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1122. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Deuxième cours des études d’une Université » pp. 489-494

Les leçons sur les sciences suffisent lorsqu’elles ont indiqué au talent naturel l’objet particulier qui deviendra l’étude et l’exercice particulier du reste de la vie.

1123. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Satire contre le luxe, à la manière de Perse » pp. 122-126

De ce jour, la montre d’or pendit au côté de l’ouvrière, à qui son travail suffisait à peine pour avoir du pain.

1124. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 14, comment il se peut faire que les causes physiques aïent part à la destinée des siecles illustres. Du pouvoir de l’air sur le corps humain » pp. 237-251

Elle suffit pour changer l’état d’une maladie ou d’une blessure.

1125. (1897) L’empirisme rationaliste de Taine et les sciences morales

Il a conscience de l’écart qu’il y a entre le simplisme naturel à l’entendement et l’énorme complexité des choses, et il en conclut que des opérations purement mentales ne sauraient suffire à nous en faire pénétrer la nature.

1126. (1912) L’art de lire « Chapitre X. Relire »

Il suffit de se défier un peu de soi et de ne pas lire chez lui seulement ce qu’on y met.

1127. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IV »

Hæckel ou Le Dantec suffisent à la critique, et l’on enseignera quelque jour la littérature par la physiologie cellulaire.

1128. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Première partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées religieuses » pp. 315-325

Il ne m’appartient point de discuter comment la cour de Rome a usé d’un pouvoir qui remonte au prince des apôtres, au simple pêcheur venu de la Judée ; mais tant que les directions de la société furent exclusivement confiées à la force des sentiments religieux, la cour de Rome a dû être à la tête de la civilisation européenne, et cela suffit.

1129. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La défection de Marmont »

Cette vie que l’auteur des Mémoires a, pendant des années, arrangée comme un piège pour y prendre l’absolution de la postérité, a suffi au franc historien pour déconcerter l’homme et son piège et rendre toute absolution impossible.

1130. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Edmond About » pp. 63-72

Parler du bout des lèvres ne suffit pas.

1131. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Topffer »

Il l’appelle même un Montaigne des bords du Léman, et Montaigne est si grand pour nous, Montaigne qui a produit Pascal et La Bruyère, lesquels, à eux deux, ne l’ont pas surpassé, qu’une telle appellation pourrait suffire à l’honneur du modeste nom de Topffer.

1132. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hebel »

Quant à Hebel, ce frère cadet de La Fontaine, il aura produit un de ces petits livres qui suffisent peut-être à la gloire d’un homme et d’un pays, mais derrière lequel la Critique voit l’idéal encore, l’idéal qu’elle ne voit plus derrière le livre de Burns, tant il est complet et tant il est exquis !

1133. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Comte de Gramont »

Un pareil espace, si étroit soit-il, suffit à son haleine, mais, au moins, cette haleine, un peu courte, est toujours chargée des généreuses chaleurs de la poitrine !

1134. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Erckmann-Chatrian » pp. 95-105

Cela suffirait seul pour justifier nos observations sur Erckmann-Chatrian, qui, de nature, n’est pas fait pour ce monde à part, surnaturel et clair-obscur, ou fantastique, et dont le talent n’a qu’au plein jour de la vie réelle et corpulente, sa force et son intensité.

1135. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre premier. De la louange et de l’amour de la gloire. »

Mais ne nous flattons point, il y a peu de ces âmes qui se suffisent et marchent d’un pas ferme sous l’œil de la raison qui les guide, ou de Dieu qui les regarde.

1136. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VII. De la physique poétique » pp. 221-230

Ce qui le prouve, c’est qu’Achille, qui fait tant de bruit pour l’enlèvement de Briséis, et dont la colère suffit pour remplir une Iliade, ne montre pas une fois dans tout ce poème un sentiment d’amour ; Ménélas, qui arme toute la Grèce contre Troie pour reconquérir Hélène, ne donne pas, dans tout le cours de cette longue guerre, le moindre signe d’amoureux tourment ou de jalousie.

