Il semble qu’il faille que tout talent, tout génie nouveau entre ainsi dans les sujets l’épée à la main, comme Renaud dans la forêt enchantée, et qu’il doive frapper hardiment jusqu’à ce qu’il ait rompu le charme : la conquête du vrai et du beau est à ce prix. […] Au moral, cela est vrai comme dans le pittoresque. L’ingénieuse exactitude de Barthélemy n’est pas toujours la vraie. […] Il n’y a de vrai souvenir que celui qui vit. […] Quant à Chateaubriand, le vrai voyageur, arrivé dans les mêmes lieux, il nous dit : Au coucher du soleil, nous entrâmes au port de Sunium : c’est une crique abritée par le rocher qui soutient les ruines du temple.
Le saint a la tête relevée sur son chevet, et les mains jointes sur sa poitrine ; cette tête est de toute beauté, le saint bien senti dans son lit, et les couvertures annoncent parfaitement le nu. à cette composition si vraie dans toutes ses parties il n’a manqué, pour être la plus belle qu’il y eût au sallon, que d’être peinte ; car elle ne l’est pas. […] Cet effet de lumière est piquant, d’accord, mais est-il vrai ? […] Est-ce bien encore là la teinte vraie des lumières artificielles ? […] Les mœurs simples et utiles, le caractère de la vertu, de l’honnêteté, du bon sens relèvent tout ; ce sont nos appartements avec nos glaces, nos buffets, nos magots précieux, qui sont vils, petits, bas et sans vrai goût. […] La couleur est vigoureuse, les passages bien variés, bien vrais, mais il n’y a nulle solidité ; ce sont des têtes à fondre au soleil comme de la neige.
Gustave Droz, que je ne connais pas, mais dont le talent est jeune, et le talent, c’est la vraie personne dans un homme, Gustave Droz doit être certainement un de ces jeunes gens à qui les femmes, au bal masqué ou dans la vie (autre bal masqué), ont beaucoup dit : « Vous êtes un jeune homme inconséquent ! […] Le hasard, il est vrai, le hasard des journaux, qui est bien plus abracadabrant que le hasard des livres, n’avait mis sous mes yeux que les deux premières parties du livre. […] Obligé de se garder peintre de mœurs et d’être vrai, l’auteur d’Autour d’une source ne pouvait éviter la pourriture sociale qui nous fait, à tous tant que nous sommes, des taches plus ou moins grandes sur la conscience et sur le cœur. […] Rien enfin de tous ces affreux lieux communs qui traînent leurs haillons dans tous les livres de ces derniers vingt ans du xixe siècle, rien de tout cela, mais une femme vraie et vivante, une femme prise au tas de la société dans laquelle nous avons le bonheur de vivre ! […] L’amour du vrai dans l’art lui a tenu lieu de principes que probablement il n’a pas, et l’a fait agir dans la conception de son prêtre comme s’il les avait.
Toute vraie passion tombe dans l’excès. […] D’autres traits, quoique singuliers, font plaisir ; toute passion vraie est aimable. […] Le premier, il a eu la patience de déchiffrer l’indéchiffrable manuscrit de Pascal, de deviner les abréviations, les renvois, les mots demi-effacés, demi-formés, de comparer mot à mot le texte vrai avec les éditions publiées, de noter ligne par ligne toutes les erreurs, tous les contre-sens, toutes les fautes de goût des éditeurs, de montrer le plan de l’ouvrage, d’en marquer l’esprit, et de ranimer enfin la figure souffrante, passionnée et sublime de Pascal. Cette opposition perpétuelle du texte vrai et du texte mutilé est la meilleure leçon de style ; on y voit clairement et sans phrases ce que c’est que le génie : c’est comme si l’on comparait le tableau d’un grand maître avec le carton de ce tableau. […] Guizot : en effet, quand un mineur revient à la surface, l’air pur le suffoque et la vraie lumière l’éblouit.
