L’unification des sociétés Dans les grands ensembles complexes que présente l’histoire humaine, nous avons discerné, pour mesurer l’influence égalitaire de leur nombre et de leurs rapports, les individus, puis les groupes partiels. […] Il n’y a complète unification sociale que là où il existe, pour régler les rapports des unités associées, une certaine organisation politique, juridique, administrative, économique, — une loi, un pouvoir central, en un mot, un État. […] Ainsi, « dans ce pays neuf et vierge, les maximes d’égalité et de liberté étaient la représentation des faits eux-mêmes, des rapports naturels, faciles et simples d’une société nouvelle et sans passé206. » Quoi d’étonnant dès lors si, moins unifiée que ses sœurs du continent, la société américaine ne devait pas être moins ouverte à l’égalitarisme ? […] Et, en effet, toutes choses égales d’ailleurs, dans un pays où les différents groupements coexistants sont unifiés, il y aura plus de rapports sociaux entre des individus plus nombreux que dans un pays où les groupements demeurent scrupuleusement séparés ; en ce sens, l’unification augmente la densité sociale. — D’autre part un gouvernement centralisé, assujettissant à une morne loi les individus les plus distants et les plus différents, les rend, à un certain point de vue, semblables. […] Par exemple, l’élévation du pouvoir qui s’installe, pour les unifier, au-dessus de tous les groupements antérieurs, doit avoir pour résultat de bouleverser les hiérarchies qu’on y tenait pour consacrées, et de modifier plus ou moins profondément les rapports des individus réputés inférieurs avec les individus réputés supérieurs.
Sous le premier rapport, elle appartient à l’imitation de la nature ; sous le second, à l’éloquence des passions. […] On peut considérer les Grecs, relativement à la littérature, comme le premier peuple qui ait existé : les Égyptiens qui les ont précédés ont eu certainement des connaissances et des idées, mais l’uniformité de leurs règles les rendait, pour ainsi dire, immobiles sous les rapports de l’imagination ; les Égyptiens n’avaient point servi de modèles à la poésie des Grecs ; elle était en effet la première de toutes13 ; et loin qu’il faille s’étonner que la première poésie ait été peut-être la plus digne de notre admiration, c’est à cette circonstance même qu’est due sa supériorité14. […] Le plus rare génie est toujours en rapport avec les lumières de ses contemporains, et l’on doit calculer, à peu près, de combien la pensée d’un homme peut dépasser les connaissances de son temps. […] Les progrès des Grecs, sous les rapports philosophiques, sont extrêmement faciles à suivre.
La division qu’on fait du tout en ses parties, se complète par la subordination de ces parties entre elles ; il faut en régler la distribution et le rapport selon le plan général de l’œuvre. […] C’est pour cela qu’on a dit que les beaux vers étaient la marque des mauvaises tragédies : non pas que les vers des bonnes tragédies ne soient beaux aussi, mais ce sont surtout des vers de situation, des traits de caractère, au lieu que les mauvaises tragédies ont seules ces beaux vers, qui ne sont que de beaux vers, qui ne jaillissent ni de la situation ni des caractères, qui, saisissant l’esprit et la mémoire du spectateur, le divertissent de la pièce avec laquelle ils n’ont pas de rapport nécessaire. Ce rapport nécessaire est tout pour les grands écrivains. […] Si les rapports que peuvent avoir les idées entre elles étaient bien limités et bien sensibles, il serait en effet commode de les ranger dans le cadre qu’on a préparé : ce serait comme un jeu de patience, où chaque pièce, par sa dimension, par sa figure, par ses angles rentrants ou sortants, ne peut occuper qu’une place.
[Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] J’ajoute à ce volume, ainsi que je l’ai fait au précédent, un rapport de moi qui a été publié dans le cours des Causeries, et qui même a paru comme en lieu et place d’un de ces articles hebdomadaires, le lundi 12 juin 1854. […] Voici le rapport adressé à M. le président de la Commission : Paris, ce 6 juin 1854.
