Et notez bien — historiquement parlant — que jusqu’ici, toutes les fois qu’on a voulu faire plus, faire mieux, embrasser davantage et procéder autrement, par voie de théorie, on a échoué. […] Tenons-nous donc, quels que soient nos vœux personnels ou nos théories, heureux et reconnaissants de la loi présente.
Il oublie que les Mémoires d’Outre-Tombe, ce monument d’ordre composite, où tous les styles se fondent (quand ils ne se heurtent pas), où il y a innovation et rénovation de langage en même temps sans doute que tradition, et dont le titre seul est déjà une audace, donneront un complet démenti à cette théorie qui tend à nous renfermer dans une charte de style légitime, et à échafauder, à partir de M. de Chateaubriand, une barrière infranchissable, comme, avant lui, on en posait après Jean-Jacques et Bernardin. […] Pour faire à la théorie de M.
Les passions sont la plus grande difficulté des gouvernements ; cette vérité n’a pas besoin d’être développée, on voit aisément que toutes les combinaisons sociales les plus despotiques, conviendraient également à des hommes inertes qui seraient contents de rester à la place que le sort leur aurait fixée, et que la théorie démocratique la plus abstraite serait praticable au milieu d’hommes sages uniquement conduits par leur raison. […] Mais quand cette théorie métaphysique serait impossible, au moins, il est vrai, que plus l’on travaille à calmer les sentiments impétueux qui agitent l’homme au-dedans de lui, moins la liberté publique a besoin d’être modifiée ; ce sont toujours les passions qui forcent à sacrifier de l’indépendance pour assurer l’ordre, et tous les moyens qui tendent à rendre l’empire à la raison, diminuent le nombre nécessaire des sacrifices de liberté. — J’ai à peine commencé la seconde partie politique, dont je ne puis donner une idée par ce peu de mots.
Théorie de l’éducation. — 4. […] Rois ou paysans ne diffèrent qu’en « leurs chausses242 » : les passions, les ressorts sont les mêmes ; mais les effets ici sont plus menus, là plus illustres ; et voilà, remarquez-le, le principe d’une théorie toute classique de la tragédie.
Ensuite nous regarderons, dans Boileau, les grandes théories d’art qui nous expliquent les créations de l’éloquence et de la poésie classiques, dans ce qu’elles ont de propre à l’égard de l’œuvre des autres siècles, et dans ce qu’elles ont entre elles de commun. […] La théorie littéraire qui est faite exactement à sa mesure, ce n’est pas celle de Boileau, c’est celle de Bouhours.
Une nouvelle théorie de l’histoire a mis sa critique en crédit. […] Les théories, l’esthétique, c’est la fin des lectures.
Ce premier discours de Saint-Just dans le procès de Louis XVI fournit quantité de ces axiomes et aphorismes dont la parole de l’orateur est habituellement tissue, et qui vont devenir la théorie conventionnelle la plus pure : De peuple à roi je ne connais plus de rapport naturel… Pour moi je ne vois point de milieu : cet homme doit régner ou mourir. […] La théorie de votre jugement sera celle de vos magistratures ; et la mesure de votre philosophie dans ce jugement sera aussi la mesure de votre liberté dans la Constitution.
De ces états profonds de la nature humaine, l’un des plus importants est cette croyance, à laquelle quelques hommes exceptionnels échappent seuls — encore n’est-ce qu’en théorie — cette croyance sur laquelle toute notre civilisation d’occident semble fondée : l’homme se croit libre. […] Tout n’est pas à retenir dans la théorie de Schopenhauer, et certaines interprétations, dans le détail où il entre, semblent contestables.
En droit, la société est maîtresse d’elle-même ; nul n’est exclu du droit social, par conséquent de la souveraineté, et quelque distance que la sagesse conseille d’établir entre la théorie et la pratique, c’est une loi des sociétés qui s’éclairent de faire une part de plus en plus grande, suivant les circonstances, à la souveraineté populaire. […] L’esprit, qui n’est plus arrêté comme dans le temps des castes par des faits sacrés, traditionnels, et par les obstacles de toute nature que le hasard et la coutume avaient mis entre les hommes, l’esprit, qui a contracté l’habitude de pousser chaque principe à ses dernières conséquences, s’indigne d’autant plus de tout ce qui semble faire résistance à ses théories.
