Ceux-ci, en effet, tout échauffés, tout aigris encore de la lutte contre l’infâme, adoptent en morale le principe de l’intérêt, et leur théologie se borne à une négation sèche ou au scepticisme railleur qui ne vaut pas mieux.
Lerminier y a été sévère, et il a paru toutefois à beaucoup de lecteurs trop préoccupé d’un soin qu’il vaut mieux laisser aux autres.
L’émancipation complète de la classe la plus nombreuse et la plus pauvre, le classement selon la capacité et les œuvres, avaient de tout temps été pour nous des croyances d’instinct, des idées confuses et naturelles, pour nous qui sommes du peuple et qui ne prétendons valoir qu’autant que nous sommes capables et que nous faisons.
Vous avez beau remonter à l’origine des choses et des idées ou à l’A B C de la grammaire et de la rhétorique, suivre un à un les pas de la logique ou faire appel au sens commun simplement, mettre en avant la raison ou, ce qui vaut mieux, la nature ; au fond de toutes vos théories littéraires il y a un sentiment, pas autre chose, analogue, non point au sentiment large d’un homme libre de préjugés qui trouve belles toutes les belles fleurs et belles toutes les belles femmes, chacune dans son genre de beauté, mais au sentiment étroit d’un petit propriétaire qui n’a d’yeux que pour les fleurs de ses plates-bandes et de ses pois, ou d’un jeune amoureux prêt à rompre les os au premier qui osera dire que sa maîtresse n’est pas la plus belle femme du monde.
Car, ayant fait abstraction de tout ce qui est personnel, accidentel, le raisonnement vaut dès lors pour tous les cas particuliers, innombrables, réels et possibles, qui rentreront dans le cas général qu’on aura examiné.
Il est fâcheux qu’une conception grossière du personnage sympathique ait peuplé la comédie d’Augier de jeunes savants vertueux et de polytechniciens candides, qui valent les beaux colonels de Scribe.
Des paysages de certains symbolistes valent par une précision de contour et de lignes que les romanciers de quarante ans ont heureusement vulgarisée.
De sorte que c’est le goût du nombre qui l’emporte, et on sait ce qu’il vaut.
Ce qui valut à Mendès la protestation suivante de Gustave Kahn, parue dans la Plume (15 mai 1900) : « Souffrez qu’à votre accusation de mauvaise santé poétique, j’oppose un petit catalogue.
Cette infériorité même était sans doute la cause qui les rapprochait de Jésus et leur valait sa faveur.
Puis, cette désignation laisse encore à désirer au point de vue de la précision ; le mot de siècle est trop vaste ; le mot d’époque vaudrait mieux, à condition d’être précisé par les deux dates qui enferment le gouvernement personnel du Roi-Soleil (1661-1715).
Ce sont eux principalement qui la firent valoir, & qui ont mis à la mode la nouvelle orthographe.
Qu’ici bas maint talent n’est que pure grimace, Cabale, et certain air de se faire valoir, Mieux su des ignorans que des gens de savoir.
Pour ce Sterne du Nord, qui ne vaut, certes !
Voulant tout expliquer, dictant à tout ses lois, Sa raison ne vaut pas ses rêves d’autrefois.
Pour sept fois, je n’en sais absolument rien, mais poétiquement parlant, le cœur, le pectus de M. le Conte de L’Isle est trempé dans le néant ; ce peut être une situation aux Indes, mais pour nous qui sommes d’ici et qui avons la prétention de vivre encore, ce néant soi-disant divin ne vaut pas le plus humble degré de la vie que le poète se donne les tons de mépriser !
Croyez-vous qu’un recueil de poésies, dans cette intonation joyeuse, ne vaudrait pas bien les Festons et Astragales d’aujourd’hui ?
Deltuf ne l’empâte pas, cette faculté, dans les grandes prétentions de notre époque, car ce qu’il laisserait là et prendrait pour elle, à coup sûr, ne la vaudrait pas.
Pas plus que son bienfaiteur et son maître il ne sait conclure résolument et profondément sur ces États-Unis, qui ne sont pas unis, sur ces blocs de granit qui ne valent pas plus que des grains de sable si le ciment que rêvait pour nous l’empereur Napoléon ne les retient pas adhérents, sur ce pays, enfin, sans analogue dans l’histoire, et qui est comme la frontière neutre de toutes les nations.
Les droits que les premiers hommes faisaient valoir dans ces jugements divins étaient divinisés eux-mêmes, puisqu’ils voyaient des dieux dans tous les objets.