Et cependant ce partage inégal était-il vrai de l’ancien monde ? […] Disons cependant que cette imitation si aventureuse du poëte thébain s’est parfois rencontrée, chez Young, avec un sentiment vrai et un sujet inspirateur : témoin l’ode sur l’Océan, où respire l’orgueil de l’Angleterre et la prophétie de sa grandeur. […] Telle est la puissance du vrai beau et de la poésie durable. […] De ce fond sortit un chant et la gloire des anciens bardes calédoniens, où brille bien mieux que dans l’Ossian de Macpherson lu flamme vraie du patriotisme et de la poésie. […] Ni Pope lui-même, ni Addison, plus patriote, mais bien moins poëte, ne répondaient à la première pensée de Gray, et ne pouvaient figurer parmi ces inflexibles vengeurs du droit et de la vérité, dont le barde mourant aurait espéré le retour. » À dire vrai, les martyrs immolés par Édouard, tels du moins que la tradition nous les vante, ne furent pas remplacés dans leur mission de patriotisme lyrique.
C’était le propre en tout de cette nature active et rapide : rien ne se passait avec elle tranquillement, posément, dans les termes d’une modération appropriée et proportionnée au sujet ; il ne faisait rien comme un autre ; il avait du vainqueur en lui ; il y mettait du faste et de l’éclat. « Il est vrai, j’aime à faire du bruit », disait-il un jour. […] Que manquait-il donc à ce brillant esprit, à cet esprit de haut vol, si plein de vues et même d’éclairs de bon sens sur toutes choses, pour être un vrai génie et pour mériter d’être salué de ce nom ? […] Enfin, cher Monsieur, vous lui avez rendu un juste hommage, et c’est ainsi qu’il n’y a plus qu’une presse et un genre de critique, la bonne en regard de la mauvaise, la vraie vis-à-vis de celle qui ne l’est pas. […] Elle savait d’original bien des choses, et son esprit exact et vrai n’altérait rien. » Depuis que ceci est écrit, on a publié de Mme de Boigne deux romans posthumes, d’après sa permission ou sa volonté dernière. […] J’avais lu autrefois un de ces romans manuscrits, et, tout en y appréciant quelques parties d’une observation délicate et vraie, je m’étais bien gardé de laisser croire qu’il put être livré à l’impression.
Cette forme d’expression pour l’imagination et pour le sentiment, lorsqu’on la possède à un haut degré, est tellement supérieure, d’une supériorité absolue, à l’autre forme, à la prose ; elle est si capable d’immortaliser avec simplicité ce qu’elle enferme, de fixer en quelque sorte l’élancement de l’âme dans une attitude éternelle, qu’à chaque retour d’un grand et vrai talent poétique vers cet idiome natal il y a lieu à une attente empressée de toutes les âmes musicales et harmonieuses, à un joyeux éveil de la critique qui sent l’art, et peut-être, disons-le aussi, au petit dépit mal caché des gens d’esprit qui ne sont que cela. […] Pourtant un inconvénient est à craindre dans ces productions lyriques trop fréquentes, surtout quand on tient à les rattacher, ainsi que fait l’auteur, à des cadres distincts et composés : c’est qu’au lieu de réfléchir fidèlement dans les vers les nuances vraies qui se succèdent dans l’âme, on ne crée, on ne force un peu, on n’achève exprès des nuances qui ne sont qu’ébauchées encore ; c’est que, pour compléter sa corbeille de fruits, on n’en ajoute, aux naturels et aux plus beaux, d’autres plus énormes d’apparence, mais artificiels et nés à la hâte dans la serre échauffée de l’imagination. […] le solennel et le vrai, le magnifique et le senti. […] j’atteste les cieux que j’ai voulu le croire, J’ai voulu démentir et mes yeux et l’histoire : Mais non ; il n’est pas vrai que des cœurs excellents Soient les seuls en effet où germent les talents. […] Les douze ou treize pièces amoureuses, élégiaques, qui forment le milieu du recueil dans sa partie la plus vraie et la plus sincère, sont suivies de deux ou trois autres, et surtout d’une dernière, intitulée Date Lilia, qui a pour but, en quelque sorte, de couronner le volume et de le protéger.
