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2640. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

Dans la pratique, les idées de Montaigne aboutiront à l’éducation des Jésuites, au développement des qualités sociables et des talents mondains ; ce qu’elles contiennent en substance, n’est tout justement que l’honnête homme du xvie  siècle.

2641. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Sarcey a un merveilleux talent d’exposition, et d’exposition animée.

2642. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

Préparé comme il l’était, doué d’ailleurs d’un talent dont la force et l’austérité convenaient à ce genre de sujets, M. 

2643. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Mais je m’étonne encore moins qu’après plus de soixante années d’agitations, favorisées par de mauvais gouvernements, malgré l’avantage du talent du côté des calvinistes, malgré la popularité même des persécutions et la sainteté d’une sorte de martyre, dans l’effroyable extermination de la Saint-Barthélémy, malgré de grands caractères, Coligny, Sully et un grand homme dans la guerre et dans la politique, un moment chef de leur parti, Henri IV, la France ne soit pas devenue calviniste, que les qualités de Calvin n’aient pas fait accepter ses défauts, et que le philosophe chrétien n’ait pu rendre populaire le tyran de Genève.

2644. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

Montesquieu connaît les talents du peuple romain ; il connaît moins ses vertus.

2645. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Sa justice même paraît lui coûter, et il gâte les louanges données aux talents par des doutes sur la sincérité des personnes.

2646. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

Cet antique dévouement est souvent remplacé par l’arrogance ou même par le talent de plumer le maître au profit des gens qu’il paie et nourrit.

2647. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

Ainsi, pour peu qu’on suive dans sa marche ce qu’on a nommé de nos jours « le mal du siècle », cette espèce de petite vérole noire qui a sévi durant bon nombre d’années, on voit, pour ainsi dire, la contagion passer de certains écrivains fameux à leurs lecteurs ; on voit le suicide parfois, plus souvent l’aveulissement de la volonté dériver des œuvres pessimistes et déprimantes composées par les hommes de talent qui furent atteints de cette maladie.

2648. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — Y. — article » pp. 529-575

Aujourd'hui, plus combinés, plus réfléchis, couverts du masque de la décence, ils sont devenus très-communs, & l'on n'en blâme & punit que la forme ; aujourd'hui les méchans ont acquis l'art funeste de donner un libre essor à leur perversité ; l'art de la rendre plus active, d'en faire mouvoir plus fûrement les ressorts, & le talent plus funeste encore de se dérober au glaive vengeur des Loix.

2649. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — I. (Dialogues inédits.) » pp. 1-28

J’ai à en tirer plus d’une réflexion sur sa méthode, sur la formation de son talent.

2650. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

C’est Pellerin qui confond ses facultés critiques, ses notions sur l’histoire de la peinture et son admiration pour les grands maîtres avec un pouvoir personnel d’exécution, Pellerin qui espère toujours susciter le don par un effort d’intelligence, qui supplée au talent par l’accoutrement, par le geste et le vocabulaire.

2651. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface des « Derniers Jours d’un condamné » (1832) »

Un écrivain plein d’âme et de talent l’a dit avant nous : C’est une horrible chose de conserver le bourreau après avoir ôté le confesseur !

2652. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

C’est un talent pour un czar d’arracher un sein à une femme d’un coup de knout.

2653. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

L’auteur est un Imprimeur de Zurich en Suisse, qui réunit au talent d’écrire & d’imprimer celui de graver en cuivre.

2654. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

On a fait d’innombrables livres, avec un grand effort de recherche et souvent un grand talent, pour un petit public, déjà las de leurs défauts et de leurs qualités même.

2655. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

Les salons du xviiie  siècle ne préparent pas seulement l’égalité des hommes parce qu’ils réunissent et confondent seigneurs et hommes de lettres, mais parce que, prisant l’esprit par-dessus tout, ils fournissent aux roturiers l’occasion de racheter par la supériorité du talent l’infériorité de la naissance : dans le royaume de l’esprit un enfant trouvé peut être roi.

2656. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Mais c’est en 1793 surtout, avec le Vieux Cordelier, que se révèle le puissant talent de Desmoulins.

2657. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

D’un groupe du public littéraire à un autre groupe, il y a parfois autant de différence qu’entre un siècle et un autre siècle : chacun d’eux a son art, ses talents, ses réputations ; ces groupes ne peuvent guère plus se passer les uns des autres qu’un grand siècle historique ne peut se passer des périodes de fermentation sourde qui l’ont précédé et produit. […] Il faut le reconnaître, les génies et même les talents ont eu le plus souvent trop d’ennemis pour ne pas avoir, par compensation, un petit cercle d’admirateurs enthousiastes. […] Le plus grand danger qu’il puisse courir, c’est l’obscurité, c’est de se débattre dans l’indifférence ; mais, pour les talents bien trempés et qui sont sûrs d’eux, l’insuccès même est un excitant. […] Il est toujours resté en lui quelque chose de l’enfant-prodige, cherchant à « stupéfier les classiques » et parfois à les mystifier par quelque souplesse de son talent. […] Derrière les grands talents et les penseurs allaient venir ceux qui ne penseraient plus et qui, chose extraordinaire, s’en feraient gloire.

