Ce Vénitien, issu de sang espagnol, qui compte dans sa généalogie force bâtards, religieuses enlevées, poètes latins satiriques, compagnons de Christophe Colomb, secrétaires de cardinaux, et une mère comédienne ; ce jeune abbé, qui débute fraîchement comme Faublas et Chérubin, mais qui bientôt sent l’humeur croisée de Lazarille et de Pantalon bouillonner dans sa veine, qui tente tous les métiers et parle toutes les langues comme Panurge ; dont la vie ressemble à une comédie mi-partie burlesque et mi-partie amoureuse, à un carnaval de son pays qu’interrompt une atroce captivité ; qui va un jour visiter M. de Bonneval à Constantinople, et vient à Paris connaître en passant Voisenon, Fontenelle, Carlin, et être l’écolier du vieux Crébillon ; ce coureur, échappé des Plombs, mort bibliothécaire en un vieux château de Bohême, y a écrit, vers 1797, à l’âge de soixante et douze ans, ses Mémoires en français, et dans le meilleur et le plus facile, dans un français qu’on dirait naturellement contemporain de celui de Bussy. […] Le voilà petit abbé à poil follet, l’orgueil de sa vieille grand-mère. L’illustre poète lubrique Baffo donna l’œil à l’achèvement de son éducation poétique ; un vieux sénateur retiré des affaires, mais non du monde, perclus de jambes, mais sain de tête, M. de Malipiero, lui ouvrit sa maison, sa table, avec les conseils d’une expérience vénitienne de soixante-dix ans, et l’initia au savoir-vivre exquis et à une honnête corruption. […] Lorsque Casanova la voit d’abord à Césene ou à Mantoue (je ne sais lequel), voyageant avec un vieux capitaine hongrois, lui-même il avait éprouvé depuis son séjour à Rome bien des traverses et des vicissitudes. […] Nous reviendrons une autre fois sur Casanova, et nous le suivrons à Paris où il se perfectionne dans le français sous le vieux Crébillon le tragique, singulier maître de langue, de qui il apprit, j’imagine, bien moins qu’il ne prétend.
C’est un vieux vagabond étrangement robuste. […] Votre culte se meurt avec les vieux cultes. […] Je ne crois pas, pour ma part, au renouvellement du vieux dogme et du vieux culte par une société de professeurs et de gens de lettres. […] Il était très vieux, mais il étudiait toujours. […] Dans le fait, il poursuivait une vieille querelle.
Un fainéant de l’Œil-de-Bœuf, talon rouge et cordon bleu, adolescent et marquis, M. de Créqui, vient à Ferney et écrit avec supériorité : J’ai vu Voltaire, ce vieux enfant. […] Cette bonne personne, votre vieille complaisante, ô tyrans, votre vieille camarade, ô traîtres, votre vieille auxiliaire, ô dévots, votre vieille consolatrice, ô imbéciles ! […] Jeune, il goûta de la prison ; vieux, de l’exil. […] il y a de la vestale en vous, vieux mécontent ! […] Tant pis pour ces gens de la vieille mode et de la vieille Rome.
Il s’extasiait sur les vieux rondeaux du père de maître Clément. […] Une vieille accroupie prépare le café. […] Plus tard, le vieux poète parla du Pèlerin passionné sans indulgence. […] Il y a un très vieux tombeau que l’épais lierre qui le couvre a rendu anonyme. […] Ah, ce vieux sanglier de Delyannis !
à ce rutilant et truculent Gautier, obligé à vanter des tragédies jetées dans le vieux moule classique et écrites comme si le moule était si usé qu’il ne marque plus… Pour la Cléopâtre, il s’en tire habilement en nous donnant un médaillon de Cléopâtre, un Émail et Camée de sa façon : mais pour la Judith, il y reste, sentant bien, au fond de sa conscience, — poids fâcheux ! […] Y vîtes-vous jamais en femmes quelque chose comme le vieil Homère, le vieux Dante, le vieux Milton, le vieux Corneille, le vieux Gœthe ? […] La plume se refuserait à écrire jamais : la vieille Sapho. […] L’émotion vraie éclate, casse les cordes de la vieille harpe, et les bras veufs survivent dans le naturel de leur beauté !
De la nécessité d’étudier les plus vieilles croyances des anciens pour connaître leurs institutions. […] Les plus vieilles sont celles qu’il nous importe le plus de connaître. […] Que dit encore le droit privé de ces vieux âges ? […] Les hymnes des Védas en font foi pour la branche qui a donné naissance aux Hindous ; les vieilles croyances et le vieux droit privé l’attestent pour ceux qui sont devenus les Grecs et les Romains. […] La clientèle est plus vieille que Romulus.
Il se voyait dans une chambre entouré de petites filles ; et de la cheminée sortait une vieille femme, une vieille fée, qui avait un piment, tout rouge dans sa bouche, sans doute pour faire croire à du feu, à de la flamme, et la vieille qui était une fillette, travestie, se faisait amener le petit poltron, et lui mettait des bonbons dans la main. […] * * * — Un véritable homme de lettres, que notre vieux Tourguéneff. […] vous qui êtes un vieux cochon, je puis vous le dire, répondait-il. […] Çà et là, des têtes de jeunes gens du ministère des Affaires étrangères, empreintes d’une ironie gandine, ou des têtes de vieux journalistes conservateurs ; affectant une tristesse de commande, pour le froissement de leurs convictions monarchiques. […] Et la pauvre tata était renvoyée dans sa province, où elle mourait quelques mois après, dans un état d’enragement, et déchirant et mettant en pièces tout ce qui tombait sous ses vieilles mains.
L’œil accroche au passage quelque nom de vieille paroisse qui fait songer : Saint-Séverin, Saint-Jean-en-Grève. […] Dans ces catacombes de l’état civil, rôde et furette, avec l’air du génie du lieu, flairant les actes, découvrant les vieilles naissances et les vieilles morts, comme on trouve les sources avec une espèce divination, un vieux bonhomme au teint gris sale, de la couleur de ces vieux livres, grand, fort, cassé et voûté : il ressemble à une figure du Temps, dans un ancien tableau. […] * * * — A-t-on remarqué que jamais un vieux juif n’est beau ? […] * * * — La femme de quarante ans cherche furieusement et désespérément dans l’amour la reconnaissance qu’elle n’est pas encore vieille. […] Il y a aussi un garde française au pastel tout pâle, une petite fille qui a un serin jaune perché sur un bras, une vieille femme noire, austère, janséniste, la mère inconsolable du garde française tué en duel à vingt ans.
Charrier pour associé, et pour valet de ses hautes œuvres un vieux bohème cynique et sceptique qu’il a déterré d’un estaminet. […] Charrier payera ses vieilles dettes ; M. de Sergines épousera sa fille ; mais c’est une triste fin que ce replâtrage d’honneurs délabrés. […] Vous vous souvenez de la charmante scène où madame de Blossac apprend au vieux Maréchal qu’il n’y a jamais eu de M. de Blossac. — « Jamais ? […] Aux arguments du vieux libéral, le légitimiste frais éclos oppose le discours que va prononcer son ancien patron. « C est moi qui l’ai fait ! […] Le vieux bohème convient de son déshonneur, mais ce n’est pas à Maxime de le condamner ; il s’est vendu pour le racheter.
Jamais nos vieux romans de chevalerie n’ont retenti de pareils coups d’épée. […] La pitié, tout à coup, saisit le vieux chef, en voyant ce jeune guerrier si fier et si beau : Ô jeune homme si tendre ! […] Je suis vieux ; j’ai vu maint champ de bataille, j’ai détruit mainte armée, et je n’ai jamais été battu… Mais j’ai pitié de toi et ne voudrais pas t’arracher la vie. […] Mais le vieux chef, qui ne veut pas donner à ce jouvenceau trop d’orgueil, répond avec ruse qu’il n’est pas Roustem, et le cœur de Sohrab se resserre aussitôt ; le nuage qui venait de s’entrouvrir se referme, et la destinée se poursuit. […] En abordant le vieux chef, il s’adresse à lui le sourire sur les lèvres, et comme s’ils avaient passé la nuit amicalement ensemble : Comment as-tu dormi ?
Flourens, Sénèque s’y est surpassé : « Je suis vieux, écrivait-il à son jeune ami Lucilius, je suis plus que vieux, ce mot de vieillesse est lui-même trop jeune pour moi, pour ce que je suis avec cette machine usée et délabrée ; mais l’injure de l’âge que je sens dans le corps, je ne la ressens point dans l’esprit. […] Comme d’autres, en se rappelant leur temps passé, disent naturellement : Quand j’étais jeune… lui, il disait naturellement : Quand j’étais vieux. […] Que de gens la portent dans la vie même, en se disant : Ce n’est plus la peine d’entreprendre telle étude, tel travail, parce que je suis trop vieux pour l’achever. […] Les Bonstetten devinrent ainsi un des six grands et vieux lignages du patriciat bernois. […] Alors apparaissent Shakespeare et le vieux Linné (Gray s’occupait beaucoup de botanique et de Linné) luttant ensemble comme feraient deux esprits pour l’âme d’un damné : tantôt c’est l’un qui a le dessus, tantôt c’est l’autre.
Ces deux littératures roulent sur le même fond de sable : l’homme et ses vieux malheurs ; très souvent, ils s’en vont, parallèles, l’un à fleur de terre, l’autre dedans, — portant au même but, le définitif oubli, d’identiques barques. […] Allez en France, allez en Flandre, en Allemagne ou en Suède, priez la vieille qui tricote ou la jeune fille qui bêche de vous chanter « l’histoire de l’amoureux qui se noya en nageant vers sa belle, l’histoire où il y a une tour et dans la tour un flambeau » : si elle daigne ou si elle ose, la vieille ou la jeune vous chantera, version flamande214 : « Ils étaient deux enfants de roi, ils s’aimaient si tendrement. […] « Une vieille femme le vit, bien mauvaise mégère. […] La ballade de Lénore si médiocrement sentimentale chez Burger, se révèle, au contraire, dans sa forme orale, telle qu’une admirable vision fantastique ; et le Plongeur, — une des plus populaires des chansons connues, comme il y a loin de celle de Schiller, qu’apprennent les écoliers, à celles que chantent les vieilles « le soir à la chandelle » ! […] Les passions élémentaires surgissent violentes et cyniques, comme dans la chanson du Vieux Mari, dont sa femme attend la mort pour en porter au marché la peau, et avec le prix s’acheter un mari neuf et jeune.
Paul Bourget avait trop d’âme à la vieille manière, qui est l’immortelle ! […] Homère est vieux. Ossian est vieux. Milton est vieux. Sophocle est vieux.
J’eus tort peut-être ; il en est résulté que, sur mes vieux jours, au lieu d’être, selon l’usage, un conservateur rigide, un moraliste austère, je n’ai pas su me défendre de certaines indulgences que les puritains ont qualifiées de relâchement moral. […] Il y a un beau mot d’un vieux rabbin du premier siècle. […] La vieille loi romaine et chrétienne paraîtra un jour trop exclusive, trop étroite. […] Mon vieux principe de fidélité bretonne fait que je ne m’attache pas volontiers aux gouvernements nouveaux. […] La vieille gaieté gauloise est peut-être la plus profonde des philosophies.
Comme cela est vieux ! […] Regardons pieusement les vieux tableaux, et feuilletons les vieilles estampes avec un sentiment d’amitié. […] Le vieux Legoëz interroge son petit-fils. […] Voilà le vieux Claude dans tous ses états ! […] » Bravo, le vieux !
L'entrée de ces hommes nouveaux semble donner le signal d’une révolution au sein de la docte compagnie : le vieux parti, dit académique, des rédacteurs du Constitutionnel et de ceux qui se croyaient voltairiens, a décidément le dessous. — Il y a eu une petite révolution dans le journal même (le Constitutionnel) ; le vieux parti des Jay, des Étienne, battu à l’Académie, a été de plus évincé de ce journal où il régnait et trônait de temps immémorial. […] On met encore en avant beaucoup de noms ; mais ces promesses magnifiques tiennent peu d’ordinaire, et le vieux Constitutionnel, en voulant se rajeunir comme Éson, pourrait bien avoir le destin de Pélias. On revient aisément aux vieilles images classiques en parlant du Constitutionnel.
Laissons à Villemain la peine de répéter les vieilles sottises de La Harpe, cet homme de goût ! […] Ce caractère religieux a frappé Pierre Saliat, qui, ramenant tout à la préoccupation de son temps comme les vieux peintres au costume du leur, quels que soient les sujets qu’ils traitent, finit par appeler « chrétien » Hérodote, comme il rayait appelé « un gentilhomme grec ». « Une chose que je ne veux oublier, — dit-il en son style d’une senteur antique et exquise, — c’est que les vieux historiens (comme aussi les poètes)sont dignes véritablement d’être révérés et honorés, et principalement pour cette révérence qu’ils portent à leurs Dieux, quoique feints ils soient. […] Malgré l’enfantillage de l’anecdote et le fabuleux des récits que ce vieux rapsode d’Hérodote, qui voyageait, — vagabond moins touchant que le mendiant Homère ! […] Dans ce temps de critique pointilleuse où l’histoire, cette riche draperie, s’effiloche sous le travail des ronge-mailles qui fendent en quatre chaque fil dont elle est faite, ce sera une originalité et un contraste qui auront leur ragoût, que cette vieille et toujours jeune histoire d’Hérodote contrastant, par le respect des traditions et le sentiment des choses divines, avec nos histoires contemporaines, qui mettent Dieu sous la remise et qui sont, elles, si jeunes et cependant si vieilles déjà !
Ainsi en toutes choses : il fera du Midi, de son Midi à lui, le centre de son érudition et de sa conquête ; il voudra que la vieille langue du Midi ait été primitivement la dominante et l’unique pour toute la France, même pour celle d’outre-Loire. […] Il avait dans la liberté du tête-à-tête un grain de cette vieille gaieté gauloise, relevée ici d’une pointe d’ail à la provençale. […] Ainsi la langue du midi de la France, celle des Provençaux, celle de Brignoles, aurait commencé par être la mère du vieux français tout entier, la mère aussi du catalan, de l’espagnol, de l’italien, du portugais, au lieu d’être tout simplement une sœur un peu plus tôt formée si l’on veut, et plus précocement dotée, mais nullement investie de cette dignité génératrice et maternelle. […] Enfin, après avoir rassemblé en six volumes dissertations, grammaire, textes choisis, tout le trésor des troubadours, et en préparant six autres volumes de Lexique, qui ont achevé de paraître qu’après sa mort, il faisait plus, il franchissait la Loire, non pas en conquérant cette fois, mais en auxiliaire, et condescendait jusqu’à nous autres Picards et Normands ; il faisait sur notre vieille langue française l’application et la vérification des mêmes règles grammaticales essentielles qu’il avait reconnues dans l’ancienne langue du Midi, et montrait que nos bons vieux auteurs du xiie siècle n’écrivaient pas au hasard5 ; de sorte que tous ceux qui s’occupent maintenant de la publication des vieux textes rencontrent à l’origine M. […] « Tout faire pour conserver, rien pour acquérir », disait-il un jour à un ami dont les yeux s’étaient un peu machinalement fixés sur un vieux tapis qui était dans l’appartement.
Si Dieu m’a créé bourru, bourru je dois vivre et mourir… Les gens d’esprit sont souvent très singuliers ; ils croient connaître le cœur humain mieux que d’autres, et, parce qu’ils ont fait du grec avec le père et qu’ils ne sont pas tout à fait aussi vieux que lui, ils croient que c’est une raison pour être aimés de la fille, d’une toute jeune fille, et cela sans faire de frais, sans rien retrancher à leur humeur, à leur procédé rude, à leur extérieur inculte, et en se conduisant, dès le lendemain de leurs noces, comme de vieux maris. […] Il y avait alors dans le pays une bande noire qui achetait les grandes terres et les vieux châteaux, qui démolissait les uns et morcelait les autres. […] « Toujours le style te démange », a dit le vieux Joachim Du Bellay. […] Courier a le sentiment du style antique et grec, et, de plus, il possède bien son xvie siècle par Amyot, par Montaigne et par d’autres encore ; il a lu particulièrement les vieux conteurs. […] il n’y en a point de plus glorieuse ; c’est de cela qu’on flatte les rois. » On croit entendre l’éclat de voix du vieux Quatremère tonnant contre ces fausses et flagorneuses banalités.
Toutes nos vieilles races de l’Occident et du Nord ont été ou sont encore superstitieuses ; c’est l’Orient, le mauvais Orient qui est fanatique. […] Notre vieux fonds d’honnêteté, du train dont vont les choses, pourra être plus que jamais utile. […] Je ne demanderais pour récompense que de recommencer ; je ne me plains que d’une seule chose, c’est d’être vieux dix ans trop tôt. […] C’est ce que je me disais, ces jours-ci à Perros, en retrouvant toute sorte de vieilles petites connaissances, des oiseaux, des fleurs poussant sur les vieux murs, dont j’avais oublié le nom, et, en particulier, ce rocher du groupe des Sept-Îles qui est, au printemps, rempli d’innombrables oiseaux de mer.
— Alors je… (Mettez ici l’expression la plus énergique de la vieille France.) […] » Gavarni nous dit aujourd’hui : « Chaque jour la science mange du Dieu… N’a-t-on déjà pas mis la foudre du vieux Jupiter en bouteille de Leyde ? […] Trois marches à monter, et derrière la porte un établi hors de service, sur lequel, les coudes posés à plat, une vieille dormichonne, brinqueballant de la tête comme les gens sommeillant en voiture. Puis une chambre assez grande, sur les trois côtés de laquelle se développe un antique banc de chêne scellé à la muraille, et sur l’autre côté un vieux comptoir. […] Dans cette maison où il n’y a pas de prostituées au-dessous de 60 ans, et où ces femmes ont de vieux béguins de linge maternels, — on débite de l’amour depuis 50 jusqu’à 10 centimes aux vieux pervertis et aux tout petits jeunes gens timides du peuple.
Gode, la vieille sorcière, me le disait souvent. […] Où donc est caché le trésor de ces vieilles histoires ? […] Je sortais de la vieille race idéaliste en ce qu’elle avait de plus authentique. […] Il me donna le jour, vieux, au retour d’un long voyage. […] Et les vieux bardes, ô ciel !
Deux vieilles gens (M. […] Feuillet ne se fait pas faute de nous offrir de ces intérieurs de vieillards, comme dans le Village ; il triomphe de la difficulté, et il ne craint pas, tant il y met de soin et de coquetterie, que ces vieilles amours nous paraissent sentir le rance), deux vieilles gens donc, Mme d’Ermel, femme de soixante-deux ans, et le docteur Jacobus, Hollandais, qui en a soixante-dix, jouent tous les soirs une partie de dames que le vieux médecin vient faire chez sa voisine à la campagne. Il est méthodique, ponctuel, à l’heure et à la minute ; mais cette année il retarde de cinq minutes sur l’an passé : sa vieille amie s’en aperçoit et tout bas s’en alarme ; elle y voit un acheminement à la fin prochaine. […] Il y a des nuances délicates et fort curieusement observées et démêlées entre ces deux vieux cœurs amoureux de Mme d’Ermel et du docteur Jacobus : il est pourtant impossible de ne pas voir dans de telles productions d’art un genre de conte moral comme chez Marmontel, ou même de conte édifiant comme chez l’évêque Camus. […] Il a une mission ; il s’est chargé de décrire un monument historique, un vieux cloître ruiné en Normandie, et, pour mieux faire, il s’est établi dans un moulin, passant le jour à courir le pays ou à dessiner.
On vit à côté de la vie. » On croirait entendre une réprimande du vieux Caton à des oisifs, un de ces axiomes martelés pesamment pour être mieux retenus. […] Ainsi, cette rude poésie des vieux âges de Rome, quoique imitée en partie de la Grèce, était une voix vivante qui parlait aux âmes romaines, voix trop forte pour être soufferte, quand viendrait l’empire. […] Nous en avons surtout pour témoin un amateur passionné de ces vieux poëtes, Cicéron, qui leur devait bien quelque chose, si nous l’en croyons lui-même, et pour quelques-uns des plus flatteurs souvenirs de sa noble vie. […] Quant à ses successeurs, Horace même, si dédaigneux pour ces vieux temps, a cité l’art savant de Pacuvius et l’élévation d’Accius. […] quels acteurs auraient pu jouer les scènes des vieux drames interprétées par la terreur ou la haine présente ?
Continuer, après de tels livres, à ne voir dans Gabriel Vicaire qu’une façon de « poète du clocher », ce serait vraiment tenir à trop peu de prix les qualités de finesse, d’abandon, de bonhomie délicate, de verve gracieuse et franche, répandues d’un bout à l’autre de son œuvre ; ce serait oublier surtout qu’elles ont passé jusqu’ici « pour le fonds même des poètes de bonne race gauloise », qu’elles ont servi à distinguer tour à tour nos vieux « fableors » anonymes du moyen âge et leurs héritiers directs : […] Les uns ont choisi dans notre vieux fonds populaire les attitudes douloureuses, les enfantines désespérances, les cris brefs et naïfs des souffrances profondes. […] Vicaire transpose aussi ; mais il recherche le ton bonhomme, le ton bonne femme de la vieille poésie (et c’est une note personnelle). Cette vieille poésie est pour lui pédestre et légère, à cotillon court joliment et sobrement rayé.
Grâce à quoi, on l’a enfin pris lui-même tantôt pour un membre du Caveau et tantôt pour un vieux monsieur dans le genre du regretté Camille Doucet. […] Cela va, parfois, dans le Vieux Marcheur, jusqu’à la convention la plus extravagante. […] Et, une fois ou deux, il nous a dénoncé ce qui grouille dans ce vide, et comment ce nihilisme, d’ordinaire avachi et doux, des vieux viveurs peut tourner au farouche et au macabre. […] Nous avions eu la phrase de « la vieille chanson » : nous eûmes, ce jour-là, celle de « la cloche », et quelques autres, non moins belles. […] Fille du peuple, bonne fille quand elle veut, pas imposante, Marianne a de plus vieux meubles, de plus vieux châteaux et de plus vieux parchemins que tous les rois et tous les empereurs du monde.
Je regarde, avec plaisir, la jolie petite tête enthousiaste d’un jeune homme, qu’on me dit être Massenet ; je regarde la tête chevaline du vieux Bapst ; je regarde la tête étonnamment simiesque de Girardin, qui broie sa nourriture, avec les mouvements mélancoliques des mandibules de singes, mâchant à vide. […] », Non, très illustre micrographe, un chant de l’Iliade ne parlera pas à l’intelligence de l’enfant, comme lui parle une histoire bêtement merveilleuse de vieille femme, de nourrice. […] Oui, quoique les jeunes semblent jusqu’ici enracinés dans le vieux passé et les vieilles méthodes, j’ai la conviction, que d’ici à peu d’années, même parmi les élèves de l’école des Chartes, il y aura un abandon des siècles antiques, pour remonter aux siècles modernes, et là, avec la documentation de ces temps, ressusciter des morts, parmi cette humanité vraiment galvanisable. […] … Oui quand il ne pourra plus cracher, il sera nettoyé. » Il est question d’une espèce de maladrerie de banlieue, où demeurent tous ces estropiés, et où, un vieux père Romain vient faire, pour un sou, les lits des gens qui ne peuvent se lever. […] Là, dans ce vieux bois geignant par le vent qui s’élève, j’ai la sensation du gémissement d’une mer désolée !
Les vieux sont indignés. […] Au feu toutes ces pièces, et qu’on se contente de réciter les vieux paeans de Tynnichus ! […] Eschyle devrait être cité en justice et boire la ciguë comme ce vieux misérable de Socrate. […] Quelle vieille brute que ce Solon ! […] Sorte de filtrage, épurant et amoindrissant, d’où la vieille doctrine divine tombait goutte à goutte, humaine.
Le vieux janséniste s’apercevait bien de mes hérésies ; quand je lui lisais mes articles, je le voyais sourire à chaque phrase câline ou respectueuse. […] La nuance fugitive, que le vieux français regardait comme une quantité négligeable, j’essayais de la fixer, au risque de tomber dans l’insaisissable. […] L’erreur dont ces vieilles pages sont imprégnées, c’est un optimisme exagéré, qui ne sait pas voir que le mal vit encore et qu’il faut payer cher, c’est-à-dire en privilèges, le pouvoir qui nous protège contre le mal. On y trouve également enraciné un vieux reste de catholicisme, l’idée qu’on reverra des âges de foi, où régnera une religion obligatoire et universelle, comme cela eut lieu dans la première moitié du Moyen Âge. […] La vieille économie politique, dont les prétentions étaient si hautes en 1848, a fait naufrage.
cette vieille Grèce vert-de-grisée ! […] Des rapports s’établissent entre la comtesse et le vieux ménage. La vieille femme meurt. […] Le vieux bonhomme meurt ces temps-ci. […] Dans la peau tannée du poète, la clarté aiguë de sa prunelle à la couleur de l’eau de mer, donne à ce Parisien la physionomie d’un vieux loup de mer.
Lucien Bonaparte avait quelque chose de romain de la vieille république dans le caractère et dans l’attitude. […] Sa gloire est là comme le phare immense D’un nouveau monde et d’un monde trop vieux. […] c’en est trop pour si petit théâtre ; Finissons-en : le monde est assez vieux, Le monde est assez vieux. […] Trente ans, amis, j’ai cru le voir éclore ; Finissons-en : le monde est assez vieux, Le monde est assez vieux. […] Puis deux vieux concierges infirmes, l’un soutenant l’autre, sonnaient timidement à la porte de ce cinquième étage.
Il y a là des gens de toute sorte, le vieux Janvier, l’oculiste Magne, la phalange de Médan. […] Il y a du vrai dans ce que disait cette vieille femme. […] * * * — Un mot du vieux Giraud, sur une femme galante de la société, ayant dépassé la quarantaine : « Elle commence à avoir la chaude fadeur d’haleine des chats qui ont mangé trop de mou ». […] — la filiation d’un Pouyer-Quertier, descendant d’un ouvrier tisseur… Cela m’amusera, de l’écrire en dialogues, avec des mises en scène très détaillées… Puis mon grand roman sur l’Empire… Mais avant tout, mon vieux, j’ai besoin de me débarrasser d’une chose qui m’obsède, oui, nom de Dieu, qui m’obsède ! […] Il demeurait alors à Passy dans une maison, qu’habitait un descendant de Louis XV, possesseur d’une vieille Encyclopédie.
XII Ce jeune homme, disait-on, était né sur les écueils de la Bretagne, au milieu des forêts et des lacs, dans un vieux château, demeure d’une vieille race. […] En l’écrivant, il savait assez que c’était la plus haute adulation qu’il pût adresser au restaurateur du vieux monde, qui pétrissait dans ses mains un monde nouveau. […] Chateaubriand, que je n’ai connu que vieux, était alors dans le modeste éclat de sa jeunesse. […] L’âge même ne peut ravir aux Sachems cette simplicité joyeuse : comme les vieux oiseaux de nos bois, ils mêlent encore leurs vieilles chansons aux airs nouveaux de leur jeune postérité. […] Le vieux prêtre, le père Aubry, marche comme un vieillard expérimenté de la mort.
Avant de combattre à Marathon, Eschyle avait déjà lutté sur la scène ; il y avait vaincu le vieux Pratinas. […] Toute rudesse primitive tombe comme une vieille écorce de cette nouvelle souche ; ses mœurs, ses arts, sa religion même font peau neuve. […] Le vieux poète allait évidemment la puiser à des sources comblées ou presque taries. […] Seul, parmi ses contemporains, il paraît avoir retenu le sens naturaliste des vieux mythes : l’Aryen reparaît en lui sous l’Hellène. […] A peine venue au monde de l’histoire, elle transforma et rajeunit les vieux dieux ; elle les refit à son image et les doua de son âme.
Je passe les atours, reste de vieux style : …… Pourquoi ces atours Entre tes baisers et mes charmes ? […] Dans Le Vieux Célibataire, par exemple, qu’est-ce que ces vers : À mon coucher ton aimable présence Pour ton bonheur ne sera pas sans fruit ? […] Ce qu’il y a de joli dans Le Vieux Célibataire, et de tout à fait engageant, c’est le refrain : Allons, Babet… , qui s’attache à la mémoire et qui continue longtemps de chanter en nous. […] Dans La Bonne Vieille, le troisième couplet est d’un geste bien déclamatoire encore et bien académique : D’un trait méchant se montra-t-il capable ? […] Cette Bonne Vieille rappelle, sans du tout l’effacer, certain sonnet admirable de Ronsard à sa maîtresse, ce qui n’empêche pas Béranger de donner, dans sa préface de 1833, un petit coup de patte à Ronsard, qui était peu en faveur alors.
Toute la démonologie des vieux contes germaniques a peuplé d’ombres ses poèmes. […] Par un réalisme étrange, Heine sait nous faire voir et tâter des mains des ombres de divinités, si vieilles que tous leurs adorateurs sont morts, des allégories d’idées abstraites, des âmes bizarres et quainteuses. […] Devant une vieille tour, un soldat fait l’exercice : Il manie son fusil, Qui brille au soleil ; Il présente les armes et épaule….. […] Je me rappelais la nuit que je passai à veiller près de son lit — le lit sur lequel gisait son pâle et beau corps, aux lèvres silencieuses et pâles… — Et quel regard singulier me jeta la vieille femme chargée de garder le cadavre, quand elle m’abandonna ce soin pour quelques heures ! […] De la tragédie qu’elles jouent, la vieille tragédie de l’amour, nous ne connaissons ni le héros ni l’héroïne.
La table était gouvernée par le vieux Joseph, semblable à Patrocle dépeçant les viandes d’Achille. […] le domestique qui va déterrer le flacon de vin vieux, dans le sable du caveau, et qui le verse dans le verre avant qu’on s’asseye à table ? […] Là étaient rangés contre la muraille des tonneaux de vin vieux et délectable, contenant une boisson pure et divine. […] Autour d’elle sanglotent toutes ses servantes, les plus jeunes comme les plus vieilles ! […] Les arts sont donc aussi vieux que le monde !
D’un côté, nous avons un Béranger bonhomme, sensible, indulgent et béat, toujours le verre en main et pleurnichant, bénissant le pauvre et la fille légère, trinquant avec le curé joufflu et le vieux sergent, présidant aux danses de la guinguette, de l’air d’un Franklin attendri : voilà un Béranger vulgaire et qui a été cher à beaucoup, qui l’est peut-être encore. […] Je tiens à conserver ma foi dans l’humanité. » Puis, à d’autres jours, la sociabilité dont il avait une si forte dose l’emportait sur son rassasiement des hommes ; il sentait le besoin du monde, des vieux amis ou même des jeunes visages nouveaux, et il se rapprochait, il revenait au gîte, à ce maudit Paris qu’on aime tant. […] C’est un mélange de sages conseils et d’admiration sincère, un reste de vieux respect, égayé de beaucoup de sans-gêne et joint à la conscience qu’il a de sa supériorité pratique. […] Au contraire, le critique liseur, si je puis dire, celui qui, dans son fauteuil, reprenait pour la centième fois de vieux écrits et se mettait à penser tout haut en refermant le livre, c’est celui-là qu’il y avait plaisir à entendre et à faire causer : idées justes, idées fines ou hardies, boutades légères et inspirées, lui sortaient en foule à la fois. […] C’est un joujou qui sied aux vieux enfants, mais que le public brise dans leurs mains quand ils l’étourdissent avec, en courant les rues et les carrefours. » Attrape !
Cette vieille aveugle s’éprit à l’instant de l’esprit vif, hardi, délicat et coloré d’Horace Walpole, lequel n’était taillé sur le patron d’aucun de ceux qu’elle voyait depuis cinquante ans. […] Chaque femme, ici, en a un ou deux qui ne bougent de chez elle… Le vieux président Hénault est la pagode de chez Mme Du Deffand, une vieille aveugle, une débauchée d’esprit, chez qui j’ai soupé la nuit dernière. […] De Walpole on ne veut guère voir que la crainte qu’il avait, dans ce monde moqueur d’alors, d’encourir un ridicule par cette passion affichée de la vieille aveugle : et quant à Mme Du Deffand, nous la jugeons trop comme l’ont fait Grimm, Marmontel, la coterie encyclopédique, à travers laquelle la tradition nous est venue. […] Le jugement sérieux, profond, véritable, sur Mme Du Deffand, c’est dans les Lettres de Walpole qu’il le faut chercher ; car Walpole, malgré ses rigueurs plus apparentes que réelles, appréciait sa vieille amie à tout son prix et l’admirait extrêmement. […] Il ne rougit point, je vous assure, de parler de sa chère vieille amie.
Ce vers, en son mode type, l’alexandrin, est vieux comme le monde français et comme le monde latin et comme le monde grec, où son nom était l’asclépiade. […] On peut facilement jouir d’une représentation modeste de cet art antique et « intégral », un soir, dans une rue calme du vieux Paris. […] Ainsi Douze, le vieux nombre traditionnel et donc sacré s’impose à ceux même qui le nient et il s’assied à leur foyer, invisible pour eux seuls. […] Telle la vieille mer sous le jeune soleil. […] Qu’elle devient discrète, la vieille rime tyrannique qui faisait sonner son bâton sur les dalles comme un suisse de cathédrale !
Dites-moi ce que deviennent les vieux comédiens, et je vous dirai ce que deviennent les vieilles lunes. […] Sentez-vous cette vieille odeur de laine et de cuir ? […] — c’est la vieille comédie qui passe ! […] On était si las enfin de la grandeur et de la sévérité du vieux roi ! […] Il est plus vieux que.
Livet sortant à peine du collège fut conduit par son père dans une bibliothèque de province : il y avait de ces vieux auteurs français ; il les lut. […] L’ode de La Solitude est restée longtemps la peinture expressive et fidèle de quantité de vieux châteaux perdus dans les forêts druidiques, et prêtant aux rêves et aux imaginations bizarres : Je suis ici, écrivait du fond du Maine M. de Lassay vers 1695, dans un château, au milieu des bois, qui est si vieux qu’on dit dans le pays que ce sont les fées qui l’ont bâti. […] Saint-Amant, grâce à son ode, avait autrefois sa place assurée dans la bibliothèque de tout vieux château. […] Cependant ç’a été un défaut de beaucoup d’auteurs : Buchanan a décrit une vieille avec toutes les figures de sa rhétorique ; Saint-Amant a fait une Chambre de débauché avec toute la naïveté de son style. […] [1re éd.] faire connaître nos vieux poètes o.
Il est naturel et il paraît juste qu’au moment même où l’unité de la France s’accomplit et se consomme en tous sens par l’immense réseau des communications et par une facilité, pour chacun, d’un déplacement à la minute, et presque d’une omniprésence universelle, il y ait un sentiment de résistance sur quelques points, un reploiement sur soi et un suprême effort de quelques fidèles pour sauver les vieilles mœurs ou du moins les vieilles chansons, pour les préserver et les clôturer, s’il est possible, pour leur assurer même, comme par défi, et grâce à un stimulant nouveau, une sorte de regain et de renaissance. […] Luzel de ses nobles sentiments de résistance, de sa foi au vieux culte, aux mœurs nationales. […] je voudrais bien que le temps Passât vite sur son printemps ; Oui, je voudrais qu’elle fût vieille ! […] Il s’en plaint avec bien du sentiment dans un sonnet, l’un des meilleurs de sa façon : UNE GLACE DU VIEUX TEMPS. Glace de l’ancien temps, dans ton vieux cadre à fleurs Couronné de ramiers, au frémissement d’ailes, Que d’êtres ont passé dans tes reflets fidèles !
Prendre et garder le Canada, c’était pour lui la conclusion favorite, comme de détruire Carthage pour Caton ; il le demandait non seulement en qualité de colon, mais aussi d’Anglais de la vieille Angleterre, ardent à travailler à la future grandeur de l’empire. […] Il a écrit quelque chose sur les vieilles mélodies écossaises, et sur l’impression délicieuse qu’elles font sur l’âme. Il a essayé, par une analyse très déliée, et comme l’eût fait plus tard un Dugald Stewart, d’expliquer pourquoi ces vieilles mélodies sont si agréables. […] » — « À porter et à user jusqu’au bout leurs vieux habits, jusqu’à ce qu’ils sachent eux-mêmes s’en faire de neufs. » Franklin parlant ainsi devant le Parlement de la vieille Angleterre, était un peu comme le Paysan du Danube, un paysan très fin, à la fois et très digne d’être docteur en droit dans l’université d’Écosse, libre pourtant et à la parole fière comme un Pennsylvanien. […] L’homme de la vieille Angleterre en lui n’existe plus.
Il est évident, en effet, que de ces quatre-vingts lettres retrouvées et publiées il se dégage une tête de vieille femme qui n’est pas celle de la marquise de Créqui des Mémoires, quoique le costume soit le même et bien souvent le ton aussi, ce costume intime, ce linge de corps de la pensée des femmes ! […] Malgré son fond de piété sincère, — la piété des femmes de l’ancien monde qui ne s’étaient pas enversaillées, comme disait le vieux marquis de Mirabeau, — elle a les haines et les mépris un peu altiers des femmes comme elle, à qui la Révolution a cassé sur la tête le dais sous lequel elles rendaient la justice féodale autrefois. […] Quand elle écrivait ses lettres, qui la réfléchissent d’autant mieux qu’elle ne s’y est jamais mirée, elle était vieille, et l’on croit qu’elle l’a toujours été. On ne peut se l’imaginer que vieille, dit Sainte-Beuve, prenant trop pour un effet de vieillesse le sérieux de cette femme virile. […] Fine dentelle d’aujourd’hui, qui ficelle ce petit et précieux paquet de vieilles dentelles rousses, cette Introduction est terminée ou plutôt couronnée par une étude sur l’atticisme d’une grande profondeur dans la nuance, et comme Sainte-Beuve pouvait seul l’écrire.
le volume sera classé, et classé très haut, par ces Historiettes, qui sont des poèmes, comme Une Rencontre, Les Oiseaux deux à deux, Sanchette, Cerise, Les deux Lierres, L’Aquarelle à Héroult, Mens agitat molem, Incerta et occulta, La Soif de l’infini, Pâquerette, et enfin L’Arbre devenu vieux, qui me paraît sans comparaison la plus belle pièce du volume, par la hauteur de son inspiration et la luxuriance de ses magnifiques et infatigables strophes. […] Eh bien, c’est après avoir lu cette pièce de L’Arbre devenu vieux et celle de la Soif de l’infini, qu’on se demandera comment une pareille âme de poète peut se pelotonner assez pour vouloir tenir dans ce mouchoir de poche d’un sonnet… et s’escamoter dans ce mouchoir ? […] L’Arbre devenu vieux, le chef-d’œuvre du volume, réunit ces deux qualités qui semblent s’exclure, — et qui s’excluent dans des écrivains moins doués. […] … De Gères, dans L’Arbre devenu vieux, n’a pas l’étrange originalité de Guérin, qui nous donne les joies et les tristesses du Centaure, mais il en a la mélancolie. […] Je voudrais pourtant, avant de finir, vous donner l’impression de l’accent de Gères, et je ne trouve à pouvoir insérer ici que cette pièce charmante qu’il a appelée Les deux Lierres : Autour d’un ormeau foudroyé Grimpait vivace un tendre lierre, Le vieux tronc s’effondrait, noyé Dans la guirlande familière.
