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1402. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

Il a représenté l’individu travaillant à se délivrer des nécessités intérieures que la naissance ou l’éducation ont créées en lui, ou de l’oppression extérieure que fait peser sur lui la société : ce qui est éminemment dramatique. […] Henrik Ibsen (né en 1828) : les Revenants ; Maison de Poupée ; le Canard sauvage ; Rosmersholm ; Hedda Gabler : voilà les cinq pièces supérieures ; la Dame de la mer, un Ennemi du peuple, très intéressantes encore ; Solness le constructeur ; les Prétendants à la couronne ; les Guerriers à Helgoland ; les Soutiens de la société ; l’Union des Jeunes. — Édition : Savine, 7 vol. in-18, 1889 et suiv. — A consulter : A.

1403. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Les Maximes de La Rochefoucauld ne sont plus ainsi qu’un jeu de société, et c’est pourquoi les femmes, avec leur faculté d’imitation, leur merveilleuse souplesse d’esprit, y ont maintes fois excellé. […] Sa principale matière, c’est l’homme dans la société : il est plein de ces remarques que l’on sent bien venir d’une femme, qu’elle a dû faire dans quelque salon, au courant d’une causerie.

1404. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Oscar Wilde à Paris » pp. 125-145

On y rencontrait encore cet extraordinaire Meyerson, polyglotte et omniscient, dernière incarnation de Pic de la Mirandole, toujours prêt à discuter de toutes choses connues et quibusdam aliis et aussi ce pauvre et malchanceux Frédéric Corbier, mathématicien et philologue, qui se grisait de bruit et de paroles en société, mais qui retombait, dès qu’il était seul, à un découragement si noir qu’il finira, une nuit d’hiver, par se jeter du haut du pont d’Arcole, dans la Seine charrieuse de glaçons. […] Brummel voulait sauver du désastre égalitaire les droits de l’individu, substituer à la noblesse de caste, la noblesse de l’intelligence, opposer aux privilèges de la naissance les privilèges du génie et maintenir, comme armature des sociétés, une hiérarchie nécessaire, une échelle de valeurs.

1405. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

La littérature française est bien riche, si on la suit dans ces genres un peu secondaires (journaux, correspondances, mémoires), qui tiennent à la société et au train même de la vie ; c’est le moyen, en y revenant souvent, de la pénétrer et de la traverser en bien des sens. […] Et là-dessus, au sujet de cette distribution des conditions dans la société, et en faveur d’une certaine inégalité nécessaire, qu’il oppose à je ne sais quelle égalité idéale et chimérique, Turgot dit des choses qui sembleraient en vérité s’adresser bien moins à Mme de Graffigny qu’à nos écrivains socialistes du jour : « Liberté !

1406. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

Toutefois, rappelons-nous bien que ces méthodes nouvelles, et, avant tout, agréables, d’apprendre les sciences aux enfants, moyennant un précepteur ou gouverneur pour chacun, ne tiennent nul compte des difficultés inhérentes à l’éducation publique et de celles qui dépendent de l’ordre de la société même. […] , et curé après avoir été moine, Molière venu dans un siècle où tout esprit libre avait à se garder des bûchers de Genève comme de ceux de la Sorbonne, Molière enfin sans théâtre et forcé d’envelopper, de noyer dans des torrents de non-sens, de coq-à-l’âne et de propos d’ivrogne son plus excellent comique, de sauver à tout instant le rire qui attaque la société au vif par le rire sans cause, et il m’a semblé qu’on aurait alors quelque chose de très approchant de Rabelais.

1407. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

L’enfantement de la société moderne, de l’égalité civile, du respect des droits de tous, s’y opérait péniblement à travers des scènes barbares et au moyen du fanatisme même. […] … » Heureux les temps et les sociétés où une certaine morale générale et un respect humain de l’opinion, où le Code pénal aussi, mais surtout le contrôle continuel de la publicité, interdisent, même aux plus hardis, ces résolutions criminelles que chaque cœur humain, s’il est livré à lui-même, est toujours tenté d’engendrer !