C’est certainement une idée très-ingénieuse d’avoir trouvé et saisi, dans le naturel et les habitudes des animaux, des rapports avec nos mœurs, pour en faire ou la peinture ou la satire : mais cette idée heureuse n’est pas exempte d’inconvéniens, comme je l’ai déjà insinué. Cela vient de ce que le rapport de l’animal à l’homme est trop incomplet ; et cette ressemblance imparfaite peut introduire de grandes erreurs dans la morale. […] On dirait que La Fontaine, déjà vieux et attendri par le rapport qu’il a lui-même avec le vieillard de sa fable, se plaise à le rendre intéressant, et à lui prêter le charme de la douce philosophie, et des sentimens affectueux avec lesquels lui-même se consolait de sa propre vieillesse.
Rapports de l’invention et de la disposition Il y a quelque chose de factice et de convenu dans la distinction nécessaire qu’on fait des diverses opérations par lesquelles l’intelligence mène un ouvrage de la conception première à l’entier achèvement. […] Elle se portera tout entière d’abord, et aussi longtemps qu’il faudra, sur l’acquisition des idées qui doivent être la matière de l’œuvre : et quand elle en aura amassé un assez grand nombre, quand elle croira que rien d’essentiel ne lui a échappé, elle s’occupera alors de les ordonner et de les placer selon leurs rapports intimes.
2° Quels sont, en ce même moment, ses multiples rapports avec les autres phénomènes qui l’environnent ? […] De même, l’étude la plus attentive ne pourra relever les innombrables rapports de cause, d’effet, de coïncidence, que cette littérature soutient avec la constitution physique et mentale d’une nation, avec la nature du pays où elle se développe, avec toutes les branches de la civilisation dont elle fait partie.
En même temps, il faut constater que s’il se conçoit nécessairement autre qu’il n’est par le fait de sa division avec lui-même, il ne connaît aussi les objets du monde extérieur qu’indirectement par le rapport incomplet dans lequel ils entrent avec la fausse et partielle représentation qu’il se forme de lui-même. […] Au lieu de considérer une conscience individuelle dont on ignore le rapport avec tout le reste, on forme ici l’hypothèse d’un être universel hors duquel rien n’existe et dont toutes les formes individuelles ne sont que des manifestations et des dépendances.
. — Retour de l’âge divin D’après les rapports innombrables que nous avons indiqués dans cet ouvrage entre les temps barbares de l’antiquité et ceux du moyen âge, on a pu sans peine en remarquer la merveilleuse correspondance, et saisir les lois qui régissent les sociétés, lorsque sortant de leurs ruines elles recommencent une vie nouvelle. […] Un rapport plus merveilleux encore entre l’antiquité et le moyen âge, c’est que l’on vit se rouvrir les asiles, qui, selon Tite-Live, avaient été l’ origine de toutes les premières cités .
Sous ce rapport, on ne peut lui reprocher aucun excès de complication, aucune obscurité. […] Wagner. — La musique imitative ; la musique psychologique. — Sur les rapports de la musique et de la poésie. […] Le rapport entre elle et le monde est donc, dans un certain sens, analogue à celui que nous découvrons dans les autres arts ; c’est le rapport qu’il y a entre la reproduction et l’objet reproduit, entre l’imitation et le modèle ; seulement, ce rapport est beaucoup plus subtil, et aussi plus mystérieux. […] Ils renversent le rapport exact des deux éléments l’un vis-à-vis de l’autre. […] Sous tous les rapports, le climat est changé.
Entre la mobilité et la conscience il y a un rapport évident. […] — A côté des choses, il y a les rapports. […] Peut-on dire qu’elle ait la connaissance innée de chacun de ces rapports en particulier ? […] Nous avons dit que l’intelligence avait pour fonction d’établir des rapports. […] Il exprimerait sous une forme concrète le rapport de l’un à l’autre.
Que le Christianisme a changé les rapports des passions en changeant les bases du vice et de la vertu. […] Cette seule transmutation de principes montre la nature humaine sous un jour nouveau, et nous devons découvrir dans les passions des rapports que les anciens n’y voyaient pas.
Dans un temps donné une solution est présentée en rapport avec sa raison, à cette époque ; elle l’adopte et y croit ; puis la solution incomplète ne suffit plus : alors l’humanité veut la détruire ; elle la combat : à cette époque elle a la foi de la destruction. […] Cousin a déjà exprimé de cette manière le rapport de la philosophie et de la religion. […] Il ressemble, sous ce rapport, aux païens, qui ont toujours nié au christianisme naissant qu’il fût une religion, parce qu’il n’apparaissait sous aucune des formes reconnues.