Mais à prendre les choses par un côté plus exclusivement français et gaulois, plus littéraire, en abordant nos vieux romans suivant l’aspect plus familier à nos érudits, en venant modestement à la suite de Lamonnoye, de Bouhier, de Sainte-Palaye, des savants auteurs de l’Histoire littéraire, sans arriver de l’Allemagne ni s’être nourri des Æebelungen ou des Eddas, mais s’adressant tout simplement à M. de Monmerqué, il y a lieu, sous le rapport du goût et d’une critique soigneuse et délicate, de faire des travaux précieux sur les vieux monuments de notre langue. […] Aliste, qui a un poignard tout prêt, le tire aussitôt, s’en pique légèrement à la cuisse, le passe aux mains de Berte, qui le prend sans savoir pourquoi ; puis Aliste se met à crier, à réveiller le roi qui continuait de dormir, à montrer son sang, bien qu’il fasse nuit, et à accuser Berte, que la vieille Margiste vient saisir aussitôt comme sa fille, et la disant folle, sujette à ces frénésies. […] Nous suivrons cette continuation avec l’intérêt qu’inspirent ces récits des vieux trouvères qui firent les délices de nos aïeux.
Quel rajeunissement pour ces vocables barbares (j’en nommerai quarante) d’avoir été taillés comme des vieux arbres trop chargés de bois mort ! […] De [mot en caractère grec] nous ne pouvons plus faire sortir que filactère, qui garde un air un peu gauche, surtout si on le compare au vieux filatire 57 que le pèlerin Richard avait au XIIe siècle tiré des mêmes syllabes : A crois, a filatires, a estavels de cire, Les encensiers aportent, si vont le messe dire. […] Il y a loin de ces petits travaux de jardinage au bouleversement entrepris par certains réformateurs que l’ignorance du vieux français rend tout à fait impropres à concilier la beauté traditionnelle avec la beauté d’utilité. […] Il y a des réformateurs plus modérés et dont le but, purement utilitaire, est de rendre le français plus accessible aux étrangers ; leurs principes sont ceux qui ont guidé jadis l’Académie espagnole quand elle simplifia la vieille orthographe ; j’ai donné les motifs à la fois de science et d’esthétique qui ne me permettent pas de les accepter.
Une vraie partie de vieux de Paul de Kock. […] Il a une parole amène tombant d’une bouche aux dents longues d’une vieille Anglaise. […] … Puis nous allons en corps, à la reprise de Don Juan de Marana, une vieille pièce de Dumas père, encore plus vieillie que vieille. […] — C’est déjà bien vieux, Balzac ! […] Tu t’es remis avec le vieux.
Ils sont vieux, mais non point d’une antiquité profonde. […] En vieilles chansons comme en vieille vaisselle la fraude est venue servir la vanité. […] Le vieux Cazaux dit un jour à M. […] Ce vieux Plutarque est un merveilleux narrateur. […] Notre vieux Scarron n’est, à côté de lui, qu’un grossier matassin.
Guy Patin accourait, et d’un éclat soudain Faisait rire l’écho jusqu’au bout du jardin, Soit que, du vieux Sénat l’âme tout occupée, Il poignardât César en proclamant Pompée, Soit que de l’antimoine il contât quelque tour. […] Fier de suivre à mon tour des hôtes dont le nom N’a rien qui cède en gloire au nom de Lamoignon, J’ai visité les lieux, et la tour, et l’allée Où des fâcheux ta muse épiait la volée ; Le berceau plus couvert qui recueillait tes pas ; La fontaine surtout, chère au vallon d’en bas, La fontaine en tes vers Polycrène épanchée, Que le vieux villageois nomme aussi la Rachée 12, Mais que plus volontiers, pour ennoblir son eau, Chacun salue encor Fontaine de Boileau. […] Fut d’enseigner leur siècle et de le maintenir, De lui marquer du doigt la limite tracée, De lui dire où le goût modérait la pensée, Où s’arrêtait à point l’art dans le naturel, Et la dose de sens, d’agrément et de sel, Ces talents-là, si vrais, pourtant plus que les autres Sont sujets aux rebuts des temps comme les nôtres, Bruyants, émancipés, prompts aux neuves douceurs, Grands écoliers riant de leurs vieux professeurs. […] Ce moulin par devant Nous barre le chemin ; un vieux pont nous invite, Et sa planche en ployant nous dit de passer vite : On s’effraie et l’on passe, on rit de ses terreurs ; Ce ruisseau sinueux a d’aimables erreurs.
Je vous devrai la joie d’avoir revu une fois encore ma vieille ville de Tréguier, à laquelle m’attachent de bien chers souvenirs. […] Mais, nous autres, Bretons, nous sommes tenaces, et, hier, en faisant le tour du cloître et de la cathédrale, en visitant ma vieille maison, je me disais que rien absolument, n’était changé ni en moi, ni en ce qui m’entourait. […] L’herbe qui pousse sur les vieilles tombes du cloître est toujours aussi touffue ; j’aurais pu croire que c’est la même vache qui la broute depuis quarante ans. […] Croyez-en l’expérience d’un compatriote, qui vous a quittés jeune et qui vous revient vieux, après avoir vu des mondes assez divers.
Son procédé est simple et appartient au vieux répertoire de la fourberie. […] Elle a la servilité idolâtre d’une vieille concubine arabe accroupie, dans l’angle de la tente, devant le maître et l’époux. […] C’est Cendrillon vieille et mère, mais transfigurée, elle aussi, et rayonnante, par moments, de beauté morale. […] On peut dire qu’aujourd’hui, comme au retour de l’Émigration, il y a une vieille et une nouvelle France. […] Tenancier, sur son bureau, au moment où il rangeait de vieux papiers de jeunesse, et ramassée par son fils.
Nous passons aujourd’hui chez le vieux Barrière, si paternel pour nous à l’occasion de l’Histoire de la société française pendant la Révolution. […] — Mais, Madame, qui m’a desservi ainsi ; je n’ai que l’esprit de vieux, le reste… Où vous revoir, dites ? […] Autrefois, en Europe, quand une vieille population d’une aimable contrée était convenablement anémiée, il lui tombait du Nord sur le dos des bougres de six pieds qui refaçonnaient la race. […] Le vieux bac où nous passions et repassions, n’est plus. […] Une vieille garde mal vêtue au contrôle.
Mme Geoffrin ne nous apparaît que déjà vieille, et sa jeunesse se dérobe à nous dans un lointain que nous n’essaierons pas de pénétrer. […] J’ai été élevée par une vieille grand-mère qui avait beaucoup d’esprit et une tête bien faite. […] Geoffrin vieux, assistant silencieusement aux dîners qui se donnaient chez lui aux gens de lettres et aux savants. […] Cette mise de vieille, si exquise en modestie et en simplicité, lui était particulière, et rappelle l’art tout pareil de Mme de Maintenon. […] Elle était grondeuse par état, par bonne grâce de vieille, par contenance.
Il n’apercevait pas à l’horizon l’immense Prométhée couché, comme une montagne sur une montagne, sur des sommets entourés de tempêtes, car les dieux avaient rendu Prométhée invisible ; mais à travers les branchages des vieux chênes les gémissements du colosse arrivaient jusqu’à lui, passant ; et il entendait par intervalles le monstrueux vautour essuyer son bec d’airain aux granits sonores du mont Othrys. […] Quelquefois c’était dès le matin ; il allait, il gravissait la montagne et la ruine, brisait les ronces et les épines sous ses talons, écartait de la main les rideaux de lierre, escaladait les vieux pans de mur, et là, seul, pensif, oubliant tout, au milieu du chant des oiseaux, sous les rayons du soleil levant, assis sur quelque basalte verte de mousse, ou enfoncé jusqu’aux genoux dans les hautes herbes, humides de rosée, il déchiffrait une inscription romane ou mesurait l’écartement d’une ogive, tandis que les broussailles de la ruine, joyeusement remuées par le vent au-dessus de sa tête, faisaient tomber sur lui une pluie de fleurs. […] Ici, ce que l’auteur voulait placer et peindre, au point culminant de son œuvre, entre Barberousse et Guanhumara, entre la Providence et la fatalité, c’était l’âme du vieux burgrave centenaire Job le Maudit, cette âme qui, arrivée au bord de la tombe, ne mêle plus à sa mélancolie incurable qu’un triple sentiment : la maison, l’Allemagne, la famille. […] Et, en effet, si l’on veut bien remplacer un moment en esprit les titres actuels de ces trois actes, lesquels n’en expriment que le fait extérieur, par des titres plus métaphysiques qui en révéleraient la pensée intérieure, on verra que chacune de ces trois parties correspond à l’un des trois sentiments fondamentaux du vieux chevalier allemand : maison, Allemagne, famille. […] Seulement, en l’employant, l’auteur voulait réveiller un grand souvenir, glorifier autant qu’il en était en lui, par ce tacite hommage, le vieux poëte de l’Orestie qui, méconnu de ses contemporains, disait avec une tristesse fière : Je consacre mes œuvres au temps ; et aussi peut-être indiquer au public, par ce rapprochement bien redoutable d’ailleurs, que ce que le grand Eschyle avait fait pour les titans, il osait, lui, poète malheureusement trop au-dessous de cette magnifique tâche, essayer de le faire pour les burgraves.
C’est, en effet, la prétention des whigs depuis qu’ils existent — et on peut dire l’année et presque le jour où ils ont été mis dans le monde — que l’Angleterre, telle que la révolution de 1688 l’a faite, est toujours la vieille Angleterre, l’Old England des premiers temps ! […] Ils étaient Écossais et catholiques, les deux vieilles antipathies du pays. […] Il avait contre lui le protestantisme de Henri VIII, chargé de toutes les rancunes des vieux partis du temps de Cromwell. […] N’est-ce pas lui, Macaulay, qui, dans un de ses plus beaux travaux de critique historique, en nous parlant de Machiavel11, le vieux calomnié de Florence, ce vieux bronze oxydé par les crachats de toutes les générations, lança ce mot, qui est une vue, sur les décimés de l’Histoire, sur ces grands Sacrifiés à qui la renommée fait payer les vices de leur siècle. […] Il n’y a pas longtemps encore que l’effroyable et froide hypocrisie de Cromwell était passée en force de chose jugée historique, et Thomas Carlyle, qui n’a pas eu besoin de son génie pour cela, a démontré, preuves en main, que s’il fut jamais un homme convaincu de ses idées religieuses, un homme vrai, sincère et croyant, c’était ce vieux diable d’Olivier Cromwell !
Le hasard seul d’une trouvaille de bibliothèque, le bonheur de quelque carton à renseignements découvert, a pu lui faire mettre la main précisément sur ce sujet d’étude, si éloigné des préoccupations de ce temps, et travaillé, du reste, je le reconnais, avec une conscience qui devrait être du talent, pour sa peine, mais qui malheureusement ne l’est pas toujours… L’auteur de cette récente histoire du roi René l’a proprement nettoyée de tous les récits légendaires qui l’obstruaient, car la Légende s’était enroulée comme une liane autour de ce vieux chêne qu’elle avait fini par cacher. […] III Le René d’Anjou qui est maintenant, grâce au cliché de l’histoire, « le bon Roi René », comme on dirait « le bon vieux roi Nestor », quoiqu’il ait eu une jeunesse d’Achille, s’appelait simplement, dans cette prime jeunesse, Monsieur René. […] Cet homme, qu’on a peint comme un vieux troubadour et qui faisait des chansons comme Henri IV, inventait des canons que Henri IV n’aurait pas inventés, se contentant, lui, de les employer ! […] Seulement, le Roi René est trop exclusivement pour elle un bon vieux poète baguenaudant avec toutes les curiosités artistiques de son temps, s’endormant dans le radotage d’une petite Capoue littéraire. […] Il a laissé là le vieux bonhomme et le vieux troubadour.
» Le vieux Pendennis meurt. […] Miss Crawley, vieille femme riche, tombe malade1345. […] Qui de nous ne la juge une bonne et excellente vieille ? […] un lacet lui a serré le cou) un fidèle sectateur en politique de la vieille école turque. […] crie le vieux Steyne d’une voix stridente.
Lapaire, Hugues (1869-1967) [Bibliographie] Vieux tableaux (1892). — L’Annette (1896) […] N’est-elle pas la proche parente de la vieille haulmière de Villon cette « vieille, les pieds sur les landiers » ?
Jean Lorrain excelle à donner une poésie aux vieilles pierres et à faire chanter l’âme des maisons anciennes. Il aime les vieux parcs, les hautes charmilles, les allées en berceau, les quinconces déserts. […] Mais le vieux Myrdhis se défend bien d’abord et il enferme Viviane dans un cercle magique, après quoi elle va se venger des hommes par des moyens purement féminins qui sont les plus sûrs encore !
ces souvenirs vieux de treize ans et sept semaines. […] Le père, le plus vieux que soi, c’est la société tout entière. […] Le premier tourne à l’assassin irrésistible, le second au vieux parapluie. […] Elle s’adore au point de gober, comme si c’était des œufs du jour, ses moindres, ses plus vieilles crottes de bique. […] La vieille image de la croix à porter a fait son chemin.
Les enfants dansaient en bas, les vieux causaient en haut, et nous nous en allions, quand nous rencontrons la femme sur l’escalier : « Venez un peu ; non pas vous, mais M. […] Au milieu de couples horribles de bourgeois gourmés, de vieux gandins de bourse et d’obscurs poseurs, un ménage de vieux Anglais. […] Il n’y manque, comme vieux cabinet de notaire parisien, que les deux immémoriales lampes carcel, qui figuraient sur la cheminée, du temps du père Buchère. […] Vers les une heure, elle passe dans son atelier, et travaille elle-même, sérieusement, conseillée par Giraud, sa vieille Giraille, dans son dos. […] Mais remontons plus haut, revenons à de vieux souvenirs de famille.
La vieille nature s’en va. […] Il nous conte ce dialogue entre la duchesse de Galliera et Lebrun, que Lebrun répétait avec une indignation et une amertume de vieux lettré. […] Au-dessous du Christ, là-bas au fond, le président, à la voix d’un vieux père noble édenté, dans le silence d’émotion de la salle, ânonne une lettre d’amour, dont il souligne chaque mot pour les jurés, avec une malignité de vieux juge, une sorte de bégayement sinistre, particulier aux gens de justice. […] Le président lui lit la déclaration du jury, et sa voix mordante et ironique de vieux juge dans tout le procès, en cette lecture est pénétrée d’une émotion grave. […] Son voile noir relevé sous son pauvre vieux chapeau laisse voir sa face mourante, ses yeux vaguement errants sur le va-et-vient des vivants qui la croisent.
On en trouve aussi la trace dans la vieille langue latine. […] La procédure anglaise est remplie de termes du vieux français. […] Cette influence a été si puissante, que bien qu’elle n’ait pu déraciner les vieux mots, elle a placé dans ces vieux mots d’autres idées. […] Boccace a jeté son style et son génie sur ce vieux conte de nos poëtes. […] Sous Louis XII, Villon veut faire une pièce en vieux français du temps de saint Louis ; et il n’en sait pas les règles.
Bien certainement, ils sont plus vieux que moi. […] Une petite salle lumineuse, où la vue, une vue égayante, passant par-dessus la torsion des vieux arbres fruitiers, et traversant la Seine, va au coteau vert qui fait face. Là-dedans de vieux bahuts, faits de pièces rapportées, sous un trumeau de Boucher, acheté chez un tapissier de Villeneuve-Saint-Georges. À propos de la tournure conventuelle de la vieille bonne qui nous sert, il est question des domestiques, et de la servitude de nous tous, à leur égard. […] Parenté des étoffes japonaises avec les tissus de la vieille Egypte, découverts dans la nécropole d’El Fayoun.
Presque en même temps, une dame modestement vêtue, aux manières élégantes et simples, descend dans l’auberge, qui ressemble décidément, à ne pas s’y tromper, au terrain vague, rendez-vous si commode de tous les personnages du vieux théâtre. […] Cet anneau, on le devine, sera bientôt l’anneau nuptial, et la tutrice, en devenant la femme de son pupille, lui rend de si beaux comptes de tutelle, qu’on voit bien que nous sommes dans un vieux château d’Allemagne. […] Si vieille que soit une littérature, si vieux même que soit le monde, les sujets ne manqueront jamais au génie, qui est précisément la faculté de voir et de faire voir les choses sous des points de vue nouveaux.
Or, après tant de grandes choses que nos pères ont faites, et que nous avons vues, nous voilà sortis de la vieille forme sociale ; comment ne sortirions-nous pas de la vieille forme poétique ? […] Que les vieilles règles de d’Aubignac meurent avec les vieilles coutumes de Cujas, cela est bien ; qu’à une littérature de cour succède une littérature de peuple, cela est mieux encore ; mais surtout qu’une raison intérieure se rencontre au fond de toutes ces nouveautés.
J’allai visiter ma famille qui habitait alors la Louisiane ; et, emportant avec moi tous les oiseaux du nouveau continent, je fis voile pour le vieux monde. […] Je suivais un vieux sentier indien ; le soleil s’abaissa sous l’horizon, sans que j’aperçusse un toit, un abri, un asile que ma lassitude cherchait. […] La vieille femme, leur mère, leur donna de l’eau-de-vie ; ils en burent largement. […] La vieille détacha de la paroi de la hutte un long couteau de cuisine, dont la lame devait m’envoyer dans l’autre monde. […] La vieille femme, stupéfaite, tenait encore en sa main son couteau.
Pour mon compte, et par parenthèse, j’aime mieux celle du vieux Leclerc, qui, du moins, est pratique, que celle de Cormenin, qui n’est qu’un flot stérile d’idées exprimées dix mille fois. […] Esprit petit, vif, mais étroit, antithétique et pointu, qui passe sa vie à faire des oppositions et des parallèles, cette vieille rubrique des orateurs vides du xviiie siècle, ce n’est toujours que l’homme du contentieux, comme on l’avait appelé spirituellement sous Louis-Philippe, et il a, comme écrivain, — je ne m’en doutais pas, je l’avoue, — l’imagination la plus commune, la plus faite à coups de mémoire et de livres. […] Son style, qui ressemble parfois à une boucle de strass, mais sans ardillon, son style, taillé à facettes qui voudraient bien couper et qui ne coupent pas, a de vieilles lueurs connues, des images ressassées, empruntées presque toutes au langage de la guerre, puisque c’est la guerre, le pamphlet ! […] Il n’avait pas non plus l’humeur de Timon, et si, par hasard, il en avait eu le figuier, il ne l’aurait pas gardé pour qu’on s’y pendit, mais pour en faire manger les figues à la ronde, n’étant pas mauvais, au fond, ce vieux Gaulois de Cormenin, découvert tout à coup sans bile, sans âcreté et sans mordant, et qui serait même bonhomme, sans son envie d’être dévorant et déchirant par amour pur du pamphlet et de cette vieille petite enragée de rhétorique !
Nous grimpons chez notre vieille cousine Cornélie, en sa pauvre petite chambre du cinquième. Elle est obligée de nous renvoyer, tant il vient la voir de dames, de collégiens, de gens, jeunes ou vieux, qui lui sont parents ou alliés. […] Cette révélation fait pâlir même le mot profond du vieux Rothschild : « À la Bourse, il y a un moment où, pour gagner, il faut savoir parler hébreu ! […] C’est plein de noms de la vieille France, les Condé, les Conti, Molé, Samuel Bernard et jusqu’à Sophie Arnould qui y eut son prieuré. […] Sainte-Beuve a connu, à Boulogne, un vieux bibliothécaire, nommé Isnard, lequel avait été professeur de rhétorique aux Oratoriens d’Arras, et avait eu pour élève Robespierre.
On avait ménagé la protection de ce prince à l’auteur des fables, déjà vieux, presque sans fortune et dénué d’appui. […] Chat et vieux, pardonner ! […] Si le chat ne pardonne pas à la souris, ce n’est pas en qualité de vieux, c’est en qualité de chat. […] Je dis son père, car les enfans trouvent tout le monde vieux. […] La voici : Des aventures de ce jeune prince à l’histoire de ma vieille gouvernante, il n’y a pas loin, car nous y voilà.
À ce vieux vagabond comme à ces petits va-nu-pieds la nature est plus douce que la société. […] Celle du Vieux Troll de la Montagne ? […] Vieux Coppées. — XIII. […] fi de mon vieux feu qui tousse ! […] vieux cœur, allons !
D’ailleurs, on me comprendra quand on aura lu le sonnet suivant, qui est une merveille : Quand nous serons vieux, étendus parmi D’antiques coussins à fleurs démodées, Nous échangerons nos vieilles idées En parlant tout bas d’un ton endormi. […] Nous serons si vieux !
Il s’est ressouvenu vivement de l’idée monarchique et a estimé qu’elle n’avait pas obtenu sa part historique suffisante, son juste rôle, dans les récents travaux des plus illustres maîtres sur nos vieilles races. […] Mais ce ne fut qu’en se rapprochant de l’Asie, en allant chercher dans l’Orient des exemples et des épouses, que les empereurs parvinrent à transporter ou à greffer quelque chose de la religion dynastique sur ce vieux tronc du patriciat romain. […] Ce fond continu de la vieille Rome au sein de la nouvelle s’est empreint jusque dans les formes et dans l’attitude : la pensée du Vatican en a gardé aussi des allures. […] Pénétré des vieilles maximes de la royauté germanique, conseillé de saint Éloi et de Dadon, très-ferme personnellement de caractère, il combattit et contint la ligue aristocratique et épiscopale. […] M. de Saint-Priest se sera dit qu’il y avait là un sujet tout neuf : retrouver les vieux titres de nos races monarchiques et ceux aussi de l’Église à ces époques.
Au lieu de vieilles institutions qui n’avaient pas d’origine et semblaient le résultat nécessaire du balancement des choses, on eut des constitutions faites de main d’hommes, toutes fraîches, avec des ratures, dépouillées par là du vieux prestige. […] Autant vaudrait préférer les tranchantes affirmations de la vieille science, qui n’était jamais embarrassée, aux prudentes hésitations et aux fluctuations de la science moderne. […] Reconstruire le vieux temple ? […] Quant aux vieilles théories de la Providence, où le monde est conçu comme fait une fois pour toutes et devant rester tel qu’il est, où l’effort de l’homme contre la fatalité est considéré comme un sacrilège, elles sont vaincues et dépassées. […] Les clairvoyants remarqueront que c’est ici le nœud du problème, que toute la lutte a lieu en ce moment entre les vieilles et les nouvelles idées de théisme et de morale.
Ce qui distingue ce grand ouvrage de tous ceux que nous avons en ce genre, c’est qu’il renferme généralement tous les mots usités de la langue françoise, & la plûpart de ceux du vieux langage. […] Des Ecrits sur les Etymologies, le vieux langage & les proverbes. […] Une connoissance peut-être plus nécessaire que celle des étymologies, est celle du vieux langage françois. Si l’on ne se familiarise de bonne heure avec ce jargon suranné, on ne sauroit goûter nos vieux Romans & nos vieux Poëtes, dont la lecture peut, cependant, être très-utile. […] in-8°. son Dictionnaire du vieux langage françois, enrichi de passages tirés de manuscrits en vers & en prose, des actes publics, des ordonnances de nos Rois, & c.
Beaucoup de vieux messieurs qui ressemblent à tous les vieux messieurs, des étudiants, quelques dames, parfois des Anglaises qui sont venues là parce que M. […] Je me plains d’une seule chose, c’est d’être vieux dix ans trop tôt. […] On sait qu’un paradoxe, c’est une vérité trop vieille ou trop jeune. Vous pensez bien que ceux, de Brunetière sont surtout des vérités trop vieilles. […] S’agit-il de l’avènement pacifique des déshérités ou de la destruction du vieux monde ?
Le vieux prêtre, à demi plongé dans le nirvana, avait à peine écouté. […] Ces vieux sages consommés ne s’émouvaient de rien. […] Ce qui est vieux doit rester vieux ; comme tel, il est respectable ; rien de plus choquant que de voir l’homme d’un autre âge dissimuler ses allures et prendre les modes des jeunes gens. […] Dans son cours, son vieux manteau et les manches de sa soutane servaient à essuyer les instruments et en général à tous les usages du torchon ; sa calotte, rembourrée pour préserver son vieux crâne des névralgies, formait autour de sa tête un bourrelet hideux. […] Manier mêlait à ces vieilles thèses les analyses psychologiques de l’école écossaise.
… Quoi, un vieux cheik, enfin ? […] … Voyons, supposez chez nous un rond, autour duquel sont tous les vieux Russes, puis derrière, pêle-mêle, les jeunes Russes. Eh bien les vieux Russes disent oui ou non, — auxquels acquiescent ceux qui sont derrière. […] Et à onze heures, tout le monde se lève et s’en va, Hugo mettant sur sa tête un vieux chapeau de Castelar, que l’Espagnol lui a laissé en place d’un plus neuf. […] * * * — Le vieux Giraud confessait qu’il prenait en grippe ceux qui lui écrivaient de trop longues lettres.
que ce vieux Vivès est ici plus vrai que nos moralistes profanes ! […] Le vieux roi (M. […] La vieille Juana est en train de mourir. […] Elle a mis, pour le recevoir, sa couronne sur ses cheveux blancs, et drapé sur ses vieux os un vieux manteau royal. […] Une jeune femme, mariée à un vieux mari, se laisse aimer par son beau-frère.
Chenavard, une belle tête de philosophe antique empreinte de la tristesse des vieux artistes aux ambitions écroulées. […] Il me dit qu’il a l’habitude de sortir à quatre heures, et me donne rendez-vous pour une de ces promenades péripatéticiennes à la Poussin, à travers la vieille Rome. […] Un vieille courtisane peinte et plâtrée, l’aspect d’une actrice de province, avec un sourire et des cheveux faux. […] Je le trouve cassé, vieux, rabâchant, ayant pour se plaindre du mal qu’il a à vivre, cette mimique sénile, ces fermements d’yeux qui disent : « Allez, je me sens ! […] Et dans la baraque, un banc, un cor de chasse, un vieux nid de frelons à une solive, rien que cela.
— C’est la Madone avant la visite de l’ange, dit le plus vieux. […] Le terrain sur lequel nos pères l’avaient plantée et les vieux ceps tortus et moussus comme la barbe des vieillards ne nous restaient pas en propriété ; seulement les vieux pampres qui sortaient du terrain enclos de pierres grises, qui avaient grimpé de roc en roc jusqu’à la maison, et qui formaient une treille devant la fenêtre et un réseau contre les murs de la cabane et jusque sur le toit, nous restaient ainsi que les grappes que ces branches pouvaient porter en automne ; c’était assez pour notre boisson, car les enfants et ma belle-sœur ne buvaient que de l’eau, et je ne buvais du vin moi-même que quelques petits coups les jours de fêtes. […] Je pensais aussi à cette pauvre vieille vigne qui avait coûté tant de peine à cultiver, à nos pères et à nos mères, à ces ceps reconnaissants, comme s’ils avaient des cœurs humains, qui montaient de si loin pour embrasser la porte, la fenêtre, le toit, de leurs pampres les plus lourdes grappes. […] tout ce qu’il y avait pour nous et pour eux de parenté, de souvenirs, d’amitié, de plaisir, d’intelligence entre ce treillage plus vieux que nous tous devant la maison. […] XCIX Bien qu’il ne fût pas de nos parents (au moins, nous le croyions), le père Hilario nous aimait par une vieille habitude.
Une vieille femme qui a peur n’est plus rien, elle vaut moins qu’un enfant » — Ce qu’elle a vu, elle le raconte avec tremblement. […] Abominables vieilles filles, dont aucun dieu ne voudrait, ni aucun homme, ni aucune bête ! […] tu as outragé de vieilles déesses, en protégeant ton suppliant, cet homme fatal à celle qui l’enfanta ! […] L’esprit grec, amolli par l’élégance et la sophistique, n’était plus au ton violent du vieux poète. […] Il en était de lui comme de ces vieilles idoles, rudement sculptées en bois d’olivier, qui passaient pour tombées du ciel.
Déjà même le naturalisme paraît « dater », est presque aussi vieux que le romantisme : tout va si vite aujourd’hui ! […] Je sais bien que, grâce à Dieu, sa puissante imagination vivifie ses vieilles notes et ses souvenirs défraîchis et qu’il invente terriblement ! […] Tandis qu’on enterre Claude, on brûle, dans un coin, un tas de vieilles bières pourries. […] « Hubert et Hubertine habitaient une maison très vieille, tout contre la cathédrale. […] Cette pénétration de l’âme de la jeune fille par la paix, la beauté, la majesté de ces vieilles pierres qui bornent son horizon est d’ailleurs fort bien exprimée.
On retrouve dans ces paroles et dans cette sollicitude de d’Aubigné le vieux compagnon et le vieux brave qui sait que le jeu des armes égale tout. […] En revoyant d’Aubigné et en causant avec lui, Henri IV retrouvait pourtant de sa vieille affection pour l’homme, pour le compagnon. […] Dans le temps même où il traitait de cette union, il recevait avis qu’il y avait sentence de mort portée contre lui en France ; ce lui fut une occasion d’éprouver sa fiancée, qui répondit en femme des anciens jours : « Je suis bien heureuse d’avoir part avec vous à la querelle de Dieu ; ce que Dieu a conjoint, l’homme ne le séparera point. » Il continua de vieillir en écrivant, en discutant ou raillant, en payant l’hospitalité des Suisses par des conseils d’ingénieur et de vieux soldat. […] Sans se dissimuler quelques exagérations de ton et les jactances ou les fougues de pinceau, elle reconnaît en lui la force, la conviction, l’honneur, ce qui rachète bien des défauts et des faiblesses ; elle l’accepte volontiers, malgré les contradictions et les disparates, comme le représentant de ce vieux parti dont il avait le culte et dont il cherche à rehausser la mémoire. Le duc de Mayenne, interrogé un jour par des amis de d’Aubigné sur la manière dont s’était passé le combat d’Arques et sur ce qui avait précipité la victoire ; après quelques essais d’explication, et se sentant trop pressé, finit par répondre : « Qu’il dise que c’est la vertu de la vieille phalange huguenote et de gens qui de père en fils sont apprivoisés à la mort. » D’Aubigné, qui prend au pied de la lettre la réponse du duc de Mayenne, s’est donné pour tâche dans son Histoire de raconter les exploits et de produire les preuves de cette vertu guerrière, d’en retracer l’âge héroïque dans ses diverses phases : c’est sa page à lui, c’est son coin dans le tableau de son siècle ; et il l’a traité avec assez d’impartialité en général, avec assez de justice rendue au parti contraire, pour qu’on lui accorde à lui-même tous les honneurs dus finalement à un champion de la minorité et à un courageux vaincu.
Seule, la colline de Mizpa, avec ses souvenirs de la plus vieille histoire d’Israël, soutient le regard. […] 598 Son spiritualisme absolu et son opinion arrêtée que la figure du vieux monde allait passer ne lui laissaient de goût que pour les choses du cœur. […] Toutes ces vieilles institutions juives lui déplaisaient, et il souffrait d’être obligé de s’y conformer. […] Il usait à ce sujet de comparaisons énergiques : « On ne raccommode pas, disait-il, du vieux avec du neuf. On ne met pas le vin nouveau dans de vieilles outres 632. » Voilà, dans la pratique, son acte de maître et de créateur.
On sent qu’elles ont dans les veines, même à cette époque de décadence de la noblesse, un sang orgueilleux et fort, le sang d’une vieille race de soldats, seigneurs de par l’épée. […] Et celle-ci, grande dame, indulgente aux fiertés et aux violences et qui a, comme les petites révoltées, du sang des vieux barons féodaux sous ses habits de servante du Christ, répond sèchement à une pensionnaire qui n’avait pas été de la conspiration et qui s’en vantait : « Je vous en fais mon compliment. » Toutes ces petites féodales sont aussi des gauloises. […] À douze ans, on marie Mlle de Bourbonne à un vieux gentilhomme, M. d’Avaux ; puis on la ramène au couvent, où elle pleure chaque fois que son vieux mari la demande au parloir.
ce zéro n’est point un imposteur… Avec une pièce du vieux répertoire qui n’est pas de Molière ! […] Ma vieille mère expire dans le besoin ; ma jeune sœur, une arrière-petite-fille, monsieur ! […] Une vieille mère et une jeune sœur ! […] Je crois pourtant que ma vieille mère a dans un tiroir… (À part.)
Les autres nations, comme les autres hommes, n’en ont qu’une : quand elles sont vieilles, c’est pour toujours ; quand elles sont mortes, c’est pour jamais. […] Arioste était très fier d’avoir pu construire avec une certaine élégance architecturale cet édifice pour ses vieux jours, du prix de ses vers. […] À sept heures du matin, le vieux, majordome apportait à chacun, sur un petit plateau de vieux laque de Chine, sa mousse de chocolat dans une tasse de Saxe, accompagnée de cinq ou six grissins de Turin, petites flûtes de pain durci au four jusqu’à la moelle, et d’un grand verre de Bohême rempli d’eau à la glace : seul déjeuner des peuples sobres nourris par le soleil, comme les Espagnols, les Italiens, les Portugais, les Américains du Sud. […] Après son bréviaire dit pendant la matinée, il nous apporta tout radieux un volume poudreux d’une vieille édition de Venise, en faisant retentir les deux couvertures du volume entre ses grosses mains. […] comment êtes-vous resté vivant et immortel, et comme adhérent à ces vieilles pages jaunies, où je vous retrouve comme une fleur entre deux feuillets ?
L’ouverture était fermée avec de la vieille paille, et le travail si proprement exécuté, qu’il ne restait plus de trace de l’ancienne porte. […] Je m’aperçus que les pewees se mettaient à travailler à leur vieux nid. […] Les vieux oiseaux, mettant le temps à profit, commencèrent aussitôt à préparer de nouveau le nid. […] Rien n’est plus vif et plus joyeux ; du haut des vieux troncs et des arbres tombant de décrépitude, la voix du pivert se fait entendre, et tous ses camarades lui répondent. […] Grâce au progrès de la civilisation, elle ne se contente plus d’une aride nomenclature : elle ne se renferme plus dans la poudre des vieux livres.
c’est le fils du couvreur Jacob, de la vieille ravaudeuse Marie-Anne ou du tonnelier Franz-Sépel ! […] Au coin du boulanger Spitz, une vieille, au premier, cria de sa fenêtre, d’une voix étranglée : « Kasper ! […] » Et presque aussitôt une vieille femme parut, la main devant sa chandelle, au bout d’un escalier en bois. […] J’étais chez un boulanger, et voilà pourquoi cette vieille ne dormait pas encore, ayant sans doute aussi de l’ouvrage. […] Comme les ampoules étaient ouvertes, elles saignaient, et la bonne vieille répéta : « Pauvre enfant !
Il écoute, s’aperçoit qu’ils se tutoient, comprend tout, et meurt soudain d’une vieille maladie de cœur. […] Elles frappèrent beaucoup les vieux Romains, lors des invasions. […] Que dirait la vieille Europe si profondément chrétienne ? […] Quand on se les rappelle, il semble qu’on commence à être très vieux, beaucoup plus vieux que la réalité. […] Toute vieille rue menacée crie contre les vandales.
Le vieux Joseph, qui m’avait vu naître et qui voyait en moi l’héritier présomptif du château, m’aimait presque comme une nourrice aime son nourrisson. Je passais une partie des jours à côté de lui, à la cuisine, à écouter les vieilles légendes de la famille, qu’il se plaisait lui-même à me raconter. […] Excepté le vieux cuisinier Joseph et la Jumelle, personne dans la maison ne se doutait de ce sentiment contenu du petit Didier. […] Je partis avec la bande joyeuse, suivi du vieux Joseph, qui voulait jouir aussi de la surprise ménagée maladroitement au pauvre Didier. […] Le vieux Joseph et moi nous étions assis avec eux, attendant en silence le fiancé.
» Les poëtes de l’école de Marot, le maître compris, ne sont pas traités plus doucement : « Laisse-moi, s’écrie-t-il, toutes ces vieilles poésies françoises aux Jeux Floraux de Thoulouze et au pays de Rouen comme rondeaux, ballades, virelais, chants royaux, chansons et aultres episseries qui corrompent le goust denostre langue, et ne servent sinon à porter tesmoignage de nostre ignorance. » Du Bellay propose de remplacer tous ces vieux genres par des genres nouveaux. […] La même illusion fit prescrire l’emploi de mots composés à la manière de la langue grecque, et ce qu’il appelait le provignement des vieux mots. Il voulait qu’on fît de verve, verver, vervement ; de pays, payser ; d’eau, eauer ; de feu, fouer, fouement ; et « mille autres tels vocables, dit-il, qui ne voyent encore la lumiere, faulte d’un hardy et bienheureux entrepreneur98. » Sa théorie, du provignement des vieux mots est ingénieuse « Tu ne desdaigneras dit-il, les vieux mots françois, d’autant que je les estime tousjours en vigueur, quoy qu’on die, jusqu’à ce qu’ils ayent fait renaistre en leur place, comme une vieille souche, un rejeton et lors tu te serviras du rejeton et a non de la souche, laquelle fait aller toute substance à son petit enfant, pour le faire croistre et finablement establir en son lieu99. » On sait jusqu’où il imita la hardiesse de la langue grecque dans la formation des mots composés. […] Mais que la forme des armes vienne à changer, voilà des mots hors de service, comme les vieilles armures. […] Ailleurs il le loue de sa, veine immortelle, Qui les vieux passe et les nouveaux espritz.
Cuvillier-Fleury, qui était un vieux critique fort convaincu. […] Le mal est que l’Amour est le plus vieux des dieux. […] C’est du bon vieux français. […] Mais elle devint sage quand elle fut vieille. […] Sa loyale figure est associée à mes plus vieux souvenirs.
