le néant.
C’était à mes yeux le saint du royalisme moderne. […] Ou de la piété pour sa sainte démence, ou du sourire amer sur les lèvres.
On n’y connaît d’autre asile que les tombeaux des grands saints, cette porte impériale, les cuisines et les écuries du roi ; et ces derniers lieux sont des asiles partout, soit à la ville, soit à la campagne. […] Croyez-vous que les peuples veuillent se charger de votre crime, et souffrir sur le trône des fidèles le plus jeune frère, que vous ne pourrez y avoir mis qu’en foulant aux pieds les plus saints devoirs que la religion nous inspire ?
Mardi 7 mai Il vient de mourir, ces temps-ci, une sainte laïque, Mlle Nicole, qui était parvenue à se faire admettre à la Salpêtrière, pour soigner sa mère, et qui, après la mort de cette mère, cherchant l’emploi de son doux cœur aimant, avait pris la tâche de faire lire les petites idiotes, par l’ingéniosité de ses inventions, par la tendresse de ses imaginations. […] Voici le libretto : l’Amour se trouve tout à fait dans la dèche ; des châtelaines du Midi, qui lui doivent beaucoup, s’adressent au Saint-Père, pour qu’il soit canonisé, et elles obtiennent sa canonisation, et une chapelle pour lui, dans l’église de Saint-Amour, où une ancienne statue d’un petit amour, enguirlandé de chapelets, serait la figuration du nouveau petit saint.
Ils étaient aussi inconnus que ceux des pèlerins qui essuient leur sueur sur le bord du chemin de ces saints de la gloire humaine ! […] Elle y ajoutait le prestige plus solide d’une des plus pieuses vertus qui aient jamais consacré une beauté de sainte.
M. le baron Taylor aimait l’art pour l’art ; la place qu’il occupait n’était point pour lui un métier banal, mais une mission sainte. […] Il est question non seulement d’une belle ode, mais d’une sainte action.
Il faut lire en entier ce fier cantique qu’il intitule la Cime, et qui couronna si noblement la Montée douloureuse du poète jusqu’au sommet de la montagne sainte. […] Elle ne ferait ainsi que reprendre le grand rôle qu’elle a joué dans les sociétés primitives où les poètes étaient législateurs, où la Pythie était écoutée, où la Bible et les Védas tenaient lieu délivrés saints et de code.
Elle traversa le trottoir et monta dans un coupé noir attelé d’un cheval pur-sang blanc, légèrement pommelé, agile, nerveux et souple à ce point qu’on l’aurait cru capable d’imiter le chameau des saintes Écritures et de passer sinon par le trou d’une aiguille, du moins dans une bague. […] Et cependant, Monseigneur, c’est souvent chez de saints prêtres comme vous que les coupables trouvent le plus d’indulgence… et je ne suis pas même un coupable, je ne suis qu’un égaré… On me refuse la main de Mlle votre nièce parce que je ne partage pas sa foi… la vôtre… Mais, Monseigneur, l’incrédulité n’est pas un crime, c’est un malheur… Oh ! […] — Mon fils, a-t-il repris d’une voix grave, je vais finir par une parole que j’emprunte à un saint pape : — La bénédiction d’un vieillard ne peut jamais faire de mal… Voulez-vous recevoir la mienne ? […] Je ne dois pas exposer une mémoire qui m’est sainte aux jugements rogues qui font partie du droit qu’on acquiert sur un livre en l’achetant. […] Je ne veux faire d’allusion à personne, mais combien de grands écrivains n’ont pas cette pudeur pour les plus saintes affections de la vie.
Se perfectionner par la justice, ou se faire saint, en observant la loi temporelle et en la développant dans son entière vérité, tel est le but indiqué à l’homme par la morale ; … se perfectionner par l’art ou, si j’ose me servir de cette expression familière, se faire beau, en épurant sans cesse, à l’instar de notre âme, les formes qui nous entourent, tel est l’objet de l’esthétique. […] Il avait idéalisé dans ses dieux les âges, les sexes, toutes les conditions de l’humanité : le jeune homme, la vierge, le guerrier, la mère, le prêtre, le chantre, l’athlète, le roi, tout le monde avait son idole, comme on disait au moyen âge, son saint. […] Tout ce qui tient, soit par le style, soit par les habits, soit par le langage, à la rhétorique, à l’académie, à la phrase alignée comme une barbe qui sort de la boutique du perruquier, l’a en une sainte horreur.
C’est une maniaque, une espèce de sainte Thérèse.
On a lu le récit de ses impressions naïves à la vue de Bethléem et des lieux saints.
La constitution de la société a changé : l’Académie n’entend plus chaque année au mois d’août la messe de la Saint-Louis, et le panégyrique du saint.
Son corps glacé dans la pourpre frissonne ; Son front fléchit sous la triple couronne ; Les saintes clefs lassent sa faible main.
Aux fêtes saintes, aux stations, il est à la cathédrale avec les autres enfants de son âge.
On lit dans les Mémoires de Trévoux (mars et avril 1701), à propos des Sentiments critiques sur les Caractères de M. de La Bruyère (1701) : « Depuis que les Caractères de M. de La Bruyère ont été donnés « au public, outre les traductions en diverses langues et les dix « éditions qu’on en a faites en douze ans, il a paru plus de trente « volumes à peu près dans ce style : Ouvrage dans le goût des Caractères ; « Théophraste moderne, ou nouveaux Caractères des Mœurs ; « Suite des Caractères de Théophraste ut des Mœurs de ce siècle ; les « différents Caractères des Femmes du siècle ; Caractères tirés de l’Écriture « sainte, et appliqués aux Mœurs du siècle ; Caractères naturels « des hommes, en forme de dialogue ; Portraits sérieux et critiques ; « Caractères des Vertus et des Vices.
Allusion au fameux dîner dit du vendredi saint.
Lire entre autres documents l’autobiographie de Bunyan, la Vita nuova de Dante et les œuvres de sainte Thérèse.
Chez nous, auteurs et spectateurs s’obstinent à préférer la littérature nationale à celle de la sainte alliance ; et tel est encore leur respect pour les lois d’Aristote qu’ils ne veulent pas se départir des trois unités, ni même essayer d’une tragédie en prose.
Oui, ils sont les dignes fils de ce grand et noble poète tant bafoué et calomnié de son vivant, et si mal connu encore à cette heure ; de ce pur artiste qui écrivait : « … La poésie, pour peu qu’on veuille descendre en soi-même, interroger son âme, rappeler ses souvenirs d’enthousiasme, n’a pas d’autre but qu’elle-même ; elle ne peut pas en avoir d’autre et aucun poème ne sera si grand, si noble, si véritablement digne du nom de poème, que celui qui aura été écrit uniquement pour le plaisir d’écrire un poème. » Et, en remontant jusqu’aux premières années du siècle, on trouverait un autre ancêtre, Alfred de Vigny, l’auteur de Moïse, de La Colère de Samson, de La Maison du berger et de ce délicieux mystère où … les rêves pieux et les saintes louanges, Et tous les anges purs et tous les grands archanges… chantent sur leurs harpes d’or la naissance d’Éloa, cette ange charmante née d’une larme de Jésus.
Entre Dieu et lui, il multiplie les intercesseurs, les saints spéciaux, et les vierges locales.
Le sublime prélude du premier acte nous la fait entrevoir ; le motif du Gral, né aux plus sereines hauteurs de l’instrumentation, semble descendre vers nous par degrés, avec le vol des anges qui portent la sainte relique.
Mais pour avoir déprisé les Hommes de tous les Siecles, en faveur de ceux du Siecle nouveau ; pour avoir voulu, comme un autre Encelade, chasser les Dieux de l’Olympe, afin d’y régner seul avec des petites Divinités de sa création ; enfin, pour avoir loué sans mesure les d'Alembert, les Marmontel, les Thomas, les St.
Hebbel malgré l’affirmation contraire du saint livre, — la belle juive a des emportements sublimes, des émotions contradictoires la désolent, et le poète, en peignant ce délire d’une âme chaste, a trouvé des accents de génie.
. — Et elles prient toujours, quoique à voix plus basse, les mains étendues, les lèvres collées aux images saintes.
Là, en t’apercevant, je croirai retourner aux jours de ma jeunesse… Le pauvre Carlin n’a gardé de manquer au saint rendez-vous, et il ne sait comment exprimer dans sa lettre prochaine les divers sentiments qui se partageaient son âme à ce grand moment : « Quel a été mon trouble à la vue de cette majestueuse solennité !
Elles servent à Dieu, à ses saints, au diable, — ou au loup ; les Arabes disent : ou au chacal ; elles servent aux animaux que nous ne voyons pas manger et qui vivent ; elles servent aux êtres surnaturels qui descendent pendant les nuits claires et à ceux qui rôdent pendant les nuits sans lune.