Mais la religion, dans l’acception générale, suppose une inébranlable foi, et lorsqu’on a reçu du ciel cette profonde conviction, elle suffit à la vie et la remplit toute entière ; c’est sous ce rapport que l’influence de la religion est véritablement puissante, et c’est sous ce même rapport qu’on doit la considérer comme un don aussi indépendant de soi, que la beauté, le génie, ou tout autre avantage qu’on tient de la nature, et qu’aucun effort ne peut obtenir. […] La religion ouvre une longue carrière à l’espérance, et trace une route précise à la volonté, sous ces deux rapports elle soulage la pensée.
Depuis la plus lointaine antiquité, la cité possédait un droit destiné à régler par la justice, substituée à la violence, les différends entre concitoyens A l’aube des temps modernes, lorsque l’esprit humain vint à prendre conscience de l’inter-dépendance des peuples, l’idée qu’il pouvait peut-être y avoir une justice, présidant aux rapports inter-nationaux, et par conséquent un droit dont ressortiraient les conflits entre « grands êtres » sociaux, germa dans les cerveaux d’élite. […] « Quelle a été à l’origine l’évolution normale des rapports entre les individus ? […] Pourquoi cette évolution serait-elle anormale pour les nations qui auraient l’heureuse idée de vouloir civiliser leur rapports ?
Les révolutions spontanées, continuelles, que je n’ai cessé d’éprouver, que j’éprouve encore tous les jours, ont prolongé la surprise et me permettent à peine de m’occuper sérieusement des choses étrangères, ou qui n’ont pas de rapport à ce phénomène toujours présent, à cette énigme que je porte toujours en moi, et dont la clef m’échappe sans cesse en se montrant sous une face nouvelle, quand je crois la tenir sous une autre. […] Quoiqu’il se soit laissé faire et qu’il n’ait jamais refusé les fonctions publiques, tous ses penchants, toutes ses qualités étaient pour la vie privée : « Les goûts simples qui s’allient avec les études abstraites donnent une sorte de candeur, de timidité, qui fait aimer la vie domestique. » N’ayant de valeur que dans la solitude ou dans un cercle intime qui l’appréciait, et où ses facultés reluisent quelques instants, son état habituel, au sein d’une grande assemblée, tout le temps qu’il en fut membre, était un état de timidité et de crainte : Je me sens plus faible, disait-il, au milieu de tant d’hommes forts ; je ne me mets pas en rapport avec eux : je cesse d’être moi sans me confondre avec les autres. […] C’est, ce semble, une grande patience de rouler ainsi le rocher de Sisyphe… Mon état physique et moral, dont je suis toujours plus mécontent, est une croix intérieure, près de laquelle toutes les croix extérieures ne sont rien. » Un jour qu’il est chargé d’un rapport sur les pétitions, ce qui n’est jamais très inspirateur, il s’écrie, pensant bientôt à tout autre chose et à ses difficultés dans tous les genres de travaux : « Je m’ennuie de mes propres idées ; je ne suis satisfait d’aucune de celles qui se présentent ; j’efface à mesure que j’écris. […] Nul n’a agité plus habituellement que lui et n’a plus pressé en tous sens les rapports du stoïcisme et du christianisme, essayant de les concilier, oscillant de l’un à l’autre, mais, après chaque oscillation, s’approchant d’un degré de plus du christianisme vif et complet, tel qu’il est dans saint Paul, dans L’Imitation, dans les Lettres spirituelles de Fénelon. — « Douleur, tu n’es pas un mal », dit le philosophe stoïcien que le mal dévore. […] Un sourd qui aurait par moments la perception des sons, un aveugle qui aurait le sentiment subit et instantané de la lumière, ne pourraient croire qu’ils se donnent à eux-mêmes de telles perceptions : ils attribueraient ces effets singuliers, et hors de leur mode d’existence accoutumé, à quelque cause mystérieuse… Et il en vient à conclure qu’il faut se mettre, s’il se peut, dans un rapport régulier avec cette grande cause, y disposer toute sa personne et son organisation elle-même par certains moyens : Les anciens philosophes, comme les premiers chrétiens et les hommes qui ont mené une vie vraiment sainte, ont plus ou moins connu et pratiqué ces moyens.