Dans un entracte, Daudet me raconte qu’Aubanel lui avait lu la pièce à lui et à Mistral, à Arles, dans le vieux cimetière des Aliscamps : Mistral et lui couchés dans une tombe antique, et Aubanel faisant sa lecture dans une autre tombe. […] Causerie coupée par des ressouvenirs sur la batellerie de l’époque, sortant de la bouche édentée d’un vieux du pays, buvant un demi-setier de vin à une table voisine : ressouvenirs donnant toute la coloration de l’époque, en quelques mots. […] Et pour Mlle de Varandeuil, dans la grande scène de la fin, au milieu du tragique de la situation, il a coupé les tirades, par une occupation sénile de son feu, par des attouchements persistants de pincettes, par des gestes maniaques de vieilles gens. […] C’est bon tout de même, cette vie active, affairée, précipitée, où l’on n’a pas une minute à soi : ça fait vivre jeunement, un vieux comme moi. […] Ces deux mots sont : « une vieille bique, comme moi » et « des bambins, qu’on a torchés ».
Je la revois dans sa bourgeoise chambre à coucher, en ses vieux meubles de famille, avec sa pendule Empire, accotée dans un petit fauteuil, tout contre mon frère faisant ses devoirs, la tête presque fourrée dans le vieux secrétaire d’acajou, et surélevé, tout le temps qu’il fut petit, sur un gros dictionnaire, placé sur une chaise. […] On s’entretient de Gambetta, dont la dictature à Bordeaux, est déclarée la plus prudhommesque la plus influencée par les vieilles épaulettes, les antiques ganaches politiques. […] C’est la correspondant de mon frère et de moi, avec mon vieux cousin Labille, que son fils vient de retrouver, et qu’il m’envoie de Jean-d’Heurs. […] Lavoix, mort hier d’une congestion cérébrale… Il faut que les vieux amis de la princesse se retiennent à la rampe. […] Et il s’élève avec une vieille obstination, contre la prétention de nos œuvres.
Les premières paroles de la bonne de Mme Clennam mère, la singulière Affery Flintwinch, révèlent la vieille servante quinteuse, rancunière et timorée, un peu folle, un peu stupide, qui tout le long du récit étonnera le lecteur par ses attitudes d’effarée vieille poule. […] En se souvenant encore de quelques fantastiques harpagons de Dickens, tels que le vieux Gride de Nicolas Nickleby ou le vieux Scrooge de l’un des Contes de Noël, on aura de bons exemples de ce que peut donner un art essentiellement réticent et suggestif, qui se borne à de rares indications disconnexes en laissant à l’imagination des lecteurs le soin de compléter les linéaments des figures ainsi esquissées dans l’ombre. […] Mais cette manifestation excessive même fait valoir merveilleusement le ridicule, la fantaisie, l’étrange et risible bizarrerie des personnages comiques qui traversent les livres de Dickens avec de si amusants visages et de si drôles de bonnes âmes, vieux messieurs pléthoriques et coléreux, grandes dames prétentieusement pincées, aigres vieilles filles, maris intimidés, prestigieux bohèmes, et ces inénarrables ivrognes, flambant d’alcool, la langue pendante, les yeux blancs sur leurs bajoues violettes, et lui conservent imperturbablement leur décorum de gentlemen après les pires ribotes. […] Pickwick se résigne à se laisser enfermer dans la prison pour dettes afin de ne pas payer une indemnité à laquelle il se sent injustement condamné, et quand, avec un attachement bouffon, Samuel Weller se fait incarcérer avec son maître à la requête de son vieux coquin de père. Dans Nicolas Nickleby, le vieux commis Newman Noggs est assurément ridicule, sans qu’on oublie jamais qu’en cet être bizarre on a affaire à quelqu’un de bon et d’honnête.
Nulle part cet atticisme (ne vous en en étonnez pas) ne s’offre dans de meilleures conditions, avec ses qualités propres et sincères, que chez les vieilles femmes qui ont du bon sens et du monde, et qui ont eu le temps de se débarrasser des faux goûts et des fausses expressions que la mode avait mis en circulation dans leur jeunesse. […] Pendant ce temps-là, quelques vieilles femmes assises dans leur chambre parlent le français à ravir, familièrement, crûment, comme chez elles, sans demander la permission à personne, et tout à fait comme des vieilles d’Athènes. […] Quoi qu’il en soit, vieille, il ne lui en restait rien, que peut-être une certaine trempe et vigueur habituelle d’expression quand elle raisonnait. […] Ce n’est plus Rousseau qui vient, c’est Chateaubriand : il étonne, il trouble et bouleverse à son tour et les jeunes cœurs et les vieilles formes de langage ; il frappe les têtes, il séduit à tort et à travers, à droite et à gauche, et projette jusque dans les rangs de ses adversaires ses fascinations éclatantes. […] Le nom de fille de notre tante était Mauconseil ; sa mère était une belle femme de beaucoup d’esprit, qui avait épousé un vieux mari, dont j’ai ouï conter qu’il avait été page de Louis XIV ; il en gardait l’immense souvenir d’avoir un jour brûlé la perruque du grand roi avec son flambeau.
» — Revoyez-vous dans la Dernière classe 99 le vieux Hauser, avec son vieil abécédaire rongé aux bords et épelant à travers ses grosses lunettes ba, be, bi, bo, bu ? […] Il était tout fier que ça vînt de Paris, ce brave père Azan. » Puis c’est la place d’Eyguières à deux heures de l’après-midi, la maison des vieux, le corridor… « Alors saint Irénée s’écria : Je suis le froment du Seigneur. […] toute la scène : les deux vieux, les deux petites bleues, la cage aux serins, les mouches au plafond, la grosse horloge, dormant à, qui mieux mieux. […] Puis les questions et le doux radotage des vieux. : « De quelle couleur est le papier de sa chambre Bleu, madame, avec des guirlandes Vraiment ! […] » et le « bon petit déjeuner », et les cerises à l’eau-de-vie, et le bout de conduite fait par le vieux à l’ami de Maurice.
Il recueillait et faisait traduire les chants des vieux Germains225, en même temps qu’il écrasait les héritiers de leur courage dans les forêts de la Saxe et les montagnes du Hartz. […] Nous sentons partout ce que le souvenir de l’Italie jeta de douceur dans les vieux poëtes de la rude Albion, dans les sonnets de Daniel, dans Surrey, dans Spencer, dans Waller, dans le grand Milton lui-même. […] Entourés de maints barons hardis, ils portent haut leurs fronts parés d’étoiles ; et l’on voit apparaître belles dames, et vieux hommes d’État aux barbes majestueuses. […] On peut se demander encore si tout est juste dans ce langage du vieux barde, dernier survivant de ses frères immolés par la jalouse tyrannie d’Édouard. […] « Le vieux Spencer, dans l’harmonie de ses stances savantes, demeura poëte allégorique et poëte de cour.
C’est un vieux chien qu’on purge très souvent, et sa figure de chien prend un aspect navré, quand il aperçoit la préparation de la médecine. […] * * * — Un mot d’une vieille poétesse. […] Je voyage avec deux hommes gras : un jeune, un vieux. […] Le vieux, le procréateur du jeune, la figure turgide, boursoufflée, un œil clos, laisse par instants entrevoir, dans un demi-éveil clignotant, la prunelle perfide de son bon œil. […] Et de sa bouche lippue, le monstrueux borgne tracasse un vieux bout de cigare éteint, avec la grimace d’un poupon de Gargamelle qui téterait, le soleil dans les yeux.
Son nom français vient du vieux mot bele, du latin bella ; la belette, cela veut dire la petite belle . […] Le vieux français disait : rubéline. […] La banalité de cette conclusion nécessaire me réjouit, car une étude de ce genre doit, pour avoir son intérêt, aboutir, quoique par un chemin détourné et nouveau, à la vieille route royale piétinée par les longues caravanes. […] L’idée d’habitant des haies, qui se cache dans les haies, subsiste seule dans le danois, gierdesmutte, le français fourre-buisson, et l’allemand zaunschlupfer ; celle de petit, dans le vieux hollandais Dume, le petit poucet. […] En vieux hollandais son nom est : les chèvres, gheyten.
Cet honnête savant, c’est aujourd’hui Quitard, qui est spirituel aussi et même aimable dans son livre, — ce naïf et vieux sujet des proverbes le lui permettant. […] Les pauvres chers vieux proverbes ! […] — en quelques mots simples et précis, et laissées dans le torrent des langues qui ont coulé et écumé par-dessus et qui les ont entraînées, mais pas de manière cependant à ce qu’on ne trouve pas, dans le lit de ces langues accrues ou taries, de ces vieilles médailles intellectuelles. […] il me fait l’effet plutôt d’un homme posé et reposé dans une érudition tranquille comme un chanoine dans sa stalle à vêpres ; d’un de ces calmes amoureux, à trois mentons, qui aime sa parémiographie sans que la tête lui tourne et qui la cultive à ses heures ; enfin d’un de ces esprits savants jusques aux dents, et ronds de la graisse des vieux livres, lesquels, quand ils trottent, trottent menu ! […] … Ce serait là un livre délicieux, à nous défrayer tous, nous qui aimons la langue et les vieilles coutumes du passé, si parfumées de naïveté, si enfumées de bonhomie.
Une de leurs femelles, car ils avaient des femelles, la marquise du Deffant, avait fait ouater et capitonner le sien, planté en plein salon, et du fond duquel elle aboyait, de sa vieille bouche vide, contre Dieu. […] Seulement dans la littérature moderne la plus rapprochée de nous, rappelez-vous le vieil Edie Ochiltrie de Walter Scott, le vieux pauvre de Cumberland de Wordsworth, et jusqu’au vieux vagabond de Béranger, qui, lui, le bourgeois et le voltairien, le grand poète des épiciers, n’a été réellement poète que quand il a chanté les Bohémiens, les Gueux, enfin les pauvres, exécrés par Voltaire ! […] Vous ne vous répondrez peut-être pas, mais vous aurez constaté le phénomène dans cette humanité qui doit mourir, mais qui, en attendant qu’elle meure, goûte un charme amer dans le spectacle de sa misère, et trouve dans la contemplation d’un vieux pauvre ou d’une vieille pauvresse la plus longue de ses rêveries… Cette fascination de la pauvreté qui agit sur nous tous, pas de doute que Benoît Labre ne l’ait ressentie ; mais si vous ajoutez à cette poésie naturelle la poésie de l’amour de Dieu, du Dieu né dans l’étable de Bethléem et qui a enseigné le renoncement aux joies matérielles de la vie, vous aurez une vie très particulière et très belle, et qui, même sans la foi chrétienne qui seule peut l’expliquer, doit couper le rire sur les lèvres superficielles et sottes des moqueurs.
» Ainsi parlait le vieux Dante dans son exil. […] Ces Auvergnats sont les vrais enfants de la folle enchère ; ils achètent aussi volontiers un vieux château qu’un vieux chaudron, pour peu que le vieux château ne se vende pas plus cher. […] Il y avait dans la ville de Rhodez un vieux cloître, et dans ce vieux cloître, où se plaisait l’enfant, vivait le vieux boulanger de MM. les chanoines, M. […] Michaud avait pris parti pour la vieille royauté, pour la vieille croyance, pour les vieilles mœurs, pour tout le passé poétique, chrétien et convaincu de la France. […] le vieux royaliste entre toujours.
Cette restauration des cours d’amours marche de pair avec le goût des vieux meubles et des vieilles porcelaines. […] Grévy est un fesse-mathieu et un vieux ladre. […] Un pauvre orphelin, David Charnay, est recueilli par la commune qui lui donne pour tuteur le vieux paysan Gaspard (un vieux de la vieille, bourru comme le diable mais bon comme le bon pain), et qui le place comme domestique chez le riche cultivateur Ésaïe Cleret. […] Ainsi ne procédaient pas les vieux maîtres. […] Zola, s’il a jamais relu ce vieux livre.
Le développement général de l’esprit est nécessaire pour bien écrire, avant toute préparation particulière Tout revient donc là : habituer l’esprit à réfléchir, à penser sans cesse, lui donner de la pénétration : de sorte que rien ne lui soit insignifiant, que tout ce qu’il aperçoit éveille en lui quelque idée ; que ses idées soient dans un perpétuel mouvement, au lieu de se déposer dans un coin de la mémoire, pour y dormir comme de vieux papiers dans la poudre des archives ; qu’elles se heurtent, s’associent, se groupent, se multiplient par leur incessante activité ; qu’elles se renouvellent au contact des impressions récentes, s’agrandissent, se modifient. […] Vous pouvez aimer votre vieux jardinier, sans être capable d’écrire ces simples mots : « Maître Paul vient de mourir ; notre jardin en est tout triste ». Mais une âme fine et philosophique qui ait senti ce que la présence de l’homme met d’intérêt dans les choses inanimées, ce que l’indifférente sérénité de la nature a de navrant, quand disparaît ce bonhomme qui allait, venait, bêchait, taillait, introduisant le mouvement, la variété, la vie, peuplant ce désert à lui seul, âme de ce petit inonde ; une imagination imbue de poésie païenne, qui exprime la tristesse de cette impassibilité même, et mette en deuil pour le vieux jardinier les fleurs éternellement belles et souriantes, peuvent seules dicter cette brève parole, où l’on entend un écho d’Homère et de Virgile.
Il arriva qu’un jour une vieille qui cherchait des champignons en bordure du lougan entendit Dêdé chanter. […] Alors la vieille lui déclara ceci : « La femme qui est chez toi comme ta femme n’est pas la vraie fille du roi. […] Quand vint le tour de Dédé, qui était la dernière, celle-ci chanta une tout autre chanson que celle que la vieille avait surprise.
Car tout ce qu’il y a là-dedans, je le saisi Tout ce qu’il y a là-dedans est déjà vieux sous la plume de l’homme qui l’écrit ! […] Style en écailles d’huîtres, disait le vieux Mirabeau du sien. […] Je sais qu’on n’arrache point sa vieille peau. […] Poète, et poète dramatique, il a le sentiment de l’Histoire à peu près autant que son vieux complice, Alexandre Dumas, qui, lui aussi, s’est enfoncé jusqu’aux oreilles dans les Borgia, et s’est occupé de leurs crimes, non pour la scène, mais pour l’enseignement. […] Si Hugo avait été jeune, Lantenac n’aurait pas été vieux.
Pendant ces années agréablement occupées à Genève, Bonstetten eut, de temps en temps, des reprises d’intérêt du côté de sa pauvre Berne, sa vieille et ingrate patrie. […] Les noms, les titres, les vieilles fortunes et les vieilles réputations, autrefois objets de tant de jalousies, demeurèrent ensevelis, et les grandeurs nouvelles que l’on vit s’élever, loin d’être des objets d’envie, ne furent plus que des objets d’espérance pour des hommes nouveaux. Il y a plus, avec les vieilles institutions avaient disparu mille préjugés et mille produits absurdes de l’antique ignorance. L’esprit du siècle, dégagé des débris du vieux âge, s’était montré tellement supérieur aux institutions tombées, que déjà, l’absence de ces institutions était un bien. […] L’édition de ces Souvenirs parut à Genève en 1831, et devint aussitôt fort rare, les amis du vieux sage s’étant partagé respectueusement le petit nombre d’exemplaires dont elle se composait.
La vieille reine est touchée de sa grâce. […] La vieille Athalie (elle baisse décidément ! […] vous, je sais, vous êtes vieux jeu. […] Il ne l’a pas forcé, ce vieux monsieur. […] dit la vieille.
L’impression qui se dégage de ses livres est plus forte que toutes les professions de foi de l’écrivain. « L’homme, lisons-nous dans l’Imitation, s’élève au-dessus de la terre sur deux ailes : la simplicité et la pureté. » Ces deux ailes manquent étrangement à l’auteur d’Une vieille maîtresse. […] Sous cette forme primitive il est vieux comme le monde ; c’est le crime de Satan : Non serviam. […] La vieille Malgaigne, qui a eu jadis des rapports, avec le diable, prédit à l’abbé Sombreval qu’il finira dans l’étang de Quesnay… Et, en effet, le prêtre athée, après avoir déterré sa fille dont il a causé involontairement la mort, se précipite dans l’étang avec le cadavre… (le Prêtre marié) Ryno de Marigny épouse par amour l’idéale et filiale Hermengarde de Polastron, avec le consentement de sa vieille maîtresse, l’Espagnole Vellini. « Va ! […] C’est que Ryno et la Vellini ont bu du sang l’un de l’autre ; rien à faire contre cela : c’est un « sort », une « possession » (Une vieille maîtresse). […] Et c’est, dans les détails comme dans les conceptions d’ensemble, un romantisme effréné et puéril. «… Je me suis piqué la veine où tu as bu, écrit Vellini à Ryno, et je trace ces mots à peine lisibles avec l’épingle de mes cheveux sur cette feuille arrachée d’un vieux missel… » Et dire que c’est tout le temps comme cela !
Autrefois il y avait un vieux proverbe qui disait : « À beau mentir qui vient de loin ! […] C’est à ne rien comprendre à la consistance du caractère, et aussi — ce qui, du moins, est comique au milieu de tant de tristesse, — c’est à ne rien comprendre non plus à l’étonnante fascination exercée par cette vieille momie d’Académie sur les esprits qui semblent les plus vivants… « Agenouille-toi là-dessus, vieille ducaille ! » disait un jour Sophie Arnould au duc de la Vallière, en jetant son cordon bleu par terre. « Agenouillez-vous là-dessus », dit l’Académie aux écrivains qui ont méprisé ses fauteuils, en mettant par terre les livres dans lesquels ils les ont méprisés, — et ils obéissent comme la vieille ducaille ! Seulement, ce n’est pas ici Sophie Arnould qui met à genoux la vieille ducaille, c’est la vieille ducaille qui met à genoux Sophie Arnould !
» disait un vieux poète au frontispice de son livre1. […] Les sirènes sont quelque peu vieilles et peu belles ; elles ont remplacé l’attirail de la vanité par de vieilles robes et de vieux souliers ; elles habitent les temples de la volupté, au sixième étage ; leur chant ne nous séduit guère, et elles paient, pour la plupart, à beaux deniers comptants, les applaudissements qu’on leur envoie. […] Une voix du vieux parterre (il y avait déjà un vieux parterre, aujourd’hui il n’y a plus de parterre) crie à l’auteur : Courage ! […] Ici la sérénade commence ; on aurait tort de dédaigner la vieille musique de Lulli qui réchauffait autrefois les vers de Quinault ; cette musique est agréable et toute faite naïvement pour les paroles ; elle suffit et au-delà à réveiller le vieux tuteur et à le mettre sur ses gardes. […] D’ailleurs, comme cette aimable vieille est bien vêtue, élégante et tirée à quatre épingles !
Viollet-Le-Duc, qui dans sa jeunesse s’est essayé contre l’école alors régnante de Delille par un petit Art poétique qui parut une satire hardie, a depuis pris place parmi les érudits en vieille littérature par une très-bonne édition de Mathurin Regnier (1822) ; il y mit en tête, comme Introduction, une histoire de la Satire en France. […] Bien citer, quand il s’agit de ces vieux poëtes, c’est les faire apprécier de la meilleure manière, c’est déjà les juger soi-méme avec sagacité et discernement. […] Le lien qui unit la forme lyrique de notre temps à celle du XVIe siècle, et moyennant lequel le style poétique de plus d’un de nos contemporains s’apparente réellement à celui de Regnier et des vieux maîtres, a été suffisamment indiqué et démontré en mainte occasion.
» Les héros viennent inviter le vieux Priam à descendre dans la plaine pour sceller la trêve par ses serments. […] » Agamemnon se lève et va chercher, dans la nuit, conseil auprès du vieux Nestor. […] Patrocle va pour en apprendre dans la tente de Nestor, où ce vieux guerrier est à table avec le médecin de l’armée, Machaon. […] Jupiter décide qu’Achille recevra enfin la rançon du corps d’Hector par son père, le vieux Priam. […] Voulez-vous l’excès de l’infortune humaine : suivez le vieux Priam aux genoux du meurtrier de son fils ou ramenant dans la nuit à son épouse, la vieille Hécube, le cadavre inanimé et souillé de poussière de son dernier enfant !
Lord Byron rejoint directement à travers les siècles les vieux poètes saxons et scandinaves primitifs. […] L’époque d’Élisabeth fut, pour ainsi dire, la floraison suprême de la vieille Angleterre. […] Il maudit les vieilles superstitions populaires par lesquelles Satan a prise sur les âmes. […] Il est vrai que plusieurs me donnent le nom plus respectable de vieille personne ; cependant il n’y a pas la moitié des prédictions, des présages et des conseils attribués à la vieille personne qui m’appartiennent en réalité. […] Ce caporal Trim, qui a trouvé ses invalides auprès de son vieux capitaine, exista en réalité.
… Certes, voilà le cas de dire le vieux mot que j’aime « toutes les herbes de la Saint-Jean » y sont, n’est-ce pas ? […] Les Saint-Simon ne se retrouvent pas dans les premiers coins venus d’un vieux secrétaire de famille. […] Dangeau n’a donné de plaisir sérieux qu’aux ennemis de la vieille monarchie française qui l’ont vue, exactement reproduite, par ce sot compromettant, dans les dernières révérences qu’elle ait faites, dans les derniers menuets qu’elle ait dansés ! […] Aussi, quand nous, venus longtemps après tous les effacements de la révolution française, nous ne lisons le duc de Luynes, qui n’était pas un écrivain, qu’à cause de son nom qui dit le rang qu’il tint et celui de son petit-fils, qui autorise la publication de ses mémoires, et quand nous ne trouvons à la place des choses qu’il pouvait savoir en raison même de son rang, que les vieilles inanités déjà connues, certes, nous avons le droit de dire que nous sommes, qu’on me passe le mot : attrapés ! […] Sainte-Beuve, je pourrais bien ajouter, pour être juste, aux deux anecdotes qu’il en extrait à si grand’peine, une troisième que j’aime, parce qu’elle peint bien cette fière aristocratie française, telle qu’elle était avant qu’elle se fût enversaillée, comme disait le vieux Mirabeau, et qu’on lui eût mis autour du cou le collier de chien de l’étiquette : « En 1674, à la bataille de Senef, dit le duc, tous les officiers des chevau-légers ayant été tués ou mis hors de combat, M. le Prince (le grand Condé) vint à eux et leur dit : “Vous êtes autant d’officiers et vous n’avez besoin d’aucun, mais je vais charger à votre tête” Il sortit un chevau-léger du rang, qui lui dit : “Monseigneur, vous pouvez n’être pas en peine de nous.
Mais, elle, échappée à la petite toilette de la biographie, comme on échappe aux modes de son temps, si vieilles le lendemain du jour où elles se fanent, elle gagnera de ne nous apparaître que comme la Muse, la Grâce, la Souffrance, dans leurs costumes éternels ! […] « Je ne sais pas ce qui manque aux femmes, — disait le vieux Corneille, dont la bonhomie sublime fut parfois gauloisement railleuse ; — mais pour faire des vers, il leur manque quelque chose… » et rien de plus vrai ! […] La vieille fileuse, à son rouet penchée, Ouvrait ma jeune âme avec sa vieille voix. […] Les ramiers s’en vont où l’été les emmène, L’eau court après l’eau qui fuit sans s’égarer, Le chêne grandit sous les bras du grand chêne, L’homme revient seul où son cœur le ramène, Où les vieux tombeaux l’attirent pour pleurer.
Près d’elle, une vieille femme sourde cherche à deviner, sur ses lèvres, les mots qu’elle me dit. […] Moi j’aime les dessins très bien montés et encadrés dans du vieux chêne sculpté ! […] C’est lui qui s’est fait construire, sur le toit de la Vieille Résidence, un lac, où il vogue dans une barque, en forme de cygne, le long d’une chaîne de l’Himalaya, coloriée par un peintre allemand. […] Tout ce fer et tout cet acier du bourreau, est entremêlé de moins cruelles curiosités de la vieille justice. […] Anna, la vieille bonne d’ici, a une langue qui enfonce tous les faiseurs de pittoresque.
Dans la vieille Claudine, il y a des naïvetés adorables. […] Julien hochait sa vieille tête avec un grave contentement. […] Elle s’abrite sous un des vieux tilleuls qui bordent la terrasse. […] à notre second baiser, c’est une vieille décrépite. […] Le vieux pasteur rêvait sous cet azur si beau.
Et c’est de cette âme que vient aux petites phrases de Loti leur immense frisson… On peut voir, par l’exemple de Pierre Loti, comment, par quel détour, les vieilles littératures reviennent quelquefois à la simplicité absolue. […] On y est engourdi par la béatitude de vivre, et l’abondance et la continuité des sensations agréables vous y berce dans un rêve sans fin… Mais en même temps le vieux monde fait des apparitions brusques et bizarres dans cette île enfantine où ses navires s’arrêtent en passant : et le vieux monde, c’est sans doute le péché, mais c’est l’effort ; c’est la douleur morale, mais c’est la dignité ; c’est le labeur, mais c’est l’intelligence. Et alors les délices de l’île paradisiaque prennent pour l’homme du vieux monde une saveur de fruit défendu. […] Ce lit d’amour, la nuit, sur une barque, dans le golfe de Salonique ; puis cette vie de silence et de solitude, pendant une année, dans une vieille maison du plus vieux quartier de Constantinople, je ne sais pas de rêve plus doux, plus amollissant, ni en qui s’endorment mieux la conscience et la volonté. […] Pêcheur d’Islande, c’est encore, comme Loti, comme le Spahi, comme Aziyadé, l’histoire d’un amour et d’une séparation : l’histoire du pêcheur Yann et de la bonne et sérieuse Gaud, qui s’aiment et qui se marient, de Yann qui s’en va et ne revient plus, et d’une vieille femme dont le petit-fils s’en va mourir là-bas, « de l’autre côté de la terre ».
Le vieux Derjavine, en lui remettant les couronnes scolaires, le sacre son héritier. […] C’est une histoire très simple, la vieille histoire de Philémon et Baucis. […] Le mal est si vieux ! […] demande un des pères, un des braves gens de la vieille génération. — Tu veux le savoir ? […] comme on passe vite vieux bonze en littérature !
En m’écoutant, le vieux docteur en jurisprudence fronçait le sourcil et se pinçait les lèvres avec un sourire d’incrédulité et de mépris qui montrait assez ce qui se passait dans son âme. […] Quand il avait fini, on fermait la porte de l’oratoire en dehors avec de gros verrous et un cadenas ; moi seule, comme porte-clefs, je pouvais y entrer quelques moments avant la messe du lendemain pour allumer les deux petits cierges, remettre de l’huile dans la lampe, et du vin et de l’eau dans les burettes du vieux prêtre à moitié aveugle. […] Quand le bargello va venir te visiter ce matin avec les pénitents noirs et les frères de la Miséricorde, dis-leur ton désir d’obtenir ici la présence du frère Hilario, le vieux quêteur des Camaldules de San Stefano. […] Ils lui promirent d’envoyer un messager au monastère pour demander au supérieur de faire descendre le vieux camaldule et de l’autoriser à demeurer dans un autre couvent de la ville, ou même dans la prison, jusqu’au jour de la mort du meurtrier des sbires. […] Je ne pus approcher de son cachot qu’à la nuit tombante, après l’office du soir, que le vieux prêtre était venu réciter dans l’oratoire des prisonniers.
Le conteur de l’Amour Suprême ne pouvait ressentir que de l’éloignement pour le romancier de La Maison de la Vieille. […] L’hiver même ne lui faisait pas quitter sa retraite et il passait l’année entière au « Vieux Presbytère ». […] A un de leurs tournants, il rencontre Napoléon et du coup, il s’enrôle dans sa Vieille Garde. […] D’autres se contentaient de hausser les épaules. « Ce vieux fou de Masson ! […] En ce coin tranquille du vieux Paris, à l’abri des sévères et studieuses murailles, elles vivent leur brève vie d’été.
Admirateur et adorateur pieux des vieux maîtres, dans un beau désespoir de les égaler et de les atteindre, on se serait dit volontiers avec ce docte allemand (Creutzer) : « Il ne nous reste, à nous autres modernes, qu’à les aimer. » On pouvait se dire encore avec Goethe : « Négliger ces vieux modèles, Eschyle, Homère, c’est mourir. » J’ai surtout en vue nos Français attiques du bon temps, non ceux que le xviiie siècle nous a livrés sur la fin, un peu gâtés ou fort affaiblis, mais ceux-ci mêmes, dont était Fontanes, et quand ils se maintenaient dans cette noble mesure de goût, avaient leur manière d’être et de sentir heureuse et rare. […] Mais là où Du Bellay a raison, c’est dans ce qu’il dit de la richesse du latin, laquelle n’est venue que de culture, de transplantation et de greffe de rameaux grecs sur le vieux tronc primitif taillé et émondé. […] Quel dommage qu’il n’ait pas rejailli quelque chose de ce sentiment patriotique dans l’effort courageux du xvie siècle ; que la tradition de la vieille France et de la France de la Renaissance ne se soit point unie et continuée par ce glorieux chaînon ou par quelque autre pareil ! […] Dans ce même chapitre, il s’adresse aussi aux prosateurs et les exhorte, en recueillant les fragments de vieilles chroniques françaises, à en bâtir le corps entier d’une belle histoire à la Tite-Live, à la Thucydide. […] Il estime que quelques vieux mots repris et enchâssés dans la diction ne feraient pas mal ; il en indique quelques-uns qui, bien placés, fortifieraient ou honoreraient le vers ou la prose.
Mettez des violettes dans un vase de porcelaine de vieux Sèvres, et vous me direz bientôt des nouvelles de leur modestie. […] Le roi Louis XVI voit de mauvais œil ce vieux garçon du Parc-aux-Cerfs ; il lui a enjoint d’avoir à présenter à la cour, avant six mois, une duchesse de Charamaule. […] Le vieux duc, qui n’a pas renoncé à son projet, survient à la traverse, et alors s’engage, entre les deux rivaux, une lutte burlesque et gouailleuse, où l’insolence du chevalier passe vraiment les bornes. […] Il y a un moment où le vieux gentilhomme, tombé à genoux devant Philiberte, se relève chancelant et courbé en deux sur sa grande canne patricienne : Houp là ! […] comme à un vieux cheval abattu ?
Ils portaient des chapeaux mous, des vieux manteaux de voyageurs de malle-poste. […] Le père, en suisse d’église avec une vieille hallebarde, dans une veste Louis XV, fleur de pêcher, et sur le ventre un gilet de soie à astragales jaunes comme les gilets des tableaux de Largillière. […] Il faut par malheur que, le matin même, le Constitutionnel l’ait trouvé trop vieux dans Damis, et d’ailleurs, ainsi que tous les jeunes premiers dont la coquetterie est à rebours, il aspire aux rôles plus vieux que son âge, au rôle du Misanthrope. […] J’ai remarqué, que dans tous les endroits où il y a de vieux monuments d’histoire, il se rencontre plus de vieilles gens qu’ailleurs : les centenaires s’abritent aux vieilles pierres. […] Ma vieille cousine me jette une lettre sur mon lit.
Il a ce don charmant, cette faculté ailée, aérienne, l’alouette de l’esprit, qui tournoie, babille, rit et s’envole, dans toute époque, à la portée de toutes les âmes, mais qui, dans la nôtre, vieille et ennuyée, est le besoin le plus vivement senti de tous les esprits. […] Mais l’intérieur de ces vieilles poitrines de grimpeurs de montagnes ou du cœur de rose de cette fillette, mais la manière de concevoir et de sentir la vie de ce mâle et pauvre curé qui, son bréviaire récité, sa messe dite, se rappelant qu’il est un robuste fils des Alpes, s’en va faire la guerre aux oiseaux du ciel pour nourrir les pauvres de la terre, voilà ce que l’on voudrait voir, voilà ce que Topffer ne nous montre pas avec assez de détails et ce qui n’aurait pas échappé à Sterne, par exemple, ce grand moraliste qui sait aussi fixer en trois hachures un paysage d’un ineffaçable fusain, grand comme l’ongle, mais infini d’expression, et qui reste à jamais, dès qu’on l’a vu, dans la mémoire, comme une pattefiche dans un mur ! […] Si les enfants qui rapportent de leurs promenades, à leurs vieux parents restés à la maison, des fleurs cueillies pieusement pour parer et parfumer leur triste vieillesse, méritent des bénédictions attendries, Genève doit bénir son Topffer, son joyeux flâneur de montagnes, qui lui en a rapporté des pages aussi fraîches que des fleurs. Sans ce genre de talent exquis et naturel, et jusque-là parfaitement inconnu en Suisse, la vieille et rigide Momière n’aurait jamais eu, sur sa face ridée et orgueilleuse, un sourire ; mais Topffer lui a donné le sien !
. — chateaubriand vieux bonhomme. […] Vous pourrez citer des Débats de ce matin la scène de M. de Chateaubriand, le good old man, comme disent les journaux anglais, c’est-à-dire en bon français le vieux bonhomme. Voilà donc où mène le comble de la gloire et du triomphe, à être traité avec révérence de vieux bonhomme.
Après avoir satisfait les esprits les plus novateurs, après avoir été celui de qui s’autorisaient les contempteurs de la vieille morale, de la vieille religion, de la vieille société, après avoir passé pour un « révolutionnaire », M.
Ils placent dans le même âge Aristophane, premier auteur de la vieille comédie, dont les nuées perdirent le vertueux Socrate. […] La tragédie moyenne dut être l’origine de la vieille comédie, dans laquelle les grands personnages étaient traduits sur la scène ; et voilà pourquoi le chœur s’y plaçait naturellement. Ensuite vint Sophocle et après lui Euripide qui nous laissèrent la tragédie nouvelle, dans le même temps où la vieille comédie finissait avec Aristophane.
Car la vieille gaîté française n’est point morte. […] Enfin elle s’est rappelée qu’elle avait abandonné, il y a quelques six ans, en pleine fleur, un merveilleux sujet ; elle l’a repris, simplement : et elle a retrouvé de beaux jours, cotre vieille gaîté française. […] Jouer un drame du Maître là, entre Roméo et Juliette et La Nuit de Cléopâtre, c’était nécessairement la déformer, l’asservir au cadre et aux traditions de ce vieux théâtre. […] Je suis vraiment heureux que vous chantiez le roi : nulle part on n’a bien rendu ce rôle, et partout j’ai eu à souffrir de la vieille et ennuyeuse routine des chanteurs. […] Mais, comme Wagner encore, ils ont vu que le drame musical, devant exprimer la vie de personnages réels, ne pouvait pas conserver les formes convenues des vieux opéras.
— Pas un opéra ne réussit plus depuis nombre d’années ; les théâtres de musique vivent de vieilles renommées et d’accessoires chorégraphiques : au contraire les entreprises symphoniques prospèrent. […] Elles auraient péri, par l’impureté de leur sang, si près d’eux, un reste du vieux sang Aryen ne s’était conservé entièrement pur pour les fortifier. […] Dans un pays de forêts, au milieu de l’Europe, une tribu guerrière de la vieille race asiatique s’était conservée presque intacte du sémitisme romain. De là sortaient, après les premières rencontres avec les Romains sur les frontières du pays, maintes invasions très violentes ; c’était la suite naturelle des vieilles migrations Aryennes. […] Toutes ces peuplades émigrantes n’étaient que des branches du même vieux tronc, de cette tribu Aryenne qui, en Europe, fut nommée Germaine.
Aucune autre femme n’a ramassé cette vieille mode et les hommes en ont fait un tapis de pied. […] Oreille tiraillée de vieux docteur sadducéen possédé de l’esprit de dispute et à moitié sourd. […] Il trépassa comme un vieux pilote sans vigilance, léguant à ses petits-enfants une vieille boussole affolée, une nef criblée et désemparée et les légendes en taille douce de Cythère pour faire face à de prochaines dislocations. […] C’était un vieux poète allemand, mort depuis peu et dont le nom n’a que faire ici. […] Ce pauvre vieux palais des papes est ainsi ballotté dans une perpétuelle anxiété.
Nous avons donné nos vieux habits noirs et n’en avons point fait refaire, pour être dans l’impossibilité d’aller quelque part. […] * * * — Il est une corruption des vieilles civilisations qui incite l’homme à ne plus prendre de plaisir qu’aux œuvres de l’homme, et à s’embêter des œuvres de Dieu. […] * * * Mai Fantaisie écrite en chemin de fer, la nuit, en allant à Bordeaux. — Quand au bout, tout au bout de la voie ferrée, un œil rouge s’éveille et que la locomotive, dévorant l’espace, apparaît, du milieu de la colline, de grands ossements se dressent, s’ajustent et descendent lentement jusqu’à la barrière, formant une longue file de squelettes de vieux chevaux… Ils regardent lentement, de leurs orbites vides, la locomotive qui n’est plus qu’une étincelle de braise dans le lointain. […] Du temps de mes dettes, du temps que j’habitais chez un pécheur de l’île Saint-Denis, je reçois une lettre de X… que vous connaissez, une lettre qui me disait : « Viens à ma campagne, j’ai un parc où il y a une balançoire et des jeux de bague. » Je me rends à Courbevoie, et trouve mon ami dans un petit salon, jouant bourgeoisement au loto, avec des haricots pour enjeux, en compagnie d’un monsieur et d’une dame, — mais toutefois au dos une vieille robe de chambre du monsieur, et aux pieds de vieilles pantoufles de la dame.
Plusieurs méthodes ont été employées pour joindre deux idées au moyen de deux mots qui prennent un rapport constant ; celle qui semble aujourd’hui le plus en usage consiste à unir deux substantifs en donnant au second la valeur d’un adjectif ; elle est infiniment vieille et sans doute contemporaine des langues les plus lointaines que nous connaissions. […] Les vieux noms des maladies, tels que pourpre, grenouillette, poil 27, taupe, écrouelles, échauboulures, tortue, ongle, clou, fer-chaud, fie, thym (verrue) furent chassés ; chassées aussi les appellations populaires comme : mal S. […] Voici sans observations une liste de mots français avec leur nom correspondant en patois médical ; on jugera de quel côté sont la raison et la beauté : Adéphagie Fringale Adénoïde Glanduleux Agrypnie Insomnie Advnamie Faiblesse Omoplate Palette, Paleron (restés comme termes de boucherie) Ombilic Nombril Pharynx Avaloir (vieux français) Zygoma Pommette Thalasie Mal de mer Epilepsie Haut-mal Asthme Court-vent Ephélides Son (taches) Ictère Jaunisse Naevi Envies Phlyctène Ampoule Ecchymose Bleu, Meurtrissure, Sang-meurtri (vieux français) Myodopsie Berlue (latin : bislacere) Diplopique Bigle Apoplexie Coup de sang On pourrait continuer, car le vocabulaire gréco-français est fort abondant. […] Les anciennes sages-femmes avaient un vocabulaire anatomique d’une incroyable richesse ; rien que pour les détails des organes qui étaient leur domaine, on a relevé, sans toutefois pouvoir les clairement identifier, les mots suivants, de vieux et bon français : les barres, le haleron, la dame du milieu, le ponnant, les toutons, l’enchenart, la babole, l’entrepont, l’arrière-fosse, le guilboquet, le lippon, le barbidaut, le guillevard, les balunaux, etc.
