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963. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

C’est donc pour nous dire des choses qui lui tiennent au cœur. […] Qu’à cela ne tienne ! […] René leur tient des propos assez pareils à ceux d’Hamlet. […] Cela tient au moins la moitié de l’énorme volume. […] Mais il était tenu par son rôle.

964. (1923) Nouvelles études et autres figures

Un plus fort que toi te tient. […] Son père remarié la tenait enfermée dans un couvent de Pise. […] Depuis seize ans il les tenait en réserve. […] Mais ils n’ont pas tenu les promesses du poète. […] Il ne s’efface que là où son attitude tenait plus de place que son sentiment.

965. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Les instincts et les plaisirs de l’étranger qui s’initie ne sont plus tenus en bride par la suprématie d’un monde choisi. […] Quelqu’un croit-il qu’il puisse tenir ce qu’il promettra ? […] » — L’idée d’être dupe le révolta ; il se jura de réprimer une sensibilité si humiliante, et tint parole. […] Là aussi, les choses ont leurs lois, leurs attaches, leurs proportions et leur harmonie ; tout s’y tient comme dans une musique. […] Tiens, je suis là couché ; eh bien !

966. (1911) Nos directions

tiens bon !  […] Nous le tenons de nos aïeux du grand siècle, qui le tenaient des Romains, qui des Grecs, qui… — des Dieux, sans doute. — Méditez leur exemple, ô classiques d’imitation ! […] Rostand n’est plus tenu de la régler, et il laisse passer tout ce qu’elle lui apporte. […] C’est dans la limite de ses possibilités rythmiques qu’ils se tiendront pour l’assouplir. […] Le dogme de la fixité des formes le tiendrait-il captif, même lui ?

967. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Mais ses incursions dans la politique furent courtes, et il se tint ou revint le plus possible dans sa ligne littéraire. […] Le cours du lundi, qui était à la fois pour les élèves et pour le public et qui se tenait dans la grande salle académique, roulait sur Chateaubriand et son époque. […] « Il tint à honneur toutefois de publier la première partie du cours qu’il devait professer. […] Il ne tenait qu’à moi de reprendre le de, puisque c’était mon nom ; mais n’étant pas noble, je n’ai pas voulu me donner l’ai de l’être. » — M.  […] La courte notice que je suis en mesure et que je crois de mon devoir de lui consacrer, dans un petit paragraphe à part, tiendrait ici, en note, trop de place.

968. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre II. L’antinomie psychologique l’antinomie dans la vie intellectuelle » pp. 5-69

La supériorité de la cérébralité humaine sur la cérébralité animale tient uniquement au volume plus considérable, à la plus grande complication, à la plus grande mobilité, à la différenciation et de l’intégration croissantes des sociétés humaines. […] Il est peu vraisemblable que la supériorité intellectuelle de l’homme tienne uniquement aux conditions sociales dans lesquelles a évolué l’espèce humaine. […] Elles tiennent à une adaptation incomplète, à une évolution inachevée de l’intelligence individuelle. […] Car l’utilité dont dérivent les principes de la pensée semble aujourd’hui suffisamment stable pour qu’on soit fondé à tenir ces principes pour définitifs. […] Parmi les actes de foi qui ont tenu une grande place dans l’histoire des idées au cours du xixe  siècle, il faut signaler l’acte de foi dans la bonté de la nature humaine.

969. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

Né sous un autre ciel, n’ayant vu que la solitude et la ruine des écoles d’Athènes, que Grégoire avait fréquentées aux jours de leur éclat renaissant, Synésius tient plus d’Alexandrie et des doctrines abstraitement mystiques de l’Égypte grecque. […] Arrière, malédictions charmantes, grâces funestes, par lesquelles la terre attire l’âme séduite et la tient esclave, alors que, grandement malheureuse, elle a bu l’oubli de ses biens naturels pour se jeter sur le mauvais partage ! […] Il tient aux anciennes félicités du sage, non pas seulement cette paisible constance que peut remplacer la paix évangélique, mais aux récompenses terrestres du talent et de la vertu ; il désire le calme, l’aisance heureuse, et, comme poëte, sans doute la gloire. […] Voyageur chez les humains, tu as plongé jusqu’au Tartare, où la mort tenait sous sa loi des multitudes d’âmes. […] « Je m’y tiendrai vivant ; j’y tomberai mort.

970. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Ce genre de traduction dans la langue usuelle n’est que très rarement possible en ce qui est des travaux de haute physique, et elle est tout à fait impraticable pour ce qui tient aux mathématiques. […] Tenons-lui compte des difficultés d’une tâche dont il s’est acquitté si longtemps avec honneur. […] Arago, même lorsqu’elle choquait, une force qui vous tenait sur place et attentifs. […] Cette obstination à donner à Walt la découverte de la décomposition de l’eau, ajoute ingénieusement M. de La Rive, tenait à un remords de conscience ; il voulait le dédommager de lui avoir enlevé l’invention de la machine à vapeur pour la donner à Papin.

971. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

C’est qu’un historien n’est pas un biographe : il n’est pas tenu à creuser d’égale sorte un caractère, à en détacher tous les contours ; mais, même quand il le pourrait faire avec avantage et rehaussement pour son œuvre (ce que je n’examine pas ici), le point qui importe dans l’exemple cité, c’est que, si M.  […] Maine de Biran si singulièrement présenté, si bouffonnement même, et par ses propres phrases, on voudrait que le jeune adversaire eût moins chargé le profil, qu’il y eût mis plus de ménagements et d’égards, et qu’il eût tenu compte au chercheur en peine, des difficultés, de l’effort, du fond de l’idée : on en tient bien compte aux philosophes allemands ; pourquoi pas aux nôtres ? […] C’est un véritable instinct, qui me tient renfermé en moi-même et qui empêche l’expansion des idées ou des sentiments. […] Chacun de ses articles est composé et se tient ; il fait un ensemble.

972. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

J’avais écrit sur Tocqueville dans le Moniteur et en le faisant j’avais eu en vue deux choses : témoigner d’abord, dans le journal même du Gouvernement, de mon respect et de mon estime pour un adversaire de haut mérite ; et, en second lieu, à la veille d’une grande solennité littéraire, au moment où l’on allait peut-être essayer de nous donner un faux Tocqueville, j’avais tenu a en présenter un vrai et à prendre, autant que je le pouvais, la mesure de l’homme, avant qu’il passât à l’état de demi-dieu ou de pur génie par le fait de l’apothéose académique. […] Rigault (j’y reviendrai un jour avec l’attention qu’il mérite) n’est pas seulement, par goût et par vocation, un littérateur, c’est un universitaire, une fleur d’université ; mais il en est et il en tient jusqu’au bout des ongles ; il en a le tempérament et les prétentions. […] Rigault est le plus agréable des littérateurs sortis d’une classe, mais il en sort : il lui faut bien dix minutes pour construire son thème, avant d’avoir ensuite toute sa malice et tout son petillement, avant de débiter toutes les jolies choses qu’il tient en réserve et qui ne tariront plus. […] Je ne parle pas de ce talent de professeur qu’il ne tenait qu’à lui de pousser et de développer ; car, pour peu qu’il l’eût voulu, il serait aujourd’hui l’un des maîtres et l’une des voix écoutées en Sorbonne.

973. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Je trouve dans les Mémoires d’un Bourgeois de Paris, où il y a sur les grands compositeurs de notre époque bien des anecdotes authentiques, et que l’auteur a sues d’original, le récit d’un certain dîner dans lequel Halévy jeune, avant la gloire, avant le renom, entouré d’amis éloquents et doctes, tient bien sa place et a déjà son rôle. […] Je ne sais rien, pour mon compte, de plus instructif que les deux volumes où sont recueillies ses Notices historiques, à la fois exactes, simples (sauf quelques périphrases et tours solennels qui tiennent au goût du temps), mais d’une grande hauteur de principes, et avec des remarques morales d’une juste finesse. […] Nul embarras : un désir de plaire assez marqué, mais justifié à l’instant même et de la meilleure grâce ; de la fertilité, de l’enjouement ; d’heureuses comparaisons prises dans l’art qui lui était le plus cher, dans la musique, et qui piquaient par l’imprévu et par l’ingénieux : — ainsi, dans la notice sur l’architecte Abel Blouët, la place de l’artiste au cœur modeste, à la voix discrète, comparée au rôle que joue l’alto dans un concert (« Un orchestre est un petit monde, etc. ») ; — des anecdotes bien placées, bien contées, des mots spirituels qui échappent en courant ; — ainsi dans la notice sur Simart, à propos des rudes épreuves de sa jeunesse : « Simart, après avoir été misérable, ne fut plus que pauvre et se trouva riche » ; — savoir toujours où en est son auditoire et le tenir en main et en haleine ; ne pas trop disserter, et glisser la critique sous l’éloge ; s’arrêter juste et finir à temps. […] si l’on est d’un art particulier, tout en restant le confrère et l’ami des artistes, savoir s’élever cependant peu à peu jusqu’à devenir un juge ; si l’on a commencé, au contraire, par être un théoricien pur, un critique, un esthéticien, comme ils disent là-bas, de l’autre côté du Rhin, et si l’on n’est l’homme d’aucun art en particulier, arriver pourtant à comprendre tous les arts dont on est devenu l’organe, non-seulement dans leur lien et leur ensemble, mais de près, un à un, les toucher, les manier jusque dans leurs procédés et leurs moyens, les pratiquer même, en amateur du moins, tellement qu’on semble ensuite par l’intelligence et la sympathie un vrai confrère ; en un mot, conquérir l’autorité sur ses égaux, si l’on a commencé par être confrère et camarade ; ou bien justifier cette autorité, si l’on vient de loin, en montrant bientôt dans le juge un connaisseur initié et familier ; — tout en restant l’homme de la tradition et des grands principes posés dans les œuvres premières des maîtres immortels, tenir compte des changements de mœurs et d’habitudes sociales qui influent profondément sur les formes de l’art lui-même ; unir l’élévation et la souplesse ; avoir en soi la haute mesure et le type toujours présent du grand et du beau, sans prétendre l’immobiliser ; graduer la bienveillance dans l’éloge ; ne pas surfaire, ne jamais laisser indécise la portée vraie et la juste limite des talents ; ne pas seulement écouter et suivre son Académie, la devancer quelquefois (ceci est plus délicat, mais les artistes arrivés aux honneurs académiques et au sommet de leurs vœux, tout occupés qu’ils sont d’ailleurs, et penchés tout le long du jour sur leur toile ou autour de leur marbre, ont besoin parfois d’être avertis) ; être donc l’un des premiers à sentir venir l’air du dehors ; deviner l’innovation féconde, celle qui sera demain le fait avoué et’reconnu ; ne pas chercher à lui complaire avant le temps et avant l’épreuve, mais se bien garder, du haut du pupitre, de lui lancer annuellement l’anathème ; ne pas adorer l’antique jusqu’à repousser le moderne ; admettre ce dernier dans toutes ses variétés, si elles ont leur raison d’être et leur motif légitime ; se tenir dans un rapport continuel avec le vivant, qui monte, s’agite et se renouvelle sans cesse en regard des augustes, mais un peu froides images ; et sans faire fléchir le haut style ni abaisser les colonnes du temple, savoir reconnaître, goûter, nommer au besoin en public tout ce qui est dans le vestibule ou sur les degrés, les genres même et les hommes que l’Académie n’adoptera peut-être jamais pour siens, mais qu’elle n’a pas le droit d’ignorer et qu’elle peut même encourager utilement ou surveiller au dehors ; enfin, si l’on part invariablement des grands dieux, de Phidias et d’Apelle et de Beethoven, ne jamais s’arrêter et s’enchaîner à ce qui y ressemble le moins, qui est le faux noble et le convenu, et savoir atteindre, s’il le faut, sans croire descendre, jusqu’aux genres et aux talents les plus légers et les plus contemporains, pourvu qu’ils soient vrais et qu’un souffle sincère les anime.

974. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Leonora, belle, éblouissante, avide de sensations, ardente dans ses fantaisies, froide de cœur, n’a pas de peine à enlever le jeune et fragile artiste : ce n’est rien de lui avoir jeté son bouquet sur la scène, et son mouchoir par mé-garde avec le bouquet, comme dans un vrai délire d’enthousiasme, il faut voir comme ensuite, dans la visite qu’il lui fait, elle le pique au jeu, lui bat froid, le mortifie, lui tient la dragée haute, le tourne et le retourne à plaisir, comme elle fait tout, en un mot, pour le chauffer, l’enflammer ; elle lui met au cœur un de ces amours furieux, dévorants, à la Musset, qui vous tuent sur place, ou qui vous laissent, pour le restant de vos jours, n’en valant guère mieux. […] Sibylle n’apprend à lire que parce qu’elle veut comprendre les inscriptions funéraires qui lui tiennent au cœur. […] Elle a d’elle-même l’idée de dresser, à un endroit du parc d’où l’on voit l’Océan, une espèce d’autel ; ou, du moins, une table de pierre celtique au pied d’un chêne lui en tient lieu. […] George Sand, on le sait, s’en est émue ; l’aigle puissante s’est irritée comme au jour du premier essor : elle a fondu sur la blanche colombe, l’a enlevée jusqu’au plus haut des airs, par-dessus les monts et les torrents de Savoie, et, à l’heure qu’il est, elle tient sa proie comme suspendue dans sa serre6.

975. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

Il suffit que « tout uniment et avec des paroles claires, honnêtes et bien disposées, dans une période sonore, et par le cours naturel d’un récit amusant, l’auteur peigne ce que son imagination conçoit et qu’il fasse comprendre ses pensées sans les embrouiller ni les obscurcir : « Tâchez aussi, se fait-il dire par un interlocuteur de ses amis, qu’en lisant votre histoire, le mélancolique s’excite à rire, que le rieur augmente sa gaieté, que le simple ne s’ennuie pas, que l’habile admire l’invention, que le grave ne la méprise point, et que le sage se croie tenu de la louer. […] La première partie du roman, qui parut en 1605, semble d’abord avoir dû être définitive ; l’auteur pouvait s’y tenir sans la continuer. […] Mais la critique philosophique, l’esthétique allemande ou génevoise n’a pu s’en tenir à l’impression légère et riante qui résulte de Don Quichotte, et elle a cherché à y voir tout autre chose encore. […] Ils y croient on ne sait trop comment, ils y tiennent, surtout si on leur a fait entrevoir quelque intérêt, — quelque île là-bas en perspective.

976. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

Il tient le sceptre aujourd’hui dans la patrie de la gaie science et des troubadours57. […] Ce n’est pas pour rien qu’il s’appelait Évariste : il tenait de Parny, son parrain poétique, plus que d’Alfred de Musset. » — Je compléterai aujourd’hui et préciserai un peu plus ces souvenirs, mais sans m’astreindre a la notice : il suffit ici d’un profil et d’un médaillon. […] Cambouliu, professeur à la Faculté des Lettres de Montpellier, a écrit à l’un de ses amis, à l’occasion de ce mien jugement : « … Il n’y a rien en effet chez les Félibres de comparable à Mistral (à qui j’ai consacré cet hiver une leçon qui a eu un grand succès), et Jasmin a largement obtenu tout ce qu’il méritait, — j’oserai même ajouter plus qu’il ne méritait ; car je vous avoue franchement que je ne le tiens pas en très haute estime et que je ne puis guère voir en lui qu’un écolier de nos maîtres parlant patois ; je mets une grande différence entre lui et l’auteur de Mireïo, qui est, celui-là, un véritable poëte. […] c’était sous le vert feuillage, Quand le front près du mien penché, Le jeune Erinn sur mon visage Tenait son regard attaché, C’était à lui qu’il fallait dire : Ne trouble pas le cœur d’Aniel ; Cœur troublé, qui d’amour soupire, Ne peut plus réfléchir le ciel.

977. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Le Maître107 pour d’autres études, qu’il disait un jour confidemment à un ami de qui je le tiens : « Je ne me soucierais pas d’être disgracié et de faire « la culbute (ce fut son terme), pourvu que Port-Royal fût « remis sur pied et fleurit de nouveau. » La bonne tante l’aimait aussi bien tendrement. […] Il avait été reçu par M. de La Chapelle, directeur, qui ne parla pas mal non plus et qui dit même des choses assez neuves et très à propos à cette date de 1699, fin d’un siècle, sur les heures de perfection et de décadence littéraire pour les nations : il développa une pensée de l’historien Velleius Paterculus, et parla de cette sorte de fatalité qui fixe dans tous les arts, chez tous les peuples du monde, un point d’excellence qui ne s’avance ni ne s’étend jamais : « Ce même ordre immuable, disait-il, détermine un nombre certain d’hommes illustres, qui naissent, fleurissent, se trouvent ensemble dans un court espace de temps, où ils sont séparés du reste des hommes communs que les autres temps produisent, et comme enfermés dans un cercle, hors duquel il n’y a rien qui ne tienne ou de l’imperfection de ce qui commence ou de la corruption de ce qui vieillit. » C’était bien pensé et bien dit. […] Comme il est sourdaud et qu’il ne pouvait prendre plaisir, avec toute la nombreuse et belle assemblée, à écouter le répondant qui se fit admirer, il se dédommageait en parlant d’une chose qui lui tient fort au cœur : car ce silence lui paraît très-malhonnête et très-offensant, et s’il n’était aussi occupé qu’il l’est d’un déménagement (car il quitte le logis du cloître Notre-Dame où il était près le Puits, pour un autre qui a vue sur le jardin du Terrain), il aurait déjà produit quelque chose de vif : car il n’est pas aussi mort à lui-même sur pareil cas qu’on a sujet de croire que l’aurait été M.  […] Despréaux ne s’en est pu tenir : il a fait une épigramme contre La Chapelle.

978. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

Il ne lui avait jamais été donné sans doute de tenir toutes ses promesses ; il n’était jamais allé au bout de toutes ses entreprises ; mais il n’avait jamais non plus subi d’échec éclatant, et les circonstances les plus critiques avaient tourné encore à son honneur. […] Après l’avoir désiré et sollicité avec instance au début de cette guerre, il n’a plus l’air de tenir à son commandement, et à chaque contrariété on le voit prêt, pour ainsi dire, à remettre les mains dans ses poches, et disant que pour pis aller il lui restera toujours l’agrément d’aller tirer les perdreaux à Bernv. […] quel rôle aurait-il tenu ? […] Il le leur promit… » Elles ne s’en tinrent pas là, et quand elles surent que le neveu de Voltaire, l’abbé Mignot, faisait transporter le corps de son oncle pour être enterré dans son abbaye de Scellières, vite les deux grandes dames, ces deux bonnes Âmes acharnées au bien, relancèrent le cadavre ; elles écrivirent à l’évêque de Troyes pour l’engager à s’opposer à l’inhumation en qualité d’évêque diocésain ; « mais heureusement pour l’honneur de l’évêque, ces lettres arrivèrent trop tard, et Voltaire fut enterré. » (Vie de Voltaire, par Condorcet.) — C’est ainsi que.Mme de Gisors, cette sainte veuve, crut devoir justifier son renom de mère de l’Église.

979. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Préface »

Bien que la série en ait été prématurément interrompue, — commencée en janvier, elle s’arrête en juillet, — nous n’avons pu les faire tenir tous dans le XIIe volume. […] Sainte-Beuve est mort cependant, ignorant la cause de son mal, la soupçonnant peut-être, l’indiquant même par de certaines comparaisons et images réelles, basées sur ses sensations douloureuses, dont la médecine et la chirurgie (qui se croient plus positives) ne tiennent pas assez de compte dans la bouche d’un littérateur, et disant un jour : « Vous verrez qu’on ne saura ce que j’ai que lorsqu’on m’ouvrira… après moi… » — Que si la recherche de la vérité a besoin d’excuse, la catastrophe du 13 octobre dernier pourrait en être une suffisante : mais je renverrai ces délicats, qui me reprocheraient la crudité trop pathologique de ces détails, en tête du premier livre posthume d’un écrivain mort peut-être pour n’avoir pas été assez exa miné à fond, au tome V, page 523 de Port-Royal, où M.  […] On y dissipera la légende de ce dîner, dont on a tant parlé, donné, je crois, chez lui, un vendredi (c’était le 10 avril 1868, puisqu’on tient à savoir exactement le jour), et dont M.  […] Une expression de lui, bien douloureuse à présent, et qui nous revient : « il tenait, disait-il, ses bagages prêts » ; il appelait encore cela faire ses paquets.

980. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

C’est à cette naïveté qu’il devrait s’en tenir, même dans les compositions plus hautes, et il la rencontrera dès qu’il ne forcera plus à des sujets mal assortis la vocation de son talent. […] Delavigne ; s’il y a longueur, cela tient plutôt à certaines circonstances matérielles, aux entr’actes, par exemple. […] A la scène, cela romprait à temps cette nuance estimable d’Odilon Barrot qui tient trop de place au fond de la pièce. Au reste, nous demandons peut-être là quelque chose de contraire à la construction habituelle de ce genre de comédie, qui, à l’aide de personnages calqués à distance sur la vie et plus ou moins artificiellement découpés, tient surtout à produire des effets de réflexion, des développements moraux, des observations spirituelles ou de nobles leçons exprimées en beaux vers.

981. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VIII. De l’invasion des peuples du Nord, de l’établissement de la religion chrétienne, et de la renaissance des lettres » pp. 188-214

Quoique Mahomet fût un grand homme, ses prodigieux succès tinrent aux dispositions morales de son temps ; toutefois, sa religion n’étant destinée qu’aux peuples du Midi, elle eut pour unique but de relever l’esprit militaire, en offrant les plaisirs pour récompense des exploits. […] Les nobles, ou ceux qui tenaient à cette première classe, réunissaient en général tous les avantages d’une éducation distinguée ; mais la prospérité les avait amollis, et ils perdaient par degré les vertus qui pouvaient excuser leur prééminence sociale. […] Ils ont fait, pour ainsi dire, une invasion dans les classes supérieures de la société, et tout ce que nous avons souffert, et tout ce que nous condamnons dans la révolution, tient à la nécessité fatale qui a fait souvent confier la direction des affaires à ces conquérants de l’ordre civil. […] La littérature lui doit beaucoup aussi dans tous les effets qui tiennent à la puissance de la mélancolie.

982. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

Il y avait alors, dit une personne qui a subi cette éducation298, une manière de marcher, de s’asseoir, de saluer, de ramasser son gant, de tenir sa fourchette, de présenter un objet, enfin une mimique complète qu’on devait enseigner aux enfants de très bonne heure, afin qu’elle leur devînt par l’habitude une seconde nature, et cette convention était un article de si haute importance dans la vie des hommes et des femmes de l’ancien beau monde que les acteurs ont peine aujourd’hui, malgré toutes leurs études, à nous en donner une idée ». — Non seulement le dehors, mais encore le dedans était factice ; il y avait une façon obligée de sentir, de penser, de vivre et de mourir. […] On ne cache plus ses larmes, on tient à honneur d’être homme ; on est humain, on se familiarise avec ses inférieurs. […] Plus une aristocratie se polit, plus elle se désarme, et, quand il ne lui manque plus aucun attrait pour plaire, il ne lui reste plus aucune force pour lutter  Et cependant, dans ce monde, on est tenu de lutter si l’on veut vivre. […] En prison, hommes et femmes s’habilleront avec soin, se rendront des visites, tiendront salon ; ce sera au fond d’un corridor, entre quatre chandelles ; mais on y badinera, on y fera des madrigaux, on y dira des chansons, on se piquera d’y être aussi galant, aussi gai, aussi gracieux qu’auparavant : faut-il devenir morose et mal appris parce qu’un accident vous loge dans une mauvaise auberge   Devant les juges, sur la charrette, ils garderont leur dignité et leur sourire ; les femmes surtout iront à l’échafaud avec l’aisance et la sérénité qu’elles portaient dans une soirée.

983. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

Il y aurait fort à dire sur le dessein philosophique de l’essai : Mme de Staël entreprend de prouver, ou du moins affirme avec constance que la liberté, la vertu, la gloire, les lumières ne sauraient exister isolément : elle tient pour acquis que les grandes époques littéraires sont des époques de liberté. […] Nous voici conduits au principe nouveau, large, fécond, dont Mme de Staël a voulu donner la démonstration par son livre, et qui contient tout le développement postérieur de la critique : « Je me suis proposé, dit-elle, d’examiner quelle est l’influence de la religion, des mœurs, des lois sur la littérature, et quelle est l’influence de la littérature sur la religion, les mœurs et les lois… Il me semble que l’on n’a pas suffisamment analysé les causes morales et politiques qui modifient l’esprit de la littérature… En observant les différences caractéristiques qui se trouvent entre les écrits des Italiens, des Anglais, des Allemands et des Français, j’ai cru pouvoir démontrer que les institutions politiques et religieuses avaient la plus grande part à ces diversités constantes. » Il semble qu’elle ne tienne pas trop, pour la poésie, à sa doctrine du progrès, et qu’elle se contente de constater des différences : si c’est sa pensée, la correction est heureuse. […] Bonaparte finit par éclater ; et en octobre 1803, Mme de Staël reçoit ordre de se tenir à quarante lieues de Paris. […] Cela aboutit à rendre suspect au peuple l’homme bien élevé autant que le propriétaire et le capitaliste : il sent peut-être plus le mépris qui le tient à distante, que la richesse dont il est exclu.

984. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Oscar Wilde à Paris » pp. 125-145

Attentif aux controverses des poètes, se tenait le graveur sur bois Clément Bellanger qui rendait l’image d’un Christ au Jardin des Oliviers. […] Les convives s’observaient et se tenaient dans une sage réserve. […] Ce n’est pas seulement à composer des poèmes que je fais tenir mes ambitions. […] Il dominait par la terreur : « Tenez-vous bien !

985. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

Au treizième siècle, la république de Florence était entièrement guelfe, et s’il y avait quelques Gibelins parmi ses habitants, ils se tenaient cachés : mais ils dominaient ailleurs, et on se battait fréquemment. […] Ces magistrats, malgré leur autorité violente, ne tenaient pas d’une main ferme le gouvernail de l’État, puisque, outre les querelles du sacerdoce et de l’empire, la république nourrissait encore des inimitiés intestines ; et voici quelle en fut la source. […] Son vers se tient debout par la seule force du substantif et du verbe, sans le concours d’une seule épithète6. […] On se demande, après l’avoir lu, comment un homme a pu trouver dans son imagination tant de supplices différents, qu’il semble avoir épuisé les ressources de la vengeance divine ; comment il a pu, dans une langue naissante, les peindre avec des couleurs si chaudes et si vraies, et, dans une carrière de trente-quatre chants, se tenir sans cesse la tête courbée dans les Enfers.

986. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

La littérature française est bien riche, si on la suit dans ces genres un peu secondaires (journaux, correspondances, mémoires), qui tiennent à la société et au train même de la vie ; c’est le moyen, en y revenant souvent, de la pénétrer et de la traverser en bien des sens. […] On a aussi, un jour de faveur, la vue de la chambre des bains et du cabinet de toilette qui s’y tient, « dont le lambris est vernissé d’un vert céladon clair, gai, divin, sculpté et doré admirablement… Non, il n’y a rien de si joli, s’écrie Mme de Graffigny ; tout ce séjour est délicieux et enchanté. […] On la fait se tenir tout le jour dans sa chambre. […] Il a une façon plaisante d’ordonner qui tient aux bonnes grâces de ses manières ; il ajoute toujours en riant : « Et qu’on ait bien soin de Madame ! 

987. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

Ces esprits-là ne sont pas indifférents comme les autres ; ils ne sont pas tièdes, mais un peu volages et libertins : je crains que, nous autres critiques, nous n’en tenions. […] Il y a dans le goût et le culte qu’ont certaines personnes pour Rabelais plus que de l’admiration encore, il y a de cette curiosité excitée qui tient à un coin d’inconnu et de mystère. […] Toutefois, rappelons-nous bien que ces méthodes nouvelles, et, avant tout, agréables, d’apprendre les sciences aux enfants, moyennant un précepteur ou gouverneur pour chacun, ne tiennent nul compte des difficultés inhérentes à l’éducation publique et de celles qui dépendent de l’ordre de la société même. […] Cependant il restera toujours en propre à celui-ci l’attrait singulier qui tient à une certaine difficulté vaincue, à une certaine franc-maçonnerie, bachique à la fois et savante, dont on se sent faire partie en l’aimant.

988. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Si elle semble, par sa nature, avoir tenu plus de son père que de sa mère, il est une vertu, du moins, qu’elle tint de celle-ci, et qui manqua au pauvre Louis XVI pour le sauver : je veux dire la fermeté, le courage d’agir dans les moments décisifs. […] Ce Sacré-Cœur de Jésus et cette prière pour la France se tiennent plus étroitement qu’il ne semble, et il fallait peut-être avoir toute la foi à l’un pour pouvoir à ce moment prier pour l’autre. […] Mais au moins je me tenais propre ; j’avais du savon et de l’eau ; je balayais la chambre tous les jours ; j’avais fini à neuf heures que les gardes entraient pour m’apporter à déjeuner.

989. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « I »

Et, dans un beau mouvement d’une indignation qui voulait être superbe, on fit pleuvoir l’anathème sur la tête de cet auteur assez imprudent pour parler de style et d’art en un temps où, comme chacun sait, tout être qui tient une plume écrit un français des plus corrects. […] Nous ne répondrons donc pas à tous nos contradicteurs : mais, dès à présent, nous tenons à signaler certaines objections courtoises qui présentent une certaine portée littéraire.‌ […] Et, si Balzac n’est pas un écrivain complet, peut-être cela tient-il à ce qu’il n’était pas sensible, autant qu’il l’eût fallu, à la grâce intime, à l’harmonie, au discret balancement des phrases. »‌ Je crois cependant avoir assez insisté sur le rôle de l’harmonie dans le style ; j’en ai fait une qualité importante de la prose et j’ai même écrit un long chapitre sur l’harmonie des mots et des phrases. […] Je tiens à très haut prix son goût, son talent et ses œuvres.

990. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

Plus qu’un autre, nous, nous sommes tenu de le signaler. […] Dans le Dernier Flagellant, ce sont les « Dames noires », la femme et la fille de ce Rouziac, de ce mauvais riche qui a sucé, par l’usure, le sang et la vie de toute une contrée, et qui, vouées à un deuil éternel et grandiose, tiennent, pour les restituer un jour, le livre des biens volés de Rouziac, à mesure qu’il les vole, et chantent à Dieu, quand l’émeute furieuse met le feu chez elles, un si bel hymne de délivrance devant leur château incendié ! […] Lui, le satirique qui veut être critique aussi par-dessus le marché ; lui, l’esprit malin, taquin et lutin, — car sa grâce tient parfois du prestige, — a certainement bien trop d’entrain et de mouvement dans la moquerie pour pouvoir, la main encore vibrante du trait qu’il vient de lancer, être l’opérateur patient et à la main sûre qui en dépeçant l’œuvre d’un homme n’a pas pour but de le faire souffrir. […] Cette sensibilité ondoyante, dont parfois les impressions sont justes et vraies, et d’autres fois injustes et fausses, cette sensibilité qui, dans les Lettres satiriques, tourne si brusquement de la haine à l’amour et de l’amour à la haine, tient évidemment trop la place de l’étude attentive d’une conscience sévère, et Babou en a donné une preuve particulièrement malheureuse, et que je me permettrai de citer, parce que je le dois.

991. (1887) La banqueroute du naturalisme

Mais ce que je tiens à dire, parce que je n’en aurai jamais, je crois, de meilleure occasion que La Terre, c’est que ce comique involontaire s’obtient précisément grâce à l’insuffisance de l’observation. […] Zola nous donnera ces romans sur « l’Armée », et sur « les Chemins de fer », voie montante et voie descendante, qui doivent compléter, je crois, l’épopée des Rougon-Macquart, tenons-nous pour assurés d’y retrouver les mêmes personnages. […] Ni Une Page d’amour, ni Au bonheur des Dames n’ont pu dépasser de beaucoup le cinquantième mille : et ce ne sont point des romans « chastes », et les fonctions du ventre y tiennent assez de place, et la grossièreté de langage dont M.  […] Aujourd’hui, le naturalisme n’a tenu aucune des promesses qu’il nous avait faites ; mais M. 

992. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — [Introduction] » pp. 132-142

Saint-Marc Girardin : on voit que l’œuvre et l’auteur tiennent par tous les liens à la famille de l’Université comme à la famille du Journal des débats : ils en portent le cachet, et ils font honneur à l’une et à l’autre. […] Il veut peut-être concilier et assembler trop de choses, tenir trop d’éléments en présence et en équilibre, religion et philosophie, régularité et liberté, impartialité et émotion, stabilité et progrès, culte du passé et aspiration vers l’avenir… C’est après tout une noble ambition, l’ambition des esprits jeunes, même quand ils sont le plus modérés. […] Rigault, qui n’a jamais perdu de vue l’idée générale et la doctrine du progrès, a tenu, au contraire, à être le plus complet possible, à tout décrire successivement avec une curiosité égale, à suivre le fleuve, comme il l’appelle quelque part, dans toutes ses sinuosités, dans ses tours et retours, jusqu’à ce qu’il se perde dans l’idée générale et théorique qui est son océan.

993. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XX. Du dix-huitième siècle, jusqu’en 1789 » pp. 389-405

Le mérite et l’intérêt de la plupart de ses plaisanteries tiennent à l’existence des préjugés dont il se moque. […] Les sentiments, les situations, les caractères que Voltaire nous présente, tiennent de plus près à nos souvenirs. […]  » Arie dit à Petus en lui remettant le poignard : « Tiens, cela ne fait point de mal. » Bossuet, en faisant l’éloge de Charles Ier dans l’Oraison funèbre de sa femme, s’arrête, et dit en montrant son cercueil : « Ce cœur, qui n’a jamais vécu que pour lui, se réveille, tout poudre qu’il est, et devient sensible, même sous ce drap mortuaire, au nom d’un époux si cher. » Émile, prêt à se venger de sa maîtresse, s’écrie : « Malheureux !

994. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre II. Filles à soldats »

Toutefois, je tiens à commencer la visite par uns de nos garces les plus indéniables. […] La maison tient divers articles : on y trouve des aventures enfantines de petits garçons, de petites filles ou de grandes personnes ; on y fournit aussi le roman-pétition contre les lois mal faites (car, pour ces braves gens, il y a des lois qui sont bien faites.) […] Et, sous les attitudes triomphales, nous distinguons la lâcheté blêmissante de la plupart des gradés, je ne dis point seulement toutes les fois qu’il s’agit de se tenir debout devant un chef, mais souvent aussi quand il faut ne point reculer devant un simple danger matériel.

995. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Renou » pp. 301-307

Dans le combat où le fils d’Anchise est renversé de son char, et Vénus sa mère blessée par le terrible Diomède, le vieux poëte, où l’on trouve des modèles de tous les genres de beauté, dit qu’au-dessus du voile que la déesse tenait interposé entre le héros grec et son fils, on voyait sa tête divine et ses beaux bras, et je peins le reste de la figure. […] Mais si l’effet tient au choix et à l’ordre des mots, il tient aussi au choix des syllabes.

996. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 45, de la musique proprement dite » pp. 444-463

Ils la tiennent de la nature même. […] Ce qu’on appelle la science de la composition est une servante, pour user de cette expression, que le génie du musicien doit tenir à ses gages, ainsi que le génie du poëte y doit tenir le talent de rimer.

997. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 32, que malgré les critiques la réputation des poëtes que nous admirons ira toujours en s’augmentant » pp. 432-452

Ainsi, soit que le stile dans lequel nos bons auteurs du temps de Louis XIV ont écrit, demeure toujours le stile à la mode, je veux dire le stile dans lequel nos poetes et nos orateurs tâchent de composer, soit que ce stile ait le sort du stile en usage sous le regne des deux premiers Cesars qui commença de se corrompre dès le regne de Claudius, sous qui les beaux esprits se donnerent la liberté d’introduire l’excès des figures en voulant suppléer par le brillant de l’expression à la force du sens et à l’élegance simple où leur génie ne pouvoit pas atteindre ; je tiens que les poetes illustres du siecle de Louis XIV seront comme Virgile et comme l’Arioste, immortels sans vieillir. […] Je répons que les remarques les plus subtiles des plus grands métaphysiciens ne feront pas décheoir nos poëtes d’un dégré de leur réputation, parce que ces remarques, quand bien même elles seroient justes, ne dépoüilleront pas nos poësies des agrémens et des charmes dont elles tiennent le droit de plaire à tous les lecteurs. […] que ceux qui tiennent que le soleil est fixe et immuable, … etc. mais ce n’est point la faute de Monsieur Despreaux si Monsieur Perrault l’entend mal, et c’est encore moins sa faute s’il plaît à d’autres censeurs de se figurer que par ces mots, si le soleil est fixe ou tourne sur son axe, il ait voulu opposer le systême de Copernic avec le systême de Ptolomée, qui suppose que c’est le soleil qui tourne au tour de la terre.

998. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Mathilde de Toscane »

Ce jugement, qui honore singulièrement son auteur, tient à une compréhension politique vraiment profonde. […] Saint ou politique, grand apôtre ou grand ambitieux, il a été tout par l’esprit, et il faut, de toute façon, qu’on le tienne au premier rang des hommes. » V Solennelles et imposantes paroles ! […] Le seul défaut du livre de Renée, comme expression littéraire, tient à un fond de choses que nous croyons en lui expirant.

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