2658. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

Grâce à la science lucide et au talent probe de M.  […] Le diacre Varese trouva, dans la marine, l’occasion d’exercer son talent et de contenter son ambition. […] Ayant mis ses talents militaires à la disposition des conventionnels, il avait été assez habile pour réprimer un mouvement populaire qui aurait pu devenir une révolution, mais qui, n’ayant point réussi, est compté, par les historiens, au rang des plus abominables émeutes. […] Je comprends d’ailleurs que l’auteur de la délicieuse Sarcelle bleue, de Madame Corentine, de La Terre qui meurt n’ait pas résisté au plaisir de consacrer aux paysages d’Alsace son rare talent d’aquarelliste. […] Ils ont trouvé, outre-mer, l’emploi de leur talent et de leur activité.

2659. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Leur pente est grande et naturelle à la volupté, au luxe, à la dépense, à la prodigalité, et c’est ce qui fait qu’ils n’entendent ni l’économie, ni le commerce ; en un mot, ils apportent au monde des talents naturels aussi bons qu’aucun autre peuple ; mais il n’y en a guère qui pervertissent ces talents autant qu’ils le font.

2660. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

Le bon sens, que Descartes croyait, ou affectait de croire « la chose du monde la plus répandue », est au contraire la plus rare que l’on sache, plus rare que le talent, aussi rare que le génie peut-être ; et nous avouons de bonne grâce que de grands savants en ont parfois manqué… Ainsi raisonnent ceux qui ne veulent voir dans « la banqueroute de la science » qu’une métaphore retentissante ; — et je ne puis pas dire qu’ils aient tout à fait tort4. […] S’ils ont parlé pour elle avec un peu d’imprudence peut-être, et sans y être en quelque sorte dûment autorisés, la science n’a pas moins profité de leur enthousiasme pour elle et de leur talent.

2661. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Les regrets que j’en éprouvais, tandis que je restais seul à rêver un peu à l’écart, me faisaient tant souffrir, que pour ne plus les ressentir, de lui-même par une sorte d’inhibition devant la douleur, mon esprit s’arrêtait entièrement de penser aux vers, aux romans, à un avenir poétique sur lequel mon manque de talent m’interdisait de compter. […] Si le talent de cette personne manquait d’évidence, Proust ne cherchait pas à me le démontrer de force ; il en parlait même, pour me désarmer, avec une liberté assez dédaigneuse ; mais il me citait tous les auteurs que j’avais publiés qui, à son avis, en avaient moins que son protégé. […] Les regrets que j’en éprouvais, tandis que je restais seul à rêver un peu à l’écart, me faisaient tant souffrir, que pour ne plus les ressentir, de lui-même par une sorte d’inhibition devant la douleur, mon esprit s’arrêtait entièrement de penser aux vers, aux romans, à un avenir poétique sur lequel mon manque de talent m’interdisait de compter. […] Et c’est parce qu’il n’en trouvait pas qu’il se croyait dépourvu de talent…) Pourtant ce qu’il cherche, ce qu’il désire, Proust perd assez vite l’idée que ce puisse être quelque chose de vraiment extérieur, quelque chose comme une statue idéale qui serait logée derrière les spectacles qu’il contemple et qu’il n’aurait qu’à dévoiler.

2662. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Pour moi qui soupçonne que ces grands hommes pouvoient être petits par bien des endroits aux yeux de leurs contemporains ; qui vois parmi nous, que ceux qui ont le plus de talents, n’ont pas souvent des lumieres bien sûres, et que nos meilleurs esprits se trompent quelquefois ; je pense qu’il en a toûjours été de même ; qu’Horace n’imposoit pas plus de son temps, que Malherbe du sien, ni Longin et Denys D’Halicarnasse, que des rhéteurs de nos jours. […] Il faudroit donc dans la république des lettres traiter les satyriques superficiels comme des séditieux qui ne cherchent qu’à broüiller : et les critiques sages au contraire, comme de bons citoyens qui ne travaillent qu’à faire fleurir la raison et les talents. […] Mr Despreaux et Mr Dacier ont justifié, dit-on, l’académie de cet excès ; je les respecte tous deux, comme je le dois ; l’un par son génie et ses talents, l’autre par son érudition et son travail : mais ne diroit-on pas que ce fussent des arbitres nommez exprès pour cette affaire, et que le corps leur eût remis son autorité pour la décision ? […] Je crus que je devois en qualité d’académicien, contribuer de mon talent à remplir les séances publiques par quelque lecture, et dans ce dessein, Homere me revint dans l’esprit.

2663. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Enfin il a eu le rare talent de nous laisser deviner, d’abord la tendresse sous la misanthropie, puis la misanthropie sous la tendresse, et de nous rendre ainsi sensible l’unité de ce rôle complexe, que deux siècles de commentaires et d’interprétations ont encore obscurci.