Or cela est surtout vrai pour tout poëme. […] Entre tant de richesses étrangères et modernes dont on est tour à tour tenté et séduit, elle seule donne au critique la vraie loi du goût, à l’écrivain les vrais secrets du style, les procédés sûrs et sévères qui servent de garantie à l’innovation même et à l’audace. […] Seule elle donne, en quelque sorte, la distance convenable et l’ouverture de compas pour mesurer les justes hauteurs, pour se régler aux vraies étoiles. […] Le vrai Beau pourtant a en soi quelque chose de fixe et de calme qui ne saurait s’accommoder en définitive de toutes ces inquiétudes.
Mais il ne prenait rien de plus à la science de cette assimilation générale : cela voulait dire qu’il voulait aller au vrai par l’observation de la réalité et faire seulement les généralisations que les faits commanderaient. […] C’est un critique nationaliste qui s’effare, au nom de la patrie, que nos grands Français aient été des hommes et soient peints comme tels, avec leurs travers et leurs petitesses, et qui nous somme de sacrifier l’histoire vraie au mensonge religieux que sa naïveté lui figure essentiel à l’honneur de son pays. […] Cette liberté excessive est celle qui asservit la science à des caprices individuels ; nous ne trouverons notre vraie, notre pleine liberté que dans la discipline, la saine discipline des méthodes exactes. Nous avons trop cru qu’il suffisait d’avoir des idées, et pas assez que la littérature, comme le reste, avait besoin d’idées vérifiées, d’idées vraies. […] Nous avons donné des fantasias, qui faisaient honneur à notre esprit, et n’apprenaient rien, ou rien de vrai, sur nos auteurs.
Il est à peu près vrai que le mouvement du pendule est dû uniquement à l’attraction de la Terre ; mais en toute rigueur, il n’est pas jusqu’à l’attraction de Sirius qui n’agisse sur le pendule. […] En d’autres termes, il n’y a pas une manière de mesurer le temps qui soit plus vraie qu’une autre ; celle qui est généralement adoptée est seulement plus commode. […] Il ne peut y avoir à cela que des raisons de commodités et de simplicité, fort puissantes, il est vrai. […] Cela n’est pas tout à fait vrai, puisque la propagation de la lumière n’est pas instantanée ; si on voulait une exactitude absolue, il y aurait une correction à faire d’après une règle compliquée. […] Nous choisissons donc ces règles, non parce qu’elles sont vraies, mais parce qu’elles sont les plus commodes, et nous pourrions les résumer en disant : « La simultanéité de deux événements, ou l’ordre de leur succession, l’égalité de deux durées, doivent être définies de telle sorte que l’énoncé des lois naturelles soit aussi simple que possible.
» répondit-il, et c’est là un mot beau et vrai, car c’est là qu’avec sa nature de poète il devait siéger. […] Lamartine a posé sur les siennes son époque tout entière, pour lui faire passer le fleuve de poésie fausse dans laquelle elle pataugeait et se noyait, et, d’une seule haleine, il l’a portée dans l’enivrante et haute atmosphère de la Poésie vraie, — de la Poésie éternelle, qu’en France, lorsqu’il vint, on ne connaissait plus ! […] Voilà la vraie grandeur de Lamartine, quoiqu’il en ait une autre moins vraie, et que le bruit qu’elle a fait ait été grand ! […] L’enthousiasme pour Lamartine est très vrai et très honorable dans M. de Lacretelle, mais, il faut bien le dire, il côtoie souvent l’amphigouri dans l’expression et même il y entre quelquefois.