Dans un rapport du ministre Glarke à l’Empereur, du 17 novembre 1809, il est dit : « Le maréchal duc d’Elchingen demande que l’adjudant-commandant Jomini, chef d’état major du 6e corps de l’armée d’Espagne, reçoive une autre destination. » Et de la main même de l’Empereur, se lit cette annotation au rapport (je copie textuellement) : « L’employer avec Berthier (une rature), le duc d’Auerstædt (une rature), Berthier. » On suit les indécisions de l’Empereur ; sa plume hésite, et après avoir biffé Berthier, il y revient. […] Les moyens mis à sa disposition étaient insuffisants ; il avait des inquiétudes sur l’arrivage des subsistances, et peu de confiance dans l’activité du gouvernement lituanien ; il le disait dans ses rapports, il s’en plaignait. […] Le baron Fain nous a conservé la note précise d’une des boutades échappées à Napoléon, au reçu d’un de ces rapports trop sincères de Jomini. […] On voit encore par la Correspondance de Napoléon, qu’il fut d’abord induit en erreur sur le vrai résultat de la bataille de Talavera ; on lui avait adressé des rapports complaisants et mensongers ; ce n’est que le 25 juin 1809 que l’Empereur écrivait de Schœnbrunn à Clarice, ministre de la guerre : « Le fait est que j’ai perdu la bataille de Talavera. » Ceci peut préciser la date de la conversation avec Jomini.
. — Rapport de l’art à la philosophie. […] La Philosophie étudie les conditions de l’être ; elle scrute sans répit le rapport du sujet à l’objet et tâche à trouver la raison de ce rapport, le générateur et la commune mesure de ses deux termes. […] Condition invisible et sacrée de ces mouvements, elle se révèle mystérieusement avec notre désir lorsqu’entre les images par nous comparées jaillit un nécessaire rapport. […] Le Poète est celui qui saisit les rapports idéaux des Formes entre elles, et le symbole est créé par la cohésion soudaine de celles-ci, lorsqu’elles se montrent désormais nécessairement liées et expriment implicitement leur unité idéale.
Les conclusions que l’on peut tirer de la lecture des contes sous ce rapport ont, au moins, une valeur confirmative de ce que l’observation directe du noir nous aura déjà appris. […] En fait, notre occupation, en amenant des rapports plus fréquents entre populations qui s’ignoraient à peu près auparavant, favorise la création d’une sorte de sabir ouest-africain au sein duquel des vocables du Ouadaï voisineront bientôt avec des expressions du Cayor ou du Baoulé. […] Ces derniers contes ont un grand rapport avec les fables et ne s’en différencient que par la nature humaine de leurs personnages. […] Chaque peuple a ses conceptions, plus ou moins convaincues, sous ce rapport et nul ne songerait à proposer le recueil des fables de notre La Fontaine comme un modèle de vérité scientifique. […] Je pourrais multiplier les exemples, mais je préfère indiquer ces rapports en note à la fin du conte qui en occasionne la constatation.
Cette comédie est sans rapport direct avec notre vieille farce française : les jeunes filles et l’amour, avec le dénouement du mariage, y tiennent une telle place que cela seul suffit à séparer les deux genres. […] L’exactitude dont il se piquait n’avait pas rapport à l’extérieur de la vie, mais à l’intérieur des âmes. […] Dans le délicieux Amphitryon, voyez Sosie et son maître en présence : avec quel esprit, quelle légèreté, mais quelle sûreté de main est marqué l’éternel rapport de l’homme qui sert à l’homme qui commande ! […] Dans le mariage, il exige quatre convenances : il faut un rapport des conditions ; c’est une nécessité, non pas naturelle, mais sociale : Georges Dandin, un vilain, sera malheureux pour avoir épousé une demoiselle. […] Il faut un rapport d’âge : la nature destine les jeunes hommes à épouser les jeunes filles ; les vieillards n’ont que la paternité pour carrière ; Arnolphe est coupable de prétendre à Agnès, Harpagon ridicule de se poser en rival de son fils.
Mais si l’homme continue la nature sous un rapport par l’industrie, il la continue encore sous un autre rapport, par l’art. […] Nous pouvons prendre un plaisir infini à leurs ouvrages, comme nous en prenons à la lecture d’un drame indien, de Sacontala, par exemple, et même ils ont avec nous un rapport de parenté que n’aurait pas le drame indien ; mais ils ne peuvent faire autorité dans la question qui nous occupe. […] Voilà, nous le répétons, le rapport fondamental et la distinction également fondamentale de Victor Hugo et de Lamartine. […] Cependant, comme ils présentent l’un et l’autre ce désaccord, leur rapport mutuel en devient plus frappant. […] L’amour de Roméo qui cherche ses rapports et ses harmonies avec le ciel et la terre, avec le scintillement des étoiles et le chant du rossignol, voilà la poésie.