1137. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IX. »

Nul doute cependant qu’il n’ait fait aussi des hymnes, ce qui suffit pour expliquer l’épithète de « sérieuses et graves » donnée par Julien à quelques œuvres du poëte de Téos.

1138. (1932) Le clavecin de Diderot

Il a suffi de quelques tuberculeux déguisés en réveillonneurs pour me ressusciter les grimaces aboyantes d’un vieillard. […] Or, s’il a suffi du passage de Rabindranath Tagore pour que le téléphone de notre poétesse devînt un fleuve d’amour, il y a tout à parier, qu’elle ne songe qu’à jouer la fée des eaux romantiques. […] Il suffit de quelque élan et d’une tête pas trop molle pour crever ces écrans-protecteurs… Le Français né malin, constate un de nos plus célèbres on-dit, inventa le vaudeville. […] Pour n’en point douter, il me suffit de me rappeler ce diable-qui-sort-d’une-boîte, jouet à la mode au temps de mon enfance. […] Il m’a suffi, quant à moi, d’un simple rêve pour savoir que cette lumière, dans quoi on prétend nous baigner, nous laver, devient aussi fausse que le clair-obscur antérieur, dont les spécialistes hâtifs osaient prétendre qu’ils allaient le corriger.

1139. (1888) Portraits de maîtres

Mais le talent ne suffit pas aux exigences du public, surtout au lendemain d’une des plus grandes commotions de l’histoire. […] Un tel morceau suffirait à démontrer la supériorité de Lamartine sur Musset. […] Son office n’était pas de dire sur tous les points la vérité, l’âpre vérité : il suffit que son indépendance et sa probité l’aient préservé de la flatterie et de l’exagération. […] Déjà leurs habitudes de bien-être, l’élégance de leurs toilettes suffiraient pour empêcher nos étudiants de se mêler à la vie de nos ouvriers. […] Il ne te suffit donc pas de savoir que je t’aime ?

1140. (1899) Arabesques pp. 1-223

II a suffi, parfois, qu’une sottise fût énoncée avec solennité pour recruter des partisans. […] Un exemple suffira. […] Les autres s’inspirent de l’observation, se réclament de la Révolution et considèrent que le jeu des lois naturelles suffit à déterminer l’homme et l’univers sans qu’il soit besoin d’invoquer un moteur divin pour les expliquer. […] Il est d’ailleurs nécessaire qu’il en soit ainsi, aucune nation ne pouvant se vanter de se suffire à elle-même en tout et pour tout, hormis les découvertes des nations voisines. […] En réalité, la réforme est nulle, car il suffit de réfléchir une seconde pour comprendre que le propriétaire augmentera proportionnellement ses loyers, de façon à ne subir aucune diminution dans son revenu.

1141. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

Des hommes si nombreux, si actifs, si résolus, si capables de se suffire à eux-mêmes, si disposés à tirer leurs opinions de leur réflexion propre et leur subsistance de leurs seuls efforts, finiront, quoi qu’il arrive, par arracher les garanties dont ils ont besoin. […] Sous cet effort universel1327, la production agricole a doublé en cinquante ans, l’hectare anglais a reçu huit ou dix fois plus d’engrais que l’hectare français ; quoique de qualité inférieure, on lui a fait produire le double ; trente personnes ont suffi à cette œuvre, quand il fallait en France quarante personnes pour obtenir la moitié de cette œuvre. […] Ce que l’on sait de lui, c’est qu’il est parfaitement juste, et une confiance pareille suffit pour représenter tous les événements de la vie comme un acheminement vers le règne de la justice.

1142. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

Les tentatives d’évasion de Jean Valjean, successives et obstinées, suffiraient à prouver cet étrange travail fait par la loi sur l’âme humaine. […] Ce que je fais en ce moment, Dieu, qui est là-haut, le regarde, et cela suffit. […] L’apparition de cet homme avait suffi pour remplir de clarté cette aventure si obscure le moment d’auparavant.