Elle, cependant — tant elle a poussé loin l’admirable et inépuisable coquetterie de son talent — elle redouble de grâce, d’esprit, de vivacité, de jeunesse ; elle accable ses amis et ses ennemis de toutes ses qualités charmantes ; elle ranime d’un souffle puissant les vieux chefs-d’œuvre qui vont disparaître avec elle ! […] Elle a en elle-même tous les instincts de la vieille société française, depuis longtemps éteinte, et qu’elle n’a pu deviner qu’à force de goût, d’élégance et de génie. […] Ainsi, le comédien Molé se montrait dans ce rôle comme le représentant des vieilles mœurs, des vieux usages, de l’obéissance et du respect depuis longtemps établis. […] — À elle seule, cette femme, et grâce à cet instinct merveilleux qui ne l’a jamais trompée, elle a été renseignement universel de ce temps-ci ; elle a remplacé cette vieille société française que la révolution avait emportée dans un pan de sa robe sanglante ; elle a retrouvé l’élégance, la politesse, le bon goût, l’ajustement ; que dis-je ?
Mais c’était une puissance enfin comme les femmes n’en sauraient avoir — pas plus qu’elles n’ont le quelque chose qu’il faut avoir pour faire des vers, disait le grand Corneille, le vieux Romain ! […] Le grand bas-bleu que fut Mme George Sand, a bien failli entrer dans les vieilles culottes de l’Académie, et si elle n’y est pas entrée, c’est qu’elle est morte ; — mais pour la venger d’un retard qui a mal tourné, on a respectueusement et pour une pièce qu’elle n’a pas toute faite, planté sa statue en marbre et en pied, dans le foyer du Théâtre-Français où Molière, Regnard et Caron de Beaumarchais n’ont qu’un buste30 ! […] On n’a eu que la peine de l’y porter, — et les premiers jours qu’on l’y a vue, elle y a été regardée avec l’œil rond d’une foule badaude, qui fait une plaisanterie morne et puis, qui s’en va… Le vieux xixe siècle, — car le voilà vieux, — ressemble au vieux célibataire, qui souffre qu’une femme soit tout chez lui et s’y permette tout.
Comme vous le voyez, c’est assez nouveau… et pour nous autres vieux Européens, qui avons toujours pensé que la morale consistait dans l’abnégation, le désintéressement, le sacrifice, c’est assez impertinent aussi, comme vous allez voir ! […] Quant à nous autres Européens, nous leur serions encore inférieurs en ceci… Vieilles momies qui avons du cœur, et qui voulons que nos femmes en aient, nous n’accepterions pas l’insolent éloge offert à l’Amérique. […] Un vieux paradoxe n’est plus un paradoxe Bellegarrigue a raté l’originalité qu’il visait. […] Ce n’est pas avec de tel sang qu’on rajeunira ses vieilles veines Des penseurs malappris, confondant la vitalité morale d’un peuple avec la nouveauté de ses institutions politiques, nous parlent sans cesse de la jeunesse des Américains, comme s’ils n’étaient pas aussi vieux que nous, — comme si la décrépitude européenne ils ne l’avaient pas emportée, ces fils de vieillards, en quittant le sol de leurs pères !
Voilà pourquoi, jusqu’à l’arrivée des Bourbons, qui introduisirent l’esprit moderne dans cette Péninsule, restée du Moyen Âge, et fermée par ces Pyrénées que Louis XIV abaissa, elle a dans son histoire, cette vieille et étonnante Espagne, des grandeurs de choses qui ressemblent aux mystérieux colosses de l’Égypte, et des grandeurs d’hommes presque aussi indéchiffrables que le Sphinx. […] Toute sa vie à Yuste donne de tels démentis au parti qu’il avait embrassé, qu’on crut plus d’une fois qu’il se repentait et que le vieux lion, pour ne pas étouffer, allait sortir de son antre ! […] Rappelez-vous, en effet, ce que c’était que l’Espagne, la vieille Espagne au xvie siècle ! […] C’est toujours cet empereur qui a mis Rome à sac, autrefois, par la main du connétable de Bourbon, et qui, vieux, recommence sous Paul IV la guerre contre Rome avec l’ardeur de sa jeunesse. […] Le Rationalisme contemporain, qui n’entend pas grand-chose aux questions spirituelles et auquel, par là, bien des grandeurs se trouvent naturellement fermées, se tire, comme il peut, de la difficulté en refaisant, une millième fois, le mauvais vieux livre de l’Influence du physique sur le moral, de Cabanis.
Il n’entend point du tout que cette vieille d’esprit et de monde, cette expérimentée de la vie, cette âme de salon qui n’est jamais sortie de son salon avant de s’en aller en Pologne, pour faire un pèlerinage à Stanislas-Auguste, puisse, par impossible, avoir été amoureuse comme sa contemporaine, cette folle octogénaire de Madame Du Deffand, qui, elle, positivement l’était, quoique M. de Mouy, dans une de ses notes, en ait fait la Sévigné de l’athéisme et de l’insensibilité… Madame Geoffrin, qu’il rapetisse pour qu’on ne soit pas tenté d’en faire la paire avec Madame Du Deffand, qu’il trouve compliquée, était, dit-il, « seulement une femme de beaucoup d’esprit, une bourgeoise aimant la société des gens de lettres et des grands seigneurs, — (rien de plus que cela ?) […] Toutes deux étaient des esprits fermes, pénétrants, lucides, connaisseuses en hommes comme de vieux ministres d’État, et en femmes comme de vieilles douairières, ne s’y trompant point, en hommes, à part un seul sur lequel l’aveugle clairvoyante, aveugle, ce jour-là, comme l’amour son maître, se trompa net, alors que Madame Geoffrin, qui avait ses deux yeux, ne se trompa pas comme elle sur la valeur de l’homme qu’elle aimait. […] , et elle bien vieille pour faire l’Égérie, mais ils furent cela pourtant tous les deux, en plein xviiie siècle, et le xviiie siècle l’accepta. […] Elle vint juvénilement à près de soixante-dix ans, et à travers cinq cents lieues d’espaces qui auraient dû, dans ce temps-là surtout, épouvanter une vieille Parisienne sédentaire, assez courageuse pour abandonner son salon.
Malheureusement ce sont ces variations qui manquent dans Merlin au vieux sujet d’Ahasverus. […] C’est aussi une enluminure, une vieille carte à jouer, et qui a été beaucoup jouée, comme le roi de trèfle ou de pique. […] III Ainsi vieilles visées, hérétiquement ineptes, vieux projets impies, vieux blasphèmes, voilà encore, par ce dernier côté, des redites à ce poëme de redites, qui les expie, du reste, par l’ennui qu’il exhale, — un ennui qu’on peut dire immense, allez, puisque M.
Quand donc trouverai-je enfin un poète qui préserve la naïveté de sa source, la pureté de son inspiration par la plus heureuse des ignorances, et qui ne soit pas littéraire dans une époque de vieille civilisation bien plus littéraire que poétique ? […] La côte est difficile et raide, — c’est très haut ; Sur le sommet du mont, dans la mousse et dans l’herbe, Sainte Cécile est là, devant vous : — regardez L’humble chapelle avec ses vieux murs lézardés. […] on dirait d’une grange, Vieille masure à jour, mais pleine de rayons. […] Couchés sous les gazons dans le vieux cimetière. […] » — La cloche du vieux mont lui répond : — « C’est ici. » — Par les beaux soirs d’été, quand le soleil abîme Ses rayons enflammés dans l’outremer du ciel, De cette autre Sion, de ce nouveau Carmel, Regardez à vos pieds l’horizon, — c’est sublime ; Les champs, les prés, les bois, le fleuve et le ravin Sont inondés de rose et teintés de lumière.
Impersonnel et désintéressé de tout, excepté de la perfection dont l’idée est à l’état d’étoile fixe dans son esprit, l’auteur du Marquis des Saffras est un artiste d’une sérénité infinie, que le temps n’a pas rendu spectateur comme le vieux Goethe, car il est jeune, mais qui est né contemplateur. […] Les vieilles jalousies de village étaient transformées. […] » et qui n’ait pas sur le cœur un vautour comme Prométhée, mais une colombe ; après avoir donné une si magistrale saillie à ce Marius Tirard, le maire de Lamanoc, une tête qu’aurait admirée Walter Scott ; après nous avoir épinglé cette vieille Mlle Blandine, travaillée comme les dentelles rousses de son corsage, Mlle Blandine, un type de vieille fille nouveau, quand ils sont tous usés, les types de vieilles filles !
Il va pendant la messe rendre visite à une vieille tante qui habite la même maison. […] Celui-ci fit aussitôt tous les arrangements : il prit une vieille poule, la mit à mort et la pluma. […] Le vieux bonhomme exhalait une odeur de cyprès. […] Le lendemain matin, Lavretzky et son hôte prenaient le thé au jardin, sous un vieux tilleul. […] Si je l’invitais à venir passer une journée avec sa mère et ma vieille tante.
Et ici, je ne craindrai pas, si j’ai été sévère ailleurs, d’insister sur le genre d’intérêt et sur les qualités de ce vieux Mystère. […] En ce sens, notre vieux Mystère a quelque chance de ne pas être tout à fait oublié : en faisant bon marché de l’œuvre comme art, comme élévation, comme composition, on pourra toujours le consulter pour ces quelques scènes, quand on voudra donner une idée fidèle et piquante de la vie de salon, des habitudes et du ton de la société galante et déjà polie au xve siècle. […] Jésus et sa mère Maintenant je n’ai plus à citer de ce vieux Mystère qu’une scène véritablement pathétique et où le sujet a heureusement inspiré l’auteur, soit qu’il ait eu le premier l’idée, soit plutôt qu’il l’ait prise ailleurs et simplement perfectionnée. […] Louis Paris, dans son analyse, a tiré parti de cet endroit le plus remarquable du vieux Mystère et l’a mis dans tout son jour. […] Quicherat, le collecteur définitif de tout le dossier restant, et le greffier le plus fidèle de tous les actes et témoignages. — Et quant au vieux Mystère, qui n’est guère qu’une chronique, il est bien prolixe ; mais il a du naturel, et, en plus d’un endroit, il a sa couleur vraie et qu’on sent voisine du temps.
L’homme qui passe une année à déterrer dans quelque village d’Italie et à cataloguer de vieux pots en se demandant s’ils sont étrusques, fait une besogne pour laquelle je n’arriverai jamais à me passionner. […] Et ce collationneur de vieux textes a l’esprit éminemment philosophique. […] Lisez l’étude sur le Pèlerinage de Charlemagne, où il établit la date, l’origine et le sens de la vieille chanson : vous y verrez ce qu’il peut y avoir d’intérêt dans ces menues besognes. […] Regardez-y de près : cette étude des transformations d’un vieux récit populaire contient comme un raccourci de l’histoire des religions. […] Je serais charmé de m’appeler Montmorency : ce serait une joie pour moi d’avoir été déjà glorieux bien loin dans le passé ; mais, si nous ne sommes pas de haute lignée par le sang et le nom, nous sommes du moins, nous les lettrés, d’une grande et vieille race intellectuelle : nous remontons à Téroulde et par-delà, plus haut que les Montmorency ; et cela nous console amplement, et nous remercions M.
Il avait vécu ; il avait sucé de ses fortes lèvres rouges tous les fruits de l’Arbre fatidique ; il avait été un homme à l’âge où les autres hommes sortent de l’enfance ; il était vieux à l’âge où les autres hommes sont mûrs… Il relut Sagesse, sourit, se laissa oindre d’huiles consacrées, puis, ramenant le drap par-dessus sa tête, il s’en alla, rassasié de tout, dans la nuit sans étoiles. […] Rimbaud qui était un révolté, ayant la haine de la vieille Europe, de tout ce qui est rectiligne, et partant pour du « nouveau » dans son Bateau ivre, aurait été un révolté aussi contre les vieilles prosodies.
Bétolaud, un humaniste de la vieille école et de la bonne tradition. […] Bannis des craintes puériles, aborde franchement cette affaire et serre-la de près… » Mais, par un reste de bon sens et de raison, il se dit d’éviter soigneusement toute intrigue d’amour avec sa vieille hôtesse ; c’est avec la jeune servante Fotis qu’il compte bien s’acquitter de ce premier vœu de toute jeunesse en voyage, et c’est par elle aussi qu’il espère s’initier bientôt dans les secrets de la maîtresse. […] On ordonne alors à la vieille qui est l’hôtesse habituelle de tout semblable repaire, de tâcher un peu de la distraire et de la consoler. La vieille obéit et commence à racontera la jeune fille une jolie histoire, un vrai conte de fées ; et ce conte, c’est la fable de Psyché. […] Apulée, qui s’est piqué de nous transmettre celle-ci dans toute sa grâce, a semblé vouloir nous garder de toute illusion, en la mettant dans la bouche d’une vieille en enfance ou peu s’en faut, à qui le vin a délié la langue, et en la faisant conter dans une caverne de brigands, tandis que celui qui l’écoute est lui-même censé réduit à l’état d’âne.
. — La Sœur de charité ; un soldat blessé est reconnu par une sœur de charité jeune ; une plus vieille est au seuil de la maison et regarde. Le Soldat laboureur. — Un soldat assis, pleurant et cachant sa face devant une mappemonde, où il vient de chercher sans doute l’île de Sainte-Hélène ; son chien est couché à ses pieds, sous sa chaise. — Une Scène d’Auvergne en 1815 ; un vieux soldat entre une bergère et un joueur de cornemuse. […] Bivouac français ; un jeune tambour qui commence à battre, un vieux grognard, le menton appuyé sur son fusil ; derrière lui, un officier assis à terre, étudiant sa carte. […] (le vieux troupier vole sa part au conscrit qui dort.) — Petits, petits ! […] Horace est-il à la chasse, monte-t-il à cheval, se trouve-t-il dans son atelier avec des amis aussi gais et aussi vifs que lui, voit-il une revue, s’échauffe-t-il au récit de nos derniers exploits de Montmirail, va-t-il voyager sur les bords de la mer, entend-il répéter les charmantes plaisanteries de nos vieux soldats, assiste-t-il à quelque scène populaire, M.
Il faut que vous soyez, Monsieur, tout à fait dénué du sens de l’histoire, c’est-à-dire de la faculté de trouver bon ce qui est vieux, pour insulter l’Académie ! […] le saligaud, nous a-t-il assez raclés, épluchés, sarclés… Il y en avait qui résistaient au fer et à la bêche, mais le vieux s’acharnait des outils et des ongles, arrivait à nous faire tous propres et plats comme un banc d’école. […] Alphonse Daudet le hait d’une haine si féroce, qu’il oublie de nous dire que cet imbécile est un fort honnête homme, et que je le prenais, moi, de la meilleure foi du monde, sinon pour un vieux gredin, du moins pour un fort plat personnage. […] Et certes on peut être à la fois une vieille bête et un très honnête homme ; mais, je ne sais comment cela se fait, je n’étais point préparé du tout aux belles actions d’Astier-Réhu. […] Même il y a, dans les rencontres de ce père et de ce fils, qui n’ont pas une idée en commun, un dramatique froid navrant qui serre le cœur (et qui serait peut-être doublé si l’auteur semblait moins persuadé qu’Astier-Réhu n’est qu’une horrible vieille bête)… Mais enfin cette unité secrète, intérieure du livre, M.
L’auteur a voulu faire la contrepartie d’une composition mélancolique d’Holbein, dans laquelle on voit un misérable attelage de chevaux traînant la charrue dans un champ maigre ; le vieux paysan suit en haillons ; la Mort domine le tout sous forme d’un squelette armé du fouet. […] Mais une vieille voisine, la Guillette, à qui le père Maurice a fait part du projet, profite de l’occasion de Germain pour lui confier sa fille, la petite Marie, qui vient de s’engager comme bergère tout près de l’endroit où va Germain. […] Les détails du départ, le premier trot de la Grise, la mère de celle-ci, la Vieille Grise, qui, paissant près de là, reconnaît sa fille au passage, et qui essaie de galoper sur la marge du pré pour la suivre, tout est peint au naturel, avec une observation parfaite et une expression vivante. […] Quoi qu’elle fasse, même dans les touches gracieuses, on sent une nature riche et drue, comme on dirait en ce vieux langage. […] Elle regrette ces richesses ; elle regrette, comme Fénelon, ce je ne sais quoi de court, de naïf, de hardi, de vif et de passionné, qui animait notre vieux langage et que la langue rustique a conservé par endroits.
Une autre amitié d’une autre nuance, mais également sincère et fidèle, est celle que Frédéric voua jusqu’à la fin à son vieux compagnon d’armes et général le baron de La Motte-Fouqué. […] On a comparé la série de billets que celui-ci adresse à son vieux général à la correspondance de Trajan et de Pline ; j’aime mieux ne comparer cette correspondance gracieuse et unique en son genre qu’à elle-même. Il n’est sorte de présents, de faveurs, de coquetteries aimables, que Frédéric n’invente pour complaire à ce vieux militaire brisé de blessures, pour prolonger ses jours et lui réjouir le cœur. […] Il veut que, pour ce vieux général réduit à l’inaction, et en dédommagement des fatigues et privations de sa vie passée, la vie de chanoine désormais soit complète. […] Il se borne donc à l’entourer de soins, de petits présents, d’étrennes à la Noël, au jour de l’an, à chaque anniversaire : « Le 6 mai (1770), jour de la bataille de Prague. — Je vous envoie, mon cher ami, du vieux vin de Hongrie pour vous en délecter, le même jour que vous fûtes, il y a treize ans, si cruellement blessé par nos ennemis. » Il traite évidemment ce digne survivant des grandes guerres comme un vieillard perclus avant le temps ; il veut lui donner des joies d’enfant jusqu’au dernier jour.
Or, l’élève était une belle, grande femme en chemise, ayant sur le dos la redingote du monsieur, et toute recouverte et voilée dans le bas de sa personne d’une vieille tapisserie qu’elle raccommodait pour la collection du bibeloteur sexagénaire. […] En délicat observateur et fin comédien, il me donne la représentation des trois couches de la génération actuelle : les vieux paysans, dont il imite le parler sonore et vide, et composé de monosyllabes et d’adverbes qui ne concluent jamais ; les fils de ces paysans à la parole avocassière et belle-diseuse ; les petits-fils, la couche silencieuse, diplomatique, et souverainement destructive. […] * * * — De Nittis m’affirmait, qu’il y avait un onguent particulier pour le visage des papes, fabriqué par une congrégation religieuse : un onguent qui donne la plus extrême fraîcheur à leurs vieux traits, jusqu’au jour de leur mort. […] * * * — Le vieux peintre Adolphe Leleux fume des cigarettes, qu’il allume encore avec des pierres à fusil, provenant d’un baril de ces pierres qu’il a reçu pour une prise d’armes, quand il faisait partie de la société des Droits de l’Homme. […] Un joli détail de coquetterie, confié par une femme du premier Empire à une de mes vieilles amies.
Un vieux monsieur marchait à côté d’elle en regardant les pavés. […] C’est pourquoi il est encore jeune, et nous sommes déjà vieux. […] C’est vieux jeu… Nous n’aimons pas les gens qui s’acquittent si proprement de leur devoir. […] Les vieux Parisiens n’en oublieront jamais le charme évanoui. […] Protégée par un vieux droitier et maîtresse d’Elzéar, elle a un salon politique.
Ce n’est point ma faute si des phrases comme celles-ci me délectent profondément : « Ce n’est pas sans une respectueuse émotion que nous avons été admis en présence de ce vieux lutteur… La glorieuse locomotive habite un modeste appartement de garçon, au cinquième sur la cour… Nous sommes immédiatement introduits dans le cabinet de toilette de la respectable machine à vapeur, qui est en train de se passer un bâton de cosmétique sur le tuyau, innocente coquetterie de vieillard. » La conversation s’engage. […] C’est un interview qui ressemble à tous les interview de « vieux lutteurs » ou de « sommités scientifiques », et bientôt l’on ne sait plus au juste s’il s’agit d’une vieille locomotive ou de l’honorable M. […] que le tabac fût inventé pour qu’un reporter demandât à une vieille locomotive : « Vous fumez ?
Je pourrais, si je le voulais, suivre longtemps cette comparaison et ces contrastes entre le père et le fils, le plus sage ouvrage de son père, qui peuvent dire tous deux plaisamment, l’un : « Je vous présente un fils qui est plus vieux que moi », et l’autre : « J’ai l’honneur de vous présenter un père bien jeune, et dont la jeunesse inconséquente donne beaucoup de souci et d’inquiétude à la vieillesse de son fils ! […] Est-il possible d’être moins homme que cet homme, qui a été chaste dans sa jeunesse, la force des forces pour qui connaît le cœur humain, et qui, après avoir été trompé, berné, humilié, trahi et raillé par sa femme, dont il se sépare, en redevient l’amant une dernière fois, et, pour s’achever, se cocufie lui-même ; car de telles bassesses, de telles abjections, rappellent les vieux mots bannis qui ne faisaient pas peur à nos ancêtres ! […] … Est-ce que ce n’est pas toujours ce vieux type, trop peu compliqué, trop odieusement simple, de la fille, pour qu’un inventeur dramatique de quelque profondeur en veuille encore ? […] pour donner au roman de Dumas fils quelque chose de vieux, d’arriéré, de déclamatoire et de faux ; mais si vous ajoutez à la fausseté de l’impression de l’artiste qui ne sent pas juste, vous arrivez à des résultats plus que superbes de fausseté et de déclamation.
Bientôt, pour la gloire du vieux Cervantes, comme pour le gouvernement de Louis XIV, il n’y eut plus de Pyrénées. […] En 1614, le vieux Cervantes se plaignait du plagiat de son continuateur, mais il était vengé. […] Otez l’histoire exquise des Amants fortunés, un petit chef-d’œuvre tombé du ciel bleu des Légendes dans le livre d’Avellaneda, et demandez-vous donc où la grâce des récits du vieux Cervantes s’en est allée ? […] Il prend à ce vieux aigle la moitié de son aire.
Corneille, que soutient une vieille énergie, S’il n’était inégal n’aurait point de génie ; Et Molière lui-même eût été réformé, Si le Welche et l’Anglais ne l’avaient estimé. […] Le vieux goût les infecte ; ils ont trop de raison, Je ne veux imiter que le sombre Milton, Milton seul est poëte ; un Journal le déclare : C’est en vain que Dryden l’a traité de barbare. […] Au pied des vieux châteaux et des vieux monastères, Chante en vers ampoulés des maux imaginaires, Fais soupirer les bois, les rochers et les fleurs ; Mais ne soupire pas si tu veux des lecteurs.
Alphonse cultivait ses laitues comme le vieux Dioclétien à Salone. […] dit une voit douce en pleurant, que le Seigneur bénisse ce monsieur, mon vieux père, vous, mes sœurs, et madame Valentine qui a bien pensé à moi dans ma misère ; que le bon Dieu leur rende le bien qu’ils vont me faire. […] Un petit réduit à côté servait de couchette au père quand il y était ; quant à la fille, elle avait pour lit une vieille pétrissoire où elle avait étendu quelques herbes desséchées par le soleil d’été, et de vieux lambeaux qui lui servaient de couverture. […] De là on montait par une pente plus roide encore et toute verte de gazon sous un grand vieux château qui avait sur ses flancs des tours, les unes rondes et grosses, les autres menues et pyramidales. […] Elles ne ressemblaient pas à des cours, mais à une forêt d’arbres de haute futaie et à de vieux vergers mal défrichés qui avaient laissé des troncs séculaires sur leurs ruines.
Arrivé vieux à une époque où les nouveautés durables, l’invention, le grand style, allaient prévaloir, il ne put se mettre au pas des nouveau-venus, et il se fâcha. […] Dans un Cicéron doublé d’un Sénèque, il se serait résigné aux beautés pour avoir les vues, et il aurait volontiers passé par le vieux pour arriver au neuf. […] Jeune, il se moquait de l’admiration ; vieux, il n’empêche pas qu’on admire, et par moment, il nous y aide. […] Mais jeune, il la cherchait ; vieux, elle lui est naturelle ; c’est un fruit mûr, en sa saison, du travail et de la vie. […] Fontenelle a conservé les vieilles modes ; c’est un moindre travers que d’avoir pris les nouvelles.
… De là, nous sommes allés chez Carrier, le vieux miniaturiste qui a inoculé à son confrère Saint, et à quelques autres amateurs, le goût du xviiie siècle. […] Je les aime, mais pas du tout comme mes enfants… Ils sont là auprès de moi, ils sont dans mes branches : voilà tout… Je ne me fais pas l’effet d’être assez vieux pour qu’ils soient à moi. […] Et sur le seuil de ces antres de terre et de débris de démolition, des vieillardes si vieilles qu’elles ont comme du blanc de champignon, comme du moisi sur la figure. […] Un caveau bas et étouffant à deux arceaux, où il me semble voir, en bonnets et en casquettes, une population plus vieille de cinquante ans, que celle qui marche sur notre tête. […] Les aveugles jeunes et vieux, sous le gaz qui leur frappe en plein le crâne, de grandes ombres noires emplissant le creux de leurs yeux, jouent automatiquement quelque chose de criard et de plaintif, comme s’ils pleuraient le soleil.
Au fond d’un cloître l’ai trouvée Par un vieux moine conservée. […] Le sire de Joux, après avoir bien chevauché et guerroyé contre l’infidèle, s’était retiré, vieux, dans ses châteaux et ses donjons ; il avait trois filles belles à rendre un ermite amoureux. […] » Le vieux père s’irrite de ce délaissement par orgueil pour son blason, et il convoque un grand tournoi.
Auriez-vous jamais cru ça de ce vieux débris de Daudet ? […] Mme Fénigan est une vieille acariâtre et cupide. […] Il y a dans les ultimes chapitres — et je suis heureux, après des compliments que de mauvais esprits craindront énigmatiques, de finir sur une louange sincère : — il traîne en queue de roman une intrigue de juge d’instruction où Mme Fénigan croit son mari assassin, tandis que son mari la suppose coupable, et que c’est au juste un vieux braconnier qui a fait le coup, il y a là un de ces quiproquos à triple détente, d’un comique irrésistible, et dont M.
Les derniers élèves de David étalaient leur coloris fade sur les vieux poncifs gréco-romains. […] Il est poissé d’un rouge violent qui participe du sang et du vin, et rappelle le néo-rouge-antique du vieux roi Louis de Bavière. […] Leur paraissons-nous aussi laids, aussi vieux, aussi moroses qu’ils nous le semblent ? […] Du reste, Hernani n’a plus besoin de sa vieille bande, personne ne songe à l’attaquer. […] Un lit à colonnes salomoniques et à dossiers dorés en occupe le fond avec ses amples pentes de vieux damas des Indes.
Quels remords d’avoir tant contristé ses vieux maîtres ! […] C’est un vieux goût de la race. […] Mais qu’en sait-elle, cette vieille voltairienne ? […] Il tue ensuite une vieille femme. […] Les réflexions de ce vieux monsieur m’inquiètent.
Et ce moule nouveau, ce sera peut-être quelque vieux moule déterré. […] Et certes, le vieux brave eut tort. […] Nous aimons la mélancolie tendre dont elle est envahie peu à peu, en retrouvant ce foyer, qui lui fut dur pourtant, et ces vieux êtres et ces vieilles choses. […] Il a une femme, une belle-mère et une vieille nourrice. […] Çà, c’est une idée du vieux Dupalet.
La terre de notre vieux globe, serait décidément fatiguée, usée, brûlée. […] quel vieux cabaret, avec ses garçons fossiles, et ses déjeuneurs qui ont l’air des comparses des repas de théâtre. […] Un corps de fer, ainsi qu’on le sait, et ayant toutes ses dents à sa mort, et de ses vieilles dents cassant encore un noyau d’abricot, six mois avant qu’elle n’arrivât. […] Il ne me semble pas destiné à faire de vieux os. […] » Non ce n’est plus du vieux théâtre, c’est du théâtre nouveau !
Gorgibus de ces essences, de ces pommades, de ces eaux de senteur… on nous a réduits à des exhalaisons d’ail, de tabac et de vieux fromage ! […] À plus forte raison faut-il nécessairement que la nouvelle comédie aujourd’hui, soit demain une vieille comédie ! […] Pendant très longtemps, ce même public, qui la devait adorer, n’a voulu ni la voir, ni l’entendre ; il la trouvait vieille et laide à vingt ans ! […] — Je suis vaincu du temps , disait un vieux poète français. […] La critique ne dit pas : « Ce n’est rien, c’est un vieux poète, c’est un vieux musicien, c’est un vieux comédien qui se meurt !
Vieux et cassés, les hémistiches garderont la majesté foudroyée de ces rois Sarmates, frappés de boulets en pleine poitrine. […] Depuis, le monde est devenu vieux et douloureux. […] Il est encore chaud, sous la sculpture profonde de la mort sur un vieux cadavre. […] » La vieille malade a bougonné de mauvaise humeur quelque chose d’inintelligible. […] Et il tremble ce pauvre vieux, comme un vieil arbre mort, fouetté par un vent d’hiver.
Elles s’habillent de leurs vieilles robes, elles se coiffent de leurs vieux chapeaux, elles s’entortillent de leurs vieux rubans, elles se panachent de leurs vieilles plumes, elles vivent des miettes de leurs médianoches. […] Le rôle de ces parasites du vice à table est, à la fois, celui des soubrettes du vieux répertoire et des duègnes de la comédie espagnole. […] Ce corbeau, c’est le sculpteur Taupin, un vieux rapin misanthrope qui raconte son histoire en culottant sa pipe, une triste histoire, celle des liaisons vulgaires et des amours pêchées en eau trouble. […] Artiste en demi-solde, grognard sans chevrons de l’armée de l’art, il ne lui reste plus qu’à fumer sa pipe au pied de la colonne Trajane, en ruminant ses vieux rêves. […] et il console de son mieux son vieux camarade.
C’est fête au manoir et c’est aussi fête au pays ; car dans cette vallée de la Bretagne, la suzeraineté des vieux âges s’est transformée en paternité. […] C’est un noble et touchant tableau ; il ranime l’Age d’or de la vieille France ; aucune emphase n’altère sa simple grandeur. […] On entre en marché ; dès les premiers mots, elle accepte, avec une bonne grâce parfaite, les offres loyales du vieux gentilhomme : le tabellion l’avait calomniée. […] L’épouse séparée s’est réfugiée à Avranches, chez une vieille tante, millionnaire et pauvre d’esprit. […] Cinq ans après, il est déjà vieux ; à quinze ans de distance, il est suranné : il y a prescription.
Dès sa jeunesse, Élisabeth-Charlotte se distingua par un esprit vif et par un caractère ouvert, franc et vigoureux : Mlle de Quadt, dit-elle, a été ma première gouvernante et celle de mon frère ; elle était déjà vieille : elle voulut une fois me donner le fouet, car j’étais un peu volontaire dans mon enfance ; mais je me débattis si fort, et je lui donnai avec mes jeunes pieds tant de coups dans son vieux ventre, qu’elle tomba tout de son long avec moi et faillit se tuer. […] Elle supposait que c’était Mme de Maintenon qui, d’accord avec le père La Chaise, avait ourdi et mis en jeu toute la persécution contre les réformés : elle se retrouvait sur ce point non seulement humaine, mais un peu calviniste ou luthérienne, avec un reste de vieux levain ; elle pensait de près comme les réfugiés de Hollande écrivaient de loin. […] Sous prétexte que ce n’était qu’un jeu, la vieille amena la Dauphine et les princesses à la servir à sa toilette et à table ; elle leur persuada de lui présenter les plats, de changer ses assiettes, de lui verser à boire. […] Quelques personnes me conseillaient de faire comme la Dauphine et les princesses, je répondis : « Je n’ai jamais été élevée à faire des bassesses, et je suis trop vieille pour me livrer à des jeux d’enfants. » Depuis on ne m’en a plus reparlé. […] Quand elle a tout épuisé, elle ajoute : « Tout le mal qu’on dit de cette femme diabolique est encore au-dessous de la vérité. » Elle lui applique un vieux proverbe allemand : « Où le diable ne peut aller lui-même, il envoie une vieille femme. » Saint-Simon, tout enflammé qu’il est, pâlit, pour le coup, auprès de ces haines fabuleuses, et lui-même il se charge de nous en dire le secret.
Et moi, barbe blanche, Un pied sur la planche Du vieux pont, J’écoute, et personne A mon cor qui sonne Ne répond. […] Bertrand nous récita, entre autres, la petite drôlerie gothique que voici, laquelle se grava à l’instant dans nos mémoires, et qui était comme un avant-goût en miniature du vieux Paris considéré magnifiquement du haut des tours de Notre-Dame : LE MAÇON. […] Levant ensuite les yeux, la bonne vieille vit comme la bise tourmentait les arbres et dissipait les traces des corneilles qui sautaient sur la neige autour de la grange. […] Encore un printemps, — encore un rayon du soleil de mai au front du jeune poëte, parmi le monde, au front du vieux chêne parmi les bois ! […] Puis viennent ces hautes pensées sur la grandeur de la vieille Écosse qui s’appuie à de telles images du foyer : Sic fortis Etruria crevit.
On peut pressentir et, en partie, constater une pénétration mutuelle des races qui habitent notre vieux monde. […] Milton, le vieux puritain, avait fait antichambre presque aussi longtemps avant de prendre rang parmi les poètes appréciés de ce côté-ci de la Manche. […] Les romantiques, au début de leur lutte contre la tradition classique, appellent à la rescousse le moyen âge ; ils le réhabilitent, l’idéalisent, le proclament poétique, et leur révolution littéraire est ainsi aidée par la restauration monarchique et chrétienne, qui trouve son compte à cette renaissance de la vieille France. […] La légende raconte que le cadavre du Cid, marchant en cuirasse et à cheval au milieu de ses vieux compagnons d’armes, remportait encore des victoires. […] Tantôt, grâce à eux, des mots si vieux, si vieux qu’ils en sont redevenus jeunes, reprennent une vigueur imprévue ; au commencement de notre siècle, le français d’Amyot reparaît dans certaines pages de Paul-Louis Courier, surtout dans sa traduction d’Hérodote.
Voyez le vieux répertoire : Lélie n’a pas le sou, Valère est à sec, Léandre tire le diable par la queue, tandis que le vieux Géronte crève d’or fondu, que l’avare Harpagon surveille sa cassette, à la façon des eunuques qui gardent le sérail, et que le gros Pandolphe fait sonner ses pistoles, comme un mulet ses grelots. […] » Le vieux fat a si peur de l’Othello laboureur, que, pour lui échapper, il se jette, tête basse, dans ce mariage de rencontre. […] Peut-être est-il trop vieux pour les besoins de la cause. […] D’un côté, le vieux mari enterré dans son cabinet, qui use sa plume de scribe à gagner les douze mille francs de revenu du ménage ; de l’autre, la jeune femme qui se dissipe au dehors en bals, en spectacles, en cavalcades, et rentre chez elle dans sa jupe bouffante d’amazone, la cravache en main, l’œil émerillonné, la joue ardente des rougeurs fébriles du plaisir. […] La vieillesse fait partie du type de ces Shyloks femelles des vieux falbalas et des vieux chinons ; elle s’harmonise avec leur commerce, avec leurs allures, avec ce qu’il y a de proxénétisme mêlé à leur friperie équivoque.
Le cri est superbe et emmène notre imagination vers les vieux temps bibliques et l’épopée des Macchabées. […] Maintenant le vieux rêve puéril revit en moi plus ardent que jamais. […] Que leur a dit la Sagesse qui repose dans l’ombre de la vieille synagogue ? […] Elle est pour moi un recueil de contes, de vieilles et charmantes histoires. […] De degré en degré, nous nous sommes élevés ; ici la fraternité trouve spontanément son geste parfait : le vieux rabbin présentant au soldat qui meurt le signe immortel du Christ sur la croix, c’est une image qui ne périra pas.
Les ouvrages anciens ne sont pas classiques parce qu’ils sont vieux, mais parce qu’ils sont énergiques, frais et dispos. […] Homère, comme toujours et partout y serait le premier, le plus semblable à un dieu ; mais derrière lui, et tel que le cortège des trois rois mages d’Orient, se verraient ces trois poètes magnifiques, ces trois Homères longtemps ignorés de nous, et qui ont fait, eux aussi, à l’usage des vieux peuples d’Asie, des épopées immenses et vénérées, les poètes Valmiki et Vyasa des Indous, et le Firdousi des Persans : il est bon, dans le domaine du goût, de savoir du moins que de tels hommes existent et de ne pas scinder le genre humain. […] Vieux vin, vieux livres, vieux amis. […] ………………………………………………… J’ai vécu plus que toi : mes vers dureront moins ; Mais, au bord du tombeau, je mettrai tous mes soins À suivre les leçons de ta philosophie, À mépriser la mort en savourant la vie, À lire tes écrits pleins de grâce et de sens, Comme on boit d’un vin vieux qui rajeunit les sens.
Lui-même vieux, à la haute stature, de complexion robuste et rustique, il ressemblait assez à un vieux chêne à demi dépouillé et rugueux, où l’abeille a déposé en un creux son miel. […] Ducis transportait cette situation au vieux Montaigu, père de Roméo ; il faisait raconter à ce vieux père lui-même, échappé de sa tour, cet atroce supplice infligé par son ennemi, et quand, le récit terminé, Roméo (qui se trouve être un dernier fils de ce Montaigu-Ugolin) dit un peu simplement au vieillard : ……………………… Ah ! […] Quand le tyran, le duc de Cornouailles, interroge la fille pieuse de Léar, la Cordelia de Shakespeare devenue ici la sensible Helmonde, et lui demande comment le vieux roi est arrivé jusqu’à elle dans la caverne : « Qui l’a guidé vers vous ? […] Voici quelques pensées que j’extrais des lettres écrites par lui dans sa vieillesse : Je suis auprès de mes consolateurs, de vieux livres, une belle vue et de douces promenades.
