Sainte-Beuve Je puis assurer les élégiaques et les rêveurs que Lamartine, qui effleura cette vie de l’Empire dans sa jeunesse, apprécie fort et sait très bien rappeler à l’occasion certaines des plus belles chansons de Désaugiers.
Dans un temps où toutes les notions sont confondues, toutes les regles enfreintes, presque tous lès genres dénaturés, on ne sauroit trop rappeler les jeunes esprits à la vérité & au bon goût.
On sait que dans ses Sermons il l’avoit rappelé à ses devoirs, en lui représentant, d’une maniere aussi respectueuse qu’énergique, le désordre des mœurs publiques, comme une suite de ses foiblesses.
Il eut l’art de rappeler les grandes machines, si négligées depuis Quinault.
Nous ne ferons point l’analyse des ouvrages de ces publicistes, dont il nous suffit de rappeler les noms pour prouver que tous les genres de gloire littéraire appartiennent au christianisme ; nous montrerons ailleurs ce que la liberté du genre humain doit à cette même religion, qu’on accuse de prêcher l’esclavage.
En effet, les grands sociologues dont nous venons de rappeler les noms ne sont guère sortis des généralités sur la nature des sociétés, sur les rapports du règne social et du règne biologique, sur la marche générale du progrès ; même la volumineuse sociologie de M.
Tous me rappellent toujours un peu celui-là, qui passait sa vie à étudier des dessins anciens. […] Je ne me rappelais guère comment j’étais là. […] — Je ne me rappelle plus, dit Renan, mais c’est admirable. […] … Christophe Colomb, il a été devant lui, j’en ferais autant… Annibal, la bonne charge, Annibal qui a coupé les Alpes avec du vinaigre… aceto, je me rappelle… Des bêtises, quoi ! […] elle nous le rappelle.
On a parlé de l’article de Strindberg sur l’infériorité de la femme, d’après l’étude de ses sens, ce qui est incontestable sous le rapport du goût et de l’odorat, et à propos de cette infériorité, je rappelais une observation d’un livre de médecine, où il est affirmé que le squelette d’homme a une personnalité, que n’ont pas les squelettes de femmes, qu’on dirait fabriqués à la grosse. […] Et le dessin est curieux, et je me rappelle que Pouthier m’en parla beaucoup dans le temps. […] À Henri de Régnier succède Zola, qui avoue loyalement que sa littérature nous doit quelque chose, et lui qui s’apprête à faire Rome, veut bien rappeler : Madame Gervaisais. […] Et il cause longuement de cette société, toute appuyée sur le passé, me citant, à propos du Tonkin, la demande par la France, de la cession d’un territoire, où toutes les paroles dites aux Chinois, pour prouver la convenance de cette cession, avaient été vaines, quand on rappela, que ce territoire avait été cédé autrefois par un ancien empereur. […] Et la conversation sur ce monde, amène Daudet à rappeler la blague de Castagnary, disant un jour plaisamment à Vallès : « Je te joue contre ce que tu voudras, dix-sept mots de ton répertoire, comme : travailleur, miséreux, pognon, etc., etc., que tu ne pourras plus employer… et tu sais, si tu perds, tu n’es plus fichu d’écrire !
Lorsque nous observons un organe quelconque parfaitement adapté pour quelque habitude particulière, tel que l’aile d’un oiseau pour le vol par exemple, il faut nous rappeler sans cesse que les diverses formes organiques, qui ont servi de degrés de transition entre cet état de haute perfection et un état antérieur moins parfait, ne peuvent que par exception avoir subsisté jusqu’aujourd’hui ; car elles doivent, en général, avoir toutes été supplantées en vertu même du procédé de perfectionnement par sélection naturelle. […] Il faut nous rappeler que le climat, la nourriture, etc., ont probablement quelque influence directe sur l’organisation ; que certains caractères réapparaissent parfois en vertu de la loi de réversion au type des aïeux ; que la corrélation de croissance doit avoir eu la plus puissante influence pour modifier divers organes ; et enfin que la sélection sexuelle a dû souvent intervenir pour modifier profondément les caractères extérieurs des animaux doués de volonté et pour donner l’avantage à certains mâles dans leurs combats contre d’autres mâles, ou pour leur assurer la préférence des femelles. […] Le Lepidosirène semble nous rappeler les traits généraux et quelques détails possibles de l’organisation de pareils êtres et nous montre peut-être un de leurs derniers descendants. […] N’oublions pas, dans ces considérations, de rappeler que ce ne sont jamais les formes les plus parfaites de chaque groupe qui ont donné naissance aux formes les plus parfaites des groupes supérieurs, mais, au contraire, les types les moins développés, les moins accusés, les moins bien adaptés à leurs conditions de vie par une localisation spéciale de leurs organes. […] Peut-être aussi quelque huile volatile séparée de la fleur phosphorescente, brûlant à la température ordinaire, peut être la cause de cette lumière. » Matteucci rappelle, en finissant, la belle expérience faite par M. de Quatrefage sur la phosphorescence des Annélides et des Ophiures.