De nos jours, même les optimistes, même ceux qui croient fermement que le futur vaudra mieux que le présent, ne se dissimulent point qu’il y aura de mauvais côtés. […] Et vous trouverez dans le livre de Jean Dornis trois ou quatre élégies lyriques de M. d’Annunzio qui valent celle-là. […] Ça vaut bien la peine ! […] Mais, ma foi, quelques grands intellectuels de moins, cela est-il un résultat qui vaille que l’on détruise tout altruisme au cœur de l’humanité ? […] … Autant vaudrait dire qu’elle veut des Bourbons !
Bref, il altère très souvent la vérité pour se faire valoir. […] Tel l’homme de génie ; il est isolé et battu de la tempête : Mais souvent, caché dans la nue, Il enferme dans ses déserts, Comme une vallée inconnue, Un coeur qui lui vaut l’univers. […] Ce que vaut cette preuve philosophiquement, je n’ai pas à le rechercher. […] — et qu’enfin l’histoire ne valait plus guère la peine d’être contée, ou plutôt qu’il ne reste rien, rien du tout, de ce qui devait être le poème du sacrifice idéal. […] Autant valait pour elle ne pas se mettre en route.
Si donc il faut acheter à ce prix la logique de la composition, il vaut mieux y renoncer. […] Vaut-il bien la peine de prendre tant de soins pour nous donner les portraits exacts de vieilles femmes et de paysans ? […] Puisque le moyen n’est pas encore trouvé de se débarrasser des poètes, des musiciens, de tous les dilettantes, il faut en tirer vaille que vaille un parti. […] Mais rien ne vaut le « détraquement nerveux de notre siècle », la « grande névrose moderne ». […] De même tous les intérêts se valent, tous les sentiments aussi.
deux larmes versées dans mon sein m’eussent mieux valu que le trône du monde ; mais tu me les refuses, et te contentes de m’en arracher ! […] Chaque peuple, comme chaque individu, vaut plus ou moins, selon son âge, ou bien a des mérites différents. […] Quelques éclairs dans les ténèbres vaudraient-ils mieux que la clarté du jour ? […] cela vaut bien le jupon de flanelle anglaise de Mme d’Épinay à Jean-Jacques), Éléonore envoya à Beethoven une belle cravate. […] A mon avis, en musique comme en littérature, l’idée vaut mieux que la sonorité, et le sentiment vaut mieux que l’idée.
Les pensées sont comme les hommes ; elles ont besoin, pour plaire, d’être bien vêtues, et le livre fait valoir l’auteur. […] Cette abondance de pensées fait leur grandeur ; presque toujours leurs paroles valent la peine d’être méditées. […] Contre de tels cris, nulle parole ne vaut ; des actions seules, la vraie vengeance, le poison, répondront. […] Je vous prie de faire valoir cette raison auprès de Son Altesse Sérénissime ». […] Une société et une religion nouvelle valent bien une couche de calcaire coquillier, ou une légumineuse rare.
La province valait mieux à quelques égards. […] Il est incontestable que, s’il fallait s’en tenir à un moyen de sélection unique, la naissance vaudrait mieux que l’élection. […] Le collège grand électeur formé par tout le monde est inférieur au plus médiocre souverain d’autrefois ; la cour de Versailles valait mieux pour les choix des fonctionnaires que le suffrage universel d’aujourd’hui ; ce suffrage produira un gouvernement inférieur à celui du xviiie siècle à ses plus mauvais jours. […] Cette âme peut résider en un fort petit nombre d’hommes ; il vaudrait mieux que tous pussent y participer ; mais ce qui est indispensable, c’est que, par la sélection gouvernementale, se forme une tête qui veille et pense pendant que le reste du pays ne pense pas et ne sent guère. […] Quant à la liberté des clubs, l’expérience a montre que cette liberté n’a aucun avantage sérieux, et qu’elle ne vaut pas la peine qu’on y fasse des sacrifices.
Et Réal valait Savary. […] Son lit vaut quarante louis = 50 000 livres assignats. […] Et il déserte, par monts et par vaux, éperdument, à travers les coups de fusil des douaniers et des gendarmes. […] Aujourd’hui, le dallage des avenues est interrompu par des terrains valus. […] « Nos politiciens, dit le reporter, ne valent pas les vôtres.
Il vaut mieux nous borner, et invoquer en cette matière le témoignage de Goethe lui-même. […] Encore si c’était là chez eux le sentiment du peu que vaut l’homme ! […] Valait-il mieux qu’il se consumât à la poursuite d’une science impossible et d’un absolu chimérique ? […] On voit du moins par la pratique le peu que vaut cette croyance équivoque. […] Le panthéisme et l’intolérance ne se sont pas assurément donné le mot pour s’entr’aider et se faire valoir.
