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1104. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ernest Hello » pp. 389-403

J’ai voulu la faire ; j’ai voulu la penser ; j’ai voulu la parler ; j’ai voulu mettre à leur place les hommes et les choses ; j’ai voulu prendre leur mesure et la donner… J’ai promené la balance à travers le monde intellectuel, n’ayant qu’un poids et qu’une mesure, et j’ai laissé les plateaux monter et descendre comme ils voulaient, abandonnés aux lois de l’équilibré… Les chapitres de ce livre ne sont pas juxtaposés par une unité mécanique, mais ils sont liés, si je ne me trompe, par une unité organique, et cette unité, c’est la faim et la soif de la « Justice. » Et comme le mystique ne s’éteint jamais, ainsi que je Fai dit, dans M. 

1105. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Grèce antique »

Et si des esprits comme Montesquieu, par exemple, l’inventeur de la vertu des républiques, se sont trompés d’une si lourde façon sur la Grèce, c’est qu’ils l’ont jugée à travers les théories politiques des hommes qu’elle n’écouta jamais.

1106. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes et la société au temps d’Auguste » pp. 293-307

Seulement, il ne faut point s’y tromper !

1107. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. le vicomte de Meaux » pp. 117-133

M. le vicomte de Meaux, qui a fait un livre pour prouver que le Catholicisme a gagné à l’avènement du Protestantisme, est, si je ne me trompe, le gendre de Montalembert, et il est bien digne de cette parenté.

1108. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « MM. Jules et Edmond de Goncourt » pp. 201-216

Et l’Histoire, ne nous y trompons pas !

1109. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Michelet » pp. 259-274

Et cependant, lui, l’inconséquent, qui fait l’histoire des héros qui furent des chefs, Michelet, que j’aime quand il est inconséquent, ne peut pas s’y tromper, au fond de son cœur.

1110. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vacquerie » pp. 73-89

Mais, entendez-le bien et ne vous y trompez jamais !

1111. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVI. Buffon »

Flourens, se trompa d’abord sur la méthode, rien n’étant moins dans la nature de son esprit que les nomenclatures et les caractères généraux.

1112. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXX. Saint Anselme de Cantorbéry »

M. de Rémusat a beau nous dire, avec une intention qui ne trompe personne : « Descartes ne serait pas aisément convenu que saint Anselme fut un de ses maîtres. » Tout ce qui s’occupe de philosophie n’en sait pas moins que l’argument de saint Anselme, sur l’existence de Dieu (et l’existence de Dieu, c’est toutes les questions de la philosophie dans une seule), est le même dans le Monologium que dans les Méditations.

1113. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Th. Ribot. La Philosophie de Schopenhauer » pp. 281-296

Il se trompait.

1114. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Gratry »

Royer-Collard, Jouffroy, mort de philosophie trompée, Maine de Biran lui-même, ne sont guère que de beaux esprits.

1115. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Edgar Quinet »

Je veux vous régaler de cet ineffable galimatias : « Tout le monde — dit Quinet — s’est trompé ici-bas, excepté moi… Les Reptiles ont cru au règne divin des Reptiles, les Mammifères à celui des Mammifères.

1116. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Edgar Quinet. L’Enchanteur Merlin »

Seulement, ne vous y trompez pas, l’objet unique d’un pareil poème n’est pas de nous montrer, comme on pourrait le croire, dans un cadre colossal, les ombres chinoises ou les marionnettes historiques.

1117. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Xavier Aubryet et Albéric Second » pp. 255-270

Dès et par son titre, Xavier Aubryet nous avait annoncé une vengeance qu’il ne nous a pas donnée, et Albéric Second ne nous a rien promis… L’imagination n’a donc pas à lui reprocher de l’avoir trompée.

1118. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Arsène Houssaye » pp. 271-286

C’est justement la sœur de la comtesse de Montmartel, une dévote impeccable selon le monde, selon ce Brid’oison de monde, qui, à point nommé, se trompe toujours !

1119. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Le Sage » pp. 305-321

Seulement, ce ne fut pas uniquement cette nouveauté d’impression offerte à l’esprit français avec toutes les précautions exigées pour ne pas effaroucher cet esprit qui veut se retrouver partout, ce n’est point uniquement cette sensation qui fit le succès instantané du Diable boiteux, et, plus tard, le succès du Gil Blas, plus grand encore… Ce fut aussi, — et ne vous y trompez pas ! 

