L’universalité des lois, qui est depuis longtemps un axiome, l’identité de la matière cosmique, qui en devient un autre, nous empêchent de concevoir qu’il y ait des mondes organisés plus moralement que le nôtre : Le ciel s’évanouit quand la raison se lève. […] Donc, pas de paradis dans ces étoiles dont la substance est en tout semblable à celle qui compose notre pauvre globe ; pas même de ciel idéal à conquérir sur cette terre par la perfection morale : cette perfection n’est qu’une autre illusion ; elle est impossible, car le fatalisme qui règne au plus profond des firmaments doit régner aussi dans mon cœur ; ainsi le veut l’universalité des lois qui régissent le monde. — Ici nous devons citer quelques vers d’une habileté rare, malgré quelques obscurités, dans lesquels l’ingénieux et subtil auteur a réussi à enfermer tout le problème du libre arbitre : Seul le plus fort motif peut enfin prévaloir ; Fatalement conçu pendant qu’on délibère, Fatalement vainqueur, c’est lui qui seul opère La fatale option qu’on appelle un vouloir.
Ils l’auraient poignardé, assassiné, torturé jusque dans son ciel, s’ils l’avaient pu, ces Idolâtres à la renverse, qui se croyaient des philosophes ! […] C’est que Diderot, tout matérialiste qu’il fût, avait, après tout, une sensibilité d’artiste, et le pathétique de cette destinée d’un artiste écrasé dans son art, de cette âme de clown foudroyée qui tombe de son ciel comme Phaéton, l’aurait touché et tenté.
Écoutez plutôt Scapin lui-même : « La machine est toute trouvée », et encore : « C’est le ciel qui les amène dans mes filets », etc. […] Exemple, cette description du lever de l’aurore, citée par Jean-Paul Richter : « Le ciel commençait à passer du noir au rouge, semblable à un homard qui cuit. » On remarquera que l’expression de choses antiques en termes de la vie moderne donne le même effet, à cause de l’auréole de poésie qui entoure l’antiquité classique.
Ne pensez pas qu’elles fussent semblables à celles que vous voyez voler dans les airs ; mais, sanctifiées par le saint Esprit, qui descendit autrefois du ciel en forme de colombe, elles ont été faites une hostie digne de Dieu. » M. de Meaux a pris d’Origène une infinité d’endroits aussi doux et aussi tendres, que l’on peut voir semés à toutes les pages du commentaire de ce prélat sur le Cantique des cantiques.
Scherer, de dire tout ce qu’il y a d’agitation dans notre cœur lorsque nous commençons à reconnaître que notre Église et notre système n’ont pas le monopole du bien et du vrai, lorsque nous rencontrons des hommes également éminents et sincères qui professent les opinions les plus opposées…, lorsque nous découvrons qu’il n’y a point d’erreur qui n’ait un mélange de vérité, point de vérité qui ne soit partielle, étroite, incomplète, entachée d’erreur, lorsque ainsi le relatif nous apparaît comme la forme de l’absolu sur la terre, l’absolu comme un but éternellement poursuivi mais éternellement inaccessible, et la vérité comme un miroir brisé en mille fragments qui tous réfléchissent le ciel et dont aucun ne le réfléchit tout entier.
Bossuet n’est que le plus magnifique des vaisseaux de haut bord, voguant à toutes voiles, naviguant à fleur d’eau ; et les tempêtes elles-mêmes, en le précipitant jusqu’aux abîmes, ou en le portant tout d’un coup jusqu’au ciel, ne le lanceront dans aucun Océan inconnu, ne lui feront découvrir aucune nouvelle terre.
Honneur à elle, et à tous ces braves et nets esprits que les dogmes scolastico-religieux et la lettre des textes n’ont point arrêtés dans l’examen de la nature, dans l’inspection du ciel, dans la découverte de ses lois !
Le ciel n’est plus pour nous la voûte, Mais l’infini !
Sacrifice pénible et méritoire à l’âme, Non pas sur le haut mont, sous le ciel étoilé, D’un Isaac chéri, sans autel et sans flamme Chaque jour immolé !
Les Grecs et les Troyens acharnés qui se disputent la muraille du retranchement, les uns sans réussir à la forcer tout entière, les autres sans pouvoir décidément la ressaisir, ce sont « deux hommes qui disputent entre eux sur les confins d’une pièce de terre, tenant chacun la toise à la main, et ne pouvant, dans un petit espace, tomber d’accord sur l’égale mesure. » Les deux Ajax qui, ramassés l’un contre l’autre, soutiennent tout le poids de la défense, ce sont « deux bœufs noirâtres qui, dans une jachère, tirent d’un courage égal l’épaisse charrue : la sueur à flots leur ruisselle du front à la base des cornes, et le même joug poli les rassemble, creusant à fond et poussant à bout leur sillon. » Ailleurs, à un moment où les Troyens qui fuyaient s’arrêtent, se retournent soudainement à la voix d’Hector, et où les deux armées s’entre-choquent dans la poussière : « Comme quand les vents emportent çà et là les pailles à travers les aires sacrées où vannent les vanneurs, tandis que la blonde Cérès sépare, à leur souffle empressé, le grain d’avec sa dépouille légère, on voit tout alentour les paillers blanchir : de même en ce moment les Grecs deviennent tout blancs de la poussière que soulèvent du sol les pieds des chevaux et qui monte au dôme d’airain du ciel immense. » Voilà bien le contraste plein de fraîcheur au sein de la ressemblance la plus fidèle.
La nature de France, les bords de la Seine, les îles de la Marne, tout ce paysage riant et varié d’alentour se mire en sa poésie comme en un beau fleuve ; on sent qu’il vient de Grèce, qu’il y est né, qu’il en est plein : mais ses souvenirs d’un autre ciel se lient harmonieusement avec son émotion présente, et ne font que l’éclairer, pour ainsi dire, d’un plus doux rayon.
Je vis, grâce au ciel, sans reproche ; tel en Hollande qu’à Paris, point dévot, mais réglé dans ma conduite et dans mes mœurs, et toujours inviolablement attaché à mes vieilles maximes de droiture et d’honneur.
Cependant ils consolent les hommes ; la bonté, la piété, le pardon coulent de leurs lèvres en suavités ineffables ; les yeux levés au ciel, ils voient Dieu et, sans effort, comme en un songe, ils montent dans la lumière pour s’asseoir à sa droite.
Vis-à-vis des personnages réels, il se perdait dans l’admiration et dans la louange, élevait les gens jusqu’au ciel, les y installait à demeure. « Savez-vous bien que, pour peu que j’aime, je ne vois les défauts des personnes non plus qu’une taupe qui aurait cent pieds de terre sur elle ?
Ils ont dans le livre une confiance touchante : ils n’oseraient le soupçonner de mensonge ni d’erreur ; la pensée imprimée, devenue comme impersonnelle, et n’ayant plus pour leurs oreilles le son de la voix humaine, prend par ce détachement l’apparence d’une vérité qui tombe du ciel.
« Le premier serment que se firent deux êtres de chair, ce fut au pied d’un rocher qui tombait en poussière ; ils attestèrent de leur constance un ciel qui n’est pas un instant le même ; tout passait en eux, autour d’eux, et ils croyaient leurs cœurs affranchis de vicissitudes.
Il est bien fils de cette race qui a vécu si noblement, de la vie la plus naturelle et la plus cultivée à la fois, de cette race qui n’a point maudit la chair et qui n’a répudié aucun des présents du ciel.
Il en est d’elle comme du ciel pour la terre, il est dessous et dessus, tout autour.
Elle était forte, et défiait le danger ; elle était confiante et résignée, et ne demandait au ciel que des jours pareils aux jours évanouis ; et voici que tout à coup la vaillance de cette femme s’est affaissée ; voici que son espérance a fléchi comme le peuplier sous le vent qui passe.
Au nord, les ravins neigeux de l’Hermon se découpent en lignes blanches sur le ciel ; à l’ouest, les hauts plateaux ondulés de la Gaulonitide et de la Pérée, absolument arides et revêtus par le soleil d’une sorte d’atmosphère veloutée, forment une montagne compacte, ou pour mieux dire une longue terrasse très élevée, qui, depuis Césarée de Philippe, court indéfiniment vers le sud.
Ô Père, sauve-moi de cette heure 1061. » On croyait qu’une voix du ciel à ce moment se fit entendre ; d’autres disaient qu’un ange vint le consoler 1062.
Un Fénelon gâté et sans aucun frein, une manière d’Ovide à demi mystique, parlant du ciel et s’occupant de la terre, vous êtes-vous jamais figuré une combinaison de ce genre-là ?
Les duchesses de Charôt, de Chevreuse, de Beauvilliers, de Mortemar, toutes femmes de piété, s’intéressèrent à la délivrance d’une dévote faite pour amener le ciel sur la terre, & la changer en un séjour de calme & de félicité parfaite.
L’histoire des peuples éloignés de nous à des distances considérables, & sous un ciel différent du nôtre, nous transporte dans un monde où tout est nouveau à nos yeux.
Nous avons voulu nous expliquer cette puissance d’un esprit si particulier, souillé par une détestable philosophie au plus profond de sa source, qui n’a ni la naïveté dans le sentiment, ni l’élévation souveraine (car, pour être élevé, il faut croire à Dieu et au ciel), ni aucune de ces qualités qui rendent les grands esprits irrésistibles.
Homme qui se déplace bien plus qu’il ne voyage, il a déjà bu, les yeux mi-clos, à cette large coupe de la Contemplation sous le ciel bleu, et il l’a trouvée d’un goût si friand qu’il y revient encore tout en se grondant d’y revenir.
Sans doute ces riantes apparitions s’effacent bientôt sous les nuages sombres et gris que l’expérience et le désenchantement font monter au ciel quand, on s’éloigne du matin de la vie. […] Feuillet a fait de Sibylle une figure entre le ciel et la terre, altérée d’idéal, succombant sous la lourde atmosphère de la réalité ; apparition lumineuse qui éclaire tous les esprits et purifie tous les cœurs dont elle approche. […] Point de Dieu, point d’âme, point de ciel, point d’enfer ; la vie, cette minute dans le temps, s’écoule pour l’homme, cet atome dans l’espace, entre deux néants. […] Il regarda le ciel, et une larme germa lentement dans ce regard. […] Après un silence, le vieillard leva un doigt vers le ciel et dit : “L’infini est.
La conscience de son néant terrestre l’effrayant et l’exaltant tout ensemble, il relevait ses regards pleins de larmes vers ce ciel qu’on avait tenté de lui fermer. […] La société frissonnait à ces cris de la chair révoltée, de la pauvreté furieuse réclamant sa part de jouissances immédiates et de voluptés terrestres, fût-ce en dévorant tout ce qui la séparait des visibles objets de sa convoitise : il fallait lui demander si, en dépeuplant le ciel, en égarant les âmes dans la décevante chimère des systèmes philosophiques ou en les rejetant vers la terre et vers la fange, on ne les avait pas condamnées ou à se débattre dans la haine et dans le désespoir ou à vouloir à tout prix leur somme de bien-être et de bonheur ici-bas. […] — L’église, c’est l’azur, lui dis-je, et quant au prêtre…… En ce moment, le ciel blanchit. […] On part, on va, on monte, l’air est vif, le soleil est radieux, le vent favorable ; on dépasse les nuages, on touche aux étoiles, on est dans le ciel, on s’y explique avec Dieu ; que dis-je ? […] La jeune intelligence qui n’entrevoit pas la possibilité du doute, l’intelligence vieillie qui en a connu les tourments et les amertumes, peuvent-elles avoir un bien plus précieux que cette liberté de croire, qui est à la liberté de penser ce que le port est à la vague, ce que l’azur du ciel est aux nuées chassées par le vent ?
Veux-tu dans un seul nom embrasser le ciel et la terre ? […] ce ciel ! […] Car s’il était, dès le principe, tout au ciel, il n’aurait pas à lutter contre l’homme qui doit être en lui ; et, où il n’y a pas lutte, il n’y a pas drame. […] « Aux promesses du ciel pourquoi renoncez-vous ? […] Ô Dieu du ciel, puisses-tu le confondre !
Oui, à moins d’aller au ciel tout vivant. » Viennent alors la ballade des dames et celle des seigneurs du temps jadis : Mais où sont les neiges d’antan ? […] Rien qu’à la regarder le chagrin s’en allait, Et comme un ciel d’été mon âme s’étoilait. […] L’homme qui vit entre le ciel et la vague, qui a toujours présente à la pensée l’immensité du monde et la fatalité des forces naturelles, qui, par métier, affronte l’inconnu et le mystère, et qui, presque à chaque heure, sent planer sur lui la mort, cet homme a malaisément l’âme vile. […] Verconsin est la robe de toile ou d’organdi, petites fleurs bleues sur fond crème, corsage à la vierge, qui a fait honte au ciel pluvieux. […] Mais justement Nouméa vaut bien mieux : on y jouit d’un ciel pur et d’une flore de Robinson suisse, on y devient colon et planteur, on y mange des ignames et des goyaves, et l’on y épouse la femme qu’on aime… Et c’est pourquoi, à chaque dénégation de Bicoquet, Me Jacquin se jette sur lui en criant : « Que faites-vous ?
Balzac parle agréablement d’un de ces poètes « qui n’appelait jamais le ciel que la calotte du monde ; qui rimait toujours trope à Calliope ; qui n’eût pas voulu changer cil pour celuy, la mesure du vers le lui eût-elle permis ; qui tenait bon pour pieça, pour moult, pour ainçois, contre les autres adverbes, plus jeunes, disait-il, et plus efféminés75. » Mais ce poète était fort vieux, et il avait pu connaître Ronsard. […] a Chacun admire en ce visage a La lumière de deux soleils : « Si la nature eût été sage, « Le ciel en auroit deux pareils. » La pièce finie, Chapelain se loue de l’art qu’il y a déployé : Je n’ai fait que vingt vers, mais vingt vers raisonnés, Magnifiques, pompeux, justes et bien tournés. […] La comtesse en a deux : c’est au ciel une honte Qu’un visage ici-bas en soleils le surmonte. […] Même si, pêle-mêle avec les élémens, Le ciel d’airain tomboit jusques anx fondemens, Et que tout se froissât d’une estrange tempeste, Les éclats sans frayeur leur froisseroient la teste.
Même à supposer que l’aventure fût véritable, il n’aurait pas cru pour cela mériter le feu du ciel. […] Son éclair, en m’ouvrant le ciel de l’art avec un fracas sublime, m’en illumina les plus lointaines profondeurs ». […] Mais, est-ce que Byron lui-même n’a pas chanté les ruines et le ciel d’Italie ? […] Il a magnifiquement chanté les cathédrales, où l’esprit « gonflait les voûtes et soufflait les tours vers le ciel ». […] D’autre part, assurément, il y a autre chose ici-bas que la littérature, et il n’est certes pas à souhaiter que tout le monde en fasse : le ciel nous en préserve !
) Là « on va plus vite que le vent par-dessus les nues et par-dessous les eaux. » La femme vertueuse pénétrera les nues et tous les cieux, à savoir « le firmament, le ciel cristallin et le ciel empyrée ». […] A ses jeunes désirs j’ai toujours consenti, Et je ne m’en suis point, grâce au ciel, repenti. […] « … Et les peuples allaient se demandant entre eux : quel est donc ce mortel, jeune, doux, pareil de visage au premier consul, et qui fait germer de nouvelles fleurs dans le champ du ciel, rien qu’en touchant les cordes de sa lyre ? […] Et don Arias à la reine : La douleur sanctifie et nul ne pleure en vain ; Toute croix touche au ciel ; tout Calvaire est divin. […] Le siècle du désir, plein du réveil des choses, Aimant l’or et le sang, les femmes et les roses ; Jetant aux vents du ciel les effluves brûlants De la sève qui monte et bouillonne en ses flancs.
Dieu, irrité des crimes qui se commettent à Sodome et à Gomorrhe, se décide à lancer le feu du ciel sur ces deux villes. […] De temps à autre, pendant ces trente années, quelques tragédies, quelques comédies se produisirent sur la scène, comme des éclaircies de beau temps à travers un ciel encore nuageux. […] ciel, que de vertus vous me faites haïr. […] Osez les regarder, aimable Iphigénie ; Vers le ciel, levez vos beaux yeux, Leur douceur me répond d’une si belle vie. […] Certes, jamais portrait ne ressembla moins que celui-ci au roi Charles VIII, qui n’avait guère de marine, que l’univers était loin de redouter, et auquel le ciel ne promit jamais la conquête de l’univers.
Byvanck qui vit là, sous un ciel humide et doux, est un savant pensif, que la pratique des livres n’a point détourné de l’étude des hommes et qui, tout philologue qu’il est, s’intéresse au mouvement des idées. […] Et plus ses excès se multipliaient, plus il s’entêtait dans sa fierté de Titan escaladeur du ciel, jusqu’à ce qu’un beau jour la police vînt à s’en mêler et, l’enserra derrière une grille forte. […] Il espéra pendant quelque temps que la femme qui lui avait donné l’avant-goût du ciel puiserait dans son amour assez d’énergie pour le conduire sûrement à travers la vie. […] Je me suis promené sur les quais de la Seine ; le ciel était sombre, la rafale me cinglait le visage ; de temps en temps on ne voyait rien devant soi, mais c’était là le moindre de mes soucis. […] L’eau n’était qu’une tache sombre ; une ligne vague dessinait les faîtes des maisons du quai contre l’obscurité du ciel ; l’église Notre-Dame était une masse informe, montant confusément dans le gouffre noir de la nuit.
Mais de lourds nuages montaient dans le ciel et l’orage éclata. […] Il lève les yeux au ciel et finit par un soupir207. […] Le Hasard, comme une noire fumée, plane au-dessus des choses et bouche la vue du ciel.
Il leur dit « qu’il ne doutait pas qu’ils ne l’eussent tous appris d’eux de la même sorte, et qu’ainsi ils auraient connu comment leur défunt monarque avait rendu l’esprit, sans avoir déclaré par écrit ni de vive voix auquel de ses deux fils il laissait le sceptre, et que, par cela, il était de leur devoir de procéder à cette élection au plus tôt, tant pour ne laisser davantage dans une condition privée celui des princes à qui la Providence avait destiné la couronne, que pour mettre l’État en sûreté, qui courait toujours fortune tandis qu’il n’aurait point de maître, vu qu’il en était des monarchies comme des corps animés, qu’un corps cesse de vivre au moment qu’il demeure sans tête, un royaume tombait dans le désordre au moment qu’il n’avait plus de roi ; que, pour éviter ce malheur, il fallait, avant de se séparer, élire de la sacrée race imamique un rejeton glorieux qui s’assît au trône qu’Abas II venait de quitter pour aller prendre place dans le ciel ; que ce monarque, de triomphante mémoire, avait laissé deux fils, comme il s’assurait que personne de ceux devant qui il parlait ne le révoquait en doute, l’un, Sefie-Mirza, qui était venu au monde il y avait environ vingt ans, et avait été laissé dans le palais de la Grandeur en la garde d’Aga-Nazir ; l’autre, Hamzeh-Mirza, âgé de quelque sept ans, qui se trouvait ici près d’eux à la cour, sous la garde d’Aga-Mubarik, présent en leur assemblée ; que, de ces deux, après avoir invoqué le nom très-haut, ils choisissent celui que le vrai roi avait préparé pour le lieutenant du successeur à attendre. » Par ce successeur à attendre, les Perses veulent dire le dernier des imaans (îmâm), qui est dans leur opinion comme leur Messie, dont ils attendent à tout moment le retour. […] Mais, lorsqu’il vit que tous ceux de l’assemblée lui déféraient (car en effet cet honneur, à cause de sa dignité, lui appartenait), et qu’applaudissant à son discours, et levant les yeux au ciel, ils ne faisaient que répéter le Bism allah’ (Bismîllah), Ainsi soit-il ! […] La Providence nous a mis entre les mains Hamzeh-Mirza ; que nous reste-t-il plus, que suivre ses ordres, et d’aller dès ce moment élever ce favori du ciel au trône sacré du prince du monde. » Après que le premier ministre eut prononcé ces paroles, il ne laissa pas peu à penser aux autres seigneurs d’où lui pouvait être venu ce sentiment ; néanmoins, comme c’était une personne qui avait toujours vécu dans une haute estime de probité, et que son âge déjà avancé et sa longue expérience dans les affaires le rendaient très-considérable, on ne soupçonna point que l’avis qu’il donnait fût intéressé, ni qu’il y fût porté par d’autres motifs que ceux qui regardaient le bien de l’État, vu principalement qu’il n’avait rien avancé que toute la compagnie n’estimât très-véritable.
J’ai beau tourner les yeux vers le passé, je ne l’aperçois qu’à travers la fumée de la houille, condensée en nuées épaisses dans le ciel ; j’ai beau tendre l’oreille aux premiers chants de la poésie humaine, les seuls qui méritent d’être écoutés, je les entends à peine, grâce aux clameurs barbares du Pandémonium industriel. […] Imagination abondante, intelligence douée de mille désirs ambitieux et nobles, mais changeants, plutôt que d’aptitudes réelles ; nature d’élite, destinée heureuse, éclatante, qui s’est levée dans un ciel pur et beau comme elle-même, et qui se dissipe maintenant dans une nuée sombre avant de descendre sous l’horizon ; homme rare assurément, poète souvent très admirable, M. de Lamartine laissera derrière lui, comme une expiation, cette multitude d’esprits avortés, loquaces et stériles, qu’il a engendrés et conçus, pleureurs selon la formule, cervelles liquéfiées et cœurs de pierre, misérable famille d’un père illustre. […] Une émotion sublime s’empara de toutes les consciences, et l’enthousiasme fit vibrer le monde, comme si l’on eût vu pour la première fois la réconciliation du ciel et de la terre !