Sur ce point, comme dans toute sa théorie du langage, Bonald prend pour l’état primitif et constant des phénomènes un état idéal et parfait qui n’est pas même leur état actuel. […] La question serait résolue, si nous ne rencontrions ici en faveur de la thèse de Bonald une opinion assez répandue chez les théoriciens de l’art littéraire ; elle mérite de nous arrêter, car elle constitue une objection sérieuse à la théorie que nous venons d’exposer.
Et la bonté initiale de la nature, et l’homme qui est né bon, et l’homme qui est né avec toutes les vertus mais que la société a dépravé, qu’en faites-vous de cette grande théorie qui est la vôtre ? Si l’enfant, l’enfant très jeune qui n’a pas encore été dépravé par la société, si l’enfant, très jeune, veut être le loup, ou veut être le renard, je crois qu’il y a, en vérité, une contradiction de cette observation que vous faites maintenant avec votre théorie générale !
Voici, exprimée en quelques phrases, une théorie complète de l’homme social, de l’équilibre social, par un des esprits les plus perçants de la génération nouvelle. […] Edward Carpenter, profondément pénétré de ce naturisme et de ce réalisme dont débordent Walt Whitman et Thoreau, a formulé ses théories nouvelles dans une séries d’essais et de brochures qui ont eu le plus sérieux retentissement-M.
La session de 1815 forme la partie historique la mieux traitée et la plus instructive du livre : les personnes honnêtement royalistes, qui se sont laissé prendre aux théories et à l’ancien droit français de la Gazette, ne pourront guère s’y maintenir après avoir lu le chapitre de M. de Carné.
Les grands administrateurs et hommes d’État qui ont une idée de bon sens ou de génie à faire prévaloir et qui y réussissent, n’évitent pas pour l’ordinaire l’inconvénient d’insister sur toutes les parties de cette idée, et de la pousser, du moins en théorie, jusqu’à des extrémités qu’elle ne comporte pas.
Les hommes qui, en Allemagne, attaquèrent d’abord dans les Schlegel le mysticisme des théories sur le moyen âge, et dans Goethe l’impartialité égoïste et suprême de l’art, ces hommes sont en partie les mêmes qui essaient de populariser maintenant les idées pratiques de liberté, et d’amener leurs compatriotes à la vie publique.
Ici, l’expérience confirme la théorie.
C’est encore l’instant où les attaques des écrivains, jusque-là dirigées contre l’Eglise, vont se tourner contre l’Etat, où la préoccupation des affaires publiques va primer toutes les autres, où les théories politiques, réalistes et modérément réformistes avec Montesquieu, vont devenir dualistes et révolutionnaires avec l’auteur du Discours sur l’origine de l’inégalité.
Campée audacieusement à la tête d’une théorie comme l’aurait lancée Saint-Simon tout seul, ce gentilhomme impertinent et dépravé, qui se croyait sorti de la cuisse de Charlemagne, dont il descendait peut-être par Eginhart, cette idée dans sa crudité eût probablement révolté jusqu’aux vices d’un temps aussi admirablement couard que le nôtre, sans le travail de haute confusion et d’immense hypocrisie que vient lui faire subir M.
Il est naturellement affecté, et il ajoutait à la nature la théorie.
La conséquence d’une telle théorie, c’est de mettre la combinaison, le machiavélisme, la rouerie de l’effet, à la place du mouvement, de la passion, de l’impétuosité, de l’abandon naïf et facile, et en effet, M.
Il est peut-être, en théorie, contre la guerre ; car c’est là, pour l’instant, la plaie commune à la démocratie extrême.
Les théories des philosophes relativement à la vertu fournissent seulement des motifs à l’éloquence pour enflammer le sentiment, et le porter à suivre le devoir121.
Notez, en outre, qu’il ne s’agit ici que de théorie. […] C’est pour cela que, tout à l’heure, je refusais le sérieux à ce grand artiste en théories et en disputes. […] Reinach et Ducros sur les théories dramatiques de Diderot sont assez dissemblables. […] Reinach nous expose, c’est surtout l’esprit des réformes souhaitées par Diderot, et ce sont ses divinations plus que ses théories. […] Mais, au reste, mon cas vient à l’appui de la théorie de Sarcey.