1120. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Honoré de Balzac » pp. 1-15

Il ne faut pas s’y tromper : les contradictions de doctrines, d’inspirations et d’idées, que M. 

1121. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Raymond Brucker » pp. 27-41

Nous nous trompons.

1122. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVI. Des éloges académiques ; des éloges des savants, par M. de Fontenelle, et de quelques autres. »

On se tromperait pourtant, si on croyait qu’il n’y a dans les éloges de Fontenelle que ces beautés fines et délicates.

1123. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IV. »

Le goût sentit, dans la fiction et le récit, cet accent naïf qui ne trompe pas et qu’on ne peut guère simuler.

1124. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Si la Pléiade a cru conquérir quelque chose, elle s’est trompée ; nous avons tout reçu de Rome et d’Athènes et de l’Italie de la Renaissance, nous ne leur avons rien arraché. […] Mais je crois que, précisément, elles se trompent en ce qui concerne ces sources. […] J’ai dit : école ; je me suis trompé. […] On se tromperait gravement. […] Léon Dierx n’a rien de commun avec les artistes récents — se trompent-ils ?

1125. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Je m’étais imaginé que la cause qui avait fait supprimer cet ouvrage ferait un peu valoir mon bon droit ; je me trompai. […] Young, que le fantôme du monde poursuivait jusqu’au milieu des tombeaux, ne décèle dans toutes ses déclamations sur la mort qu’une ambition trompée ; il a pris son humeur pour de la mélancolie. […] Mais les partisans du génie tragique et comique du poète anglais me semblent beaucoup se tromper, lorsqu’ils vantent le naturel de son style. […] Il n’enviait point les rois ; il ne pensait point à eux : il n’était point troublé par ces désirs que trompe la fortune, qu’éteint la jouissance. […] que cet emblème d’une espérance trompée serve un jour à modérer tes passions, et à te consoler quand tes vœux seront déçus.

1126. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Il s’était bien trompé et les moujiks n’eurent que du mépris pour un criminel qui, de lui-même, se livrait à la justice, alors qu’il n’avait plus qu’à jouir de son crime. […] Nous trompons-nous ou sont-elles taries ? […] Je me trompe : il est limité encore par les bornes de son art, de cet art sans conscience, l’Art Dramatique qui fige la fiction centrale autour de quoi évolue captive la passion qui voudrait s’envoler. […] L’expérience personnelle pouvait les tromper : ils l’ont corroborée par l’expérience universelle, humaine, par les traditions immémoriales et par le jugement de l’homme impeccable que chacun porte en soi et qui est précisément étranger aux rancunes de la personnelle expérience. […] Je ne crois pas me tromper si je dis que, dans l’âme de ce Poëte, il n’y a de place que pour le Rêve de la Beauté.

1127. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Flaubert a pu se tromper dans tel ou tel détail, il ne s’est pas trompé dans son évocation de l’Afrique, d’une Afrique qui n’est ni punique, ni romaine, ni arabe, ni française, mais qui demeure toujours, sous les passagères dominations, immuablement, l’Afrique. […] Paris est même, si je ne me trompe, une ville du Nord. […] Or, un des grands dangers de la critique parlée, c’est qu’elle arrive vite à tromper, et à tromper faute de lecture. […] Elle représente en dernière analyse le goût du public, qui se trompe évidemment, tout comme les critiques, mais après tout pas plus souvent que les critiques. […] Je n’en avais pas de preuve, et je me trompais quelque peu.

1128. (1885) L’Art romantique

Théophile Silvestre s’est trompé, il n’a pu se tromper qu’en moins. […] Si donc l’aphorisme : Toutes les modes sont charmantes, vous choque comme trop absolu, dites, et vous serez sûr de ne pas vous tromper : Toutes furent légitimement charmantes. […] » disait l’un (le livret s’était trompé de numéro, et la cuisine était marquée du chiffre appartenant légitimement à une bataille célèbre). « Imbécile ! […] Augier s’est trompé, et son erreur contient sa punition. […] D’ailleurs, l’étiquette du crime heureux le trompera, et, les préceptes du maître aidant, il ira s’installer à l’auberge du vice, croyant loger à l’enseigne de la morale.