2664. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Son originalité est, d’un côté, très belle et à en être jaloux, dans son talent ; d’un autre côté, vulgaire et à donner envie de la mépriser, dans son outrance, son effronterie insolente, son cynisme. […] Et si, comme talent, il n’existe qu’un Nietzsche, il y a beaucoup de sous-Nietzsche qui n’admettant pas un tel despotisme universel de la morale, la récusent elle-même et l’éliminent intégralement. […] L’humanité, au prix des plus grandes souffrances, doit produire de la beauté, être une admirable matière de poème épique : à creuser Nietzsche c’est cela qu’on trouve, et si l’on ne trouve pas cela on ne trouve rien, que du talent. […] N’eût-il que du talent, je le tiendrais déjà pour homme qui a rendu des services au genre humain. Car le talent, même malfaisant, est toujours, je crois, plus bienfaisant que malfaisant.

2665. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Pour vous donner une idée plus complète de ce côté, de cet aspect du talent de Musset, il faut que je fasse quelques emprunts à son théâtre. […] C’est ce que vous allez bien voir dans une des pièces les plus significatives de Leconte de Lisle ; dans la belle pièce qui est intitulée Midi, vous allez voir les deux aspects du talent de Leconte de Lisle. […] On dit qu’il a du talent, mais quand il est tout à fait ivre, il devient méchant comme le diable.” » Voici une autre impression, rapportée par le même écrivain : « Quelques années après, M. 

2666. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Sismondi, tout d’abord, et comme par précaution, le lui avait rendu quand il disait, — avant de le connaître personnellement, il est vrai, et sur la simple annonce de l’Histoire de France que Chateaubriand se proposait d’écrire : « J’ai une grande admiration pour son talent, mais il me semble qu’il n’en est aucun moins propre à écrire l’histoire : il a de l’érudition, il est vrai, mais sans critique, et je dirais presque sans bonne foi ; il n’a ni méthode dans l’esprit, ni justesse dans la pensée, ni simplicité dans le style : son Histoire de France sera le plus bizarre roman du monde ; ce sera une multiplicité d’images qui éblouiront les yeux ; la richesse du coloris fait souvent papilloter les objets, et je me représente son style appliqué aux choses sincères comme le clavecin du Père Castel, qui faisait paraître des couleurs au lieu de sons. » Sismondi ne voyait et ne prédisait là que les défauts.

2667. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

La pureté est toute du ressort de la grammaire ; la netteté relève déjà du goût, et c’est un commencement, et mieux qu’un commencement de talent.

2668. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

Mais cela n’est pas digne du talent si élevé de l’auteur.

2669. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

Mais ce grand homme, le plus habile des poètes dramatiques de tous les pays et de tous les siècles, avait autant d’esprit que de génie : un goût sûr, un art profond dirigeait son talent flexible : il a su, sans qu’on y prît garde, se dégrever lui-même, et payer son tribut en une monnaie bien plus pure que celle qu’on voulait exiger de lui.

2670. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

Comme s’il ne fallait pas d’autant plus d’esprit et de talent que la chose est plus grande, pour la bien exprimer !

2671. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

C’est là un péril contre lequel notre vanité nous met en garde autant que notre talent.

2672. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Souvenirs wagnériens Ce n’est jamais sans émotion que je pense à l’époque de ma vie où j’ai vécu, pour ainsi dire, en communauté absolue avec l’œuvre de Wagner, allant presque chaque soir l’entendre à l’Opernhaus, aux concerts de Bilse, à l’Académie de chant où la jalousie des Berlinois siffla madame Materna, ou à l’une des auditions du « Wagner-Verein » dans lesquelles le grave talent de Betz interprétait des fragments de la tétralogie encore inconnue dans l’Allemagne du Nord ; — déchiffrant tant bien que mal, sur un mauvais piano de louage, les partitions que je ne connaissais jamais assez ; — lisant ses écrits qui venaient d’être réunis en édition définitive ; — causant surtout de lui avec quelques jeunes musiciens enthousiastes comme moi.

2673. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

C’est un talent original et hardi qui se révèle à l’Allemagne, et qui n’a dit encore que ses premiers mots.

2674. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

Et en ce meurt-de-faim, exténué d’imaginations peureuses : la terreur de la police de l’Empereur qui en veut à son existence, à son talent, à ses amours, qui l’a empêché d’être le mari d’une petite actrice entrevue au soleil des quinquets, et qui a empoisonné son amoureuse avec des mouches cantharides — son poison redouté, — et qui l’a enterré dans son jardin qu’il retourne, sans cesse, pour retrouver son cadavre.

2675. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1870 » pp. 321-367

Le littérateur se dépêchait, se hâtait, avec un entêtement obstiné de pressurer, sans en vouloir perdre une minute, les dernières heures d’une intelligence, d’un talent prêts à sombrer.

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