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2571. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Il s’y détache comme des profils nettement tranchés, celui de l’homme de guerre, par exemple, tel qu’il apparaissait à nu et se dessinait au lendemain du premier Empire : « L’homme qui a toujours vécu dans les camps réduit toutes les questions de morale au mot d’honneur, tous les devoirs à l’observation de la discipline, et la vertu à la bravoure.

2572. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

Une fois quitte de ce jeu, la reine, tant que vécut le duc de Luynes, se retirait volontiers chez la duchesse, sa dame d’honneur, où elle soupait et où elle continuait assez tard de converser avec sa société intime et ce qu’elle appelait « ses honnêtes gens. » Son bonheur était de pouvoir faire tous les jours de la vie la même chose.

2573. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

Pour un Guigniaut, pour un Viguier, pour un Cousin, qui, jeunes et ardents, allaient à la découverte, la plupart se tenaient à l’opinion reçue et continuaient de vivre en bons et loyaux rhétoriciens et humanistes.

2574. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

J’avais, à ce qu’il me semblait, mille bonnes raisons pour désirer d’être en repos, où j’aurais vécu plus heureux et plus tranquille : cependant il ne m’a été ni possible ni permis de me défendre, et il a fallu accepter contre mon gré ce que d’autres peut-être envieraient beaucoup, et que je ne désirerais pas de tirer de leurs mains s’ils l’avaient.

2575. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. »

L’on ne saurait être, Monsieur, etc. » Et c’est ainsi, en ce temps-là, que se menait la guerre entre adversaires qui savaient vivre : on se rappelle les saluts et les politesses des deux corps d’élite avant les coups de fusil de Fontenoy.

2576. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Qu’on n’aille point s’imaginer pour cela qu’elle est moins riche et plus stérile, et que la brusquerie militaire y avait supprimé les combinaisons romanesques ou les menées diplomatiques qui se pratiquaient sous le couvert des galanteries ; ce serait se tromper étrangement ; mais les mémoires particuliers n’ont point paru, les contemporains qui savaient ont cessé de vivre, et les fils, les descendants tiennent eu échec jusqu’à présent les révélations posthumes.

2577. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

Mais, quelle que soit la valeur de tel ou tel vers, il faut bien se dire que ce n’est pas d’employer l’or, l’ivoire, la neige ou l’albâtre, qui est chose interdite en poésie (car tous les poëtes, plus ou moins, vivent de ces images), mais de les employer pêle-mêle et de les prodiguer sans discernement.

2578. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

» Rentrée en France à l’époque du Consulat, et apportant pour soin principal et aliment de tendresse ses deux filles, seuls enfants qu’elle ait jamais eus, elle vécut isolée sous l’Empire, sans jamais paraître à cette cour, le plus souvent retirée à un château en Touraine27, toute à l’éducation de ses filles, à la bienfaisance pour ce qui l’entourait, et à la vie de ménage.

2579. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

Étudiez l’incomparable style de Bossuet ; prenez le Sermon sur la mort, et tous ces conseils s’éclairciront ; vous y verrez la métaphore brusque ou préparée, suivie ou abandonnée, plongée au milieu des termes propres ou de métaphores dissemblables, lâchée dès qu’elle ne serait plus qu’une curiosité ou un obstacle, avec une souplesse et une fortune merveilleuses, sans autre règle apparente que l’universelle et l’infaillible règle de donner à la pensée l’expression adéquate, transparente, qui n’y ajoute rien et n’en retranche rien : Multipliez vos jours, comme les cerfs que la fable ou l’histoire de la nature fait vivre durant tant de siècles ; durez autant que ces grands chênes sous lesquels nos ancêtres se sont reposés et qui donneront encore de l’ombre à notre postérité ; entassez, dans cet espace qui paraît immense, honneurs, richesse, plaisir : que vous profitera cet amas, puisque le dernier souffle de la mort, tout faible, tout languissant, abattra tout à coup cette vaine pompe, avec la même facilité qu’un château de cartes, vain amusement des enfants ?

2580. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

Le Pays Natal et La peur de vivre sont de jolis petits articles très adroitement fabriqués.

2581. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

La jeune fille vient de raconter à Maxime son enfance sans mère, et le caractère viril que lui a fait l’isolement où elle a vécu.