Il y a à cette heure beaucoup de bonne destruction de faite ; toute la vieille civilisation encombrante est, grâce à nos pères, déblayée. […] Recommencer la vieille servitude est inepte. […] nous n’avions eu jusqu’ici qu’une vieille potence en bois, aujourd’hui le siècle marche, et nous voilà avec un bon gibet de pierre qui pourra servir à nos enfants et à nos petits-enfants ! […] Un fauteuil rente de dix mille sesterces est une place gracieuse et commode, les gros émoluments font les teints frais et les bonnes santés, on vit vieux dans les douces sinécures bien appointées, la haute finance abondante en profits est un lieu agréable à habiter, être bien en cour cela assoit une famille et fait une fortune ; quant à moi, je préfère à toutes ces solidités le vieux vaisseau faisant eau où s’embarque en souriant l’évêque Quodvultdeus.
Tombé dans la fleur de sa force (il avait trente-six ans), ce jeune homme, ce Français, appartenait aux vieilles familles politiquement déchues, mais qui ont encore de ces descendants dans leur déchéance. […] C’était la vieille idée si simple et si vraie contre laquelle la philosophie proteste et réclame, et que tous les Congrès de la paix à mourir de rire ne parviendront jamais à déshonorer ! C’était cette vieille idée de la conquête, qui fait qu’un homme, à la tête de quelques hommes comme lui, s’empare d’un pays mal gouverné, malheureux, exploité par des corrupteurs imbéciles, et le pousse dans des voies de prospérité, d’intelligence et de gouvernement. […] Ce qui vit, ce qui éclate, sourit, s’impatiente, ronge son frein, traverse tous les milieux, mais reste inaliénable chez Raousset, est un sentiment inconnu aux plus imposants héros de lord Byron : c’est le sentiment de l’honnête homme, c’est ce cœur de vieille roche d’où l’honneur jaillit comme une source ! […] Dans les rouges haillons sur ses genoux drapés, La vieille consulta les tarots fatidiques ; Elle lut dans ma main les signes symboliques ; Elle hocha la tête et puis elle me dit : Ce n’est pas moi qui parle, écoute !
Il a fréquenté, tout jeune, les archives, les vieilles armures et les églises vénérables. […] Les pontes, jeunes et vieux, se fatiguent. […] Nous dirions à cette vieille barbe, comme le délicieux Costar de M. […] Et ce vieux Salomon ! […] Trente-deux ans, mais paraît plus vieux que son âge.
Mais, quelques heures après, quand le silence s’est fait autour de son bavardage, quand la nuit a recouvert ses grimaces, on peut dépouiller l’intéressante imagination du vêtement barbarement pailleté, oublier la robe de foraine dont Catulle crut embellir cette duchesse, Les autres contes sont radotages de vieille qui, pour être moins infâme dans cette conversation, n’en reste pas moins inepte. […] Souvent le pain d’épices est vieux et rance. […] On nous parle généralement de Hugo comme d’un vieux mort. Mais tout à coup éclate ce couac anachronique : « Il a dû naguère, à Guernesey, s’amuser beaucoup des journaux religieux, qui annonçaient, avec une douce charité chrétienne, que, frappé par Dieu dans son orgueil, Victor Hugo venait d’être atteint de folie. » Et Claretie nous raconte encore, en plein 1902 : « On entourait le poète qui, souriant devant cette mort, qui n’est heureusement pas près de le toucher, disait parfois avec sa gaîté robuste : — Il est peut-être temps de désencombrer mon siècle. » Que contiennent ces vieux articles mal repeints que Claretie et Fasquelle nous vendent honnêtement pour du neuf ?
Tout cela est encloué, tout cela n’en peut plus, tout cela ne va plus et peut se regarder comme les canons de marbre des vieux Turcs. […] Avec quel ton cavalier il traite cette vieille idole japonaise qui avait tourné la tête à l’Europe ! […] Mais, heureusement pour lui, il ne savait pas l’allemand ; circonstance qui épargna à sa vieille royauté expirante la familiarité de ce welche en mesure de traiter, par la plaisanterie, d’égal à égal avec lui ! […] Il redresse jusqu’au vieux Corneille.
Par contre, Moréas qui faisait peu de cas de ses confrères, vieux ou jeunes, voulait bien ne pas refuser tout talent au « vieux de Lisle ». […] Une sentinelle gardait de vieux canons rouilles. […] Six chemises fines et très vieilles. Dix-sept caleçons tant neufs que vieux. […] Deux chapeaux, l’un vieux, l’autre neuf.
Pour la moralité de la chose, ce serait à désirer, sans doute, mais, malgré le vieux axiome de Buffon qui traîne sous toutes les plumes sans idées, en réalité, cela n’est pas. […] Pour échapper au mortel ennui de cette civilisation hypocrite, vaniteuse, âpre au gain, qui est la civilisation américaine, Cooper s’est rejeté à la vie sauvage, et il a été le peintre de ces vieux patriarches des prairies, aussi poétiques que ceux de la Bible ou des Burgraves du désert, dont les forteresses terribles et menaçantes sont un bout de buisson immobile, un carré de hautes herbes qui frissonnent, un lac étincelant dont la surface ne fait pas un pli aux tranquilles rayons du soir. […] pas renouvelé la face de la littérature, et rien ne nous fait présumer dans ce qu’il nous laisse qu’il fût destiné à raviver plus tard les vieilles sources du roman ou du conte, plus taries encore que celles du roman.
Son aspect tient du lion-homme de nos vieilles armoiries. […] on l’appelle Moumou, dit la vieille veuve. […] — Sans doute : le vieux Voltchok. […] La veuve, assise sur son séant, fit appeler sa vieille femme de chambre. […] Gabriel fuyait le premier, et le vieux sommelier ferma sa fenêtre.
La lune qui, maintenant, descendait dans la mer, me fit l’effet d’une vieille lorgnette. […] … Rochefort, Alphonse Duchesne, Carjat, et notre vieux Pathey ! […] … Moi qui te parle, mon vieux, j’ai connu la Barucci ! […] … Et Monselet, mon vieux ? […] Il était fort vieux et cassé ; mais son âme demeurait ferme dans ses anciennes croyances.
Dickens a tout vu dans le vieux beffroi ; sa pensée est un miroir, il n’y a pas un des détails les plus minutieux et les plus laids qui lui échappe. […] Ici, ce sont les cloches, qui causent avec le pauvre vieux commissionnaire du coin et le consolent. […] À présent, c’est le vieux pont de pierre qui résonne sous le sabot des chevaux, parmi les étincelles qui jaillissent. […] il y a longtemps que cette bouteille de vieux vin n’a senti le contact du souffle tiède de la nuit, comptez-y. […] Campé dans sa vieille solidité massive, il veille sur lui-même, sans remuer un rameau.
De plus comme le ministre a laissé les professeurs libres de suivre provisoirement les vieux usages, quelques-uns prononcent modestement à la française. […] Ellis Barker rappelle que la veille de Noël, en 1814, dans l’antique couvent des Chartreux de la vieille cité de Ghent, le traité de paix fut signé entre l’Angleterre et les États-Unis. » Où pouvait bien se trouver cette vieille cité ? […] On la croyait non seulement élucidée, mais enfouie depuis longtemps au cimetière des vieux papiers. […] La vieille Université ne peut qu’y gagner : est-ce que d’éminents professeurs ne professent pas aux deux sièges ? […] Le progrès, c’est de revenir au pain d’autrefois, fait avec de la farine sans éclat, mais solide, qui est produite par les vieux moulins dont les roues tournent dans l’eau ou les ailes, dans l’air.
Les vieilles choses se conservent merveilleusement dans les cloîtres. […] Les vieilles qui filaient continuent de filer. […] Jamais commérages, exhumés des vieux tiroirs, ne furent plus abondants ni plus lucratifs. […] La vieille chanson n’est ni éteinte, ni même couverte par nos clameurs. […] Il semble que la vieille chanson, toujours entendue, soit présentement mal comprise.
Or, Mounet-Sully murmure « Vieille taupe ! […] Mais les vieux sages rustiques de son espèce le sont volontiers. […] Le vieux valet de chambre a l’air d’un vieux prêtre vénérable sous ses longs cheveux blancs. […] Où donc es-tu, mon vieux quartier Latin ? […] Prends le vieux moyen.
La maison, secouée sur ses fondations, déverse toute la vieille poussière de ses corniches et de ses plafonds. […] Le vieux Hugo reçoit dans le cabinet du chef de gare. […] Il ne dîne aujourd’hui qu’une vieille habituée, que j’y ai vue, pendant tout le temps du siège. […] Le sous-sol devient une ambulance, dans laquelle meurt la vieille mère. […] Et c’est pour elle une occasion de tomber à bras raccourcis sur ces vieilles filles, sur ces vieilles dévotes, qui, dit-elle, prient tant Dieu de tuer le diable, et font pleurer, toute la journée, la sœur chargée de la cuisine.
Son âge même était gravé dans toutes les mémoires, et la date, lorsque l’on s’interrogeait ces jours derniers, revenait voltiger en chanson : Dans ce Paris plein d’or et de misère, En l’an du Christ mil sept cent quatre-vingts, Chez un tailleur, mon pauvre et vieux grand-père, Moi nouveau-né, sachez ce qui m’advint… Sa vie fut simple ; par son bon sens, par sa probité, par la modération de ses mœurs et de ses goûts, il sut la rendre constante et digne. […] Soulève enfin ton front cicatrisé… Avec Béranger il suffit de donner la note, chacun achève. — Le Cinq Mai ou Napoléon à Sainte-Hélène, Le Vieux Sergent, Le Vieux Drapeau, Le Chant du Cosaque, Waterloo, quels plus beaux hymnes, quels accents plus vibrants sont-ils jamais sortis en aucun temps d’une âme nationale et guerrière !
Nous avions bâti pour notre repos un édifice moral, et, forts de la sagesse du passé, nous somnolions sous ces vieilles voûtes. […] Mais l’éducation, tout un amas de vieille science, accumulée dans leur mémoire, obscurcissait leur lucidité, empêchait leur totale expansion. […] Le vieux père Pascal échafaudé silencieusement son rêve de science. […] » On se souvient, peut-être, de ce noir et terrible adage du vieux texte biblique. […] Allons, vieux Faust, ouvre ta fenêtre toute grande à la lumière neuve et « salue de toute ton âme ce matin d’un jour inconnu » !
Je sais, que les frères Daudet doivent souper avec Barrès, et le jeune ménage Hugo, mais j’ai la crainte d’apporter du froid avec ma vieille tête, au milieu de ces turbulentes jeunesses. […] » Il est question du vieux marquis d’Andlau, qui possédait dans le Perche, l’ancienne propriété d’Helvétius, grossie et agrandie par deux générations de propriétaires, et qui compte 42 fermes et 10 moulins. […] Petit paysan, il était pris en affection par un vieux médecin du pays, sur l’intelligence de sa figure, et ce médecin faisait les frais de ses études de médecine à Paris. […] Une curieuse planche : « La galerie de bois du Palais-Royal » avec la boutique du vieux libraire Dentu. Et voici dans « la Famille Pajou » les types, et la mode presque rustique, de la bourgeoisie jeune et vieille de la fin de l’Empire.
adieu les longues causeries au foyer des vieux parents ! […] Nous prétendons réconcilier la liberté et l’ordre, et faire cesser un divorce vieux comme le monde. […] Chrétien fervent, gentilhomme éprouvé, il a osé défendre les vieilles croyances du pays, son vieux dogme politique, son vieil honneur, sa vieille histoire, avec un style jeune et brillant comme le siècle qui commençait, ce siècle qui venait au monde au bruit du canon de Marengo. […] La population de Cachemyr se distingue dans cette foule par l’éclat de son histoire et la renommée de son industrie, si chère à notre vieille Europe. […] Mariez-vous donc, dit l’auteur du Secrétaire intime, car notre vieux monde tient au mariage comme à sa plus vieille habitude ; mariez-vous, dit-il aux femmes, mais donnez la main gauche, c’est-à-dire, gardez votre liberté.
Un autre personnage né dans la comédie régulière à qui l’antiquité l’avait transmis, c’est la vieille entremetteuse, la Ruffiana. […] La vieille Donnola, dans Il Tesoro (le Trésor), de Luigi Groto (1590), apporte au contraire dans son emploi une sorte de simplicité rustique. […] La vieille a mis dans son sac dix mocenighi pour payer la consultation. […] Mais quand elle s’excuse de la médiocrité de la somme, l’avocat la rassure : il sait le métier de la vieille, il lui demande de l’obliger.
Seulement, le vers plaisant et fameux : À mon gré le Corneille est joli quelquefois, nous revenait à la mémoire ; car il s’agissait ici d’un sublime encore plus touchant que celui du vieux Corneille. […] Plus fine que tous ces Français, cette Allemande, qui semblait naïve quand elle faisait dire à ce vieux campagnard de génie, Mirabeau l’Ancien, père de Mirabeau le Superbe, quand elle lui faisait dire, dans son style magnifiquement bourru : « Je me suis dit que Louis XIV serait un peu étonné s’il voyait la femme de son arrière-successeur en habit de paysanne et tablier, sans suite, ni page, ni personne, courant le palais et les terrasses, demandant au premier polisson de lui donner la main, que celui-ci lui prête seulement jusqu’au bas de l’escalier. […] » Il fallait, en effet, dans ce temps-là, d’autres soins que ceux du temps de Louis XIV ; mais il n’y voyait goutte, malgré tout son génie, le vieux Mirabeau ! […] Elle eut bientôt tout le monde contre elle, et les puritains de l’étiquette, comme le vieux Mirabeau, et toutes les Du Barry possibles de la Cour et de la ville, qui durent viser au cœur de Louis XVI, cette cible heureusement répulsive, que, Dieu merci !
Seulement le vers plaisant et fameux : À mon gré le Corneille est joli quelquefois, nous revenait à la mémoire, car il s’agissait ici d’un sublime encore plus touchant que celui du vieux Corneille. […] Plus fine que tous ces Français, cette Allemande, qui semblait naïve quand elle faisait dire à ce vieux campagnard de génie, Mirabeau l’Ancien, père de Mirabeau le Superbe, quand elle lui faisait dire dans son style, magnifiquement bourru : « Je me suis dit que Louis XIV serait un peu étonné, s’il voyait la femme de son arrière-successeur en habit de paysanne et tablier, sans suite, ni page, ni personne, courant le palais et les terrasses, demandant au premier polisson de lui donner la main, que celui-ci lui prête seulement jusqu’au bas de l’escalier. […] » Il fallait, en effet, dans ce temps-là, d’autres soins que ceux du temps de Louis XIV ; mais il n’y voyait goutte, malgré tout son génie, le vieux Mirabeau ! […] Elle eut bientôt tout le monde contre elle, et les puritains de l’étiquette, comme le vieux Mirabeau, et toutes les Du Barry possibles de la Cour et de la ville, qui durent viser au cœur de Louis XVI, cette cible heureusement répulsive, que, Dieu merci, elles n’atteignirent pas.
, ces œuvres d’un prix si réduit et d’un format si commode, contiennent l’écrit intitulé : La France libre, Le Discours de la Lanterne aux Parisiens, des Lettres de Camille à son père et à sa femme, et, enfin, ce qui a fixé la gloire d’écrivain de l’auteur, son Vieux Cordelier. […] Si déjà rien n’est plus vieux qu’un journal d’hier, qu’est-ce donc qu’un journal de soixante-dix ans ? […] Cela ne vous fait-il pas l’effet grotesque d’un vieux portrait, passé à la caricature ? […] Quand, enfant affolé de l’insurrection, il se nomma lui-même procureur général de la hideuse lanterne, puis tout à coup se cabra de peur devant l’incendie qu’il avait allumé avec son falot, comme le petit polisson du coin d’un bois qui l’incendie avec une allumette et qui se sauve ; quand, toujours gamin, mais gamin tremblant pour le coup, — car le génie de Camille Desmoulins est voué autant à la peur qu’aux larmes, — il se laisse corriger ses épreuves du Vieux Cordelier, comme un devoir, par le terrible Robespierre ; quand tout à coup il fait volte-face contre son ancien ami Brissot, qu’il avait tant vanté, et, girouette lasse de tourner dans du sang, ne veut pas en avoir tant au pied, c’est éternellement et partout sa sensibilité que MΜ.
… Le nom même de Dieu, ce diable de vieux mot qui embarbouille l’esprit et nuit à sa clarté suprême, M. […] Martin emprunte la traduction, se servait du bâton avec avantage, car un jour, trouvant son meilleur ami d’enfance, vieux et assis à l’orientale, sur ses talons, au bord d’un chemin : « Qui, vieux, ne sait pas mourir, ne vaut rien », dit l’aimable sage, et il frappa en perfection le trop vivant bonhomme, tant la Chine, jusque par la main de ses sages, a l’habitude de badiner avec le bambou ! […] Puis, c’était aussi le droit de primogéniture, odieux partout, en Orient et en Occident (encore une vieille guitare connue !)
Le théâtre est le pays des illusions ; on a celle de la perspective ; on a le magique truchement de l’acteur quand il sait bien dire ; on aie métier, les rubriques du métier, qu’on y prend si souvent pour du talent et de l’invention, car on ne sait pas assez de quels trucs et de quelles vieilles surprises connues, et faisant toujours le même effet sur l’infatigable public, se composent la plupart des œuvres qu’on y applaudit. […] Il n’a pas cessé d’être un vrai paysan, un vrai jaugeur de bière, écrivant, sous le coup de l’inspiration la plus désintéressée, ses admirables chansons de vieux ponts, de vieux diables et de vieux mendiants, pour les jeunes filles et les meuniers de sa patrie, et non pour les cercles choisis et savants de Londres et d’Edimbourg.
Ses amis de ce temps-là, devenus maintenant ce que Balzac, qui agrandissait tout, appelait des maréchaux littéraires, se sont souvenus et ont parlé de lui comme de vieux maréchaux de l’Empire auraient pu parler du jeune Marceau, quoiqu’il ne fût, ni par le mérite ni par la jeunesse, un Marceau littéraire quand il mourut. […] Il ne fut toute sa vie qu’un compagnon littéraire, qui mourut avant de devenir cette odieuse chose fausse qui vous serre la main en vous appelant : « mon vieux camarade ! […] Des jeunes gens, ainsi que lui sans renommée alors, ayant comme lui toute leur vie devant eux et sans autre existence que l’avenir, se réunirent, un jour, à l’allemande, au fond d’une vieille maison de la vieille rue du Doyenné, maintenant détruite, dans un but d’amusement, de rêverie, d’art facile et de libre littérature.
Pour le moment, c’est sa fantaisie littéraire d’être un vieux grand-père et un vieux conteur. […] Nous tenons pour le morceau de gigot froid de Fielding, bravement mangé au cabaret avec des mendiants et des joueurs de violon aveugles, et pour tous les coucous écossais où Walter Scott frottait son vieux carrick jaune contre la houppelande des fermiers et la balle des colporteurs. […] Il n’y a, de fait, que Balzac, dans ces contes inouïs qui ne sont pas pour les enfants et qui ont tout, excepté l’innocence ; il n’y a que Balzac qui ait parlé depuis Rabelais cette langue phénoménale que Feuillet rappelle en plus d’un endroit de son livre par la propriété pittoresque de l’expression, l’opulence des vocables, le mouvement ému, les contours renflés, la grâce du tour, et particulièrement ce coloris qui étend sur toutes choses ses clartés rougissantes et qui nous fait nous demander, à nous, vieux critiques, accoutumés au feu de la phrase quand elle en a : « Mais dans quel baquet de pourpre s’est-il plongé, ce diplomate, pour en être ressorti avec cet éclat et cette vie qu’un artiste de profession lui envierait ?
Qu’on se demande un peu, toutefois, ce qu’on atteindrait chez nous de vrai et de positif si l’on essayait de reconstruire quelques vieilles annales contemporaines de Grégoire de Tours, ou les grandes Chroniques de Saint-Denys, que M. […] On disait les Annales chez les Romains comme on dit chez nous les vieilles Chroniques ; on s’en moquait, on les invoquait, sans les avoir lues. […] Depuis Vespasien et son nouveau Capitole, on connaît mieux la vérité, et le patriciat déchu ne défend plus de la dire. » Ainsi on consulta plus librement alors les vieux titres, les inscriptions sur bronze, et selon M. […] Je ne revenais pas de tout ce que j’y surprenais, à chaque pas, d’intéressant, d’imprévu, de neuf et de vieux à la fois, d’inventé par nous-mêmes hier. […] Je sais dans la bibliothèque de Besançon une chambre pas très-grande et qui n’est garnie que des collections de ces vieux journaux littéraires ; en s’enfermant là pendant quelques mois, et non sans le docte Weiss (genius loci), on ferait beaucoup.
Il fit Mélite, qu’il envoya au vieux dramaturge Hardy. […] Outre les galanteries amoureuses et les beaux sentiments de rigueur qu’on prêtait à ces vieux républicains, on avait une occasion, en les produisant sur la scène, d’appliquer les maximes d’état et tout ce jargon politique et diplomatique qu’on retrouve dans Balzac ; Gabriel Naudé, et auquel Richelieu avait donné cours. […] Il avait fini par se figurer qu’il avait été en son temps bien autrement galant et amoureux que ces jeunes perruques blondes, et il ne parlait d’autrefois qu’en hochant la tête comme un vieux berger. […] On y surprend le vieux Corneille, un peu amoureux, mais encore plus glorieux et grondeur : STANCES. Marquise, si mon visage A quelques traits un peu vieux, Souvenez-vous qu’à mon âge Vous ne vaudrez guère mieux.
La vieille mulâtresse est toujours là ; elle a soixante-douze ans ; un cancer lui a rongé la moitié de la figure, et pourtant elle court encore les rues avec son panier d’ananas, cherchant à récolter la petite somme nécessaire au repas des délaissées dont elle est le seul soutien. […] Elle conserva, en particulier, pour sa vieille nourrice une piété filiale sans bornes. […] Dans son petit budget, il y avait tous les ans une réserve pour être adressée (c’était sa joie) à la bonne tante Albert, comme elle l’appelait, depuis qu’elle savait que la vieille nourrice n’était pas sa mère… Pauvre fille ! […] Son frère, perclus, qui n’a pas un mouvement, reçoit d’elle une instruction et des sentiments religieux qui le consolent ; un vieux grand-père, dans la misère, est adopté ; la mère, devenue paralytique, une jeune sœur, victime d’un accident, sont soignées, remplacées ; l’intempérance du père est limitée ; grâce à Emmeline, tout va pour le moins mal possible dans la plus triste des maisons. […] Selon votre vieille et bonne manière d’entendre les choses, la littérature n’est pas seulement ce qui s’écrit ; le grand politique qui résout avec éclat les problèmes de son temps, l’homme du monde qui représente bien l’idéal d’une société brillante et polie, n’eussent-ils pas écrit une ligne, sont de votre ordre.
Gil Blas, après mainte aventure, est passé au service d’un vieux fat qui se pique encore de galanterie, don Gonzale Pacheco. Ce vieillard décrépit, qui se refait et se repeint chaque matin, a pour ami un autre vieillard qui, au contraire, affecte d’être vieux et s’en vante, et met sa vanité à le paraître, autant que l’autre affecte de paraître jeune. […] Le vieux fat touché l’en remercie, et retourne chez sa maîtresse pour rompre. […] C’est en cela qu’il se distingue profondément du xviiie siècle, et qu’il se rattache à la race des bons vieux railleurs d’autrefois. […] Gil Blas, devenu secrétaire et favori de l’archevêque de Grenade, se perd ici, comme il s’était perdu près du vieux fat amoureux, en disant la vérité.
Généralement il y a une grande bonhomie et une certaine innocence dans toutes ses compositions : presque toujours des hommes du peuple, des dictons populaires, des ivrognes, des scènes de ménage, et particulièrement une prédilection involontaire pour les types vieux. […] On a beaucoup parlé des gamins de Charlet, ces chers petits anges qui feront de si jolis soldats, qui aiment tant les vieux militaires, et qui jouent à la guerre avec des sabres de bois. […] Mais les enfants terribles, mais le pâle voyou du grand poëte, à la voix rauque, au teint jaune comme un vieux sou, Charlet a le cœur trop pur pour voir ces choses-là. […] C’est une galerie de costume de la jeune et de la vieille garde, qu’il ne faut pas confondre avec une œuvre analogue publiée dans ces derniers temps, et qui, je crois, est même une œuvre posthume. […] Grandville est un esprit maladivement littéraire, toujours en quête de moyens bâtards pour faire entrer sa pensée dans le domaine des arts plastiques ; aussi l’avons-nous vu souvent user du vieux procédé qui consiste à attacher aux bouches de ses personnages des banderoles parlantes.
On ne le place pas si haut pour peu qu’on sache mieux le grec que La Motte-Houdart, et le vieux français que Lenglet-Dufresnoy. […] Qui ne risque enfin quelque malheur comme le château fort de Jalousie et la vieille qui tient sous clefs Bel-Accueil ? […] Molière n’a fait qu’achever l’ébauche qu’a tracée Jean de Meung du faux dévot, aussi vieux que les religions, aussi indestructible qu’elles. […] Plus vieille de soixante ans, elle fait de ce portrait un personnage vivant ; mais ce personnage mal appris se confesse et se dénonce. […] Il en est plus d’une autre ; par exemple, cette vieille qui scandalise si fort Gerson ; j’y reconnais la Macette de Regnier, comme j’ai reconnu dans Faux-Semblant le Tartufe de Molière.
Pour le petit Philippe, pour ses vieux parents, pour Johannes, Kaethe de toutes ses forces « d’oiselet blessé ». […] Une des meilleures choses de l’exposition est la tête de Vieille Femme de Guillaumin, Servante de presbytère, rappel inconnu d’une sorcière de Doré, illustration d’un roman de Tieck (Pietro d’Abano). […] Bœcklin a retrouvé la couleur des vieux maîtres ; dans un livre qui doit paraître après sa mort, il nous dira son secret. […] Ainsi les vieux peintres peignaient leurs cadres avec le plus grand soin et les verriers ecclésiastes rompaient l’hostie du mastic des vitres. […] De plus, des gens ont vu dans Ubu une œuvre « écrite en vieux français » parce qu’on s’amusa à l’imprimer avec des caractères anciens, et cru « phynance » une orthographe du XVIe siècle.
Il prête à ses vieux héros tout ce qu’il a de noble dans l’imagination, et vous diriez qu’il se défend l’usage de son propre bien, comme s’il n’était pas digne de s’en servir. » Tout cela admis et reconnu, il restera vrai d’accorder à M. […] On sait les beaux vers grondeurs de Corneille, adressés à une belle qui avait assez mal accueilli ses hommages, et qui lui avait fait entendre qu’il était trop vieux pour un galant. Il riposte et lui rend dédain pour dédain, en se redressant dans sa fierté et dans sa gloire : « Marquise, si mon visage A quelques traits un peu vieux, Souvenez-vous qu’à mon âge Vous ne vaudrez guère mieux. […] Le Cid en personne, vieux et amoureux, n’aurait point parlé d’un autre ton. […] Jacques Grimm, l’un des deux illustres frères qui ont recherché si à fond et reproduit si fidèlement les vieux monuments de la race et de la vie allemande, écrivait à M.
Il est un de ceux qui contribuèrent à perpétuer quelque chose de l’esprit de la vieille magistrature française dans les Conseils d’un régime tout nouveau ; et, en même temps qu’il donne la main comme avocat et comme magistrat à ces dignes races des De Thou, des Pithou et des anciens parlementaires, il est le conseiller d’État modèle, de qui se sont honorés de relever tous ceux qui ont marqué depuis dans cette ferme et précise carrière. […] L’Ancien Régime était à bout ; l’esprit s’était retiré de cette vieille monarchie durant le long affaissement de Louis XV ; ceux mêmes qui en étaient les gardiens naturels y portaient, sans le savoir, les plus rudes atteintes. […] Louis XVI, après avoir rendu aux grands corps judiciaires et aux compagnies souveraines leur pouvoir de résistance, s’en repentait, et laissait son ministère essayer de les briser de nouveau ; le garde des Sceaux Lamoignon imposait militairement, le 8 mai 1788, les édits qui renversaient par toute la France la vieille magistrature, restreignaient les ressorts des parlements, établissaient des circonscriptions nouvelles, multipliaient les tribunaux, et constituaient à Paris une cour plénière à laquelle tout ressortissait. […] Il s’attache aussi à combattre l’idée que l’uniformité dans la législation soit nécessairement un bien, et ici, en se faisant l’organe des vieilles mœurs, des vieilles coutumes cantonnées sur divers points de la France, il se mettait en contradiction avec ce qu’il devait plus tard accomplir comme l’un des principaux rédacteurs du Code civil. […] Et il va jusqu’à dire, au sein de cette assemblée frémissante et où des applaudissements presque unanimes couvraient quelques murmures irrités : « Nous compromettons la liberté, en ayant l’air de séparer la France catholique d’avec la France libre. » — « Il n’est plus question de détruire, concluait-il en finissant, il est temps de gouverner. » Pour que de telles paroles, en effet, se fissent entendre et accueillir, pour qu’elles entraînassent la décision d’une assemblée où le vieux levain conventionnel fermentait encore, il fallait qu’une ère nouvelle eût commencé et que la Révolution fût entrée dans une phase toute différente.
Patriote breton à l’origine et Américain de la vieille Angleterre, il avait commencé par ne point aimer la France et par la considérer comme une ennemie, autant qu’il pouvait considérer comme telle une nation composée d’hommes ses semblables. […] Nul mieux que lui n’a senti la différence qu’il y a entre les jeunes et les vieilles nations, entre les peuples vertueux et les corrompus. […] Franklin, vieux, lisait peu les poètes ; il en est un pourtant qui, par son naturel, sa grâce simple, et la justesse de ses sentiments, sut trouver le chemin de son cœur : c’était William Cowper, l’humble poète de la vie morale et de la réalité. […] Si tous ceux qui conversèrent à Passy avec Franklin avaient bien entendu ses préceptes et ses mesures, ils y auraient regardé à deux fois avant d’entreprendre dans le vieux monde la refonte universelle. […] Un homme n’est point né complètement jusqu’à ce qu’il ait passé par la mort. » La fin paisible de ses vieux amis qui avaient vécu en justes lui paraissait comme un avant-goût du bonheur d’un autre monde.
Ce La Fontaine qu’on donne à lire aux enfants ne se goûte jamais si bien qu’après la quarantaine ; c’est ce vin vieux dont parle Voltaire et auquel il a comparé la poésie d’Horace : il gagne à vieillir, et, de même que chacun en prenant de l’âge sent mieux La Fontaine, de même aussi la littérature française, à mesure qu’elle avance et qu’elle se prolonge, semble lui accorder une plus belle place et le reconnaître plus grand. […] Une ode de Malherbe qu’il entendit réciter lui révéla, dit-on, son talent poétique ; il lut nos vieux auteurs, il exprima le suc de Rabelais, il emprunta de Marot son tour, il aima dans Racan un maître ou plutôt un frère en rêverie, et y apprit les élévations de pensée mêlées aux nonchalances. […] Le fond de ses Fables est emprunté de toutes parts ; la vieille littérature française en fournissait en abondance et plus même que La Fontaine de son temps n’en connaissait. […] Qu’on veuille bien se retracer avec netteté la différence des deux races : d’une part, nos vieux Gaulois, nos auteurs de contes et de fabliaux, Villon, Rabelais, Régnier, et tous ceux, plus ou moins connus, dont l’esprit vient se résumer et se personnifier en La Fontaine comme en un héritier qui les couronne et les rajeunit, si bien qu’on le peut définir le dernier et le plus grand des vieux poètes français, l’Homère en qui ils s’assemblent une dernière fois librement, et se confondent. […] Il est tout simple que le grand représentant de cette poésie qui avait toujours manqué à la France, s’en prenne à La Fontaine qui est l’Homère de la vieille race gauloise.
La Vallière, Pinson, Mouron (ça c’est des noms, les prénoms sont pour les vieux ne pas vouloir se reconnaître). […] Et l’âme du vieux quartier s’éveillait dans ma « chambrette » de très ancien étudiant (j’eus une inscription en droit vers 1865). […] Pour la raison que je viens de dire, d’abord et puis parce que je suis d’origine wallone ; ma famille paternelle était de vieille souche ardennaise belge ; mon nom du reste, ainsi, par parenthèse, que celui de mon cher vieux camarade François Coppée, est assez fréquent ici. […] La congrégation était composée d’Irlandais, d’étrangers, et de deux ou trois vieilles familles anglaises. […] C’est le point de vue, étroit peut-être, d’un vieux Parisien.
ouvrit précipitamment la portière et l’étrange vieille personne lui tomba dans les bras. […] Elle était vieille, vieille, avec une longue figure très laide, mais si bonne et si aimable qu’elle semblait agréable. […] Je voulais maintenant des histoires très vieilles ; je questionnais sur les origines de ma famille. […] grogna le grand-père qui avait une quinte de toux, le héros est à présent un vieux catarrheux. […] Un vieux jardinier arrosait les pavés et un rayon de soleil tapait sur son arrosoir.
Le vieux réaliste qu’il est tient rancune à l’idéal. […] Hermann, un fils de roi, se trouve appelé au pouvoir par la maladie de son vieux père. […] Ce qui nous importe comme à lui, c’est le sort promis à notre vieille Europe. […] Par dégoût des mots usés, il inventera des vocables nouveaux ou il fouillera tous les dictionnaires pour en extraire des termes si vieux, si vieux qu’ils en sont redevenus jeunes. […] Par suite tombe la vieille et insipide querelle du matérialisme et du spiritualisme.
Le témoin raconte enfin qu’il a eu un long entretien avec le vieux gentilhomme. […] — Je les ai publiés pour m’en débarrasser, pour m’alléger de cette vieille manière. […] Oui, c’était bien un vieux lion. […] Pas davantage que les vieux peintres hollandais, M. […] Je serais désolé qu’on voulût y voir un jugement général et définitif sur l’œuvre du vieux poète norvégien.
Aujourd’hui comme durant tous les siècles passés, le vin se vend à la chopine, au démi-setier, au verre ; et dans les provinces les vieux mots pots, pinte, poisson, roquille, demoiselle et bien d’autres sont toujours en usage ; pièce, foudre, velte, queue, baril, pipe, feuillette, muid, tonneau, quartaut n’ont point capitulé devant hectolitre, ni boisseau, ni barrique, ni hotte. […] Ce dernier mot est d’autant plus mauvais qu’il ne dit rien de plus que mensuration, doublet du vieux mesurage, malheureusement dédaigné. […] Litre, au sens de bande de couleur noire, est identique à liste (anciennement listre, du vieux haut-allemand lista).
Outre ce que le peintre perdrait du côté de la variété des formes et des lumières qui naissent des plis et du chiffonnage des vieux habits, il y a encore une raison qui agit en nous sans que nous nous en apercevions, c’est qu’un habit n’est neuf que pendant quelques jours et qu’il est vieux pendant longtemps, et qu’il faut prendre les choses dans l’état qu’elles ont d’une manière la plus durable. D’ailleurs il y a dans un habit vieux une multitude infinie de petits accidents intéressants, de la poudre, des boutons manquants et tout ce qui tient de l’user ; tous ces accidents rendus réveillent autant d’idées et servent à lier les différentes parties de l’ajustement ; il faut de la poudre pour lier la perruque avec l’habit.
Au xixe siècle, on est plus vieux. […] Quant au catholicisme, dont on espère par des livres pareils nous dégoûter, ou qu’on voudrait nous faire maudire, il en a vu d’autres, ce vieux cèdre du Liban ! […] Il n’est ni un petit crevé, comme le gandin, ni un vieux crevant, comme le vieux Prudhomme, ni même le sublime Crevel, qui est un fameux bourgeois, mais qui n’est pas le jeune bourgeois. […] La Science, qui est la prétention des vieux peuples, viole ici l’art, sous prétexte de vérité, et elle prouve, par la plume de ceux qui proclament le Naturalisme le dernier mot de la littérature (et il pourrait bien l’être, en effet !), qu’il n’est que la cuistrerie d’un vieux peuple fini, qui se croit savant parce qu’il n’a plus la force de rien inventer.
Contre ceux-ci, ils soutiennent qu’on ne peut égaler les anciens en leurs langues : il faut voir de quelle verve ils invectivent ces « reblanchisseurs de murailles », ces « latineurs » et « grécaniseurs » qui ont appris « en l’école à coups de verges » les langues anciennes, et croient avoir fait merveille d’« avoir recousu et rabobiné je ne sais quelles vieilles rapetasseries de Virgile et de Cicéron » : comme s’ils pouvaient faire autre chose que des « bouquets fanés ». […] « Laisse, dit Du Bellay, toutes ces vieilles poésies françoises aux Jeux Floraux de Toulouse et au puy de Rouen, comme Rondeaux, Ballades, Virelais, Chants royaux, Chansons, et autres telles épiceries… — Jette-toi à ces plaisants épigrammes, … à l’imitation d’un Martial… Distille… ces pitoyables élégies, à l’exemple d’un Ovide, d’un Tibulle et d’un Properce… — Chante-moi ces odes inconnues encore de la muse françoise, d’un luth bien accordé au son de la lyre grecque et romaine. » On pourra faire des épitres, élégiaques comme Ovide, ou morales comme Horace ; des satires, à la façon d’Horace. […] Qui ferait « un lexicon des vieux mots d’Artus, Lancelot et Gauvain », ferait œuvre de « bon bourgeois », œuvre patriotique et utile. On choisirait de ces vieux mots les plus « prégnants et significatifs » pour servir à la poésie. […] 6° Plus originale, plus audacieuse est la méthode si fort préconisée par Ronsard : le provignement des mots : « Si les vieux mots abolis par l’usage ont laissé quelque rejeton, tu le pourras provigner, amender et cultiver, afin qu’il se repeuple de nouveau. » Ainsi de lobbe, on tirera lobber, de verve, verver, d’essoine, essoiner.