Avant de nous occuper de l’œuvre entière de Léon Gozlan, de ce conteur raffiné auquel nulle critique, à ma connaissance, n’a assigné encore sa vraie place dans la littérature de ce siècle, avant cet examen exclusivement littéraire, pourquoi ne risquerions-nous pas quelques mots sur le genre d’homme qui doublait l’auteur en lui, et qui était pour le moins l’égal de l’auteur ? […] Ni l’histoire de ces Cent trente femmes, inouïe, magnifique d’expression et de terreur ici et là, mais coupée à chaque instant par les platitudes d’un récit officiel de journal anglais, qui devrait être écarté s’il est vrai et qui n’aurait pas dû être inventé s’il est faux. […] On a souvent reproché à Balzac de peindre un monde qui n’est pas le vrai et sur lequel le vrai a pris modèle, par ainsi de ne pas réfléchir les mœurs et la nature humaine réelles, mais de créer, par un coup de baguette de sa magie, une nature humaine et des mœurs qui n’ont existé que depuis qu’il les a montrées. […] Il n’avait, il est vrai, aucune des énormités de Balzac, ce Pantagruel littéraire, savant comme Rabelais, érudit comme tout un couvent de Bénédictins… Gozlan, qui a toujours caché sa vie avec une coquetterie profonde, devait avoir de son vaisseau négrier dans l’éducation.
Les créatures inférieures, ténébreuses, misérables, imbécilles, brutales et perverses, qui sont le fond commun de l’humanité et se mêlent au jeu de son action, et le troublent et le souillent ou l’empêchent, je les cherche en vain dans ce livre, où je ne vois que des étoiles… Livre plus orageux et plus passionné, il est vrai, mais aussi chimérique, aussi fabuleux que le livre de l’Astrée, et, comme on ne s’intéresse pas à l’impossible, tout aussi vide d’intérêt que lui ! […] Ce n’était pas, il est vrai, un mouton de ce troupeau d’étoiles. […] la chèvre et la tigresse s’apprivoisent, la femme fausse devient vraie, la comédienne devient public, l’insensible imperméable à l’amour (c’était si joli et si atroce !) […] Je crois que là est la vraie pente, la vraie vocation de cet esprit qui s’est plus cherché que trouvé en ces tâtonnements de talent qui, pour les autres, auraient été des réussites.
Depuis Juillet, la position de l’école du Correspondant est devenue meilleure et plus vraie ; elle se dessine plus nettement dans la Revue européenne, où nous regrettons toutefois de trouver par instants des restes de superstition dynastique qui nuisent, sans y tenir, à la réalité des doctrines. […] Enfin, si elle cite toujours avec orgueil et louange le beau nom de M. de Chateaubriand, elle a trop de circonspection, de sagesse et d’amour du vrai en lui-même pour suivre dans ses déportements d’éloquence et d’imagination cet aventureux génie89. […] Nous aimons de tels ouvrages, parce que, s’il en naissait beaucoup de cette sorte dans des rangs qui ne sont pas les nôtres, ce serait une preuve qu’après bien des luttes et des déceptions cruelles, et même avec des dissidences d’affection persistantes, les générations nouvelles pourraient enfin s’entendre sur le terrain d’une vraie et pratique liberté. […] Si la diction, dans sa gravité, a parfois des formules un peu ternes et des pesanteurs, une imagination noble et sévère vient à propos la relever, l’éclaircir et lui prêter un lustre vrai qui ajoute à la solidité.
Nous savons, il est vrai, qu’on ne prouve pas qu’il fait jour, qu’on ne prouve pas non plus les axiomes, qu’ainsi l’impossibilité de prouver ne prouve elle-même rien contre certaines vérités, et de peur que vous ne vous avisiez de dire que vos théories sont évidentes comme la lumière du jour ou comme les axiomes, nous allons vous montrer comment vous les formez toutes. […] Vous faites comme notre amoureux de tout à l’heure, qui, s’il adore une femme aux yeux d’un bleu tendre et aux cheveux d’un blond cendré, s’écrie avec l’accent de l’enthousiasme et de la foi : « Voilà le fond d’une vraie beauté ! […] Si vous dites, pour citer une théorie qui jouit aujourd’hui d’une faveur incroyable, non seulement parmi les pauvres sols tout éplorés qu’Alfred de Musset traîne à ses talons, mais auprès des esprits les plus graves de notre époque, si vous dites que le vrai poète doit être une espèce de don Juan fatal, victime prédestinée de cet insatiable besoin d’aimer qu’on appelle le génie, et semblable au pélican qui donne à ses petits son propre cœur en pâture, s’il vous plaît de répéter cette déclamation, nous vous laisserons faire, et, quand vous aurez fini, nous vous rappellerons simplement l’admirable possession de soi d’un Cervantes et surtout d’un Shakespeare, qui dans la force de l’âge et du talent, cesse tout à coup d’écrire et se met à cultiver son jardin, comme Candide, après avoir eu la tête traversée par un effroyable torrent d’idées et d’images, dont quelques flots auraient suffi pour faire perdre l’équilibre à la plus ferme de nos cervelles. […] Tout le monde lui a déjà donné son vrai nom et l’appelle l’école historique.