1143. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

Cette comédie est sans rapport direct avec notre vieille farce française : les jeunes filles et l’amour, avec le dénouement du mariage, y tiennent une telle place que cela seul suffit à séparer les deux genres. […] Pour suffire à tous ses emplois, et écrire encore tant de pièces, il fallait que Molière improvisât : et cela se sent. […] Molière use de même du temps : le temps est réel dans le Misanthrope ; Alceste est pris en un état de crise qui ne doit pas durer, et une journée de la vie mondaine peut suffire aux affaires de la comédie.

1144. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Sa pensée n’est pas assez décharnée et abstraite ; il lui faut des mots et des phrases qui contiennent non pas seulement de l’intelligible, du spirituel, mais aussi, et fort abondamment, du sensible, du concret, du pittoresque ; il lui faut une langue des émotions et des sensations : cela suffit pour qu’il ne parle pas tout à fait la langue des salons. […] Il n’est pas besoin de passer sa vie en prières, en jeunes, en sanctifications extraordinaires : remplir le devoir de son emploi sans amour-propre, pour le bien public et le service de Dieu, dispense de chercher des raffinements de dévotion, et suffit à faire une bonne et chrétienne vie. […] Il suffirait donc de dire que la philosophie de Bossuet est celle qu’enveloppe le dogme catholique, puisque toute religion est en effet une philosophie.

1145. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

La rareté même de sa production poétique suffirait à nous mettre en défiance sur la richesse de son invention verbale. […] Visiblement, le sentiment, dans cette âme robustement équilibrée, n’est pas une source suffisante de poésie ; et son débit ne suffit pas à emplir les formes que prépare incessamment l’imagination. […] Hugo nous présente, un tableau qui se suffirait à lui-même par son immédiate objectivité, mais au travers duquel le poète nous fait surgir quelque vaste conception de sa philosophie personnelle.

1146. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Mais c’est aussi cet être infiniment petit, perdu dans un tout dont il fait partie et qu’il ne peut connaître ; qui n’est que vanité, duplicité, contrariété ; si vain et si léger que la moindre bagatelle suffit pour le divertir ; dont l’état est plein de misère, de faiblesse, d’obscurité ; grand et petit tout ensemble et dans le même moment ; incapable de ne pas souhaiter la vérité et le bonheur, de savoir tout et d’ignorer tout absolument ; une chimère, une nouveauté, un chaos, un sujet de contradiction, un monstre incompréhensible43. […] Combien peu qui, en venant au monde, ont, selon le mot de Montaigne, où planter leur pied, et auxquels suffit une certaine mesure de sagesse mondaine, pour ne pas gâter la bonne condition qu’ils n’ont pas eu à se faire ! […] Il y suffit d’un très bon esprit, et l’exemple, qui en a été donné par d’autres, y peut beaucoup aider.

1147. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

« Cette société me suffit ; je n’en regrette ni n’en désire point d’autres. […] L’impression littéraire était produite pour jamais en moi ; il suffit. […] Dire ne suffisait pas, selon moi ; il fallait bien dire, et le talent faisait partie de la vérité.

1148. (1914) Boulevard et coulisses

Il suffisait de présenter poliment sa carte à un valet de pied en culotte courte et en bas de soie. […] Un jour, Arthur Meyer me dit : « Le prince de Sagan m’a parlé de votre article en déjeunant chez Bignon. » Je n’eus pas l’audace de lui demander ce qu’en avait dit le prince, mais il en avait parlé, cela suffisait. […] Sous l’influence de son éducation, de ses traditions, le public français cultivé réclame à la littérature des émotions à la fois délicates et profondes ; il les lui réclame sous une forme dépourvue de grossièreté et de pédantisme également, ou alors, l’excellent reportage des journaux et le cinématographe lui suffisent.

1149. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Il suffirait d’être intelligent ; mettons : très intelligent. […] Mais s’il est lyrique, le tempérament suffit à produire des œuvres valables : de même qu’un avocat doué s’appuie d’une cause infâme pour plaider pathétiquement. […] Les trois couleurs devant l’aigle noir, ça suffit, on se bat ! […] Non, c’est tout le Passé, c’est simplement la Poésie primitive : il suffit de réfléchir un instant pour le voir ! […] Il suffit de les mettre à leur place.