Il naquit, dit-on, vers 1646, auquel cas il serait un peu plus jeune peut-être que La Bruyère, et un peu plus vieux que Fénelon. […] Nous en serions restés là avec lui si, déjà vieux, en 1704, il ne s’était avisé, pour divertir le comte de Grammont âgé de plus de quatre-vingts ans et toujours aimable, d’écrire les aventures de jeunesse de celui qui était alors le chevalier de Grammont, et de se faire son Quinte-Curce et son Plutarque en badinant. […] Il dit quelque part du duc de Buckingham qui faisait la cour à une beauté : Elle ne haïssait point la médisance ; il en était le père et la mère ; il faisait des vaudevilles, inventait des contes de vieille, dont elle était folle. […] En attendant, c’est profit de se remettre en goût de temps en temps avec ces auteurs faciles qu’on a sous la main, et qui n’ont rien de vieux. […] Hamilton, quand le comte de Caylus le vit chez sa mère, était vieux, fatigué peut-être ; de tout temps, d’ailleurs, on le conçoit volontiers capricieux, d’humeur assez inégale, comme l’était sa sœur ; il avait ce coin de singularité dont parle Saint-Simon.
Comme les vieux gnostiques, ils associaient les femmes à la célébration des offices divins. […] Jules Lemaître a très joliment présenté cette anecdote dans un de ses contes « en marge des vieux livres ». […] Louis Bertrand accable avec un zèle de néophyte la vieille religion de l’antiquité. […] Et le vieux roi, qui ne peut plus supporter la vue de Bethsabé en deuil, sera désormais obsédé de remords. […] Son vieux cousin n’avait jamais eu de goût que pour les ouvrages d’un renanisme facile.
. — Le Noël du vieux Wolff (1887) […] — Nos Paysans (1890). — Pierrot sculpteur, 1er acte (1888). — Le Renouveau, 1 acte en vers (1889). — Contes pour tous (1893). — L’Arbre de Noël (1894). — Le Cœur ne vieillit pas (1894). — Julia Alpinula, 5 actes (1894). — Bouquet d’Italie (1894). — Nouveaux contes pour tous (1895). — Le Roman d’un jardin (1895). — Charles le Téméraire, drame, 9 tableaux (1897). — Jeunes et vieux (1897). — Coquelicots (1898).
— Isoline-Isolin, contes (1833). — Le Docteur Blanc, mimodrame fantastique (1893). — Le Soleil de Paris, nouvelles (1893). — Nouveaux contes de jadis (1893). — Poésies nouvelles (1893). — Ghéa, poème dramatique de Von Goldschmidt, mis en français par Catulle Mendès (1893). — L’Art d’aimer (1894). — La Maison de la Vieille, roman contemporain (1894). — Verger fleuri, roman (1894). — L’Enfant amoureux, nouvelles (1895). — La Grive des vignes, poésies (1895). — Le Chemin du cœur, contes (1895) […] Catulle Mendès : La Maison de la Vieille. […] Un vigoureux talent, une observation perpétuelle, une ardeur alerte, voilà ce qu’on remarque dans la Maison de la Vieille, et qu’on ne croît pas que ce livre est décousu ; malgré son grouillement, il est systématique et construit de main d’ouvrier. […] Anatole France est d’autre nature, et, s’il est bien distinct du roman naturaliste, il l’est au moins autant de la Maison de la Vieille, de la Première Maîtresse ou de Gog. […] Il y a, au travers des histoires du Clown Papiol, une belle symphonie de Paris ; de jolis contes dans les Folies amoureuses, des scènes héroïques dans les Mères ennemies ; mais ce sont promesses et prémices à côté des dernières réalisations : la Maison de la Vieille et Gog.
Et nous ne sommes vieux que d’un lustre. […] Bourde, plus loin, s’inquiète de nouveau de la pureté de la langue, et évoque les ombres des vieux grammairiens et de Littré. […] Les symbolistes attendaient qu’en ses vieux jours ce poète savant et charmant chantât, à leur venue, le cantique de Siméon. […] ce sera vieux demain. […] en vous cherchant des précurseurs j’oubliais celui-là : le vieux peintre dont Balzac nous a conté la touchante et cruelle aventure.
À dix heures il est réveillé par la bonne qui lui demande s’il veut déjeuner avec ses maîtresses, deux vieilles governess. […] Puis, la chambre à coucher, avec son petit lit en bois noir, aux rideaux de soie bleue, et jetés dans toute la chambre, sur le lit, les fauteuils, les chaises, des dentelles, des volants d’Angleterre, des garnitures de Malines, des mouchoirs de Valenciennes, qu’une vieille, toute jaune, assise au chevet du lit, surveille et couve de son œil cupide et juif. « Passez… » répète encore la voix. […] Cela se termine au bout de moins d’une année, par une ruine complète du comte, qui, traqué par les recors, monte sur le toit de son château et se brûle la cervelle, à la façon d’un châtelain du vieux temps. […] L’on se coudoie et même l’on valse, et c’est là que j’ai vu valser une institution vieille comme le général Foy : ce n’étaient qu’élèves de l’École polytechnique voltigeant dans des robes de gaze bleue ou rose. […] Mais vieux, vieux, ce chien !
ton manteau de moire, Ton aigrette de rubis ; Ou, pour danser avec Faune, Contraignant tes pas tremblants, Leurs satyres au pied jaune, Leurs vieux sylvains pétulants, Joindraient tes mains enchaînées Aux vieilles mains décharnées De leurs naïades fanées, Mortes depuis deux mille ans. […] D’abord il nous raconte que son père est vieux et faible, si faible et si vieux Qu’à peine il peut encor déraciner un chêne Pour soutenir ses pas tremblants.
Personne dans son temps, dans aucun temps, personne, fût-ce Voltaire, qui ne s’ennuya jamais, lui, ne fut plus intéressant et plus charmant que cette vieille, son égale en esprit et en grâce, dont l’ennui si intéressant pour nous fut si cruel et si tenace pour elle ; et ces deux volumes, en attendant ceux qui viendront encore, sont de nature à confirmer sur cette femme, la plus singulière de son siècle, ce que les volumes précédemment publiés nous avaient appris. […] Mais son orageuse amitié pour la duchesse de Choiseul, pour Mademoiselle de Lespinasse, avec laquelle elle rompit de toute la force de son attache, mais sa romanesque passion pour Walpole, qui la prit vieille et fut un incendie dans ses cheveux blancs, disent assez haut que la faculté de s’émouvoir jusqu’à la folie ne manqua point à cette ennuyée, à qui des sentiments pareils ne suffisaient pas ! […] Madame de Choiseul n’a pas la passion de cette vieille aveugle qui ne passe pas pour passionnée, mais qui l’est, et qu’on a voulu nous donner pour un Fontenelle en femme. […] Elle n’a rien de sa vieille amie, bien plus jeune qu’elle, en dépit de ses soixante et mille ans, comme elle disait.
Un jour, le vieux Sully, qui avait un orgueil assez hugotin, quoiqu’il eût plus de bon sens que Hugo, inventa, non pas d’écrire ses Mémoires, — c’était inventé avant Sully — mais de se faire raconter ses Mémoires par ses quatre secrétaires parlant à sa personne : « Vous avez fait cela, Monseigneur ! […] Il ne les a pas mises seulement sous le nom de Vacquerie, qui n’aurait plus alors été qu’un Wagnière, — le Wagnière de Victor Hugo, — ni seulement non plus à la seconde personne, comme le vieux Sully ; mais il les a fait dire par Vacquerie lui-même à la seconde personne et, rinforzando, à la troisième ! […] Philaminte : Avec ces vers on fit de toi, pauvre génie, Le complice du vieux préjugé bestial Qui voudrait empêcher l’ascension bénie Des femmes vers le beau, l’azur et l’idéal ! […] — d’avoir obtenu du bon Dieu des poètes la grâce de devenir, le temps d’un livre, Victor Hugo en ses vieux jours.
Voilà comment les vieilles hiérarchies se maintiennent : il faut et il suffit qu’elles changent en cadre civil leur cadre militaire, et trouvent un emploi moderne au chef féodal. […] Bouillé estime que toutes les vieilles familles, sauf deux ou trois cents, sont ruinées63. […] « Tous les chevaliers de Chateaubriand, dit le père, ont été des ivrognes et des fouetteurs de lièvres. » Lui-même vivote tristement et pauvrement, avec cinq serviteurs, un chien de chasse et deux vieilles juments, « dans un château qui aurait tenu cent seigneurs et leur suite ». […] Ailleurs, près de Saint-Girons, il note qu’en deux cent cinquante milles il a rencontré en tout « deux cabriolets et trois misérables choses semblables à notre vieille chaise de poste anglaise à un cheval, pas un gentilhomme ». […] Selon lui, toutes les vieilles familles nobles, « sauf deux ou trois cents au plus, étaient ruinées.
La vieille conception poétique tombant en ruines, ils s’efforcèrent de la restaurer. […] Ce « poète grammairien », comme l’appela Barrès, fit une étude minutieuse de nos vieux écrivains. […] Fini des vieilles chimères, des anciennes velléités vaines « de tailler en drapeaux l’étoffe de sa vie » ! […] Le malade pour qui le vieux pèlerin fit son pèlerinage, guérit. […] la délaissée dans l’ombre d’or du vieux Palais.
. — Le Vieux Miroir, recueil de fables (1887). […] Charles Fuster Le Vieux Miroir de M.
Une lettre à Ibis, un conte légendaire, deux petites histoires orientales, je tiens l’une, La Besace de toile bise, pour parfaite en son genre, et une brève nouvelle de notre temps, La Vieille à l’Araignée, forment la première partie du livre ; et, déjà, j’indiquerai une différence dans la manière d’écrire de M. Paul Leclercq : La Vieille à l’Araignée, comme il convenait, n’est pas du tout dans le style des autres contes ; au lieu des images somptueuses et vagues, arbres en fleurs, joyaux de lumières, eaux transparentes et mobiles, on distinguerait un effort vers le trait précis, presque dur, de M.
Il y a vu une quantité de vieux et beaux tableaux qu’on estimait, et il s’est dit, Voilà donc comme il faut faire, pour être estimé aussi, et il a fait des tableaux qui ne sont pas beaux à la vérité, mais qui sont vieux.
Ils ont des indulgences infinies pour les viveurs jeunes ou vieux. […] Les deux vieux amis se disent adieu, et déclarent qu’ils ne se verront plus. […] Mais il a tort de croire à la nouveauté du snobisme, chose très humaine, et très vieille par conséquent. […] Le bonhomme Desclos est un vieux raté très intelligent et très sympathique. […] Denis Roger a hérité 600 000 francs d’un vieux cousin.
Il lit le vieux télégramme à sa femme. […] Mais le serai-je vieille ? […] vieux soldat, du courage ! […] Colombey, agréable dans le rôle du vieux commandant galantin. […] J’ai tranché dans le vif, par une vieille habitude.
En ce moment, il étudie avec minutie et avec amour les vieilles ballades écossaises, et le soir dans sa petite chambrette froide, le jour en sifflant son attelage, il invente des formes et des idées. […] Elle l’a repris, et « tant que des deux mains elle pourra tenir son verre ferme, elle boira à la santé de son vieux héros. » J’espère que voilà du style franc, et que le poëte n’est pas petite bouche. […] Voici par exemple « le vieux cornu, le vieux pied de bouc, qui nous a joué tant de mauvais tours, le chien sournois, surtout le jour où il s’est faufilé incognito dans le paradis » et a mis nos grands parents à mal. […] Bonsoir, vieux Nick ; puissiez-vous avoir une bonne idée et vous amender ! […] Prenons pour personnage un enfant idiot, une vieille paysanne qui grelotte, un colporteur, une servante arrêtée dans la rue.
Cependant, soit volontairement, soit cloué au sol natal par les nécessités sociales, il a limité le champ de ses chasses fantastiques aux limites mêmes des vieilles Flandres. […] Bourget (et jeté depuis parmi les vieux papiers du quai) Laforgue écrivait : « Ceci n’est qu’un intermezzo. […] Moréas se mit à l’école des vieux poètes et fréquenta, jusqu’à Jacot de Forest et jusqu’à Benoît de Sainte-Maure. […] Moréas campera sous le vieux chêne Hugo et, s’il persévère, nous le verrons atteindre le but de son voyage, qui est, sans doute, de se rejoindre lui-même. […] Mais l’Autopsie de la Vieille fille, malgré une faute de ton, mais Calvaire immémorial, mais l’Ame saisissable sont des chefs-d’œuvre, M.
Tu es venue, suivant ta vieille coutume. […] Il en est que pourrait signer un vieux greffier de Basoche. […] Mais la jeune reine prit à la lettre la métaphore du vieux courtisan. […] Cette vieille Espagne était bronzée aux feux de l’Inquisition. […] Les chevaux s’effarent ; mais le vieux paysan n’est pas même ému.
Son grand-père Sconin, très vieux, est à la Ferté-Milon, où il mourra en 1667. […] Il goûte notre vieille littérature gauloise, alors assez dédaignée. […] Encore enfant, elle se donne au vieux Lépide parce qu’il était riche. […] Et le vieux Sertorius et le vieux Syphax disent des choses touchantes, et même le vieux Martian parle quelquefois en grand poète lyrique : mais tous trois sont des amoureux platoniques et singulièrement soumis. […] Vous en trouverez le détail dans le bon vieux livre de M.
La raison en est simple, il étoit déjà vieux lorsqu’il commença à donner l’essor à sa Muse. […] Anacréon, moins vieux, dit M. de Voltaire, fit de moins jolies choses.
Radotages de vieille femme ! […] Nous ne nous arrêterons pas aux vieux enfantillages par quoi M. de Goncourt expose son autolâtrie. […] Coppée ait été traité de vieux cul par de jeunes littérateurs. […] La vieille Sarcey esquissa une danse du ventre. […] Je l’avais mis au grenier parce que toutes ces histoires sont bien vieilles et m’intéressent peu.
Il gisait comme un fidèle serviteur auprès de son seigneur. » Quoique maladroits à parler, leurs vieux poëtes trouvent des mots touchants quand il s’agit de peindre ces amitiés viriles. […] Nulle part il n’apparaît avec son charme et son sourire ; nulle chanson d’amour dans cette vieille poésie. […] Ils mettent dans leurs vers, comme les vieux prophètes d’Israël, leur véhémence farouche, leurs haines meurtrières, leur fanatisme, et tous les frémissements de leur chair et de leur sang. […] Ils font des manuels de théologie et de philosophie d’après les Pères ; Érigène, le plus docte, va jusqu’à reproduire les vieilles rêveries compliquées de la métaphysique alexandrine. […] Si le vieux génie poétique disparaît après la conquête, c’est comme un fleuve qui s’enfonce et coule sous terre.
Cela me reporte à du vieux temps. […] * * * — C’est le néant que la vieille histoire. […] … Elle s’indignait, cette bonne vieille baronne de Reding sur ce mot de ma mère : « Tous mes enfants, je les donnerais pour un doigt de Fifi… Fifi, c’était mon père… Je ne me trouvais bien que dans la société de mes deux vieilles tantes…. […] Il jette son chapeau dans les portraits de nos vieux parents et fait des bosses aux toiles de nos ancêtres. […] Chambre et atelier, un logis d’ouvrier dans lequel pend quelque vieille soierie de chez Wail qui sert, un jour, pour un ton riche.
Le premier de ces méfaits, je ne le sais pas ; il devait être bien excusable, car il était bien jeune accouplé, par une chaîne au bras, à un autre vieux galérien de la même galère. […] Le vieux galérien avec lequel il fut accouplé avait une fille à Livourne, blanchisseuse sur le port, une bien belle fille, ma foi ! […] Elle ne rougissait pas, comme d’autres, de son père galérien ; plus il était avili, plus elle respectait, dans son vieux père, l’auteur de ses jours, et la honte et la misère. […] Elle, de son côté, sachant que le jeune était plein d’égards et d’obéissance pour le vieux, soit en portant le plus qu’il pouvait le poids de la chaîne commune, soit en faisant double tâche pour diminuer la fatigue du vieillard affaibli par les années, avait conçu involontairement une vive reconnaissance pour le jeune galérien ; elle le regardait, à cause des soins pour son père, plutôt comme son frère que comme un criminel réprouvé du monde. […] Je ne limerai pas ma chaîne, je ne m’évaderai pas de la prison en te laissant derrière moi prisonnière à ma place, et punie pour la complicité dans l’évasion d’un homicide ; je ne me sauverai pas du duché avec toi, en enlevant en toi la seule nourricière et la seule consolation de nos deux pauvres vieux, avec leur chien, dans la montagne.
Le soir, quelques-uns des jeunes allaient dans la chambre du vieux supérieur pour lui tenir compagnie pendant une heure. […] Tout dans ces vieux prêtres était honnête, sensé, empreint d’un profond sentiment de droiture professionnelle. […] Garnier était trop vieux pour enseigner ; on nous lisait ses cahiers. […] Sa théologie était presque tout entière empruntée à l’école catholique allemande, à la fois plus avancée et moins raisonnable que notre vieille scolastique française. […] Vous le savez, tout cela n’a pas en moi une consistance dogmatique, et, au milieu de tous ces troubles, je tiens encore à l’Église, ma vieille mère.
Seul, d’Argenson a osé insinuer à un endroit que la reine avait un certain faible pour son vieux chevalier d’honneur, M. de Nangis. […] La vieille Cour avait peu de peine à se persuader que Dieu, après avoir frappé le roi, toucherait son cœur. […] Les vieilles dames annonçaient leurs espérances par des rubans verts ; enfin, depuis longtemps, la parure de la toilette n’avait été aussi spirituelle : on lui confiait le soin de tout annoncer sans se compromettre ; cela rappelait l’ancienne galanterie. […] Les unes prirent des couleurs plus modestes, les autres baissèrent leurs coiffures, d’autres mirent moins de rouge ; enfin les vieilles dames poussèrent la prudence jusqu’à replacer dans leurs cheveux le bec noir. » Le bec noir est un détail de toilette qui demanderait tout un commentaire. — Mais n’ai-je pas raison de dire que la méchanceté de cette date (celle du Méchant de Gresset), dans toute son allure féminine et avec sa griffe la plus fine, nous a été conservée dans ce passage. […] La voilà qui vient. » « Je vois la reine de France, sans rouge, simplement vêtue, la tête couverte d’un grand bonnet, ayant l’air vieux et la mine dévote.
Je suis un vieux constituant de 89, me disais-je, et voilà un jeune girondin qui nous en prépare de rudes ; ou bien je suis un girondin déjà arrêté, et voilà un enragé de dantoniste qui n’y va pas de main morte. […] Il suffit d’ouvrir, de feuilleter, de lire çà et là ces volumes, pour prendre aussitôt du vieux Colletet une idée plus complète, plus vraie ; on ne le connaît qu’alors dans toute sa bonhomie et toute sa culture gauloise. […] Gautier, ayant à parler de La Fontaine, lequel, en effet, fréquenta beaucoup à ses débuts le vieux rimeur, nous dit tout couramment : La Fontaine, qui n’était point bonhomme… En général, le procédé de M. […] Ainsi, dans l’article sur Chapelain, on regrette qu’il n’ait pas connu une très-agréable conversation sur les vieux romans racontée et adressée par Chapelain au cardinal de Retz46, et qui vaut mieux que toute la Pucelle. C’est par de telles recherches et par les jours nouveaux qu’elles procurent plus sûrement que par des saillies paradoxales et par des tours de force de diction qu’on parvient à rajeunir de vieux sujets.
Le clergé même a presque abandonné la vieille église trop grande, où tiendraient trois ou quatre églises modernes. […] Les colonnes jaillissent tout droit comme des arbres de sept cents ans (la vieille comparaison est inévitable), et par les arcades de la grande nef on voit les doubles rangs de piliers des nefs latérales pêle-mêle, avec des percées et des allées tournantes comme dans une forêt. […] Cette vieille cathédrale démesurée n’attire point les femmes. […] Je vois beaucoup de vieux messieurs et de jeunes gens à tête de séminariste. […] Il est très vieux, très pâle, très blanc, avec de grands traits austères : un archevêque de vitrail.
La Perse était arrivée, en bannissant les dévas multiples et en les transformant en démons (divs), à tirer des vieilles imaginations ariennes, essentiellement naturalistes, une sorte de monothéisme. […] Avec les complications que le monde avait prises depuis Alexandre, le vieux principe thémanite et mosaïste devenait plus intolérable encore 155. […] Le Sadducéen, qui n’y croyait pas, était, en réalité, fidèle à la vieille doctrine juive ; c’était le pharisien, partisan de la résurrection, qui était le novateur. […] Mais le voisinage des vieux sanctuaires de Silo, de Béthel, près desquels on passe, tient l’âme en éveil. […] La trace de la vieille agriculture palestinienne, avec ses ustensiles taillés dans le roc (aires, pressoirs, silos, auges, meules, etc.), se retrouve du reste à chaque pas.
Chez les poètes, par exemple, nous avions Le Vieux Mendiant du Cumberland de Wordsworth, Le Vieux Vagabond de Béranger, sa Chanson des Bohémiens, — et même sa Chanson des Gueux, si maigre, du reste, quand on la compare à celle de M. […] Chez les conteurs, nous avions l’Edie Ochiltree de Walter Scott, et le vieux Par-les-chemins de Balzac. […] En une foule de pièces, comme, par exemple : Vieille statue, La Flûte, Le Bouc aux enfants, etc., je cherche le ménétrier des gueux et je ne trouve qu’un épicurien, un lettré, un renaissant et même un mythologue, qui croise André Chénier avec Mathurin Régnier et Callot ; Lisez surtout la pièce : Vieille statue : Ô Pan, gardien sacré de cette grotte obscure …………………………………………………… Toi qui ris d’un air bon dans ta barbe de pierre ! […] Pour rester dans la vieille image de la lyre, l’auteur des Blasphèmes a sur la sienne une seule corde qui vaut les sept… et cette corde, qui n’est ni la corde d’or, ni la corde d’argent, ni la corde d’airain, ni la corde de soie, c’est la corde humaine, tirée de nos entrailles, et qu’on lui a niée.
Voilà ce que prouve, avant tout, le dépouillement méthodique des vieilles pierres et des vieux papiers. […] Mais déjà l’âpreté farouche des vieux ascètes s’atténuait d’amour et de suavité. […] La vieille loi romaine et chrétienne paraîtra un jour trop excessive, trop étroite. […] Il ne voulut ou ne put comprendre le généreux idéalisme des « vieilles barbes ». […] Étienne Charavay, ingénieux chercheur, a retrouvée dans de vieilles paperasses.
Un dialogue s’engagea entre le jeune Dumas et le vieux Talma. […] Il me tend la relique très vieille et très charmante. […] Le vieux Nestor agite les noms des héros dans un casque. […] Une vieille inscription nous raconte la touchante histoire de ces enfants. […] C’est un des plus vieux sanctuaires de l’enceinte sacrée.
Sûrement, il y a autre chose… » Le second acte original du jeune Empereur, ç’a été de briser l’homme qui représentait sans doute, en Allemagne, la politique nationale, mais aussi la vieille politique, celle des Richelieu, des Frédéric, des Napoléon, celle qui d’ailleurs a duré beaucoup plus longtemps que les conditions historiques qui la justifiaient, la politique du temps où les groupes humains étaient imparfaitement constitués, où les patries étaient multiples et incertaines, où les peuples pouvaient encore être considérés comme des fiefs et des héritages, où les guerres étaient guerres de princes et non de peuples. Ce colosse, cet homme redoutable et retardataire, prolongateur des haines, pacificateur sur ses vieux jours, mais pacificateur par la crainte et la compression, qui eût dit que le jeune Empereur, jadis son élève favori, oserait y toucher ? […] Mais, s’il la faisait, il pourrait se glorifier d’avoir été, moralement, le plus grand des pasteurs d’hommes, d’avoir accompli un acte prodigieusement méritoire et original, et d’avoir, le premier de tous, rompu avec la vieille politique égoïste et inauguré les temps nouveaux… Notez que si une âme droite, simple et bonne, qui ne serait point de race royale, qui ne serait retenue ni par l’éducation ni par la tradition, si un véritable enfant de Dieu se trouvait subitement, comme dans les contes, élevé sur le premier trône de l’Europe, toutes ces choses extraordinaires et folles, il les ferait, du premier coup, avec sérénité.
Silvestre, Armand (1837-1901) [Bibliographie] Rimes neuves et vieilles, avec une préface de George Sand (1866) […] George Sand Les chants que voici (Rimes neuves et vieilles) sont des cris d’appel jetés sur la route. […] [Préface aux Rimes neuves et vieilles (1866).]
Et puis, pourquoi n’en serait-il pas d’une littérature dans son ensemble, et en particulier de l’œuvre d’un poëte, comme de ces belles vieilles villes d’Espagne, par exemple, où vous trouvez tout : fraîches promenades d’orangers le long d’une rivière ; larges places ouvertes au grand soleil pour les fêtes ; rues étroites, tortueuses, quelquefois obscures, où se lient les unes aux autres mille maisons de toute forme, de tout âge, hautes, basses, noires, blanches, peintes, sculptées ; labyrinthes d’édifices dressés côte à côte, pêle-mêle, palais, hospices, couvents, casernes, tous divers, tous portant leur destination écrite dans leur architecture ; marchés pleins de peuple et de bruit ; cimetières où les vivants se taisent comme les morts ; ici, le théâtre avec ses clinquants, sa fanfare et ses oripeaux ; là-bas, le vieux gibet permanent, dont la pierre est vermoulue, dont le fer est rouillé, avec quelque squelette qui craque au vent ; au centre, la grande cathédrale gothique avec ses hautes flèches tailladées en scies, sa large tour du bourdon, ses cinq portails brodés de bas-reliefs, sa frise à jour comme une collerette, ses solides arcs-boutants si frêles à l’œil ; et puis, ses cavités profondes, sa forêt de piliers a chapiteaux bizarres, ses chapelles ardentes, ses myriades de saints et de châsses, ses colonnettes en gerbes, ses rosaces, ses ogives, ses lancettes qui se touchent à l’abside et en font comme une cage de vitraux, son maître-autel aux mille cierges ; merveilleux édifice, imposant par sa masse, curieux par ses détails, beau à deux lieues et beau à deux pas ; — et enfin, à l’autre bout de la ville, cachée dans les sycomores et les palmiers, la mosquée orientale, aux dômes de cuivre et d’étain, aux portes peintes, aux parois vernissées, avec son jour d’en haut, ses grêles arcades, ses cassolettes qui fument jour et nuit, ses versets du Koran sur chaque porte, ses sanctuaires éblouissants, et la mosaïque de son pavé et la mosaïque de ses murailles ; épanouie au soleil comme une large fleur pleine de parfums ? […] La vieille barbarie asiatique n’est peut-être pas aussi dépourvue d’hommes supérieurs que notre civilisation le veut croire.
— de ce patois qui fut la première langue de sa jeunesse ; car nous autres, gens de province, la première langue que nous ayons entendue a été un patois… Dans ces Récits de la Luçotte, nous n’avons affaire qu’à la première fileuse venue de la Bretagne, rhapsodisant, en tournant son rouet, ses vieilles histoires, et c’est pour cela que, brusquement et de plain-pied, elle est entrée dans ses Récits, sans explication, sans théorie et sans préface, et comme si toute la terre devait aimer le piché qu’elle nous verse et qui va nous griser, pour sûr ! […] George Sand, cette vieille rouée littéraire, qui a roué son époque, et qui se disait avec affectation une campagnarde, était, au fond, trop homme de lettres de la trop bourgeoise Revue des Deux-Mondes pour aborder franchement et sans lourdeur cette littérature de terroir, fortement aromatisée de toutes les senteurs naïves et parfumées d’un pays. […] Et si un tel livre, qui à toute page fait oublier qu’il en est un, n’est au fond qu’un bouquet d’histoires recueillies dans le pays de cette Luçotte, qui est, par le langage, un chef-d’œuvre de vieille paysanne bas-bretonne, il faut féliciter sincèrement la femme qui les a réunies de tous les bonheurs de sa mémoire, et d’avoir gardé si fidèlement l’âme de son pays dans son âme.
Il y avait à Thèbes une vieille femme, parente de Pindare, et accoutumée à répéter la plupart de ses hymnes. […] La vieille femme, une fois éveillée, écrivit tout ce qu’elle avait entendu en songe ; et il fut dit que, dans cet hymne posthume, le poëte, parmi différents surnoms donnés à Pluton, l’avait appelé le conducteur aux rênes d’or , par une allusion manifeste à l’enlèvement de Proserpine. Pausanias, en rapportant la remarque, n’ajoute rien, et n’affirme pas que le génie du poëte se retrouvât dans cette réminiscence de sa vieille parente.
Toute vieille évidence est destinée à s’effacer devant une évidence nouvelle. […] Musique, cela permet l’allitération, vieux procédé qui se peut rajeunir ; cela permet aussi l’assonnance, vieux système aussi, mais que l’on peut adapter aux exigences de notre oreille. […] Fierabras était un géant sarrasin que ses exploits, contés par nos vieux poèmes, ont rendu célèbre. […] Pourquoi ne pas expliquer ces nuances, pourquoi ne pas joindre aux grammaires modernes quelques vieux textes ? […] La langue même, qu’ici le même calque, est plus vieille que le latin définitif, plus usée, plus dépouillée.
Quand je perdis la vieille tante qui m’a élevé, il m’écrivit : « Faites de belles lectures ». […] Voulez-vous voir les grottes, la mer, la vieille ville ? […] Cet homme au rat était un vieux bonhomme qui avait un rat apprivoisé. […] On ferait un volume avec le récit des drôleries dont la vieille abbaye fut le témoin. […] La poussière dansante et lumineuse semblait rendre un peu de vie aux vieilles reliures sévères.
Avec quelle joie émue, il les a chantés sous la triple incarnation familière, légendaire, satanique, — car, parfois, il en prend un au coin du foyer pour le conduire à la messe noire — s’attendrissant sur les vieux chats abandonnés à qui manque le mou mis en pâtée par les bonnes vieilles, donnant des conseils aux plus jeunes, prenant paradoxalement parti pour eux contre leurs victimes ordinaires, le poisson rouge et le serin, les adorant en toute candeur quand ils sont dieux, composant à leur intention des cantiques, des litanies et songeant aux chats obstinément — car la féminité ne perd jamais ses droits — pour un rire félin de brune ou un bâillement rose de blonde.
Pourquoi l’érudit est-il en France, je ne dis pas l’objet de la raillerie des esprits légers ce serait pour lui un titre d’honneur — mais un meuble inutile aux yeux de bien des esprits délicats, quelque chose d’analogue à ces vieux abbés lettrés qui faisaient partie de l’ameublement d’un château au même titre que la bibliothèque. […] Il faudrait avoir l’imagination bien malheureuse pour ne pas trouver quelque fade plaisanterie contre un homme qui passe sa vie à déchiffrer de vieux marbres, à deviner des alphabets inconnus, à interpréter et commenter des textes qui, aux yeux de l’ignorance, ne sont que ridicules et absurdes. […] Comment l’opinion publique serait-elle favorable à la science, quand la plupart ne la connaissent que par de vieux souvenirs de collège, qu’on se hâte de laisser tomber et qui ne pourraient d’ailleurs la faire concevoir sous son véritable jour ? […] Comparez les Analytiques aux Logiques scolastiques de la vieille école, vous retrouverez le même contraste.
Sa publication rentre dans les bonnes et anciennes traditions de la typographie ; et quand, au lieu de ce vieux archiviste des malpropretés du xviie siècle, il nous donnera quelque beau livre tombé en oubliance, comme, par exemple, la magnifique Histoire de Louis XI du grand Mathieu, ce chef-d’œuvre qui fait chrysalide pour la gloire dans la poussière des bibliothèques, d’où il faudrait le faire sortir, nous applaudirons de toute la force de notre plume. […] Il ne frotte pas uniquement le nez des vieilles médailles avec sa manche. […] Il va, il vient, il flâne, il trotte sur les pas de son vieux Tallemant, mais de repli véhément sur soi-même, de réflexion, d’appréciation pénétrante qui ouvre le flanc à cette société qui a la mort dans les entrailles et qui a l’air de vivre si fort, il n’y en a trace nulle part dans la préface ou dans les notes de ce bel esprit superficiel. […] La vieille monarchie des évêques, dont parle Gibbon quelque part, ne s’était pas rajeunie dans la Saint-Barthélémy, dans ce bain de sang qui, dit-on, a la puissance de renouveler, et qui ment parfois à sa renommée.
Ainsi encore l’abbé d’Aubignac, le bravache Scudéry, et Bois-Robert, ce Triboulet du roi Richelieu, ce vieux matou parmi ses jeunes chats ! […] Cette madame Cornuel, bien loin d’être une précieuse, n’avait pas été prude dans sa jeunesse, et, vieille, se moquait de la quintessence. […] Peut-être parce qu’il est plus loin, son bleu paraît plus doux… Fille adoptive de Michel Montaigne, qui avait fourré ses jeunes mains dans le manchon du vieux sceptique, elle les en avait retirées pénétrées de son influence, et cette influence lui était restée. […] Ces sirènes corruptrices mirent des concetti dans le vieux Corneille, et, dans cet invulnérable de goût et de génie qu’on appelle Racine, surent trouver le tendon d’Achille, qu’elles ne coupèrent pas, mais qu’elles énervèrent.
Et si ce n’était encore qu’un vieux républicain de la première heure, sur lequel Lamartine aurait laissé son rêve, comme Lekain laissa son talent sur La Rive, certainement ce ne serait pas très imposant d’intelligence, mais ce serait touchant, comme une folie de sentiment, que cette fidélité obstinée aux illusions de ses beaux jours. […] Il s’y est aigri, comme une vieille fille-dans le célibat. […] pulvérisée, — mais de la propriété encore, et les républicains de l’heure présente — les républicains qui appelaient Victor Hugo « vieux casque », et qui ajouteraient peut-être « à mèche » pour Pelletan, — n’en veulent plus ! […] … Pour eux, Pelletan n’est qu’un vieux jeune homme inconséquent, un bourgeois de 1848, et la preuve, l’opinion que voici : « La France respira — dit-il — sous la République de Cavaignac », et il oublie que ce peuple de Paris, qu’il prend si souvent pour la France, eut le sifflet coupé par le général Cavaignac !
… Feuchtersleben, au nom teutonique, comme son ami Grillparzer, qui révoltait jusqu’au gosier saxon de lord Byron ; Feuchtersleben fut un Allemand de la vieille roche. […] C’était un pauvre souffreteux de naissance, mort, à quarante-huit ans, plus vieux que Fontenelle, qui en avait cent, mais qui s’était tout doucettement trempé dans un égoïsme meilleur que le Styx pour rendre un homme invulnérable. […] Il n’y a donc pas de panacée dans le livre du docteur Feuchtersleben ; il n’y a qu’une vieille thèse prise et reprise, l’action bienfaisante de la pensée sur la santé, — à laquelle on en peut opposer une autre, tout aussi vieille et tout aussi soutenue : l’action malfaisante de la pensée.
… Écoutez Il est bien las, le vieux cheval ! […] Il rêve au gazon vert du parc Où le flot argenté ruisselle ; Mais son vieux cavalier Bismarck Sur son dos se remet en selle. Pâle, dans le flanc du coursier Que serrent ses genoux, il entre Son cruel éperon d’acier ; Il lui laboure son vieux ventre. […] « Pour que nos vieux cœurs allemands· Se repaissent de funérailles, Viens fouler sous tes pieds fumants Des cervelles et des entrailles.
C’est de ce père déjà vieux et remarié en secondes noces avec une personne jeune, mais non plus de la première jeunesse, que naquit Saint-Simon en janvier 1675. […] Le jeune Saint-Simon fut donc élevé auprès d’une mère, personne de mérite, et d’un père qui aimait à se souvenir du passé et à raconter mainte anecdote de la vieille Cour : de bonne heure il dut lui sembler qu’il n’y avait rien de plus beau que de se ressouvenir. […] Dès le début, Saint-Simon fils d’un père antique, et, sous sa jeune mine, un peu antique lui-même, n’a pas de goût vif pour les femmes, pour le jeu, le vin et les autres plaisirs : mais il est glorieux ; il tient au vieux culte ; il se fait un idéal de vertu patriotique qu’il combine avec son orgueil personnel et ses préjugés de rang. […] Il sait rappeler au besoin cette vieille bourgeoise du Marais si connue par le sel de ses bons mots, Mme Cornuel, Tels sont les gens d’esprit aux yeux de Saint-Simon. […] Le maréchal de Belle-Isle le comparait vieux, pour sa conversation, au plus intéressant et au plus agréable des dictionnaires.
Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle I Disons d’abord quelques mots d’adieu à notre vieux poète. […] Mais l’allure de bon vieux satire chrétien, aumônier de soi-même, donneur et brocanteur d’eau bénite, que les mauvais larrons de la littérature affectaient de goûter chez Verlaine et de populariser, ne fut qu’une assez récente et assez courte apparence. […] Déjà Gautier était impassible, malgré ses larmes, quand il écrivait Les Joujoux de la Morte : La petite Marie est morte, Et son cercueil est si peu long Qu’il tient sous le bras qui l’emporte Comme un étui de violon ; ou les Vieux de la Vieille : Si leurs mains tremblent, c’est sans doute Du froid de la Bérésina, Et s’ils boitent, c’est que la route Est longue du Caire à Vilna. […] Loin de songer que Boissier dût l’enterrer, parler, et gauchement parler à ses obsèques, il lui avait lui-même composé cette brève épitaphe : Ci-gît Boissier, ce vieux raseur, Plus connu comme confiseur.
La philosophie éclairée par ses expériences ne dédaignera plus les vieilles doctrines, car les vieilles doctrines sont demeurées dans le genre humain. […] Ce jour religieux qui éclairait nos vieilles basiliques ne nous a point inspiré des hymnes solennels. […] M. de Chateaubriand a pris pour centre d’une véritable épopée deux personnages sans nom ; mais il ne s’est pas encore entièrement affranchi du vieux préjugé classique ; car Eudore descend de Philopœmen ; et Cymmodocée, d’Homère. […] Le génie romantique et le génie pittoresque sont deux frères qui viennent succéder au génie statuaire et au génie classique, vieux monarques dont nous devons encore honorer les cendres augustes quoique nous ne vivions plus sous leurs lois.
Tous les paysans trouvent là leur plus grande gaîté, et nos vieux auteurs ne se gênent pas pour en parler. […] … Un peu de poil, ma vieille ! […] Mais la maison entière en gardait le frisson, scellée à ces vieilles pierres, fondues en elles, vivant de leur sang. […] La mère, étendue dans une sorte de grande caisse de bois, le lit des paysans, et cachée par de vieilles couvertures et de vieilles hardes, semblait tranquille. […] À bas les vieux !