« … Et maintenant là-haut, c’est l’empire de l’aile, jusque là-haut, tout là-haut… « … Là-haut les portiques s’ouvrent à pic sur mon extase, le ciel rayonne ; là-haut c’est l’Esprit, là-haut c’est l’Amour, là-haut c’est la Couronne. […] Pendant qu’emporté par le vent ton corps dévorera les distances, de ton âme s’élèveront, pour essayer d’escalader le ciel, les vagues de passions gigantesques. […] Tous les grands artistes organisent, en effet, l’univers suivant le rythme qui leur est propre, et c’est en cela qu’ils sont créateurs, au même sens qu’on peut dire que Dieu est créateur, si on appelle Dieu la force permanente et éternelle qui organise durablement l’univers, qui maintient la loi d’attraction entre les astres qui évoluent dans l’infini du ciel, et qui empêche partout la vie de se décomposer et de se dissoudre.
En ce temps-là, il n’y avait pas loin du ciel à la terre ; il descendit parmi les mortels et dit à nos philosophes : « C’est fort bien à vous de refaire mon œuvre et je veux vous aider. […] Anatole France jette un coup d’œil rapide et perçant dans le mystère qui nous environne : il nous emporte d’un bond dans l’infini du ciel, ou bien il plonge hardiment au plus profond des temps passés ; derrière un problème de morale ou d’art, il laisse entrevoir tout à coup de lointains arrière-plans où le regard se perd. […] Il préfère les paysages voilés que la brume revêt d’une douceur mystérieuse en tempérant l’éclat du ciel et en estompant les contours des choses. […] Il voudrait s’envoler dans le bleu du ciel, et son âme atteinte par le doute retombe sur terre, comme un oiseau blessé. […] Au dehors, c’est un ciel de brouillard et de suie qui pèse sur la ville où se déchaîne la foule brutale40… » Et il s’amuse à évoquer longuement la belle liseuse et ce qui l’entoure, quitte à rendre bientôt la parole au critique pour qu’il tire les conséquences de cette évocation inattendue.
Dans Chateaubriand, c’est l’idée de vie ; elles brillent et elles tremblent, mais comme un collier de diamant sur une gorge nue ; le monde s’anime, la nuit est une femme couchée au-dessus de la terre … On trouve cela, quand on a une grande sensibilité et quand on a longtemps, depuis son enfance, contemplé le ciel nocturne ; on ne trouve pas cela en s’essayant, selon la méthode Albalat, à réparer de vieilles phrasés, comme on répare de vieux souliers, en leur mettant des épithètes neuves, en leur mettant des semelles neuves. […] Les mots abstraits eux-mêmes se symbolisent en des figures, en des gestes : l’infini sera une vue de la mer, d’un ciel constellé, ou même une représentation, nécessairement arbitraire et absurde, mais visuelle, des espaces interplanétaires. […] Qu’un poète dise les vaches pour les nuages, parce que les nuages nourrissent la terre de leur pluie, comme les vaches, l’homme de leur lait, et qu’il appelle l’aurore la mère des vaches15, à cause que le ciel oriental est souvent nuageux le matin, c’est un effort dont nos littératures sont à peine capables depuis un siècle. […] Je transcris littéralement16 : « Devant la moitié orientale du firmament humide, la mère des vaches a fait la lumière, elle s’est répandue elle-même de plus en plus large, remplissant les seins du père et de la mère (le ciel et la terre)… — Cette fille du ciel paraît soudain à l’est, vêtue de lumière ; le long du chemin de l’ordre elle va droit au but ; comme qui connaît la vraie voie elle ne séjourne pas dans les régions du ciel … — … Comme une femme désirant son mari, l’Aurore bellement parée, souriante, déclôt son sein … La vierge qui brille à l’orient attache au timon le joug des vaches rouges ; haut maintenant elle éclate, droit va sa lumière ; le feu visite chaque maison … — A ton apparition, les oiseaux quittent leur nid, et les hommes qui cherchent aussi leur nourriture ; celui qui demeure à la maison, tu apportes beaucoup de bien, Aurore divine, à ce pieux mortel. » La métaphore est très rare dans la Chanson de Roland 17. […] L’âme des vierges martyres s’envole sous la forme d’une colombe ; « In figure de colomb volat a ciel » dit Le Cantilène de sainte Eulalie .
La mer est toute grise sous le ciel gris. On ne sait pas où commence la mer et où finit le ciel. […] Hugues le Roux le disait dans une élégante Chinoiserie : “Toutes les choses de ce monde sont réverbérées, les ponts de jade dans les ruisseaux des jardins, le grand ciel dans la nappe des fleuves, l’amour dans le souvenir. […] Ils l’aiment pour sa physionomie ondoyante, ses aubes laborieuses, ses pleins ciels, ses crépuscules indécis, ses alanguissements, ses sommeils, ses éveils, ses voix, son inconnu. […] Ceux-là, au contraire, ne nous abaissent que pour nous relever ; et, plaçant dans le ciel notre point d’appui, ils nous apprennent à contempler sans découragement, du sein même de notre impuissance, la perfection intime où les chrétiens sont appelés. » Ceux qui ont lu le livre de M.
M. de Chateaubriand, qui visita Parny vers 1789, a dit du chantre d’Éléonore, dans une simple image qui reste l’expression idéale de ce genre de nature et d’élégie : « Parny ne sentait point son auteur ; je n’ai point connu d’écrivain qui fût plus semblable à ses ouvrages : poëte et créole, il ne lui fallait que le ciel de l’Inde, une fontaine, un palmier et une femme169. » Tel était Parny, ou du moins tel il aurait dû être, s’il n’avait suivi que ses premiers penchants et si l’air du siècle ne l’avait pas trop pénétré. […] … Tout ce mouvement est d’une vérité profonde et d’une vraiment durable beauté ; il contraste admirablement avec l’invocation toute reposée, toute radoucie, d’une des élégies suivantes, et avec ce début enchanteur : Calme des sens, paisible indifférence, Léger sommeil d’un cœur tranquillisé, Descends du ciel ; éprouve ta puissance Sur un amant trop longtemps abusé !
« Il est bon et salutaire de n’avoir aucune espérance… Un désespoir paisible, sans convulsion de colère et sans reproche au ciel, est la sagesse même. » Le juste opposera le dédain à l’absence Et ne répondra plus que par un froid silence Au silence éternel de la divinité764. Est-ce une bravade, un défi jeté au ciel ?
Joinville pense plus à la terre qu’il a quittée qu’à celle qu’il va conquérir. « Et en brief tens, dit-il, le vent se feri ou voille, et nous ot tolu la veue de la terre, que nous ne veismes quele ciel et yeaue ; et chascun jour nous esloigna le vent des païs où nous avions esté nez. […] Voici la traduction de ce passage : « Et en bref temps le vent frappa dans les voiles, et nous enleva si bien la vue de la terre, que nous ne vîmes que le ciel et l’eau, et chaque jour le vent nous éloigna du pays où nous étions né.
Non qu’il faille dire absolument que le sauvage est l’homme primitif : l’enfance des diverses races humaines dut être fort différente selon le ciel sous lequel elles naquirent. […] À cet horizon, où le ciel et la terre se confondent, l’homme était dieu et le dieu était homme.
L’ensemble des connaissances humaines ressemble ainsi à un grand fleuve coulant à pleins bords, sous un ciel resplendissant de lumière, mais dont on ignore la source et l’embouchure, qui naît et meurt dans les nuages. […] Heine (de l’Allemagne), a dit du plus sec des métaphysiciens : « La lecture de Spinoza nous saisit comme l’aspect de la grande nature dans son calme vivant : c’est une forêt de pensées hautes comme le ciel, dont les cimes fleuries s’agitent en mouvements onduleux, tandis que leurs troncs inébranlables plongent leurs racines dans la terre éternelle : On sent dans ses écrits flotter un souffle qui vous émeut d’une manière indéfinissable : on croit respirer l’air de l’avenir. » Les métaphysiciens sont donc des poëtes qui ont pour but de reconstituer la synthèse du monde Ces grandes épopées cosmogoniques disparaîtront-elles ?
si nous avions pu écrire une seconde pièce d’amour, celle-là, je vous en réponds, eût été balayée de tout jargon romantique ou livresque, et l’on n’y eût pas rencontré une phrase comme celle-ci : « Vous étiez dans mes rêves comme il y a du bleu dans le ciel », une phrase pas mal rédigée tout de même, mais appartenant au vieux jeu. […] Jusqu’à ce jour, toute notre littérature consistait en un carnet de notes, contenant les étapes et les menus de repas d’un voyage en France de six mois à pied, le sac sur le dos, et où seulement, tout à la fin, s’étaient glissées quelques notes sur le ciel, la terre, les Mauresques de l’Algérie.
La tombe est silencieuse ; — et tout au loin l’infini du ciel, et l’heure profonde de minuit, — tout n’est que silence et solitude.
Ce passage éloquent et tout semé d’images poétiques a enlevé les suffrages du jury : qu’il enlève aussi les vôtres, messieurs ; car la pièce entière ne pouvant vous être lu, comme va l’être tout à l’heure la première, je demande au moins à vous en dire le plus bel endroit : Cherchez l’or, dit l’enfant qui souffre ; Au travail, joug prématuré, Je meurs ; — ni le beau ciel doré Ni le bel arbre vert ne viennent, à ce gouffre.
Cette beauté faisant retraite avec les années, — une retraite bien lente —, et se voilant insensiblement, l’esprit avait apparu peu à peu, comme à certains jours, bien avant le soir, l’astre au front d’argent se dessine dans un ciel serein du côté opposé au soleil.
J’ai pris plaisir (le seul plaisir qu’on puisse prendre dans cette émouvante et douloureuse lecture) à circonscrire cet intervalle lumineux des belles journées de février, à détacher cette magnifique éclaircie dans le ciel le plus sombre, — ce qu’on peut appeler une dernière campagne d’Italie dans celle de France.
qui sous un ciel de fête, Quand l’orgue chantait moins que mon cœur triomphant, Du pied de vos autels emmenai cette enfant, Le bouquet d’oranger au sein et sur la tête ?
Puis, à mesure que le ciel rose allait s’élargissant, les hautes maisons inclinées sur les pentes du terrain se haussaient, se tassaient, telles qu’un troupeau de chèvres noires qui descend des montagnes.
Gloire, ambition, fanatisme, votre enthousiasme a des intervalles, le sentiment seul enivre chaque instant, rien ne lasse de s’aimer ; rien ne fatigue dans cette inépuisable source d’idées et d’émotions heureuses ; et tant qu’on ne voit, qu’on n’éprouve rien que par un autre, l’univers entier est lui sous des formes différentes, le printemps, la nature, le ciel, ce sont les lieux qu’il a parcourus ; les plaisirs du monde, c’est ce qu’il a dit, ce qui lui a plu, les amusements qu’il a partagés, ses propres succès à soi-même, c’est la louange qu’il a entendue, et l’impression que le suffrage de tous, a pu produire sur le jugement d’un seul.
Son costume est entièrement noir depuis la toque jusqu’aux nœuds des souliers ; d’où la phrase de Molière dans Le Sicilien : « Le ciel s’est habillé ce soir en Scaramouche. » 16. — Scaramuccia.
Seul, parfois, un bouvier menant ses buffles boire, De sa conque où soupire un antique refrain Emplissant le ciel calme et l’horizon marin, Sur l’azur infini dresse sa forme noire.
Ce cœur que rien ne peut vaincre, cette bonté qu’on ne peut assez admirer, tous ces dons si précieux dont le ciel vous a si heureusement comblé, me donnèrent à votre Éminence.
Il prend l’homme au milieu de la nature, au sein de l’infini ; le considérant tour à tour par rapport à l’immensité du ciel et par rapport à l’atome, il le montre alternativement grand et petit, suspendu entre deux infinis, entre deux abîmes.
Le lendemain de ce songe, dans son innocente simplicité, il croyait réellement s’être nourri dans le ciel du pain du Seigneur, et il le racontait à tout le monde.
Boileau reproche à Linière, auteur d’un sottisier énorme, de n’avoir de l’esprit que contre dieu, & réprésente Saint-Pavin sous le nom D’Alidor, assis dans sa chaise, Médisant du ciel à son aise.
Ils étaient près d’atteindre le ciel, et d’en savoir aussi long que leur papa Dieu.
On conçoit bien comment les pantomimes pouvoient venir à bout de décrire intelligiblement une action, et de donner à entendre par le geste les mots pris dans le sens propre, comme le ciel, la terre, un homme, etc.
Il est donc des désirs que le ciel récompense en les accomplissant !
Elle avait reçu dans l’esprit cette espèce de coup de tampon que donnent le ciel et la mer du Midi aux imaginations même vulgaires.
Avec l’admiration qu’il a pour Sterne et qui nous paraissait d’un heureux augure, nous aurions cru qu’il eût saisi l’occasion de nous donner sur ce rare génie que Jean-Paul appelle, je ne sais plus où « la rose bleu de ciel dans l’ordre des intelligences », quelques pages de critique humaine et profonde.
De par le mélange des races, de par les conditions durables de la terre et du ciel, surtout de par sa très ancienne civilisation, le caractère de ce peuple a un charme unique qui prend le cœur par les sens.
Dès 1663, panégyrique sur Louis Dieu-donné : c’était le nom de ce prince, dont la naissance fut regardée comme une faveur du ciel.
Dieux, qui êtes entre le ciel et la terre, venez tous.
Un hôte habituel de Coppet, qu’interrogeait en ce sens ma curiosité émue (il n’est pas de ceux que j’ai nommés plus haut)69, me disait : « J’étais sorti un matin du château pour prendre le frais ; je m’étais couché dans l’herbe épaisse, près d’une nappe d’eau, à un endroit du parc très-écarté, et je regardais le ciel en rêvant. […] comme elle lui eût abondamment parlé de la clémence du ciel et d’une certaine beauté de l’univers, qui n’est pas là pour narguer l’homme, mais pour lui prédire de meilleurs jours ! […] Sur cette terre en vain, splendidement servie, Le même astre immortel règne sans se couvrir ; En vain, depuis les nuits des hautes origines, Un ciel inaltérable y luit d’un fixe azur, Et, comme un dais sans plis au front des Sept Collines, S’étend des monts Sabins jusqu’à la tour d’Astur : Un esprit de tristesse immuable et profonde Habite dans ces lieux et conduit pas à pas ; Hors l’écho du passé, pas de voix qui réponde ; Le souvenir vous gagne, et le présent n’est pas. […] Les étoiles au ciel ne brillent pas encore : Espace entre la vie et l’immortalité !
Là c’est une jeune femme qui prévient les infidélités de son mari en exprimant une certaine menace sur laquelle sa pensée s’arrête sérieusement une minute ; ce n’a été qu’un éclair dans un ciel pur, mais un éclair précurseur d’un orage possible. […] Le ciel était pur et bleu, et tout à coup le simoun a soufflé, et deux créatures-humaines ont été enlevées avant qu’on ait eu le temps de dire : « Voyez ». […] Vous vous entendrez à merveille avec Mlle Hélouin, qui adore également toutes ces choses, lesquelles pour mon compte je n’aime guère. — Mais au nom du ciel, qu’est-ce donc que vous aimez, mademoiselle ?” […] Si le ciel nous prête vie, nous espérons le retrouver dans quelques années aussi grand artiste que nous le quittons artiste délicat. […] Un soir, lorsqu’elle était enfant, et avant même qu’elle pût parler, on la vit pleurer en levant les yeux au ciel, et en étendant la main vers quelque chose de lointain ; Sibylle demandait une étoile.
Lumière du ciel ! […] Par un bienfait singulier du ciel, nous avons en France des échantillons de toutes les sortes d’âmes, ou à peu près, comme nous en avons de toutes les espèces de paysages. […] Elles vont, avec un sourire taciturne, Et leur forme s’ajoute à la forme de l’urne, Et tout leur corps n’est plus qu’un vase svelte, auquel Le bras levé dessine une anse dans le ciel ! […] C’est eu parlant du ciel et de sa mère que Tristan consent au plus sacrilège amour. […] … Le bleu du ciel pâlit.
Il s’excuse sur l’influence de la mauvaise compagnie qu’il rencontrait à la table d’hôte de madame La Selle : J’y apprenais des foules d’anecdotes très amusantes, et j’y pris aussi, peu à peu, non, grâce au ciel, jamais les mœurs, mais les maximes que j’y vis établies. […] Je ne jouai rien, je devins en effet tel que je parus, et pendant quatre ans au moins que dura cette effervescence dans toute sa force, rien de beau et de grand ne peut entrer dans un cœur d’homme dont je ne fusse capable entre le ciel et moi. […] Le ciel les récompense d’ailleurs de ce sacrifice, car l’absence de Saint-Preux les sauve d’un grave péril. […] » Et encore : « Connaissez-le enfin, ma Julie ; un éternel arrêt du ciel nous destina l’un pour l’autre : c’est la première loi qu’il faut écouter ». […] Reste à la place que la nature t’assigne dans la chaîne des êtres, rien ne t’en pourra faire sortir ; ne regimbe point contre la dure loi de la nécessité, et n’épuise pas, à vouloir lui résister, des forces que le ciel ne t’a point données pour étendre ou prolonger ton existence, mais seulement pour la conserver comme il lui plaît et autant qu’il lui plaît.
« Si le ciel s’écroule, disaient-ils, nous le soutiendrons avec nos épées. » Voilà le courage français dès l’origine ; c’est celui d’hommes qui ne se sont jamais mesuré qu’avec des hommes et qui traitent les forces de la nature comme un ennemi humain. […] Je ne suis pas assez éclairé pour savoir si je dois publier ce livre De veritate ; s’il peut contribuer à ta gloire, je te conjure de m’accorder un signe venant du ciel ; si tu me le refuses, je suis résolu à le supprimer.” […] où donc sous le ciel sont les sept hommes qui pourraient se comparer pour la soif à ces sept compagnons ? […] « Par le ciel ! […] Le ciel ne vous a pas rapprochés l’un de l’autre pour vous rendre malheureux.
Promenade, au coucher du soleil, par de petits chemins, entre deux haies de roseaux détachant leurs lances sur un ciel tout rose, le long de ces hauts paravents contre le mistral, de cyprès à la verdure noire, avec çà et là, dans cette propriété non limitée par des murs, la bâtisse orangée d’un mas, au milieu de pâles oliviers, qui semblent à cette heure, feuillés d’une vapeur violette. […] Des cours profondes comme des puits, des corridors interminables, des escaliers dont on ne peut compter les marches, puis soudain, des peintures ingénues et barbares, imparfaitement entrevues en un angle de plafond, soudain encore, un trou de lumière : une fenêtre avec son banc de pierre s’ouvrant au-dessus d’une ville de clochers roses sur un ciel mauve — et dans la trouble rêverie de votre esprit entre ces murs, revenant le souvenir du massacre, de la sanguinaire tuerie de 93. […] Du haut du Trocadéro, quand il n’y a dans le ciel, ni lune, ni étoile, et que les réverbères de l’infini Paris sont allumés, il semble que toutes les étoiles de la voûte céleste sont tombées à terre.
Une femme noire, immobilisée par le froid, sous un ciel, où la lune met un rayonnement blême dans le moutonnement des nuages couleur de suie, près de cette eau morne aux lueurs saumonées, trémolente sur la fluctuation lente du fleuve, — près de cette eau de suicide, qui semble appeler à elle. […] cette Salute, ce palais des Doges, cette mer, ce ciel aux transparences roses d’une amalgatolithe : tout cela comme vu dans une apothéose de pierres précieuses ; et de la couleur, par larmes, par coulées, par congélations, telles qu’on en voit sur les flancs des poteries de l’extrême Orient. […] C’est le chef des voiles du roi ; — c’est le chef de la maison de lumière, le chef de l’équipement des jeunes soldats ; — c’est le chef des conseils du roi et le commandant des portes ; — c’est le « chef du secret pour proférer les paroles du roi » ; — c’est « les yeux du roi dans toutes les demeures » (sans doute le ministre de la police) ; — c’est « le chef des mystères du ciel, de la terre et des enfers, l’écrivain de la vérité dans la demeure de la justice » ; — c’est l’intendant des constructions du roi ; — c’est le chef de la grande écurie ; — c’est le basilicogrammate de la table du roi (le sommelier) ; — c’est le chef du gynécée royal ; — c’est « le scribe de l’oreille du roi » ; — c’est le flabellifère à la gauche du roi ; — c’est le porte-chasse-mouche à la droite du roi ; — c’est « le favorisé du roi et le cher à son cœur » ; — c’est le compagnon des jambes royales du seigneur des deux Pays.
Une figure de candeur, des yeux bleu de ciel, une toute petite bouche sérieuse, des cheveux blonds tirebouchonnés en boucles frisottantes, trois rangs de perles au cou, une robe de linon blanc à raies satinées, et une ceinture, et des bracelets, et un floquet de rubans dans les cheveux, du bleu de ses yeux. […] » Enfin il m’entretient de son antipathie pour le soleil, du mystère des ciels voilés, de la séduction mystique des crépuscules, confessant, sans s’en douter, l’amoureux peintre de grisaille qu’il est. […] Salles, le père de Mme Benedetti, à propos de Germinal me contait aujourd’hui, à Saint-Gratien, en sa qualité d’intéressé dans une houillère de Belgique, l’attachement des mineurs pour leurs mines, et me donnait ce détail, qu’une grève de huit jours étant accordée là, pour l’arrachement des pommes de terre, les femmes ont toutes les peines à décider leurs hommes, pour ce travail, à ciel ouvert.
Ce sourire est haut comme le ciel, et souverain comme lui. […] Il eut des infortunes de toutes sortes, il perdit sa place, il perdit Léonie, sa maîtresse, puis il fut frappé de la Grâce et ne quitta plus le ciel qui, après un court séjour dans un couvent de Barcelone, le recueillit définitivement en 1909. […] Son dernier roman : Le Voyage de Genève scintille comme un ciel d’été de mille étoiles d’esprit, on y sent tourner le globe du monde et battre le sang de l’homme.