Le moyen d’être jaloux de pauvres diables qui ne seraient pas enterrés en terre sainte, et qui devaient brûler inévitablement et sans rémission dans le feu éternel ?
Imaginez une société de saints, un cloître exemplaire et parfait.
On aime que l’histoire s’y ajoute et doive s’y ajouter, — l’histoire, c’est-à-dire la patrie, la sainte nationalité !
Madeleine, un jour, tombera dans tes bras en te demandant grâce ; tu auras la joie sans pareille de voir une sainte créature s’évanouir de lassitude à tes pieds ; tu l’épargneras, j’en suis sûr, et tu t’en iras, la mort dans l’âme, pleurer sa perte pendant des années.
Il y aura les petits saints et les grands.
Les mots ceint, cinctus ; sain, sanus ; saint, sanctus ; sein, sinus ; & seing, chirographum, ne different entre eux que par l’ortographe. […] On reconnoît en effet le flegme oriental dans la répétition de l’adjectif ou de l’adverbe ; amen, amen ; sanctus, sanctus, sanctus : la vivacité françoise n’a pû s’en accommoder, & très-saint est bien plus à son gré que saint, saint, saint.
Mon dessein n’est pas de rabaisser le mérite de ces beaux caractères de Corneille : j’observe seulement que le sublime y prend une teinte de déclamation ; on admire de tels personnages beaucoup plus qu’on ne les aime ; ils éblouissent, ils étonnent, ils subjuguent ; mais personne ne voudrait passer sa vie avec ces colosses femelles, si fort au-dessus de leur sexe, et qui rapetissent si prodigieusement un mari : l’éclat et le fracas des héroïnes de Corneille a quelque chose de bien plus théâtral et frappe davantage la multitude, toujours amie du merveilleux ; mais les héroïnes de Racine, toujours dans le vrai, simples dans leur grandeur, toujours nobles et jamais guindées dans leur langage comme dans leurs sentiments, ont un charme divin aux yeux du petit nombre des connaisseurs délicats, et ne sont pas des possédées du démon de la république, des saintes, des adorables furies , comme le docteur de Balzac appelait l’Émilie de Corneille : ce sont des anges qui, pour plaire aux hommes, ont pris des figures de femmes. […] Il est bien étrange que Racine ait songé à mettre sur notre scène l’Hippolyte d’Euripide ; car il ne le pouvait sans le dénaturer entièrement : il n’était pas possible de présenter à la nation la plus galante de l’univers, un jeune chasseur farouche et sauvage, animé d’une haine violente contre les femmes, et plus sévère sur la chasteté que nos plus saints anachorètes ; personnage diamétralement opposé au goût, aux idées des Français, qui, dans tous les temps, ont fait profession d’honorer, de chérir et de protéger les femmes. […] Chez nous l’enfance de l’art dramatique avait été déshonorée par des farces tirées de nos mystères et de nos livres saints ; il restait à Racine, après avoir perfectionné notre scène profane, de sanctifier et de consacrer la poésie dramatique par un chef-d’œuvre tiré de la Bible. […] II 20 frimaire an 14 (11 décembre 1805) Que Voltaire se moque d’Esther par suite de sa rancune contre la Bible et le peuple de Dieu, il n’y a rien là que de très naturel ; mais que M. de La Harpe, lequel était très ami des Juifs et de l’Écriture sainte lorsqu’il publia son Cours de Littérature, adopte et commente les sarcasmes de Voltaire, cela est un peu plus extraordinaire ; cependant on n’en est pas surpris lorsqu’on sait à quel point un littérateur est dominé par les préjugés de son école. […] Il fallait que les philosophes fussent bien aveuglés par leur haine contre Boileau, ou bien idolâtres de quelques jolis vers, pour se charger de prôner partout ces ouvrages efféminés, et pour avoir l’effronterie de les placer à côté des chefs-d’œuvre du siècle de Louis XIV ; peut-être avaient-ils des motifs d’intérêt particulier, lorsqu’ils se montraient si prodigues du titre de grand homme en faveur de l’auteur de quelques chansonnettes : je suis même surpris que leur noble enthousiasme pour la liberté et leur sainte fureur contre le despotisme leur aient jamais permis de s’ériger en défenseurs du plus fade panégyriste, du flatteur le plus outré du plus orgueilleux despote.
Le Hir, est un saint homme et très savant, très savant… Seulement, il ne sait pas l’hébreu, ce qui est mauvais pour un professeur d’exégèse… Le voyant s’appuyer sur saint Jérôme, je me levai et prononçai la formule accoutumée : Libeat loqui, pater reverendissime. […] Emmeline a raisonné ainsi : faites attention ; c’est compliqué : « Ou Alyette comprendra et est une sainte, et pour me sauver, dira : Oui, la lettre est pour moi ; — ou Alyette comprendra et est une héroïne et aime Bertrand, et pour le sauver, dira encore : Oui ; — ou Alyette comprendra, mais n’est ni une sainte ni une amoureuse héroïque, et elle dira : Non ; — ou Alyette n’y comprendra rien du tout et dira : Non. » Le premier cas est à peu près impossible. […] Il n’a pas réussi ; il est revenu à Paris le cœur navré, s’est beaucoup occupé de charité et philanthropie avec le saint abbé Rose ; puis a été à Lourdes pour essayer de raviver sa foi, et, un peu plus pour permettre à M. Zola d’écrire un très beau livre sur la ville sainte des catholiques français. […] Il veut montrer aux « cléricaux », qu’il déleste, comme s’il était un imbécile, qu’on peut être un saint en étant athée.
Jules Ferry le traite de « cher ami », et Maginard, très courbé, le front dans la poussière, dit : « Monsieur le président », comme un prêtre en prières dit : « Sainte Vierge Marie ». […] Tous les critiques qui se respectent un peu prêchent de temps à autre cette croisade sainte. […] — Oui, c’est bien cela, me dis-je… Maintenant, grâce à cette petite maison qui ne peut mentir, je le vois tel qu’il était réellement… un saint… Ah ! […] Son unique crainte est que le nom de Lombard ne disparaisse, qu’avec les pelletées de terre on n’ait jeté l’oubli sur la fosse de celui dont elle était si fière, et qu’elle aimait comme un saint, comme un Dieu. […] Un prêtre souillant le saint ciboire n’eût pas davantage été honni par les dévotes.
Des Auteurs ont crû que quelques-uns des Livres saints de l’ancien Testament n’étoient que des abregés des Livres de Gad, d’Iddo, de Nathan, des Mémoires de Salomon, de la Chronique des Rois de Juda, &c. […] Sainte Thérese. […] Si l’adjectif masculin finit par une consonne, détachez cette consonne de la lettre qui la précede, & ajoûtez un e muet à cette consonne détachée, vous aurez la terminaison féminine de l’adjectif : pur, pu-re ; saint, sain-te ; sain, sai-ne ; grand, grande ; sot, so-te ; bon, bo-ne.
Cette observation est si juste, que Molière nous a montré, dans l’Ariste de l’École des maris, un personnage beaucoup plus âgé, et cependant aimé de Léonor, qui lui dit, dans une effusion de tendresse: Si vous voulez satisfaire mes vœux, Un saint nœud dès demain nous unira tous deux. […] Molière imite ici un passage du Décaméron de Boccace, ou, pour mieux dire, il ne fait que traduire littéralement les paroles d’un confesseur qui joue auprès de sa pénitente le même rôle que Tartuffe joue auprès d’Elmire: « Vous devez, lui dit-il, vous glorifier des charmes que le ciel vous a donnés, en pensant qu’ils ont pu plaire à un saint.
Il faut considérer les choses comme de saintes et ardentes hosties. […] Il a vu, dans cet exode de familles innombrables hypnotisées, délaissant leur demeure et leur glèbe ancestrale, la bonne vie domestique et champêtre et la sainte quiétude de la Terre, pour l’existence tourmentée des métropoles, un fait anormal, anti-naturel.
En effet, dans son principal ouvrage contre les quiétistes20, Bossuet cite un certain nombre de passages des mystiques orthodoxes où il est question, en termes assez énigmatiques, de la suppression des « discours » pendant la « pure contemplation » ou dans l’« oraison de transport », qu’il appelle lui-même « une espèce d’extase » ; cet état d’âme, Bossuet ne le connaît pas par lui-même ; il en cherche dans les textes autorisés une définition précise, qui puisse être opposée aux fausses descriptions des quiétistes ; or voici quelques-unes de ses citations : un confesseur de sainte Thérèse rapporte que l’oraison de cette sainte « était de faire cesser les discours par intervalles pour la présence de Dieu » ; le même Père ajoute que « ce silence de l’âme et cet arrêt attentif en silence ne fait pas cesser de tout point les actes des puissances (de l’âme), parce que cela est impossible » ; la Mère de Chantal « réduisait la suppression des actes de discours… au temps de l’oraison ».