C’était le vieillard amoureux, tombé en enfance, que bernent si cruellement les dames galantes du vieux répertoire. […] Olympe fête l’arrivée de la vieille par un petit dîner clandestin auquel elle invite un aigre fin de sa connaissance, Annibal en habit noir. […] Le rire sonore et franc de la gaieté de Molière alterne, dans ce drame romanesque, avec la passion lyrique de la poésie moderne ; il rajeunit de sa jeunesse les types et les costumes du vieux théâtre. […] Parnajon dégaine et va fondre, l’épée au poing, sur l’insolente invasion ; mais il ne trouve, pour croiser sa vieille lame roturière que la canne ironique et dédaigneuse de M. de Pienne. […] La scène est vive et fière ; elle fait vibrer les nobles sentiments de la vieille France, qui résonnent à nos oreilles, romanesques comme le son d’un cor, héroïques comme un bruit d’armures.
Le vieux et respectable Burnouf père fut mis alors en mouvement et vint le presser à son tour. […] Littré s’exerçait pour son compte et achevait de se rendre maître de notre vieille langue. […] Il existait une scission profonde entre les érudits qui s’occupaient de l’Antiquité et ceux qui commençaient à se soucier du moyen âge, et les premiers professaient un superbe dédain pour les seconds : il semblait que les uns possédassent seuls les trésors et les temples ; les autres n’inventoriaient que de vieux papiers. […] Ce fait essentiel, bien compris et bien appliqué, devient une clef pour l’étymologie et sert de fil conducteur ou de sauvetage dans le naufrage des mots de l’ancien latin, au moment où ils passèrent au roman ou vieux français. […] J’ai écrit moi-même, sur ce sujet des études relatives à notre vieille langue, un travail spécial qui a été inséré dans la Revue contemporaine du 30 novembre 1858 ; je ne puis entrer ici dans le même détail, et je dois courir rapidement.
Sa langue l’atteste non seulement par son antique construction et par sa primitive fécondité, mais elle l’atteste plus encore par ses étymologies, qui la rattachent évidemment à la vieille langue sacrée des Indes, le sanscrit. […] C’était le moment où la vieille littérature naïve de la Germanie se greffait, sous l’influence du grand Frédéric, sur la philosophie et à la littérature de la France. […] Faust est une vieille tradition populaire de la vieille Allemagne, tradition si populaire que le docteur Faust, ce type de l’homme vendu au diable, joue un rôle dans les marionnettes comme épouvantail des petits enfants. […] La scène représente une chambre haute dans un vieux château gothique des siècles de féodalité. […] Va maintenant, ajoute-t-il à part et à voix basse ; crois dans ton orgueil que tu es semblable à Dieu, qui sait le bien et le mal ; suis ce vieux dicton de ton cousin le serpent.
Après le repas, les ouvriers et Mireille prient le vieux vannier de leur chanter un des chants célèbres dans la contrée, dont il charmait autrefois les veillées. — « Ah ! […] » Pendant qu’elle riait là haut en jetant de folâtres cris de joie, Vincent, frappant du pied le trèfle, grimpa sur l’arbre comme un loir. « Mireille, il n’a que vous, le vieux maître Ramon ? […] … » L’entretien s’attendrit entre les deux enfants ; au moment où il va s’exalter jusqu’au délire, on entend la voix grondeuse d’une vieille femme. […] « Il était un vieux pâtre, dit-elle ; il avait passé toute sa vie seul et sauvage dans l’âpre Lubéron, gardant son troupeau. […] De son manteau le bon vieux pâtre se décharge, et, crédule, en l’air le jette… Et le manteau resta suspendu au rayon éclatant. » — « “Homme de Dieu !
Dans cette région de la vieille France située entre le midi et l’ouest, derrière le Périgord, près de la Charente, non loin de l’Océan, s’étend un pays d’habitudes, de traditions, de pauvres cultures, de familles incrustées comme le grès dans la terre, nobles par consentement commun, parce que le château n’est que la première masure du village, et que tout le monde y vient, comme chez soi, chercher ce qui lui manque : bonne amitié, vieilles idées, semailles, aliments, soins, outils, conseils, médicaments. […] Quant à son aspect contemplé du dehors, rien n’annonçait ni prétention ni orgueil dans le style ou dans la construction du Cayla ; il ne se distinguait des grosses fermes du pays que par un porche à moitié démoli avançant sur le perron, par les deux rainures d’un pont-levis sur le milieu desquelles le marteau symbolique de 1793 avait effacé les vieilles armoiries de la famille des Guérin, et par un large pan de toit qui recouvrait le principal corps de bâtiment entre les constructions inégales et successives des derniers siècles. […] Ce sont mille petites figures de braise qui vont, qui viennent, grandissent, changent, disparaissent, tantôt anges, démons cornus, enfants, vieilles, papillons, chiens, moineaux : on voit de tout sous les tisons. […] « Que d’heures sont sorties de cette vieille pendule, ce cher meuble qui a vu passer tant de nous sans s’en aller jamais, comme une sorte d’éternité ! […] Le voilà comme en prison, feuilletant de temps en temps une vieille histoire de l’Académie de Berlin, porte-sommeil, assoupissante lecture !
Un vieux seigneur a épousé la belle vénitienne Portia. […] Songez bien que tous deux Avant qu’il soit longtemps nous allons être vieux. […] comme les vieux airs qu’on chantait à douze ans Frappent droit dans le cœur aux heures de souffrance ! […] Comme on baisse la tête en les trouvant si vieux ! […] L’Allemagne, menacée comme le reste du continent, sentait raviver, non sans cause, ses vieilles animosités nationales contre nous.
Cette protection terrible épouvantait les vieux orateurs. […] Ses essais étaient marqués par une imitation du vieux langage et un goût d’expressions antiques dont Auguste se moquait. […] Le vieux prince prépara de longue main la chute de son favori. […] Et cependant nous n’avons pas, comme les Anglais, le goût de nos vieilles annales, le respect de nos vieilles mœurs, ni surtout l’âpreté du patriotisme insulaire. […] Quand l’originalité a diminué, on ne s’est reporté qu’avec plus d’admiration vers ce vieux modèle si fécond et si hardi.
À la vieille terre d’Égypte, toujours mystérieuse au seuil des civilisations, nourricière des races spiritualistes invinciblement, gardienne des religions et des traditions augustes, il a emprunté le décor de ces courts poèmes et aussi la mélancolie qui, des grands yeux de pierre des Sphynx, se répand encore sur l’humanité comme l’ombre du plus beau rêve que l’homme ait conçu. Dans chacun de ces vers d’une couleur ardente, dont l’envolée fait saigner, dans l’air, l’aile des ibis, on sent l’amour profond de la vieille race disparue et de ses superstitions admirables.
Une série de sept sourimonos : Les Sages des bambous, de vieux sages représentés par des femmes modernes. […] Une tête énorme, à côté d’une tête de vieille femme, au long cou d’un serpent, sortant d’une boîte. […] Une vieille blanchisseuse, son panier sous le bras. […] Un vieillard, fait avec le lavage brutal des vieilles années du peintre. […] Signé : Manji, vieux de 85 ans.
Le gouverneur, le galant maréchal de Richelieu, ne s’occupait plus sur ses vieux jours que d’embellir la ville de monuments splendides. […] « Un vieux coq bien digne d’éloges, aux petits donne le la-mi-la. […] Le col droit, un mouchoir passé entre sa chemise et un gilet, tout chez le bambin, depuis la semelle immaculée de ses bottines jusqu’à la raie correcte du milieu de sa tête, sentait le rassis d’un vieux gandin, d’un vieux gommeux. […] » — Il est fou s’écria Mian, la vieille servante. […] Elle s’appelait Carmen, son père Sérafin Balduque, la vieille bonne Quica.
Comme l’ex-marine royale, vieille bonne marine, ma foi ! […] vous venez faire visite au vieux capitaine ; c’est gentil à vous. […] un vieux soldat, qu’est-ce que ça fait ? […] * * * « Ici le vieux commandant fut forcé de s’arrêter. […] La vue des Gendarmes du roi et des Mousquetaires me fit oublier mon vieux compagnon de route.
C’est un des vrais amis de cette idole à terre, Qui, de son vieux perron, aime à le voir venir, Du fond de l’avenue aujourd’hui solitaire, Dans l’abandon de tous porter son souvenir. […] La vendange joyeuse enivrait la montagne ; Hommes, femmes, enfants, chantant dans la campagne, Cueillaient les raisins mûrs sur les vieux ceps tordus, Ou prenaient leurs repas dans la vigne étendus. […] Auprès des jeunes fleurs souriant aux vieux murs Des beaux livres rangés ainsi que des fruits mûrs, Des oiseaux voletant dans leur cage fleurie, La femme du poète aussi travaille et prie. […] Le vieux manoir réunissait une nombreuse tribu de famille et d’amis de la famille, plusieurs jeunes nièces avec leurs petits enfants. […] D’autres bergers peut-être, ainsi qu’au moyen âge, Sur la montagne iront faire un pèlerinage, Et quelque vieille femme en indiquant le lieu, Leur dira : C’est ici que le miracle eut lieu !
oui, dit la vieille mère, mais il y en a un que vous ne voyez pas et que nous voyons nous, tout comme s’il était là, et à qui nous laissons sa place vide autour de la table. […] moi, je ne saurais pas dire, je pleurerais trop, dit la vieille femme. […] C’est donc à la vieille mère de parler la première, car elle a vu passer bien des ombres du châtaignier sur la bruyère de la montagne, et tomber bien des lits de feuilles mortes sur les racines et sur votre toit. […] Que voulez-vous, mon jeune monsieur, je l’ai entendu dire à mon père et au père de mon père : notre famille est aussi vieille sur la montagne que le rocher fendu qui pleure de vieillesse, comme mes yeux, et que les racines de l’arbre qui ont fendu la roche en se grossissant sous terre. […] monsieur, ajouta la vieille femme pendant que Fior d’Aliza tenait le coffre ouvert pour me laisser voir ces trois chefs-d’œuvre, quels instruments !
Sa délicatesse de vieux lettré plein de belles-lettres classiques est un peu craintive et vraiment pessimiste. […] Pariure, pour pari, est tout aussi légitime que parure ou que le vieux français parléure, malheureusement perdu sans compensation. […] A ce propos, il faut noter la certitude plaisante des dictionnaires à cataloguer les mots sous les vieilles rubriques scolastiques, à les figer dans une fonction unique. […] Le grec classique n’a rien donné directement et n’a rien pu donner au vieux français. […] La forme populaire se retrouve dans médaille, venu de l’italien ; de metallia le vieux français avait tiré maille (monnaie).
Vous vous imaginez à tort que la trivialité est le naturel, et que de vieux mots, qui ne sont plus dans la langue, ajoutent beaucoup à la couleur du style. […] Tout vieux que je suis, je ne me suis point trouvé froid aux grands effets qu’ils ont produits sur le public ; mais ce qui ne m’a pas autant plu, c’est la tristesse de vos joyeux fous. […] Pour votre public la porte s’ouvre gratis et bien avant l’heure indiquée sur l’affiche18, de façon que le vieux public, s’il en reste encore, ne peut trouver à se placer. […] Trop heureux si ces pauvres partisans de la vieille méthode peuvent échapper la vie sauve à la griffe des démons barbus qui les poursuivent de leurs grincements de dents et de leurs hurlements. […] Si les théâtres, pour un vieux peuple, sont devenus une nécessité, un besoin indispensable, il est du devoir du gouvernement de les soutenir convenablement, afin de pouvoir les diriger dans l’intérêt de la morale, des mœurs et de nos grandes institutions.
Il est aussi érudit qu’un vieux savant et son érudition n’est jamais officielle : elle est curieuse, elle est recherchée, elle est originale, moins historique que légendaire, téméraire, hasardeuse, ce qui convient, d’ailleurs, dans le cas présent. […] depuis, beaucoup de vie encore dans ce vieux chêne de poète, mais, franchement, lorsque lis en cette Légende des Siècles, où je trouve des pièces comme L’Abîme, Le Ver de terre, L’Élégie des fléaux, À l’Homme, et bien d’autres qui rappellent les plus purs amphigouris des premières Légendes, et pas une pièce comme Booz, Éviradnus et Le Petit Roi de Galice, il m’est impossible de ne pas voir dans le Victor Hugo de ces secondes Légendes une diminution de la vitalité poétique. […] les vieilles forêts, les vieilles églogues savantes, les vieilles bucoliques Renaissance des Contemplations, voilà ces Chansons des rues et des bois, qui mentent trois fois à leur titre : car elles ne sont ni rues, ni bois, ni chansons ! […] Quand il a repris, dans son poème, la vieille idée de tous les ennemis de l’Église, il l’a faite sentimentale pour la faire plus meurtrière, pour la faire d’un plus large et d’un plus sûr coup de poignard. […] Ils haussent les épaules et ils rient de ce vieux bonhomme qui n’a pas pu laver son génie des souillures immortelles que le Christianisme y a laissées ; car Hugo se sert contre le Christianisme d’un langage que le Christianisme a fait.
Jusque-là, cette poésie, en ce qu’elle avait de particulier, et j’oserai dire d’essentiel, semblait décidément subalterne, inférieure à la prose, incapable dans ses vieilles entraves d’atteindre à tout un ordre d’idées modernes et d’inspirations, qui s’élargissait de jour en jour. […] J’en veux indiquer deux ou trois exemples frappants pour ceux qui savent comprendre : Ulric, nul œil des mers n’a mesure l’abîme, Ni les hérons plongeurs ni les vieux matelots ; Le soleil vient briser ses rayons sur leur cime, Comme un guerrier vaincu brise ses javelots ! […] Le plus beau passage du volume, ces stances du milieu de Namouna, que nul ne se chantera sans larmes, ce Don Juan vraiment nouveau, réalisé d’après Mozart, qu’est-ce encore, je le demande, sinon l’amas de tous les dons et de tous les fléaux, de tous les vices et de toutes les grâces ; l’éternelle profusion de l’impossible ; terres et palais, naissance et beauté ; trois mille71 noms de femmes dans un seul cœur ; le paradis de l’enfer, l’amour dans le mal et pour le mal, un amour pieux, attendri, infini, comme celui du vieux Blondel pour son pauvre roi ? […] C’est de là que vient ce titre la Coupe et les Lèvres ; il y avait chez les Grecs un vers devenu proverbe : Πολλὰ μεταξὺ πέλει ϰύλιϰος ϰαὶ χεὶλεος ἄϰρου, Multa cadunt inter calicem supremaque labra : ce que nos bons aieux traduisaient bourgeoisement : « Entre la bouche et la cuiller il arrive souvent du détourbier. » Et le vieux Caton en son temps disait de même : « Inter os et offam, » entre la bouche et le morceau. […] De nos jours, quand il a abordé certaines parties du règne de Napoléon, ç’a été la critique et l’ironie qui ont prévalu ; il nous a peint des lieutenants de la vieille armée espions, de jeunes fils de famille bonapartistes grossiers ; et sa sublime Prise d’une Redoute n’est que le côté lugubre de la gloire militaire : il n’a pas embrassé, dans les peintures détachées qu’il en a données, l’harmonie de ce grand règne.
Ses personnages ne vivaient pas à la cour, mais aux champs et dans les étables, et on lui pardonnait de se faire fermier, et de savoir le nom rustique des bêtes, de dire la bique, le loquet, de peindre bravement la cuisine, « le tripotage des mères et des nourrissons », et plus intrépidement encore les habits de ses personnages, « le jupon crasseux et détestable d’une misérable vieille. » Il fait entendre les « pétarades » du cheval. […] Il rajeunit les vieilles expressions qui lui semblent avoir des nuances plus fines : chartre, déduit, boquillon, hère, drille, liesse, chevance, lippée, tous ces mots rejetés par l’usage gardent avec eux quelque chose de la naïveté du bon vieux temps. […] Les sons nous pénètrent et retentissent en passions au plus profond de notre coeur ; le monde extérieur trouve encore son écho en nous-mêmes, et notre vieille âme entourée et façonnée par la grande âme naturelle palpite comme autrefois sous son contact et sous son effort. […] Sur l’animal à triple étage, Une sultane de renom, Son chien, son chat et sa guenon, Son perroquet, sa vieille et toute sa maison S’en allaient en pèlerinage. […] Force coups, peu de gré ; puis, quand il était vieux On croyait l’honorer chaque fois que les hommes Achetaient de son sang l’indulgence des dieux.
Mais Jason survint, revenant de la chasse : ému de pitié, comme le bon géant Christophe des légendes chrétiennes, il prit la vieille sur ses épaules et lui fit passer le torrent. […] Sache que selon ce que tu décideras, autant il en arrivera à tes enfants et à ta maison. » — Ces paroles fatidiques retentissent solennellement dans l’âme du vieux roi, il se sent contraint comme par la formule d’une conjuration. […] Nées sous la verge des Pharaons, dans la vallée de l’esclavage éternel, les Danaïdes ne comprennent rien aux scrupules honnêtes du vieux roi. […] » — Le Héraut rit de leur désespoir : — « Criez, lamentez-vous ; dans le vaisseau vous gémirez plus à l’aise. » — Elles appellent les dieux au secours ; mais l’homme d’Égypte, adorateur des vieilles idoles à têtes d’animaux, renie les divinités de l’Hellade et il les méprise. […] Rencontre frappante de la vieille Egypte et de la jeune Grèce.
On se rappelle peut-être dans le vieux poète Mathurin Régnier une admirable satire (la XIIIe), dans laquelle le poète se représente écoutant derrière une porte les odieux conseils que donne la vieille Macette à une jeune fille dont il est amoureux : Macette, qui se croit seule avec la jeune fille, lui parle ainsi, en des vers que le Tartuffe de Molière ne surpassera pas : Ma fille, Dieu vous garde et vous veuille bénir ! […] On trouverait de semblables conseils dans un bien vieux poème français, le Roman de la Rose ; c’est une vieille aussi, qui développe à l’un des personnages allégoriques du roman les préceptes de cette exécrable morale tout intéressée. Ici, au xviiie siècle, ce n’est plus la vieille Macette, mais une Macette plus jeune et plus fine d’esprit, plus fraîche de joue, c’est Mlle d’Ette qui remplit exactement le même rôle auprès d’une jeune femme du monde. […] Je vous jure sincèrement que, depuis que je suis dans le monde, je n’ai pas vu un homme autre que mon mari qui me parût mériter d’être distingué. » — « Je le crois bien, reprit-elle, vous n’avez jamais connu que de vieux radoteurs ou des fats : il n’est pas bien étonnant qu’aucun n’ait pu vous plaire.
On songe, le cœur serré, aux vieilles baraques paysannes de France, en bois, joyeuses et noires, avec des vignes. […] Le plus vieux était un de ces hommes qui, à un moment donné, sont de trop dans leur pays. […] Le vieux, le père, avait là tous les siens, moins sa fille aînée, qui n’avait pu le suivre. […] Ce Vipsanius Minator était un personnage consulaire, vieux romain si entêté de Rome qu’il gêna l’empire. […] Les historiens de la vieille école donnent de ces certificats à tous les princes, qu’ils sachent lire ou non.
C’est cette division, surnommée l’immortelle, qu’il conduisit si vaillamment depuis le camp de Boulogne jusqu’en 1812, jusqu’au moment où il fut blessé à la bataille de la Moskowa, et quand il venait d’être chargé, comme colonel général, du commandement des régiments à pied de la vieille Garde. […] La vieille Garde, rangée sur plusieurs lignes, attendait son nouveau chef. […] Bientôt après arrive le roi de Rome ; Friant veut se lever, mais l’empereur lui posant la main sur l’épaule : « Restez, général Friant ; de vieux soldats comme nous ne se dérangent pas pour un enfant ; ce n’est pas à vous à donner cet exemple, on me le gâtera assez tôt. » L’impératrice entre alors ; même mouvement du général et de l’empereur qui, cette fois, dit au blessé : « Dans votre position, on ne se lève même pas pour les dames. » Puis se tournant vers l’impératrice, il ajouta d’un ton de considération : « Madame, c’est le général Friant. » En quelque occasion où Friant, parlant de ses fatigues et de la crainte qu’il avait de ne pouvoir suffire à de nouvelles campagnes, rappelait que plusieurs de ses anciens camarades étaient depuis longtemps au repos et pourvus de sénatoreries, l’empereur lui dit : « Friant, de braves gens comme nous doivent rester tant qu’il y a quelque chose à faire. » Je laisse à juger si de tels mots, qui n’ont l’air de rien, séduisaient et confirmaient le cœur10. […] Friant prit le commandement de l’infanterie de la vieille Garde dans la seconde moitié de la campagne de 1813, et il ne quitta plus la partie jusqu’à la fin.
L’empire du chant, de la poésie naïve et primitive, n’eut jamais l’étendue et l’importance que jadis il obtint là-bas ; la vieille société antérieure y mettait obstacle ; la théologie, la grammaire, l’histoire, toute grossière qu’elle était, intervinrent au berceau, et entravèrent mainte fois les couplets de poésie par où s’essayaient les modernes instincts populaires. […] Son amour inconstant et un peu sensuel dans sa tendresse en est resté à la bonne vieille mode de nos aïeux, à la mode de ma Mie et du bon roi Henri, avant la nouvelle Héloïse et Werther. […] C’est à ce même fonds social, humain, d’une civilisation plus équitable et vraiment universelle, opposée aux misères de la nôtre, que sont puisées les inspirations si amèrement belles du Pauvre Jacques et du Vieux Vagabond. […] Ainsi, pour exprimer que trop souvent la pauvreté ôte à l’homme le sentiment de fierté et de dignité personnelle, Franklin disait : « Il est difficile à un sac vide de se tenir debout ; » ainsi, dans le Bonhomme Richard :« Un laboureur sur ses pieds est plus haut qu’un gentilhomme à genoux. » Comme Franklin, dont jeune il apprenait le métier à Péronne, dont plus vieux il renouvelle l’ermitage à Passy, Béranger a l’imagination du bon sens. — Un art ingénieux et délicat règne insensiblement dans la distribution du recueil, dans l’ordonnance et le mélange des matières, dans ces petits couplets personnels jetés comme des sonnets entre des pièces d’un autre ton, et surtout dans ce soin scrupuleux de faire revenir tous les noms des amis et anciens bienfaiteurs comme on ramène les noms des héros au dernier chant d’un poëme.
Sa seule malice va à contrarier une vieille revêche, la gouvernante de la merveilleuse Pia, nièce du pape. […] M. de Sacy s’entretenant avec Pascal appliquait à Montaigne un jugement de saint Augustin : « Il met dans tout ce qu’il dit la foi à part ; ainsi nous, qui avons la foi, devons de même mettre part tout ce qu’il dit. » C’est M. de Sacy, c’est la vieille gouvernante revêche qui, catholiquement parlant, avaient raison. […] Que vous appreniez comment Hermann, prince régent d’Alfanie de par l’abdication provisoire de son père le vieux roi Christian, et son frère Otto sont tués dans la même nuit, en chapitre final, le premier par sa femme Wilhelmine, le second par un garde-chasse, cela nous intéressera moins que le tragique fait-divers dont l’histoire d’une des grandes monarchies de l’Europe centrale a été éclaboussée l’autre année ; et j’aime mieux les imaginations successives qui m’expliquent, suivant le gré de l’heure, ce drame princier que l’affabulation de livraison populaire qu’y a, dans une préface qui est tout le roman, ajustée M. […] La description d’un vieux couvent grec n’excède pas le pittoresque des manuels de géographie.
Jamais l’homme, en possession d’une idée claire, ne s’est amusé à la revêtir de symboles : c’est le plus souvent à la suite de longues réflexions, et par l’impossibilité où est l’esprit humain de se résigner à l’absurde, qu’on cherche des idées sous les vieilles images mystiques dont le sens est perdu. […] La foi de l’humanité cependant ne pouvait venir de là, parce que ces vieux cultes avaient beaucoup de peine à se détacher du polythéisme et n’aboutissaient pas à un symbole bien clair. […] De nouveaux textes, prétendant représenter la vraie loi de Moïse, tels que le Deutéronome, se produisirent et inaugurèrent en réalité un esprit fort différent de celui des vieux nomades. […] De saintes personnes, parmi lesquelles on cite un vieux Siméon, auquel la légende fait tenir Jésus dans ses bras, Anne, fille de Phanuel, considérée comme prophétesse 97, passaient leur vie autour du temple, jeûnant, priant, pour qu’il plût à Dieu de ne pas les retirer du monde sans avoir vu l’accomplissement des espérances d’Israël.
Le miel et l’huile découlent de vos rameaux, et les vieilles trouvent en vous de quoi remplir leurs coupes d’un pur nectar qui les endort » — Les Lénées célébraient le raisin mis sous le pressoir. […] Le Dithyrambe se lasse de tourner le pressoir sanglant et capiteux de Bacchus ; il rompt sa chaîne festonnée de pampres, jette son lierre au vent, et va chanter et pleurer, souffrir et s’émouvoir chez les hommes, Le fameux cri de détresse que répéteront longtemps les vieux pontifes du passé : Ουδεν προς Διόνυτον ? […] Les anciens en parlent avec ravissement — « C’est de là », — dit Aristophane dans les Oiseaux — « que Phrynicos a tiré le fruit de ses vers exquis comme l’ambroisie, et les chants si doux qu’il fait toujours entendre. » — Dans les Guêpes, il montre les vieillards se plaisant à fredonner ses refrains antiques, comme à boire un vieux vin qui les rajeunit. […] Mais ces vieux Démons étant en somme vénérables, il fonda pour eux le Drame Satyrique qu’on jouait à la suite de la trilogie.
Puis le lapin se faisait vieux, et son camarade l’avait plus d’une fois surpris à grelotter dans sa fourrure. […] Le vieux lapin, cette rainette et cette grenouille, voilà toute la famille de Rodolphe. […] Tout auprès, un vieux singe, repliant ses deux genoux et plongeant ses bras entre ses deux genoux, s’étudie à se faire petit, petit, dans l’espérance que la mort ne le verra pas. Les chats-huants eux-mêmes, l’orfraie, la chouette, toute la bande des oiseaux funèbres, stupéfiés, se retiennent de leurs griffes aux branches des arbres pour ne pas tomber… Une chauve-souris, qui s’entêtait à voler, sent tout à coup ses ailes se détendre, et va sombrer dans une mare. — Par terre sont éparpillés des crânes et des carcasses de squelettes. — Le dos appuyé contre un vieux tronc, les bras pendants, un homme regarde vaguement devant lui d’un œil hébété par la lourde ivresse de la mort ; un autre serre sa tête dans ses deux mains pour ne rien voir.
comme dit Michelet) et toute mère qu’elle se trahisse encore » fait l’effet d’une vieille fille, à l’imagination de son lecteur. […] Dans Mme Sand, il y a du xviiie siècle, même aux dernières années de sa vie quand elle caressait de sa vieille main de douairière, autrefois charmante, les cheveux des jeunes gens, assis au piano, dans son salon de Nohant ! […] Avec cette air vieille fille que le bas-bleuisme endoctrineur lui a donné, Mme André Léo croit, comme les vieilles filles, à l’amour qu’elle confond avec le mariage, dans sa théorie ; menée, malgré elle, à cette conclusion que le but de la vie, c’est le bonheur du cœur, — la grande idée, hélas !
Une science si fausse et si viciée dans son origine a beau être jugée, par les esprits pénétrants et fermes, comme déjà vieille d’une décrépitude de deux jours, elle n’en paraît pas moins jeune et pleine d’avenir aux jouvenceaux du xixe siècle, et elle exerce une influence dangereuse sur les esprits qui débutent dans la vie intellectuelle, et qui vont prendre leur premier pli dans ce premier livre dont on dépend un peu toujours ! […] Heureusement, Jobez est de cette race d’économistes, et il faut l’en féliciter, qui va du vieux Sully, homme de génie à force de bon sens, au vieux Mirabeau, qui n’eut de bon sens qu’à force de génie, et dont, à distance et à la hauteur où il se tenait de tout, était aussi le vieux Bonald.
Voici peut-être ce qui s’est passé… Le dilettante littéraire rassasié, dégoûté de cette vieille histoire romaine racontée par des copistes et des professeurs, et de l’éternelle sensation théâtrale qu’elle nous cause, a voulu se donner un petit quart d’heure de plaisir en la descendant, sans cérémonie, de son socle, et en la racontant comme il la voyait dans les vaporeux souvenirs de ses lectures, dans les raisonnements et quelquefois les rayonnements de son cerveau ; car c’est là surtout qu’il l’a vue. […] Cette langue chaude, que Blaze de Bury parle si bien, introduit un courant de vie de plus dans cette histoire de choses mortes revivifiées, et, ce que je ne compte pas moins, doit ajouter au déconcertement des vieux classiques, des vieilles gens de goût, ces momies ! […] La vieille corneille de la Revue des Deux-Mondes est bien capable de s’apercevoir avec regret que l’œuf qu’elle a couvé n’était pas un oiseau de son nid.
— et l’autre, c’est le vieux pistolet d’arçon d’un savant qui croit ne pouvoir jamais être, scientifiquement, désarçonné. […] Il a cette vieille goguenardise impie qui se vante d’être tombée du bonnet de Rabelais, dont le génie n’a pas mérité l’outrage d’être rappelé à propos des gargouillades de Rhoïdis, et qui, tombée de ce sublime bonnet, a glissé jusque dans les culottes cyniques de Diderot, pour aller se perdre dans les culottes, plus ordes encore, de l’auteur du Compère Mathieu. […] Ce sujet, en effet, n’est plus qu’une vieille loque historique percée par la science et répudiée par le mépris. […] On a les noms et les opinions de tous ceux qui ruinèrent ce vieux conte… Et, chose particulièrement remarquable et inattendue !
… Était-ce une raison pour essayer, de cette main de vieux journaliste désarmé de son journal, l’œuvre difficile qui tenta Balzac dans le plein de sa maturité, et que Voltaire, qui l’a toujours ratée, appelait une œuvre du démon, quoiqu’il fût pourtant assez bien avec le diable pour y réussir ? […] Dans ce misérable passé qu’abhorre naturellement l’ancien rédacteur de La Presse, les lettres ont tenu trop de place, et elles en tiendront trop peu dans l’avenir qu’il rêve pour qu’en conscience et de bonne foi il estime beaucoup cette vieille amusette des sociétés qui eurent de l’âme et de nobles loisirs. […] Il faut montrer avec quels vieux centons ramassés partout un garde-notes perpétuel a pu s’arranger ces trois actes insignifiants, avec lesquels il a cru prendre patente d’homme de lettres, après avoir, comme journaliste, vendu son fonds. […] La vieille société, cette société qui s’en va du monde et que Μ. de Girardin reconduit jusqu’à la porte avec des injures, a surtout pour expression, dans sa pièce, la marquise de La Rochetravers, mère du jeune marquis Roger, chef de la maison et de la branche aînée, comme l’on disait autrefois.
Il avait l’intérêt de beaucoup de manies : il avait l’intérêt des petites boîtes, des bagues, des tableaux, des estampes, du bibelot enfin, comme on dit maintenant, et qui est devenu la manie aussi de ce pauvre vieux xixe siècle, lequel niaise avec tous ces osselets comme Ferragus idiot avec le cochonnet, dans Balzac. […] Comme Swift, qui fut affreux, à plus de cinquante ans, comme un vieux homme à bonnes fortunes, avec les deux femmes qui l’aimèrent et dont il brisa le cœur par une férocité d’égoïsme qui le déshonora, Walpole a été cruellement dur avec l’unique femme qui l’ait aimé et dont l’amour, le seul amour octogénaire qui ait jamais existé dans l’histoire des cœurs, exalta, humilia et inquiéta tout à la fois ses mille vanités de dandy. […] Alors le vent dispersera toute ma personne du haut de ma terrasse, et la vieille Marguerite — (sa servante) — pourra dire aux personnes qui viendront visiter la maison : Un matin, nous l’avons perdu, Sur la colline accoutumée ! […] « Le duc de Nivernois qui n’avait pas — (dit-il ailleurs) — plus de vitalité qu’un enfant gâté malade… » S’il trouvait les femmes plus sensées, c’est qu’il les jugeait — et peut-être un peu trop — à travers Madame Du Deffand, qui avait certainement plus de raison et de piquant en son petit doigt de vieille fée que tous les encyclopédistes dans leurs abominables caboches !
About a beaucoup dans un ordre d’idées différent, oiseaux moqueurs du même plumage et du même sifflet ; et la Critique, en général, eut pour lui, comme pour ces messieurs, les bontés un peu compromettantes pour tout le monde, que les vieilles femmes qui ne furent pas bégueules ont parfois pour les lycéens. […] Ils sont tout ce qu’on voudra : des feuilletons, des causeries, de vieux jeux de cartes battus et rebattus avec plus ou moins d’adresse ; des entrelacements de ficelles plus ou moins redoublées et dénouées ; des pilules contre l’ennui, arrangées pour s’avaler d’une station à l’autre dans le mouvement d’un chemin de fer, mais ce ne sont pas des livres, des compositions ordonnées et réfléchies, des choses d’observation et d’art. […] Avec deux ou trois conseils, il tiendrait son genre, — l’annonce illustrée, — et la Critique, en les lui donnant, devrait surtout l’empocher de retourner à cette vieille littérature qui a la bonté de s’occuper, en retardataire, des développements et des problèmes du cœur humain. […] About, comme il l’a dit avec agrément dans sa dédicace de Maître Pierre : « Il s’agit d’imiter la mouche qui pique l’écorce des vieux arbres pour y déposer un œuf. » Eh bien !
Il est curieux de la voir, dans cette correspondance, protester à tout propos contre l’idée qu’on pouvait avoir de son crédit : « Je ne suis qu’une particulière assez peu importante ; je ne sais pas les affaires, on ne veut point que je m’en mêle, et je ne veux point m’en mêler. » Tantôt elle se compare avec pruderie à une ingénue de quinze ans : « Je suis un peu comme Agnès, je crois ce qu’on me dit, et ne creuse pas davantage. » Tantôt elle se vieillit avec une complaisance qui fait sourire : « Si vous me voyiez, madame, vous conviendriez, que je fais bien de me cacher : je ne vois presque plus ; j’entends encore plus mal ; on ne m’entend plus, parce que ma prononciation s’en est allée avec mes dents, la mémoire commence à s’égarer ; je ne me souviens plus des noms propres, je confonds tous les temps, et nos malheurs joints à mon âge me font pleurer comme toutes les vieilles que vous avez vues. » Sans croire tout à fait à ce renoncement absolu au monde, on est pourtant forcé de reconnaître qu’il y a dans ce langage de madame de Maintenon plus de manie que d’hypocrisie, et qu’à force de se faire, en paroles, insignifiante et inactive, elle l’était sur la fin réellement devenue. […] C’est moi qui ai désiré ardemment l’archevêché de Paris : quelles terribles affaires avons-nous contre un prélat (le cardinal de Noailles) qui, étant irréprochable dans ses mœurs, tolère le plus dangereux parti qui pût s’élever dans l’Église ; qui désole sa famille, et afflige sensiblement le roi dans un temps où sa conservation est si nécessaire. » Il faut le dire, cependant, cette vénération excessive pour la personne du vieux monarque n’est souvent qu’un devoir d’épouse qui honore madame de Maintenon ; il semble que ce soit le seul sentiment capable d’enlever cette âme froide à elle-même, et d’en tirer des accents de véritable émotion. […] Le même besoin de condoléance et de chuchotage la rapprochait de Villeroi : « Notre maréchal de Villeroi et moi, écrit-elle avec une sorte de satisfaction chagrine, déplorons souvent nos pertes et critiquons tout ce qui se passe. » Le vieux favori mécontent compatissait de grand cœur, comme on peut croire, aux plaintes éternelles de sa désolée confidente, et tous deux se consolaient à l’envi dans ces épanchements lamentables.
Ce sera l’histoire d’un vieux paysan qui fera le partage de ses biens à ses enfants ; ceux-ci, trouvant qu’il dure trop, le pousseront dans le feu à la dernière page. […] Lerond, « vétérinaire de la petite ville d’Arcis-sur-Marne, suivait la « route poudreuse qui conduit au chef-lieu du département, « bercé dans son antique cabriolet, au trot paisible de sa vieille jument Cocote. […] La première Du quartier, quand pointait l’aube aux cieux violets, De sa pauvre boutique elle ôtait les volets… Ô vieille sibylle, dis-je à la dame, extra-lucide, vos malices sont grosses.
Connaître des poètes symbolistes. » Nos vieux châteaux s’ouvraient jadis aux trouvères vagabonds. […] Dans le petit Bottin des Lettres et des Arts (1886), la princesse Ratazzi est classée parmi « les vieilles lunes » et Léonide Leblanc se voyait décerner cet entrefilet au vinaigre : « Étoile pâlissante de l’Odéon, reçoit dans son hôtel, outre la famille d’Orléans, quelques jeunes poètes dont elle emploie la verve à autographier, avec dédicaces, des tambourins, choisis par elle, dans les grands magasins du Louvre. » Il est vrai que les poètes se dénigraient même entre eux. […] Rollinat. — Épouvantail pour vieilles dames spirites.
Aussitôt à bas de nos lits, et bien vite, nous étions dans la rue, notre vieille rue Saint-Georges, où déjà le petit hôtel du journal Le National était occupé par la troupe… Et dans la rue, de suite nos yeux aux affiches, car égoïstement nous l’avouons, — parmi tout ce papier fraîchement placardé, annonçant la nouvelle troupe, son répertoire, ses exercices, les chefs d’emploi, et la nouvelle adresse du directeur passé de l’Élysée aux Tuileries — nous cherchions la nôtre d’affiche, l’affiche qui devait annoncer à Paris la publication d’En 18.. […] La vieille portière de la rue de Verneuil, une vieille larme de conserve dans son œil de chouette, nous disait : « Messieurs, je lui avais bien dit de ne pas y aller… mais il s’est entêté… on l’a arrêté à la mairie du Xe arrondissement. » Nous voilà à la porte de la caserne d’Orsay, où avaient été enfermés les représentants arrêtés à la mairie.
Ses ouvrages auraient pris cette teinte morale, sans laquelle rien n’est parfait ; on y trouverait aussi ces souvenirs du vieux temps, dont l’absence y forme un si grand vide. […] Il donne la main à ses pères et à ses enfants ; il est planté dans le sol natal, comme le chêne qui voit au-dessous de lui ses vieilles racines s’enfoncer dans la terre, et à son sommet des boutons naissants qui aspirent vers le ciel. […] Lui qui s’est élevé avec tant de force contre les sophistes, n’eût-il pas mieux fait de s’abandonner à la tendresse de son âme, que de se perdre, comme eux, dans des systèmes, dont il n’a fait que rajeunir les vieilles erreurs203 ?
ceux qui ont de quoi achèteraient le droit de mourir vieux. […] … Vieux comme tu es, qu’est-ce que ça te coûtait de mourir à ma place ? […] Mais il était déjà vieux quand il a fait cette bêtise-là. […] Cet étrange grenier, où vit tout un monde, où les pigeons perchent sur de vieilles armoires pleines de vieux livres de voyages, est le paradis de la petite Edwige. […] Tous les vieux châteaux lui ont appartenu.