Avec moins de perfection élégante et quelque chose de rude encore, l’Italie du moyen âge rappelle la Grèce. […] Ailleurs, une strophe élégante d’un troubadour rappelle la fable de Narcisse. […] tu nous rappelles le paradis, quand tu nous montres ces salles immenses aux voûtes élevées. […] On en cite un exemple qui mérite d’être rappelé. […] Raynouard a savamment rappelées.
À propos d’un chat qui poursuit une souris, le poète se croit obligé de se rappeler Achille poursuivant Hector autour des murs de Troie.
Par mes bienfaits, j’enchaînerai leurs cœurs ; par tes leçons sublimes, tu les épureras ; par mes soins, je contiendrai les vices ; par ta force divine, tu feras germer les vertus ; j’encouragerai les arts, tu formeras les mœurs ; je ferai respecter la justice, tu en inspireras l’amour ; tu parleras quand les Loix se tairont ; & si jamais l’oubli des saints devoirs, si l’ivresse de la puissance pouvoit jamais m’égarer moi-même, alors tonne du haut des Cieux, remplis mon ame d’un effroi salutaire, rappelle-moi à mes sermens ; & que, traîné devant ton Tribunal, je reconnoisse qu’en toi seule les Princes ont un Juge, & les Peuples un vengeur ».
Ce sont, en effet, toutes les impressions, tous les souvenirs, toutes les réalités, tous les fantômes vagues, riants ou funèbres, que peut contenir une conscience, revenus et rappelés, rayon à rayon, soupir à soupir, et mêlés dans la même nuée sombre.
Préface Les très nombreuses et incessantes polémiques que suscitèrent depuis trois ans les manifestations du groupe symboliste rappellent les grandes luttes qui, en ce siècle, signalèrent l’essor du romantisme et du naturalisme.
On leur donnait une éducation beaucoup plus soignée qu’aux femmes libres ; les arts dans lesquels on les perfectionnait, tels que la musique, la déclamation, la danse, la poésie, étaient des moyens de séduction ; elles étaient les seules lettrées de leur sexe ; elles recevaient seules librement les hommes de tout âge dans leurs cercles ; elles y charmaient même les sages comme Périclès, Socrate, Caton, par l’agrément de leur conversation ; elles rappelaient complétement, aux mœurs près, ce qu’on a appelé de nos jours, à Londres et à Paris, les femmes de lettres, les maîtresses de maison, centre de réunions élégantes dans les capitales de l’Europe. […] Auguste était un Médicis anticipé, un père de famille des lettres, plus qu’un prince ; rien en lui ne rappelait le tyran ; il ne voulait être que l’ami couronné de tous les Romains ; sa cour n’était que la première maison de Rome ; l’amitié, l’égalité, la familiarité y formaient la seule étiquette. Horace ne pouvait s’empêcher d’admirer de loin cette douceur qui rappelait celle de César ; il se laissait allécher involontairement par tant d’attraits d’esprit qui lui déguisaient le pouvoir suprême ; un hasard l’en rapprocha tout à coup. […] Neuf mois s’écoulent ; vous me rappelez, et vous me déclarez qu’il faut que je compte au nombre de vos amis. […] » Ces plaisanteries entre le poète et l’empereur rappellent tout à fait celles des Médicis avec les grands poètes ou les grands artistes de leur temps.