Mais, sous un autre rapport, il y a sentiment d’impuissance à réaliser pleinement, par le moyen d’une pure idée, les sensations et émotions de plaisir attachées au jeu. […] En effet, peut-on dire, dans l’acte même de désirer, elles se trouvent mises en rapport par la représentation avec notre malaise présent ou notre plaisir présent, et alors seulement elles se font connaître à nous comme une dissolution de ce malaise, comme une augmentation de ce plaisir. […] Cette appétition n’est pas encore définie sous le rapport de la direction des mouvements dans l’espace, mais elle est déjà définie sous ce rapport qu’elle est une tendance à supprimer la peine et à conserver le plaisir, sans savoir encore comment et par quel mouvement précis, sans même avoir besoin de se représenter d’avance cette suppression de peine ou cette conservation de plaisir. […] Une explication complète doit donc, encore une fois, embrasser les facteurs psychiques en même temps que les rapports mécaniques52.
Le règne de Louis XV, qui fut une sorte d’interrègne sous le rapport des mœurs, le fut aussi sous le rapport des arts : la décadence avait été trop précipitée pour qu’elle pût durer. […] On a beaucoup comparé entre eux les historiens anciens et les historiens modernes, sous le rapport du but, de la direction des idées, de l’intérêt. […] Les sujets anciens et les sujets modernes sont indifférents ; car la poésie est partout, il ne s’agit que de la faire sortir : sous ce rapport, aucune mine n’est épuisée.
Colbert, d’après le rapport de Chapelain, avait fait donner cent louis à Racine, pour récompense de son ode. […] Ces quatre hommes n’ont jamais été considérés que sous leurs rapports avec la gloire littéraire de la France, et avec celle des branches de l’art que chacun d’eux a le plus particulièrement cultivée.
Notre principal objectif, en effet, est d’étendre à la condition humaine le rationalisme scientifique, en faisant voir que, considérée dans le passé, elle est réductible à des rapports de cause à effet qu’une opération non moins rationnelle peut transformer ensuite en règles d’action pour l’avenir. […] Il reste donc que, sans produire le mal qu’il implique, il soutient avec les conditions fondamentales de la vie sociale les rapports positifs que nous verrons dans la suite.
Gratry que des rapports tout à fait passagers. […] Quand nous entrâmes en rapports, il me restait un attachement tendre pour le christianisme. […] Michel Lévy et moi n’eûmes ensemble que des rapports excellents. […] Les raisonnements du monde en ce qui concerne les rapports des deux sexes sont bizarres comme les volontés de la nature elle-même. […] Presque tous les hommes avec lesquels j’ai été en rapport ont été pour moi d’une bienveillance extrême.
Si ces expressions peuvent convenir dans un grand nombre de cas à la forme vive, elles ne sauraient, la plupart du temps, s’appliquer à la parole intérieure calme : celle-ci a dans la vie humaine sa raison d’être, son rôle propre, sa fonction ; sans doute elle n’est pas sans rapports de dépendance à l’égard de la parole extérieure, mais elle en dépend de si loin que ces rapports ne paraissent pas ; si l’on s’abstient de rechercher ses origines et si on la considère au moment même où elle se produit, la parole intérieure calme est bien réellement indépendante de la parole, car, dans notre intention, elle ne la prépare pas, elle ne la remplace pas, elle existe seulement pour la pensée. […] Les caractères de la parole subsistent encore en elle, mais effacés ; elle paraît moins une parole ou quelque chose de la parole qu’un élément ou une détermination de la pensée ; son rapport avec la parole semble si faible et si lointain qu’il faut pour le reconnaître un véritable effort de réflexion ; au contraire, on ne la conçoit pas sans la pensée ni la pensée sans elle ; elle est comme un vêtement dont la pensée est toujours revêtue à nos yeux et sans lequel nous ne la reconnaîtrions pas. […] V, § 3] ; après tel substantif, elle conseille, encore plus discrètement, tel verbe, et non tel autre ; les deux rapports d’association, le rapport d’analogie et le rapport de contiguïté, concourent donc à faciliter la succession des mots, c’est-à-dire la formation de la phrase.