1408. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IV : M. Cousin écrivain »

Voici une page écrite sans légèreté et sans emphase, noble ; mesurée, et pourtant pressante, d’un style ample et grave, sans rien de monotone ou d’académique, qui semble du dix-septième siècle et qui n’est point une copie, qu’on peut relire dix fois, et qu’on trouvera toujours plus belle, et qui, certainement, donne une idée de la perfection : Depuis les premiers jours des sociétés humaines jusqu’à la venue de Jésus-Christ, tandis que dans un coin du monde une race privilégiée gardait le dépôt de la doctrine révélée, qui, je vous prie, a enseigné aux hommes, sous l’empire de religions extravagantes et de cultes souvent monstrueux, qui leur a enseigné qu’ils possèdent une âme, et une âme libre, capable de faire le mal, mais capable aussi de faire le bien ? […] Qu’on le nie devant les monuments irréfragables de l’histoire, ou que l’on confesse que la lumière naturelle n’est pas si faible pour nous avoir révélé tout ce qui donne du prix à la vie, les vérités certaines et nécessaires sur lesquelles reposent la vie et la société, toutes les vertus privées et publiques, et cela par le pur ministère de ces sages encore ignorés de l’antique Orient, et de ces sages mieux connus de notre vieille Europe, hommes admirables, simples et grands, qui, n’étant revêtus d’aucun sacerdoce, n’ont eu d’autre mission que le zèle de la vérité et l’amour de leurs semblables, et, pour être appelés seulement philosophes, c’est-à-dire amis de la sagesse, ont souffert la persécution, l’exil, quelquefois sur un trône et le plus souvent dans les fers : un Anaxagore, un Socrate, un Platon, un Aristote, un Épictète, un Marc-Aurèle !

1409. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XVI » pp. 64-69

Il s’est jeté d’abord dans les bras d’Aguado le Mécènes, qui voulait en faire quelque chose, mais qui est mort emportant son secret et ses écus ; — puis il vient de se remettre entre les mains de M. de Castellane, le même qui a un si grand goût pour les théâtres de société, pour les académies de femmes, pour le bel esprit à tout prix. — Avec M. de Castellane sont arrivés des légitimistes comme M.

1410. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. de Ségur. Mémoires, souvenirs et anecdotes. Tome II. »

La causerie élégante de M. de Ségur se joue tour à tour sur des riens qu’elle relève, sur des sujets sérieux qu’elle égayé, ramène soigneusement toutes choses au ton de la bonne compagnie, et, à l’image de cette société passée qu’elle retrace, confondant le grave et le léger dans une même nuance d’agrément, n’offre qu’une superficie uniformément brillante et polie où il est difficile de rien saisir.

1411. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Ponsard, François (1814-1867) »

Le comité de l’Odéon, composé de têtes si fortes, fut séduit par ce succès de société, qui était aussi un succès de réaction !

1412. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVII. Sort des ennemis de Jésus. »

Jésus ouvrit ainsi dans les sociétés aristocratiques de l’antiquité la brèche par laquelle tout passera.

1413. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVII » pp. 298-304

Elle était distinguée dans la société, généralement regardée à Paris comme héritière de l’hôtel de Rambouillet : je parle des hôtels d’Albret et de Richelieu.

1414. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « La course à la mort » pp. 214-219

Il ne profère plus les plaintes d’il y a un demi-siècle, il n’accuse ni le monde, ni la société, ni la destinée.

1415. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Champfleury ; Desnoireterres »

Le xviiie  siècle a si souvent été décrit, vanté, retourné par les écrivains ennuyés du xixe qui voulaient s’amuser un peu, et qui, dans leur maussade époque, n’en avaient jamais l’occasion, que l’imagination s’est blasée et qu’il est bien difficile de faire renaître un intérêt quelconque pour une société dans les entrailles de laquelle tous les chiffonniers de la littérature contemporaine, ces chercheurs souvent sans lanterne, ont donné leur coup de crochet.

1416. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — III »

Hallays, savait bien quelle loge de concierge est devenue notre société moderne.

1417. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre V. Observations philosophiques devant servir à la découverte du véritable Homère » pp. 268-273

Rappelons d’abord cet axiome : Les hommes sont portés naturellement à consacrer le souvenir des lois et institutions qui font la base des sociétés auxquelles ils appartiennent.