La description de la chaste nudité d’Angélique rappelle les plus belles statues de Vénus, vêtues de leur seule pudeur, et qui n’inspirent qu’une admiration aussi chaste que le marbre dont elles sont formées. […] « Ils étaient ensemble sur les remparts à regarder, en soupirant, le ciel de leurs yeux chargés de sommeil ; Médor, dans toutes les paroles qui lui échappaient, ne pouvait s’empêcher de se rappeler sans cesse son maître et son seigneur Dardinel d’Almonte, et de pleurer en pensant que ses restes allaient rester sans sépulture sur la terre. […] Le professeur, toujours enthousiaste de son poète favori, s’efforçait en vain depuis quelques jours de rappeler notre attention par ses inflexions de voix étudiées sur les délicatesses de style des derniers chants. […] Je ne dis pas que je ne me donnerai pas quelquefois ce passe-temps moi-même, ne fût-ce, ajoutai-je en regardant Léna, Thérésina, le chanoine et le professeur, que pour me rappeler en hiver ces belles soirées d’été auxquelles j’ai eu le bonheur d’être admis dans cette gondole ou sur les riantes collines euganéennes. » Les visages s’attristèrent, car cette réflexion faisait allusion à un prochain départ. […] Tout cet édifice, tous ces jardins, toutes ces eaux, tous ces murmures, rappelaient tellement les demeures enchantées où l’Arioste avait égaré nos imaginations depuis un mois de merveille en merveille, d’amour en amour, qu’en vérité je ne savais pas bien si j’étais dans le songe ou dans la réalité. « Adieu !
Né dans les rangs de l’aristocratie helvétique, élevé dans les préjugés et dans les intrigues des réfugiés français en Allemagne pendant l’émigration, familier du duc de Brunswick, généralissime de l’armée prussienne en 1792 ; rédacteur présumé du fameux manifeste de la coalition contre la France2, rentré en France grâce à un nom cosmopolite, après la terreur ; zélateur ardent des modérés contre les terroristes, publiciste attaché au Directoire, auteur, après le 18 fructidor, d’une adresse aux Français pour rappeler les terroristes au secours du coup d’État contre les royalistes, nommé tribun après la constitution nouvelle pour contrôler le gouvernement des consuls, lié avec les aristocrates par sa naissance, avec les républicains par ses services, avec les consuls par ses espérances, avec les hommes de lettres par sa littérature, avec les révolutionnaires par la tribune où rien ne résonne mieux que l’opposition, affamé de bruit, nécessiteux de fortune, sceptique d’idées, homme à tout comprendre, à tout dire et à tout contredire, il avait, par le charme de sa conversation, séduit madame de Staël. […] L’extérieur de Benjamin Constant, mélange d’élégance française et de profondeur germanique, sa taille haute, frêle et souple, son visage oblong, son teint pâle, ses cheveux blonds et soyeux déroulés en ondes sur ses épaules, on ne sait quoi de mystique ou de satanique dans le regard, qui rappelait à volonté un Méphistophélès politique ou un Werther de la liberté, avaient complété la fascination. […] Ils me disaient que cet homme, qui venait chaque jour me sommer de partir, leur rappelait ces temps de la terreur pendant lesquels les gendarmes venaient demander leurs victimes. […] Quand on abjurerait tous les préjugés d’illustre naissance que le retour des formes monarchiques devait nécessairement rappeler, pourrait-on blasphémer ainsi les souvenirs de la bataille de Lens et de celle de Rocroi ? […] Je me rappelai ces vers fameux de Claudien, dans lesquels il exprime l’espèce de doute qui s’élève dans les âmes les plus religieuses lorsqu’elles voient la terre abandonnée aux méchants et le sort des mortels comme flottant au gré du hasard.