Inexplicable en théorie, le désaccord entre la pensée et la chair s’explique donc en fait par une différence au moins de construction moléculaire ; ce sont deux états dont l’un n’a de l’autre qu’une connaissance superficielle, et la chair va se dissoudre que la pensée se pense toujours éternelle. […] Tout ce qui concerne son métier, le dessin et l’archéologie même et toutes les notions de cet ordre seront profitables à un menuisier intelligent ; mais à quoi lui servirait, sinon peut-être à entraver son activité, une théorie esthétique ? […] A cette heure, la théorie idéaliste n’est plus guère contestée que par quelques canards enclins à se plaire dans les vieux marécages. […] (La théorie anarchiste emporte à peu près les mêmes conséquences : en l’absence de toutes lois, l’ascendant des hommes supérieurs serait la seule loi et leur juste despotisme incontesté). […] Lemme : l’Esthétique doit être une explication et non une théorie de l’Art.
Le Raphaël de Valentin, de la Peau de chagrin — un de ses tout premiers livres et si évidemment autobiographique — raconte en ces termes, qui ont l’accent d’une confession, l’histoire de sa pensée de jeune homme : « Toi seul admiras ma Théorie de la volonté, ce long ouvrage pour lequel j’avais appris l’anatomie, la physiologie. […] La facture même du récit n’est qu’une mise en œuvre de cette théorie du milieu. […] Ces critiques n’ont pas vu qu’il n’y avait là qu’une application de la théorie du milieu, comme aussi dans la minutieuse évocation du passé des personnages non moins longuement étudiés et qui n’est, pour Balzac également, que le milieu ancestral. […] Flaubert la résolvait par une théorie qui faisait du roman une variété du poème en prose. […] Pour ne citer qu’un exemple de cette dialectique par l’observation qui fut sa méthode, sa théorie du psychisme polygonal — j’emploie sa formule — est bien significative.
Tout cela, cette théorie qui peut paraître une utopie, exposée sans grands mots, très pratiquement, avec des comparaisons comme celle-ci, sur le double emploi des préfets et des sous-préfets : « Je dis au domestique qui commande aux autres : Voulez-vous me donner un verre d’eau ? […] Au milieu de l’exposition de sa vie de travail et de privation d’amour, dans le sens élevé du mot, Taine est interrompu par Gautier qui jette : « Tout cela est une théorie du renoncement stupide… La femme, prise comme purgation physique ne vous débarrasse pas de l’aspiration idéale… Plus on se dépense, plus on acquiert… Moi, par exemple, j’ai fait faire une bifurcation à l’école du romantisme, à l’école de la pâleur et des crevés… Je n’étais pas fort du tout. […] » Puis jetant des mots, des interrogations, des théories, me disant que tous ces tons sont en rapport avec l’or de son cadre, et s’interrompant pour me demander si j’ai lu Fréron… Décousu, sans ordre dans ses pensées se suivant à la diable, et soudain s’animant, et ses yeux bleus, comme vides, se remplissant d’un lumière soudaine, et criant que le gouvernement doit encourager l’art et jamais les artistes… qu’il fait tous ses tableaux si vrais, au bout de la brosse, que la nature en face est trop écrasante… qu’il n’expose plus, parce que les tableaux comme les siens, sont tués par les tableaux à sujets, les tableaux qui se racontent. […] Il proclame l’histoire une suite d’accidents, à l’encontre de Renan et de Berthelot, qui soutiennent qu’il y a des lois des faits… À propos de la confiscation des biens des d’Orléans, Renan s’avance à dire que les idées de propriété sont trop absolues en ce temps-ci, une théorie que j’avais déjà rencontrée chez Sainte-Beuve… 15 septembre Je prends, dans une rue du quartier Latin, la description de la boutique d’un des derniers écrivains publics.