Depuis l’invasion des Francs jusqu’à 1050, pour une période de six siècles, nous n’avons en « roman » que bien peu de textes littéraires : Sainte Eulalie, la Passion, Saint Léger, Saint Alexis ; ce peu de chose est exclusivement de nature religieuse et ne saurait expliquer, ni pour le fond ni pour la forme, le Roland, le Pèlerinage et toute la floraison épique du xiie siècle. […] Là où nos positivistes ne voient que fanatiques et imposteurs, le psychologue remet en souriant des saints et des miracles ; les légendes lui sont, non point de l’histoire, mais pourtant une indication précieuse ; longtemps avant d’entrer dans la littérature, ils couraient déjà de bouche en bouche les récits du jongleur de Notre-Dame, du chevalier au barizel, des roses du frère Ave Maria.
La société lui inspire une sainte horreur ; pour trouver grâce auprès de ce réfractaire, il faut exhiber des titres de misère ; les vagabonds, les dévoyés, tous les parias de l’humanité qui grouillent dans les bouges et les cloaques ont plus de chance de l’intéresser à leur sort que l’homme honnête ou heureux. […] Or, pour ces chansons, les voici, Comme mon âme, la voilà, Sainte Cécile, entre vos bras ; Or, ces chansons bien les voici, Comme voilà bien mon pays, Où les cloches chantent aussi Entre les arbres qui s’embrassent Devant les gens heureux qui passent, Où les cloches chantent aussi Des dimanches aux samedis ; Et c’est pour toute une semaine Qu’ici mon cœur, sur tous les tons, Chante les joies de la saison, Et c’est dans toute une semaine Où chaque jour a sa chanson99. […] Voici toutefois des vers qui livrent, dans une sainte extase, l’âme ardemment croyante de Thomas Braun. […] Puisque Balthazar fut absous par le Cloître, il recommence une vie pure ; son crime, on l’oublie ; ce qu’on ne lui pardonne point, c’est de le livrer à ceux du dehors, de leur abandonner un tel secret, c’est de rompre La règle sainte et le claustral esprit, c’est de substituer à l’autorité du prieur celle de la société, au jugement des moines, celui des hommes.
L’adolescent s’enorgueillit de participer à une tradition vénérable : Je suis fier d’être admis à vos cérémonies Ô Dieu du peuple élu, ô mon maître, ô mon roi ; Je suis heureux que mon enfance soit nourrie Dans votre temple saint, de votre sainte loi. […] C’était cet amour forcené dont nous étions embrasés l’un et l’autre qui déguisait ses transports sous ce saint enthousiasme. » De même, Julie démolit le sophisme orgueilleux que l’on trouve en tant d’endroits de ce livre et sous tant de formes, et qui consiste à ne reconnaître d’autre guide de vie morale que la conscience individuelle, la conscience de l’homme naturellement bon : Un heureux instinct me porte au bien : une violente passion s’élève ; elle a sa racine dans le même instinct ; que ferai-je pour la détruire ! […] On conviendra pourtant que ce n’est pas à ce saint caractère qu’il doit le plus clair de sa réputation, ni cette espèce de renom de prosateur maudit qui le relègue un peu en marge de la littérature contemporaine.
Au sein de cette famille honnête, pieuse, sainte, j’étais parvenu à un degré de dépravation horrible. […] Le seul qui rie encore à mon cœur oppressé, C’est de m’ensevelir au fond d’une chartreuse, Dans une solitude inabordable, affreuse ; Loin, bien loin, tout là-bas, dans quelque Sierra Bien sauvage, où jamais voix d’homme ne vibra, Dans la forêt de pins, parmi les âpres roches Où n’arrive pas même un bruit lointain de cloches ; Dans quelque Thébaïde, aux lieux les moins hantés, Comme en cherchaient les Saints pour leurs austérités50. […] Il adorait Hoffmann ; il a traduit et étudié Edgar Poë avec le respect et la dévotion qu’un moine mystique du moyen âge pouvait apporter à transcrire les livres saints. […] La sainte logique l’exigeait : heureusement l’intuition artistique, chez l’auteur des Cariatides, a prévalu sur les raisonnements de l’esthète, et, s’il n’a pas hésité devant des subtilités de mécanisme qui n’ont rien à voir avec la littérature, il s’est arrêté juste à temps sur la pente qui le conduisait à l’absurde. […] Il ne l’en adora pas moins d’une tendresse supraterrestre, continue, sensuelle et douloureuse, la seule tendresse dont il était capable, mêlant à la passion on ne sait quelles vagues idées pseudo-métaphysiques, où la femme vivante finissait par représenter une incarnation réelle de Diane, de sainte Rosalie et de sainte Thérèse.
Il y a grand parti à tirer contre Molière de ce qu’il a habillé la sagesse, la saine philosophie et la sainte religion des habits d’un grotesque. […] Orgon vise à être un saint et aboutit à être un crétin ; le ridicule est dans l’erreur qu’il comme dans la poursuite d’un idéal parfaitement digne de respect. […] Moi, j’irais me charger d’une spirituelle Qui ne parlerait rien que cercle et que ruelle, Qui de prose et de vers ferait de doux écrits Et que visiteraient marquis et beaux esprits, Tandis que sous le nom du mari de madame Je serais comme un saint que pas un ne réclame ?
Et la jolie sœur Paufine, si blanche, si douce, qu’on eût dit, lorsqu’elle égrenait son rosaire à genoux, une de ces saintes inviolées que les primitifs ont peintes sur fond d’or telle qu’une floraison mystique de lis… Et la sœur Cordon-Bleu, qui vous cuisinait de ces pommes de terre frites si croustillantes, si rissolées, de ces crèmes dorées qui sentaient inéluctablement leur péché capital. […] Ce sentiment de gêne en face de la perfection existe partout où il y a des créatures humaines, dans l’état ecclésiastique comme ailleurs, et je l’ai trouvé au fond des solitudes habitées par les saints. […] Je me faisais alors, il faut vous le dire, des femmes et de l’amour une idée extraordinairement élevée, une idée presque sainte. […] Ils viennent — disent les Livres Saints — comme des voleurs. […] Chateaubriand qui se connaissait en poésie, n’a-t-il pas dit d’eux : « Le lendemain, on les cherchait, mais ils s’étaient évanouis, comme ces Saintes Apparitions qui visitent quelquefois l’homme de bien dans sa demeure. » …………………………………………………………………………………………… Tout à coup la vieille Agathe rentra dans la salle. — Je le crois tout de même parti, dit-elle, car j’ai cherché chercheras-tu, et n’ai trouvé que ceci, qu’il n’a pas emporté.
L’autre récite des chapitres entiers d’une Histoire Sainte. […] Cette carte, datée d’Amsterdam, à la fête de Saint-Raphaël 1908, est ainsi rédigée : « Quelques artistes hollandais, admirateurs des écrivains catholiques français, vous prient d’assister à la Sainte Messe, qui sera dite à l’église de Saint-Dominique (Spuisstraat) le jour de la Toussaint, à 9 heures, pour le repos de l’âme du critique et romancier Jules Barbey d’Aurevilly, à l’occasion du centenaire de sa naissance. » Ce même centenaire va être célébré chez nous par un groupe d’admirateurs qui prépare un monument à l’inauguration duquel M. […] Ô sainte Sion, où tout est stable et où rien ne tombe ! […] Sainte Beuve, avec son tact infaillible, a dégagé ce point dans ses trois articles de 1863, dont Gautier lui écrivait qu’il restait « atterré de cette divine pénétration ». […] Mais surtout par le choix des sujets, Coppée révèle sa réaction contre la tendance de ce groupe qui s’appelait volontiers : les Impassibles et dont ce même Verlaine, alors adolescent, formulait ainsi l’esthétique : … À nous qui ciselons les mots comme des coupes Et qui faisons des vers émus très froidement… Coppée écrit, lui, un poème qu’il dédie à sa mère et qu’il appelle : Une Sainte.
Royer-Collard réservait pourtant le fond de sa pensée ; il avait sur la mort de M. de Talleyrand un jugement qu’il gardait par-devers lui, mais il ne le gardait qu’à demi, puisque parlant un jour de l’évêque de Blois, M. de Sausin, dont il respectait les vertus, il disait : « Le mot de vénérable a été fait pour lui : il est peut-être le seul auquel je dirais tout ce que je pense de la mort de M. de Talleyrand. » Je fais grâce des plaisanteries de Montrond qui ne tarissait pas sur cette signature in extremis, et qui, de son ton d’ironie amère et sèche, ne parlait pas moins que d’un miracle opéré « entre deux saintes ».
