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364. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Théodore de Banville »

Cela le met à part de Lamartine, ce Virgile chrétien plus grand que Virgile, et que Racine, s’il revenait au monde, adorerait à genoux ! […] Ce qui revient toujours, c’est le tempérament, et le tempérament du lyrique joyeux revient ici grandir, à plus d’une place, les plaisanteries, les parodies, les calembours et les calembredaines, — car M. de Banville descend jusque-là, — et les relève par l’expression d’une verve poétique toujours palpitante et vibrante.

365. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXVIII » pp. 158-163

Nous-même nous y reviendrons alors31. […] Mais il est toujours temps de revenir à ce point de vue plus vrai après qu’on a profité en détail avec son auteur.

366. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « PAUL HUET, Diorama Montesquieu. » pp. 243-248

Nous ne reviendrons aujourd’hui que sur l’impression que nous ont causée les deux paysages de M. […] Quinet87, qu’il a entendu la voix de la végétation, et qu’il lui a été donné de comprendre « le génie des lieux. » Si nous revenons maintenant à la vue de la plaine et du château d’Arques qui nous a suggéré tout ceci, nous y trouverons une application heureuse de cette faculté de paysagiste expressif et intelligent.

367. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — IV. Les ailes dérobées »

— « Ils sont à la chasse et en reviendront en même temps que leur père, celui que tu connais déjà ». […] Elle y reprit ses ailes et se les fixa aux épaules ; puis elle revint chercher ses enfants, les cacha sous ses ailes et prenant son essor, elle regagna sa chère montagne.

368. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Nicole, Bourdaloue, Fénelon »

… On lit Nicole une fois, — les gens qui lisent, — mais on n’y revient plus. […] Joubert, à qui on ne reviendra jamais assez, disait qu’il avait tout du serpent, excepté le dard et le venin.

369. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre ix »

Dans la nuit il revient avec sa table, son calice, sa chasuble. […] Les protestants et les catholiques se croyaient revenus au temps de la primitive Église.

370. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Il est revenu au vers classique pour ses strophes bien sonnantes et assurées. […] Reviendrai-je dormir dans ta chambre d’enfant, Reviendrai-je, les cils caressés par le vent, Attendre la première étoile sous l’auvent, Et respirer dans ton coffret en bois de rose, Parmi l’amas jauni des vieilles lettres closes, L’amour qui seul survit dans la cendre des choses ? […] Mais ce que la Chambre blanche contient de précieux, ce sont les pièces où la note doucement sentimentale s’élève jusqu’à la beauté du sentiment pur : J’accueille quand il veut le souvenir qui passe Je lui dis : « Mets-toi là… je reviendrai te voir… » Je sais toute ma vie qu’il est bien à sa place, Mais j’oublie quelquefois de revenir le voir. […] Lui qui avait paru un instant à l’avant-garde des poètes individualistes qui mêlent anarchie et socialisme, esprit dionysien et solidarité sociale dans le plus réjouissant amalgame, s’excepta bien vite de cette erreur pour revenir au large chemin rectiligne de la tradition. […] Léon Deubel, poète à l’âme ardente, hésitante et blessée, qui, après des essais de rythmes bizarres est revenu au large chemin clair de la tradition, M. 

371. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Nous voilà, j’imagine, assez loin de Don Juan, revenons-y tout de suite, et sans autre détour. […] Le sang revient à sa joue pâlie ; le feu à son regard ! […] Le jeune homme revient de l’armée et il ignore (l’innocent qu’il est !) […] Vous me semblez des personnes charmantes, je le déclare ; revenez, je vous en prie — ne nous réduisez pas au désespoir ! […] Si bien que, lorsque reparaît Don Juan, on trouve qu’il revient trop vite.

372. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Ce travail me fit revenir des préjugés que j’avais conçus sur l’homme et sur l’œuvre. […] Faire revenir Pierre Bougon, Félicité, Macquart, Pascal, en face du fils de Maxime.  […] Quelques taches de son qui reviennent l’été, mais très rares, cinq ou six sur chaque tempe, comme des parcelles d’or. […] Et Gervaise qui ne revient plus. […] Ton père est revenu, il saura bien te faire rester, lui !

373. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires relatifs à la Révolution française. Le Vieux Cordelier, par Camille Desmoulins ; Les Causes secrètes ou 9 thermidor, par Villate ; Précis du 9 thermidor, par Ch.-A. Méda, Gendarme »

A ses instants de loisir, il relisait sans cesse Paul et Virginie, et, après le 10 août ou le 30 mai, il revenait, à son humble foyer, cacher son âme émue dans le sein de sa jeune épouse. […] « La Montagne est inattaquable par le côté droit et le Marais, s’écrie Camille ; elle n’est prenable, comme les Thermopyles, que par les hauteurs. » Effrayé enfin de cette sombre licence dont il a été le promoteur imprudent, il ne se lasse pas de présenter la liberté sous la forme aimable et sage dont il l’a toujours conçue ; il revient à chaque instant à cette idée, on dirait qu’elle l’obsède, et qu’il sent que ce rêve brillant couvrira seul dans l’avenir les taches de sa mémoire.

374. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Introduction » pp. 2-6

Cela revient à dire qu’elle vise avant tout à la vérité. […] Au critique revient la tâche de les appliquer, de fonder ses arrêts et ses conseils sur les lois découvertes ; l’historien, lui, borne son ambition à en établir solidement la réalité.

375. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface et note de « Notre-Dame de Paris » (1831-1832) — Note ajoutée à l’édition définitive (1832) »

Il s’est engagé à revenir souvent sur ce sujet, il y reviendra.

376. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Il s’y polit et revint en Russie, déjà poète et philosophe, pour servir son empereur dans les corps de la noblesse. […] Le fait est que, d’année en année, il voyait ses dettes s’accroître et ses revenus diminuer. […] De nouveau elle cligna les yeux, de nouveau elle sourit et lui fit promettre de revenir prochainement. […] Il partit en promettant de revenir le lendemain. […] Il revient, il étale la paille sous son lit, puis présente le lait à la pauvre bête qu’il venait de sauver.

377. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Là, Palissot, vieillard souriant, revenu de la satire, se consola dans le voisinage de l’Institut de ne pouvoir pas en être. […] Naudé s’attacha à ce cardinal, et le suivit en Italie à la fin de 1630 ou au commencement de 1631 ; il y resta onze années pleines, n’étant revenu à Paris qu’en mars 1642, pour y être bibliothécaire de Richelieu, puis de Mazarin. […] Sous la plume des deux railleurs, l’exemple de Postel, de ses ineffables rêveries et de sa mère Jeanne, qui devait émanciper, racheter les femmes (car Jésus-Christ, disait Postel, n’avait racheté que les hommes), revient souvent comme limite extrême des folies savantes. […] Au nombre des écrits attribués à ce prince, il omet la part, si gracieuse pourtant et si piquante, qui lui revient dans la composition des Cent Nouvelles nouvelles, ce sur quoi nous insisterions de préférence aujourd’hui. […] Il revint d’Italie avec ce pli romain très-marqué.

378. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

J’avais donné de l’éperon à mon cheval, pour revenir au combat, après avoir rechargé mon arquebuse, résolu de me faire tuer pour venger mes compagnons, que je croyais morts ; mais je les vis revenir, et Ascanio, qui était en avant, me dit que Pagolo était mortellement blessé. […] Je reçus l’argent qu’il me fallait pour mes statues, et je commençai par celle de Jupiter, qui était déjà assez avancée lorsque le roi revint à Paris. […] Il revint à Florence achever son Persée, œuvre désormais de sa vie. […] Je me mis à table avec ma bonne famille, dont la joie était revenue avec la mienne, et qui avait remplacé par de la poterie de terre tous les plats d’étain que j’avais jetés dans le feu. […] « J’avais résolu de ne plus en parler ; mais je suis forcé d’y revenir, et de laisser le fil de mon discours pour retourner un peu en arrière.

379. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre deuxième. Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. »

Le déterminisme intérieur revient sur lui-même et se modifie par la conscience qu’il a de soi et par le sentiment agréable ou pénible de son processus. […] La question revient donc à savoir si le temps, à lui seul, exerce une influence. […] La notion de cause ainsi entendue, ou, ce qui revient au même, le déterminisme des antécédents et des conséquents, est le nerf de toute induction. […] En effet, il consiste en ce que les choses analogues ont des raisons analogues, ce qui revient à dire que les choses identiques seulement par quelques rapports ont des raisons identiques seulement par quelques rapports. […] Nous revenons ainsi à concevoir « la mathématique universelle » comme le but poursuivi par le raisonnement et par la science.

380. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre IV. De la pluralité des temps »

Sur une horloge placée en O′ il note le temps que met le rayon de lumière à aller de O′ à B′ et à en revenir. […] Revenons à nos deux systèmes S et S′. […] On s’est placé, disions-nous, dans l’hypothèse où Paul reviendrait après deux cents ans vécus par Pierre. […] Mais nous reviendrons sur ce point dans le courant de notre travail. […] Nous allons revenir à une supposition que nous avons déjà faite.

381. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Inutile de revenir sur ces différents points. […] On a eu tort de dire « Chassez le naturel, il revient au galop », car le naturel ne se laisse pas chasser. […] Il faut s’engager à fond dans l’une des directions pour savoir ce qu’elle donnera : quand on ne pourra plus avancer, on reviendra, avec tout l’acquis, se lancer dans la direction négligée ou abandonnée. […] Peut-être ; mais je ne puis m’empêcher de constater la certitude inébranlable où il est, lui végétarien, de ne jamais revenir à son ancienne disposition, alors que je me sens beaucoup moins sûr de conserver toujours la mienne. […] Nous ne reviendrons pas ici sur un point que nous avons discuté ailleurs.

382. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

Mais la colère contre ce préjugé de la spécialité m’emporte ; revenons. […] Au retour, un autre homme apparut ; la nature, Les amis revenus, les haltes ici, là, La paix du soir avaient apaisé sa torture. […] XVII Ce jour-là, j’avais eu affaire dans le Mâconnais ; j’avais promis à mes hôtes de revenir par les sentiers de chèvres qui abrègent la distance et de les rencontrer au sommet de la chaîne sous des châtaigniers convenus. […] Ces enfants se réunissent par groupes de cinq ou six têtes blondes pour jouer ou pour cueillir les mûres ou les noisettes au bord des sentiers ; ils sont tous petits, et se cachent au moindre bruit sous les taillis, parmi les fougères, jusqu’à ce que le bruit des passants disparus les laisse revenir à la place qu’ils ont quittée. […] Sur cette clairière jaunissante où Laprade et tant d’autres étaient venus se transfigurer depuis Hugo, comme sur un humble Thabor des poètes, les chênes ont été abattus, pour convertir en une poignée d’or nécessaire les rêves mille fois plus dorés qui tombaient avec leur ombre de leurs cimes ; les sentiers battus par les pieds d’amis s’effacent, le château est désert ; le cheval Saphir, qui me portait, dans les grandes journées de feu de Paris, à la défense des foyers et des familles, et que la popularité honnête soulevait quelquefois des pavés sur les bras du peuple, erre seul aujourd’hui dans le pré sous ma fenêtre, paissant en liberté l’herbe d’automne ; de temps en temps je le vois relever la tête, regarder par-dessus le buisson, écouter les chars lointains, et hennir au vent, croyant toujours que ce sont ses maîtres qui reviennent le seller et le monter pour le conduire à la victoire ; puis, détrompé par l’attente vaine, il retourne tristement brouter près des bœufs roux et des vaches blanches, à la lisière des bois qui lui versent l’ombre !

383. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXIXe entretien. Tacite (2e partie) » pp. 105-184

Il revient à Vespasien, à Mucien, à leurs sept légions réparties en Judée et en Syrie. Ces légions apprennent que celles de Rome et de Germanie vont s’entrechoquer pour décider à qui des deux armées reviendra le bénéfice de donner un maître à l’empire ; elles s’indignent qu’on en dispose ainsi sans leur aveu ; elles méditent de s’en saisir pour un de leurs généraux, pendant qu’on le dispute pour d’autres. […] « Othon, après avoir sévèrement gourmandé et réprimé les séditieux, revint recevoir les adieux de ses amis et s’assurer qu’ils pussent se retirer avec sécurité. […] Mais bientôt, par cette mobilité de résolution, effet de la peur, qui fait que, parmi les choses qu’on redoute, celles qu’on a sous les yeux paraissent toujours plus redoutables, il revient furtivement dans son palais, qu’il trouve vide et désert, car tous ses serviteurs étaient dispersés ou s’évadaient pour éviter sa rencontre. […] Voyez son étonnement quand aucun message ne revient du palais après la nouvelle de son danger et de son salut.

384. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Il a égayé une page des Réflexions sur Longin d’une amusante silhouette de cuistre imbécile et solennel : c’était son professeur de rhétorique qui lui revenait en mémoire. […] Par un scrupule de conscience, il rendit un bénéfice qu’il avait obtenu du temps où on le destinait à l’Église, et il restitua même une somme égale à tous les revenus qu’il avait touchés. […] Il ira à Bourbon-l’Archambault, et il en reviendra, sans rapporter de son voyage une seule impression. […] En 1702, Brossette revient à Paris : il court à Auteuil, un dimanche, vers dix heures du matin. […] Boileau revenait sur sa vie passée sans chagrin et sans attendrissement.

385. (1774) Correspondance générale

Qu’il aille donc en Italie ; je serai content de lui s’il revient heureux, etc. […] On revient de la troisième représentation. […] Je finis tout à l’heure, car en voilà beaucoup ; mais c’est pour n’y revenir de ma vie. […] Si je puis me procurer les Dialogues, si mon exemplaire me revient, vous l’aurez sur-le-champ. […] Quel est le revenu total de l’empire ?

386. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Paroles d'un croyant »

La belle âme, l’âme virginale de Pellico a pu tout pardonner, tout excuser, et bénir encore ; il s’en est revenu, après dix années de captivité féroce, comme un agneau tondu qui ne redemande pas sa laine. […] La liberté n’y revient pas comme un mot sonore et creux ; il y a une intelligence précise des misères du pauvre et des iniquités qu’il subit. […] « Si d’abord la victoire paraît s’éloigner de vous, ce n’est qu’une épreuve, elle reviendra ; car votre sang sera comme le sang d’Abel égorgé par Caïn, et votre mort comme celle des martyrs. » Au chapitre vii, je recommande la parabole de l’homme qui trouve moyen d’augmenter successivement le travail du peuple tout en diminuant progressivement les salaires.

387. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « JULES LEFÈVRE. Confidences, poésies, 1833. » pp. 249-261

Les mots de poison, de venimeux, vénéneux, envenimé, reviennent à tout propos avec une âcreté qu’on déplore : Misérable affranchi, carié d’esclavage, Je roule dans mon sang sa venimeuse image. […] Il en gémit, il s’en irrite ; il revient souvent sur l’idée de la gloire, tantôt pour la repousser, la maudire avec amertume, tantôt avec regrets et remords pour tâcher de la ressaisir. Ausone a dit ingénieusement à propos de la métamorphose de Daphné : Laurea debetur Phœbo, si virgo negatur ; ce qui revient à dire (avec Waller, je crois) que le poëte à la fin se console toujours, pourvu que l’amante rebelle se change pour lui en laurier.

388. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre III. Les dieux »

Jupiter descend en pluie dans la puissante terre qu’il féconde, et les grandes formes des pins vivants et des montagnes ondulent sous la lune dans la nuit « pleine de dieux. » Aujourd’hui dans cet abattis universel des dogmes, parmi l’encombrement des idées entassées par la philosophie, l’histoire et les sciences, parmi les désirs excessifs et les dégoûts prématurés, la paix ne nous revient que par le sentiment des choses divines. […] Il revient à elle après tant de courses ; il la trouve jeune et souriante comme aux premiers jours ; il se trouble et en même temps se ranime à son contact et sous son souffle ; il tend les bras vers elle, et sa vieille âme endolorie par tant d’efforts et d’expériences reprend la santé et le courage par l’attouchement de la mère qui l’a portée. […] La vache Io donne son lait pour un fromage, le dieu Faune le fait, et le renard invite le loup son compère à s’en régaler. « Les tout-puissants Amours que nul ne peut fuir des immortels ni des hommes éphémères, qui veillent sur les joues délicates de la jeune fille, et cheminent sur les mers et dans les campagnes », se font tout d’un coup rustiques, « volent en bande, délogent ou reviennent au colombier » ; et, dans le Styx par qui jurent les dieux, les grenouilles vont coasser après leur mort.

389. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « José-Maria de Heredia.. »

Mais justement il est difficile de distinguer ce qui, dans la beauté totale de quelques-uns de leurs vers, revient au sentiment et ce qui revient à la forme. […]  ), et qu’il nous parle ainsi de cet autre exil d’où rien ni personne n’est jamais revenu et qui s’appelle le passé : Dans ce vallon sauvage où César t’exila, Sur la roche moussue, au chemin d’Ardiège, Penchant ton front qu’argente une précoce neige, Chaque soir, à pas lents, tu viens t’accouder là.

390. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Baudelaire, Œuvres posthumes et Correspondances inédites, précédées d’une étude biographique, par Eugène Crépet. »

Il est près de faire sa soumission aux Bourbons, quand l’empereur revient de l’Ile d’Elbe. […] de la simplicité, de la piété, de l’humilité : « Je me jure à moi-même de prendre désormais les règles suivantes pour règles éternelles de ma vie ; « Faire tous les matins ma prière à Dieu, réservoir de toute force et de toute justice, à mon père, à Mariette et à Poë comme intercesseurs : les prier de me communiquer la force nécessaire pour accomplir tous mes devoirs, et d’octroyer à ma mère une vie assez longue pour jouir de ma transformation ; travailler toute la journée, ou du moins tant que mes forces me le permettront ; me fier à Dieu, c’est-à-dire à la justice même, pour la réussite de mes projets ; faire, tous les soirs, une nouvelle prière, pour demander à Dieu la vie et la force pour ma mère et pour moi ; faire, de tout ce que je gagnerai, quatre parts : une pour la vie courante, une pour mes créanciers, une pour mes amis, et une pour ma mère ; obéir aux principes de la plus stricte sobriété, dont le premier est la suppression de tous les excitants, quels qu’ils soient. » Plus je me rapproche de l’homme et plus je reviens de mes préventions contre l’artiste. […] On verra aussi que ce grand débauché garda pendant vingt ans une mulâtresse, Jeanne Duval, qui le trompa de toutes les façons ; que, lorsqu’elle fut, jeune encore, frappée de paralysie, il la fît entrer à ses frais à l’hospice Dubois ; que, lorsqu’elle en voulut sortir avant sa guérison, il revint habiter avec elle, et qu’il ne cessa de lui venir en aide, même après qu’il eut fixé sa résidence en Belgique, malgré l’extrême gêne à laquelle il était lui-même réduit.

391. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XV. Mme la Mise de Blocqueville »

Et Tremnor, malgré les galères dont il était revenu, et où celui qui posa pour Tremnor n’était jamais allé, est-ce qu’aussi, lui ! […] On trouve tout, hommes et choses du temps présent et du passé, dans ce livre qui semble un vomitorium de lectures indigérées et qui reviennent. […] Eugénie de Guérin, dont Mme de Blocqueville se vante, à la première page de son livre, de s’être inspirée, Eugénie de Guérin qui, si elle revenait au monde, s’effrayerait, dans sa simplicité de cœur et de foi, du fatras auquel on la mêle, n’avait point de ces façons de penser sur le catholicisme que professent Mme la duchesse Eltha et Messieurs ses amis.

392. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le roi René »

Elle lui revenait de droit. […] Le duc de Bourgogne, c’était alors Philippe le Bon, comme dit l’histoire avec une profonde duperie ou une ironie plus profonde (on ne sait pas lequel des deux), et il usa, cet excellent duc, de sa victoire, avec la cruauté insolente et rapace d’un Bon de son espèce… Élargi un moment, au prix de ses deux enfants laissés comme otages, mais se souvenant, dit son historien, qu’il était le petit-fils du roi Jean, et revenu bientôt se remettre dans les dures mains de son vainqueur, René d’Anjou, au moment même où la France se réconciliait avec la Bourgogne et allait jeter à la porte l’Anglais, fut abandonné tout à coup par Charles VII, pour lequel il avait combattu. […] J’ai désigné plus haut les livres publiés sur le roi René, auquel on revient par la pente du bibelot, de la vignette, du manuscrit illustré, de la peinture et des œuvres poétiques, ce qui, du reste, est bien la pente d’un temps d’art prétentieux, de trissotinisme et d’amusettes littéraires comme le nôtre.

393. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes d’Amérique » pp. 95-110

Toute la philosophie sociale de ce formidable penseur, qui a pour la pauvre Europe l’insolence d’un homme repu pour un affamé, et qui nous revient d’Amérique enrichi du moins d’une pacotille d’idées générales et d’observations individuelles, — marchandises mêlées dont nous voulons vous montrer les échantillons ; — toute la philosophie sociale de Bellegarrigue, comme il le dit lui-même en un langage digne des mendiants de Callot, consiste « dans la recherche de la monnaie » (textuel). […] Les ayant étudiées tout en les admirant, il nous en donne le délicieux camée suivant, qui a l’inflexibilité et la plénitude d’une définition : « Les Américaines — dit Bellegarrigue, page 8, — sont des femmes vivant en contemplation d’elles-mêmes, dédaignant les hommes et adorant la monnaie (toujours la monnaie). » Et pour être mieux compris, pour mieux faire briller le diamant de sa découverte psychologique, le foudroyant moraliste ajoute à la page 9, après avoir froncé son terrible front de penseur : « La sensibilité étant inhérente au cœur humain, les Américaines ne l’ont détournée des objets auxquels l’appliquent ordinairement les femmes d’Europe que pour se l’approprier, ce qui revient à dire (bien obligé, nous avions entendu !) […] Il est douteux aussi — du moins, nous le croyons, — qu’ils admettent sans un modeste embarras la conclusion, logiquement très bonne, mais historiquement suspecte, que Bellegarrigue sait tirer de cette absence de la famille aux États-Unis : « L’autorité paternelle — dit-il — ayant abdiqué en Amérique, sinon en totalité, du moins en grande partie, il est arrivé que la famille n’y existe pas… et que l’extrême civilisation autorise les mœurs à ressaisir la simplicité de l’état sauvage. » Mais cet éloge, une fois jeté en passant, des Américains, qui ne sont pas l’objet spécial du livre, l’auteur revient aux femmes d’Amérique ; car sans la femme, nous dit-il avec une galanterie vraiment philosophique, la masculinité ne serait pas !

394. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Sabran et le chevalier de Boufflers »

L’âme de cette femme brûle sans flamber, elle se déchire sans faire de bruit, et tout ce que je connais de plus cruel, le sourire de la résignation, retrouvée toujours quand elle croit l’avoir perdue, revient bientôt planer au-dessus de toutes ses douleurs et de toutes ses agitations ! […] Reviendra-t-il du Sénégal ? Ne reviendra-t-il pas ?

395. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXX. Saint Anselme de Cantorbéry »

Ainsi, pour revenir à Hegel, Hegel a eu le droit d’écrire cette arrogante réserve : « Il ne manque à l’argument de saint Anselme que la conscience de l’unité de l’être et de la pensée dans l’infini », et M. de Rémusat a eu le droit aussi, à la fin de son ouvrage, de reprendre l’argument du Prologium, afin de le purifier de tout spinozisme et de lui donner cette valeur philosophique que nous avons indiquée et qui serait si grande si elle n’était pas chimérique, à savoir : le rationalisme du principe sans le panthéisme de la déduction ! […] Nous avons dit plus haut : Toute philosophie gît dans une seule question, l’existence de Dieu en face de l’existence du monde, et il serait aisé de montrer que, quelque solution qu’on adopte sur cette question, et toutes peuvent se ramener à deux principales ; en d’autres termes, soit que Dieu et la matière soit congénères, soit que Dieu l’ait tirée de lui-même, le panthéisme inévitable et menaçant revient toujours ! […] si tel est le résultat que donne la réflexion de l’homme livrée à elle-même sur ce problème fondamental, il n’y a plus qu’à repousser, loin de soi, la métaphysique comme chose vaine tout au moins quand elle n’est pas dangereuse, et à revenir à l’enseignement, à l’autorité, à la tradition, à la révélation surnaturelle, à tout ce que la Philosophie appelle dédaigneusement le mysticisme, car le mysticisme seul est assez fort pour répondre quand le rationalisme reste muet.

396. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Dargaud »

L’auteur, qui a de l’âme, du reste, à défier tous les railleurs de la terre, n’a pas craint de revenir à un genre vieilli et condamné par une critique superficielle. […] Pour en revenir à notre auteur, que n’eût pas été Dargaud dans son livre de la Famille, s’il avait été catholique ! […] … Pourquoi faut-il qu’un écrivain d’autant de cœur que l’auteur de la Famille ne soit pas de la vraie religion des grands artistes, de cette religion de Byron-le-mauvais, mais perfectionné par la vie, quand il voulut qu’Allegra fût catholique et quand il écrivit sur son tombeau : « C’est moi qui retournerai vers elle, mais elle ne reviendra jamais vers moi. » En poésie, en moralité sensible, en cœur humain, il n’y a plus rien à attendre en dehors du catholicisme, pas plus qu’en politique, en gouvernement, en science sociale.

397. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Edgar Quinet. L’Enchanteur Merlin »

Quinet n’a pas osé revenir au vers. […] Au travers de ce style inouï qui fait abus des fleurs qui parlent et des oiseaux bleus, commissionnaires de l’Amour, il y a cependant quatre vers qui reviennent sans cesse, mêlés à la prose de M.  […] Revenant d’Ahasverus, qui revient trop tard !

398. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Raymond Brucker » pp. 27-41

Mais, aujourd’hui, précisément celui des deux auteurs que nous venons de charger davantage revient sur sa propre pensée, Puisqu’il l’a corrigée, c’est lui qui l’a flétrie. […] Envoyé à Nancy, il y fonda l’Espérance, revint à Paris, et, comme tous les esprits de grande origine que le sentiment de l’unité tourmente et chez qui l’inconséquence entre la pensée et la vie ne saurait durer, il y revint chrétien pratique de chrétien spéculatif qu’il avait été jusque-là.

399. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Et j’en reviens par là où je voulais. […] Pour en revenir à M.  […] Il assure des revenus énormes aux cœurs purs. […] mon petit-fils est revenu !  […] Il n’avait qu’à revenir plus tôt !

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