D’un côté du mur la vieille tapisserie fait la portière d’une autre pièce, dans laquelle on entend des cris d’enfants. […] J’ai vu… J’ai vu… À ce moment, la voix de vinaigre du vieux d’Haussonville a monté jusqu’à nous : une voix qui semblait la voix du vieux Samson, jouant le marquis de Giboyer. […] J’ai vu vendre de vieux tapis persans, de vieux morceaux d’harmonieuses couleurs très passées, des 6 000, des 7 000, des 12 000 francs. […] Un ancien curé vivant avec son neveu dans le vieux château de Gié, entre des murs de dix pieds d’épaisseur. […] Le troc accepté, il emportait la robe, et aussitôt en possession de la loque à la splendide couleur, il esquissait sur une vieille toile, en deux heures, son tableau.
J’avais ce soir, en chemin de fer, vis-à-vis de moi, une vieille femme, toute charmante, d’une grâce séductrice. […] Et l’on ne peut s’imaginer la musique harmonieuse de ses paroles, comme soupirées, et l’élégance de ce vieux corps, se remuant avec les mouvements las d’une coquette malade. […] Or, pour le juif, la croix c’est telle somme, l’amour d’une femme du monde c’est telle somme, une vieille savate, c’est telle autre somme. […] Et quelle traduction chez eux de la beauté des femmes du temps, qui est toute monastique, et dont les portraits des jeunes et des vieilles, ont l’air de portraits d’abbesses ! […] Les pieds nus sur les dalles de marbre donnant la diarrhée aux vieux prêtres, un médecin ad hoc séjournait dans une partie du Temple.
— Ces tours-là sont bien vieux ! […] la vieille a raison. […] Donc la Fontaine de Jouvence, 1° nous peint en vieux quand nous sommes jeunes et nous figure en jeunes quand nous sommes vieux ; 2° nous fait véritablement jeunes quand nous sommes vieux et vieux quand nous sommes jeunes, sinon pour très longtemps, du moins pour un temps appréciable. […] Mais le serai-je vieille ? […] Il est furieux de se trouver vieux en face de sa femme redevenue jeune.
Parmi ces messieurs s’est maintenue, de la façon la plus orthodoxe, la religion du vieux jeu. […] Nous dînons dans cette salle, où du temps du vieux Magny, je dînais avec Gautier, Sainte-Beuve, Gavarni, cette salle où il a été dit des choses si éloquentes, si originales. […] Est-ce que je vais devenir, sur mes tout vieux jours, un amoureux de la maîtresse rousse de Barbey d’Aurevilly ? […] Le raccommodement se fit seulement, après la publication de L’Ensorcelée, ce roman chouan, ayant caressé les convictions du vieux chouan, son père, qui s’était décidé à lui écrire : Revenez, monsieur. […] Un vieux bonhomme, à l’accent tudesque, s’approcha de lui, et lui dit : « Jeune homme, vous aurez du talent, mais défiez-vous des salons !
Un propriétaire indifférent lui laissait occuper, au fond de Vaugirard, une vieille demeure menaçant ruine et sur le point d’être démolie. […] Le plancher chavirait sous les pas, mais il y avait un grand jardin avec des arbres profonds, où toutes les graines poussaient en liberté ; assez d’espace pour faire songer aux bois ; des vieux lierres, des coins noirs, des sentiers, des odeurs.
Et là, je trouve un tas de gentilles petites filles, et des vieilles bonnes aux bonnets tourangeaux, et une odeur de pot-au-feu de curé mêlée à une vague senteur de pastilles du sérail : un intérieur à la fois bourgeois et romantique. […] Un vieux bonhomme, peu fortuné et myope, vient tous les jours lire mon feuilleton de Chérie, à la devanture du Gil-Blas, avec une lorgnette de spectacle. […] Il me semble vivre, un moment, dans les fonds fauves d’une de ces vieilles toiles, dont les maîtres vénitiens entourent un couple d’amoureux, pâlement enfiévrés, et aux lèvres, aux regards de sang. […] C’est curieux, le côté laidement vieux de ces petites filles, elles semblent avoir été conçues dans l’ivresse du vin, les batteries de l’amour, la folie bestiale d’un rut alcoolisé. […] Ces vieilles lettres ont même rejeté ma pensée, je ne sais comment, à des années plus anciennes, que celles qu’elles racontaient.
Le vin, le vieux et vrai vin, connu jusqu’ici comme un réconfortant, est tout à fait contraire à la santé, et pourrait être à la rigueur un débilitant, etc., etc. […] Ce soir, il me parlait des intéressantes pages qu’il écrirait, il lui semble, en racontant ses visites à ses vieux parents, quand il va se faire piquer par son beau-père, peignant son état de souffrance abominable dans la rue, puis l’espèce d’apaisement qui se fait chez lui, pareil à ce qui se passe chez le dentiste, quand la vieille bonne lui ouvre, et qu’il entre dans ce calme intérieur, puis l’état vague, hachiché, dans lequel il revient. […] Dimanche 12 septembre Aujourd’hui, un interne de Sainte-Périne parlait devant moi du corps de la vieille femme, mais de la vieille femme qui n’a pas eu d’enfant. […] Il est là la figure tirée, trahissant une noire tristesse, sous la tenue correcte d’un vieux gentleman splénétique. […] Porel disait que sa qualité était d’être de l’essence d’une Parisienne, et d’une Parisienne des vieux boulevards.
Cet homme, aussi respectable par sa piété que par sa docte ardeur, était né en 1683, en Poitou, d’une famille fidèle aux vieilles mœurs. […] Du Pin, cousin de Racine, trouvait le moyen d’être le matin un savant homme, et l’après-dînée un abbé fort coquet ; il faisait sa partie de cartes avec les dames, et ce n’était déjà plus un docteur de la vieille roche. […] Les fabliaux les plus moqueurs florissaient déjà du temps de saint Louis : cette veine est encore la plus sûre et la moins interrompue, quand on veut remonter à l’esprit français des vieux âges. […] Ce qui est certain, c’est que la vieille langue française du Nord, elle aussi, possède, dès le xiie et le xiiie siècle, toutes sortes de récits en vers, dont le Renard est le sujet et le héros. […] … Mais, chez le vieux trouvère, dame Pinte ne plaisante pas ; elle s’avance la première et donne le ton à toutes les autres de sa suite, qui s’écrient avec elle tout d’une haleine : « Pour Dieu !
Dans son éloge de M. de Lamure, Vicq d’Azyr parlant des succès de ce professeur de Montpellier, raconte que lorsqu’on félicitait M. de Lamure déjà vieux sur l’intérêt de ses cours, celui-ci répondait : « C’était dans ma jeunesse qu’il fallait m’entendre. » Et Vicq d’Azyr à ce propos, ramené de quatorze ans en arrière à ses propres souvenirs, ne peut s’empêcher de s’écrier : Combien, en effet, cette jeunesse dont on se méfie tant n’a-t-elle pas opéré de prodiges ! […] Tant que la Société de médecine fut peu considérable, et qu’elle ne consista qu’en une commission de huit médecins, établie pour correspondre avec les médecins des provinces sur tout ce qui avait rapport aux maladies épidémiques et épizootiques (arrêt du Conseil du 29 avril 1776), on la laissa faire ; mais dès qu’on s’aperçut qu’elle prenait de l’extension, et que cette société, créée originairement pour s’occuper des bêtes, en venait à se mêler non moins activement de ce qui tient à la santé des hommes, la faculté de médecine de Paris prit l’alarme, et fit ce que feront toujours les vieilles corporations en face des institutions nouvelles. Un docteur sonna l’alarme et dénonça à la Faculté l’établissement naissant à peine, et qui semblait menaçant déjà ; c’était un vieux Romain qui avait vu s’élever de loin les murs de Byzance, et il la voulait traiter comme Carthage. […] L’enregistrement des lettres patentes concernant l’établissement de la Société (1er septembre 1778), porta au comble l’indignation des docteurs de vieille roche. […] Il devrait en être de même de l’enseignement ; et cependant, d’un bout de l’Europe à l’autre, notre enfance est gouvernée par de vieux usages, par des lois surannées qui ont été faites pour d’autres hommes et pour un autre siècle.
Ramond y fit son apprentissage d’explorateur hardi et léger ; dans ses promenades et ses excursions d’alentour, il exhalait ses rêves de première jeunesse, revoyait en idée les vieux temps évanouis, les comtes et les prélats guerroyants, les beautés recluses et plaintives, et il repeuplait à son gré de scènes touchantes ou terribles les ruines gothiques, les torrents et les rochers. […] Ce d’Olban, qui erre déguisé sous le nom de Sinval, coupable d’un meurtre dans un duel, amoureux d’une jeune fille et, sans le vouloir, aimé d’une autre, quand il voit qu’il a perdu à jamais celle qu’il aime et qu’il porte partout avec lui le trouble et le désespoir, recourt très vite à ses pistolets et se tue sur les ruines d’un vieux château, à la pointe d’un rocher. Un rôle de vieux marin pourtant, le capitaine Birk, oncle d’une des jeunes filles, père adoptif de l’autre, et ami de Sinval, est très bien tracé et fait un contraste qui a du naturel. […] Il faudrait seulement conserver les unités, pour ces gens difficiles et amoureux de la vieille poétique, qui, sans les unités, seraient au désespoir de se laisser attendrir ou amuser. […] » Il eut presque autant de plaisir à voir à Zurich le vieux Bodmer, « le Nestor de la Suisse et le patriarche de la littérature allemande, qui avait conservé le feu, la gaieté de la jeunesse, et qui jouissait à la fois de sa gloire et de ses vertus ».
Elle s’imagine que de connaître les mystères de la déesse la soulagerait ; elle voudrait surtout la contempler dans son secret sanctuaire, voir de ses yeux la vieille idole couverte du manteau magnifique, du voile sacré d’où dépendent les destinées de Carthage ; il lui semble que ce voile défendu et dont le seul contact fait mourir, s’il lui était permis du moins de le considérer, lui communiquerait quelque chose de sa vertu. […] Tunis, la vieille ennemie de Carthage et plus vieille que la métropole, se tient là en face d’elle et de ses murs, « accroupie dans la fange au bord de l’eau, comme une bête venimeuse qui la regarde », et qui lui veut mal de mort. […] De son côté Salammbô, excitée par son propre désir de revoir Mâtho et cédant aux suggestions du vieux prêtre eunuque à imagination libertine, Schahabarim, qui d’ailleurs, à moitié sceptique, à moitié croyant, n’est pas fâché de mettre à l’épreuve la puissance de sa déesse, se résout à aller jusque dans le camp des Barbares chercher le voile. […] Mais pourquoi supposer que la perte du voile et son effet sur le moral des Mercenaires, de ce ramas de bandits et de vieux routiers mécréants, sont pour quelque chose dans cette défaite ?
Cette Académie comprend un certain nombre d’écrivains, (j’en admire quelques-uns) qui se réunissent pour des raisons tout autres que littéraires : prix aux sauveteurs, aux vieux domestiques vertueux, aux riches maîtresses de maison. […] Frantz Jourdain L’Académie française ne me semble ni en décadence, ni en progrès ; comme le nègre, elle continue, et si, comme vous l’affirmez, elle a retrouvé tout son lustre, ce doit être un lustre en fonte malléable, en vieille ferraille, en cuivre oxydé ou en zinc d’art, un lustre où fument, encerclées de bobèches en papier, des cires poussiéreuses et de vieilles chandelles. […] L’Académie française devrait se borner, pour son recrutement comme pour ses prix, à couronner une brillante carrière littéraire et non pas à transformer des jeunes en petits vieux. […] Au sujet de ces prix académiques, M. de Pawlowski remarque que « subventionner les jeunes, c’est forcément détruire leur personnalité et leur imposer un talent officiel, et que l’Académie devrait se garder de transformer des jeunes en petits vieux ».
Lisez son Premier-Né, Le Jour de l’An en famille, les Vieux souvenirs, Les Petites Bottes, — qui rappellent, mais en vieux et en usé, le frais soulier de la Gudule dans Notre-Dame de Paris, — les Bébés et papas et la Première culotte, et voyez si dans tout cela l’enfant n’est pas toujours ajusté, toujours compris de la même manière, aimé pour le plaisir et la peine qu’il donne, — car il y a aussi l’épicurisme de la douleur, — et si la moitié du sentiment paternel, celle que Dieu élargit en la doublant du sentiment de son être, n’est pas restée, pure lumière, étouffée sous le boisseau de la chair ! […] La scène de cette grande pièce en un volume est le château de Manteigney, appartenant au dernier descendant de la grande famille de ce nom, lequel, pour fumer sa vieille terre, comme on disait autrefois, a épousé la fille de Larreau. […] C’est un robuste, agreste et saint pasteur, heureux dans le devoir, jusqu’à l’heure où les Manteigney et leur société de Paris viennent habiter le vieux château. […] Exemple encore : toutes les figures secondaires de cette œuvre, où la Comédie, malgré le Drame, est en dominance, et entre autres cette excellente tête du baron Claudius, cette figure si moderne, qui fait de la haute politique en s’occupant d’assiettes cassées et parle de transformations sociales en cherchant de vieux pots… C’est vraiment parfait ; nous l’avons tous rencontré, ce fantoche.
Un vieux petit employé se lève un dimanche, dans une banlieue, et il met du vin en bouteilles ; et quand toutes les bouteilles sont pleines, sa journée est finie. […] Mauclair fait parfaitement comprendre la justesse de cette vieille métaphore, « la magie du style ». […] Comme une vieille barque arrivée à la fin de la mer… … Ma fortune féminine ! […] , Pauv’ vieux, va… Si qu’on s’rait amis ? […] Enfin, Vieux est une œuvre très imparfaite, ― mais non pas médiocre.
Tout le monde connaît la vieille plaisanterie du paveur en chambre. […] c’est déjà vieux ! […] Dorine, vieille nourrice ! […] Elle n’est pas vieille. […] J’ai eu tort de me servir de ces mots : vieille nourrice !
Il est vieux comme la politique ; et la politique est vieille comme le monde. […] S’il est vieux ou jeune, riche ou pauvre, je ne le sais. […] Assez de vieux arts morts et de vieilles littératures pourries ! […] » Ces jeunes-là me feraient presque aimer les vieux Sarcey. […] Elle était vénérable et charmante, cette rustique demeure, avec son petit jardin, ses vieilles fenêtres, son vieux pignon angulaire, ses vieux murs tapissés de lierre et de plantes grimpeuses.
Le ciel qui l’aimait lui réserva une femme jeune, charmante et belle pour ses vieux jours, et un ami fidèle après sa mort. […] La vieille maison ne renfermait que sa mémoire. […] Un vieux noir, qu’elle avait acquis de quelques deniers empruntés, cultivait avec elle un petit coin de ce canton. […] Lorsque Marguerite eut mis Paul au monde, je lui fis présent, dit le vieux colon, leur voisin, d’un coco. […] Paul va chercher son ami le vieux colon pour aller au-devant de Virginie au point le plus rapproché de la route du navire.
Il se présente au vieux sachem Chactas, qui lui demande son histoire. […] Cela est très vieux. […] Il est d’une vieille famille de Messénie, les Lasthénès, et descendant de Philopœmen. […] Dans l’expression de son orgueil ou de sa vanité, Hugo reste plus « vieille France » que Chateaubriand. […] Ce coin de Bretagne, ces vieilles gens, ces vieilles mœurs, ce château de Combourg, cette enfance rêveuse et passionnée, il n’y a rien au-dessus de cela.
Ce matin, ma cousine, en fouillant dans une vieille armoire où dorment de vieux livres, j’ai mis la main sur un almanach révolutionnaire. […] Pour me renseigner, je tire de la vieille armoire un autre vieux livre : « Les Vies des saints pour tous les jours de l’année, par le R. […] C’est qu’en effet notre misère est vieille comme le monde. […] le pauvre homme, il est d’un trop vieux bateau pour ça ! […] est-ce que la vieille ne va pas boire à la fin ?
Ces vieilles pierres intéressaient sa mélancolie. […] Il finit la vieille histoire et inaugure la moderne. […] Peut-être une vieille rancune historique ? […] Ils sont comme le legs silencieux des vieux âges. […] Le vieux palais accueille lui-même ses hôtes.
Ce qui les garantira de la tentation de faire demain de vieux tableaux de la peinture du siècle passé ? […] La poussière précieuse s’en ira de dessus la toile, moitié dispersée dans les airs, moitié attachée aux longues plumes du vieux Saturne.
Il se préoccupait dès lors de Brantôme, de Rabelais, des vieux auteurs français. […] Nous causerons, lui dit-il, poésie, littérature, et des jeunes et des vieux, des nouveaux d’aujourd’hui et de ceux d’autrefois ; et venant à la peinture : Je te dirai comment Rioult, mon maître, fait Un tableau qui, je crois, sera d’un grand effet : . […] Un jeune beau de la ville de Leyde, un jeune peintre qui croit posséder la plus ravissante maîtresse de la ville, se trouve, minuit sonnant, au moment suprême, n’avoir entre ses bras qu’une horrible vieille, une sorcière infâme. […] En ce temps-là précisément (1833), il était allé se loger avec quelques amis dans la rue et l’impasse du Doyenné, ce reste du vieux Paris, un îlot perdu et oublié dans un coin de la place du Carrousel. […] Devenue libre et maîtresse d’elle-même par la mort d’un vieux parent, elle veut en avoir le cœur net ; elle tente l’aventure, prend un déguisement viril et se lance tête baissée à travers la vie.
On se contenta donc, au lieu de préluder à la grande guerre et, par un coup d’essai immortel, de frayer la route à la campagne de Marengo, de faire une campagne dans le vieux style, le style ordinaire, selon la bonne méthode chicanière, savante, manœuvrière, pied à pied. […] Enfin, pour te le faire court, les ennemis avaient une armée fraîche, entrée en campagne seulement les premiers jours d’août ; ils avaient trente escadrons de la plus vieille et meilleure cavalerie de l’Empereur, et douze des meilleures troupes de M. l’Électeur, et trois vieux régiments de dragons… Ils avaient assurément cent escadrons dans leur armée, cavalerie ou dragons, et quinze à seize mille hommes de pied. […] Nous n’avions dans notre armée que quarante-huit escadrons de cavalerie, dont seulement treize de vieux régiments. […] Lui, il s’y refusa : il avait cinquante-cinq ans ; il était amoureux de sa liberté à laquelle un tel lien porterait une grande atteinte : « Je me fais vieux, écrivait-il à Croisilles, et je me trouve même assez défiguré83. […] « Ce prince, disait Tessé qui le connaissait bien, en sait plus à 27 ans en subtilités, en mauvaises finesses et en indécisions que le vieux duc de Lorraine n’en savait à 60. » Les faibles qui ont de l’esprit apprennent vite la ruse.
Après avoir chanté, j’écoute et je contemple, À l’Empereur tombé dressant dans l’ombre un temple, Aimant la Liberté pour ses fruits, pour ses fleurs, Le Trône pour son droit, le Roi pour ses malheurs ; Fidèle enfin au sang qu’ont versé dans ma veine Mon père vieux soldat, ma mère Vendéenne ! […] Il a compris l’enseignement manifeste de la Providence, l’aveuglement incorrigible des vieilles races, et il s’est dit qu’à l’ère expirante des dynasties succédait l’ère définitive des peuples et des grands hommes. […] Donc, Victor-Marie Hugo naquit en 1802 (26 février), dans Besançon, vieille ville espagnole, de Joseph-Léopold-Sigisbert Hugo, colonel du régiment en garnison, et de Sophie Trébuchet, fille d’un armateur de Nantes ; d’un père soldat et d’une mère Vendéenne . […] Dans le Dernier Jour d’un Condamné, il s’est plu à rappeler le vieux puisard, la charmante Pepita l’Espagnole, et le tome II des Voyages de Spallanzani ; ailleurs il parle de l’escarpolette sous les marronniers ;le dôme gris et écrasé du Val-de-Grâce, si mélancolique à voir entre la verdure des arbres, lui apparaît sans doute encore toutes les fois qu’il se représente des jardins de couvent : c’est aussi dans ce lieu de rêverie qu’il commença de connaître et d’aimer cette autre Pepita non moins charmante, la jeune enfant qui, plus tard, devint sa femme. […] Elle reprit son logement des Feuillantines, et leur fit achever, sous le vieux M. de La Rivière, leur éducation classique : Tacite et Juvénal furent toujours la moelle de lion dont ils se nourrirent.
Le « vieux Suisse » des Délices, le patriarche de Ferney est avant tout un philosophe. […] Voyons les choses dont les petits livrets envolés de Ferney entretiennent le public : ce sont les événements du jour, ceux où apparaît quelque abus, quelque vice social, quelque effet des vieux préjugés et de la tradition oppressive ou fanatique. […] La satire du Pauvre Diable (1738) distribua impartialement de larges volées de bois vert sur les épaules de tous les ennemis du « vieux Suisse », ennemis philosophiques, poétiques, personnels ; jansénistes, jésuites, parlementaires, comique larmoyant, Gresset, Trublet, Pompignan, Desfontaines, Fréron, Chaumeix : que sais-je ? […] Un coupable lui rappelle les autres ; et sur chaque grief nouveau il repasse toutes ses vieilles rancunes. […] Si l’on voulait se représenter ce que notre vieille littérature, purement française, aurait pu donner sans la Renaissance, à quelle perfection originale elle aurait pu parvenir sans le secours et les modèles de l’art antique, je crois que le xviiie siècle peut nous le montrer, et, dans le xviiie siècle, Voltaire.
La toile se lève sur l’atelier de Paul Forestier, un jeune peintre, fils d’un vieux sculpteur. […] C’est une digne et grave figure que celle de ce vieux statuaire incorruptible et fort, comme le marbre que taille sa main laborieuse. […] Léa, d’ailleurs, n’est point une étrangère pour le vieux sculpteur. […] Il parle à son vieux père comme s’il le frappait ; il insulte et il méprise la femme qu’il chérissait la veille. […] Il allonge ses bras jusqu’au bout du monde ; il lui prête la puissance et l’ubiquité d’un Vieux de la Montagne monastique.
reprit le vieux, il n’est plus dedans… Vous ne saviez donc pas ? […] Le vieux Français dirait à notre belle Américaine : Bravo, ma fille ! […] Ma maison, très vieille, et les deux ou trois qui l’entouraient n’existent plus. […] Adieu, cher vieux, à samedi. […] Et puis, c’est toujours la vieille histoire de la paille et de la poutre.
Massenet triomphait, Saint-Saëns était discuté, on se battait presque pour la Danse macabre, c’était le bon temps, comme disent les personnages d’Erckmann-Chatrian, chaque fois qu’on débouche une vieille bouteille, ou qu’ils entendent sonner un vieux coucou historié. […] Cette idée de décadence, elle tenait encore à de vieux errements. […] C’est la vieille heure, l’heure de la rêverie, de la méditation, l’heure longue du repliement sur soi-même qu’il écoute à la cadence voilée des vieilles horloges que collectionne Van Hulle. […] On l’appelait, je crois, le vieux de la Montagne, eh bien… je suis, moi, le vieux de la Forêt. » Nul doute que ce vieux de la Montagne indiqué comme en préparation, à tel début du livre, n’eût apporté, parallèlement à Axel, une autre note, et nous eût démontré dans l’âme de Villiers de l’Isle-Adam plus encore de complexité. […] Il y a mieux ; des recherches dans le sens des vieux fabliaux, et surtout une tentative pour tirer de la vieille chanson de geste française un poème moderne.
Mais la lutte est surtout entre la vieille langue et le latin. […] Et dans la construction des phrases, l’allure si nette, si dégagée de la vieille langue se ralentit, s’embarrasse, s’alourdit, les phrases s’enchevêtrent, se nouent ou filent. […] L’archaïsme et le latinisme s’effacent à la fois et se fondent dans l’aisance spontanée de la phrase française : si bien qu’à vrai dire les vestiges de la vieille langue passent à l’état de licences bizarres, et les formes latines tendent à devenir une question de style plutôt que de grammaire.
Au-dedans, toutes les solutions sociales remises en question ; toutes les membrures du corps politique tordues, refondues ou reforgées dans la fournaise d’une révolution, sur l’enclume sonore des journaux ; le vieux mot pairie, jadis presque aussi reluisant que le mot royauté, qui se transforme et change de sens ; le retentissement perpétuel de la tribune sur la presse et de la presse sur la tribune ; l’émeute qui fait la morte. […] qui bégayent des formules, mauvaises d’un côté, bonnes de l’autre ; les vieilles religions qui font peau neuve ; Rome, la cité de la foi, qui va se redresser peut-être à la hauteur de Paris, la cité de l’intelligence ; les théories, les imaginations et les systèmes aux prises de toutes parts avec le vrai ; la question de l’avenir déjà explorée et sondée comme celle du passé. […] Ce n’est partout, sur le sol de la vieille Europe, que guerres religieuses, guerres civiles, guerres pour un dogme, guerres pour un sacrement, guerres pour une idée, de peuple à peuple, de roi à roi, d’homme à homme, que cliquetis d’épées toujours tirées et de docteurs toujours irrités, que commotions politiques, que chutes et écroulements des choses anciennes, que bruyant et sonore avènement des nouveautés ; en même temps, ce n’est dans l’art que chefs-d’œuvre.
Cet auteur après avoir dit qu’un orateur qui devient vieux peut rallentir sa declamation, ajoute : citons encore ici Roscius, ce grand comedien que j’ai déja cité tant de fois comme un modele d’après lequel les orateurs pouvoient étudier plusieurs parties de leur art. Roscius dit qu’il déclamera beaucoup plus lentement lorsqu’il se sentira vieux, et qu’il obligera les chanteurs à prononcer plus doucement, et les instrumens à rallentir le mouvement de la mesure. […] Ciceron nous apprend dans un autre endroit de ses ouvrages, que Roscius tint parole lorsqu’il fut devenu vieux.
C’est une vieillesse qui n’est pas sans charme que celle que l’on consacre à corriger ses vieux contresens. […] Les vieux amis paraissent un peu ennuyeux. […] Pour ce qui est des vieux amis, s’ils paraissent ennuyeux, c’est peut-être qu’ils le sont devenus.
L’imitation que nous conseillons serait l’imitation servile, « tout au plus bonne à réparer de vieilles phrases comme on répare de vieux souliers, en leur mettant des épithètes neuves », ou encore « à duper les ignorants ou les imbéciles, en transposant avec adresse quelque morceau célèbre. […] Si l’on trouve que c’est là enseigner à réparer de vieux souliers et à mettre des semelles neuves », c’est que nous n’avons pas la même langue, ou que l’on tient réellement, comme il nous le reproche, « à duper les ignorants ou les imbéciles ».
Combien de vieux souvenirs ils m’ont rappelés, et de vieux rêves ! […] poursuit le vieux Mage… Accomplis-toi dans la lumière ! […] La science, voilà donc ce qui abolissait les récits de ma vieille nourrice ! […] Et il y a tant de vieux genres qui ne demandent qu’à servir encore, chers vieux genres commodes et sûrs, si injustement délaissés ! C’est un de ces vieux genres qu’a choisi M.
Il s’agit ou d’imaginer des rapports nouveaux entre les vieilles idées, les vieilles images, ou de séparer les vieilles idées, les vieilles images unies par la tradition, de les considérer une à une, quitte à les remarier et à ordonner une infinité de couples nouveaux qu’une nouvelle opération désunira encore, jusqu’à la formation toujours équivoque et fragile de nouveaux liens. […] Malheureusement, après cet effort vers l’idée pure, les vieilles habitudes mentales retrouvèrent leur empire. […] Il est aussi vieux que les plus vieilles reliques de la superstition religieuse. […] On pourrait reconstituer la vieille religion romaine avec ce que la piété populaire d’aujourd’hui en a conservé. […] Cette innovation hardie a provoqué une vive opposition de la part des défenseurs de la vieille méthode des traductions.
Une vieille femme, façonnée à toute servitude, faisait le ménage et allumait le feu. […] Un vieux jardinier qui le rencontre, un de ses amis, le cache avec Cosette dans sa hutte ; puis Valjean invente une histoire pour faire recevoir et élever Cosette par ces nonnes ; puis il se fait sortir du couvent dans une bière pour tromper la police, enfin enterrer sur la foi d’un ivrogne chargé de le réveiller. […] Elle était restée meublée de ses vieux meubles et toujours à vendre ou à louer, et les dix ou douze personnes qui passent par an rue Plumet en étaient averties par un écriteau jaune et illisible accroché à la grille du jardin depuis 1810. […] La servante était une fille appelée Toussaint que Jean Valjean avait sauvée de l’hôpital et de la misère et qui était vieille, provinciale et bègue, trois qualités qui avaient déterminé Jean Valjean à la prendre avec lui. […] « On apercevait, au lieu de fleurs dans les rameaux et de rosée dans les fleurs, les longs rubans d’argent des limaces sur le froid et épais tapis des feuilles jaunes ; mais de toute façon, sous tout aspect, en toute saison, printemps, hiver, été, automne, ce petit enclos respirait la mélancolie, la contemplation, la solitude, la liberté, l’absence de l’homme, la présence de Dieu ; et la vieille grille rouillée avait l’air de dire : — Ce jardin est à moi !
J’imaginais un vieux moine disant, de longues années après, un soir, à l’heure où toute la ville est rose, et où monte dans l’esprit la pensée du jour fini et celle du passé lointain : « J’étais de ce conseil ; j’y entendis parler don Christophe et, pour la joie de ma vie, je fus de ceux qui l’encouragèrent à partir sur les caravelles. » Hélas ! […] Mais nos vieux héros s’en passent. […] C’est le fond vivace, sous l’amas des préjugés, c’est la vieille générosité française, c’est la belle fraternité chrétienne inconsciente peut-être, qui s’éveille et va au secours. […] Ce qu’elle exprime le mieux, dans ses formules concises, c’est la tradition, l’âme sensée, forte et passablement satirique de la vieille France. […] Nous avons tous, dans nos souvenirs de lectures, quelques portraits d’évêques, de vieux curés de campagne tout blancs, de vicaires agités et ambitieux.
quelle beauté dans cette cour, qui n’est pourtant qu’un cloître militaire où l’art a mêlé les idées guerrières aux idées religieuses, et marié l’image d’un camp de vieux soldats, aux souvenirs attendrissants d’un hospice ! […] La rouille des siècles qui commence à le couvrir, lui donne de nobles rapports avec ces vétérans, ruines animées, qui se promènent sous ses vieux portiques.
Charlemagne n’était pas mort, que l’un de ses vieux soldats faisait déjà en toute naïveté au moine de Saint-Gall le tableau merveilleux des exploits et de la sagesse du grand empereur : la poésie était alors la forme des intelligences. […] Il faut seulement noter que le grand poète, en jetant sur ces vieilles légendes l’artistique perfection de sa forme, les a, si je puis dire, « sublimées » aux dépens du simple bon sens. […] Ou bien l’on démarque des traditions étrangères pour les rendre au sujet que l’on traite : ainsi le chien de Montargis, vieux conte qu’on trouve déjà dans Plutarque et dans saint Ambroise, vient se mêler aux aventures de la reine Sibille, une des incarnations de l’épouse innocente et calomniée. […] C’est le vavasseur Gautier, coiffé de son vieux chapeau, armé de sa lourde massue, monté sur sa jument à tous crins, qui, avec ses sept fils chevauchant des chevaux de charrue, s’en va défendre son seigneur Gaydon43. […] Il rit quand les jeunes apprentis, sentant bouillir leurs instincts de largesse et de bataille, rentrent à la maison sans marchandises, sans argent, montés sur quelque destrier fourbu, une vieille cuirasse au dos, un noble épervier sur le poing.
D’autres fouillaient les antiques souvenirs, les ruines, les arceaux et les créneaux, et du haut de la colline, assis sur les débris du château gothique, ils voyaient la ville moderne s’étendre à leurs pieds comme une image encore propre à ces vieux temps, Comme le fer d’un preux dans la plaine oublié ! […] Le sonnet, non pas le sonnet fade, efféminé, énervé et à pointe des spirituels et minces Fontenelles, mais le sonnet primitif, perlé, cristallin, de Pétrarque, de Shakespeare, de Milton, et de notre vieux Du Bellay, a été remis en honneur. […] M. de Banville, dans cette pièce et ailleurs, n’hésite pas à nommer et à saluer, au rang de ses maîtres divins, un poète qui ne nous saurait être indifférent, le vieux Ronsard. « En ce temps-là, je ronsardisais », écrivait l’aimable Gérard de Nerval au début d’une de ses préfaces. […] Ô ma vieille Font-Georges, Vers qui les rouges-gorges Et le doux rossignol Prenaient leur vol !
Nous sommes avec un esprit sage, prudent, modéré, doué des qualités civiles ; il a ses préférences, ses convictions ; il ne les cache pas, il les professe ; mais nous sommes aussi avec un esprit droit qui ne procède point par voies obliques ; lui du moins, en écrivant l’histoire, il ne songe à faire de niches à personne (ce qui est indigne d’esprits éclairés et mûrs, ce qui fait ressembler des hommes réputés graves, des hommes à cheveux gris et à cheveux blancs, à de vieux écoliers malins tout occupés à jouer de méchants tours à leur jeune professeur) ; il ne pense pas sans cesse à deux ou trois choses à la fois, il ne regarde pas toujours le présent ou l’avenir dans le passé : il étudie ce passé avec scrupule, avec étendue et impartialité, et il nous permet de faire avec lui, ou même sans lui, toutes sortes de réflexions sur le même sujet. […] Les costumes, les uniformes, les appellations étonnent les oreilles comme les yeux ; la vieille armée humiliée et grondeuse ne se peut empêcher de rire. […] Avoir cette singulière mise en train de l’année 1814, vous diriez de vieux ressorts automates, depuis longtemps rouillés, qui se remettent à marcher chacun dans son sens, à tout hasard et sans se correspondre. Comme dans une moralité satirique de la fin du Moyen Âge, le vieux monde qui se réveille, et qui, mal éveillé encore, se frotte les yeux, fait toutes sortes de maladresses et de balourdises, et cogne à tout coup le nouveau monde, qu’il croit absent, évanoui, et qu’il rencontre à chaque pas sans vouloir le reconnaître.
Trente ans plus tard, il revoyait, en courant les Universités des bords du Rhin, et le vieux Greutzer le mythologue, et l’historien Schlosser, et le jurisconsulte Mittermaier. […] Promeneur amusé de Munich à Vienne, de Vienne à Venise, de Venise à Milan, et se reprochant les agréments mêmes du séjour, un certain charme de sociabilité qu’il rencontrait d’autant mieux chez les autres qu’il le portait avec lui, il écrivait encore : « Dans le voyage de la vie, il ne faut pas trop s’approcher aux stations de passage où l’on ne peut pas compter de retourner, parce qu’après tout, et avant tout, il faut compter sur le poste final de la famille et des vieux amis, où nous attendent le dernier banc au soleil ou à l’ombre, et nos derniers tisons. » Il a eu son dernier banc au soleil. […] A cette même date du 7 novembre (1867), un autre de ses vieux condisciples et collègues, M. […] Mes vieilles oreilles un peu dures ne perdent pas une syllabe de votre débit, dont le mouvement vif et naturel captive l’attention du public sans la fatiguer un seul instant… « Quant à votre coquin de Voltaire, vous l’avez très-joliment prêché ; je vous dirais, comme les Italiens, salvo il vero, — c’est-à-dire réserve faite de tous les contraires inhérents à l’exercice des grandes facultés, des ambitions et des activités prodigieuses.
Il est vrai qu’ils sont en Amérique, — ce qui diminue le mérite d’en avoir, — dans le pays qui pare sa jeunesse avec les oripeaux tombés de la tête branlante de la vieille Europe. […] En Angleterre, il n’y avait pas, il est vrai, d’associations comme en Allemagne, mais une vogue immense entourait William Law qui commentait ce vieux Boëhm, si cher aux imaginations des races germaniques. […] Fleur rêveuse de mysticité, il ressemblait à une de ces fraxinèles, à une de ces capucines, timidement phosphorescentes comme on en trouve parfois le soir sur les murs disjoints des vieilles chapelles. […] Doué d’une âme qui fut son génie, on aurait pu dire de lui le mot charmant du vieux Mirabeau : « Qu’il était fait de la rognure des anges. » Mais, puisque des anges sont tombés, une telle rognure ne garantit pas les hommes ; et Saint-Martin, si chrétiennement né, se perdit.
Chateaubriand, qui en était un très fastueux, Chateaubriand, vieux d’âge et plus vieux encore de mépris, avait eu, un jour, la sombre fantaisie d’écrire, par mépris des choses contemporaines, la vie du trappiste Rancé, et son livre avait été sa Trappe, à lui, d’où il nous disait qu’il fallait mourir. […] Quant à Jules Soury, qui a vraiment un nom providentiel pour un rat de bibliothèque, — et l’on m’a dit qu’il en était un, — je ne l’aurais pas encore aperçu dans la poussière des endroits où il gîte, si la Revue des Deux Mondes ne lui avait pas jeté sa vieille serpillière saumon sur le dos. […] Rat de bibliothèque, lui, et même un vieux rat, fonctionnant et perçant et trouant à travers les bouquins depuis des années, il ronge non pas d’une dent superbe, — dente superbo , — mais d’une dent qui a l’habitude de la chose, la bure ou la serge de la Carmélite.
I C’est un vieux mot : « Les livres ont une destinée », et qui dit destinée dit mystère. […] Il y avait même, oubliée et digne de l’être, une vieille pièce intitulée Manon Lescaut, et on l’a remise à la scène, on l’a recampée, ô Rocambole ! […] Mais le vieux diable d’abbé, qui s’est fait à lui-même deux préfaces, et qui se sent un peu gêné dans sa soutane quand elle s’accroche par trop au jupon de Manon Lescaut, se débat et n’entend pas être si candide que le prétend son panégyriste, et n’en est pas moins lié par lui, pour notre édification éternelle, à ce pilori de candeur. […] Le vieux domestique qui l’accompagne murmure bien un peu, — et moi aussi, et vous ?