Il sera de plus un poète sérieux, ayant le respect de ceux qui l’écoutent, et non un de ces poètes moqueurs et siffleurs, tels que nous venons d’en voir vivre et mourir deux ou trois, qui mêlent le fifre au concert des anges, et qui soufflent la froide ironie dans l’âme de la jeunesse, au lieu du saint enthousiasme, seul thème véritable des chants immortels !
La sainte horreur de poète qui habite les bords de l’Océan sur le rivage, habite aussi les pieds des montagnes sans issues ; c’est l’impression du Jura vertigineux au moment où il vous apparaît, s’élevant toujours plus à mesure que vous vous élevez vous-même sur ses premiers plans, pour vous en présenter d’autres plus infranchissables en apparence.
Il dit que “si jamais d’insignifiants bavards, étrangers à toute connaissance mathématique, avaient la prétention de porter un jugement sur son ouvrage, en torturant à dessein quelque passage des saintes Écritures ( propter aliquem locum Scripturæ male ad suum propositum detortum ), il méprisera ces vaines attaques.
Leur fils leur avait creusé une fosse en terre sainte, là où vous avez vu le terrain bossué sous une croix de pierre taillée dans les blocs et rougie par les mousses, où les hirondelles se rassemblent, la veille de leur départ, avant le coup de vent de mer de septembre, quand les châtaignes tombent d’elles-mêmes au pied du châtaignier.
M. de Genoude, qui accompagnait madame Récamier m’assura avoir entendu souvent de profanes effusions de tendresse, troublant le silence des saintes cérémonies, et la piété de la femme voilée affectait de ne pas les entendre.
Ne sachant plus alors à quel saint se vouer, Au maître du logis le pauvre auteur s’adresse : « Voyons, mon général, le temps fuit, l’heure presse.
Après Marot, que la Réforme avait si mal à propos occupé de querelles théologiques et dont elle avait gâté le génie en lui faisant traduire en vers enfantins les magnifiques pensées des livres saints, deux sortes de poètes se partagent la faveur de la cour de Henri II.
D’abord le livre d’or des savants, comme la légende dorée des saints, abonde en dévouements obscurs et en touchantes histoires qu’il est légitime et aisé de revêtir d’une pourpre éclatante.
Dans Tannhaeuser et Lohengrin, le sujet, nettement légendaire, touche cependant à l’Histoire et comporte certaines déterminations de dates : d’un côté, par la présence de Henri l’Oiseleur, de l’autre, par le tournoi poétique de la Warthourg et la confusion volontaire que Wagner a faite de son héroïne avec Sainte Elisabeth de Hongrie.
D’une représentation à l’autre, Tartufe rapporterait la cassette et redeviendrait un saint homme qui n’avait voulu qu’éprouver la vertu d’Elmire.
C’est encore un type de fine race que celui de Raymond de Nanjac, ce soldat, crédule comme un enfant et pur comme une vierge, qui rapporte de l’Afrique guerrière un nom sans tache, une fierté d’Arabe, une loyauté de gentilhomme, une vie épargnée par les balles, un honneur intact, comme le drapeau de son régiment… tout cela pour le jeter aux pieds d’une femme perdue qui se joue et trafique, comme d’une pacotille, de ces saints trésors.
— de la pièce à côté un homme s’est élancé, joyeux, exultant, pour voir sur l’almanach, accroché au mur, le nom du saint du jour et le donner à son enfant.
Il ne concevra d’hommes vertueux que saints, d’aurores que radieuses.
Voici la sainte colère du poète mourant résigné à la stupide férocité des hommes.
Le bon apôtre de roi fait là le saint homme, et est bien mieux pris que quand le Bourguignon le mena à Liège.
Les Études sur les Pères de l’Église, si maigres et si superficielles, ne parurent savantes qu’aux ignorants, à ceux-là qui, nombreux alors et qui le sont encore aujourd’hui, n’avaient jamais ouvert ces livres merveilleux où l’Église a versé son génie par la plume de ses Docteurs et de ses Saints.
C’est le mariage, la racine de tous les maux, le mariage indissoluble, imprévoyant, sacrilège envers la sainte et libre nature, et que les écrivains comme M.
Ce n’est pas à dire qu’elle fût excellemment douée pour le théâtre, ayant toujours eu la sainte horreur du plan, du dessin, du tracé, et aimant à la folie aller tout droit devant elle sans savoir précisément où elle allait. […] Aubé le peintre verrier Gustave Dupin écrivait le 7 mai 1883 : Sans doute l’amitié, c’est une sainte chose, Car elle ennoblit ceux qui lui sont asservis, Et rien n’est plus touchant que les soins qu’elle impose A deux cœurs indivis, Mais, hélas ! […] Indiana, qu’on a donné pour un plaidoyer contre le mariage et l’amour, se résout dans une affection pure et sereine, assez sûre d’elle-même pour ne craindre ni la durée ni le nombre des jours pareils, assez sainte et sérieuse pour demander à Dieu de la bénir, assez dévouée pour compter sur l’avenir. […] Et puis, pour oublier cette pensée amère, J’ai voulu contempler Athènes, notre mère, Notre éternelle et sainte et divine cité, La ville de la Grèce et de l’humanité. […] Elle est l’imprescriptible ; elle est le saint domaine Que possède en commun toute la race humaine !
C’est de ces idées, qui contiennent tout renoncement, qu’ont vécu les saints, ce qui est bien, et que sont morts les martyrs, ce qui est mieux. […] Le devoir intellectuel, c’est de dire la vérité. « Jamais les saints ne se sont tus. » Renan ne savait pas se taire ; il ne savait pas composer avec sa conscience intellectuelle. […] Le docteur Pascal a cinquante-neuf ans (vous m’entendez bien, et vous savez le rôle du chiffre neuf dans les âges qu’on avoue), le docteur Pascal a donc cinquante-neuf ans, mais il est resté jeune « après une jeunesse chaste » ; de plus, c’est un grand savant pour Plassans, où il habite, et il a une armoire toute pleine de coupures de journaux ; et de plus, car il est plus malin qu’il n’en a l’air, il exploite l’armoire, il entretient autour de cette armoire un mystère terrible et sacré d’arche sainte qui est essentiellement propre à alimenter les sentiments d’admiration dans le cœur des simples ; et enfin, dernier artifice de l’auteur, qui est le plus simple et le plus fort, sa nièce Clotilde vit avec lui dans une manière de claustration presque absolue. […] Il lui ouvre l’arche sainte, c’est-à-dire l’armoire. […] Le Docteur Pascal, c’est quelque chose comme le Paradoux de sainte Périne.
On eût dit que du haut de son pinacle gothique, Célestin Nanteuil dominait la ville actuelle, planant sur l’océan des toits, regardant tournoyer les fumées bleuâtres, apercevant les places comme des damiers, les rues comme des traits de scie dans des bancs de pierre, les passants comme des fourmis ; mais tout cela confusément à travers l’estompe des brumes, tandis que de son observatoire aérien il voyait en première loge et avec tous leurs détails, les roses de vitraux, les clochetons hérissés de crosses, les rois, les patriarches, les prophètes, les saints, les anges de tous les ordres, toute l’armée monstrueuse des démons ou des chimères, onglée, écaillée, dentue, hideusement ailée ; guivres, taresques, gargouilles, têtes d’âne, museaux de singe, toute la bestiaire étrange du moyen âge. […] Il excellait aussi à encadrer des personnages de poème, de drame et de roman, dans des ornements semblables à des châsses gothiques avec triples colonnettes, ogives, niches à dais et à piédouches, statuettes, figurines, animaux chimériques ou symboliques, saints et saintes sur fond d’or, qu’il inventait au bout de la pointe, car il avait une fantaisie inépuisable. […] « Sainte et belle réunion, mon cher Théo, que celle où chacun était pour le frère qui aime, l’ami qui se dévoue et le compagnon de route qui fait oublier la longueur ou la fatigue du chemin. […] La pénitence n’a pas encore eu le temps de creuser ses belles joues et de flétrir ses formes attrayantes que laisse voir une draperie de velours glissée sur ses genoux ; l’aimable peintre ne pouvait prendre la sainte pécheresse qu’à ce moment-là ; Ribera nous l’eût montrée les yeux caves, la bouche noire, les pommettes saillantes, la poitrine décharnée, ravinée comme un lit de torrent par les macérations, n’ayant pour tout vêtement qu’une broussaille de cheveux incultes ou qu’un bout de sparterie effilochée. — C’eût été plus vrai sans doute et plus catholique ; mais nous préférons la Madeleine de Roqueplan. […] Quels accents il trouvait pour rendre ces chocs de passions contraires, ces luttes de l’amour et du mépris, et surtout cette indignation de la sainte confiance trompée !