2582. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

J’ai vécu trente-cinq années dans la pauvreté, dans la misère et les fatigues, et pourtant tu m’avais fait espérer une autre récompense, et je m’attendais à autre chose de la part du maître du monde !

2583. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

On n’a pas affaire ici à un peintre amateur qui a traversé les champs pour y prendre des points de vue : le peintre y a vécu, y a habité des années ; il en connaît toute chose et en sait l’âme ; il sait le vol des grues dans le nuage, le babil de la grive sur le buisson, et l’attitude de la jument au bord de la haie, « pensive, inquiète, le nez au vent, la bouche pleine d’herbes qu’elle ne songeait plus à manger ».

2584. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

Il vivait dans le meilleur monde, qui le recherchait extrêmement.

2585. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

Dans un chapitre intitulé « Des gens de lettres en 89 », on trouve sur Ginguené et sur Chamfort des portraits piquants et qui sont tracés avec tant de saillie, que, si on ne les contredit à temps, ils ont chance de vivre et d’emporter ainsi leurs victimes à la postérité.

2586. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

Ce M. de Bernières, issu, si je ne me trompe, d’une famille très liée avec Port-Royal, était homme de bien, d’un bon esprit, et vivait en parfait accord avec l’archevêque de Cambrai.

2587. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

L’état de Louis XIV au lit de mort, et qui n’avait plus que quelques jours à vivre, rendait cet héroïsme un peu moins compromettant.

2588. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Elle continua d’acquérir tant qu’elle vécut ; elle protégea de tout son cœur et de tout son crédit les savants et les hommes de lettres de tout ordre et de tout genre, profitant d’eux et de leur commerce pour son propre usage, femme à tenir tête à Marot dans le jeu des vers comme à répondre à Érasme sur les plus nobles études.

2589. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre deuxième. La force d’association des idées »

D’ailleurs, ce contraste vécu n’est pas absolument irréductible à une identité plus profonde, celle de la volonté avec elle-même, celle de l’appétition tendant toujours au plus grand plaisir.

2590. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

* * * — Aujourd’hui, pendant la messe de mort de Mme X…, je pensais à la beauté jolie de ses vingt-huit ans, au rosé de fleur de sa peau, à la grâce molle de sa taille, et je me revoyais, de quatorze à dix-sept ans, enfantinement amoureux d’elle, et tout heureux de me frotter à ses robes de mousseline blanche, de me trouver dans l’air où elle vivait.

2591. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

Or il semble que le vers nouveau, le vers libre, peut aussi se dire tout simplement : une période musicale ; et cette période, demeurant liée harmoniquement à toutes les autres périodes du poème, doit cependant pouvoir en être séparée et alors vivre d’une vie propre, une, absolue.

2592. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 33, que la veneration pour les bons auteurs de l’antiquité durera toujours. S’il est vrai que nous raisonnions mieux que les anciens » pp. 453-488

Jacques Metius, l’inventeur des lunettes d’approche étoit fort ignorant, au rapport de Monsieur Descartes, qui a vécu long-temps dans la province où le fait dont il s’agit étoit arrivé, et qui le mit par écrit trente ans après l’évenement.

2593. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une préface abandonnée » pp. 31-76

Regardez-les : navigateurs hardis, fraternellement groupés sur un radeau aux planches mal jointes, sans vivres pour le lendemain !

2594. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

« Il n’y aura donc plus à s’y tromper : les Décadents sont une chose, les symbolistes sont l’ombre de cette chose ; les premiers sont pour le progrès, avec l’avenir, les seconds voudraient rétrograder jusqu’au Moyen Age, ils vivent avec le passé.

2595. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

On a dit assez spirituellement que les femmes naissent et vivent femmes, mais qu’elles meurent vieilles filles.

2596. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édelestand du Méril »

VI C’est là le côté animant, le côté vivant de son Histoire de la Comédie, et par lequel aussi elle vivra toute.

2597. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

Aubryet ne tremble pas non plus devant ces supériorités littéraires qui ne sont pas même des Washington dans leur ordre de mérite et de célébrité, mais il les voit peut-être avec ce trouble de la jeunesse qui n’est gracieux que pour ceux qui le causent, et dont l’aplomb de la vie, gagné à vivre, le débarrassera.