1129. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Tout cela est bien ; mais écoutons Washington, appréciant, sans s’étonner, la nature humaine sous les diverses formes de gouvernement, et n’étant pas idolâtre ni dupe de cette forme plus libre, pour laquelle il combat et qu’il préfère : « Laissez-moi vous conjurer, mon cher marquis, de ne pas attacher trop d’importance à d’absurdes propos tenus peut-être sans réflexion et dans le premier transport d’une espérance trompée. […] Mais son impression sur ces attentats et quelques autres pareils qui, ainsi qu’il le dit, ont trompé son zèle et profondément affligé son cœur, son impression d’honnête homme n’atteignit pas alors sa vue politique, et ne détruisit pas du coup le charme qui ne cessa que plus tard, lorsque le 10 août déchira le rideau. […] C’étaient de beaux temps, après tout, si l’on ne se reporte qu’aux sentiments éprouvés, des temps où l’instinct de la lutte ne trompait pas. […] C’est un des inconvénients des gouvernements démocratiques, que le peuple, qui ne juge pas toujours et se trompe fréquemment, est souvent obligé de subir une expérience, avant d’être en état de prendre un bon parti.

1130. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Vous vous trompez. […] On se tromperait grossièrement sur la portée de cette comédie, si l’on croyait y voir une cruelle raillerie à l’adresse du mari d’Alcmène. […] Guénaut, médecin de la reine, disait naïvement qu’on ne saurait attraper l’écu blanc des malades, si on ne les trompait. […] Diderot est le premier qui ait dit : « Si l’on croit qu’il y ait beaucoup plus d’hommes capables de faire Pourceaugnac que Le Misanthrope, on se trompe. » De la poésie dramatique.

1131. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Certainement il est dur à un homme de dire : Tout le monde se trompe, excepté moi ; mais si en effet tout le monde se trompe, qu’y peut-il faire1022 ?  […] Celui-ci fait illusion, car ce n’est point l’œil qu’il trompe, c’est l’esprit, et cela à la lettre ; son récit de la grande peste a passé plus d’une fois pour vrai, et lord Chatam prenait ses Mémoires d’un Cavalier pour une histoire authentique. […] Ayant trompé un mari qui refuse de lui demander satisfaction, Peregrine le fait prendre par ses gens et tremper dans un canal.

1132. (1894) Études littéraires : seizième siècle

» car ils ne le voient pas ; ils disent : « L’humanité s’est trompée de route ; c’est à telle époque qu’elle était dans le vrai. […] Il se trompait bien. […] Si son livre peut tromper un peu sur lui, c’est qu’on a trop l’habitude de considérer le livre d’un homme comme le tout de cet homme. […] Quand vient le moment des grands voyages à travers le monde, Pantagruel ne les entreprend que pour s’instruire, et pour savoir de la bouche de quelque oracle, si Panurge sera trompé quand il prendra femme. […] Ce qu’il a poursuivi de sa verve abondante et forte, c’est tout ce qui, à son avis, trompe les hommes, à savoir les juges, les moines, les pédants, les charlatans, et si vous tenez à faire une épigramme facile, vous pouvez y ajouter les femmes.

1133. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Les Spartiates se sont trompés. […] Il ne faut pas, sur certains détails, s’y tromper. […] La littérature classique s’est trompée. […] Il s’agit donc en pareille matière, sans qu’il puisse y avoir de règles précises, de ne se tromper ni sur soi-même, ni sur son temps. […] Les amants du vrai goût classique ne s’y sont point trompés.

1134. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Mais mon chapeau était toujours envolé, et, à force de répéter sa phrase, tante Lili se trompait, elle disait : — Ne vas pas au chapeau sans soleil ! […] Il me reprenait très drôlement quand je me trompais, en me regardant de son petit œil malin et j’avais pour lui la plus vive admiration. […] Ce n’est que bien longtemps plus tard que j’ai découvert que l’on m’avait trompée, que ce tableau ne représentait pas la fontaine de Vaucluse, mais la Fontaine d’Amour, chose impossible à révéler à une petite fille ! […] Un passage du livre me troubla spécialement, celui où l’héroïne de la première partie, dans ses remords d’avoir trompé son mari, attribue à sa faute la maladie de ses enfants. Tromper son mari ne me représentait rien de particulier, mais j’étais surprise au dernier point, d’apprendre que cette chose inconnue rendait les enfants malades.