1150. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Le bon sens ne saurait suffire à tout, quoique malheureusement il en ait la prétention. […] Mais il ne faut pas conclure de là qu’il suffise de se décrire soi-même pour donner une juste et complète idée de l’humanité. […] Il suffit de nommer Descartes, Pascal, Fénelon, Montesquieu, bien d’autres encore. […] En quoy elle paye justement son maistre ; car l’ambition est juste seulement en cela, qu’elle suffit à sa propre peine, et se met elle mesme au tourment. […]   Mais il ne suffit pas d’envisager La Bruyère comme l’historien des mœurs de son époque.

1151. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

On a voulu impliquer la reine Marie de Médicis dans l’attentat qui lui ravit, à la France et à elle, son héroïque époux : une réfutation morale qui suffirait (s’il en était besoin), c’est la manière dont Malherbe, cet homme de sens, ce clairvoyant et probe témoin, lui parle de Henri IV, le lendemain de cette lamentable mort. […] II La probité, quoi qu’il en soit, subsiste, même sous les défauts de Malherbe ; son caractère privé, bien qu’étroit, est solide et suffit à porter, sans jamais fléchir, sa grandeur lyrique. […] Sur Richelieu, il y a eu tant d’éloges, de son temps et depuis, que le célébrer semble tout d’abord un lieu commun et une banalité ; mais Malherbe, qui ne le vit que dans les premières années de son ministère, le comprit, le pénétra si vivement et en parla avec tant d’intelligence, que son admiration, après deux siècles, a gardé toute son originalité et comme sa fraîcheur ; Laisse-les espérer, laisse-les entreprendre ; Il suffit que ta cause est la cause de Dieu, Et qu’avecque ton bras elle a pour la défendre     Les soins de Richelieu : Richelieu, ce prélat de qui toute l’envie Est de voir ta grandeur aux Indes se borner134, Et qui visiblement ne fait cas de sa vie     Que pour te la donner. […] On l’a dit, quelques strophes de ce ton suffisent pour réparer une langue et pour monter une lyre.

1152. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Riche de plus de soixante mille livres de rente, et ne dépensant pas douze cents francs pour lui, le bonheur de Goriot était de satisfaire les fantaisies de ses filles : les plus excellents maîtres furent chargés de les douer des talents qui signalent une bonne éducation ; elles eurent une demoiselle de compagnie ; heureusement pour elles, ce fut une femme d’esprit et de goût ; elles allaient à cheval, elles avaient voiture, elles vivaient comme auraient vécu les maîtresses d’un vieux seigneur riche ; il leur suffisait d’exprimer les plus coûteux désirs pour voir leur père s’empressant de les combler ; il ne demandait qu’une caresse en retour de ses offrandes. […] Je n’avais que trois francs par mois pour mes menus plaisirs, somme qui suffisait à peine aux plumes, canifs, règles, encre et papier dont il fallait nous pourvoir. […] Si l’usage du sucre et du café constituait un luxe chez les parents, il annonçait parmi nous une supériorité vaniteuse qui aurait engendré notre passion, si la pente à l’imitation, si la gourmandise, si la contagion de la mode n’eussent pas suffi. […] Ses yeux verdâtres, semés de points bruns, étaient toujours pâles ; mais s’il s’agissait de ses enfants, s’il lui échappait de ces vives effusions de joie ou de douleur, rares dans la vie des femmes résignées, son œil lançait alors une lueur subtile qui semblait s’enflammer aux sources de la vie et devait les tarir ; éclair qui m’avait arraché des larmes quand elle me couvrit de son dédain formidable et qui lui suffisait pour abaisser les paupières aux plus hardis.