Un jeune homme d’Athènes, plus politique que religieux, nommé Mélitus, qui voulait se faire un nom populaire en se posant en vengeur des dieux chers à l’ignorance et au fanatisme du bas peuple, porte l’accusation contre Socrate ; il l’accuse de corrompre la jeunesse par des doctrines qui sapent le ciel. […] XXIII Nous avouons que cette philosophie, depuis la métaphysique jusqu’à la morale, en d’autres termes depuis le retour de l’âme immortelle en Dieu, type exemplaire et raison de tout, jusqu’à la morale, c’est-à-dire jusqu’aux abnégations, aux sacrifices, aux piétés, aux dévouements à la vérité, aux hommes et à Dieu qui purifient l’âme et la divinisent ; nous avouons que cette philosophie est aussi la nôtre, comme elle est celle de Cicéron et de Confucius, comme elle est en grande partie celle des philosophes chrétiens, indépendamment du dogme de la rédemption de l’homme par Dieu descendu du ciel pour tendre sa main à l’humanité.
Mais, de même qu’aux environs de 1661, la hiérarchie sociale un instant bouleversée se reforme plus sévère ; de même que les classes superficiellement mêlées se séparent, si bien qu’il se constitue deux Frances, l’une aristocratique, l’autre bourgeoise et populaire, ayant chacune ses mœurs et ses intérêts ; de même les mots de la langue se divisent en deux castes, ceux-ci nobles et réservés à une petite élite, ceux-là roturiers et abandonnés à la foule ; les genres littéraires un moment confondus s’écartent l’un de l’autre ; la comédie et la tragédie sont parquées dans deux domaines différents avec défense formelle de franchir les barrières qui les isolent ; le mélange des tons, accepté ou recherché comme quelque chose de piquant, répugne au goût nouveau ; le burlesque, où les deux faces de la vie étaient violemment confrontées de façon à faire rire aux dépens des choses graves et des grands de la terre et du ciel, tombe dans le mépris et l’oubli. […] Et ce sont, d’ordinaire, d’autres hommes venus plus tard, quand le péril était passé, quand le ciel était rasséréné, qui ont été inspirés, stimulés, élevés au-dessus d’eux-mêmes par la vue lointaine de ce déchaînement gigantesque.
Il y a des jours de soleil qui semblent gris à l’âme, et des ciels gris que l’on se rappelle comme les plus gais du monde. […] Nous partons dans la neige par un jour qui se lève, avec un bas du ciel ressemblant à une réverbération d’incendie.
A droite dans le haut, un petit bout de ciel ou de rocher — quelque chose de bleu ; — les yeux de la Madeleine sont fermés, la bouche est molle et languissante, les cheveux épars. […] Il a, avec un esprit de choix qui lui est particulier, entre tous les sujets bibliques, mis la main sur celui qui allait le mieux à la nature de son talent ; c’est l’histoire étrange, baroque, épique, fantastique, mythologique de Samson, l’homme aux travaux impossibles, qui dérangeait les maisons d’un coup d’épaule — de cet antique cousin d’Hercule et du baron de Munchhausen. — Le premier de ces dessins — l’apparition de l’ange dans un grand paysage — a le tort de rappeler des choses que l’on connaît trop — ce ciel cru, ces quartiers de roches, ces horizons graniteux sont sus dès longtemps par toute la jeune école — et quoiqu’il soit vrai de dire que c’est M.
J’ai senti, au contraire, qu’ayant eu le malheur de déplaire à la Cour, je devais expier l’imprudence de ma conduite par ma patience et ma soumission ; et, quoique le ciel me soit témoin que je n’ai effectivement que de l’imprudence à me reprocher, je me suis condamné moi-même sur les apparences sans penser à faire valoir la simplicité de mes intentions et l’innocence de mon cœur.
Villehardouin, qui nous donne cette impression à travers son récit, ne la démêlait sans doute qu’imparfaitement lui-même : il n’y avait point de contradiction déclarée alors entre ces intérêts du monde et ceux de la religion ; les mêmes hommes qui pourvoyaient aux uns étaient sincèrement préoccupés des autres : toute la différence n’était que dans la proportion et dans la mesure ; mais la part faite au ciel, même quand elle ne venait qu’en seconde ligne, restait encore grande.
Il a couru après d’une course précipitée, sautant les montagnes, c’est-à-dire les ordres des anges, il a couru comme un géant à grands pas et démesurés, passant en un moment du ciel en la terre… Là il a atteint cette fugitive nature ; il l’a saisie, il l’a appréhendée au corps et en l’âme.
madame, il ne tient qu’à vous que je ne passe pour être le plus honnête homme de France. » — Le marquis de Sévigné de même, qui laissait sa charmante femme pour Ninon, était persuadé « qu’on ne peut être honnête homme sans être toujours amoureux. » Ce qu’on voyait pendant les hivers, ce n’étaient donc pas seulement les distractions bruyantes et faciles de toute jeunesse guerrière, c’était une rare émulation chez quelques-uns qui se piquaient d’honnêteté, et des gageures de cette sorte : « Le duc de Candale, qui était l’homme de la Cour le mieux fait, crut qu’il ne manquait rien à sa réputation que d’être aimé de la plus belle femme du royaume ; il résolut donc à l’armée, trois mois après la campagne, d’être amoureux d’elle (Mme d’Olonne) sitôt qu’il la verrait, et fit voir, par une grande passion qu’il eut ensuite pour elle, qu’elles ne sont pas toujours des coups du ciel et de la fortune. » On s’embarquait de parti pris avec quelqu’un, avec quelqu’une, pour se faire honneur dans le monde, pour faire parler de soi, et « parce que les femmes donnaient de l’estime aussi bien que les armes ».
Au second chapitre de la Genèse, il est dit d’Adam « que le Seigneur Dieu ayant formé de la terre tous les animaux terrestres et tous les oiseaux du ciel, il les amena devant Adam, afin de voir comment il les appellerait : et le nom qu’Adam donna à chacun des animaux est son nom véritable. » Mais cette langue primitive d’Adam est perdue ; et puis il s’agit ici de nommer les pareils d’Adam, ou, pour ne pas sortir de notre ton et de notre sujet, il s’agit de trouver une juste nomenclature à des esprits et des talents humains, matière essentiellement ondoyante et flottante, diversité et complication infinie.
Après quelques instants de contemplation, il tourne par hasard les yeux vers le ciel, et à cet aspect qui lui est si familier et qui pour l’ordinaire le frappait si peu, il reste saisi d’admiration, il croit voir pour la première fois cette voûte immense et sa superbe parure… Ici toute une description encore : spectacle des cieux, le couchant enflammé, la lune qui se lève à l’orient, les astres innombrables qui roulent en silence sur nos têtes, l’étoile polaire qui semble le pivot fixe de toute la révolution céleste !
Il se prêta de mauvaise grâce à cette conversion et résista toujours tant qu’il put aux actes de dévotion russe si chers au peuple, Il tenait au luthéranisme dans l’âme ; il tenait à son Holstein, à son petit duché héréditaire plus qu’à ce grand empire qui lui venait comme un don du ciel ; il avait à cœur avant tout la haine du Danois.
« Mais heureux aussi celui qui, d’un esprit moins émancipé et d’un cœur plus humble, reconnaît dans la nature un Auteur visible, se manifestant par tous les signes ; qui croit l’entendre dans le tonnerre et dans l’orage ; qui le bénit dans la rosée du matin et dans la pluie du printemps ; qui l’admire et l’adore dans la splendeur du soleil, dans les magnificences d’une belle nuit, et qui ne cesse de le sentir encore à travers la douce et tiède nuaison d’un ciel voilé !
Jésus-Christ au milieu des blés, se détachant sur un ciel bleu !
À peine embarqué sur le Northumberland qui devait le transporter de la rade anglaise à Sainte-Hélène, Napoléon qui, de ses derniers compagnons de fortune, n’avait pu garder avec lui que le grand maréchal Bertrand, les généraux Montholon, Gourgaud et M. de Las Cases (sans compter son fidèle valet de chambre Marchand), Napoléon passait de longues heures, dans cette traversée qui fut de plus de deux mois (8 août-17 octobre), en plein air, sur le pont du vaisseau, — tantôt immobile, à cheval sur un canon qui était à l’avant du bâtiment et que les marins anglais eurent bientôt baptisé le canon de l’Empereur, regardant le ciel et les flots, se voyant aller à la tombe et décliner au plus profond de l’Océan comme un astre qui change d’hémisphère ; tantôt se levant, interpellant ses fidèles compagnons et se parlant comme à lui seul, s’interrogeant sur tant d’événements prodigieux desquels lui-même se surprenait étonné après coup, et que sa pensée, pour la première fois oisive dans le présent, roulait en tumulte.
About n’a senti et n’a décrit le caractère et le genre de beauté des paysages, l’éclat et la transparence du ciel de l’Attique à de certaines heures, la maigreur élégante de cette plaine, opposée à la terre riche et grasse, aux fertiles glèbes d’Argos ou de Thèbes.
Ce pauvre Don Quichotte, répétant les exploits des anciens chevaliers avec une si parfaite bonne foi et une candeur si unique, donne jour à une telle variété de rencontres et d’aventures, — l’écuyer Sancho, dès la seconde sortie, accompagne et double si grotesquement son maître, avec ce perpétuel contraste de demi-bon sens et de demi-bêtise qui ne feront que s’accroître et se solidifier en avançant, — l’auteur, par des stations ménagées à propos, sait si naturellement entremêler d’autres récits et nous intéresser, chemin faisant, par les côtés passionnés et romanesques de notre nature, — il profite si justement et avec une si légitime hardiesse des instants lucides de son héros qui n’extravague que sur un point, pour le faire noblement et fermement discourir des matières que lui-même avait le plus à cœur de traiter, — tout cet ensemble vit, marche, se déduit si aisément, d’un cours si large, si abondant, et avec une telle richesse de développements imprévus et d’embranchements inépuisables, qu’on est bien réellement en plein monde, en plein spectacle, en plein air sous le ciel, qu’on nage dans un courant de curiosité humaine de tous côtés excitée et satisfaite, et que rien ne sent ni ne rappelle l’application critique et satirique née dans le cabinet.
Différaient-elles beaucoup de l’Élégie à la voix gémissante ; Au ris mêlé de pleurs, aux longs cheveux épars, Belle, levant au ciel ses humides regards ?
Et à toutes les époques de trouble et de renouvellement, quiconque, témoin des orages politiques, en saisira par quelque côté le sens profond, la loi sublime, et répondra à chaque accident aveugle par un écho intelligent et sonore ; ou quiconque, en ces jours de révolution et d’ébranlement, se recueillera en lui-même et s’y fera un monde à part, un monde poétique de sentiments et d’idées, d’ailleurs anarchique ou harmonieux, funeste ou serein, de consolation ou de désespoir, ciel, chaos ou enfer ; ceux-là encore seront lyriques, et prendront place entre le petit nombre dont se souvient l’humanité et dont elle adore les noms.
Cette mort, qui lui assurait un ange au ciel au lieu d’une amie sur la terre, ne lui laissa point de tristesse, mais cette gaieté sereine qui brave les malheurs ordinaires de la vie.
Or, le ciel a doué Mme Sarah Bernhardt de dons singuliers : il l’a faite étrange, d’une sveltesse et d’une souplesse surprenantes, et il a répandu sur son maigre visage une grâce inquiétante de bohémienne, de gypsy, de touranienne, je ne sais quoi qui fait songer à Salomé, à Salammbô, à la reine de Saba.
Ou je ne sais pas lire, ou ces vers, par exemple : Le ciel défend, de vrai, certains contentements ; Mais on trouve avec lui des accommodements.
La pauvreté, l’impuissance elles-mêmes ont leurs snobs, et quand Rodolphe mordille sa plume et lève les yeux au ciel, c’est déjà un snob de la littérature pauvre.
et n’y gagnait-elle pas bien plus qu’elle n’y perdait, par la foi constante et la stabilité de la confiance du côté du ciel ?
Par un sentiment précurseur, et comme il arrive à ceux qui, loin du ciel natal, se sentent décliner et approcher du terme, il nourrissait depuis quelque temps un vif et secret désir de revoir la France.
Nous le suivîmes des yeux, nous l’entendîmes mugir dans le lointain ; le ciel brilla d’une clarté plus pure ; et cette mer, dont les vagues écumantes s’étaient élevées jusqu’aux cieux, traînait à peine ses flots jusque sur le rivage.
Il s’agit de savoir si le philosophe n’est jamais que la mouche du coche, résumant sous une forme vague et abstraite les solides découvertes des savants, ou s’il est, non pas sans doute un révélateur tombé du ciel sans précédents et sans contemporains, mais au moins un précurseur anticipant sur l’avenir, et généralisant d’avance ce que la science positive réalisera et démontrera.
Moi, dis-je ; et si le ciel seconde ma vaillance, Je demande de vous, seigneur, pour récompense, De partir à l’instant sans être retenu, Sans voir Aménaïde et sans être connu.
Je donnerais tout ce fatras pour le seul incident du tableau d’un peintre ancien où l’on voyait la calomnie, les yeux hagards, s’avançant, une torche ardente à la main, et traînant par les cheveux l’innocence sous la figure d’un jeune enfant éploré, qui portait ses regards et ses mains vers le ciel.
« Dieu, comme dit Moïse, a fait le soleil, la lune, les astres, pour le service de toutes les nations qui vivent sous le ciel. » Mais n’oublions pas que si chaque chose produit une révélation, les sociétés humaines sont les dépositaires naturelles et impérissables de ces révélations successives et continues.
Selon que vous dépouillerez une colline de ses arbres, ou que vous y ferez croître une forêt, vous priverez un terrain de la rosée du ciel, ou vous ferez couler du rocher aride d’abondantes eaux.
(l’horizon, cette place du ciel dont raffolent les bourgeois et où ils voient tout, même des règnes), du volcan, de l’éternel volcan qui vomit par ses mille cratères de la lave et de la fange, et enfin du bouclier (en parlant à une femme qui n’est pas Clorinde, pour dire le sentiment qui défend son cœur !).
— trop méridional, trop improvisateur sous un ciel heureux, trop lazzarone de son propre talent, pour être jamais le théoricien à l’application éternelle, l’anatomiste sur le vif et encore plus souvent sur le mort, qu’est le critique littéraire.
Sur cette force répandez un rayon du ciel, l’élégance, la grâce, la délicatesse : voilà la beauté !
Et cette différence, leur constitue une supériorité funeste, jusqu’à l’heure prochaine où notre démocratie les supprimera elles-mêmes pour le bien commun : car voici que bientôt l’aurore bénie de l’égalité va s’épanouir sur nous, en un triomphal rayonnement de plein ciel ! […] Ils furent, sous la douce chaleur de leur ciel, le peuple de la pure dialectique. […] Il y a tant de choses bonnes à voir et qu’ils n’ont pas vues : les lacs, les montagnes, les rivières, les villes et les campagnes, la mer et les bateaux, le ciel et les étoiles !” […] Et Lohengrin la quitte, pour remonter sans elle au ciel du libre rêve. […] « Il y a plus de choses au ciel et sur la terre que n’en explique notre philosophie » : cette fameuse phrase de Shakespeare a été répétée à M.
» Il continue, dénonçant « l’indifférence du sourire du ciel pacifique », accusant « la cruauté de cette coupole lumineuse étendue tour à tour sur les générations qui tombent, comme le dais d’un enterrement banal ». […] Elles ont ce mérite à tout le moins de traduire avec sincérité l’émotion intellectuelle provoquée chez un lettré français de la fin du dix-neuvième siècle par les souvenirs qui flottent autour des églises et des palais de la ville des Médicis Comme tu coules lent et doux par ce doux soir, Amo, fleuve immortel, et ton glauque miroir Reflète les vieux ponts et leur arche hardie, Les palais tour à tour et les clochers légers Et les balcons parés de sombres orangers, Et le ciel du couchant avec son incendie. […] [ciel Ah ! […] Mais, pour me servir d’une expression employée par le mystique Swedenborg, ils n’étaient pas du même ciel. […] Tournez-vous ensuite, et caressez vos yeux aux gaies et fraîches verdures des gazons ensoleillés, aux reflets des eaux dans lesquelles descend la joie lumineuse du ciel.
À la vue du ciel étoilé, de la vaste mer, de montagnes gigantesques, l’admiration est mêlée de tristesse. […] Donnez quelques notes à Pergolèse, donnez-lui aussi quelques voix pures et suaves, et il vous ravit jusqu’au ciel, il vous emporte dans les espaces de l’infini, il vous plonge dans d’ineffables rêveries. […] Il n’a jamais vu le ciel d’Italie. […] la personne du saint moine, avec tous les accessoires matériels, est d’un naturel parfait, car elle reste sur la terre ; tandis que sa figure, où reluit son âme, est tout idéale et déjà dans le ciel. […] Sur ces traits recueillis et pénétrés, dans ces yeux levés vers le ciel, respire l’âme de ce grand serviteur de Dieu, mort à l’autel comme un guerrier au champ d’honneur.
En vain nos seigneurs de l’Hôtel de Bourgogne, ces Jupiters-Scapins de la comédie, appellent le ciel et la terre à leur aide, contre les comédiens de bois, le public étranglera de ses mains, tout l’Hôtel de Bourgogne, plutôt que de briser les marionnettes. […] Il était pour eux le dernier représentant de la comédie improvisée : moralités, mystères, soties, histoire du ciel, histoire de la terre, drames, miracles, coups d’épée, coups de soleil ! […] Il se souvient des croûtes de pain noir, de la claire fontaine, des affiches qui doublaient son pourpoint, et il bénit le ciel qui a mis un terme à ses malheurs ! […] — Elle est au ciel, elle touche aux enfers ; elle pleure, elle prie, elle maudit ; elle implore, elle blasphème, elle crie, elle s’apaise ; elle est vivante outre mesure… elle est morte ! […] Lui-même, le maître, Socrate, il est juché dans une gloire qui le rapproche du ciel.
Verdun, en qui le ciel a mis Une sagesse non commune, Sera-ce pour jamais que ton cœur abattu Laissera sous une infortune, Au mépris de ta gloire accabler ta vertu ? […] Aussi, ce qu’il a vu d’abord dans le dogme de la Providence et ce qu’il s’est d’abord efforcé d’en bien dégager, est-ce l’idée de gouvernement, et, pour user de ses propres expressions, ce sont « maximes d’État » de la « politique du ciel ». […] Cela, dira-t-on, est nécessaire, parce que les hommes, abusant de leur prospérité, en deviennent si insolents qu’il faut qui leur chute soit la punition du mauvais usage qu’ils ont fait des faveurs du ciel, la consolation des malheureux, et une leçon pour ceux à qui Dieu fera des grâces à l’avenir. […] La grande erreur de Bayle est, en voulant émanciper la morale de la servitude ou de la dépendance de la philosophie, d’en avoir plutôt rétréci qu’élargi la base ; — et surtout d’en avoir comme abaissé le ciel. […] Elle n‘a qu’à se disposer À faire une amitié nouvelle ; Que le ciel console la belle, Et puisse-t-elle incessamment Se pourvoir d’époux ou d’amant !
Don du ciel, qui pourrait ne pas s’agenouiller devant toi, pure personnification de la pensée de Dieu ? […] L’azur du ciel blanchit sous leurs innombrables essaims. Ils s’en vont, à travers l’espace, de monde en monde, de ciel en ciel, chercher quelque amour pour s’y poser et y passer la nuit. […] C’est là qu’il a pris terre et ciel. […] L’écrivain, ou mieux, le témoin, nous montre la terre et le ciel « morts de froid ».
Quand il lui enlève Marie de Mendoza, c’est qu’il craint la postérité de son frère, c’est qu’il tremble que l’église ne réprouve le scandale de cet amour qui s’avoue à la face du ciel ; il est encore jaloux. […] Au moment de perdre Luigi, Thécla revient à l’indulgence et appelle la faveur du ciel sur Paolo ; mais il n’est plus temps, car Paolo est maudit, Paolo avoue son crime et la toile tombe. […] Quand il a découvert la trahison d’Arthur, au lieu de lever le bras au ciel en élargissant le diamètre de la poitrine, il exécute un mouvement général d’élévation qui indique la force et non pas la douleur. […] Il creuse patiemment le sillon, pour que le vent n’emporte pas la semence ; mais il se fie au ciel pour l’épanouissement du grain et la richesse dorée de la moisson. […] Sous le ciel même de l’Attique, chez ce peuple bavard et médisant, qui reconnaissait l’accent d’une marchande de figues et s’arrêtait pour la railler, Sophocle avait relégué l’ode dans la strophe et l’antistrophe des chœurs.
Les arbres qui montent jusqu’aux frises dérobent au spectateur la vue du ciel. […] — Depuis que la lune est dans le ciel… Viens sur mon cœur ; que le tien le sente battre, et que ce beau ciel les emporte à Dieu… Voyons, savez-vous ce que c’est que cela ? […] Au commencement de l’acte, de lourds nuages sombres passeraient sur le ciel étoilé et sur la lune qu’ils obscurciraient. Enfin, les nuages, en fuyant, laisseraient voir dans toute sa pureté un ciel profond et étoilé, au milieu duquel brillerait le disque lunaire. […] Sur la scène, on ne bâtit pas de vraies maisons, on ne plante pas de vrais arbres, on ne déroule pas de véritables flots, on ne pousse pas dans le ciel de vrais nuages, etc. ; on ne nous donne de toutes ces choses que des imitations.