2598. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

Habitué à vivre en lui-même, les événements qui l’intéressent sont les événements de son âme ; les révolutions qui le frappent sont les variations de sa pensée ; les mécanismes qui l’amusent sont les contre-coups de ses passions.

2599. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Ils ne daignent plus visiter de telles réunions d’hommes, et ne se laissent plus voir dans une pleine lumière182. » Ce triste retour convient au temps où Catulle vécut, ami de Cicéron et amnistié par César.

2600. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

On peut vivre avec luxe dans sa maison sans faste, c’est-à-dire sans se parer en public d’une opulence révoltante. […] Le proverbe du peuple, heureux comme un roi, est encore plus faux ; quiconque a lû, quiconque a vécu, doit savoir combien le vulgaire se trompe. On demande s’il y a une condition plus heureuse qu’une autre, si l’homme en général est plus heureux que la femme ; il faudroit avoir été homme & femme comme Tiresias & Iphis, pour décider cette question ; encore faudroit-il avoir vécu dans toutes les conditions avec un esprit également propre à chacune ; & il faudroit avoir passé par tous les états possibles de l’homme & de la femme pour en juger. […] Mais l’officier qui le gardoit alors, m’ayant aussi attesté le fait, & tous ceux qui devoient en être instruits me l’ayant confirmé, & les enfans des ministres d’état, dépositaires de ce secret, qui vivent encore, en étant instruits comme moi, j’ai donné à cette histoire un grand dégré de probabilité, dégré pourtant au-dessous de celui qui fait croire l’affaire de Bender, parce que l’avanture de Bender a eu plus de témoins que celle de l’homme au masque de fer. […] Mon devoir est de remercier Dieu de tout, de le louer de tout, & de ne cesser de le benir qu’en cessant de vivre ».

2601. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Il est même bon d’observer qu’ils vivaient dans un siecle d’ignorance où leur génie seul pouvait les guider. […] Il rendait ce Prince aussi cher aux Français qui lisaient son histoire, qu’il le fut à ceux qui vécurent sous son regne. […] C’était, en partie, la faute du tems où il a vécu. […] Mais c’est le style qui fait vivre les ouvrages de Poésie, & ni Campistron, ni Thomas Corneille n’ont rempli ce premier devoir du Poëte. […] Rien ne peut lui enlever un sceptre qu’il tient & du tems où il a vécu & du mérite de ses productions.

2602. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

Ceci n’est que le cadre ; avant 1789, il était rempli. « On n’a rien vu, dit Chateaubriand, quand on n’a pas vu la pompe de Versailles, même après le licenciement de l’ancienne maison du roi ; Louis XIV était toujours là147. » C’est un fourmillement de livrées, d’uniformes, de costumes et d’équipages, aussi brillant et aussi varié que dans un tableau ; j’aurais voulu vivre huit jours dans ce monde ; il est fait à peindre, arrangé exprès pour le plaisir des yeux, comme une scène d’opéra. […] En effet, quelle est l’occupation d’un maître de maison qui sait vivre ?

2603. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

Mais lorsque ces sentiments qui, à des degrés différents, sont plus ou moins ceux de toute jeunesse, continuent de s’exalter à des époques où il suffirait d’améliorer et de vivre sans avoir à régénérer, il importe qu’on les contienne et qu’on les détourne sans y trop abonder et sans y donner jour en tous sens : autrement la vie sociale ne serait qu’une révolution continuelle, et chaque génération, en y entrant, ferait explosion à son tour.

2604. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Joinville a des traits assez énergiques pour exprimer la maladie du camp, qui se produit surtout pendant le Carême et par suite de la mauvaise nourriture de l’armée, réduite, pour faire maigre, à vivre de poissons malsains.

2605. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Il avait perdu sa mère à sept ans, et son père vivait assez isolé de ses enfants.

2606. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

Lorsque Horace nous montre le sage qui sait vivre de peu et qui est content si la salière de ses pères brille sur sa petite table (« cui paternum splendet in mensa tenui salinum »), Daru ne nous nomme pas cette salière, il ne la fait pas luire de sa propreté nette et brillante, il se contente de parler en général de table frugale et de simple mets.

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