Que l’on se rappelle toutes les physionomies modernes que le romancier a mises dans notre mémoire, les camarades de Frédéric Moreau, les hôtes des Dambreux, le père Régimbard imposant, furibond et sec, Arnoux, la délicieuse héroïne du livre ; puis la figure de Madame Bovary, les grotesques, Rodolphe brutal et fort, les croquis des comices, le débonnaire aspect du mari, et les merveilleux profils de l’héroïne toutes ces figures et ces statures sont retracées analytiquement, en traits et en attitudes ; ainsi : « Jamais Mme Bovary ne fut aussi belle qu’à cette époque… Ses paupières semblaient taillées tout exprès pour ses longs regards amoureux où la prunelle se perdait, tandis qu’un souffle fort écartait ses narines minces et relevait le coin charnu de ses lèvres qu’ombrageait à la lumière un peu de duvet noir. […] Que l’on se rappelle, pour confirmer ces notions, les scènes exactes et comme perçues de Salammbô, ou l’extrême concision des préludes descriptifs, dans la Tentation, les sobres et éclatantes phrases dans lesquelles un détail baroque ou raffiné révèle tout un temps ; le festin d’Hérode, où, dans la succession des actes, pas une page ne souligne l’énorme luxure latente des convives qu’enivre la fumée des mets et la chaude danse de l’incestueuse ballerine ; tous ces rayonnants tableaux sont peints en touches sûres et rares, ¡qui ne montrent d’un spectacle que les fortes lumières elles attitudes passionnantes. […] Que l’on se rappelle encore les chasses fantastiques de Julien, et surtout cette expédition où, quittant le lit nuptial, il parcourt une forêt enchantée dont les bêtes indestructibles le frôlent, et d’autres, qu’il abat, s’émiettent pourries dans ses mains puis l’immense horreur des lieux glacés, dont l’hostilité expie son crime involontaire ; Flaubert paraîtra posséder le sens des choses à peine perçues, des sentiments naissants et balbutiants, que le mot, clair exposant de l’idée précise, peut rendre seulement par la suggestion, de mystérieuses analogies ou d’indirects symboles. […] L’ascète est l’homme privé et assiégé de satisfactions charnelles ; les amorosités faciles de la reine de Saba le sollicitent ; la magie, de celle des brahmanes à celle des Alexandrins tentent sa soif de pouvoir ; il passe, n’adhérant définitivement à aucune, par toutes les religions et les hérésies ; la méthaphysique lui propose ses antinomies irrésolues, et il hésite de désespoir, à s’abîmer dans la luxure ou à s’anéantir dans la mort ; mais sa curiosité le fait encore balancer entre le mystère du sphinx et les fables de la chimère qui l’entraîne à travers les mythes et les ébauches de la création, à l’intuition de ces germes de vie qui la contiennent toute ; il l’adore pour se relever et se remettre par la prière dans le cycle des cultes, quand le soleil le rappelle de la spéculation nocturne à l’action diurne. […] Or que l’on se rappelle que Flaubert vécut au déclin du romantisme, qu’il put absorber et absorba en effet l’énorme vocabulaire du plus grand génie verbal de tous les temps, qu’il admira Hugo avec la ferveur d’un disciple et d’un semblable2.
Ouvrez l’Edda et les Niebelungen ; la lecture la plus superficielle y découvre un goût de rêverie et des sentimens profonds, sombres ou exaltés qui nous rappellent sans cesse que les héros et les bardes de ces vieilles poésies n’ont pas vu le ciel de l’Italie ou celui de l’Espagne. […] même dans cette poésie plus artificielle se retrouve ce charme de rêveries mélancoliques inconnu à l’Espagne et à l’Italie, et ce parfum de mysticité dans la religion et dans l’amour qui rappelle l’ancienne Allemagne. […] Lorsque de toutes parts il n’était question en France, en Angleterre, en Italie, que de plaisir, d’intérêt et de bonheur, une voix s’éleva de Kœnigsberg pour rappeler l’âme humaine au sentiment de sa dignité, et enseigner aux individus et aux nations qu’au-dessus des attraits du plaisir et des calculs de l’intérêt, il y a quelque chose encore, une règle, une loi, une loi immuable, obligatoire en tout temps et en tout lieu et dans toutes les conditions sociales ou privées : la loi du devoir. […] Si l’on veut bien se rappeler la marche des sciences et réduire le principe de leurs progrès à sa plus simple expression, on trouve qu’elles avancent à condition de négliger la partie extérieure et variable des choses sur lesquelles elles travaillent, et d’en considérer exclusivement la partie invariable et constante, c’est-à-dire la partie que l’esprit humain met dans toutes ses connaissances. […] L’introduction est déjà hérissée d’une foule de distinctions, fines et vraies, mais subtiles en apparence, exprimées avec une brièveté quelquefois énigmatique et dans un langage qui, par sa sévérité et sa bizarrerie, rappelle trop souvent la scholastique.