Du feu sacré si le ciel est avare, Va les ravir d’un vol audacieux ; Vole, jeune homme… Oui, souviens-toi d’Icare : Il est tombé; mais il a vu les cieux ! […] On y remarque une certaine renaissance des nationalités, qui pousse chaque peuple à diriger ses regards vers le passé, à étudier ses écrivains illustres et à chercher chez vous ce parfum particulier et inexplicable, qui est à la littérature d’un pays ce que sont à ce même pays son ciel, son climat, son sol. […] Grand producteur comme ses rivaux, elle reçut en outre du ciel les dons littéraires, grâce auxquels elle fut l’unique compétiteur digne de Balzac, comme Mme de Staël l’avait été de Chateaubriand Son génie était de ceux qui font école et tracent un sillon resplendissant et profond. […] Le ciel serein, le clair soleil et la végétation florescente des zones méridionales semblent avoir leur reflet dans le caractère de cet écrivain, dans sa fantaisie étincelante et dans son heureux tempérament littéraire. […] Il se plaît à photographier instantanément et stéréotyper ensuite ces existences de chauves-souris, entre lumière et ténèbres, ces types suspects que l’on appela autrefois la bohême ; aventuriers de la science, de la langue, de l’art : figures hétéroclites, qui ont les pieds dans la fange et lèvent leurs fronts au ciel du luxe et de la célébrité; gens de qui tous les journaux parlent aujourd’hui et que demain on enterrera dans la fosse commune.
Pierre Plut au ciel que vous en eussiez le pouvoir ! […] Pierre Grâce au ciel, Valéry est bien vivant… M.
Cicéron, indigné, mais non intimidé, se lève et adresse à l’ennemi public la terrible et éloquente apostrophe qui a laissé sur le nom de Catilina la même trace que le feu du ciel laisse sur un monument foudroyé. […] Dans quelle ville, ô ciel !
De la double loi, selon cette double évocation géométrique, sont possédés les astres du ciel, qui ont irradié et qui se minéralisent et dont le cours elliptique se raccourcit. […] Ainsi que tout fragment soit semblable aux éclats du miroir brisé, qui reflètent encore l’unique étendue du ciel. « Il est un sens universel en tout caractère », a dit Goethe C’est là le sens universel de la « Poésie scientifique », telle qu’elle se présente, comme de principe impersonnel, en point de départ des orientations les plus personnelles et le plus lointainement évoluantes pour les poètes persuadés que la Poésie doive devenir l’émotion suprême de la connaissance et de la conscience humaines.
Des journées qui ont quelque chose du temps qu’il fait dehors et de ses coups de soleil rapides, dans la monotonie grise du ciel. […] Elle avait dit, il y a quelques instants, à propos de chaussettes de soie, dont elle m’avait demandé la commande, à propos de gardes de livres, que Popelin devait me fabriquer, après mon départ : « Oui, les gens qui partent doivent toujours laisser quelques petites commissions derrière eux… avec cela on se souvient mieux et plus d’eux… Il semble qu’ils ne vous ont pas quitté tout à fait. » Elle se lève tout à coup, et quoiqu’il giboule au dehors, elle me parle, dans le vent et la pluie, d’aller passer quinze jours à Nice, de voir en famille d’amis, ce pays de fleurs et ce ciel bleu pendant l’hiver.
Toute la vie consciente de l’artiste, cette vie mêlée au monde, en laquelle se concentre et d’où se réfléchissent le ciel et la terre, est comme l’épanouissement, la prise de possession de cette rudimentaire activité intellectuelle qui monte confusément, moins sourde et moins aveugle, de la brute au génie. […] Je veux sur un rythme poli, Comme un lac où le ciel se double, Dire le lapis lazuli, Et les yeux purs que rien ne trouble ; Et sur un rythme féminin, Comme la vipère onduleuse, Dire l’aspic et son venin, Et ta douceur, mon amoureuse.
Dans son livre l’événement semble n’être qu’un coup de foudre dans un ciel serein, que l’acte de violence d’un seul individu. […] La morale du commerçant, l’autorise à vendre sa marchandise dix et vingt fois au-dessus de sa valeur, s’il le peut ; celle du juge d’instruction l’incite à user de la ruse et du mensonge pour forcer le prévenu à s’accuser ; celle de l’agent de mœurs l’oblige à faire violer médicalement les femmes qu’il soupçonne de travailler avec leur sexe ; celle du rentier le dispense d’obéir au commandement biblique : — « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front… » La mort établit à sa façon une égalité ; la grosse et la petite vérole en créent d’autres ; les inégalités sociales ont mis au monde deux égalités de belle venue : l’égalité du ciel, qui pour les chrétiens compense les inégalités de la société et l’égalité civile, cette très sublime conquête de la Révolution sert aux mêmes usages.
tellement qu’à ce compte il faudrait implorer l’aide du ciel afin qu’il fît rajeunir la reine d’Angleterre, et ressusciter Marguerite de Flandre, Mlle de Bourgogne, Jeanne la Folle, Anne de Bretagne et Marie Stuart, toutes riches héritières, afin de vous en mettre au choix.
« On peut quelquefois, dit Voltaire, entasser des métaphores les unes sur les autres ; mais alors il faut qu’elles soient bien distinguées, et que l’on voie toujours votre objet représenté sous des images différentes. » Et il cite un exemple de Massillon ; il aurait pu aussi bien citer celui qu’on va lire : Souvenez-vous d’où vous êtes tombé ; … remontez à la première origine de vos désordres, vous la trouverez dans les infidélités les plus légères : un sentiment de plaisir négligemment rejeté ; une occasion de péril trop fréquentée ; une liberté douteuse trop souvent prise ; des pratiques de piété omises : la source en est presque imperceptible ; le fleuve, qui en est sorti, a inondé toute la terre de votre cœur : ce fut d’abord ce petit nuage que vit Élie, et qui depuis a couvert tout le ciel de votre âme : ce fut cette pierre légère que Daniel vit descendre de la montagne, et qui, devenue ensuite une masse énorme, a renversé et brisé l’image de Dieu en vous : c’était un petit grain de sénevé, qui depuis a crû comme un grand arbre, et poussé tant de fruits de mort : ce fut un peu de levain, etc.
Massillon abonde un peu trop en ce sens ; il n’y apporte aucun correctif ; il ne maintient pas le coin de fermeté, et il faut avoir gardé quelque chose du rêve de la monarchie pastorale selon le xviiie siècle pour s’écrier avec Lémontey : « Le Petit Carême de Massillon, chef-d’œuvre tombé du ciel comme le Télémaque, leçons douces et sublimes que les rois doivent lire, que les peuples doivent adorer !
Pendant toute l’année 1710 et au commencement de 1711, quand il touche cette corde délicate, Fénelon fait sans cesse résonner le même son : soutenir, redresser, élargir le cœur du jeune prince ; il lui voudrait et il demande pour lui au ciel un cœur large comme la mer.
On a beaucoup cité ces quatre vers qu’il fit en 1700, quand il avait quatre-vingts ans passés : Chaque jour est un bien que du ciel je reçoi, Je jouis aujourd’hui de celui qu’il me donne ; Il n’appartient pas plus aux jeunes gens qu’à moi, Et celui de demain n’appartient à personne.
Mon témoignage sera sans doute suspect, mais l’abbé de Montesquiou me parut sous la figure d’un ange descendu du ciel pour disposer les esprits à l’union, pour prêcher l’humanité sur la terre… Quelques mois plus tard, et le lendemain du 14 Juillet, quand les mêmes électeurs de Paris vont recevoir une députation de l’Assemblée nationale dont était Bailly, M.
Un ciel pur et un soleil méridional leur donnent une gaieté et un attrait pour la vie, qui est peu concevable pour nous qui apportons toujours dans les plus beaux lieux un principe de mort.
Il faut une spéciale faveur du ciel, et ensemble une grande et généreuse force et fermeté de nature, pour remarquer l’erreur commune que personne ne sent, s’aviser de ce de quoi personne ne s’avise, et se résoudre à tout autrement que les autres.
Il a plus tard esquissé, sans le terminer, un éloge du comte duc dans lequel on lit cette magnifique définition de la monarchie espagnole : « Celui-ci, au rebours (des ministres précédents plus favorisés), a toujours cheminé avec un vent contraire : parmi les ténèbres, et lorsque le ciel était couvert de toutes parts, il a tenu sa route au milieu des bancs et des écueils, et durant la tempête et l’orage il a eu à conduire ce grand vaisseau dont la proue est dans l’océan Atlantique et la poupe dans la mer des Indes. » Mais ce n’est là qu’un trait de talent et une belle image, comme l’écrivain doué d’une imagination poétique peut en trouver.
La reine mère lui répond : « J’ai à bénir le ciel de m’avoir conservé tout ce que j’ai de plus cher au monde, votre personne, mon cher fils, m’étant plus chère que ma vie.
Veuille le ciel que je me trompe, et que vous me fassiez gronder !
Le soleil se couchait ; le ciel était rouge entre les branches, et les troncs pareils des arbres plantés en ligne droite semblaient une colonnade brune se détachant sur un fond d’or : une peur la prenait, elle appelait Djali, s’en retournait vite à Tostes par la grande route, s’affaissait dans un fauteuil, et de toute la soirée ne parlait pas.
Ainsi l’utilité s’accordait avec la sainteté, le ciel et la terre y trouvaient leur compte, ce premier d’Ormesson, homme de tant de sens, et de mérite, eut dès lors, par le crédit de M. de Morvilliers, de grands emplois, toujours dans les finances, une commission extraordinaire et de confiance, qui dura deux ans ; en dernier lieu, il était trésorier général de Picardie, charge qu’il avait achetée du précédent trésorier, M. le général Molé (comme on disait alors par abréviation).
Il avait été auparavant, et sans doute après quelque revers de famille, dans une condition moins heureuse, et l’un de ses contemporains nous l’a montré dans une chambre voisine du ciel et « séparée en deux par une légère tapisserie que le vent soulevait », — une pauvre chambre d’étudiant.
Mme Swetchine, retournant le point de vue selon son procédé mystique, dira au contraire qu’il n’y a pas de plus beau ni de plus étoilé firmament que durant la nuit d’hiver la plus froide, et qu’il n’est pas non plus d’âge plus ouvert aux perspectives du ciel, ni par conséquent plus favorisé d’en haut, que la vieillesse.
Dans ce lit à ciel pompeux, ce sont quelques punaises qui l’ont, cette nuit, éveillé plus tôt qu’à l’ordinaire, à moins que ce ne soit quelque accident de gravelle, — le grain de sable de Cromwell, — logé en lieu douloureux, qui ait causé l’insomnie.
Jusque dans les portions arides et tout en gravissant les premières pentes raboteuses, on a de loin en vue d’admirables temples, des colonnes de marbre pur se détachant sur une mer bleue, se découpant dans un ciel serein.
Après la scène du sacrifice, où l’on jette entre les bras de la statue d’airain jusqu’à quatorze enfants, on a aussitôt la pluie ; le ciel se détend, et bientôt la chance tourne aussi, la face des affaires change, et l’on arrive un peu vite à la scène du défilé de la Hache, où la plus grande partie de l’année barbare est cernée.
Ils rappellent et réfléchissent dans leurs écrits cette plaine de l’Attique, d’une maigreur élégante et fine, d’un ciel transparent.
« J’ai admiré souvent, et j’avoue que je ne puis encore comprendre, quelque sérieuse réflexion que je fasse, pourquoi toute la Grèce étant placée sous un même ciel, et les Grecs nourris et élevés de la même manière, il se trouve néanmoins si peu de ressemblance dans leurs mœurs. » C’est cette différence d’homme à homme dans une même nation, et jusque dans une même famille, qui est le point précis de la difficulté.
Des livres, des sphères, sont entassés pêle-mêle, non loin d’un télescope braqué sur un espace de ciel assez vaste qui brille d’un froid d’hiver au-dessus des cheminées et des toits.
Il avait de tout temps ses défauts, ses inadvertances ; il faisait rimer ciel et soleil, il disait l’une après l’une ; on ne lui demandait qu’à peine de s’en corriger ; la grammaire souffrait plus que l’esprit ; il y avait encore une certaine mesure et comme une harmonie dans ses négligences.
Tout le ciel brûle, des feux rouges, des feux verts, des feux jaunes… À moi, au secours !
Ce ne sont ni les préjugés de la société, ni les opinions philosophiques qui disposent de notre cœur ; c’est la vertu, telle que le ciel l’a créée, vertu d’amour ou vertu de sacrifice, mais toujours délicatesse et vérité.
Le lecteur a sans doute visité des galeries de tableaux rangés par écoles ; après deux heures de promenade parmi des peintures de Titien, de Tintoret, de Bonifazio et de Véronèse, si l’on sort et si l’on s’assied sur un banc, les yeux fermés, on a d’abord des souvenirs ; on revoit intérieurement telle rose et blonde figure demi-penchée, tel grand vieillard majestueusement drapé dans sa simarre de soie, des colliers de perles sur des bras nus, des cheveux roux crêpelés sur une nuque de neige, des colonnades de marbre veiné qui montent dans un ciel ouvert, çà et là une mine gaie de petite fille, un beau sourire de déesse, une ample rondeur d’épaule satinée, la pourpre d’une étoffe rouge sur un fond vert, bref cent résurrections partielles et désordonnées de l’expérience récente.
Au lieu de les employer comme moyens d’où résulte la forme expressive et belle, l’idée d’agrément et de beauté s’attache à leur observance même ; un sec formalisme s’impose à la littérature, par une méprise analogue à celle de certains dévots qui croient gagner le ciel par des formules verbales et des actes physiques, sans l’élan du cœur et sans l’amour.
C’est cet homme dont parle Pascal, qui était jeune au temps de l’antiquité, qui a pris des années depuis Pascal, qui se reconnaît dans les pensées d’un homme né trois mille ans avant lui, sous un autre ciel, dans une autre forme de société, avec d’autres dieux.
Lebègue, sorte de mystagogue, nourri à l’école de Plotin, qui nous entraînait, éperdus à sa suite, au milieu d’un vol d’anges, dans son ascension au septième ciel et nous la finissions avec Gabriel Séailles, positiviste, qui nous reculbutait sur terre et nous montrait le bonheur dans l’édification de la Salente socialiste.
Et plût au ciel encor, pour couronner l’ouvrage, Que Montausier voulût leur donner son suffrage !
Telle une statue grecque foudroyée, qui garderait, sous le feu du ciel, sa morgue olympienne et son sourire impassible.
Commynes mêle fréquemment Dieu et le ciel à ses considérations, et l’on peut se demander quelquefois s’il le fait avec une entière franchise, et si ce n’est pas pour mieux couvrir ses hardiesses et ses malices.
Je ne parle pas ici de son courage, de sa fermeté, de cette hauteur de pensée capable d’embrasser tout ce qui est sous le ciel ; mais je parle d’une vigueur qui lui était propre, et d’une rapidité qui semblait de feu.
Le père Bouhours, l’un de ses admirateurs et de ses disciples, et qui l’assista dans ses derniers moments, a dit : Les malheurs d’autrui le touchaient plus que les siens propres, et sa charité envers les pauvres, qu’il ne pouvait voir sans les soulager, lors même qu’il n’était pas trop en état de le faire, lui a peut-être obtenu du ciel la grâce d’une longue maladie, pendant laquelle il s’est tourné tout à fait vers Dieu ; car, après avoir vécu en honnête homme et un peu en philosophe, il est mort en bon chrétien dans la participation des sacrements de l’Église et avec les sentiments d’une sincère pénitence.
L’orateur, en terminant, montre les articles organiques du Concordat ayant pour effet d’apaiser tous les troubles, de rallier tous les cœurs, « de subjuguer les consciences mêmes, en réconciliant pour ainsi dire la Révolution avec le ciel ».
Vers la fin de sa vie, Marguerite, devenue à son tour une antique, n’avait plus du tout de cheveux bruns et faisait une grande dépense de perruques blondes : « Pour cela elle avait de grands valets de pied blonds que l’on tondait de temps en temps. » Mais dans sa jeunesse, quand elle osait être brune, au naturel, cela ne la déparait point, car elle n’en avait pas moins un teint d’un vif éclat, « un beau visage blanc qui ressemblait un ciel en sa plus grande et blanche sérénité », — « un beau front d’ivoire blanchissant », disent les contemporains et les poètes, qui en ceci paraissent n’avoir point menti.
Que de friponneries, ô ciel !
Nous qui, alors enfants, avions été nourris dans ces étranges visions, nous et pouvions pas croire que les hommes supérieurs fussent des personnes naturelles ; et nous ne pouvions nous figurer M. de Lamartine, qu’une lyre à la main et les yeux au ciel.
Il a mêlé de cette nuée aussi à sa littérature, faite pour rester claire, consistante et gaie comme l’éther du ciel et le bon sens français !
Je le demande à tous les mystiques de la terre, ou plutôt à tous ceux pour qui la terre n’est que l’antichambre du ciel.
Cependant l’âge de l’épopée touche à sa fin… Une religion spiritualiste se glisse au cœur de la société antique… Elle enseigne à l’homme qu’il a deux vies à vivre, l’une passagère, l’autre immortelle ; l’une de la terre, l’autre du ciel.
. — Oublier tout ce qui m’oppresse pendant six mois, l’oublier avec vous, que j’aime profondément, sous ce beau ciel d’Italie, — admirer ensemble les vestiges d’un grand peuple, verser des larmes sur celui qui succombe avant d’avoir été vraiment grand, ce serait du bonheur pour moi ; je mènerais avec moi mon fils aîné, qui est très-bon, et je suspendrais la douleur pendant six mois […] Il m’a paru bien de santé et, grâce au ciel, dans une assez agréable disposition. […] Ô vous que le ciel doua d’une âme si expansive et si tendre, cette erreur est belle sans doute, elle fait honneur à vos cœurs ; mais c’est une erreur cependant, et la raison ne saurait perdre ses immuables droits.
À vingt et un ans, secrétaire chez sir William Temple, il eut par an vingt livres sterling de gages, mangea à la table des premiers domestiques, écrivit des odes pindariques en l’honneur de son maître, emboursa dix ans durant les humiliations de la servitude et la familiarité de la valetaille, obligé d’aduler un courtisan goutteux et flatté, de subir milady sa sœur, agité d’angoisses « dès qu’il voyait un peu de froideur957 » dans les yeux de sir William, leurré d’espérances vaines, contraint après un essai d’indépendance de reprendre la livrée qui l’étouffait. « Pauvres hères, cadets du ciel, indignes de son soin, nous sommes trop heureux d’attraper les restes et le rebut de la table958 ! […] L’homme fiévreux, après le labeur du soir et les angoisses de la nuit, aperçoit au matin la blancheur rayonnante du ciel qui s’ouvre ; il se déprend de lui-même, et de toutes parts la joie de la nature entre avec l’oubli dans son cœur. […] Il met la procédure dans le ciel ; il impose à Vénus tous les termes techniques.
On a observé que la rosée ne se dépose jamais abondamment dans des endroits fort abrités contre le ciel ouvert, et point du tout dans les nuits nuageuses ; mais que, si les nuages s’écartent, fût-ce pour quelques minutes seulement, de façon à laisser une ouverture, la rosée commence à se déposer, et va en augmentant. Ici il est complétement prouvé que la présence ou l’absence d’une communication non interrompue avec le ciel cause la présence ou l’absence de la rosée ; mais puisqu’un ciel clair n’est que l’absence des nuages, et que les nuages, comme tous les corps qu’un simple fluide élastique sépare d’un objet donné, ont cette propriété connue, qu’ils tendent à élever ou à maintenir la température de la surface de l’objet en rayonnant vers lui de la chaleur, nous voyons à l’instant que la retraite des nuages refroidira la surface.
On a observé que la rosée ne se dépose jamais abondamment dans des endroits fort abrités contre le ciel ouvert, et point du tout dans les nuits nuageuses ; mais que, si les nuages s’écartent, fût-ce pour quelques minutes seulement, de façon à laisser une ouverture, la rosée commence à se déposer, et va en augmentant. Ici il est complètement prouvé que la présence ou l’absence d’une communication non interrompue avec le ciel cause la présence ou l’absence de la rosée ; mais puisqu’un ciel clair n’est que l’absence des nuages, et que les nuages, comme tous les corps entre lesquels et un objet donné il n’y a rien qu’un fluide élastique, ont cette propriété connue, qu’ils tendent à élever ou à maintenir la température de la surface de l’objet en rayonnant vers lui de la chaleur, nous voyons à l’instant que la retraite des nuages refroidira la surface.
Il buvait la blancheur des glaciers, le vert des pentes et des vallées, le bleu du ciel… Il vécut un de ces instants dont la volupté une fois savourée dépose au fond de vous le germe d’un amour éternel… Et, comme il était là, debout sur le bord de l’arête, la roche friable céda tout à coup sous ses pieds. […] Croyant assister au panorama de l’univers, je n’assiste qu’au tableau mouvant de mon être intérieur. « C’est moi-même ébloui que j’ai nommé le ciel », comme a dit M. […] Elles achèteront la maison obstruante, ce qu’elles appellent « le mur » ; car elles n’en connaissent que ce mur nu et dur qui les sépare du ciel ; et elles retrouveront le spectacle familier à leur jeunesse, l’horizon connu de leurs yeux, qui leur était comme un ami et comme un parent. […] Je te voyais, je voyais les arbres, la belle forêt, le beau ciel. […] Lorsque, le matin, vous êtes arrivé à Port-Maurice, le ciel ressemblait-il à un immense voile bleu, coupé de larges bandes roses, suspendu par les pics des montagnes sur la mer et sur Port-Maurice ?