Notre âme est le temple saint dont nous sommes les lévites. […] Heim est d’origine allemande, se sent plus à l’aise, dit-il, quand il pense en allemand que lorsqu’il pense en français : c’est un jeune saint protestant, célibataire, phtisique, qui par abnégation enseigne les enfants, et qui ne trouve, lui aussi, d’autre expression de lui qu’un Journal intime, toujours inédit, qui fournira peut-être un jour un précieux contrôle ou parallèle à celui d’Amiel. […] Madeleine par exemple a pu devenir une sainte au ciel, mais elle n’eût pu être présentée dans un salon de Rome. » Amiel vit dans la Rome calviniste, dans le haut, dans la Cour Saint-Pierre, presque au Vatican.
Je crois que La Fayette, au Moyen Age, aurait été ce qu’il fut de nos jours, un chevalier, cherchant encore à sa manière le triomphe des droits de l’homme sous prétexte du Saint-Graal, ou bien un croisé en quête du saint tombeau, le bras droit et le premier aide de camp, sous un Pierre-l’Ermite, c’est-à-dire sous la voix de Dieu, d’une des grandes croisades. […] Je serai pour mes amis plein de vie, et pour le public une espèce de tableau de muséum ou de livre de bibliothèque. » Jamais, sans doute, son cœur ne se sentit plus jeune ; les excès qui ont dégoûté de la liberté les demi-amateurs, étant encore plus opposés à cette sainte liberté que le despotisme, ne l’ont pas guéri, lui, de son idéal amour ; mais il apprécie la société, son égoïsme, son peu de ressort généreux.
Il n’y trouve que des gouttes de cette force, qui ne tueront personne : « Qui examinera les livres saints ? […] Mais je ne puis convenir de la vérité des livres saints que parce que l’Église est infaillible, et je n’en conviens pas. » Certes !
Florence, après avoir langui quelques semaines, meurt comme une sainte. […] Le portrait de Léon X, la Vierge de Foligno, la Sainte Famille achetée par François Ier, ne suggèrent pas à M. […] En parlant de la Vierge de Foligno et de la grande Sainte Famille, il n’avait pas la même ressource. […] L’auteur a eu sous les yeux toutes les pièces du hideux procès qui a tranché si cruellement cette vie héroïque et sainte ; il a puisé à toutes les sources pour réunir les éléments de la vérité, et, cette fois, je suis heureux de le dire, l’art vient en aide à l’érudition : les faits recueillis laborieusement dans les monuments originaux se déroulent avec rapidité sous les yeux du lecteur. […] Toutes ces images, tirées du Nouveau Testament, bien qu’il s’agisse de la vie d’une sainte, ne servent qu’à embarrasser le tableau de la France au xve siècle ; parfois même ces images, en se multipliant, finissent par donner un caractère légendaire aux détails les plus réels, les plus précis.
C’est cet aspect qu’il aurait fallu emprunter pour se fonder un culte ; et jamais je n’ai levé sur lui ma paupière sans éprouver un saint effroi ; jamais je ne l’ai entendu m’appeler à ses côtés, avec ce langage ineffable et mélodieux qui lui était familier, sans me rappeler que Le Dieu fait homme aussi aimait à s’entourer des malheureux de la terre. […] Vous êtes-vous arrêté, pensif, devant cette image de SAINTE CÉCILE qui prête l’oreille aux chœurs célestes ? […] Enveloppé de haillons, il semble attendre la mort avec fermeté, tandis que le saint invoque la Vierge. […] La sainte égalité plane sur la terre, et d’une immense population fait une seule famille. […] Bien plus, la Dispute du Saint-Sacrement, l’École d’Athènes, la Vierge aux poissons, la Vierge de Foligno, la Sainte Cécile, de l’immortel Raphaël, sont des chefs-d’œuvre, non pas parce qu’ils présentent une scène bien dramatiquement enchaînée, mais seulement parce que chaque personnage, placé presque isolément et se rattachant aux autres plutôt par une pensée que par une attitude et une expression, soumet peu à peu les yeux et l’âme, au lieu de s’attaquer aux passions.
J’en ai rencontré trois ou quatre qui causaient de la « sainte Russie » : d’où mon bavardage. […] Parfois elle réussit une image nette et brutale : « Une jeune fille qui a juré d’empêcher les gens de s’aimer parce que sa mère fut une sainte malheureuse, indignement sacrifiée par un égoïste, est un oiseau qui voudrait retenir de ses ailes étendues le torrent au fond duquel tombèrent son nid et sa couvée. » Le plus souvent, on sourit à voir ses puériles idées courir par les sentiers de montagne que fraya son père, ridiculement petites et prétentieuses entre l’énormité abrupte des rocs. […] Sans doute, elle parle de sainte Thérèse comme d’un héros picaresque, avec le même sourire amusé et les mêmes plaisanteries de conférencier. […] Courent devant ma fatigue Mary-James Darmesteter qui, sous prétexte d’étudier Renan, nous donna un quelconque recueil de morceaux choisis ; Nelly Lieutier, auteur de l’Oiseau de proie parisien, et en qui l’Académie couronna la tante de l’académicien Loti ; Berthe Mendès, qui cite souvent des paroles du Christ et, par zèle féministe sans doute, les attribue à sainte Thérèse.
Aujourd’hui même, le catholicisme, sous l’influence de la théologie protestante et surtout de la philosophie scientifique, est en train de préparer le rejet du miracle et des saints, pour ne conserver que le grand miracle d’une religion révélée et le culte d’un dieu incarné26. […] Nos églises ont leurs parias ; je ne vois guère, à nos saintes tables mondaines, la pauvresse en haillons venir s’agenouiller près de l’élégante grande dame. […] Les femmes poussent l’hypocrisie assez loin pour que tous les enfants puissent dire de leur mère, avec conviction : « C’était une sainte. » Sachez bien que, partout où vous allez dans la vie, Tartufe est sous un tapis et Chérubin dans une armoire. […] Voir Saint-Yves, les Saints successeurs des dieux et le Discernement du miracle ; Paris, Nourry, 1907 et 1909.
Ma chère Camille, je vous vois tous auprès de ma sœur comme des enfants et des anges qui consolent une sainte, et je suis tranquille sur les bénédictions du Ciel qui attendent une si belle âme ; mais les tortures de la mienne sont inexprimables, plus cent fois depuis que je suis revenue : la voir m’était encore moins terrible.
Peut-être, à l’usage fidèles, Maintenant mille passereaux, Lâchés sous les nefs solennelles, Aux cierges saints brûlent leurs ailes, Et du bec battent les vitraux.
Cette mère qui avait obtenu merci, la veille, et promesse de sauvegarde pour son abbaye ; ce serment violé ; ce double sacrilège commis par un féroce baron sur des nonnes innocentes ; ce fils pieux enchaîné par l’honneur à son seigneur indigne ; approuvé, la veille encore, pour son effort de loyauté, par sa mère, et qui voit brûler cette mère qu’il vient seulement de retrouver, d’embrasser, — qui arrive trop tard pour la sauver, et qui, pour consommation dernière, voit son psautier brûler sur sa poitrine ; image admirable et sainte !
La Fontaine l’appelle l’archi-patelin, IV, xiv ; ailleurs, VII, xvi, un tartufe, un saint homme de chat.
Les uns votèrent par une puissante conviction de la nécessité de supprimer le signe vivant de la royauté en abolissant la royauté elle-même ; les autres par un défi aux rois de l’Europe, qui ne les croiraient pas, selon eux, assez républicains tant qu’ils n’auraient pas supplicié un roi ; ceux-ci, pour donner aux peuples asservis un signal et un exemple qui leur communiquassent l’audace de secouer la superstition des rois ; ceux-là par une ferme persuasion des trahisons de Louis XVI, que la presse et la tribune des clubs leur dépeignaient, depuis le commencement de la Révolution, comme un conspirateur ; quelques-uns par impatience des dangers de la patrie, quelques autres, comme les Girondins, à regret et par rivalité d’ambition, à qui donnerait le gage le plus irrécusable à la république ; d’autres par cet entraînement qui emporte les faibles âmes dans le courant des assemblées publiques ; d’autres par cette lâcheté qui surprend tout à coup le cœur et qui fait abandonner la vie d’autrui comme on abandonne sa propre vie ; un grand nombre enfin votèrent la mort avec réflexion, par un fanatisme qui ne se faisait illusion ni sur l’insuffisance des crimes, ni sur l’irrégularité des formes, ni sur la cruauté de la peine, ni même sur le compte qu’en demanderait la postérité à leur mémoire, mais qui crurent la liberté assez sainte pour justifier par sa fondation ce qui manquait à la justice de leur vote, et assez implacable pour lui immoler leur propre pitié !