Nous n’avons heureusement pas en France de nature aussi perverse (le crime en dehors), mais il y a des cas où le vice vaut le crime. […] Il espère que l’amitié de Chatterton lui vaudra la faveur de cette riche et puissante cohue de grands seigneurs. […] Parce que je ne veux plus être poète ; vous le voyez, j’ai déchiré tout. — Ce que je serai ne vaudra guère mieux, mais nous verrons. […] Rien ne vaut cela pour vous !
Mais madame Zverkoff s’est donné pour règle de ne point avoir à son service de femme de chambre mariée ; et, en effet, cela ne vaut rien. […] Ma femme y perdit, il est vrai, une excellente femme de chambre, mais il n’y avait rien à faire ; il est impossible cependant de tolérer des désordres pareils dans une maison ; il vaut mieux couper tout de suite les membres malades. […] laisse-le, Foma, — m’écriai-je à mon tour, — cela n’en vaut pas la peine. […] Ces hommes ont un caractère à part qui leur vaut à la fois la vénération de leurs compatriotes, l’idolâtrie des femmes et les railleries des ignorants.
Mon projet est de vous les décrire, et j’espère que ces tableaux en vaudront bien d’autres. […] — Je substitue l’art à la nature, pour en bien juger. — Si vous vous exercez souvent à ces substitutions, vous aurez de la peine à trouver de beaux tableaux. — Cela se peut, mais convenez qu’après cette étude le petit nombre de ceux que j’admirerai en vaudront la peine. — Il est vrai. […] En voilà bien suffisamment sur Vernet ; demain matin si je me rappelle quelque chose que j’aie omis et qui vaille la peine de vous être dit, vous le saurez. […] La clarté est bonne pour convaincre ; elle ne vaut rien pour émouvoir.
Ces mots dont on peut dire que « toute notre vie passée s’y renferme et se lève avec eux devant nous131 », n’ont un sens si plein que pour l’individu qui les conçoit ; c’est donc dans la parole intérieure qu’ils surgissent à la conscience ; dits à autrui, ils n’auraient pas la valeur qu’ils ont pour nous ; pour la leur donner, il faudrait les commenter, et mieux vaudrait alors les remplacer tout à fait par un discours détaillé et explicite. […] Comme fait psychique, ayant une date dans mon existence passée, le mot est sans valeur ; il ne vaut à mes yeux que comme élément d’un fait psychique nouveau, en cours d’exécution ; son passé, ce par quoi il est explicitement mien, m’est indifférent ; je cesse donc de le reconnaître, je néglige de proclamer qu’il est mien. […] Mais alors le cas est tout autre : ces paroles, ces phrases, ces mots sont des souvenirs ; ils valent par eux-mêmes ; il faut en conserver précieusement la lettre et non seulement le sens ; la reconnaissance, critérium de l’exactitude littérale que nos souvenirs doivent conserver, est alors cultivée par l’attention et maintenue par elle à l’état d’habitude positive. […] Tout au contraire, ce que je me suis dit à moi-même, la plupart du temps, ne vaut pas la peine d’être retenu.
. — « Tu ne subis point la vieillesse », — dit à la cigale le poëte de Téos, — « frêle enfant de la terre, toi qui aimes les chansons. » Et dans un autre feuilleton encore : « Les rides, si jamais elles viennent, iront à sa petite figure spirituelle et impertinente comme les craquelures à la porcelaine. » Ces charmants hasards de plume valent pour moi de plus grands traits, et je ne veux pas que le feuilleton, sous prétexte qu’il devient livre et qu’il se fait plus grave, me les ôte et me les supprime.
Cela vaut mieux que d’y arriver péniblement par la logique, comme Hegel ou comme Spinosa.
… Ne serait-il pas juste de s’occuper un peu de cette race, après tout intéressante et qui en vaut une autre ?
Enfin, un homme avait vu toutes les prospérités de la terre se réunir sur sa tête, la destinée humaine semblait s’être agrandie pour lui, et avoir emprunté quelque chose des rêves de l’imagination ; roi de vingt-cinq millions d’hommes, tous leurs moyens de bonheur étaient réunis dans ses mains pour valoir à lui seul la jouissance de les dispenser de nouveau ; né dans cette éclatante situation, son âme s’était formée pour la félicité, et le hasard qui, depuis tant de siècles, avait pris en faveur de sa race un caractère d’immutabilité, n’offrait à sa pensée aucune chance de revers, n’avait pas même exercé sa réflexion sur la possibilité de la douleur ; étranger au sentiment du remord, puisque dans sa conscience il se croyait vertueux, il n’avait éprouvé que des impressions paisibles.