L’Italie, en effet, enseigne à ceux qui l’étudient sérieusement, par les lignes mêmes de son paysage, par la clarté de son ciel, par les monuments et les ruines dont elle est semée, une simplicité de style que l’artiste chercherait vainement ailleurs ; et cet enseignement, une fois gravé dans l’âme du poète, s’efface difficilement. […] Il est visible que le poète respire et chante sous un ciel plus chaud et contemple un paysage plus richement coloré. […] Cette différence s’explique sans peine ; l’art catholique du Campo Santo, les lignes harmonieuses de la campagne romaine, l’ardeur et l’éclat du ciel napolitain, n’étaient pas faits pour inspirer les mêmes pensées que Venise vendant ses filles et le chant de ses gondoliers à la satiété opulente de l’étranger. […] Dans le cimetière de Pise comme dans la campagne romaine, sous le ciel napolitain comme dans les lagunes de Venise, le poète n’a qu’une seule et même pensée : le contraste d’hier et d’aujourd’hui, de la grandeur et de l’abaissement. […] Tel qu’il est, ce livre offre des personnages nouveaux qui ne demandent qu’à vivre sous le ciel où ils sont nés, mais qui, après avoir fatigué leurs poumons dans l’atmosphère homérique, ne retrouvent qu’avec peine leur première vigueur au milieu de l’air natal.
Elle se découpe, noire et puissante, sur les fonds vaporeux des lointains de la campagne, car dans ce tableau, vu d’ensemble, l’horizon des Cévennes se détache seul sur le ciel, et là, je crois, est le secret de son magique aspect. […] C’est l’isolement de Rome sur son ciel sans bornes qui fait que la grandeur réelle de ses monuments est difficilement appréciable à celui qui en approche. […] Et tous vont, viennent, ferraillent, se tuent, ressuscitent, s’égorgent de nouveau, toujours parlant, toujours criant, toujours poussant vers le ciel des cris d’imprécation. […] Mais parfois leur lumière se répand à la surface du ciel avec une telle puissance et une telle intensité, qu’elle efface la clarté des planètes et même celle du soleil. […] Fils de cette Provence qu’on a nommée l’Orient français, ayant porté ses premiers regards sur ce ciel qui est plus profond et plus bleu, sur ces collines qui ont plus de relief, sur ces couleurs qui ont plus d’éclat que partout ailleurs, M.
Dans la nuit du 12 au 13, Rosny, qui était en garnison dans Pacy-sur-Eure, vit ou crut voir au milieu d’un orage « de grands signes au ciel de deux armées fort bien distinguées, et les hommes et les chevaux aussi se battant furieusement », presque de même qu’il devait le voir ensuite le lendemain.
Un des morceaux enfin dont on se souvient, et qu’on a souvent cité, est celui où Gibbon, venant de terminer à Lausanne dans son jardin les dernières lignes de sa grande Histoire, pose la plume, fait quelques tours dans son berceau d’acacias, se prend à regarder le ciel, la lune alors resplendissante, le beau lac où elle se réfléchit, et à dire un adieu mélancolique à l’ouvrage qui lui a été, durant tant d’années, un si bon et si agréable compagnon.
Un petit nombre abandonne la foule, demande les yeux levés la richesse du ciel, et gagne les seuls biens réels, vérité, sagesse, grâce, et une paix pareille à celle de là-haut… Alors il se met à examiner les différents jeux, ces cailloux de différentes couleurs que s’amusent à ramasser les hommes et qu’ils continuent souvent de rechercher jusque dans la retraite et la solitude : car la plupart ne la désirent que pour s’y plus abandonner à leurs goûts favoris, et pour mieux caresser leur passion secrète.
Après les heures qu’elle employait auprès de son estimable gouvernante Mme de Sonsfeld, personne de mérite qu’un coup du ciel lui donna pour remplacer l’abominable Leti, ses meilleurs moments, ses seuls bons moments étaient ceux qu’elle passait avec son frère, et si la raillerie, la satire, le rire aux dépens du prochain les occupaient trop souvent, il faut bien penser que c’était une revanche très permise à des natures supérieures entourées d’êtres grossiers, abjects ou méchants qui les opprimaient.
» Michel, l’artiste poète, est amoureux, heureux ou toujours prêt à l’être, bonnement, simplement, selon la nature ; il a le ciel dans le cœur ; mais, au moment où il croit tenir l’entière félicité, elle lui échappe ; on le désole par mille subtilités, par mille craintes.
Sur un fond de ciel gris, au milieu d’un paysage nu et plat qui est assez celui de la plaine des environs de Paris, se détache l’horrible vieillard, espèce de chiffonnier au moral de toutes les guenilles et de toutes les désillusions humaines.
Ainsi, dit le poëte, au temps des Césars, une jeune chrétienne était amenée dans le cirque ; ses yeux, mouillés de pleurs, levés vers le ciel, y cherchaient un appui, ses mains essayaient de dérober ses charmes aux regards des spectateurs !
Le poète compare Cromwell encore modeste, selon lui, et fier seulement d’obéir à la République et aux Communes, au généreux oiseau de proie, docile au chasseur, et qui n’ensanglante les airs que pour lui : « Ainsi, quand le faucon s’abat pesamment des hauteurs du ciel, une fois sa proie mise à mort, il ne pense plus qu’à percher sur la branche verte voisine où, au premier appel, le fauconnier est sûr de le trouver. » Ainsi la République est sûre de son Cromwell. — Rapprochez cette ode du généreux et fervent sonnet que Milton adressait à Cromwell vers le même temps : « Cromwell, notre chef d’hommes, qui, à travers un nuage non seulement de guerre, mais de détractions violentes et de calomnies, guidé par la foi et par une fortitude incomparable, as enfoncé ton glorieux sillon vers la paix et la vérité !
Là49, je soupire auprès de toi, Et considérant comme quoi Ton œil si doucement repose, Je m’écrie : O ciel !
C’est dans Charles et Marie que se trouve ce mot ingénieux, souvent cité : « Les défauts dont on a la prétention ressemblent à la laideur parée ; on les voit dans tout leur jour. » Si le voyage en Angleterre, le ciel et la verdure de cette contrée jetèrent une teinte lactée, vaporeuse, sur ce roman de Charles et Marie, on trouve dans celui d’Eugénie et Mathilde, qui parut seulement en 1811, des reflets non moins frappants de la nature du Nord, des rivages de Hollande, des rades de la Baltique, où s’était assez longtemps prolongé l’exil de Mme de Flahaut. « La verdure dans les climats du Nord a une teinte particulière dont la couleur égale et tendre, peu à peu, vous repose et vous calme… Cet aspect ne produisant aucune surprise laisse l’âme dans la même situation ; état qui a ses charmes, et peut-être plus encore lorsqu’on est malheureux.
Un soir qu’on avait plus longuement causé de guérison et d’espérance, qu’on avait projeté pour Christel des promenades à cheval au printemps, qu’on s’était promis de se diriger sur les domaines d’Hervé, vers un bois surtout de hêtres séculaires qu’avaient habité les fées de son enfance, et dont il aimait à vanter la royale beauté, il crut le moment propice, et, après quelques mots sur sa mère, à laquelle il avait parlé, disait-il, de cette visite désirée : « Il est temps, ajouta-t-il d’un ton marqué, qu’elle connaisse celle qui lui vient. » Christel tressaillit et l’arrêta ; ce fut un simple geste, un signe de tête accompagné d’un coup d’œil au ciel, le tout si résigné, si reconnaissant, si négatif à la fois, avec un sourire si pâli, et dans un sentiment si profond et si manifeste du néant de pareils projets à l’égard d’une malade comme elle, que la mère navrée ne put qu’échanger avec Hervé un lent regard noyé de larmes.
« Outre ces nombreuses vicissitudes des choses humaines, des prodiges effrayants dans le ciel et sur la terre, les avertissements de la foudre, les présages des événements futurs, présages heureux, sinistres, ambigus, évidents tour à tour.
Un fragment de la Résurrection (xiie siècle), dans un curieux prologue, nomme treize « lieux et maisons », le ciel à un bout, l’enfer à l’autre, à travers lesquels se promènera l’action.
Ils ne songent qu’à nous courber davantage vers la terre en nous alourdissant, nous, à qui notre pauvreté permet encore l’habitude droite et les regards dirigés vers le ciel, d’autant de besoins misérables que les riches.
Si Mahomet descendait aujourd’hui du ciel sur la terre, où irait-il ?
Son style, aux beaux endroits, a des reflets de cuivre et comme d’acier, mais des reflets sous un ciel gris, jamais au soleil.
« Un homme qui ne se croit pas tombé du ciel, dit-il, qui ne date pas l’époque du monde du jour de sa naissance, doit être curieux d’apprendre ce qui s’est passé dans tous les temps et dans tous les pays. » Tout homme doit au moins se soucier de ce qui s’est passé avant lui dans le pays qu’il habite.
Athènes par-delà l’appelle ; il y aspire comme le dévot musulman au pèlerinage de La Mecque ; mais, en attendant, Rome et Naples, avec leurs monuments, leur ciel et leur petite société d’élite, lui suffisent, le possèdent et lui tiennent lieu de tout ; grands souvenirs, beautés naturelles, c’est pour lui tout ensemble « ce qu’il y a de mieux dans le rêve et dans la réalité ».
Encore un coup d’aile dans cette voie, encore un bout d’ascension dans cette profondeur de ciel, et la critique était arrivée, je ne dis pas à sa vérité de fait et de découverte, — car Aubryet peut se tromper et même il se trompe quelquefois dans l’idée générale qu’il dégage d’un homme ou d’une œuvre pour le faire mieux ressortir sur ce fond de lumière, — mais elle était arrivée à sa vérité d’essence et de direction.
Mais avec cela on gagne le ciel, et la Gloire elle-même peut s’acheter à ce prix : pourquoi Brizeux n’aurait-il pas eu sa gloire ?
Les fleurs, la fraîcheur de la chambre, l’ennui de bâiller seul, la gaieté du ciel, toutes ces idées, avec tous leurs détails, passent et reviennent dans votre tête, agréables ou fâcheuses, avec des commencements et des chocs de désirs contraires ; tout à coup vous apercevez un volume nouveau, les Contemplations de Victor Hugo.
… Fleuve d’oubli, jardin de la paresse, Oreiller de chair fraîche où l’on ne peut aimer, Mais où la vie afflue et s’agite sans cesse Comme l’air dans le ciel, et la mer dans la mer. […] C’est toujours Midi qu’on en cite pour preuve : Midi, roi des étés, épandu sur la plaine Tombe en nappes d’argent des hauteurs du ciel bleu ; et j’ose au moins les rappeler à mon tour, maintenant que le poète est mort. […] L’homme, pour eux, avait reçu l’univers comme en fief, et les oiseaux du ciel, comme les poissons des eaux, n’avaient en quelque sorte été créés qu’à son usage. […] En s’envolant au ciel l’ont-elles vu fermé ? […] Sous ce ciel de Sicile, où madame Scilly reprend tous les jours des forces nouvelles, ils vivent « en plein rêve » ; et, très nobles l’un et l’autre, ils ne souhaitent que de ne pas voir finir ce songe de félicité.
3º Le mysticisme vous conduit, c’est un fait, à croire que vous profitez d’une alliance divine, et d’un secours, ou d’un surcroît de force, don du ciel : de là, une forme d’« impérialisme irrationnel », une ambition qui dépasse les conditions ordinaires de l’humanité. […] Il y avait de tout dans le ciel. […] En regardant de près chaque phrase, vous consentez que les étoiles sont dans le ciel comme les poules dans le poulailler ; la housse de la lune vous amuse un peu ; les nappes du ciel, pareillement radieuses pour la nuit et pour le matin, vous étonnent ; vous saviez que le vent du Sud était perpendiculaire au vent d’Est ; vous ne savez pas ce que c’est que votre angle droit ; vous ne saviez pas non plus que le côté des cloches qu’elles présentent au soleil rendît un son plus tendre ; et vous n’auriez point osé mettre votre ombre au soleil… Il vous semble que l’auteur vous taquine ; et vous passez quelques pages. […] Du moindre regard au ciel, comme d’une fusée, retombait une gerbe d’oiseaux. […] La première a le front « chargé d’orage et de ciel bleu » ; elle est blonde et a les cheveux bouclés.
On a observé que la rosée ne se dépose jamais abondamment dans des endroits fort abrités contre le ciel ouvert, et point du tout dans les nuits orageuses ; mais que, si les nuages s’écartent, fût-ce pour quelques minutes seulement, de façon à laisser une ouverture, la rosée commence à se déposer et va en augmentant. Ici il est complètement prouvé que la présence ou l’absence d’une communication non interrompue avec le ciel cause la présence ou l’absence de la rosée. Mais, puisqu’un ciel clair n’est que l’absence des nuages, et que les nuages, comme tous les corps entre lesquels et un objet donné il n’y a rien qu’un fluide élastique, ont cette propriété connue, qu’ils tendent à élever ou à maintenir la température de la surface de l’objet en rayonnant vers lui de la chaleur, nous voyons à l’instant que la retraite des nuages refroidira la surface.
se dit l’enfant nourri sous un ciel toujours serein, sur un sol ferme et sec, et au milieu des flots d’une lumière brillante, c’est ici le centre des arts et de la civilisation ! […] Et si, dans les intervalles de ces bruits qui se succèdent comme des ondes, un chant de berger résonne quelques instants, il semble que la pensée de l’homme s’élève avec ce chant pour raconter ses besoins, ses fatigues au ciel, et lui en demander le soulagement.
L’Art, la Morale, l’Ordre social, la Religion, la Raison devaient rester dans leur ciel, et il ne fallait point les en faire descendre sous la forme prosaïque de Dorante, de Cléante, de Philinte, d’Ariste, de Clitandre, d’Henriette ou du bonhomme Chrysale, pour opposer leur caractère divin à l’impiété, au vice, à la vanité folle, au mauvais goût littéraire. […] La Justice n’était pas une chose abstraite, réglée d’une manière immuable et fixe par des articles de codes : assise sous le ciel bleu, à l’ombre des chênes, et tenant un sceptre à la main, elle écoutait les plaintes, pacifiait les différends, ou bien, changeant son sceptre en épée, elle se chargeait elle-même du redressement des torts et de l’exécution de la vengeance.
la divine innocence, l’enfantine sublimité, qu’on entrevoit parfois dans certaines jeunes créatures, mais pour un court moment, comme un éclair du ciel. » C’est un idéal qu’on ne peut espérer d’atteindre, mais qu’il serait bon d’avoir sous les yeux, quand on écrit pour la foule. […] Si on ne peut pas l’enlever en plein ciel — où elle nous suivra mûrement — il faut consentir à ramper à terre avec elle.
Et cette différence leur constitue une supériorité funeste, jusque l’heure où notre démocratie les supprimera, pour le bien commun : voici que bientôt l’aurore bénie de l’égalité va s’épanouir en un triomphal rayonnement de plein ciel. […] Ifs furent, sous la douce chaleur de leur ciel, le peuple de la pure dialectique.
Par exemple, je récite de mémoire le début de Rolla : Regrettez-vous Io temps où le ciel sur la terre Marchait et respirait clans un peuple de dieux ? […] Voilà deux vers qui commencent par le même hémistiche : Regrettez-vous le temps… Comment se fait-il que je termine le second en ajoutant : où nos vieilles romances, au lieu de le terminer comme le premier en ajoutant : où le ciel sur la terre ?
Sous la Régence, on ruinait la France à ciel ouvert, mais on ne la tripotait pas ! […] Dans le ciel même, l’ange qui frappe n’est pas l’ange qui couronne, et qui sait si sa fonction de justice cruelle ne nuit pas, dans l’historien, à la fonction de justice douce que nous voudrions aussi lui voir exercer ?
Mais il y a loin de cet attachement à la cité, groupement encore placé sous l’invocation du dieu qui l’assistera dans les combats, au patriotisme qui est une vertu de paix autant que de guerre, qui peut se teinter de mysticité mais qui ne mêle à sa religion aucun calcul, qui couvre un grand pays et soulève une nation, qui aspire à lui ce qu’il y a de meilleur dans les âmes, enfin qui s’est composé lentement, pieusement, avec des souvenirs et des espérances, avec de la poésie et de l’amour, avec un peu de toutes les beautés morales qui sont sous le ciel, comme le miel avec les fleurs. […] Les origines de cette mécanique sont peut-être plus mystiques qu’on ne le croirait ; elle ne retrouvera sa direction vraie, elle ne rendra des services proportionnés à sa puissance, que si l’humanité qu’elle a courbée encore davantage vers la terre arrive par elle à se redresser, et à regarder le ciel.
Un autre esprit, bien meilleur et plus sûr, Mme de Glapion, était elle-même légèrement atteinte : « Je me suis bien aperçue, lui écrivait Mme de Maintenon, du dégoût que vous avez pour vos confesseurs : vous les trouvez grossiers ; vous voudriez plus de brillant et plus de délicatesse ; vous voudriez aller au ciel par un chemin semé de fleurs. » Mme de Glapion trouvait le catéchisme un peu terre à terre, un peu court sur de certains points ; il lui semblait ridicule « que le maître fît des demandes dignes d’un écolier, et que l’écolier fît des réponses d’un maître ».
« Que le ciel nous envoie bientôt un homme à talent pour faire une telle tragédie !
Heureux dès sa jeunesse, ayant reçu du ciel la fortune, la bonne mine, le désir de plaire et l’art de jouir, il vécut de bonne heure dans le meilleur monde ; il respira, sur la fin du règne de Louis XIV, cet air civilisé le plus doux et le plus tempéré pour lequel il était fait ; il continua sa carrière fort avant dans le xviiie siècle sans en partager les licences ni les ardeurs, fut l’ami intime et le familier de tous les gens en place, le patron ou l’amphitryon des gens de lettres, parmi lesquels il prit un rang distingué que chacun s’empressa de lui offrir.
Non, je ne crains pas de mécomptes avec vous, et ma reconnaissance seule peut égaler la parfaite sécurité que vous m’inspirez. » L’amitié épurée, exaltée, entre ces deux jeunes personnes vivant dans le grand monde artificiel de Pétersbourg et y réfléchissant chacune à sa manière les mystiques influences qui traversaient alors le ciel d’Alexandre, me fait l’effet de ces parfums légèrement enivrants et qui entêtent, exhalés par deux plantes rares nourries en serre chaude et trop poussées.
Mais je continue de donner la description tout agréable : « C’est dans une soirée d’automne, lorsque les lumières qui brillent de toutes parts décèlent les maisons modestes des cultivateurs, cachées sous des treilles ou des groupes d’arbres fruitiers et d’oliviers ; lorsque des flambeaux de paille errant sur tous les sentiers font remarquer les paysans qui vont gaiement se réunir chez leurs voisins et passer les veillées ensemble ; lorsque les croupes arrondies des montagnes, que les oliviers semblent velouter, se dessinent dans le ciel le plus pur, c’est alors que le spectacle des collines rappelle les idées les plus romanesques.
Ce qui lui est resté de distinct entre ses plus anciens et ses premiers souvenirs, ce n’est aucun fait particulier, mais « la vision très nette de certains lieux, la note exacte de l’heure et de la saison, et jusqu’à la perception de certains bruits qui n’ont cessé depuis de se faire entendre : « Peut-être vous paraîtra-t-il assez puéril de me rappeler qu’il y a trente-cinq ans tout à l’heure, un soir que je relevais mes pièges dans un guéret labouré de la veille, il faisait tel temps, tel vent ; que l’air était calme, le ciel gris ; que des tourterelles de septembre passaient dans la campagne avec un battement d’ailes très sonore, et que tout autour de la plaine, les moulins à vent, dépouillés de leur toile, attendaient le vent qui ne venait pas.
Nous nous levons alors, et tous en même temps Poussons jusques au ciel mille cris éclatants… » Nous nous levons alors… On peut dire de ce mouvement, de ce beau récit impétueux, ce que Cicéron disait de pareils récits guerriers de Thucydide : Canit bellicum.
Dans son pèlerinage à la Dent du Midi, assis sur le plateau de granit, au-dessus de la région des sapins, au niveau des neiges éternelles, plongeant du milieu des glacières rayonnantes au sein de l’éther indiscernable, vers le ciel des fixes, vers l’univers nocturne, Oberman me figure exactement ce sage de Lucrèce, qui habite Edita doctrina sapientum templa serena ; temple, en effet, tout serein et glacé, éblouissant de blancheur et semblable à un sommet neigeux que la lumière embrase sans jamais le fondre ni l’échauffer.
Qu’est-ce que cette mollesse et finesse de l’air que les Anciens trouvaient au ciel d’Athènes, que les Latins du temps des Césars croyaient ressentir à Rome (proprium quemdam gustum urbis), que Voltaire recommandait si fort aux poëtes trop absents de Paris, et dont lui-même, à ce qu’il semble, il savait se passer si bien ?
J’ai rougi d’abord de ces larmes adultères qui coulaient à la fois sur ma mère et sur mon amant… ciel !
Tandis que dans les ordres d’idées différents, en politique, en religion, en philosophie, chaque homme, chaque œuvre tient son rang, et que tout fait bruit et nombre, le médiocre à côté du passable, et le passable à côté de l’excellent, dans l’art il n’y a que l’excellent qui compte ; et notez que l’excellent ici peut toujours être une exception, un jeu de la nature, un caprice du ciel, un don de Dieu.
Tous les dimanches, aux prônes, il se crie des lieutenances et des sous-lieutenances (de saints) : à tant la lieutenance de saint Pierre Si le paysan tarde à mettre le prix, vite un éloge de saint Pierre, et mes paysans de monter à l’envi736. » — À ces cerveaux tout primitifs, vides d’idées et peuplés d’images, il faut des idoles sur la terre comme dans le ciel. « Je ne doutais nullement, dit Rétif de la Bretonne737, que le roi ne pût légalement obliger tout homme à me donner sa femme ou sa fille, et tout mon village (Sacy en Bourgogne) pensait comme moi. » Il n’y a pas de place en de pareilles têtes pour les conceptions abstraites, pour la notion de l’ordre social ; ils le subissent, rien de plus. « La grosse masse du peuple, écrit Gouverneur Morris en 1789738, n’a pour religion que ses prêtres, pour loi que ses supérieurs, pour morale que son intérêt ; voilà les créatures qui, menées par des curés ivres, sont maintenant sur le grand chemin de la liberté ; et le premier usage qu’elles en font, c’est de s’insurger de toutes parts parce qu’il y a disette. » Comment pourrait-il en être autrement ?