Priez avec vos saintes sœurs les nonnes, pour que le ciel me conserve la mère, qui est ici-bas mes seules délices. » Les prières du père, de la mère et de la tante furent exaucées ; l’enfant, qui fut Torquato Tasso, naquit à Sorrente, le 12 mars 1544.
Humboldt consacra là de saints loisirs au souvenir de la patrie. » Il étudia tout en marchant les phénomènes locaux nouveaux pour lui, hauteur des montagnes, mœurs des Indiens demi-civilisés par les moines ; volcans, tremblements de terre, grottes, forêts, et revint à Cumana sans avoir fait aucune découverte.
Ne perds pas un instant ; embrasse-nous et recommande-toi à Dieu et à ses saints.
Il eût voulu l’Église une et sainte, en ce temps de schisme et de scandale : en ce temps de discordes et d’oppression, le royaume paisible et prospère.
Ai-je besoin de faire remarquer que Victor Hugo et les romantiques n’avaient point attendu Dostoïewsky ni Tolstoï pour nous montrer des prostituées qui sont des saintes, ou des mendiants et des misérables qui possèdent le secret de la sagesse et de la charité parfaite ?
Ce qui en résulte ne nous regarde pas. » Je ne suis pas complètement convaincu de cela, mais ce dont je suis convaincu, c’est de ceci : c’est que c’était une erreur de nos professeurs, autrefois, que de s’arranger toujours de manière à nous présenter les existences les plus déplorables des grands hommes de lettres comme des existences parfaitement convenables et presque saintes.
Taine a achevé son volume sans vider le sien… Je le répète, ce qu’il faut le plus admirer en lui, c’est qu’il ait eu la force de contenir l’impétuosité de son âme, d’étouffer en lui le feu sacré de l’écrivain, qui ne demandait qu’à s’embraser et à devenir un incendie d’indignation et de furie sainte !
« Tant que nous allons par-dessus ce qui est nôtre, l’attaque, la belle attaque qui est la joie des combats, s’alourdit d’angoisse et de détresse. » Il avertit les « gens de l’arrière », qui s’étonnent de la lenteur et des retards… Abominable guerre, et cependant sainte. […] L’excellence de la Germanie rend, à ses yeux, légitime et sainte l’ambition germanique. […] Et, mise au service de la Germanie, — au service de l’humanité, — la guerre est légitime et elle est sainte. […] L’immoralité de Voltaire le choque : « Ajoutez les vertus austères et mâles souvent livrées à la risée du vice souple et poli ; les louanges éternelles prodiguées à notre luxe, à nos vins, à nos cuisiniers, et l’ironie versée à pleines mains sur les hommes qui ont méprisé tous ces biens, sur les peuples qui ne les ont point connus, et où une sainte égalité ne permettait pas à un petit nombre de citoyens de s’engraisser de la faim d’autrui. […] et, pour sauver une sainte architecture, que peuvent deux pauvres chrétiennes ?
Une batterie de cuisine n’est supérieure à une figure de saint qu’autant qu’elle l’emporte en perfection ; mais si les deux peintures sont aussi médiocres l’une que l’autre, il conviendra de donner la préférence à celle qui appartient au genre le plus élevé. […] Cet abbé excentrique, outre son bréviaire officiel, en porte toujours dans sa poche un second, qu’il s’est composé avec des feuillets détachés de Platon, de sainte Thérèse, de Fénelon et de Spinoza. […] De même qu’il avait fallu en politique mettre un terme aux coûteux abus de cette maxime que l’insurrection est le plus saint des devoirs, l’instant semblait venu en morale de démontrer au moins que le concubinage n’est pas le plus sacré des liens.
Mais j’ose bien dire que jamais l’hexamètre classique, l’alexandrin monotone, avec sa rime, avec son double hémistiche, et sa double césure, l’alexandrin de Campistron lui-même, n’exaspéra les oreilles sensibles par une plus impitoyable uniformité, que le décasyllabe de l’épopée du moyen âge21 : Dex, dit Guillaumes, biau pere esperital, Qui en la Virge préistes votre ostal De li nasquistes au saint jor del Noual… Si com c’est voir, si aidiés vo vasal, K’encore voie Guiborc au cuer loial. […] Il y a déjà de cela quarante ans, Montalembert, dans l’introduction de sa Sainte Élisabeth de Hongrie, conseillait aux catholiques d’aller chercher « quelques-unes des plus charmantes productions de la muse chrétienne » dans les chansonniers du xiie et du xiiie siècle. […] Et nous surtout, nous sommes petits en face de tant d’exemples d’abnégation simplement, naïvement donnés par tant de saints héroïques, tant de saintes adorables, par les rois sur leur trône, comme par les pauvres écoliers dans leurs taudis de la montagne Sainte-Geneviève, ou par tant de milliers encore de nos plus humbles ancêtres, sur les chemins poudreux qui menaient vers Jérusalem. […] Est-ce qu’il y a deux opinions sur l’Exposition de la doctrine catholique, ou sur la Politique tirée des propres paroles de l’Écriture sainte ? […] Les deux insensés qui ont profané une église en Picardie ont répondu dans leurs interrogatoires qu’ils avaient puisé leur aversion pour nos saints mystères dans les livres des encyclopédistes et de plusieurs philosophes de nos jours… Ne pourriez-vous remonter à la source d’un bruit si odieux et si ridicule244 ?
Sainte Thérèse et Saint Ignace ne demeurent-ils pas, au même titre que le Bourguignon Saint Bernard, des types de mystique réaliste, pratique ? […] Il fournit à la corporation littéraire le saint, ou l’un des saints, de sa bannière. […] Vous vous demandez quel est ce saint qui ne figure pas au calendrier. […] Nos braves Méridionaux avaient fait de la Trinité un saint local. […] Faute de l’office de ce saint, nous avons le salut de Mallarmé Solitude, récif, étoile, À n’importe ce qui valut Le blanc souci de notre toile.
Mercredi 9 janvier Bourget, qui dîne ce soir chez la princesse, me raconte la mort de Nicolardot, qui, transporté de sa chambre de misère dans un lit bien chaud d’hôpital, au milieu de toutes les aises de la maladie, n’a pas duré quatre heures, tandis que peut-être, il aurait encore vécu des mois dans la sordide maison qu’il habitait… Le voilà mort, et voilà les personnages de son enterrement : Coppée, un académicien ; Mlle Barbier, la fille du conservateur de la bibliothèque du Louvre, où je l’ai rencontrée deux ou trois fois : une sainte prise de commisération pour ce misérable ; le propriétaire de la maison de prostitution qu’il habitait ; et un quelconque. […] » Samedi 7 septembre Une fille du maréchal Oudinot, Mme de Vesins, je crois, aimait tant Jean-d’Heurs, que lors de la vente de la propriété, elle en avait emporté des sachets de terre, comme on emporte des sachets de Terre Sainte.
L’élégiaque cri qui naissait dans mon sein Mourut à la rumeur de ton sanglot divin, Et je verrai passer les amants sur le sable Mordant leur lèvre chaude et s’étreignant la main Sans confier au vent ma chanson périssable, Moi pris dans l’Éternel comme en un piège saint. […] Le très mystique poète qui, pour les âmes naïves, les âmes saintes, se plut à édifier en magnificences, simples toujours, mais modernes, les légendes de la Légende Dorée, M.
Elles ont presque toutes, beauté, force, hardiesse et adresse, — des scrupules médiocrement, quoiqu’il y ait eu dans le nombre (ne l’oublions pas) deux vertueuses et une sainte.
Saint Louis était un saint et bon roi : or on sait par Joinville l’histoire du savant juif, du rabbin, auquel eut affaire un vieux et féal chevalier dans un colloque qui allait se tenir entre clercs et juifs au monastère de Cluny ; aux premières questions du chevalier qui demanda dès le début à intervenir et qui, entrant en lice, le somma d’emblée de dire s’il croyait en la Vierge mère du Sauveur, le juif ayant répondu non, le chevalier s’emporta, le frappa à la tempe de sa canne ou de sa béquille, et le renversa roide étendu par terre, ce qui mit fin naturellement à la conférence.
Quand on s’est lancé hardiment, avec une sainte pensée dans le cœur, au milieu d’un peuple en révolution, pour l’apaiser et le diriger vers des destinées plus hautes et plus surhumaines ; Quand on lui a dit : « Lève-toi et règne, mais montre-toi digne de régner par ta modération, par ta tolérance, par ton respect des libertés d’autrui ; tu n’auras d’autre maître que la raison, tu respecteras tout le monde, et toi-même » ; Quand ce peuple a été soulevé entre ciel et terre pendant quelques mois, et que toutes les nations étonnées se sont agenouillées pour le contempler dans sa liberté et dans sa sagesse ; ce peuple de France a été vraiment roi de lui-même, et digne de l’être.