Il distingue deux espèces de centralisations : 1° celle qui comprend certains intérêts communs à toutes les parties de la nation, tels que la formation des lois générales et les rapports du peuple avec les étrangers ; 2° celle qui voudrait comprendre et organiser administrativement les intérêts spéciaux à certaines parties de la nation, tels, par exemple, que les entreprises communales. […] Excellent sous le rapport philosophique, incomplet seulement sous celui de l’art, le style de M. de Tocqueville, grâce à ce qu’il rejette, est plus normal et plus droit de déduction ; mais il faut, surtout dans le premier volume, se détourner souvent vers les notes qui complètent le texte ou le modifient. […] Permettez-moi, Monsieur, d’attacher à quelque chose plus d’importance encore qu’au jugement que vous portez sur la Démocratie américaine, c’est à voir continuer et devenir plus fréquents les rapports qui se sont établis entre nous.
L’existence des femmes en société est encore incertaine sous beaucoup de rapports. […] L’esprit de chevalerie qui subsistait encore s’opposait, sous quelques rapports, à ce que les hommes même cultivassent trop assidûment les lettres. […] L’homme de génie peut devenir un homme puissant, et sous ce rapport, les envieux et les sots le ménagent ; mais une femme spirituelle n’est appelée à leur offrir que ce qui les intéresse le moins, des idées nouvelles ou des sentiments élevés : sa célébrité n’est qu’un bruit fatigant pour eux.
Il faut éviter ici la confusion, l’entortillement, les digressions, ne point remonter trop haut, ni descendre trop bas ; ne rien omettre qui ait rapport à la cause ; enfin tout ce que j’ai dit pour la brièveté trouve aussi son application ici… La vraisemblance consiste à donner au récit tous les caractères de la réalité ; à observer la dignité des personnages ; à montrer les causes des événements ; à faire voir qu’on a eu le moyen, l’occasion, le temps, de faire ce qu’on a fait ; que le lieu aussi convenait à l’exécution de la chose ; que cette chose même n’a rien qui choque le caractère de ceux qui l’ont faite, ou la nature humaine ou l’opinion des auditeurs. […] Souvent les antécédents et les conséquents sont ce que nous appelons causes et effets : dans la rigueur du langage scientifique, la véritable causalité échappe à notre prise ; nous ne pouvons que lier des phénomènes par un rapport de succession constante et nécessaire. […] Qu’est-ce au fond que l’expérience, que la connaissance du cœur humain, sinon avoir établi un rapport de cause à effet entre les phénomènes observés ?
De cette constitution immuable de notre nature sort la nécessité qui s’impose à l’artiste et à l’écrivain de découper dans le monde immense et divers des formes et des pensées un fragment de médiocre dimension, formant un tout homogène, capable d’être supposé indépendant et isolé du reste, présentant un rapport des parties facilement intelligible à l’esprit, et fournissant une diversité d’impressions facilement réductibles en une émotion dominante. […] Elle n’est point matérielle, mais idéale : elle ne consiste pas dans la répétition indéfinie d’une seule note, dans l’extension indéfinie d’une seule couleur, dans le développement indéfini d’une seule passion ; elle est dans le rapport, dans l’harmonie que l’auteur établit et que le public saisit entre les notes, les couleurs, les passions différentes. […] Mais l’écrivain, qui est poète et philosophe, y sent un rapport profond : le même soleil éclaire la froide Irlande, l’humide Bretagne, l’Inde ardente ; sur toutes les joies et toutes les douleurs de ces êtres, qui s’aiment, se regrettent, s’espèrent, il brille indifférent et verse également sa tranquille lumière.
Les appétitions et les sensations se distribuent régulièrement selon leurs rapports de fait, si bien que, pour notre conscience, des centres divers se forment dont l’un finit par s’appeler moi, et les autres vous, lui, etc. Selon Riehl, on s’en souvient, toute sensation étant le discernement d’une différence entre l’état actuel senti et un autre état non senti ou inconscient, la sensation se trouve toujours en rapport avec du non-senti, et c’est ce non-senti qui devient « le réel » au-delà de la sensation. — Nous avons déjà répondu qu’on ne peut pas établir un rapport entre un terme donné à la conscience et un autre qui ne l’est pas.