Cela n’empêche pas de vivre comme les autres, de jouir, à l’occasion, du ciel, de l’air pur ou même de la société des hommes et des femmes ; mais, dans les minutes où l’on pense, il n’est guère possible, en dehors d’une foi positive, d’être optimiste : il y a trop de souffrances inutiles et absurdes et, de tous les côtés, une trop épaisse muraille de nuit… M.
En l’impuissance de leur rêve Et languides sous la langueur De leur ciel morne et sans couleur, Elles regarderont sans trêve Les brebis des tentations S’éloigner lentes, une à une, En l’immobile clair de lune Mes immobiles passions.
Quand sur l’immense scène au ciel ouverte, Iphigénie sacrifiée pleurait la douce lumière du Soleil, Athènes, comme elle, était pénétrée de reconnaissance envers l’astre qui la favorisait.
Quand sur l’immense scène au ciel ouverte Iphigénie sacrifiée pleurait la douce lumière du Soleil, Athènes, comme elle, était pénétrée de reconnaissance envers l’astre qui la favorisait.
Des visages échevelés et brillants de larmes, des bras dressés au ciel ou tendus désespérément vers leur hôte, des mains qui s’attachent à son vêtement, comme des gestes de naufragées saisissant une branche ; c’est l’image que donne ce chant éploré.
Ainsi parle-t-elle, d’un ton ferme et doux, avec de grands yeux clairs et une décence d’ange ; et, en écoutant cette confession de fille entretenue prononcée par une voix de vierge, on se rappelle le mot de Henri Heine : « J’ai vu des femmes qui avaient le vice peint en rouge sur leurs joues, et, dans leur cœur, habitait la pureté du ciel.
Venons à présent à ma physionomie, puisque, grâce au ciel, j’en ai une.
ange protecteur à qui le ciel a confié les jours et les vertus de sa chère Émilie, ange qui vous attachez à ses pas au milieu des dangers dont elle est environnée, faites qu’elle acquière encore de nouvelles vertus et de nouveaux charmes ; secondez ses touchants efforts, et hâtez ses progrès vers la perfection !
Le sentiment moral reste un peu blessé, au milieu de tous les étonnements qu’excite ce bel ouvrage, de le trouver si muet et si désert du côté du ciel. — Seul le Génie de l’humanité y domine et s’y glorifie dans une dernière page d’une perspective grandiose et superbe, bien que légèrement attristée49.
La pensée religieuse qui s’y joint dans son esprit ajoute plutôt qu’elle n’ôte à ce que cette maxime royale a de politiquement remarquable ; et c’est en ces parties qu’on reconnaît chez lui le véritable homme de talent dans cet art difficile de régner : La sagesse, dit-il, veut qu’en certaines rencontres on donne beaucoup au hasard ; la raison elle-même conseille alors de suivre je ne sais quels mouvements ou instincts aveugles, au-dessus de la raison, et qui semblent venir du ciel, connus à tous les hommes, et plus dignes de considération en ceux qu’il a lui-même placés aux premiers rangs.
À la comtesse de Soissons, à l’occasion de la mort du comte son mari, il dira assez singulièrement et pour lui persuader qu’elle y a gagné plutôt que perdu : « Si vous désirez votre bien, il est meilleur que vous ayez un avocat au ciel qu’un mari en terre (sur la terre). » Une fois, il donne des conseils intérieurs et tout spirituels à une âme dévote qui éprouvait des peines et des découragements dans l’oraison ; il essaye avec elle d’un langage et d’une science mystique, où il est aisément vaincu par les saint François de Sales et les Fénelon.
Chacun de ces instants est gravé dans ma mémoire… J’avais obtenu le retour de la paix, je l’avais obtenu sans autre moyen que le langage de la raison et de la vertu : cette idée me saisissait par toutes les affections de mon âme, et je me crus un moment entre le ciel et la terre.
Dans Une Page, le ciel au-dessus de Paris reflète patiemment l’humeur de l’héroïne, entre toutes les habitantes élues.
Ces ondes, ce flux et ce reflux, ce va-et-vient terrible, ce bruit de tous les souffles, ces noirceurs et ces transparences, ces végétations propres au gouffre, cette démagogie des nuées en plein ouragan, ces aigles dans l’écume, ces merveilleux levers, d’astres répercutés dans on ne sait quel mystérieux tumulte par des millions de cimes lumineuses, têtes confuses de l’innombrable, ces grandes foudres errantes qui semblent guetter, ces sanglots énormes, ces monstres entrevus, ces nuits de ténèbres coupées de rugissements, ces furies, ces frénésies, ces tourmentes, ces roches, ces naufrages, ces flottes qui se heurtent, ces tonnerres humains mêlés aux tonnerres divins, ce sang dans l’abîme ; puis ces grâces, ces douceurs, ces fêtes, ces gaies voiles blanches, ces bateaux de pêche, ces chants dans le fracas, ces ports splendides, ces fumées de la terre, ces villes à l’horizon, ce bleu profond de l’eau et du ciel, cette âcreté utile, cette amertume qui fait l’assainissement de l’univers, cet âpre sel sans lequel tout pourrirait ; ces colères et ces apaisements, ce tout dans un, cet inattendu dans l’immuable, ce vaste prodige de la monotonie inépuisablement variée, ce niveau après ce bouleversement, ces enfers et ces paradis de l’immensité éternellement émue, cet infini, cet insondable, tout cela peut être dans un esprit, et alors cet esprit s’appelle génie, et vous avez Eschyle, vous avez Isaïe, vous avez Juvénal, vous avez Dante, vous avez Michel-Ange, vous avez Shakespeare, et c’est la même chose de regarder ces âmes ou de regarder l’Océan.
Grâce au ciel le grand roi n’a pas eu assez d’empire sur ce merveilleux génie pour polir et discipliner cette imagination biblique et orientale, naïve et sublime.
Voir pour la Côte d’Ivoire, les contes de Delafosse et notamment : Le ciel, l’araignée et la mort.
Mais la publication qu’a faite dernièrement M. de Lescure des œuvres choisies de Rivarol, a modifié beaucoup, j’en conviens, mon opinion sur l’autre gloire qui doit revenir à Rivarol, — à cet homme qui ne fut pas seulement, après tout, qu’un improvisateur sublime, le Génie spontané et prodigieux de la causerie, et chez qui la conversation, si feu du ciel et foudre qu’elle ait été, n’a pas cependant tout dévoré de ses autres supériorités.
« La religion, dit-il, en même temps qu’elle atteint par son sommet le ciel pur de l’idéal (par exemple, Benjamin Constant, qui filtrait son eau du Rhin avant de la boire, était trop spirituel et trop Français, lui !
Un point est en tout cas incontestable, c’est que, si la télépathie est réelle, elle est naturelle, et que, le jour où nous en connaîtrions les conditions, il ne nous serait pas plus nécessaire, pour avoir un effet télépathique, d’attendre un « fantôme de vivant », que nous n’avons besoin aujourd’hui, pour voir l’étincelle électrique, d’attendre comme autrefois le bon vouloir du ciel et le spectacle d’une scène d’orage.
On a cru et on a dit que les progrès des sciences chasseraient la religion, comme la poésie d’un ciel désormais sans mystères. […] Il regarde le célibat des prêtres comme un attentat contre la vie, la doctrine du péché originel comme un blasphème contre l’enfance, la distinction des élus et des damnés, du ciel et de l’enfer, comme une injure à la bonté de Dieu. […] Avec ses énormes travaux, sa tâche étendue en tous sens, ses besoins de Titan, il lui faut beaucoup d’air, beaucoup d’eau et beaucoup de ciel, — non, le ciel tout entier, — l’espace et la lumière, l’infini d’horizon, — la terre pour terre promise, et le monde pour Jérusalem81. » Si l’on demandait maintenant qu’elle a été la qualité dominante, la faculté maîtresse de Michelet, je dirais donc que c’était la puissance et le besoin d’aimer. […] Il associait la nature non seulement à ses sentiments, mais aussi à sa philosophie : « Le temps était doux et sombre, la campagne triste ; un ciel gris l’enveloppait. […] J’aurais pu croire toucher le ciel en atteignant le bout de la route.
Elle y est tout entière, avec ses fleuves, ses montagnes et ses forêts, sa Bretagne rose et grise, sa verte Normandie, sa plantureuse Bourgogne, sa Provence lumineuse, son Auvergne et sa Picardie, avec sa terre et son ciel, avec ses fruits et ses hommes. […] Il méritait, comme Chateaubriand, et autant que lui, quelque tombe marine entre le ciel et l’eau, parce que la mer, comme le ciel, est multiforme innombrable, et qu’elle chante. […] Le dôme du Capitole s’arrondit mollement dans le ciel bleui. […] Ils ne connaissent plus l’automne que par l’or de sa chevelure qui est aussi celui des forêts ; le ciel et la mer sont dans ses yeux et c’est sa voix qui donne un sens au vent. […] Et l’horizon est de ciel, de routes et d’eaux.
L’astronome qui vient de découvrir dans la profondeur du ciel une nouvelle planète, le chimiste qui trouve un corps nouveau, ou, chose plus précieuse, la cause et le remède de quelque mal qui menace la vie humaine, rencontrent partout, et, tout de suite, des juges compétents pour se faire les garants de leur découverte. […] Tout à coup, il croit voir se dresser, ciel et terre ! […] N’a jamais raffermi ni redressé le mien ; C’est qu’en ce jeu de vers où sa muse s’escrime, Où l’on cherchait l’idée, on se heurte à la rime ; C’est que, pour moi, lecteur libre, et non pas féal, Hernani d’Othello recule l’idéal ; Qu’aux endroits les plus beaux, de mes sens resté maître, Je discerne en Hugo le paraître de l’être ; C’est qu’il ne compte point dans mes douze Grands Dieux ; Que, par-delà son ciel, je vois de plus hauts cieux ; C’est qu’il le sait de loin, n’ayant pas pu m’en taire. […] C’est par tous ces attraits qu’elle a tenté cette race qui a de tout temps rêvé le ciel des autres, et les pays de lumière, de beauté et d’art. […] Pour l’âme d’une Française et d’une mère, votre ciel n’a pas de félicités comparables à celle-là !
Pour en secouer l’impression pénible, pour tromper un peu cette fuite précipitée de moi-même et de ma jeunesse, dans la plaine des environs, à plusieurs lieues à l’entour, ou par un ciel voilé d’avril, ayant à la face un petit vent doux et mûrissant, ou par ces jours non moins tièdes et doux d’une automne prolongée, jours immobiles, sans ardeur et sans brise, quand il semble que la menue saison n’ose bouger de peur d’éveiller l’hiver, — j’employais les heures d’après-midi à parcourir à pied de grands espaces ; et, m’enhardissant ainsi en liberté et en solitude, j’essayais de croire que je n’avais jamais été plus avide, plus inépuisable à tous les vœux et à tout l’infini de l’amour. […] Il souffre de la faim, de la soif ; il est assailli de violentes tempêtes, inconnues sous le ciel d’Europe ; il a de longues nuits, glacées, sans sommeil ; ses gens se révoltent, et il est seul pour les réduire à l’obéissance ; il y parvient, grâce à son énergie et à la solidité de son bâton. […] Qu’on se représente ensuite, comme un brillant accessoire de ce tableau, au fond, le ciel de l’Inde avec son azur éblouissant ; d’un côté, les crêtes sourcilleuses et sombres de l’Himalaya, de l’autre Delhi, la ville impériale, avec ses toits dorés et ses pagodes étincelantes ; au milieu une table immense, chargée de bronzes, de cristaux, de magnifique argenterie ; des mets exquis dans des porcelaines de la Chine, des vins de France dans les glaces du Thibet ; tout autour, les officiers de la résidence, vêtus de leurs brillants uniformes, avec des rubans tricolores à la boutonnière ; aux quatre coins de la salle, les couleurs de la France flottant en nobles pavois, confondues avec les drapeaux tant de fois ennemis de la vieille Angleterre ; et sur le premier plan, à la place d’honneur, un jeune homme en simple frac ; c’est Victor Jacquemont, le héros de la fête.
Là où la veille il n’y avait rien, le lendemain il y a un monde : que ce monde soit celui de Shakespeare ou d’Homère, de Molière ou d’Aristophane, de Sophocle ou de Corneille, d’Archimède ou de Pascal ; que ce soit, dans l’ordre réel, l’enchaînement des hauts faits d’un héros ou ces autres bienfaits publics émanés d’un législateur et d’un sage, il n’importe : la médiocrité de la foule, en ajoutant petit à petit tout son effort durant des années, n’aurait pu y atteindre ; tous les ingénieux Marivaux en tout genre, tous les distingués et les habiles, tous les grands médiocres (comme Marivaux lui-même les appelle), entasseraient grain sur grain pendant des siècles pour s’élever et se guinder en se concertant jusqu’à cette sphère supérieure, ils n’en sauraient venir à bout : ce sont des facultés distinctes et diversement royales, don de la nature et du ciel, qui destinent et vouent quelques mortels fortunés à ces rôles, tout aisés pour eux, d’enchanteurs de l’humanité, de conducteurs vaillants et de guides.
Les langues sont nées de la race, et de tout ce qui affectait les sens à l’entour, du sol, du ciel, du paysage ; toutes ces circonstances se sont réfléchies indirectement dans les mots, dans les sons qui les composent. « Est-il bien vrai, se demandait-il, que notre langue soit inférieure à la langue grecque ?
À quoi pensait-il donc en examinant ainsi le ciel ?
Rien de pareil chez Villon ; pas l’ombre d’un arbre, pas le plus petit reflet de ciel, ne fût-ce que dans le ruisseau ; jamais rien qui ressemble au cri d’Horace : O rus, quando ego te aspiciam !
Puis je le revoyais, et je retrouvais un jour d’été avec tous ses sourires ; je croyais entendre dans les bois, dans les buissons, dans les haies, tous les oiseaux me saluer de leurs chants ; le ciel bleu était traversé par le cri du coucou, et dans la plaine en fleur bruissait l’eau du ruisseau.
Toutes ces passions, toutes ces libres liaisons se mêlaient, s’entrecroisaient, et à ciel découvert.
renaître, revoir le ciel et la lumière.
Quand même je saurais écrire, il me serait impossible de te donner une idée de tout ce que j’ai éprouvé dans cette grande boîte à quintessence de mort, lançant de toutes parts sur l’eau ses mille langues de feu et obscurcissant le beau ciel bleu d’Orient par des tourbillons de fumée… Chère Louise !
Et certes une église gothique, — ce beau vaisseau, cette nef de haut bord avec toutes ses mâtures et armatures, se détachant sur un fond de ciel brumeux ou dans un couchant enflammé, — ne perd point à être vue du dehors : du plus loin, la flèche ; de près, la façade ; et, sur les flancs mêmes, des portails secondaires, merveilleux d’ornements, peuplés de saints et saintes dans leurs niches !
« Lorsque périt le dernier des Gracques de la main des patriciens, atteint du coup mortel, il lança de la poussière vers le ciel en attestant les dieux vengeurs, et de cette poussière naquit Marius. » Mais cette admirable et menaçante parole, digne du serment du Jeu de Paume, n’est qu’un éclair, et je dirai qu’elle est plus voisine de Shakespeare que des Romains de David.
La scène ne se passait pas dans une tente, mais sous le ciel, à la revue, et la colonelle n’est autre que la première compagnie du premier bataillon, celle qui portait le drapeau.
Je laisse parler le capitaine Bernard : « Encore, dans cette misérable situation, s’il nous eût été permis de jouir d’un peu de liberté, nous eussions rendu grâces au ciel.
Viollet-le-Duc, publié en 1843, donnait des indications bibliographiques précises accompagnées de courtes analyses ou d’aperçus, et le ciel poétique du xvie siècle se peuplait ainsi d’une quantité d’étoiles de toute grandeur ; les plus petites même étaient désormais visibles.
Eût-il été plus précis, la terre propice et aussi le ciel clément, sans qui toute semence est vaine, auraient manqué.
Bien des fois sans doute, bercé nonchalamment, il regardait le ciel, et sa pensée planait dans l’abîme d’azur ; mais on avait là toujours à deux pas la terre, les fleurs, le bosquet du rivage, le phare allumé de l’amante.
Sous le plus doux ciel du monde, le berger joue de la flûte le long du jour, accoudé sur les rochers et regardant la mer de Sicile.
Il y avait alors à Paris une jeune, belle et riche veuve, madame Guyon, douée d’une beauté rêveuse et mélancolique, d’une âme passionnée et d’une imagination qui cherchait l’amour jusque dans le ciel.
Peu après commence pour le pauvre petit, sous la direction d’un Père jésuite et d’un vieux gentilhomme, une éducation impitoyable, à haute pression, que je remercie le ciel de m’avoir épargnée.
Ses yeux s’ouvrirent pour la première fois à cette splendide lumière du ciel de l’Orient, où toute chose forme tableau, où tout poète est peintre.
Les deux fenêtres donnaient sur le boulevard, les chantiers du chemin de fer du Nord, la tour de bois d’une grosse horloge dressée en plein ciel.
Il nous semble utile d’observer tout d’abord que la phrase tente l’idée, quand elle ne la motive pas, et que l’association des mots provoque le débordement du réservoir mental, ou, plus proprement, favorise la diaprure du ciel représentatif, sans cependant que la pensée ainsi vivifiée emprunte à la phrase un élément indépendant ou étranger à son propre fonds.
Le vulgaire aussi se figure que la rosée tombe du ciel et croit à peine le savant qui l’assure qu’elle sort des plantes.
oh ciel !)
Victor Hugo, tantôt flagelle le riche juré qui condamne un pauvre hère, coupable d’avoir volé un pain pour nourrir sa famille, et il en appelle au Christ pensif et pâle, Levant les bras au ciel dans le fond de la salle, tantôt il traîne dans la boue la robe rouge des hauts magistrats qu’il assimile à la casaque rouge des forçats, parce que ces punisseurs officiels de la trahison se sont faits complices d’un coup d’État qui a réussi Enfin il n’y aurait pas à chercher bien loin, si l’on voulait signaler une dernière révolte des « intellectuels » contre les superstitieux adorateurs de la chose jugée.
Mais la conversation, dira-t-on, ressemble à ces feux d’artifice dont nous parlions tout à l’heure ; que reste-t-il de leur courte féerie après la pluie de perles, de rubis, de diamants qu’ils ont fait ruisseler dans le ciel ?
Elle promet à Gobelin le plaisir de voir le roi très aimable et très chrétien à la messe, quand il viendra à Versailles ; elle parle de la simplicité de la chambre qu’elle occupe ; mais elle ajoute : « Plût au ciel qu’il y en eut autant dans mon cœur, et que sans compter ce que je n’y connais pas, le n’y découvrisse pas encore des replis qui peuvent gâter ce que je suis !
Un nuage vient de passer sur leur ciel, une de ces brouilles qui se fondent dans des raccommodements délicieux.
C’est tout un ciel, tout un paysage en un vers, et un tel vers rachète bien des choses.
… Ces séraphins, qui tombent du ciel ou du plafond, viennent là comme, en d’autres temps, seraient venus les Amours et les Cupidons ; on les introduisait sans y croire ; c’est fâcheux, même en poésie.
Elle se faisait apporter et elle relisait les œuvres de Corneille pour y voir des images de sa destinée et y prendre des leçons ; elle comptait sur la secrète sympathie des âmes : Quand les ordres du ciel nous ont faits l’un pour l’autre, Lise, c’est un accord bientôt fait que le nôtre… On s’estime, on se cherche, on s’aime en un moment ; Tout ce qu’on s’entredit persuade aisément.
Ainsi au chapitre des « Préparations oratoires », dans tout le morceau : « Vous vous promenez seul à la campagne… », il compare très bien le trait d’éloquence non préparé au coup de tonnerre qui éclate dans un ciel serein.
… Mais, je vous en conjure, seulement un doigt de liqueur (vous en avez des Îles)… Je prie Dieu de leur donner tous les jours la même patience qu’à moi : elle est devenue bien rare pour supporter tant de tribulations… De la crème des Barbades, si vous voulez bien… J’en connais de bien respectables… — Au reste, la vie du chrétien n’est que tribulation, et je ne dois pas murmurer contre la volonté du ciel : je vous suis. » La scène est bonne ; elle est chargée : mais qu’importe ?
L’expression a du vrai ; à le lire, c’est comme le Junius anglais, quelque chose d’ardent et d’adroit dans la colère, plutôt violent que vif, plus vigoureux que coloré ; le nerf domine ; le fer, une fois entré dans la plaie, s’y tourne et retourne, et ne s’en retire plus ; mais ce qui donne un intérêt tout différent et bien français au belliqueux champion, c’est que ce n’est pas, comme en Angleterre, un inconnu mystérieux qui attaque sous le masque ; ici, Ajax combat la visière levée et en face du ciel ; il se dessine et se découvre à chaque instant ; il brave les coups, et cette élégance virile que sa plume ne rencontre pas toujours, il l’a toutes les fois que sa propre personne est en scène, et elle l’est souvent.
Il ne manquera rien à mon bonheur, si mon jardin et ma solitude contribuent à me faire songer plus que jamais aux choses du ciel : « Quae sursum sunt sapite, non quae super terram » (Mettez votre esprit à ce qui est de là-haut, non à ce qui est sur la terre).
Bientôt la famille humaine devient la patrie ; et sous les regards satisfaits de cette Providence que les anciens voyaient sourire du haut du ciel aux sociétés d’hommes, les hommes se lient par la loi et le droit, et se transmettent le patrimoine de la chose publique.
Vendredi 28 octobre Aujourd’hui, en montant la rue Saint-Georges, mes yeux rencontrent dans le ciel, au fond de la place, un immense placard où se lit en lettres colossales : La Faustin : un placard regardant la maison, où mon frère et moi avons passé tant d’années, sans publicité, sans bruit, sans renommée.