1418. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Ceci, répétons-le, — parce qu’on ne saurait trop le redire, dans l’intérêt de la société, comme pour expliquer la vraie pensée de Lamennais — c’est ce qu’il a supérieurement vu, dans son Essai sur l’Indifférence, et plus tard encore mieux. […] L’individu n’a pas tous les droits, mais la société ne les a pas tous non plus. […] À chaque moment de l’histoire, trouver un moyen terme qui concilie les droits de l’individu avec ceux de la société, c’est l’éternel problème, dont la nature même est de ne pouvoir jamais être résolu que pour un temps. […] Car, d’où vient et comment se fait-il que, dans une société qui se croit civilisée, la condition de la femme ne soit pas meilleure ? […] Comment les « nécessités les plus évidentes de la société » sont-elles « d’inévitables abus », et ce mot même d’abus n’enveloppe-t-il pas en lui l’arrêt de sa condamnation ?

1419. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Voilà, mon cher Iroquois, ce que c’est que la société N’est-ce pas une très belle chose ? […] Il s’attarde à nous peindre une société qui n’est ni bonne ni mauvaise, où les sentiments tendres et purs, amour loyal et fidèle, amour maternel, etc., occupent même la plus grande place, où jusqu’aux mauvais instincts ne sont que les nécessités d’existence de la petite société primitive, de la tribu errante, en péril et toujours sur la défensive. […] Ses tableaux de la société primitive, œuvres d’une imagination très vive et fraîche, sans doute, se répètent trop, n’aboutissent pas, n’ont point un lien commun suffisamment marqué qui en fasse l’unité. […] Autrefois on disait fécondité et puissance ; aujourd’hui l’on dit tisane… Soyez de la société de tempérance. […] Il a cru : d’abord que la littérature est l’expression de la société, théorie très goûtée vers 1810, exposée par Madame de Staël ; ensuite que la littérature formait la société, était le démiurge de la nation, idée encore plus contestable, mais qui flattait l’amour-propre professionnel des littérateurs.

1420. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Il vit à Paris, chez son ambassadeur, cette régulière et brillante société qui donna le ton à l’Europe ; il visita Boileau, Malebranche, contempla avec une curiosité un peu malicieuse les révérences des dames fardées et maniérées de Versailles, la grâce et les civilités presque fades des gentilshommes beaux parleurs et beaux danseurs. […] Dans toute société polie on recherche l’ornement de la pensée ; on lui veut de beaux habits rares, brillants, qui la distinguent des pensées vulgaires, et pour cela on lui impose la rime, la mesure, l’expression noble ; on lui compose un magasin de termes choisis, de métaphores vérifiées, d’images convenues qui sont comme une garde-robe aristocratique dont elle doit s’empêtrer et se parer. […] Il n’y a point de société ni de conversation qui puisse subsister dans le monde sans bonté ou quelque autre chose qui en ait l’apparence et en tienne la place ; pour cette raison, les hommes ont été forcés d’inventer une sorte de bienveillance qui est ce que nous désignons par le mot d’urbanité. » Il vient ici d’expliquer involontairement sa grâce et son succès. […] VII Si le premier soin du Français en société est d’être aimable, celui de l’Anglais est de rester digne ; leur tempérament les porte à l’immobilité, comme le nôtre nous porte aux gestes ; et leur plaisanterie est aussi grave que la nôtre est gaie. […] Car si vous vous figurez vivement une situation ou une action, vous verrez du même élan tout le réseau de ses attaches ; les passions et les facultés, tous les gestes et tous les sons de voix, tous les détails d’habillement, d’habitation, de société, qui en découlent, se lieront dans votre esprit, attireront leurs précédents et leurs suites ; et cette multitude d’idées, organisée lentement, se concentrera à la fin en un sentiment unique d’où jaillira, comme d’une source profonde, la peinture et l’histoire d’un personnage complet.