Ils ne savent pas raisonner ; ils prouvent leur dire d’étrange façon, et l’on n’a pas idée des raisonnements biscornus qui peuvent sortir d’une tête saine pourtant. « La preuve que c’est vrai, c’est que c’était un vendredi, et que j’ai rencontré un moment après Mme…, qui était en noir, avec un chapeau neuf. » Comme si, pour mentir, on ne pouvait inventer ces coïncidences aussi bien que le gros du fait. […] Une partie suppose l’autre ; et si un détail est vrai, tout est vrai ; car tout se tient d’un enchaînement nécessaire. […] Il ne manquait autre chose à tant de beaux ouvrages, sinon qu’il fût vrai que la dent était d’or.
Il est très vrai qu’il y a des esprits d’une malheureuse fécondité, qui savent parler avant d’avoir pensé, échauffés de je ne sais quelle chaleur, qui emporte leur langue ou leur plume d’une folle et infatigable allure : n’ayant pas toujours le temps de se rendre compte de ce qu’ils disent, confiants en leur démon et dans la bonne foi du public, qui saura bien y trouver un beau sens. […] Enfin, ne calculant pas la distance à parcourir ni l’effort à donner, il écrira pour lui, non pour le lecteur : il estimera intéressant ce qui l’intéresse, clair ce qu’il comprend, vrai ce qu’il croira, et ainsi il ne saura éviter ni l’ennuyeux, ni l’obscur, ni le faux. […] Que dirait-on d’un architecte qui ne sentirait aucune différence entre un grand palais dont tous les bâtiments seraient proportionnés pour former un tout dans le même dessein, et un amas confus de petits édifices, qui ne feraient point un vrai but, quoiqu’ils fussent les uns auprès des autres ? […] Comme les pensées absolument et essentiellement neuves sont rares, on peut dire que, dans la plupart des cas, la disposition est la vraie mesure de l’invention : la richesse et la fécondité de l’esprit créateur se manifestent par l’ordonnance de l’œuvre.
… L’école du vrai dans le roman français ne semble pas avoir achevé son évolution… et je ne dis pas le vrai photographique et plat, mais le vrai suggestif qui fait penser, — difficulté aussi grande au moins que l’invention du symbole. […] Mais encore, dans le grand courant de la poésie française, il ne peut être et ne sera jamais que la source du thalweg, le ruisselet sous-marin qu’il est actuellement. » Et Alfred Vallette se préoccupait de nous donner le roman vrai en écrivant Monsieur Babylas.
Il croit que « la science ne peut établir aucune théorie, mais qu’on peut démolir toutes celles qu’on établirait ». « Il faut tâcher, dit-il, de rester toujours à ce stade ; la seule recherche féconde est la recherche du non vrai. » Ce genre de déclaration déconcertera toujours les gens sincères qui, comme nous, cherchent à s’approcher le plus qu’ils peuvent de ce qu’ils croient être le vrai. […] Il croit que « la science ne peut établir aucune théorie, mais qu’on peut démolir toutes celles qu’on établirait ». « Il faut tâcher, dit-il, de rester toujours à ce stade ; la seule recherche féconde est la recherche du non vrai. » Ce genre de déclaration déconcertera toujours les gens sincères qui, comme nous, cherchent à s’approcher le plus qu’ils peuvent de ce qu’ils croient être le vrai.