L’Hôtel de Rambouillet et son esprit mondain Au milieu de la littérature du temps, sensée, pratique, bourgeoise, entre l’économiste et l’agriculteur, qui prêchent le travail, et le saint qui prêche la pénitence, D’Urfé ressuscite la littérature aristocratique.
Il suivait en cela la prescription de saint François de Sales contre les passions, dont on parvient à se défendre, dit ce saint, en parlant fort contre elles, et en s’engageant, même de réputation, au parti contraire.
Il a écrit62 : « Ô peuples des siècles futurs, lorsque par une chaude journée d’été, vous serez courbés sur vos charrues dans les vertes campagnes de la patrie ; lorsque vous verrez, sous un soleil pur et sans tache, la terre, votre mère féconde, sourire dans sa robe matinale au travailleur, son enfant bien-aimé ; lorsque, essuyant sur vos fronts tranquilles le saint baptême de la sueur, vous promènerez vos regards sur votre horizon immense, où il n’y aura pas un épi plus haut que l’autre dans la moisson humaine, mais seulement des bleuets et des marguerites au milieu des blés jaunissants ; ô hommes libres, quand alors vous remercierez Dieu d’être nés pour cette récolte, pensez à nous qui n’y serons plus ; dites-vous que nous avons acheté bien cher le repos dont vous jouirez ; plaignez-nous plus que tous vos pères ; car nous avons beaucoup des maux qui les rendaient dignes de plainte, et nous avons perdu ce qui les consolait. » Mais celui qui sentait si bien que la terre doit compenser la banqueroute du ciel, celui qui comprenait que les misérables, privés, comme a dit plus tard Jaurès, de la vieille chanson qui berçait la misère humaine, doivent nécessairement réclamer leur part immédiate de soleil et de joies, ce même Musset parlait bientôt d’un autre ton.
Certes, tout wagnérien a le devoir de protester hautement, mais peut-être ai-je ici un droit spécial de parler, ayant été, à la Ligue des Patriotes, un ouvrier de la première heure, et m’honorant encore de l’amitié d’un homme que ses ennemis même admirent, car il a dépensé sa fortune, brisé sa carrière, usé sa vie, au service de la sainte cause française.
Dans un temps, il croit à la révélation, à la divinité de Jésus-Christ, à l'infaillibilité de l'Eglise ; & dans un autre, il attaque l'authenticité des Livres Saints, & l'autorité des Conciles.
La profanation de ces beaux mystères rappelle ces légendes chrétiennes, où l’on voit Satan, en vêtements sacerdotaux, parodier les cérémonies de l’Église, sur les ruines d’une sainte abbaye.
Ainsi, derrière le bourgeois Poirier, elle a placé le bourgeois Verdelet, un honnête et cordial personnage, plein d’indulgence et de sympathie : à côté du gentilhomme étourdi et futile, elle fait ressortir la mâle et sereine figure du duc de Montmeiran, un grand personnage, celui-là, presque un héros, presque un saint.
» Mercredi 12 avril Je suis tellement souffrant, en cette fin de mars et ce commencement d’avril, je me sens si près de mourir, tous les ans, pendant la semaine sainte, que parfois je me demande si la mort du Christ n’est pas une allégorie, et si la Passion, avec ses racontars légendaires, n’est pas une personnification, à la manière antique, de l’influence homicide du vent du Nord-Est, sur le renouveau des corps et des êtres.
Nous sentîmes avec Milton le bouillonnement tumultueux des guerres civiles et la sainte austérité de la parole biblique.
Il va faire ce qui paraissait si ridicule à Boileau, « jouer les saints, la Vierge et Dieu par piété », exactement. […] Sous le toit saint qui te rassemble, Les regards, les sommeils ensemble Ne souillent plus ta chasteté, Et sans qu’aucun limon s’y mêle, La source humaine renouvelle Les torrents de l’humanité. […] S’il est vrai qu’au jardin des saintes Ecritures, Le Fils de l’Homme ait dit ce qu’on voit rapporté, Muet, aveugle et sourd au cri des créatures, Si le ciel nous laissa comme un monde avorté, Le juste opposera le dédain à l’absence, Et ne répondra plus que par un froid silence Au silence éternel de la Divinité. […] Elle doit aimer Satan (comme elle faisait au début), non pas quoique, mais parce que, l’aimer comme les saintes folles du dévouement embrassent le lépreux, à cause de sa lèpre ; dire : Le crime c’est l’infini du malheur ; le ciel c’est l’infini de la miséricorde ; l’enfer doit disparaître dans un embrassement la grâce ; je me jette à l’abîme pour le combler, comme Jésus s’est fait homme pour que l’homme fût à jamais purifié ; et tous les deux nous y réussirons, quand les temps seront révolus, par la vertu de notre sacrifice. […] Comment avez-vous pu descendre du saint lieu ?
Pourquoi ne continuerait-elle pas à exister dans tout ce qu’un grand homme, dans tout ce qu’un saint homme peut laisser sur la terre de bon et de beau en mémoire de lui, notamment dans quelque chef-d’œuvre résumant sa pensée, exprimant sa personne, étendant, prolongeant, multipliant sans fin la communion de son esprit avec l’esprit des générations successives ? […] Cela ne veut point dire qu’il soit défendu à l’orateur d’être un grand écrivain ni même, en un sens, un grand artiste ; mais il ne saurait être un artiste pur et complet, parce que l’art en lui-même est si peu l’objet de son adoration qu’il aurait une sainte horreur d’y voir autre chose qu’un docile instrument au service de la cause qui lui inspire un dévouement passionné. […] Le protestantisme n’a pas fourni seulement à l’Église des martyrs qui ont rallumé sa foi, puis des savants qui lui ont appris la critique ; il lui a fourni des saints, qui ont relevé son niveau moral. […] Gœthe et Victor Hugo, la sainte qui fut ma mère, se sentaient immortels : est-ce que c’est une raison pour que le gros X… soit en péril sérieux de survivre à son existence ignoble et à son corps souillé ? […] Une écriture sainte, toujours plus ou moins enveloppée d’obscurité, devient pour les fidèles un sujet de commentaires infinis, où ils peuvent tordre et dénaturer le sens du texte en mille manières, sous la seule réserve de ne point mettre en question son caractère divin.
Que la vieillesse n’efface pas dans son cœur l’image de son amour ; qu’elle pratique fidèlement jusqu’au dernier jour les leçons qu’il lui a données ; qu’elle enseigne à la jeunesse l’amour de la patrie et lui raconte nos revers et nos victoires ; qu’en attachant des fleurs à son portrait, elle lève les yeux vers le monde où se réunissent pour toujours les âmes unies sur la terre d’une sainte affection.
C’est ainsi que, dans l’édition originale de l’Instruction sur les états d’oraison, on avait d’abord imprimé cette phrase : « Faites-moi oublier, Seigneur, les mauvais fruits des mauvaises racines que j’ai veuës autrefois germer dans le lieu saint » ; mais on fit tout exprès un Erratum pour, au lieu de veuës, qui est la leçon des éditions modernes, nous faire lire veû, sans accord. […] Mais alors, la première édition de la Politique tirée des propres paroles de sainte vaudrait bien aussi la peine d’être décrite, et d’autant que la beauté de l’exécution typographique en est comparable à celle de l’Histoire des variations ou du Discours sur l’histoire universelle. […] Cela s’est vu dans l’histoire de la peinture religieuse, où, de nos jours mêmes, à travers six ou sept générations de peintres, c’est de Raphaël que s’inspirent la plupart de ceux qui peignent encore des saintes familles. […] On croit en eux, — ce qui est d’autant plus remarquable qu’ils n’ont pas l’air d’y croire eux-mêmes ; — on trouve en eux des « effets », des « beautés », des « profondeurs » que n’ont point tous les autres ; et je me suis laissé conter que, dans le lourd silence de l’étude du soir, après ceux de Baudelaire, ce sont aujourd’hui des vers comme ceux-ci qui charmeraient nos rhétoriciens : Simplement, comme on verse un parfum sur une flamme Et comme un soldat répand son sang pour la patrie, Je voudrais pouvoir mettre mon cœur avec mon âme Dans un beau cantique à la sainte Vierge Marie.