À la voix de sa fille, il prit un verre : alors il se rappela qu’il avait acheté ces verres-là pour le dîner le jour du baptême de Renée. […] Elle croyait qu’elle allait agoniser dans la phrase maladive des soucis et des pavots qui lui rappelait les tourments de ses désirs. […] Je me rappelle entre autres détails ces quelques lignes, touchantes dans leur naïveté. […] Le sol piétiné tout autour, des maçons occupés à laver le sol maculé de plâtre rappelaient seulement l’inhumation récente. […] Nous nous rappelons à ce sujet un fait bien curieux et dont nous connaissons plusieurs témoins.
Rappelons-nous l’enchantement de la dédicace à l’Enquête aux Pays du Levant ! […] Vous vous rappelez le sonnet des voyelles de Rimbaud. […] Voilà un titre clinquant et qui rappelle un peu trop Versailles. […] Cela devait lui rappeler sa jeunesse, et sa chambre de petit professeur de piano qu’il avait rue Lamennais. […] Mais il est temps de rappeler que Giraudoux, également, dessine : sans lever la plume, enfin comme il écrit ses livres.
Quand on veut obtenir les mêmes effets, il faut donc rappeler les mêmes causes. […] On se rappelle le moment où Pénélope, dans l’Odyssée, se montre couverte d’un voile, au milieu de la salle où sont réunis les princes qui se disputent sa main. […] Ce jour rappelle absolument la fête de l’antique Cérès, qui rassembla, dit-on, les premiers hommes en société, autour de la première moisson. […] … » Il est malheureux que ce passage rappelle un peu trop ce fameux mouvement : Ô nuit désastreuse ! […] On se rappelle dans l’Énéide le moment où Vénus se montre, dans les détours d’une forêt, à son fils étonné.
Rappelons-nous Lamartine, presque tout entier. Et rappelons-nous enfin la formule de Hugo qui traduit cette ivresse verbale : Car le mot, c’est le Verbe, et le Verbe, c’est Dieu. […] S’il fallait résumer, comme en un symbole, et ces combats multiples, et la splendeur du triomphe final, on rappellerait le nom de Lamartine. […] Les négations que nous venons de rappeler sont trop massives pour être tout à fait vraies. […] La statue se rappellera ces émotions sensuelles ; elle cherchera à éviter celles qui lui ont déplu, à rappeler celles qui lui ont plu ; ainsi se créera en elle un certain état d’inquiétude, crainte d’un mal déjà éprouvé ; appel d’un bien antérieurement connu ; d’où l’action, d’où les opérations de l’entendement, d’où la volonté51.
L’abbé Sicard, égaré dans ce monde philosophique, rappelait avec autant d’esprit que d’à-propos à ces critiques malveillants la lettre de Balzac à Scudéry, à l’occasion du Cid de Corneille. […] Pour bien comprendre l’impression que produisirent sur les esprits élevés ces nouveautés hardies, il faut se rappeler la prodigieuse débauche d’idées et de faits à laquelle cette génération venait d’assister. […] En outre, il faut se rappeler que la plupart des chefs de cette école avaient été dans les rangs des conducteurs d’idées avant 89, et que leurs théories politiques n’étaient point celles du maître. […] Mon épître d’envoi, je me la rappelle encore, digne d’une jeune tête toute républicaine, portait l’empreinte de l’orgueil blessé par le besoin de recourir à un protecteur. […] Il faut, pour bien comprendre cette influence de lord Byron, rappeler quelques traits de sa physionomie morale et littéraire.
Comment, après les secousses de tant d’orages, rappeler le public aux objets de sa tranquille attention, et le rendre à ses premières vues ? […] Et ces mots nous rappellent que la divinité le soutient dans tout le cours de son épopée. […] Pourquoi nul récit épisodique ne rappelle-t-il l’enfance divine bercée dans une humble crèche, et la lumineuse adolescence d’Emmanuel éblouissant les docteurs du temple ? […] Le vice-roi Constantino de Bragance survient et le rappelle, après lui avoir confié une administration peu lucrative dans l’un des séjours de son misérable exil. […] Enfin je me rappelle qu’en se formant aux doctes entretiens de tous deux, on éprouvait le besoin d’être le disciple de la poétique lumineuse de Lebrun, mais la douceur entraînante d’être le confident de l’esprit et du cœur de Delille.