Une vraie conférence pour dames. […] Ces conseils sont dans nos livres, rien de plus vrai ; mais qu’il y ait aussi autre chose, surtout autre chose, et bien autre chose, c’est ce que M. […] Ce que nous demandons avant tout au style, c’est l’originalité, la vie, le relief, la création, l’image, et c’est pour cela que Molière, Sévigné et Saint-Simon restent pour nous de vrais écrivains, et que nous avons mis notamment le génie de Saint-Simon hors de pair. […] Il ne s’est pas douté une minute que son explication n’expliquait rien et qu’elle finit même par être fausse, à force d’être vraie ; car, enfin, un médiocre prosateur peut avoir dit tout ce qu’il voulait dire, rien que ce qu’il voulait dire et comme il croyait qu’il fallait le dire et néanmoins ce prosateur peut très bien avoir écrit une page inexpressive, incolore et banale.
Cette passion du petit-fils de Louis XV ne fut, il est vrai, ni pour une Dubarry, ni pour une Pompadour. […] Sa serrurerie avec Gamain n’est qu’une amusette, mais la Chasse est la chose sérieuse, la passion vraie et dévorante de sa vie. […] Et cela est si vrai que la chasse était l’aveuglement de toute sa vie, que les jours où il n’a pas chassé, il écrit tranquillement et simplement sur son calepin : « Il n’y a rien. […] Nicolardot popularise, est un vrai bénéfice pour l’Histoire.
Lui est un chasseur, un vrai chasseur, mais il ne tire pas que la grosse ou que la fine bête, et son observation, — quand elle s’égaille, comme disaient les Chouans, des chasseurs aussi, mais terribles ! […] Charrière le compare, que le naturel et le vrai sont éloignés du déclamatoire et du faux. […] On se demande pour les besoins de quelle idée fausser ainsi son sens critique, et, après avoir méconnu le vrai, braver, par-dessus le marché, les contradictions : « S’il est un trait distinctif de l’auteur de ces Mémoires, — dit M. […] En effet, qu’y a-t-il de commun entre un grand tableau à la détrempe, vrai de couleur, de dessin et de perspective comme une enseigne, fait pour les myopes ou les organes grossiers, et les petits chefs-d’œuvre à la sanguine, grands comme l’ongle, où le sentiment, malgré l’exiguïté du cadre, a une puissance infinie, et qui rappellent ces noyaux de pêche que Properzia di Rossi a ciselés avec tant de passion dans la fantaisie et tant de précision dans la main !
… Le Génie ne passait pas beaucoup, il est vrai, à cette heure, nulle part. […] … Il est vrai que Lessing était juif. […] Il oppose l’Aristote vrai à l’Aristote des pédants, à l’Aristote faussé, gauchi, tordu, qu’on nous avait donné pour le véritable Aristote. […] Il l’invoquait contre les Français, qu’il accusait avec raison de n’avoir jamais entendu les idées dramatiques des Grecs, et il ne se doute pas que sa critique n’était que le combat d’un jour et que l’Art dramatique, en soixante-dix ans, allait se défaire de tous les Aristotes, faux ou vrais, et, purifié de toute théorie, n’aurait plus pour toute règle que la liberté du Génie qui crée l’émotion et exprime la vie dans ce qu’elle a de plus intense, — n’importe à quel prix !
pour que les badauds y trouvent de l’illusion ou de la joie : mais est-ce là de la poésie vraie ? […] Dans un temps où la langue serait forte, la Critique punirait peut-être le poète de cette impiété et de cette profanation, mais nous ne sommes plus au temps du grand Corneille où l’on disait Brute et Cassie, et où ce qui doit changer le moins, même les noms propres, devenaient français sous les plumes fières… À présent nous n’avons plus, il est vrai, cette insolence d’orgueil, et ce n’est pas seulement à l’expression étrangère que nous allons tendre des mains mendiantes, c’est à l’inspiration elle-même ! […] Il y est allé conduit par l’instinct éveillé de la peinture et en passant par les ateliers, mais ce qui l’y a entraîné plus fort que la peinture elle-même, c’est le néant qui est en lui et qui lui faisait trouver sa vraie place dans le pays de l’anéantissement universel. […] C’est déjà beaucoup de se remuer encore comme il se remue dans cette machine pneumatique du cœur et de l’esprit, dans cette absence complète de tout sentiment vrai, individuel et profond.