Krantz l’en croit trop aisément : « On peut en sculpture et en peinture traiter cent fois les mêmes sujets : on peint encore la Sainte Famille, quoique Raphaël ait déployé dans ce sujet toute la supériorité de son art, mais on ne serait pas reçu à traiter Cinna, Andromaque, l’Art poétique, le Tartufe. » Non, sans doute, on ne serait pas reçu à traiter Cinna, mais pourquoi ne serait-on pas reçu à traiter la clémence d’un souverain qui pardonne un sujet rebelle ? […] Ernest Havet, comme le petit Traité du libre arbitre, mais dans l’un de ses ouvrages les plus considérables : la Défense de la tradition et des saints Pères, et un peu partout dans ses écrits contre les protestants, Bossuet a touché ou traité la matière de la grâce, avec sa clarté, son aisance et son autorité souveraines8. […] C’est faute encore d’avoir mieux étudié ce côté du sujet que, reprenant à son tour cette recherche des « sources » des Pensées, un récent éditeur a reconnu « quelques-uns des traits essentiels des doctrines théologiques de Pascal » dans le Pugio fidei, d’un moine du moyen âge : l’« application des prophéties des livres saints à Jésus-Christ », par exemple, ou encore la « théorie du péché originel » ! […] ou que le christianisme ne se fût pas avisé de l’application des « prophéties des livres saints à Jésus-Christ », sans le secours du même Raimond Martin ?
L’auteur s’est identifié avec ses héros, et par la chaleur de son récit, par l’éclat de la forme, il a montré une fois de plus qu’il n’est pas pour les combattants de plus sainte cause et pour l’écrivain de plus heureux sujet que la cause d’un peuple luttant pour son indépendance et sa liberté. […] Ce n’est pas un supplément à la vie des saints qu’il a eu la prétention d’écrire. […] Celui de gauche, consacré à la sainte Vierge, avait une grande Mère de Dieu en plâtre doré, portant royalement une couronne d’or fermée sur ses cheveux châtains ; elle tenait, assis sur son bras gauche, un Jésus nu et souriant, dont la petite main soulevait le globe étoilé du monde ; elle marchait au milieu de nuages, avec des têtes d’anges ailées sous les pieds. […] Le souffle d’épopée qui emportait Miette et Silvère, ces grands enfants avides d’amour et de liberté, traversait avec une générosité sainte les honteuses comédies des Macquart et des Rougon. […] L’auteur semble s’être inspirée de l’Imitation et de la Vie des Saints.
Veuillot non seulement insuffisant, mais attentatoire pour l’un de ses saints, il me fit une algarade dans son journal ; il m’en lit une autre aussi à propos de Rabelais que j’avais eu le tort, en revanche, de trop admirer. […] L’amour de la vérité est un, et celui qui ment sans vergogne pour mieux faire ses gorges chaudes aux dépens d’un honnête homme, son contemporain, nous montre qu’il ne doit pas être bien scrupuleux, ni difficile en preuves, quand il s’agit de ses saints et oracles dans le passé.
Que de vierges, de saintes et de saints dont Poictevin a analysé avec ferveur les expressions et les attitudes, car s’il y a en lui un naturiste, il y a aussi un mystique, dont la religiosité devint peu à peu une foi véritable.
Noms d’églises La « Protestant Episcopal Church of America » veut être désormais appelée « The Holy Catholic Chuch of America », c’est-àdire la « Sainte église catholique américaine ». […] N’avons-nous pas chez nous trois classes de saints, avec avancement possible ?
Consultez ces héros que le droit de la guerre Mena victorieux jusqu’au bout de la terre : Libres dans leur victoire, et maîtres de leur foi, L’intérêt de l’état fut leur unique loi ; Et d’un trône si saint la moitié n’est fondée Que sur la foi promise et rarement gardée. […] … ce nom seul dont les droits sont si saints, Sa jeunesse, mon sang, n’est pas ce que je plains : Je plains mille vertus, une amour mutuelle, Sa piété pour moi, ma tendresse pour elle, Un respect qu’en son cœur rien ne peut balancer… Non, je ne croirai point, ô ciel !
Et ils l’aimaient, « chacun à sa façon », et ils la respectaient comme une sainte idole, bien que grondassent en eux les appels sauvages du rut. […] *** Ce qui me ravit plus encore que la beauté sainte de cette méthode de travail, si ingénieusement inaugurée par MM. […] Il s’est creusé lui-même la fosse de ses mains ; il a creusé son corps d’ulcères liturgiques, il a bordé sa fosse de culs de bouteilles, de clous, d’excréments déclamatoires pour la rendre inaccessible, pour être plus nu, pour être plus seul avec son humilité sainte et son saint orgueil, plus seul avec Dieu.
La sainte Vierge, sous la protection de laquelle tu étais, nous a remplacés. […] Il semble qu’à lui aussi elle soit apparue, une nuit d’été, dans son voile plein d’astres, et qu’il se soit écrié comme le voyant de Madaure : « Sainte déesse, éternelle providence des hommes, toujours prodigue de tes bienfaits, tu as pour les malheureux la double affection d’une mère. […] « Et c’est aussi la mer où, dans les premiers siècles de l’erreur chrétienne, alors que le règne de la sainte nature finissait et que commençait celui de l’ascétisme cruel, le patron d’une barque africaine entendit des voix dans l’ombre, et l’une d’entre elles rappeler et lui dire : “Le grand Pan est mort !
Bossuet, dans la Politique tirée de l’Écriture sainte, rappelle que Jésus a eu une pensée particulière pour son pays, et qu’il a pleuré en annonçant la ruine de Jérusalem comme en perdant son ami Lazare. […] Dans des milliers de communes avait lieu un « banquet du Vendredi dit Saint » où l’on se vengeait du cléricalisme sur la charcuterie ; il a complètement disparu. […] L’idéal socialiste n’est jamais épuisé par la réalisation d’un but particulier, alors que l’idéal radical a subi, du fait de la séparation, une crise qui dure encore : pas plus que l’idéal chrétien n’est épuisé par une réussite particulière, soit par la vie d’un saint.
Certes la patrie de Cramer, de Calandrini, de Burlamaqui, de Trembley, de Bonnet et de Saussure, n’a rien à envier aux plus fières patries, surtout quand elle est la nourrice aussi et la mère adoptive de tant d’hommes dont le nom ne se sépare plus du sien, et quand elle a, selon les temps, Calvin pour les saints, Abauzit pour les sages.
N’oublions pas cependant que, dans ce temps barbare encore du moyen âge italien, la politique n’était pas une moralité de but et une légitimité des moyens ; la politique n’était qu’une science, et Machiavel voulait surtout se montrer capable : ce n’est que plus tard que la politique, sous la plume de Fénelon, devint une vertu ; sous Bossuet même elle n’était qu’une sainte violence.
XXXI L’autre philosophie sociale est celle qui, reconnaissant aussi dans la création énigmatique telle quelle, un mystérieux fait accompli, s’y résigne comme à une justice inexpliquée, puisqu’elle est fatale, ce qui veut dire divine : semblable, j’en conviens, au prisonnier des ténèbres, qui, après avoir fait le tour de son étroit cachot, et convaincu qu’il n’y a aucune issue que par le suicide, évasion de la destinée humaine, s’y assoit à la place assignée par la Providence, y livre son corps à sa condition de souffrance et de corruption, sans murmure et sans regret, et y cherche la nourriture de son âme, qu’il sent immortelle, dans la conformité du dessein de Dieu son maître, dans le sacrifice de son bonheur à celui de ses semblables, dans la vertu, ce supplément de bonheur qui vaut mieux que lui, et dans la sainte certitude d’un destin supérieur quand cette voûte de son cachot s’écroulera sur son corps mortel pour lui laisser voir du fond du cercueil le vrai jour de Dieu !
Le plaisir naïf que fait éprouver la forme articulée de certains continents ou des mers intérieures sur les cartes géographiques, l’espoir de contempler ces belles constellations australes que n’offre jamais à nos yeux la voûte de notre ciel, les images des palmiers de la Palestine ou des cèdres du Liban que renferment les livres saints, peuvent faire germer au fond d’une âme d’enfant l’amour des expéditions lointaines.
Lorsque Romaine, amenée à l’hôpital, reconnaît dans Barnier son ancien amant, est opérée par lui d’un cancer au sein et meurt désespérée et blasphémante, ce qui se passe chez la sœur Philomène, ce qui s’éveille et se glisse d’inconsciente jalousie de femme sous ses scrupules et ses effrois de sainte, tout cela est profondément observé et nuancé à ravir Anatole (dans Manette Salomon) n’est pas seulement supérieur aux bohèmes de Mürger par la variété et la vérité souvent douloureuse de ses aventures : la nature complexe de cet étourdissant et très sympathique raté est merveilleusement démêlée.
Ceux qui parlent des « saints calus du travail honnête » ou du « geste auguste du semeur » ne sont pas ceux qui ont les mains les plus rugueuses, et l’on trouve surtout « sacré », le devoir que l’on exige des autres, ou celui qui doit servir à leur arracher quelque concession.