Le vieux poète grec nous rappelle quelquefois le David des Psaumes. […] Il me rappelle le Voleur de l’Évangile. […] Il traduit les sons dans une prose dont le timbre me rappelle ce qu’il dit de sa Mauresque du Sahel. […] Le moment venu de lui rappeler sa promesse, Estaunié alla le trouver. « Que voulez-vous que je traite ? […] Rappelé à Paris, il entre à la Commission des contrats chargée de réviser les marchés et de rabattre les prix excessifs.
Tu dois te rappeler, ô mon vieux compagnon, Ma joie et mon orgueil quand il daigna m’écrire. […] On dut rappeler à l’ordre les sociétés de gymnastique qui eussent volontiers déclaré la guerre à l’Allemagne sans consulter la Chambre des députés. […] Peut-être se rappelle-t-on le bizarre procès qu’il intenta à Paul Clèves qui dirigeait, en 1876, le théâtre de la Porte-Saint-Martin. […] Et ils se rappellent leur enfance, et les grands bois du pays, et leurs vieux parents, ensevelis dans le cimetière du village ! […] Rappelez-vous la vogue du Secret de Madeleine et celle plus récente et non moins soudaine de la Neuvaine de Colette.
Car il s’est mené tout récemment, pourquoi ne pas le rappeler, en dépit de ma susdite détermination ? […] Mais tout passe, et ce délicieux séjour devait prendre fin, pour des raisons que je me rappelle assez vaguement. […] C’est une vieille ville qui possède une superbe église dont la tour rappelle l’une de celles de la cathédrale de Rouen ; elle s’enorgueillit encore d’une blanche statue de M. […] Je n’y restai seulement que trois mois, rappelé à Paris par la santé de ma mère qui me donnait de trop légitimes inquiétudes. […] Cela rappelle un peu les petites rues propres et discrètes de Boston, dont j’ai parlé dans un autre journal.
Rita, amèrement, le lui rappelle : « Oui, tu l’appelais Eyolf, ton Asta… je m’en souviens. […] Rappelez-vous son Chœur de déménageurs. […] Il les rappelle, dis-je, tout en étant bien lui-même. […] Je vous ai rappelé le « truc » habituel de M. de Ryons. […] Vous vous rappelez ?
Je me rappelle toutes les circonstances des lieux. […] Il passe son temps à rappeler au bonhomme qu’il est maréchal et duc. […] Julie tombe malade, rappelle secrètement Saint-Preux, et « elle perd son innocence ». […] Jean-Jacques se rappelle l’imperturbable Saint-Lambert. […] » (Vous vous rappelez le baiser échangé jadis dans un de ces bosquets ?).
On se rappelle bien l’aventure de Michelet. […] Dans les formules que je rappelais tout à l’heure, c’est le pour qui a tort. […] Vous rappelez-vous La Souris ? […] Vous rappelez-vous que Gambetta avait le style peu imagé ? […] Eugène Lintilhac, qui rappelle le plus cette grande manière.
Sainte-Beuve : qu’on me permette d’en rappeler l’un des principaux épisodes, se rapportant aussi au xvie siècle.
Thomas Braun Il nous en rappelle l’histoire la légende et la mythologie, et ravive en nos âmes l’idée — est-elle juste ou fausse, je l’ignore ?
Charles Grandmougin Comme l’a remarqué fort bien Sainte-Beuve, Hégésippe Moreau rappelle André Chénier dans les ïambes, Barthélemy dans la satire et Béranger dans la chanson.
N’eût-il pas mieux fait de se rappeler que, dans la carriere du Théatre, il avoit suivi la route que son génie lui permettoit de suivre, & que M. de Crébillon, en se livrant au sien, étoit digne d’un genre de gloire, auquel il ne pouvoit prétendre lui-même, malgré ses efforts ?
Ce nom rappelle un des Orateurs de notre Siecle qui ont couru avec le plus d’éclat la carriere des Bourdaloue & des Massillon.