Victor de Laprade vient de publier un dernier volume de poésies sous ce titre d’Idylles héroïques, un beau titre, n’est-il pas vrai ? […] Voilà, en effet, une idée heureuse et qui a de la grandeur vraie. […] Ni l’un ni l’autre de ces messieurs n’a l’intérêt profond et la tressaillante émotion des vrais poètes, mais l’ennui (je demande pardon de la vivacité du terme), l’ennui que répand M. de Laprade dans ses poésies est plus pur et tombe de plus haut. […] On le trouve dans quelques Bucoliques de Virgile, il est vrai, mais d’abord, il est entre des bergers, c’est-à-dire des créatures qui parlent, et non pas entre des créatures inanimées et muettes, mais je n’en vois pas moins là une défaillance dans la perfection de l’artiste le plus pur de l’Antiquité.
Dans tous les deux mêmes originalités, même fraîcheur d’idées, même luxe d’images neuves et vraies, seulement l’un est plus grave et même plus mystique dans ses peintures ; l’autre a plus d’enjouement, plus de grâce, avec beaucoup moins de goût et de correction. […] On continuera à louer en lui ces images vives et brillantes que sa muse a répandues ; toutefois on ne le considérera plus comme notre seul et premier peintre poétique ; on n’oubliera pas que La Fontaine, Racine, Fénelon, et même Boileau, avaient ouvert, bien avant lui, la pure et vraie source des comparaisons et des images, sans jamais tomber dans la prodigalité ; on n’oubliera pas non plus que Chénier vécut dans un siècle descriptif et que ce don de peindre ou même de colorier les objets, qu’il a perfectionné sans doute, a pourtant été celui de plusieurs de ses contemporains. […] Alphonse de Lamartine Bien qu’André Chénier, dans son volume de vers, ne soit qu’un Grec du paganisme et, par conséquent, un délicieux pastiche, un pseudo-Anacréon d’une fausse antiquité, l’élégie de la Jeune Captive avait l’accent vrai, grandiose et pathétique de la poésie de l’âme.
La Sophonisbe de ce dernier fut supérieure, il est vrai, aux Pieces qui l’avoient précédée ; mais les foibles lueurs qu’on y appercevoit n’étoient que les premiers rayons du grand jour que Corneille devoit répandre sur la Scène Tragique. […] Voltaire a fait des Tragédies, il est vrai ; mais sa touche est si foible auprès de celle de l’Auteur de Cinna, de Polieucte, de Rodogune, des Horaces, qu’il auroit dû se borner au genre de suffrages qu’il mérite, sans chercher à détruire une espece de culte dont la France & l’Europe Littéraire ne se départiront jamais en sa faveur. […] Il est vrai que dans plusieurs de ses Pieces les brouillards reprennent le dessus.
La chimie ne faisait que naître avec Lavoisier ; la vraie physiologie était encore à venir : on ne cherchait guère alors à pénétrer dans l’intérieur de l’organisme, à sonder la cellule vivante ou l’atome, encore moins la conscience. […] Mais, pour distinguer la religion de l’art même, il importe de comprendre que la religion a un but, un but à la fois spéculatif et pratique : elle tend au vrai et au bien. […] Nous espérons mettre en lumière ce côté sociologique de l’art, qui en fait l’importance morale en même temps qu’il lui donne sa vraie valeur esthétique.
Ça n’est pas vrai ! […] C’est la vraie vie, ça. […] C’est vrai. […] Vrai ! […] Et il dit vrai !
Pour un inconnu, léger, tout en surface, vraie personnification, lui aussi, du caprice aimable et naïvement changeant ; pourquoi ? […] Puis, s’il est vrai que la Renaissance et la Réforme furent des causes, ce furent en même temps des conséquences. […] …………………………………… Vrai Dieu, que le vin est bon ! […] Que fera donc le vrai poète, le vrai romancier, le peintre ? […] Deux interprétations se sont partagé la critique, dont aucune n’a exprimé la vraie pensée du peintre.