Dans les éditions ou dans les représentations de Shakespeare, on remplace God par Heaven (le ciel).
L’art classique ce fut le tourment de l’Unité, l’art parnassien ce fut l’absorbant souci du pittoresque ou de l’éclat, la dernière fusée au ciel romantique, et par un de ces retours, plus fréquents qu’on ne croit en littérature, l’acheminement à cette uniformité dans le pittoresque qui n’était que l’exagération de l’unité classique, brisée par les disciples de Hugo.
Polti, — avec une éducation très complète de l’intelligence scénique, — le sens de la continuité, de l’influence et des ressorts d’une idée dramatique, idée que le ciel, la race, la terre ont créée.
Mais le ciel dès l’abord s’est obscurci sur elle, Et l’arbuste en naissant fut atteint de la grêle.
J’ose à peine l’avouer au nouvel apôtre, mais il me semble que l’idéal qu’il nous propose, n’est pas fort éloigné de celui du moyen-âge catholique, avec ses couvents d’hommes et de femmes, où chaque sexe, en s’éloignant de l’autre, poursuivait, pour son compte personnel, les délices du ciel.
« Dans le ciel lentement éclairci, l’aube souriait.
À moins d’admettre en elles que les institutions et les mœurs sont choses suspendues entre ciel et terre, qui se font et se défont toutes seules, il faut bien reconnaître qu’elles reposent, en un sens, sur l’entente des esprits à chacun desquels elles s’imposent. — et que par conséquent leur état est révélateur de l’état de l’esprit public.
Mais des peuples ou chasseurs ou guerriers, nés sous un ciel âpre et rigoureux, ne pouvaient avoir qu’un langage semblable à leurs mœurs, et inculte comme leurs champs et leurs forêts.
Quelle est l’association d’idées, ou la vérité non encore dissociée qui favorisa l’accomplissement de la mission que Jeanne d’Arc crut tenir du ciel ? […] Jusqu’au xvie siècle, on demeura persuadé « que sur cette terre tout est signe, tout est figure, que le visible ne vaut pas ce qu’il recouvre d’invisible » ; et le souci de l’art catholique fut de faire parler la nature, de forcer le ciel et la terre à raconter la gloire de Dieu ou à devenir les exemples et les conseillers de l’humanité. […] Le chef rond et clos par dessus, où sont les sens corporels figure le ciel ; et les yeux représentent le soleil et la lune et les autres sens les étoiles. Et comme est le monde gouverné par et selon les sept planètes du ciel, aussi il y a au chef humain sept trous, entrées et issues, pour gouverner le corps sensiblement : deux ès yeux, deux aux oreilles, deux au nez et un à la bouche, par lesquelles l’âme fait ses opérations corporelles et spirituelles. […] Les uns s’en vont vers le passé, où il y a du moins des lumières ; les autres se tournent, éternels ébahis, vers l’avenir, ce ciel ironique.
Ô ciel ! […] ô ciel ! […] Grâce au ciel, sa conscience est tranquille ; il n’a rien à faire qu’à s’admirer : tous ses critiques ne sont que des envieux et des méchants. […] L’histoire des Juifs, d’ailleurs très authentique, a cela de commun avec l’épopée, que tout s’y fait par le ministère de Dieu : le ciel y entretient un commerce continuel avec la terre ; Dieu s’y montre, il y parle ; il a ses messagers, ses anges, ses ambassadeurs. […] Si le théâtre de l’univers, si le spectacle du ciel et de la terre ne porte pas dans l’âme de l’incrédule le sentiment d’un créateur, ce n’est pas en allant à la Comédie-Française qu’il apprend à croire en Dieu : la scène supprimée est bien faite et bien raisonnée, mais froide et peu théâtrale.
Bien des siècles avant Perrault, l’astronomie céda la place à l’étude de mœurs dans ces récits, qui furent nettement ramenés du ciel sur la terre. […] Ainsi des anges se parleraient qui, partis du ciel pour quelque mission, se rencontreraient par hasard ici-bas. » Notez que ce sacripant de Stendhal ne croyait ni à Dieu ni à diable, ni à d’autres anges que les femmes aimées et ainsi nommées par métaphore. […] L’art véritable vient du ciel, et le réalisme reste à ras de terre. […] D’ailleurs, le ciel me préserve de condamner l’amour et même l’adultère — au point de vue littéraire, s’entend ! […] Bergson ne prouve pas sa théorie du philosophe tombé du ciel et ne subissant aucune influence.
Ce n’est pas que nous ayons vu paraître de bien beaux livres, ou de bien belles œuvres dramatiques, — ce qu’il y a eu de plus éclatant dernièrement, chacun le sait, c’est une chute, — nous n’avons pas eu à saluer l’aurore d’un jeune talent, ni même une splendeur dernière de quelque astre à son déclin, mais on se dispose à bien recevoir ce que le ciel nous enverra ; on commence à s’apercevoir qu’il nous manque quelque chose ; en un mot, on s’occupe de mettre la maison en ordre pour le cas où les maîtres arriveraient. […] Dans ma jeunesse, je voulais escalader le ciel et y trouver Dieu, puis j’ai rêvé le bien du genre humain, celui de la patrie, puis je me suis résigné à m’arranger une vie d’intérieur, et voilà qu’une vile taupinière m’a jeté par terre ; que dis-je ? […] qui ne l’a senti, subtil et pénétrant, se répandre, un jour ou l’autre, dans le ciel bleu de ses rêves ? […] Rien à l’horizon, rien au ciel.
Tu auras vu que la gloire n’est qu’une fumée de sang humain qui monte au ciel, il est vrai, en fascinant les yeux myopes des peuples, mais qui y monte pour défier sa justice et pour provoquer sa vengeance. […] « J’emploierai donc, disais-je à ces amis, ma première jeunesse à la poésie, cette rosée de l’aurore au lever d’un sentiment dans l’âme matinale ; je ferai des vers, parce que les vers, langue indécise entre ciel et terre, moitié songe moitié réalité, moitié musique moitié pensée, sont l’idiome de l’espérance qui colore le matin de la vie, de l’amour qui enivre, du bonheur qui enchante, de la douleur qui pleure, de l’enthousiasme qui prie.
Lisez, dans le Parfum de Rome, le chapitre sur les Indulgences : Par la création de l’Église, les fidèles constituent un corps immense, prolongé dans le ciel, sur la terre et dans les lieux de purification que nous appelons le purgatoire. […] Plusieurs, m’écoutant parler, disent : « Celui-ci gagnera le ciel… » Et moi, je voudrais monter sur une tour, et crier d’une telle voix que tous les chrétiens qui sont dans le monde puissent l’entendre : « Oh !
Corneille n’est pas toujours maître de ce qu’il écrit ; il en fait un naïf aveu dans ces vers, d’une pièce à Mazarin : Certes, dans la chaleur que le ciel nous inspire, Nos vers disent souvent plus qu’ils ne pensent dire ; Et ce feu, qui sans nous pousse les plus heureux, Ne nous explique pas tout ce qu’il fait pour eux. […] Il veut s’arracher la vie : Il marche sans dessein ; ses yeux mal assurés N’osent lever au ciel leurs regards égarés, Et l’on craint, si la nuit, jointe à la solitude, Vient de son désespoir aigrir l’inquiétude, Si vous l’abandonnez plus longtemps sans secours, Que sa douleur bientôt n’attente sur ses jours.
Ils sont toujours forcés de lire la même chose, de faire les mêmes choses et il se trouve toujours à point un moraliste pour lever les bras aa ciel et trouver là un signe des temps. […] La Fontaine ne les partage point, mais il les connaît : « N’allez pas, dit-il, vous figurer que le reste du diocèse soit malheureux et disgracié du ciel comme on se le figure dans nos provinces.
Bourget a remarqué que, quand Salammbô s’empare du zaimph, de ce manteau de la Déesse « tout à la fois bleuâtre comme la nuit, jaune comme l’aurore, pourpre comme le soleil, nombreux, diaphane, étincelant, léger… », elle est surprise, comme Emma entre les bras de Léon, de ne pas éprouver ce bonheur qu’elle imaginait autrefois : « Elle reste mélancolique dans son rêve accompli… » L’ermite saint Antoine, sur la montagne de la Thébaïde, ayant, lui aussi, réalisé sa chimère mystique, comprend que la puissance de sentir lui fait défaut ; il cherche avec angoisse la fontaine d’émotions pieuses qui jadis s’épanchait du ciel dans son cœur : « Elle est tarie maintenant, et pourquoi… ? […] … » « Froide et fixe, la Niobé se redresse, sans espérance, et les yeux fixés au ciel, les flèches inévitables, et l’implacable sérénité des dieux… » Pour Taine, la « raison et la santé sont des accidents heureux » ; « le meilleur fruit de la science est la résignation froide, qui, pacifiant et préparant l’âme, réduit la souffrance à la douleur du corps… » … Après avoir montré que l’imperfection humaine est dans l’ordre, comme l’irrégularité foncière des facettes dans un cristal.
On éprouvait, à peine redescendu du ciel sur la terre, le besoin d’aller enseigner les hommes. […] Comment, dans ces conditions, l’humanité tournerait-elle vers le ciel une attention essentiellement fixée sur la terre ?
Tel fut et tel est le théâtre ; telle fut à toutes les époques, sous tous les ciels, et telle doit être aujourd’hui ce que j’appelle la poésie de théâtre sans laquelle le théâtre ne sera plus ce qu’il a toujours été. […] À ce compte, il sera permis d’évoquer la plaine et la mer, la montagne et la ville, et même le ciel et l’enfer comme dans les mystères du Moyen-Âge, sans les représenter. […] Tout l’homme, toute la terre, mais l’enfer et le ciel en plus.
Il ne s’imagine pas « très conscient… en son tréfonds », et il se met au centre de l’expérience : assis au milieu du jardin, devant ce ciel et ce feuillage, face à face avec l’amour ou avec la mort, sous cette nuit étoilée, face à face avec Dieu ; si j’écarte un instant toute pensée, et si je me recueille en silence, je sens se mêler à moi tout un monde confus de formes, de couleurs, de sons, de parfums, de présences ; … etc : qu’ajouter à ces admirables commentaires ? […] « le poète ne prend de toutes choses que ce qui leur vient du ciel ». […] nombreux points de contact possibles (j’eusse dit de souterrains ou d’escaliers) entre le premier état et le troisième ; aucun entre le troisième et le second ; ni, me semble-t-il, entre le premier et le troisième. ces nombreux rapprochements entre le premier et le troisième, l’évangile les a marqués avant nous : " si vous ne devenez semblable aux enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume de Dieu. " comme le ciel aux pharisiens de la morale ou des rites, la poésie est fermée aux rationalistes.
. — Je ne suis pas, que je sache, le roi Louis XIV, entouré de toutes les splendeurs de son règne ; loin de là ; je suis un pauvre homme que le froid a saisi ce matin, qui a mal dîné peut-être, car il a dîné tout seul ; le ciel est gris et terne ; la rue est fangeuse ; le théâtre est mal disposé ; mon voisin de droite est une épaisse créature qui digère bruyamment ; mon voisin de gauche est maigre, efflanqué, triste et soucieux ; dans les galeries sont assises toutes sortes de femmes mal vêtues, à l’air hébété, et dont la laideur jette le frisson dans toute la salle. […] Il est impossible de se moquer, avec plus de verve et de gaieté, d’Aristote et de sa docte cabale ; ce Pancrace est furieux comme un philosophe ignorant ; il s’emporte en injures, en sottises et en toutes sortes d’excès ; il appelle à son aide le ciel et l’enfer. […] Dans le fond de l’âme, le bon seigneur, qui veut à tout prix que le ciel le décharge de sa fille, est aussi sûr que l’est sa fille, que Sganarelle ne peut lui échapper. […] C’était bien la femme belle et pleine d’esprit que le ciel avait faite pour être une grande dame de la cour de Versailles, et que son humble naissance a réduite à n’être toute sa vie qu’une modeste bourgeoise de la ville, honnête femme d’esprit parvenue, à force de bon sens et de sagesse, à se renfermer dans l’étroite sphère de son ménage.
Ce n’est plus un parapluie, c’est une coupole, c’est un ciel ! […] Son style se transformera-t-il sous ce nouveau ciel, son alexandrin sévère s’habillera-t-il des éclatantes couleurs asiatiques ? […] Le « troupeau des fidèles » n’est plus une figure ; nous sommes, en toute réalité, un troupeau qu’on doit conduire au ciel et à l’idéal politique, comme on nous conduirait à l’étable, — à coups de bâton… Avez-vous eu vent de cet archéologue anglais qui s’évertuait récemment à prouver que le sceptre, à l’origine, était un manche de fouet ? […] Ils ne comprennent pas, ces gens-là, qu’on fasse verts les arbres verts, et s’irritent qu’on peigne les ciels bleus avec du bleu. […] Et, d’ailleurs, « Hermangarde et Marigny ne cédaient-ils pas à l’instinct juste de l’amour en choisissant le bord de la mer pour y passer cette lune de miel qui, comme la lune du ciel visible, paraît plus douce au bord des flots ?
Il a des prédictions, des miracles soudains, de singuliers châtiments du ciel qu’il expose en détail sans paraître en douter.
Écoutons-les parler, sous leur beau ciel et comme sous leur coupole l’azur, les grands poètes et les orateurs de ce temps-là : leurs hymnes de louanges sonnent encore à nos oreilles ; ils ont été bien loin dans l’applaudissement.
Membre de la première Assemblée, ministre du prince-président pendant cinq mois (2 juin — 31 octobre 1849), Tocqueville ne prit que peu de part aux discussions de la seconde Assemblée à laquelle il appartenait aussi : sa santé altérée par l’intensité des émotions et par la fatigue des affaires l’obligea à chercher un climat plus doux, le ciel de Sorrente.
« Ceux qui les virent ont raconté qu’une grande tristesse était dans leur cœur ; l’angoisse soulevait leur poitrine, et comme fatigués du travail de vivre, levant les yeux au ciel, ils pleuraient.
Sur la brise réglant leur suave harmonie, Ils chantaient du bleu ciel la douceur infinie, Et sous leurs pas légers le gazon incliné Remplissait de senteurs le val abandonné8.
D’abord jeune, en écrivant, si l’on est déjà piqué d’amère ironie, on voudrait étreindre toute la vérité, dire tout le mal qu’on devine, le proférer à la face du ciel et de la société avec dédain et colère.
Si vous tournez vos regards vers le ciel, vos pensées s’ennoblissent : c’est en s’élevant que l’on trouve l’air plus pur, la lumière plus éclatante.
Le public y monte, et les constructeurs lui disent de regarder, non pas au ciel et dans les espaces, mais devant lui, autour de lui, du côté de la terre, pour connaître enfin le pays qu’il habite.
Les enfants qui ont actuellement dix ans se trouveront alors des hommes préparés pour l’État, affectionnés à leur pays, soumis, non par crainte, mais par raison, à l’autorité, secourables envers leurs concitoyens, accoutumés à reconnaître et à respecter la justice. » — Au mois de janvier 1789434, Necker, à qui M. de Bouillé montrait le danger imminent et les entreprises immanquables du Tiers, « répondait froidement et en levant les yeux au ciel qu’il fallait bien compter sur les vertus morales des hommes » Au fond, quand on voulait se représenter la fondation d’une société humaine, on imaginait vaguement une scène demi-bucolique, demi-théâtrale, à peu près semblable à celle qu’on voyait sur le frontispice des livres illustrés de morale et de politique.
Quand je me souviens que le soleil s’est levé hier à tel point de l’horizon, et quand je prévois que demain il se lèvera à tel autre endroit du ciel, j’ai intérieurement l’image distincte ou vague de la sensation visuelle que j’ai eue hier et de la sensation visuelle que j’aurai demain. — Pareillement, toutes les perceptions associées que le souvenir et la prévision ajoutent à la sensation brute pour constituer la perception externe ordinaire, tous les jugements, croyances et conjectures qu’une sensation simple provoque sur la distance, la forme, l’espèce et les propriétés d’un objet, contiennent aussi des images.
Il sera facile de louer ce débat de la Miséricorde et de la Justice, qui encadre le mystère et la Passion, en lie les scènes, et en précise le sens : ce drame symbolique, se jouant dans le ciel au-dessus du drame humain qui l’explique, est une haute invention.
Mais quand ce philosophe ajoute : « Aujourd’hui ce sont les principes qui sont en question, et la critique est sans cesse obligée de se poser des problèmes de vérité, de bienfaisance, d’opportunité : elle doit devenir, bon gré mal gré, morale et politique », plus d’un, sans doute, fronce les sourcils ou lève les bras au ciel.
Toutes les fois, dit un historien, qu’il voyait le Hauhenstein se couvrir de nuages, il remerciait le ciel de la tempête qui allait joncher le Rhin des débris des forêts alpestres.
Dans le second, nous voyons apparaître et comme se lever successivement à l’horizon, tous ces astres de la poésie, de l’éloquence et des arts, qui brillent à jamais au ciel de la France, et dirigent ses générations dans toutes les voies de l’idéal.
» N’appartient-il qu’à la jeunesse de ressentir des troubles de cœur indéfinissables, d’avoir de ces rêveries où l’on est attentif aux moindres choses, au bruit de la feuille qui tombe, à l’oiseau qui traverse le ciel, à la fumée qui monte dans les arbres, au clocher qui s’élève au loin dans la vallée ?
Mais, en y songeant, on trouve que ce travail n’est pas si vain qu’il semble ; car chaque vague, en expirant, gagne toujours quelque chose, et toutes les vagues réunies font la marée montante, contre laquelle le ciel et l’enfer seraient impuissants.
On semble admettre en pratique du moins, qu’il est avec le ciel des accommodements.
Les flammes du gaz tremblent dans les ténèbres ; la rue Bonaparte ouvre, à droite, son couloir obscur ; l’Institut profile sa masse sombre ; à gauche, le pont des Arts et le fleuve, et la silhouette du Louvre ébauchée sur un ciel d’orage.
C’était cet entresol plein d’idées et de doctrines, qui enfermait toutes les cataractes du ciel et qui devait tôt ou tard éclater.
Le nouveau Cyrus a dit au prince des prêtres : « Jéhovah, le Dieu du ciel, m’a livré les royaumes de la terre, et il m’a commis pour relever son temple.
Né en 1762 à Constantinople, d’une mère grecque, nourri d’abord en France sous le beau ciel du Languedoc, après ses études faites à Paris au collège de Navarre, il essaya quelque temps de la vie militaire ; mais, dégoûté bientôt des exemples et des mœurs oisives de garnison, il chercha l’indépendance.
Tout son labeur a été détourné du but initial qu’il s’était proposé et a été utilisé pour une autre fin ; car sa première inquiétude s’est objectivée en un admirable paysage logique, où, s’enracinant dans un sol remué par l’expérience, les idées s’entrecroisent comme des frondaisons sous le ciel lointain des conceptions abstraites.
Dimanche 6 juillet Tout ce temps, où le soleil ressemble à la lampe, dont les brodeuses s’éclairent avec une boule d’eau, tout ce temps de ciel couvert au fond d’une humidité tépide, me jette dans une tristesse, dans un ennui, dans un gris de l’âme, que n’éclairent, ni la publication de mes livres, ni mes folies japonaises.
Il lui semblait que plus l’homme s’accorde de liberté sur la terre, plus il doit s’enchaîner du côté du ciel, qu’il est incapable de supporter à la fois une complète indépendance religieuse et une entière liberté politique, enfin « que, s’il n’a pas de foi, il faut qu’il serve, et, s’il est libre, qu’il croie. » Quelque pénétré qu’il fût de la nécessité de cette alliance entre la liberté et la religion, il ne se faisait aucune illusion sur les difficultés qu’elle rencontrait de notre temps.
Sans préjudice des cultes particuliers, que ses membres professent ou révèrent, elle a un culte général, commun à tous, comme son dogme, c’est d’établir le règne de Dieu sur la terre comme au ciel , de faire passer dans les faits l’action des lois que l’intelligence a découvertes dans le domaine des idées.
Un charretier implore Jupiter, et Jupiter lui répond qu’il veut qu’on se remue ; il veut d’abord que l’on travaille, et ensuite il récompense le travail s’il lui plaît, mais avant tout : « Aide-toi, le ciel t’aidera. » De même — car c’est encore l’éloge du travail à un certain égard — la charmante fable de le Lièvre et la Tortue, qui veut dire, non pas précisément qu’il faut travailler continuellement et comme d’arrache-pied, mais qu’il faut organiser son travail d’une façon sérieuse et méthodique : Rien ne sert de courir, il faut partir à point.
Ceci serait un conte philosophique très intéressant, qui pourrait être plus ou moins sentimental, ou plus ou moins moral, ou plus ou moins amer, et qui, en tout cas, se terminerait comme moralité, par les vers de Musset, par les vers de Rodolphe dans l’Idylle, de Musset : Quand la réalité ne serait qu’une image Et le contour léger des choses d’ici-bas, Me préserve le ciel d’en savoir davantage !
Le héros digne de ce nom, caractère bien différent de celui des temps héroïques, est appelé par les souhaits des peuples affligés ; les philosophes en raisonnent, les poètes l’imaginent, mais la nature des sociétés ne permet pas d’espérer un tel bienfait du ciel.
Mais, habitantes du ciel, les âmes des justes chantent harmonieusement dans des hymnes le grand bienheureux15. » Cette dernière expression, qui n’a point été remarquée ni traduite, n’aurait-elle pas pu sortir de la bouche de Bossuet même, lorsqu’il parle de ces justes « jouissant de Dieu dans une bienheureuse paix qui réunit en lui tous leurs désirs, et le contemplant avec une insatiable admiration de ses grandeurs », ou bien encore, lorsqu’il se figure « les élus tombant, à la vue de Dieu, dans un tel ravissement d’amour qu’il leur faut toute l’éternité pour en revenir » ?