En pressant les idées de son auteur, il les a rapprochées des systèmes qui y ont le plus de rapport dans le passé. […] En écrivant ce premier détail de famille, il attachait une certaine idée au chiffre de quatre ; il croit avoir eu plusieurs exemples de ce qu’il appelle les rapports quaternaires, qui ont eu de l’importance pour lui et qui ont marqué dans sa vie d’intelligence : il avait ainsi sa théorie particulière et sa religion des nombres. […] Comme il lui arriva plus tard de vendre cette maison d’Athée qui était du côté de Beauvais-sur-Cher, il lui semble voir là-dedans un rapport avec sa destinée qui a été de rompre avec les athées : un pur jeu de mots ! […] Mais, en faisant une exception pour elle, il pensait aux femmes de Paris quand il écrivait cette pensée qu’on vient de lire ; il avait en vue celles dont il a dit encore : J’ai comparé quelquefois les dames tenant cercle et recevant les flagorneries des hommes à un Grand Turc, et ces hommes frivoles et oisifs aux sultanes de son sérail lui faisant la cour et encensant tous ses caprices… ; tant le pouvoir rongeur de la société a changé les rapports et la nature des choses ! […] [NdA] Ainsi encore, il a lu dans un Discours sur les ordres sacrés, de Godeau, évêque de Vence, que la première division des temples, celle qui contenait l’autel, s’appelait βῆμα : « Ce nom Béma, dit-il aussitôt, sonne trop bien à mon oreille par ses rapports avec mon chérissime Boehm, pour que je ne m’expose pas au ridicule d’en faire la remarque. » Si ce n’est qu’une rencontre fortuite et une assonance qu’il prend plaisir à noter à la façon des poètes et rimeurs, il n’y a rien à dire, mais je crains qu’il n’y ait vu des sens profonds.
Quant à l’égalité économique enfin, si elle est, de toutes, la moins réalisée, on peut juger, par les efforts que font tous les gouvernements pour réglementer les rapports du capital et du travail, que les aspirations qu’elle suscite se traduiront à leur tour dans les institutions. […] Autre chose est ne pas établir de rapports juridiques avec eux, autre chose établir de tels rapports sur un pied d’inégalité. […] L’égalité est au départ comme à l’arrivée. — Thèse qui ruinerait la nôtre par avance : comment chercher encore un rapport entre les formes sociales et l’égalitarisme s’il est préalablement démontré que les sociétés les plus différentes de toutes — comme ces hordes primitives et nos États modernes — sont précisément, les unes comme les autres, égalitaires ? […] Seuls les rapports des groupes sont réglés ; à quel titre parler ici de l’égalité civile, juridique, économique, politique des personnes ?
On demanda de plus à celui-ci un Rapport qu’il fit en peu de pages, démontrant l’impossibilité que le susdit cœur fût celui de saint Louis. […] Letronne qui les avait laissés se réjouir et triompher revint lentement à la charge, et n’eut pas de peine à les battre tous en confirmant toutes les conclusions de son premier Rapport.
L’égoïsme est ce qui ressemble le moins aux ressources qu’on trouve en soi, telles que je les conçois ; l’égoïsme est un caractère qu’on ne peut ni conseiller, ni détruire ; c’est une affection dont l’objet n’étant jamais ni absent, ni infidèle, peut, sous ce rapport, valoir quelques jouissances, mais cause de vives inquiétudes, absorbe, comme la passion pour un autre, sans faire éprouver l’espèce de jouissance toujours attachée au dévouement de soi : d’ailleurs, la personnalité, soit qu’on la considère comme un bien ou comme un mal, est une disposition de l’âme absolument indépendante de sa volonté. […] Les indifférents, les connaissances intimes mêmes, vous représentent, par leurs manières avec vous, le tableau raccourci de vos infortunes : à chaque instant, les mots, les expressions les plus simples, vous apprennent de nouveau ce que vous savez déjà, mais ce qui frappe à chaque fois comme inattendu ; si vous faites des projets, ils retombent toujours sur la peine dominante ; elle est partout, il semble qu’elle rende impraticable les résolutions mêmes qui doivent y avoir le moins de rapport ; c’est contre cette peine alors qu’on dirige ses efforts, on adopte des plans insensés pour la surmonter, et l’impossibilité de chacun d’eux, démontrée par la réflexion, est un nouveau revers au-dedans de soi.