Parler d’Ampère sans avoir fait d’abord la place et la part de Fauriel, ce serait parler du fils sans avoir indiqué son parent et vrai père intellectuel, car le vrai rôle d’Ampère à bien des égards, c’est d’avoir été un Fauriel jeune, vif, extérieur, communicatif, chaleureux et intéressant. […] Ce fut Fauriel qui coupa court à cette première ébullition poétique sans objet bien précis, et qui le mit dans sa vraie voie, la critique sérieuse et la littérature comparée. […] Ampère était l’homme de ce moment, et sa noble et large impartialité d’esprit, sa connaissance directe des autres littératures, l’usage et la familiarité qu’il en avait de longue main, le sentiment juste des rapports (ce sentiment qui semble s’être perdu depuis), tout lui permettait d’assigner à la production française sa vraie place et son vrai rang, sans lui rien retrancher et sans rien exagérer non plus. […] Son esquisse générale était vraie ; la physionomie des lieux était délicatement sentie et rendue sous sa plume : le goût chez lui suppléait aux sens. […] « C’est une triste manière d’y arriver, et d’autres inquiétudes ne me permettront pas, je le crains, d’y rester longtemps ; mais dans l’état de brisement où je suis par suite de ce que je viens de souffrir et de tout ce que j’ai souffert depuis un an, ce me sera un vrai soulagement de serrer la main de quelques vrais amis comme vous et les vôtres.
Il est bien vrai qu’il commande aux maris la fidélité ; mais il donne au mari l’empire, la domination sur la femme, dominium. […] Mais le fait de la destruction des sociétés par la femme est vrai. […] Jean, a non seulement droit contre une société dépourvue d’idéal, mais elle a le droit au pardon devant le maître de l’idéal, devant son vrai juge. […] Tout cela est vrai, mais qu’y faire ? […] Il est vrai ; entre nous et ceux que nous supposons les avoir écrits, quatre mille ans peut-être !
Il y a des regards de femme, n’est-il pas vrai, qu’on ne changerait pas contre toute la femme ? […] Certes, nous avons galvanisé, autant qu’il est possible, l’histoire, et galvanisé avec du vrai, plus vrai que celui des autres, et dans une réalité retrouvée. Eh bien, maintenant, le vrai qui est mort ne nous dit plus rien. […] C’est le cottage, le vrai nid d’une lune de miel romantique. […] Delaunay vous a dit… Mais je lui ai racheté son congé précisément, pour l’avoir au mois de septembre… Voyez-vous, ici, rien n’est vrai… Ce qu’on dit n’est pas vrai… Le mensonge même n’est pas vrai… Oui, oui, rien n’est vrai ici !
Comme disait Socrate, nous seuls nous occupons de la vraie politique, la politique étant la science. […] Ce grand amant du vrai était vrai et sincère en toutes choses, dans sa pensée, dans ses sentiments, dans ses paroles, dans ses actes. […] Il était bien plus désireux de trouver le vrai que de recueillir des éloges. […] Il n’a pas tout dit, mais ce qu’il a dit est vrai. […] La Grèce donne des ailes à sa Psyché, à l’âme, et elle trouve le vrai nom de l’âme, l’aspiration (ασθμα).
Tout cela est vrai. […] N’oublions point du reste que l’intrigue n’est pas plus essentielle que les caractères à la vraie comédie. […] Ce spirituel farceur, en se moquant de la fausse science, n’a pas rendu un assez humble hommage à la vraie. […] Il est vrai que, dans La Critique de l’École des femmes, Molière s’est défendu comme d’un crime contre la comédie d’avoir commis un bon mot. […] Opposons à L’Avare, au Tartuffe et au Misanthrope une vraie comédie.
Si dans la poésie il faut être vrai, bien plus vrai encore il faut être en histoire. […] Ici il les grandit à dessein très au-dessus des proportions vraies de l’événement. […] On avait dit de lui qu’il ne voulait ni commander ni obéir, et c’était vrai. […] Nous ne citerons de ces portraits que celui de M. de Talleyrand, parce qu’il est vrai sans être achevé. […] Il le laissa chargé de dettes, il est vrai, mais tranquille possesseur des mers et des Indes.