Ce qu’il a mis et ce qu’il retrouve en Léopold ce sont les esprits de sa colline, ces esprits de la marche en plein air, de l’amplitude indéfinie sous le regard, de la pensée qui se balance et alternativement se répand dans la plaine, s’exalte dans le ciel : une fièvre si loin de la fièvre électorale dans les marais d’Aigues-Mortes ! […] Peut-être l’imagination est-elle plus frappée par l’élan d’une troupe d’attaque ou par les combats singuliers en plein ciel d’un aviateur de chasse. […] Jaloux a fait monter ses fumées dans le ciel mélancolique et noble de la campagne aixoise ; il y a construit minutieusement, et avec une science achevée des plans, du relief et de la vie, les petites marionnettes humaines qui y font quelques tours et s’en vont. […] L’aventure de Robinson, nous la voyons, chez ce savant opiniâtre et bourru, transféré sur le terrain de la découverte scientifique comme les héros de la mythologie grecque dans le ciel étoilé ; elle y prend une valeur, un éclat, un orient admirables. […] Et, quels que soient les accommodements avec le ciel de lit, l’homme connaît mieux, évidemment, le plaisir de l’homme qu’il ne connaît le plaisir de la femme.
Parlez, ne parlez pas, soyez gai, soyez triste, Blâmez, louez ; il se fâche d’autant, C’est sa nature ; il est né mécontent… Et le ciel lui ferait une route de fleurs Qu’il les changerait en épines. […] — Le ciel de ces périls saura bien nous garder ! […] Un air de souffle janséniste [cette fois c’est aller trop loin] dessèche ces belles fleurs, une brume grisâtre estompe ses splendides horizons, et l’ennui descend comme une pluie fine et glacée, d’un terne ciel d’automne dont un rigorisme impitoyable a éteint l’azur. […] Que nous importent ces incidents dramatiques qui tombent du ciel comme des caprices de la destinée et qui pourraient tout aussi bien arriver d’une manière que d’une autre ? […] « On a fait — et je le sais trop bien — des objections au temple d’Athalie ; on lui a opposé les mesures colossales de celui de Salomon, et la mer d’airain et les bœufs d’airain… Racine, il est vrai, a peu parlé de l’œuvre d’Hiram… il n’a pas pris plaisir à épuiser le Liban comme d’autres à tailler dans l’Athos… Ce que Racine n’a pas décrit et ce qu’aurait décrit un moderne plus pittoresque que chrétien, est ce qui devait périr de l’ancien temple… Si notre grand lyrique moderne avait eu à décrire le temple de Jérusalem, il eût pu y mettre bon nombre de ces vers de haute et vaste architecture qu’il a prodigués dans le Feu du ciel à son panorama des villes maudites… » — Allons !
J’aime mieux, nouvel Icare, Dans les airs suivant Pindare, Tomber du ciel le plus haut, Que, loué de Fontenelle, Raser, timide hirondelle, La terre, comme Perrault. […] Ainsi faisaient très souvent les alexandrins d’Alexandrie, appelant à leur aide toutes les ressources de l’art antique et de la mythologie, à laquelle ils ne croyaient pas, pour placer dans le ciel la chevelure d’une reine d’Égypte leur contemporaine. […] Dieu du ciel ! […] Un jour que Sarcey voulait faire entrer Weiss dans le journal et qu’About, qui n’aimait pas Weiss, on n’a jamais su pourquoi, s’y refusait sous le prétexte que Weiss n’était pas dans la ligne du journal, Sarcey éclata d’un rire énorme et levant au ciel ses bras courts : « La ligne du journal ! […] L’État est le Dieu de Lassalle ; mais pousser les ouvriers à constituer des sociétés coopératives, et leur promettre l’appui de l’état pour après, c’est leur dire : « Aide-toi, le ciel t’aidera. » Il est impossible que cela ait de sérieux inconvénients ; et cela ne peut avoir que des avantages, sans que, je le sais bien, ce soit une panacée. — Il me semble que Lassalle n’a rien à se reprocher.
On le représente toujours tel qu’un béat, les yeux au ciel et les mains dans ses manches. […] L’horizon, toujours le même, est gris ; des bouleaux et des pins couchés dans le sens du vent ; l’herbe doit être grise comme le ciel. […] Près de l’eau morte des plus vastes étangs ou des lacs encore trop petits pour donner prise au vent, la sensation est presque funèbre, même sous un ciel clair et au soleil ; elle le serait tout à fait sans les jeux des insectes et des bêtes aquatiques qui semblent soulever avec effort, çà et là, un coin de ce linceul vert. […] Le bruit de la mer occupe l’oreille, ses mouvements occupent les yeux, et aussi les changements de couleur de ce ciel liquide, qui a, lui aussi, ses grosses nuées d’orage et ses légers nuages d’écume. […] Qui peut nommer la couleur d’une rivière qui s’en va sous un ciel bleu, sur un fond jaune, parmi des herbes vertes ?
Notre devoir, à nous est de les semer à tous les vents du ciel, de prêcher en tous lieux l’évangile des temps prochains, de détacher peu à peu de vos rangs les cerveaux les plus élevés, les âmes les plus ardentes, d’annoncer partout la bonne nouvelle sous la forme de l’instruction scientifique aux millions de prolétaires manuels et intellectuels qui souffrent pour faire jouir quelques milliers d’oisifs. […] Mais un paysan ouvrant un sillon de labour dans l’aurore, un semeur, le bras levé vers le ciel, un pâtre dressé sur la lande immense et nue, un cavalier domptant un étalon libre, ont, en soi, assez de beauté, assez de vie, pour que nous essayions de les fixer sans les déformer, sans les exagérer encore.
Il remercie le ciel d’avoir respecté la beauté de Fanny, et il célèbre en même temps la pieuse charité qui appelle sur sa tête la bénédiction des pauvres. Souvent il l’a vue s’attendrir sur la souffrance et panser les plaies du pauvre ; le ciel, en lui rendant la santé, a voulu, sans doute, récompenser sa pitié généreuse, et l’encourager dans son œuvre sainte. […] Habitué à peindre la couleur qui éblouit les yeux, à mêler dans ses strophes l’azur du ciel et l’azur de la mer, la verdure des chênes centenaires et la verdure des prairies, les sabres damasquinés et les housses brodées d’or des cavales numides, lorsqu’il a tenté de sonder les mystères de sa conscience et d’interroger le monde invisible, lorsqu’il a cherché le thème de ses chants dans la région des idées, le livre qu’il consultait est resté sourd au plus grand nombre de ses questions ; c’est à peine s’il a pu épeler quelques phrases de ce livre mystérieux qui n’était pourtant que lui-même. […] Des esprits heureusement doués, appelés sinon à de hautes destinées, du moins à une renommée de quelque durée, prodiguent en pure perte les facultés qu’ils ont reçues du ciel, et méconnaissent à plaisir toutes les conditions du genre qu’ils ont choisi.
Le « Chemin de velours » (c’est-à-dire, par opposition à la « voie douloureuse », la route sans épines par où les casuistes conduisent doucement les pécheurs au ciel) se ferme sur cette conclusion qu’il faut citer, car elle résume tout l’esprit du livre : « C’est bien moins avec l’esprit scientifique qu’avec l’esprit protestant et rationaliste que les jésuites furent en désaccord. […] Esprit positif, sans aptitudes pour gravir à tout propos le septième ciel, examinateur et sachant les hommes enclins à la superstition, il se tient en défiance contre l’idéal et l’absolu, — les idoles, comme il dit avec Bacon qui doit être un philosophe de son goût. […] Tandis qu’à l’occident le ciel se liquéfiait dans une mer ardente, sur nos têtes, des nuages enivrants de magnificence renouvelaient perpétuellement leur forme, et la lumière crépusculaire les pénétrait, les saturait de ses feux innombrables. […] Il en pourrait être ainsi entre individus autonomes, entre purs esprits voguant dans le ciel empyrée, affranchis des nécessités terrestres.
Si la science nous isole, la religion nous isole plus encore ; ses racines sont plongées dans le ciel ; elle vit du monde spirituel et de l’idée éternelle. […] Aussi, pour recompense, il faict ce bien au monde qu’il luy invente toutes arts, toutes machines, tous mestiers, tous engins et subtilitez… « Vous sçavez que, par institution de nature, pain, avecques ses appennaiges, luy ha esté pour provision et aliment adjugé ; adjoincte ceste bénédiction du ciel, que, pour pain trouver et guarder, rien ne luy defauldroyt. […] On ajoute qu’au dernier moment il leva les yeux vers le ciel. […] Ainsi que son maître Montaigne, Charron s’élève contre l’abus de la science pédantesque de son temps ; il s’applique à combattre l’erreur qui tendait à confondre la science et la sagesse ; il déclare que la sagesse vaut mieux que toute la science, comme le ciel vaut mieux que la terre, comme l’or vaut mieux que le fer : « Science est un grand amas et provision du bien d’autruy ; l’estuy de la science et des biens acquis est la memoire. […] Ainsi, après avoir traduit en vers le passage où Virgile montre précipité au plus bas des enfers ce Salmonée qui avait voulu contrefaire Jupiter, La Boëtie ajoute : « Si celuy qui ne faisoit que le sot est à cette heure si bien traicté là bas, je crois que ceulx qui ont abusé de la religion pour estre meschants, s’y trouveront encores à meilleures enseignes. » Et à la fin et pour conclusion : « Apprenons doncques quelquesfois, apprenons à bien faire : levons les yeulx vers le ciel, ou bien pour nostre honneur, ou pour l’amour de la mesme vertu, à Dieu tout puissant, asseuré tesmoing de nos faicts, et juste juge de nos faultes.
Croyait-on que l’esprit montait vers le ciel, vers la région de la lumière ? […] On consultait aussi les auspices, et, s’il se manifestait dans le ciel quelque signe d’un caractère funeste, l’assemblée se séparait aussitôt468. […] Il figurait dans le ciel certaines lignes, prononçait une prière, et posant la main sur la tête du roi, il suppliait les dieux de marquer par un signe visible que ce chef leur était agréable. […] Voient-ils une étoile traverser d’un côté du ciel à l’autre, cela leur indique que leurs rois sont coupables de quelque faute envers les dieux. […] Pendant la nuit qui précédait ce jour, il veillait, en plein air, les yeux fixés au ciel, observant les signes que les dieux envoyaient, en même temps qu’il prononçait mentalement le nom de quelques candidats à la magistrature.
Quand il sera fini, ils me fusilleront, si tel est leur bon plaisir. » Un jour, apprenant qu’au nombre des lieux d’exil pour les déportés, on avait désigné l’île de Corfou, ce ciel de la Grèce tout d’un coup lui sourit : J’ai été vivement tenté d’écrire à cet effet au Directoire : je ne vois pas qu’il pût refuser a un poète déporté, qui mettrait sous ses yeux plusieurs chants (il y avait donc dès lors plusieurs chants) d’un poème sur la Grèce, un exil à Corfou, puisqu’il y veut envoyer d’autres individus frappés par le même décret. […] Les Zéphyrs ont murmuré, Philomèle a soupiré Sa chanson mélodieuse ; Le ciel est plus azuré, Vénus est plus radieuse. […] — En feuilletant ces livres de Manilius, où les noms des constellations amènent d’intéressants épisodes, comme celui d’Andromède, et où les rêveries astrologiques n’étouffent pas tant de beaux passages inspirés par le panthéisme, par l’idée de la parenté de l’homme avec le ciel et par la conscience sublime des hauts mystères, on conçoit un grand poëme dont, en effet, celui de Fontanes ne serait, que l’essai.
La reine de nos Tyrs et de nos Babylones ressemble à Sodôme ravagée par le feu du ciel ! […] Ils comparent nos rues vieilles et étroites à des mâchoires de caïmanac, dont chaque toit pointu est une dent qui veut mordre les nuages, ou bien ils disent que nous sommes des Titans qui avons voulu escalader le ciel par nos toits, et qui sommes restés impuissants à la vingtième marche… Tous même n’ont pas cet esprit et cette poésie ; quelques-uns se contentent d’aller boire un verre de faro dans un estaminet, d’aller voir la Juive à la Monnaie, d’entrer dans un magasin pour acheter quelques volumes de contrefaçon… et voilà un pays observé ! […] Méry lui avait peut-être inspiré : Bienheureux est l’homme indigène, Qui du ciel a reçu le don, De dormir dans l’état de gêne Que cause un pareil édredon.
C’est elle qui « fait tout 101 », jouant par rapport à l’intelligence discursive, en mouvement dans le temps, le même rôle que joue le Moteur immobile lui-même par rapport au mouvement du ciel et au cours des choses. […] Ainsi entendue, la relation causale entre Dieu et le monde apparaît comme une attraction si l’on regarde d’en bas, une impulsion ou une action par contact si l’on regarde d’en haut, puisque le premier ciel avec son mouvement circulaire est une imitation de Dieu, et que l’imitation est la réception d’une forme. […] La science moderne est fille de l’astronomie ; elle est descendue du ciel sur la terre le long du plan incliné de Galilée, car c’est par Galilée que Newton et ses successeurs se relient à Kepler.
Nous nous sommes assis sur la pelouse au clair de la lune vis-à-vis la mare d’Auteuil, et nous avons eu sur le ciel une conversation extrêmement intéressante.
Il n’est point permis aux poëtes d’être médiocres ; Horace le leur défend au nom du ciel et de la terre, au nom des colonnes et des murailles mêmes qui retentissent de leurs vers ; et, d’autre part, la devise d’un roi, telle qu’elle se lit en lettres d’or chez Homère, et telle qu’Achille la dictait par avance à Alexandre, consiste à toujours exceller, à être en tout au-dessus des autres 6.
Il en est de certains projets comme de la sortie des navires, alors que la navigation se faisait à la voile : il n’est pas indifférent que le ciel soit plus ou moins clément, que les flots soient plus ou moins apaisés, qu’on ait ou qu’on n’ait pas le vent en poupe.
Quand j’imagine le monument, je retrouve bien les lignes qui toutes les fois sont demeurées les mêmes ; mais les coupures d’ombre et de lumière, les valeurs changeantes des tons, l’aspect du pavé grisâtre ou noirci, la bande du ciel au-dessus ; bleuâtre et vaporeuse dans un cas, charbonneuse et ternie dans un autre, tantôt d’un blanc enflammé, tantôt d’une pourpre sombre, bref, toutes les diversités qui, selon les moments divers, sont venues se joindre à la forme permanente, s’effacent mutuellement.
J’ai passé trois heures, il y a un mois, sur le port d’Ostende, occupé à regarder le soleil qui se couchait dans un ciel clair, et, en ce moment-ci, je me rappelle sans difficulté la rue plate, la digue pavée de briques rougeâtres, la vaste étendue d’eau miroitante, tout le détail de ma promenade, le matelot et les deux promeneurs à qui j’ai parlé, ma longue rêvasserie au bout de l’estacade, d’où je suivais le déclin du jour et les changements de la mer mouvante, le fourmillement lumineux des flots, leurs creux bleuâtres zébrés de clartés rousses, toute la pompe de la grande nappe liquide qui se plissait, se déroulait et chatoyait comme une soie de Jordaens. — Ce sont là des images, c’est-à-dire des résurrections spontanées de sensations antérieures, et, comme toutes les images, celles-ci comportent une illusion quand elles deviennent intenses et nettes.
Fuyez l’aspect de ce climat sauvage… Un peuple obéissant vous attend à genoux Sous un ciel plus heureux… ; mais surtout à la fin, dans ce dernier vers qui évoque à nos yeux Monime Souveraine des mers qui la doivent porter, on voit tout un triomphal cortège glisser sur l’étendue resplendissante des eaux.
L’originalité de Catulle Mendès, c’est d’être un poète à la fois doux et brutal, tendre et cruel, naïf et pervers ; toute son œuvre, romans, vers, drames et comédies, atteste ce contraste : il aime les fleurs et les oiseaux, l’air pur, le ciel bleu, la nature claire des contes de fées, mais il se complaît aussi à la vue des Parisiennes en pantalon de dentelles et dont les jupons frissonnent de blancheur.
Est-ce un effet des circonstances extérieures d’un pays admirablement tempéré, où, sous un ciel qui ne nous opprime jamais, l’âme paraît plus indépendante du corps, et jouit d’une plus grande liberté ?
Un autre poète du temps, Jean Sirmond, dans d’excellents vers latins, salue en Balzac la personnification de l’éloquence : « Telle apparaîtrait, dit-il, l’Éloquence, heureuse de se faire voir sous ses propres traits, si elle descendait du ciel, soit pour accabler le crime, soit pour diviniser la vertu8. » Il peint l’étonnement de la cour, entendant cette parole si vive et ce qu’il appelle les miracles de la déesse de la persuasion.
Donnez-lui, fourrez-lui66… Mme de Thiange intervint ; La Fontaine se débattit d’abord : J’eusse ainsi raisonné, si le ciel m’eût fait ange, Ou Thiange ; Mais il m’a fait auteur : je m’excuse par là67 .
Il est quatre heures ; le Soleil d’été brille, en plein ciel ; par les avenues ombragées, la foule est montée ; on n’entendait que le bruit des pas ; la foule confusément se mêle, errant sur la terrasse d’où l’horizon apparaît immensément.
Alors, ce drame : l’âme livrée primitivement à la mensongère tromperie de l’Apparence, et niant l’amour ; puis, cette heure (l’heure possible parmi les pâles existences banalement dévouées aux vies mauvaises, dans le croupissement des animalités, sous l’aveuglement de l’être faux), l’heure (suprême) où le rêve, vague emportement de la pensée, hors le monde habituel te prend, âme, et t’enveloppe de ténèbres majeures et te donne cette vision du Vrai, donc ce choix, — l’heure, extraordinaire, (l’heure du Breuvage) où l’âme songe tout à coup qu’il est une autre vie, qu’elle peut vivre, qu’elle vivra ; dès lors, la lutte ; et le bien heureux moment où, âme, libre tu t’en iras, âme libre, libre du monde faux, éclosant dans le plein ciel de ton monde authentique, ô joyeuse de ton libre amour !
Schuré disait de la scène d’amour : « Nous traversons, dans ce dialogue de Tristan et d’Iseult, les degrés successifs de cette intense passion de la créature, qui confond tous les bonheurs, tous les ciels dans une admiration mutuelle… Cette hymne respire une sorte de paix profonde dans la passion infinie. »[NdA] 3.
Ou, compagne des vents et de l’errante nue, Voit-elle un autre ciel et des astres plus beaux ?
Pourtant ils ne croyaient pas à la métempsychose, ni que l’esprit s’élevât vers le ciel.
Elle me fait songer à cette fillette qu’un jour de pluie, sous le toit de chaume qui dégoutte, je voyais s’amuser à recevoir chaque goutte d’eau dans son dé : le vent du ciel chasse au loin les gouttelettes, et l’enfant tend son dé, patiente, et le petit dé n’est pas encore plein.
. — Mademoiselle Doze Nous étions donc réunis tous les trois, chacun de nous rêvant à quelque tristesse cachée ; dans la cheminée le feu était vif, au ciel le soleil était pâle ; le dimanche jetait son froid et son silence dans la ville. — Allons, leur dis-je, vous êtes heureux, vous autres, chantez ou rêvez à votre aise ; moi, il faut que je raconte mon histoire de chaque semaine.
Dans la première, on voyait Prométhée, bienfaiteur des hommes, leur apportant le feu du ciel, et leur faisant connaître les éléments de la vie sociale.
La bouche garde le silence Pour écouter parler le cœur34 ; sa parole intérieure reste calme ; elle ne peut s’élever jusqu’à l’inspiration ; si, dans cet état, il se souvient de la Muse et de leurs amours d’autrefois, son esprit lui représente en vain tous les motifs poétiques qui devraient éveiller son génie ; aucun n’a le pouvoir de l’arracher à lui-même ; il ne ressent ni colère durable ni enthousiasme profond ; la Muse est pourtant descendue du ciel ; elle lui a parlé ; mais il a eu peine à la reconnaître ; ni son appel ni son baiser n’ont pu réchauffer un cœur glacé ; il refuse de s’envoler avec elle dans les « mondes inconnus » qu’en des temps plus heureux ils ont tant de fois parcourus ensemble.
Je vous dis cela pour vous préparer et pour vous faire comprendre ce qu’il y a de véritable passion, de passion sincère et profonde, dans des vers comme ceux-ci, que Corneille fait dire à une jeune femme dans la Suite du Menteur ; vous les connaissez pour la plupart, mais enfin je veux vous les citer encore : Quand les ordres du ciel nous ont faits l’un pour l’autre, Lyse, c’est un accord bientôt fait que le nôtre : Sa main entre les cœurs, par un secret pouvoir, Sème l’intelligence avant que de se voir.
Nous commencerons par les derniers échelons de cette échelle de Jacob de l’histoire, qui ne conduit pas au ciel, quoiqu’elle soit fort longue, et sur laquelle on voit peu d’anges monter ou descendre Nous irons des petits aux grands, ou des plus faibles aux plus forts, dans cette tournée critique que nous voulons faire, à travers les œuvres historiques de ce temps.
Qui n’a pas le flambeau du ciel doit sonder, en tâtonnant un peu, les cœurs de ces dames, et voilà comment la Philosophie du xixe siècle se retrouve tout à coup aux pieds de ces Omphales.
La pierre angulaire sur laquelle ils s’établissent est, comme les boucliers Saliens, toujours tombée du ciel.
… Le colossal travail d’Emile Zola, son œuvre éternelle comme les plantes, comme la terre qu’il chante, cette extraordinaire clarté répandue par lui sur le ciel, sur la nature et sur ouvrages dans lesquels tressaille la terre toute entière5… » On peut voir par ces quelques phrases, choisies çà et là, que la jeunesse naturiste ne ménage pas son admiration au maître naturaliste.