1421. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

Les Caton l’employaient à modérer le peuple ; les Gracques, formés par leur mère Cornélie, à le soulever ; Hortensius, à le charmer ; Catilina, à renverser la société romaine ; César, à corrompre la multitude afin de l’asservir par ses vices à son ambition naissante. […] « Nulle société n’eut jamais plus de charmes pour moi que celle de mon frère : je l’ai moins senti lorsque j’en avais la jouissance que dans le temps où j’ai été privé de lui et depuis le moment où vous nous avez réunis l’un à l’autre. […] Les privations, mieux que les jouissances, m’ont fait comprendre ce que donnent de plaisir les amitiés, les habitudes de société, les rapports de voisinage et de clientèle, les pompes de nos jeux et la magnificence de nos fêtes. […] « Par la raison, l’homme recherche la société des hommes ; par elle il s’élève, de l’affection pour ses parents et pour ceux que la nature a rapprochés de son cœur, jusqu’à l’affection pour ses concitoyens, compris dans son amour, et enfin jusqu’à répandre sa tendresse sur l’humanité tout entière. » ( Caritas generi humani , Évangile inné des sages de tous les siècles.) […] Quant à moi, ajoute-t-il, je doute si éteindre la piété envers la divinité, ce ne serait pas anéantir du même coup la bonne foi, la conscience, la société humaine tout entière, et la vertu qui supporte à elle seule le monde, je veux dire l’instinct de la justice !

1422. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Il imitait de Corneille la politique, les sentences ; il imitait de la société contemporaine, où le ton était donné par les Précieuses, le galant et le tendre, qu’on prenait pour le langage de l’amour. […] C’est, comme l’a très bien fait remarquer Chateaubriand26, la femme de la société moderne, telle que l’a faite le christianisme ; c’est l’âme de l’Andromaque antique, perfectionnée par l’esprit moderne. […] Combien plus dans nos sociétés modernes, où les mœurs et la religion lui ont rendu son rang, et où l’union de la beauté morale et de la beauté physique compose l’idéal de la femme ! […] Il a tort, dit-on, de transporter dans une fable grecque, juive ou romaine, des caractères de femme façonnés par la société moderne. […] Quoique le dix-septième siècle soit l’époque où la société française a été la plus naturelle, et qu’en aucun temps l’homme ne se soit mieux connu, il s’est mêlé aux sentiments si vrais, et au langage si sain de cette époque unique, quelque chose qui est aux lettres ce que l’étiquette est aux usages.

1423. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Ce peintre vigoureux des couches les plusboueuses de notre société, cet homme, prompt à l’attaque comme à la riposte, qui déchaîne tant de haines, est un bon bourgeois, vit tranquille et ne quitte guère son petit intérieur. […] Le gangrené est déjà pour la société une lèpre assez dégoûtante, mais quand il a des enfants, il corrompt tout. […] Cette trouvaille d’un coin de la société encore peu exploré, le style puissant et ces types pleins de vie intéressèrent si fort M.  […] Et pourquoi ne le serait-elle pas   La trahison et l’adultère ne sont guère plus propres que l’ivrognerie : seulement ces crimes sont ceux des classes aristocratiques de la société ; on les cache sous l’habit noir, sous les jupes de satin ; la main sanglante est blanche, sous des gants blancs ; le vice est moins laid, éclairé par les candélabres, reflété par les glaces de Venise. […] Cela est plein d’enseignements et d’une haute moralité   Mais le vice en blouse, le vice qui ronge et corrompt la classe inférieure de la société, il ne peut intéresser personne !

1424. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Peut-être une Revue ainsi faite contribuerait-elle à l’assainissement de la littérature et de la société. […] La société n’est plus troublée, le fameux problème se trouve enfin résolu : l’ordre dans l’immobilité, l’immobilité dans l’ordre ! […] Le Père Lacordaire, par exemple, avec ses tendresses pour le progrès et la société moderne, lui paraît d’une orthodoxie bien chancelante : il le voit déjà sur la pente au bas de laquelle M.  […] À une société démocratique, où surgissent de toutes parts, et continuellement, des sujets nouveaux qui veulent être traités et ont droit de l’être, il faut un art compréhensif — et compliqué, prêt à toutes les nuances. […] La peinture est donc, par excellence, l’art plastique de la société contemporaine.