1153. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Selon nous, ils ont eu tort : la chute lente de Coupeau, l’action destructive de Lantier, la lutte de Gervaise auraient largement suffi à rendre l’intrigue intéressante. […] Ces passages vigoureux ne suffisent cependant pas à excuser les changements fâcheux que l’intrigue a subis en passant du roman à la scène, et qui lui ont fait perdre, en grande partie, sa haute moralité. […] Mais ce qu’on voit suffit pourtant à expliquer le personnage, et c’est déjà beaucoup que les auteurs soient arrivés si loin. […] Nous ne nous arrêterons pas aux nombreuses différences de détails : les différences de fond que nous venons d’indiquer suffisent à montrer que l’œuvre a beaucoup perdu de sa valeur en pénétrant sur la scène ; les qualités de vigueur et les scènes hardies qui s’y trouvent ne permettent pourtant pas de la confondre avec un mélodrame vulgaire ; elle a certainement mérité, en partie du moins le bruit qui s’est fait autour d’elle.

1154. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

L’un des livres les plus énigmatiques de notre littérature, qui en est aussi l’un des plus orduriers, Le Moyen de parvenir, de Béroalde de Verville, est contemporain de l’Astrée, qui n’est pas exempte elle non plus, de quelque impudence de langage ou de grossièreté de sentiments ; et l’obscène collection de ce Parnasse satyrique, dont à peine ose-t-on citer le titre, suffirait toute seule à faire foi de l’état des mœurs aux environs de 1610. […] Mais ils se rendaient bien compte que, dans une société tout aristocratique, ni leur talent, ni leur génie n’auraient suffi pour leur permettre d’accomplir librement leur œuvre ; pour les imposer à la considération de leurs adversaires ; pour triompher des résistances des coteries et de l’opinion. […] Ce n’est pas certes qu’il ne les eût vus, et tant de passages qu’on pourrait extraire de son œuvre suffisent à le prouver [Cf. notamment le Sermon sur la divinité de la religion, 1665 ; le Discours sur l’histoire universelle, IIe partie, 1681 ; et l’Oraison funèbre d’Anne de Gonzague, 1685]. […] Bertrand, Pascal] ; — son Traité des sections coniques, 1639 ; — sa machine arithmétique, 1642 ; — ses expériences sur le vide, 1646 ; — et que tout cela suffit à caractériser en lui ce don de grande invention qu’on lui a ridiculement disputé [Cf. une diatribe de Nodier, dans ses Questions de littérature légale]. — Sa conversion au jansénisme, 1646 ; — et sa première grande maladie [Cf.  […] — Considérons en ce cas qu’il nous suffit d’y croire pour être aussi bons que nous le puissions être parmi les hommes ; — que ces dogmes ont d’ailleurs été figurés par l’ancienne loi, — annoncés par les prophètes, — confirmés par les miracles ; — et qu’enfin, à défaut de notre raison, nous y pouvons toujours incliner nos volontés.

1155. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Il ne lui suffit pas qu’une sensation soit rare pour qu’elle lui semble digne d’être étudiée. […] C’est qu’il ne suffit pas, pour qu’un terme d’école réussisse, qu’il soit pédantesque ; celui-là avait le défaut de n’être pas clair. […] Il ne suffit pas d’ouvrir les yeux sur les maux des autres pour que le désir s’éveille en nous de les soulager. […] Un petit verre de chablis a suffi pour troubler Juliane qui ne boit presque pas de vin. […] Ils s’imaginent peut-être que pour publier un livre il suffit de confier le manuscrit à un éditeur et d’attendre en dormant le succès.

1156. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « M. Denne-Baron. » pp. 380-388

Mais ce dont surtout la postérité sait gré et tient compte, c’est de ce que trouve le talent et de ce qui naît sans peine et comme une grâce ; une strophe bien venue sur une fleur, sur un coquillage, sur un zéphyr, s’en va vivre durant des âges, et suffit à porter un nom.

1157. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Un cas de pédanterie. (Se rapporte à l’article Vaugelas, page 394). »

Qu’il nous suffise de dire qu’un jour, pour courir là où l’appelaient son devoir et son cœur de citoyen, il força violemment la consigne du lycée et qu’il écarta de la main le proviseur.

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