Une première objection sera qu’il est difficile d’expliquer dans cette théorie comment notre parole intérieure peut prendre l’apparence de la parole extérieure d’autrui, ce qui arrive non seulement dans l’hallucination diurne, fait toujours anormal, mais aussi dans les hallucinations essentiellement normales que M. […] Si la théorie que nous venons d’esquisser est exacte, elle ne peut être que confirmée par l’examen des erreurs qui consistent à confondre le nostrum et l’alienum, soit en portant le jugement de perception externe mal à propos, soit en l’omettant quand il y aurait lieu de le porter. […] D’après la théorie qui précède, nous devrions reconnaître chaque mot pris part ; les ensembles qu’ils forment, les phrases, échapperaient au jugement de reconnaissance. […] Il y a de grandes analogies, toute métaphysique mise à part, entre la psychologie de Bain et celle de Maine de Biran ; grâce à cette double influence, le toucher et son complément, sens musculaire, ont pris dans les théories psychologiques modernes une place exagérée, au détriment de la vue et de l’ouïe [ch.
L’excès même des théories humanitaires et des systèmes de sociologie n’est-il pas une indication précise de la préoccupation de tous les esprits ? […] Et si l’on nous allègue qu’au nom de la liberté, quantité de bateleurs et de joueurs de grosse-caisse vont se révéler qui surenchériront les uns sur les autres, et inventeront les théories et les formes les plus étranges pour faire flamboyer leur génie, il sera facile de répondre que ces manifestations puériles et vaines resteront vaines parce qu’il n’est pas possible de faire illusion longtemps, aujourd’hui moins que jamais, sur la valeur réelle d’une œuvre d’art. […] Énoncer cette théorie c’est montrer sa faiblesse. […] Comment les Parnassiens en poésie, et les naturalistes dans le roman vinrent réagir contre le laisser-aller un peu fantaisiste et débraillé du romantisme ; comment le symbolisme, se réclamant de l’individualisme idéaliste, vint à son tour protester à la fois contre la roideur et la sécheresse du Parnasse et contre l’optique un peu grosse du naturalisme ; comment enfin le symbolisme fit quelques fort intéressantes théories et pas beaucoup d’œuvres solides : ce sont des ensembles de faits qui ont été étudiés plusieurs fois et qui sont familiers à chacun.
Ces esprits, dans les théories sophistiquées et super-fines qu’ils appliquent au gouvernement de la société, supposent trop que le commun des hommes leur ressemblent.
Voici le texte de ce qui a été dit à ce sujet, par l’école de Saint-Simon, dans le volume d’exposition qu’elle a publié cette année : « La loi du développement de l’humanité, révélée au génie de Saint-Simon et vérifiée par lui sur une longue série historique, nous montre deux états distincts et alternatifs : l’un, que nous appelons état organique, où tous les faits de l’activité humaine sont classés, prévus, ordonnés par une théorie générale, où le but de l’action sociale est nettement défini ; l’autre, que nous nommons état critique, où toute communion de pensée, toute action d’ensemble, toute coordination a cessé, et où la société ne présente plus qu’une agglomération d’individus isolés et luttant les uns contre les autres. » (Vol.
Une certaine fierté d’âme, un détachement de la vie, que font naître, et l’âpreté du sol, et la tristesse du ciel, devaient rendre la servitude insupportable ; et longtemps avant que l’on connût en Angleterre, et la théorie des constitutions, et l’avantage des gouvernements représentatifs, l’esprit guerrier que les poésies erses et scandinaves chantent avec tant d’enthousiasme, donnait à l’homme une idée prodigieuse de sa force individuelle et de la puissance de sa volonté.
Ils ont développé d’une manière supérieure la théorie métaphysique des facultés de l’homme ; mais ils connaissent et étudient moins les caractères et les passions.
Il y a ceux qu’excèdent les théories du matérialisme officiel et les excès d’une littérature terre à terre qui s’en réclame.
Pourquoi le philologue, manipulant les choses de l’humanité pour en tirer la science de l’humanité, est-il moins compris que le chimiste et le physicien, manipulant la nature, pour arriver à la théorie de la nature ?
C’est le cas pour la poésie lyrique ou descriptive, pour les sermons, pamphlets, discours politiques, pour les ouvrages de théorie, etc.
Ce n’est pas sans une défiance extrême qu’il les présente à l’examen des gens de goût ; car, s’il croit à des théories nées d’études consciencieuses et de méditations assidues, d’un autre côté, il croit fort peu à son talent.