1425. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

La société est faite de sorte que peut-être ne le trouverai-je jamais. […] Les ouvriers de luxe sont inutiles dans une société où la plèbe domine. […] Il consiste tout entier dans cette remarque qu’une société humaine, surtout une société moderne, est un organe vaste et compliqué. […] La vicomtesse ne peut s’accoutumer à Paris, au ton de la société dans laquelle il lui faut vivre. […] Il en résulte que la société s’y fait de plus en plus artificielle.

1426. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Il avait gardé la candeur des enfants dans la société desquels il se plaisait aux heures de repos. […] Elle sert la société sans le vouloir, sans le savoir, par l’effet de cette merveilleuse solidarité qui unit tous les êtres. […] C’était pour un fonctionnaire de l’empire, une société bien royaliste. […] Notre société en renferme encore un très grand nombre. […] Elle n’empêcha pas la barbarie et la longue rudesse des sociétés nouvelles.

1427. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame de Genlis sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu’à nos jours — III »

Élégant et facile, il semblait fait pour donner à son sexe d’utiles préceptes et d’agréables délassements, pour saisir quelques sentiments fugitifs du cœur, pour retracer quelques souvenirs d’une société évanouie.

1428. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. Tissot. Poésies érotiques avec une traduction des Baisers de Jean Second. »

Quand, au milieu d’une société riante et légère, le chevalier de Parny laissa échapper ses élégies immortelles, naïves inspirations du loisir et de la volupté, ce fut dans le monde un murmure flatteur de louanges, ou plutôt un frémissement de plaisir.

1429. (1875) Premiers lundis. Tome III « Émile Augier : Un Homme de bien »

On a beau s’autoriser de ces anciens exemples si célèbres dans l’histoire de la comédie de caractère, le Méchant, le Métromane, le Glorieux ; il y a toujours eu quelque à-propos de circonstance et de société, plus ou moins fugitif, dans ces grands succès d’autrefois qui nous paraissent de loin avoir porté sur des caractères un peu abstraits.

1430. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 4. Physionomie générale du moyen âge. »

Ne nous attachons pas à la société cléricale, qui d’abord fournit si peu à la littérature française.

1431. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — Q. — article » pp. 572-580

Quinault, dont on a quinze ou seize tant Tragédies que Comédies, & treize Opéra, continua jusqu’à sa mort, avec une régularité scrupuleuse & un courage inoui, les fonctions monotones de sa Charge d’Auditeur des Comptes, comme s’il n’eût jamais connu d’occupation plus intéressante pour son esprit & pour son cœur ; effet admirable & cependant naturel de cet amour du devoir, la base de toute société, l’idole de nos bons aïeux, & que, pour le malheur de notre âge, a éteint dans presque tou les cœurs l’esprit de systême & d’égoïsme, digne fruit des tristes lumieres de la moderne Philosophie.

1432. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — I »

Il ne se pique jamais de reviser les jugements de la société ; tout jeune, il prit le parti d’accorder qu’un académicien est toujours un esprit « extrêmement distingué » et un collaborateur des Débats « un homme éminent ».

1433. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre premier. Sujet de ce livre » pp. 101-107

Le premier fut leur respect pour la religion : chez les Gentils, toute société fut fondée par les fables sur la religion.

1434. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Une foi nouvelle s’est fait pressentir à eux : ils s’attachent à cette perspective ravissante avec enthousiasme, avec conviction, avec résolution… Supérieurs à tout ce qui les entoure, ils ne sauraient être dominés ni par le fanatisme renaissant, ni par l’égoïsme sans croyance qui couvre la société… Ils ont le sentiment de leur mission et l’intelligence de leur époque ; ils comprennent ce que leurs pères n’ont point compris, ce que leurs tyrans corrompus n’entendent pas ; ils savent ce que c’est qu’une révolution, et ils le savent parce qu’ils sont venus à propos. » Dans le morceau (Comment les Dogmes finissent) dont nous pourrions citer bien d’autres passages, dans ce manifeste le plus explicite et le plus général assurément qui ait formulé les espérances de la jeune élite persécutée, M.  […] Quoi qu’il en soit, vers la fin de la Restauration, et grâce aux travaux et aux luttes enhardies de cette jeunesse déjà en pleine virilité, le spectacle de la société française était mouvant et beau : les espérances accrues s’étaient à la fois précisées davantage ; elles avaient perdu peut-être quelque chose de ce premier mysticisme plus grandiose et plus sombre qu’elles devaient, en 1823, à l’exaltation solitaire et aux persécutions ; mais l’avenir restait bien assez menaçant et chargé d’augures pour qu’il y eût place encore à de vastes projets, à d’héroïques pressentiments. […] M. de Rémusat, le plus doctrinaire assurément des rédacteurs du Globe par la subtilité de son esprit, par ses habitudes et ses liens de société, ne toucha longtemps que des sujets de pure littérature et de poésie ; ce qu’il faisait avec une souplesse bien élégante.