1135. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Encore, que de fois doit-on être trompé, quand il s’agit d’une caste qui n’est pas tenue de porter une marque extérieure. […] N’en profitons pas pour jouer avec trop de confiance le rôle de la troisième personne qui veut mettre ici deux premières d’accord ; il pourrait nous arriver de nous tromper à notre tour. […] Mais on ne voit pas non plus en quoi on devient plus beau, meilleur, plus noble, pour avoir perdu un être cher, pour avoir été trompé par sa femme, trahi par son ami. […] Il y a deux voies pour le prophète : ou annoncer un avenir conforme au passé, — ou se tromper. […] Un homme avec une trompe d’éléphant, c’est Ganéça, dieu de la science, dans l’Inde : ce n’est pas si mal trouvé.

1136. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Le public — ce crédule — ne croit plus ; il a été tant de fois trompé qu’il est devenu — ce confiant — méfiant à l’égard de tous. […] Cet écrivain ne se trompait pas. […] La Belgique ne trompe plus personne aujourd’hui. […] Le lendemain, j’apprenais que je m’étais trompé de Caro. […] — Cependant, insistai-je, si je ne me trompe, vous êtes bien ce qu’on appelle l’opinion publique ?

1137. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

J’ai connu un homme, il est vrai d’un certain âge, qui pouvait tromper un désir sexuel en feuilletant des albums d’estampes. […] Comme ils partent de l’observation, de l’examen critique de la vie, ils ne se trompent presque jamais. […] Qui, hormis le confesseur ou le médecin, a entendu le gémissement de la femme toujours trompée ? […] (Ancienne Chronique, XIIIe siècle. ) Quand un homme de génie se trompe, disait Barbey d’Aurevilly, il se trompe plus complètement qu’un autre, il se trompe absolument, il va jusqu’au bout de l’erreur, et ses absurdités sont des absurdités de génie. […] Il faut tromper cette tendance, la dévier vers l’étude, vers la sentimentalité pieuse, vers le rêve éthéré.

1138. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

On s’est si souvent trompé sur les choses et sur les hommes, qu’on veut bien soutenir son opinion, mais jusqu’au feu exclusivement, comme dit Montaigne. […] Leur espoir ne fut pas trompé, la gloire et l’importance des écrivains français allèrent toujours croissant ; du fond du Nord on leur envoyait des hommages, et l’on demandait leur présence. […] Ce fut alors que se forma dans sa patrie cette école de philosophie écossaise, qui pensa que, puisqu’on était arrivé à l’absurde, c’est qu’apparemment on s’était trompé. […] On doit lui parler franchement ; d’ailleurs on ne le trompe pas si facilement qu’on le croit, et dès qu’une fois il a aperçu la fraude tout est perdu. […] Le masque dont ils se cachaient était si grossièrement appliqué que personne n’a pu s’y tromper ; la plupart de ceux qui s’en couvraient ne se faisaient pas illusion à eux-mêmes.

1139. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

 » « Il mettait son principal soin à exprimer le plus clairement possible sa pensée : pour y parvenir, et afin de n’embarrasser et de n’arrêter nulle part le lecteur et l’auditeur, il n’hésitait pas à ajouter des prépositions aux verbes, et à multiplier les copulatives, dont la suppression apporte un peu d’obscurité, quoiqu’elle ait de la grâce. » Ainsi, aux yeux des Latins eux-mêmes, quelques procédés de leur langue étaient des causes d’obscurité ; et un esprit aussi méthodique, aussi net que celui d’Auguste, ne voulant pas qu’on se trompât jamais sur sa pensée, et probablement sur ses ordres, avait éprouvé le besoin de quitter l’élégance habituelle des formes latines, et d’employer d’avance la précision de nos constructions modernes. […] « Seigneur Conrad, la roue tourne toujours en ce monde et finit par ramener le mal ; j’en connais peu qui ne se mettent en souci de tromper ceux qui sont leurs voisins et ceux qui ne le sont pas ; mais celui qui perd ne montre pas de joie ; or, sachent bien ces hommes que j’accuse d’agir ainsi, que Dieu note ce qu’ils ont dit et ce qu’ils ont fait. […] Quand on est, comme nous, éclectique ; quand on peut discuter, avec une justesse d’érudit, ce qui convient à chaque époque, on n’est pas soi-même sous la séduction de ses propres paroles ; on n’est pas trompé, on ne trompe pas ; on est difficilement poëte. […] Je ne suis pas convaincu que celui qui les écrivait ne les prît pas lui-même pour histoire véritable ; certainement beaucoup de lecteurs s’y trompaient.

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