1435. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

Pasquier, encore vivant et vivant tout entier aujourd’hui, qui distribuait alors ces faveurs en qualité de ministre des affaires étrangères de Louis XVIII : homme de goût, de cour, de tribune, de congrès, de grande société européenne. […] Par un beau soir d’octobre, toute cette société, les jeunes gens à pied, les femmes à cheval, les enfants sur des ânes, partit pour visiter les plus hauts sommets des montagnes qui séparent le bassin de la Loire du bassin de la Saône. […] J’appris, dans une longue conversation, que cette jeune fille était une Irlandaise, d’une famille aristocratique et opulente dans l’île d’Émeraude ; qu’elle était fille unique d’une mère veuve qui la faisait voyager pour que l’univers fût son livre d’éducation, et qu’elle épelât le monde vivant et en relief sous ses yeux, au lieu d’épeler les alphabets morts des bibliothèques ; qu’elle cherchait à connaître dans toutes les nations les hommes dont le nom, prononcé par hasard à ses oreilles, avait retenti un peu plus profond que les autres noms dans son âme d’enfant ; que le mien, à tort ou à raison, était du nombre ; que j’avais parlé, à mon insu, à son imagination naissante ; qu’enfant, elle avait balbutié mes poèmes ; que, plus tard, elle avait confondu mon nom avec les belles causes perdues des nations ; que, debout sur les brèches de la société, elle avait adressé à Dieu des prières inconnues et inexaucées pour moi ; que, renversé et foulé aux pieds, elle m’avait voué des larmes.… les larmes, seule justice du cœur qu’il soit donné à une femme de rendre à ce qu’elle ne peut venger ; qu’elle était poète malgré elle ; que ses émotions coulaient de ses lèvres en rythmes mélodieux et en images colorées.

1436. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Les forces inéluctables qu’il avait reconnues, subies et parfois aimées dans la nature aveugle et magnifique, il les retrouvait dans la société des hommes, mais franchement haïssables cette fois, visiblement hostiles et méchantes. […] Il n’a voulu y voir que les plus sombres effets de la pensée du surnaturel dans une société à demi barbare : l’exaltation inhumaine des solitaires17, l’orthodoxie homicide des saints actifs18, l’orgueil des papes foulant les princes19 ; bref, l’idée de l’enfer subie ou exploitée au point de rendre la terre inhabitable, l’autre monde pesant sinistrement sur celui-ci, enlevant aux hommes la bonté et la joie, effarant les justes et les faisant aussi durs que les damnés. […] Leconte de Lisle ne soit jamais populaire ; mais on ne peut nier que les sociétés primitives, l’Inde, la Grèce, le monde celtique et celui du moyen âge ne revivent dans les grandes pages du poète avec leurs mœurs et leur pensée religieuse.

1437. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

J’ai failli faire un procès pour démontrer que certains jurys se moquent non seulement du talent, mais encore du règlement élaboré par eux, ce qui est pire dans une société qui ne vit que de règlements ! […] Fagus La Société a le devoir absolu de subventionner l’écrivain, parce qu’il n’est pas de société, fût-elle de Canaques, qui ait pu jamais se passer de poètes ou de conteurs, et que l’écrivain représente donc une utilité publique ; qu’il ne ressortit donc pas aux lois commerciales régissant les autres travailleurs, d’autant plus que d’autre part son travail n’est pas mesurable selon cette commune mesure. […] Il faut un état libre, il faut une « société », il faut une aristocratie, il faut un chef.

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